don't forget (zoë)

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catapulted, finally made to go. parabolic, fighting a stranglehold. tear me from it, fears were manifold. terraform it, i was an embryo. it might be a little while, but maybe we’ll realign soon. made to reassign, but find me a little time too. half euphoric, fixing the ratios. teleport me, pushing the envelope. all ironic, given the way she slowed. you’re iconic, given the way you froze.

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Zoë se met à rire en entendant la réponse d'Emrys à propos de ses reproches quant au jeu auquel il n'a pas joué, malgré lui. Peut-être a-t-elle mal expliqué les règles ! Elle ne lui en veut bien sûr pas, et fait mine de le gronder plus pour l'embêter qu'autre chose.

- Ah parce que toi tu sors pour te soûler ? fait-elle en riant franchement. "Tu bosses pas demain ?"

Le serveur reparti avec leur commande, Zoë décide de reparler de choses un peu plus sérieuses avec son vieil ami. Pour entamer le sujet, elle part sur le fait qu'ils ne bossent vraiment pas loin l'un de l'autre. Il faut dire qu'elle ne le savait absolument pas, et qu'en plus de cela ils ne se sont jamais croisés en huit mois. Plutôt dingue, quand on y repense...

- J'allais justement le dire ! acquiesce Zoë.

Et les tensions mis derrière eux, ils peuvent se retrouver pleinement par la même occasion. Zoë est plus ou moins certaine qu'Emrys lui a pardonné son départ. Elle n'avait pas le choix, rien à part ses relations sociales ne la retenaient à Island Bay, à l'époque... Serait-elle restée si Emrys le lui avait demandé ? Peut-être. Aurait-elle changé de cap professionnel pour autant ? Pas sûr... D'autant plus que les relations avec son père se sont fortement détériorées à l'époque. Elle n'est même pas certaine qu'il sache qu'elle revenue en Nouvelle-Zélande. Peut-être que la mère de Zoë l'en a informé, qu'il garde un oeil sur elle de loin... Ou pas.

- C'est quand même fou ce que la vie a fait de moi. Une vraie partie de ping-pong... songe Zoë. "J'étais partie pour devenir éditrice, je finis photographe. Je me plaisais ici, et j'ai été forcée de partir à Sydney à cause de l'autre con."

La brunette hausse les épaules. Elle a l'impression d'avoir raté beaucoup de choses, en déménageant, il y a cinq ans. Et même si elle n'avait pas prévu de revenir, elle ne pensait pas se sentir aussi seule dans la ville qui l'a le mieux accueillie avant Sydney.

- Il faut à tout prix que tu me fasses sortir de ma routine. Tiens, c'est ton nouveau défi ! Je me suis pas fait énormément d'amis depuis que je suis revenue... J'essaie de me faire bien voir au travail alors je fais beaucoup d'heures supplémentaires, moi aussi, mais c'est aussi pour pouvoir exposer un jour... J'ai bon espoir ! fait Zoë. "Alors, où faut-il bon de sortir en ce moment, à Island Bay ?" s'enquiert-elle en posant sa tête sur sa main, accoudée à la table et penchée vers Emrys.

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Tu hausses les épaules. Parce qu'il te faut une excuse pour boire maintenant ?

- Je ne crois pas. Puis si je bosse, je me ferai porter pâle. En principe tu reçois ton emploi du temps en début de semaine. Mais l'organisation est tellement mauvaise que tu ne sais plus quand tu travailles et quand tu fais des heures supplémentaires. Mais en principe t'es de repos. Après tout ce que tu bosses, ça peut bien être le cas, non ? Oui, pour me souler, de temps en temps. Pas toujours, ça m'arrive de sortir pour profiter de la présence d'une jolie fille. tu lui lances un sourire entendu. Oui, la jolie fille, c'est elle. Et peut-être que tu aurais mieux fait de te taire, mais tu n'as pas pu.

Tu es bien content que, quelque part, vous soyez sur la même longueur d'ondes. Vous dire que vous n'avez plus d'excuse, c'est aussi le moyen de vous promettre que vous allez bientôt vous revoir. Et elle t'a trop manqué pour ne pas sauter sur l'occasion. Tu regrettes juste toutes ces années manquées simplement parce que tu n'as pas eu le courage de lui dire ce que tu ressentais. Les relations à distance, ça craint. Mais peut-être que vous n'auriez peut-être jamais perdu le contact...

