all i want for christmas is you → adam

Noël chez les Savalas, ça a toujours été… pour le moins étrange. En général, Noomi le passait au fin fond d’un bayou de la Louisiane avec sa mère et sa fille. Une tradition qui remonte à l’enfance de la blonde parce que sa mère avait toujours été très stricte sur ce point : ça serait avec elle qu’elle passerait tous ses Noël tandis que son père pouvait l’avoir pour le nouvel an. Une close dans le contrat de garde partagée qui n’avait, vous vous en doutez, jamais plu au patriarche. Quant à Noomi… Hé bien ce n’est pas que ça la dérangeait ; elle aimait bien la Louisiane, ses marécages, ses rites vaudou et ses alligators mais ce qui est sûr, c’est que là-bas aussi, on repassera pour l’ambiance de fêtes de fin d’année. Pas de sapin, pas de neige. Un vieil ivrogne - ayant pour interdiction de prendre qui que ce soit sur ses genoux – déguisé en père Noël au coin d’une rue, à la rigueur mais c’est tout. Et bien entendu, aucun chant festif, en Louisiane, on carbure au jazz et au blues, ainsi soit-il. Mais cette année n’en est pas une comme les autres parce que c’était au tour de Sarah de passer ce fameux jour avec son père. Elle comprenait mieux ce que son propre père avait pu ressentir, maintenant. Alors elle n’avait clairement pas la tête à aller « faire la fête » dans le trou paumé où vivait sa mère.

Ce qui ne l’avait pourtant pas empêchée de faire ses valises. Mais pas pour les Etats-Unis, donc. Non, la destination c’était la France et ses montagnes aux sommets enneigés. Parce que quitte à célébrer cette fête qui, plus le temps passe, moins a de sens, autant fuir les plages, les maillots de bain et le soleil néo-zélandais et faire les choses en grand. Et évidemment, elle n’allait pas skier seule – Noomi ne partait jamais en voyage seule, c’était une de ses règles de base. Devinez qui elle a décidé d’emmener dans ses bagages, cette fois-ci. Adam, bien sûr. Enfin, même en le pliant dans tous les sens, il ne serait jamais entré dans sa valise alors il avait bien fallu réserver des billets. Séparément. Car si les autres ne comprenaient pas qu’ils puissent se fréquenter avec Bryan alors ils comprendraient encore moins qu’ils partent en voyage tous les deux. Après, pas sûr qu’ils croisent quelqu’un qu’ils connaissent dans l’avion mais on ne sait jamais

C’est ainsi que la blonde passa la moitié du trajet assise à côté d’un vieux monsieur en route pour retrouver sa famille. Elle le savait parce qu’il n’avait cessé de le lui répéter pendant qu’elle hochait mécaniquement la tête à intervalle régulier tout en observant attentivement les autres visages autour d’elle. Personne qu’elle connaissait. Personne dont elle se souvenait, en tout cas. Quand le temps commença à lui paraître trop long – ça, c’est sûr que ça ne ressemblait pas à la dernière fois -, elle se leva pour aller retrouver Adam. Qui lui était assis à côté d’une espèce de poupée Barbie très occupée à lui faire la conversation. Hé ben, y en a qui ne s’ennuient pas. Noomi s’accroupit à côté du siège de la fille, ayant l’impression que les négociations seraient longues, et fit appel à tout son pouvoir de persuasion.

« Hé ! Excuse-moi de te déranger mais ils se sont apparemment trompé quand on a réservé nos places, on devait être assis côte à côte avec mon ami. »

« Mon ami », ça faisait bizarre. Jamais elle n’avait parlé d’Adam comme d’un de ses amis. Et jamais elle n’aurait cru le faire un jour. Comme quoi, tout arrive dans la vie.

« Ça t’ennuie pas si on échange nos places pour le reste du trajet ? »

Barbie prit son temps avant de tourner la tête pour le regarder. De toute évidence, elle hésitait. Ce que Noomi pouvait comprendre. Elle pouvait comprendre mais elle avait quand même très envie de la tirer par les cheveux pour la faire bouger plus vite. Ce qu’elle ne fit pas. Par contre, elle pensa à un argument choc.