Tu l'écoutes et tu réalises qu'elle a raison. C'est vrai, quand on y pense... Un véritable yoyo. Mais c'est pas comme si tu n'avais pas eu le choix, quand même. Ou comment ne pas dire que toi aussi tu es fautif dans tout ça. C'est sans doute ton plus grand regret à vrai dire... mais elle n'a pas l'air de t'en tenir rigueur. Comment le pourrait-elle, en même temps ? Il faudrait que tu lui aies avoué tes sentiments... ou qu'elle ressente la même chose pour toi. Ce qui est insensé, non ?

Tu manques de t'étouffer. Ok ok, ça marche. Mais j'pense qu'on va se trouver en impasse vu que je ne sors pas beaucoup en ce moment... Tu lui souris. Je te souhaite d'arriver à exposer. Puis faudra que tu me montres un peu ce que tu comptes exposer, j'suis curieux de voir. Tu marques une légère pause. Pour ce soir, il fait bon sortir ici, qu'en penses-tu ?

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Zoë adorerait avoir autant d'assurance au travail qu'Emrys semble en avoir avec le sien. La brunette se dit souvent, par pure fainéantise, qu'elle se ferait bien porter malade... Mais elle ne vient jamais au bout de ses idées parce qu'elle ne veut surtout pas décevoir l'amie de sa mère. Et que ça revienne aux oreilles de cette dernière. Alors même quand elle a un rhume carabiné, Zoë vient travailler. Tant pis si elle doit se moucher toutes les cinq secondes ou boire des litres de café pour rester éveillée. La flemme, quelle maladie !

- Oh oh oh ! Tu ne te mouches pas avec le dos de la cuillère à ce que je vois, avec les filles... fait Zoë en lui donnant un coup d'épaule. "Personne en vue, en ce moment ?" demande-t-elle en essayant de paraître la plus innocente du monde.

Elle n'est pas sûre qu'Emrys lui aurait dit, pour une éventuelle petite amie. Ils n'ont jamais vraiment parlé de ces choses-là, comme si un tabou s'était naturellement instauré. Zoë est persuadée qu'Emrys se fait pas mal plaisir, mais elle laisse ces pensées dans un coin de sa tête histoire de ne pas se faire de mal. Après tout, elle a connu quelques hommes aussi, à Sydney.

- Mouais, j'ai quand même eu le choix, en quelque sorte... repense Zoë. "J'aurais pu trouver un boulot alimentaire à côté des études, ou me forcer à faire autre chose. Quoique j'aurais peut-être pas été heureuse..." songe-t-elle, le regard dans le vide. "Oh et puis on s'en tape, ce qui est fait est fait, je suis bien comme je suis maintenant et c'est le principal, non ?" demande-t-elle de façon rhétorique.

Son envie de se réimpliquer niveau vie sociale ne va pas aller loin, avec Emrys qui sort peut-être encore moins qu'elle ! Zoë se met à rire joyeusement, avant de déclarer :

- On écumera les bars ensemble, alors. J'essaierai de me détacher un peu de mon travail, sans quoi je vais finir rongée ! Zoë se rassied correctement et poursuit : "Oh, c'est vrai que je ne t'ai pas vraiment montré ce que je produis, finalement ! Attends..."

Elle se penche côté salle afin de se saisir de son sac à main et y attraper son téléphone. Dans l'action, elle voit que le serveur s'approche de leur table et décide de prendre son portefeuille afin de payer la première tournée. Quand le serveur a déposé les deux verres sur la table ainsi que la note, Zoë lui montre tout de suite sa carte de crédit histoire qu'il aille chercher la machine correspondante. Puis elle la laisse choir sur la table et déverrouille son téléphone.

- Ouais, ce bar a l'air cool. Et il n'est pas loin de la maison, ce qui est un bon point ! fait-elle en parcourant sa pellicule. "Tiens, regarde..." propose Zoë en se collant carrément à Emrys sur la banquette.

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Ton sourire persiste, tu sais qu'elle se moque de toi, mais tu lui as lancé une si grande perche qu'elle n'aurait pas pu résister pour la saisir. Tu la connais trop, Zoë, pour savoir quand elle ne peut pas résister. Et ce ne sont pas quatre ans d'absence qui l'auront faite changer, bien au contraire ! Tu grimaces aussitôt. Si tu as quelqu'un en vue, et ce dans tout les sens du terme. Tu la regardes un moment de trop avant de répondre.

- Oui et non... Sourire en coin, tu es un peu joueur pour te sortir de ce mauvais pas. Je ne partage pas mes secrets avec n'importe qui, il va falloir me torturer pour tirer les vers de mon nez.

Tu hoches la tête. C'est vrai, laisse au passé ce qui n'est plus présent, tu te tortureras moins la tête sur ce que tu aurais pu ou non faire durant son absence. Comme si Rhéa et Nina n'avaient pas suffisamment essayé de te convaincre de prendre ton courage à deux mains et d'aller la rejoindre. Mais il faut dire ce qui est : tu n'as jamais pris l'avion et si tu avais pu y aller à la rame, tu aurais préféré ce moyen-là. Idéal pour se perdre en mer. Y a intérêt !

Tu attends qu'elle te montre, puis te stoppes immédiatement dans ta patience en voyant le serveur arriver et sa carte de crédit en main. Hé ! J'avais dit que je t'invitais, tu te rappelles ?! Mais c'est un sourire qui trône sur tes lèvres. Fidèle à elle-même, elle t'a coupé l'herbe sous le pied. Comme au bon vieux temps. Elle se colle à toi et tu fais comme si ça ne te faisait aucun effet, comme si ça ne te dérangeait pas alors que ton coeur s'emballe bêtement te laissant réaliser que tu pourrais passer ta soirée dans ce bar elle à côté de toi. Tu jettes un oeil aux images qu'elle fait défiler sous tes yeux. Plutôt pas mal ! Je savais que tu étais douée, mais pas à ce point !

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Un sourire malicieux vient se nicher sur les lèvres de Zoë, qui attrape la carte des boissons et l'agite sous le nez d'Emrys.

- Nous. Avons. Les. Moyens. De. Vous. Faire. Parler... fait-elle d'une voix robotisée en marquant des pauses entre chaque mot, avant d'éclater de rire. "On parie qu'avant la fin de la soirée tu m'as raconté ça ?" propose ensuite la brunette en reposant la carte.

Elle fait mine de le prendre bien, mais elle sait qu'en entendant parler des histoires de coeur à possiblement venir d'Emrys, elle risque d'avoir beaucoup de mal à y faire face. Encore plus une fois qu'elle sera rentrée et qu'elle devra passer la nuit -et toutes celles d'après- avec la pensée qu'Emrys a craqué sur une autre fille qu'elle. Tout ça, à cause de sa lâcheté. De son départ. De sa difficulté à lui avouer ce qu'elle a sur le coeur depuis cinq ou six ans. La peur de le perdre définitivement est beaucoup plus étouffante, depuis que Zoë est revenue et qu'ils ont recommencé à nouer quelque chose. Ce même quelque chose qui s'était déjà bien installé avant qu'elle ne parte.

Le serveur revient à la table et les stoppe dans leur conversation, alors que Zoë allait montrer tout ce qu'elle pouvait produire côté photo. Instinctivement et sans y penser, elle sort sa carte de crédit, mais se fait rabrouer par Emrys dès que le serveur tourne le dos pour aller chercher la machine. Ni une ni deux, Zoë plonge sa carte de crédit sur le côté de son soutien-gorge et lève ses mains.

- Moi ? Non, j'ai rien oublié ! feint-elle. "La prochaine sera pour moi du coup," lance Zoë en souriant.

Elle se colle ensuite à Emrys pour pouvoir lui montrer ses photos sans avoir à se pencher de façon vicieuse. Son ami la complimente sans attendre, ce qui donne le sourire à la brunette.

- Merci infiniment... Tiens, voilà le serveur qui revient avec le TPE, vas-y ! s'interrompt-elle histoire de ne pas laisser le rose lui monter aux joues.

Le silence se fait quelques secondes le temps qu'Emrys paie les consommations, et, dès que le serveur a tourné les talons, Zoë lui demande :

- Ca te dirait que je te prenne toi en photo ?