« T’en fais pas, j’suis aussi assise à côté d’un vrai canon, tu perds pas au change. »

Et pour ne pas se griller trop vite, elle désigna sa place de la manière la plus vague possible. C’était un peu vil mais si c’était le seul moyen de la faire décamper. Et il semblerait que ça soit le cas puisqu’elle se leva enfin. Pas trop tôt, la blonde commençait à avoir des fourmis dans les jambes. Elle squatta aussi sec son siège en riant.

« Tu peux être sûr que dans dix minutes elle est de retour. »

Quel accueil. Alors, toutes les blondes étaient interchangeables si on l’en croyait, hein ? Elle aurait pu en dire de même au sujet des grands types baraqués pour lui renvoyer la pareille mais elle se contenta de lui mettre un gentil petit coup de coude dans les côtes en riant. Que la poupée Barbie revienne d’ici dix minutes pour réclamer sa place ne lui faisait pas peur, apparemment. Adam avait même une ou deux idées pour la faire détaler aussi sec. Faire semblant de dormir. C’était idée et elle devait être efficace en plus de ça. Mais la seconde option était nettement plus tentante. C’est vrai, ce n’était pas la première fois qu’elle entendait dire que les gens qui s’embrassent en public mettent les autres mal à l’aise. Une gêne qu’elle n’avait jamais ressentie pour sa part. Certes, elle n’allait pas non plus passer son temps à les observer mais ça ne la dérangeait pas plus que ça. Sans doute parce qu’elle n’était pas très pudique. Enfin bref, tout ça pour dire que ça l’arrangerait si ça marchait avec l’autre blonde. Elle profita du fait qu’il l’attire à lui pour presser ses lèvres contre les siennes avant d’hausser les épaules avec un air innocent.

« J’ai cru qu’elle revenait. »

La bonne excuse. Et elle n’avait pas fini de s’en servir. Il lui avoua ensuite avoir entendu le « aussi » dans sa phrase. Normal, elle ne l’avait pas dit assez bas pour qu’il passe à côté. Et sa réaction l’amusait beaucoup. Au point qu’elle avait envie de le taquiner elle aussi.

« En comparaison de mon précédent voisin, je dirais que oui. »

En comparaison de tout le monde, bien sûr. Il l’avait toujours fait craquer et la blonde ne s’en était cachée, juste le regarder faisait partie de ses nombreux plaisirs. Ça n’avait pas changé et ça ne changerait probablement jamais. Et elle n’était certainement pas la seule à le penser. Rien que Barbie, déjà.

« C’est évidemment toi le plus canon de tous. C’est pas pour rien que cette autre blonde te branchait effrontément. Attends une minute… »

Noomi fit mine de réfléchir intensément – et pour une blonde, c’est un exploit à ce qu’il paraît.

« Mince alors, t’es un aimant à blondes. C’est tragique. »

Elle secoua la tête d’un air dépité avant d’en rire. Elle se méfierait des blondes à l’avenir. Mais pas plus que des autres au final, elles étaient toutes logées à la même enseigne. Puis elle avait toujours eu une confiance aveugle en Adam.
C’est alors que Barbie revint, l’air visiblement déçu. Et bien entendu, au moins où elle s’y attendait le moins pour les empêcher de mettre leur plan à exécution. Enfin si, ils pouvaient toujours faire semblant de s’endormir ou se jeter l’un sur l’autre là, maintenant, mais ça tiendrait tout de même beaucoup moins la route. Tant pis. L’autre se mit à lui tapoter inlassablement l’épaule, ce qui trahissait plus d’un geste nerveux plutôt que d’un geste visant à attirer son attention, à n’en pas douter.