Zoë ayant toujours eu un gros faible pour Emrys, elle l'a toujours parallèlement trouvé très beau. Et le prendre en photo pour produire quelques portraits simples et ne pas perdre la main amuserait beaucoup Zoë, en plus de lui permettre d'avoir des clichés "privés", d'Emrys, qui n'appartiendraient qu'à eux deux... Dans la foulée, elle se saisit de son verre et le lève.

- A quoi on trinque ? Nos retrouvailles ? propose-t-elle tendrement.

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Tu manques de t'étouffer de rire. Ces moments avec elle, tu ne les manquerais pour rien au monde, mais il faut dire que jusque là, ce n'est pas vraiment le choix qui s'est offert à toi.

- Je suis terrorisé, Robotcop. Tu hausses les sourcils. Tu n'es jamais bon en pari, tu préfères éviter. On verra bien !

Quelque part, ça t'effraie de parler devant elle. C'est stupide. C'est peut-être la femme de ta vie et tu avances à reculons quand il s'agit d'elle. Quelque chose de totalement insensé, mais visiblement, c'est ce qui fait part à ta vie. Et puis, ça te rend encore plus malade l'idée de lui parler de tes sentiments, qu'elle ne les partage pas... ou pire ! qu'elle soit amoureuse d'un autre. Rien que cette pensée te donne le vertige. Ce serait mérité pour toute cette inaction qui t'a caractérisé vis à vis d'elle.

Le serveur parti, tu lui remontes les bretelles pour ne pas t'avoir laissé payer. Typique, mais elle se ravise, elle s'excuse presque. Ca t'étonne au début, mais tu apprécies. Elle peut définitivement ranger sa carte bleue, tu ne la lui laisseras plus sortir d'ici là, même si elle insiste. Si c'est ce que tu veux croire, alors la prochaine sera pour toi, en effet. Ton commentaire sur ses photos semble la toucher, mais tu n'as pas le temps de réaliser à quel point qu'il est déjà revenu, ce fameux serveur. Le bruit retombe aussitôt pendant que tu paies. Tu n'es jamais contre le silence, mais l'idée qu'une paire d'yeux puisse être braquée sur l'action en cours, ça te met très étrangement mal à l'aise. Pour aucune raison, d'ailleurs. Tu es vite soulagé quand tu vois l'affichage "Paiement accepté" te signaler que la machine et le gars qui la tient s'en vont pour que vous retrouviez ce semblant d'intimité que tu partages avec ta meilleure amie.

Tes oreilles rougissent et c'est comme si tes joues prenaient feu. Toi ? En photo. Euh... c'est à dire que... oui, si tu veux. Tout pour lui faire plaisir, mais toi, tu n'aimes pas trop l'objectif. Tu sais ce que peut représenter une photo. Tu es même d'accord avec cette importance. Mais toi, tout seul, devant l'objectif ? C'est impensable. Alors, tu saisis l'occasion de son verre levé pour l'imiter, histoire de passer à autre chose. Mais tes oreilles restent rougies par la pensée qui vient s'installer et que tu annonces à voix haute. À nos retrouvailles et... À nous ?

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Zoë est plus que touchée de se faire inviter par Emrys. Il y a encore quelques mois de cela, elle n'aurait jamais pensé cela possible à nouveau... Avec toutes les soirées qu'ils ont passées ensemble il y a plusieurs années, Emrys en a eu, des occasions, pour offrir à boire à Zoë. Mais ce soir... C'est différent, de toutes ces fois. Ce soir, Zoë a un sentiment de rendez-vous plus prononcé. Comme une douce promesse... Il n'en est certainement rien, mais c'est ce que sa proximité soudaine avec Emrys lui laisse à penser. Et ça lui plaît plutôt bien. C'est naturel, entre eux. Pourquoi n'a-t-elle jamais eu le courage de lui déclarer sa flamme, alors ?

Le serveur doit certainement croire qu'ils sont en couple. N'importe qui le penserait... Même Zoë, si elle pouvait les voir de l'extérieur. Dès qu'il leur a tourné le dos, Zoë demande à Emrys s'il lui permettrait de le prendre en photo, ce qu'il accepte mais non sans une once d'inquiétude. Zoë éclate de rire dans la foulée, touchée par la gêne de son ami.

- Tu n'as jamais tenté l'expérience, avoue ! fait-elle, toujours en riant. "Ne t'en fais pas, je ne te rendrai pas disgracieux... Bien au contraire !" ajoute la brunette en détournant le regard pour ne pas avoir à croiser celui d'Emrys qui pourrait la piquer en train de rougir.