« C’est vraiment pas très cool de m’avoir raconté n’importe quoi. Vous n’aviez qu’à dire que c’était pour être ensemble, j’aurais compris. »

Ce à quoi Noomi ne trouva rien de mieux à répondre que :

« Désolée. »

Alors qu’elle ne l’était pas du tout. Et qu’en plus, elle n’avait pas l’intention de changer de plus à nouveau. Mais de toute façon, elle avait fini de s’intéresser à elle et regardait fixement Adam comme si elle attendait qu’il la retienne. Et elle attendit un moment comme ça avant de finalement tourner les talons, vexée.

« Tu vois, j’avais raison. »

Elle évita cependant d’ajouter le « comme toujours » qui va bien dans cette phrase car ce n’était clairement pas le cas. Quoi qu’il en soit, maintenant elle pouvait se détendre dans les bras de son amoureux jusqu’à ce qu’il soit temps de troquer shorts et t-shirts contre les pulls et les manteaux d’hiver.

Être en permanence entouré de blondes, il doit y avoir pire dans la vie. Noomi ne pouvait même pas se permettre de râler puisqu’elle, c’était de militaires qu’elle était entourée. De toute sorte et de tous les grades mais des soldats quand même. Elle ne savait pas pourquoi, elle ne faisait rien pour, c’était juste comme ça. Un peu comme Adam avec les blondes, quoi. Chacun sa thématique. Enfin bref, selon ses dires elle était la seule qui comptait. Mais la question subsistait : la seule blonde ou la seule entre toutes ? Elle lui brûlait les lèvres et elle savait pertinemment qu’elle aurait pu la poser, qu’Adam n’en aurait pas pris ombrage, il s’en serait même sûrement amusé mais que voulez-vous, il faut croire qu’elle avait été bien dressée par son ex-mari qui lui ne supportait pas qu’elle se montre possessive envers lui alors elle se contenterait de ça. Quand bien même elle en aurait décidé autrement que l’autre blonde ne lui en aurait de toute façon pas laisser l’occasion puisque c’est ce moment précis qu’elle choisit pour les interrompre. Pas pour longtemps cela dit puisque, voyant qu’elle n’obtenait rien de la part d’Adam, elle finit par tourner les talons avec cette raideur caractéristique des gens vexés. Il avait raison, on aurait dit un sketch.

« Ouais, dans le genre surréaliste, elle se pose là, celle-ci. »

Mais bon, au moins ils en étaient définitivement débarrassés d’elle cette fois, pas vrai ? Sachant cela, elle put prendre ses aises et se blottir tout contre lui tandis qu’il lui embrassait le front et lui posant une de ses fameuses questions rhétoriques. Bien sûr qu’elle savait qu’il l’aimait. Et elle ne se lassait pas de l’entendre. Le pourrait-elle un jour ? C’était loin d’être certain. Dans tous les cas, bien que ce genre de questions n’appelle pas de réponse, elle éprouvait tout de même le besoin d’y répondre d’une manière ou d’une autre.

« Hum, est-ce que j’le sais ? Je crois que ça dépendra du cadeau de Noël que tu as l’intention de me faire. »

Toujours dans l’optique de se taquiner l’un l’autre parce que s’il y avait bien quelque chose dont elle se fichait totalement, c’était d’un cadeau de Noël. Rien ne pourrait la rendre plus heureuse que de l’avoir lui à ses côtés sauf d’avoir Sarah avec eux aussi mais puisque c’était impossible cette année, elle essayait, dans la mesure du possible, de ne pas y penser. Et ça marchait pas mal grâce à Adam qui parvenait à merveille à la détourner de tout un tas d’autres pensées. C’est avec un air malicieux qu’elle vint lui embrasser la joue avant de poser la tête sur son épaule.
Bon hé bien plus que quatorze heures à tuer. Encore heureux qu’elle avait eu la bonne idée de changer de place, c’était bien plus supportable comme ça. Là, elle se sentait bien. Si bien qu’elle n’eut qu’à attendre qu’il s’endorme pour caler sur respiration sur la sienne et s’endormir à son tour. Et ça, ça tenait presque du miracle.