Ils trinquent à leurs retrouvailles, ainsi qu'à eux, ce qui donne à Zoë de doux frissons. A eux ? Elle en meurt d'envie, mais elle ne demandera pas de détails à propos de ce qu'Emrys aurait pu vouloir dire. Zoë boit une gorgée de sa boisson, se délectant de la vision d'Emrys ainsi que de son parfum. Plus elle passe de temps avec lui, plus elle se rend compte à quel point il lui a manqué. Et à quel point elle n'aurait pas dû le laisser seul ici, sans elle...

- Alors ? Ce mojito ? demande-t-elle d'une voix douce.

Elle espère ne pas avoir vendu trop de rêve à Emrys à propos des cocktails de ce bar ! D'autant plus que lui bosse dans un café... Il s'y connaît beaucoup mieux qu'elle.

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Tu fronces les sourcils. Tu n'as pas l'air très fin à hésiter à ce point pour une photographie. Mais derrière cette hésitation, il faut dire que tu préfères profiter de l'instant présent plutôt que tenir à le figer à tout prix. Certes, cette façon de penser n'a pas toujours été dominante chez toi, surtout lorsque la folie de ta mère t'a ôté tout souvenir d'une once de normalité chez elle... et tu as toujours été heureux de voir des photos d'elle souriante pendant la grossesse, croquant la vie à pleine dents en toute insouciance... mais comme tu ne peux plus profiter d'aucune photo avec elle, tu es bien heureux de pouvoir avoir quelques moments d'un semblant de normalité avec elle. Alors, forcément, tu n'en as que faire des photographies. Même si tu aimes regarder celle des autres. Celles qui te concernent, tu préfères graver le moment dans ton esprit par ton seul point de vue. Certainement bête. Mais ça explique ta réaction : tu préfères être pleinement avec Zoë, le plus possible, avant qu'elle ne te jette tout bêtement parce que tu n'es que son ami. Tu continues à lui sourire.

- Devant une photographe professionnelle, non, j'admets. Mais tu risques d'être déçue, je ne rends pas très bien en photographie. Ou comment te débiner aussitôt.

Elle trinque avec toi sans refuser tes paroles. Aussitôt la chaleur t'envahit et une sensation de bien-être se diffuse dans ton corps. C'est un pas si minime que tu ne devrais pas être aussi content qu'elle ait trinqué, mais c'est un pas tout de même. Tu préfères rester optimiste, voir le verre plein plutôt que vide : la chute serait plus brutale, mais en attendant, tu as surtout l'impression de rattraper à vitesse grand V ces quatre ans qui vous ont éloignés.

- Hmm... dis-tu, réfléchissant à un avis à donner. Pas mauvais, plutôt original, même. Mais ça reste facile à faire, je pense. Non non, tu ne t'en vantes pas, tu es persuadé que tu pourrais faire mieux. Solides chevilles que tu as.

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Zoë hausse un sourcil amusé quand Emrys prétend qu'il n'est pas du tout photogénique. Pour avoir tout un tas de fois regardé les quelques photos de lui qu'il a pu poster sur les réseaux sociaux, Zoë est en total désaccord avec ce que dit son ami. Lui faire comprendre le contraire reviendrait à lui avouer qu'elle le trouve on ne peut plus beau, et qu'elle y a assez réfléchi pour avoir un avis sur la question. Elle secoue la tête, son sourcil toujours levé.

- Toujours à te dénigrer... Tu veux qu'on compare, peut-être ? fait-elle en roulant des yeux dans un sourire. "Je doute fort que tu puisses me décevoir à ce niveau..." tente Zoë.

Au pire des cas, Emrys pourrait comprendre qu'elle le trouve beau. Et alors ? D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Zoë ne croit pas s'en être déjà cachée. Et le trouver beau est bien loin d'avouer qu'elle a beaucoup regardé ses photos sur les réseaux. Beaucoup, ou énormément, c'est selon.

Zoë trinque dans un sourire avec Emrys, avant de lui demander son avis sur le mojito. Il s'agit effectivement d'un cocktail très simple à réaliser, mais un seul ingrédient en trop grande quantité peut tout ruiner. Même Zoë, qui n'y connaît pas grand chose en boissons, le sait pertinemment.