En théorie, on dort mal en dehors de son lit et on se réveille encore plus fatigué qu’avant de s’être endormi mais ce n’est pas toujours le cas. La preuve, c’est que la blonde avait une pêche d’enfer au réveil. Ils étaient arrivés, ils étaient en France. L’excitation de découvrir un nouveau pays plus forte que tout, comme les enfants qui vont à Disneyland. Elle n’en avait encore rien vu mais elle pouvait d’ores et déjà dire qu’elle adorait la France parce qu’elle eut droit à un french kiss pour fêter ça. Si elle était prête ? Elle avait envie de bondir partout – mais ça serait déconner parce qu’il n’y a pas la place nécessaire pour ça dans un avion alors on se calme.

« Prête ! »

Sans bondir, elle se leva pour prendre son manteau et descendre de l’avion. Alors oui, bon, c’était la France et pas la Laponie mais elle se rendit compte d’à quel point son idée de ce pays pouvait être faussée par ce que l’on en voyait à la télé en remarquant qu’il n’y avait pas vraiment de neige au sol. Tant pis, la neige ça fond à cause de la pollution alors il doit y en avoir ailleurs. Passage obligatoire pour récupérer les valises qui, par chance, sont toutes là - il n’y a pas à dire, ce voyage commençait mieux que le dernier – puis il n’y a plus qu’à sauter dans un taxi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a quand même un côté pratique d’avoir un copain baraqué parce que personne n’osa leur passer devant. La blonde échangea quelques mots en français avec le chauffeur et la voiture fila en direction des sommets. Et ben voilà, là il y en avait de la neige. Parce qu’un chalet sans neige – ou sans fausse peau d’ours devant la cheminée -, ça casse un peu le mythe. Alors en ce qui concerne la fausse peau d’ours, ils verraient plus tard mais pour la neige, Noomi attendit tout de même d’être descendue de voiture et d’en avoir sorti ses bagages pour les abandonner devant la porte du chalet avant de faire une boule qu’elle lança sur Adam.

Adam avait de la chance parce que Noomi était d’accord avec lui : sa seule présence lui suffisait amplement en effet. De toute façon, elle n’avait jamais été si matérialiste que ça. Pas matérialiste, donc, mais sentimentale, ça oui. D’autant plus maintenant que sa mémoire n’en faisait qu’à sa tête. Bref, puisqu’elle n’avait rien à redire à ça, autant profiter à fond de la proximité que conférait l’espace réduit qu’il y a dans un avion. Et ce pendant un paquet d’heures. Jusqu’à ce qu’ils se posent enfin sur le sol français. A partir de là, c’est à la blonde de prendre les commandes. Ce qui ne la dérange en aucune façon étant donné qu’elle parle la langue comme une vraie française. C’est ça d’avoir grandi à la Nouvelle-Orléans. Et quand bien même, elle se faisait un devoir d’apprendre quelques mots de la langue locale à chaque fois qu’elle voyageait histoire de ne pas avoir l’air de la touriste de base. C’est sans le moindre pépin qu’elle parvint à les mener à bon port. Encore un autre exploit, ça. Heureusement qu’ils ne se trouvaient pas actuellement en plein milieu des Balkans sinon elle aurait certainement trouvé le moyen de les perdre dans la cambrousse uniquement habitée par une famille de consanguins cannibales. Mais non, il y avait la neige, il y avait le chalet, bref, tout ce qu’il fallait.

D’ailleurs, en parlant de neige, Noomi ne résista pas à l’envie de la compacter en une boule parfaite qu’elle s’amusa à lancer sur Adam. Qui, pendant environ un quart de seconde, eut l’air tellement outré qu’elle ait osé faire ça qu’elle aurait presque pu y croire. Une déclaration de guerre, on peut voir les choses comme ça. La question c’est : est-ce bien raisonnable de jouer à ça avec un soldat ? Sans doute que non. C’est un peu évident que la blonde ne fait pas le poids mais d’un autre côté, elle est rapide, ça peut être un avantage. Et puis ce n’était pas comme s’ils en voyaient souvent de la neige par chez eux alors elle avait envie de jouer dedans, comme une enfant. Puis quoi de mieux qu’une broncho-pneumonie pour commencer le séjour ? Je vous le demande ! Mais ne partons pas défaitistes, ils trouveraient bien un moyen de se réchauffer s’il le fallait, non ? Tout ça pour dire qu’elle attendit sagement qu’il finisse sa phrase pour ramasser encore un peu de neige qu’elle lui lança comme pour la ponctuer.