- Monsieur n'aurait-il pas la grosse tête des gens qui s'y connaissent trop bien ? demande-t-elle en se collant un peu plus à Emrys.

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Les yeux au ciel, tu réprimes un sourire. C'est typiquement de Zoë de voir totalement autre chose que ce que tu vois toi. Oui, tu te dénigres, mais parce que c'est l'unique et entière vérité. Qu'elle le veuille ou non. Pourtant, t'es pas le genre à crier haut et fort à quel point tu as des défauts et tu fais des erreurs. Tu le reconnais, certes, mais quand il le faut, pas juste pour te plaindre.

- Aucune comparaison, toi tu es belle peu importe quand et comment. Pour l'avoir vue au réveil, malade, les cheveux en bataille... tu pèses tes mots. Elle est magnifique peu importe le moment. Puis tu hausses les épaules. Pas la peine de débattre avec Zoë, même quand elle a tort, elle réussit toujours à avoir le dernier mot. Si tu le dis.

Ce moment entre vous te semble comme un moment en dehors du temps. Comme s'il n'y avait plus que vous qui bougiez à une vitesse normale, le reste s'écoulant trop rapidement ou alors pas assez. Vous trinquez à cette boisson, qui ne te déplaît pas mais qui ne te surprend pas forcément non plus, ce que tu ne manques pas de lui dire. Un sourire narquois naît sur ton visage. Peut-être bien. Ou peut-être que je suis juste réellement plus doué que la personne qui a fait ce cocktail et que ça fait de moi quelqu'un de réaliste... ?

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Zoë se retient de rougir, mais c'est plutôt difficile. Elle est habituée aux compliments, elle en reçoit souvent de la part de l'amie de sa mère en fonction de comment elle est habillée, et de ses clients qui discutent du fait de savoir poser, prétextant que puisqu'elle est belle, Zoë doit savoir comment se mettre encore plus en valeur en photo. Mais là, le compliment d'Emrys la met on ne peut plus mal à l'aise, parce qu'elle ne sait plus où se mettre tant la joie résonne en elle. Il lui a plusieurs fois dit qu'il la trouvait belle, par le passé, mais entre temps, il y a eu l'Australie, et l'absence de Zoë dans sa vie. La remise à zéro de leur amitié, également, en quelque sorte. Le compliment ne résonne plus comme il aurait pu le faire auparavant. Zoë baisse la tête pour masquer son rougissement évident à Emrys.

- Merci... murmure-t-elle, en faisant mine de se concentrer sur son téléphone pour quitter l'application de ses photos et le ranger dans son sac à main.

Elle reprend quelque peu du poil de la bête quand la conversation revient sur les mojitos d'Emrys. Zoë est certaine qu'il les prépare encore mieux qu'ici, mais elle se garde de bien de le lui dire. Elle trouve qu'il a déjà assez reçu de compliments de sa part pour aujourd'hui ! Elle va finir par se griller, à force.

- Peut-être bien... fait-elle en souriant.

Emrys l'accompagne dans son sourire, et lui annonce ensuite qu'il doit faire un petit tour aux toilettes. Son téléphone est resté sur la table, et alors que Zoë est en train de regarder la carte des boissons plus ou moins distraitement, une lumière attire son attention sur la table. Le téléphone d'Emrys vient de s'allumer, et curieuse comme une pie, Zoë ne peut pas s'empêcher d'y jeter un coup d'oeil. Elle aperçoit un texto d'une dénommée Anais, qui écrit "Je suis certaine que c'est toi le père, arrête de m'ignorer s'il te plaît Emrys, j'ai besoin que tu assumes." Les sourcils de la brunette se froncent instantanément. Qui est cette fille ? Qui semble être enceinte, et d'Emrys, en prime ? Une ex petite-amie dont il aurait oublié de lui parler ? Un plan cul qui a mal tourné ? Zoë sent son estomac se retourner, encore plus quand elle aperçoit qu'Emrys est en chemin vers leur table. Elle se replonge dans la contemplation de la carte, mais ses yeux voilés de larmes l'empêchent de voir réellement ce qu'il est écrit, en plus de ses pensées qui tournoient à une vitesse phénoménale, tentant de mettre un peu d'ordre entre ce texto qu'elle vient d'apercevoir et les conclusions qui en découlent logiquement.

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