« Tu crois peut-être que ça m’fait peur ? »

Ça serait mal la connaître ; elle avait toujours eu tendance à foncer au lieu de se rétracter. Quelle que soit la situation, quels que soient les risques encourus. Souvent en dépit du bon sens, même. Et ce qui était sûr, c’est que ce n’était pas toujours aussi plaisant que ça pouvait l’être maintenant. Loin s’en faut. Dans tous les cas, elle ne doutait pas un seul instant que la vengeance d’Adam serait terrible et qu’il valait mieux se planquer. Derrière le taxi. Pire idée qui soit puisque le chauffeur n’en avait visiblement rien à faire de lui servir d’abri et que, comme la course avait été réglée, il n’avait plus rien à faire là et s’empressa de reprendre la route. Hé ben génial, voilà comment on meurt en temps de guerre. Changement de stratégie, la blonde courut s’abriter derrière un des murs du chalet, le temps de fabriquer d’autres munitions. Comme quoi, ça sert parfois de jouer aux jeux vidéo. Surtout en cas de bataille de boules de neige, vous me direz, mais tout de même.

A ce qu’il paraît, elle devrait avoir peur. Possible ; elle devrait sûrement avoir peur de plein de choses pour s’en propre bien mais ça ne l’empêche pas d’être une tête brûlée pourtant. Pour toute réponse, elle lui adressa un haussement d’épaules et la partie débuta. Tout d’abord, il lui fallut trouver un abri fiable. Et la première tentative fut un échec mais ça, on le sait déjà. En revanche la seconde était un assez bon choix. Assez fiable pour pouvoir se constituer une réserve de boules de neige. Jusqu’ici, pas de problème, elle n’y avait qu’à éviter les projectiles givrés d’Adam qui, par ruse – elle s’en doute, Stevie Wonder viserait probablement mieux que ça -, s’amusait à les envoyer n’importe où. Mais les choses se corsèrent au moment où il disparut de son champ de vision. Ça, ce n’était pas bon signe pour elle, aussi tendit-elle l’oreille. Ce qu’il y a de bien avec la neige, c’est qu’elle crisse sous vos pas. Noomi savait qu’elle aurait dû rester en mouvement mais elle restait là, tranquille dans la neige à compacter ses munitions. Elle l’entendit arriver, oui, mais pas assez vite pour avoir le temps de fuir et, comme il le lui fit très judicieusement remarquer, c’est bel et bien ainsi qu’il la tint. La blonde tâcha bien de se débattre mais plus pour le sport qu’autre chose.

En guise de vengeance, il lui glissa une bonne poignée de neige dans le pull. Décidément, elle y avait souvent droit à ce traitement. Et il était tout aussi agréable qu’une douche froide par moins quinze. Même si elle avait voulu se la jouer cool, son corps, lui, n’aurait pas obtempéré puisqu’il se raidit dès l’instant où sa peau entra en contact avec la poudreuse. Elle gesticula ensuite dans tous les sens pour s’en débarrasser complètement avant qu’elle ne fonde – le tout en riant parce que dans le fond, elle l’avait quand même bien cherché - ; auquel cas il n’y aurait plus qu’à se sécher mais ça n’avait rien d’évident étant donné que le bras d’Adam lui enserrait toujours la taille.

« Tu m’laisses pas vraiment le choix, faut dire. Okay, okay, je capitule. »

A charge de revanche. La voilà libre. Libre d’ôter toute cette neige de ses vêtements et ça fait du bien. Maintenant, Noomi ne voyait plus la moindre objection à entrer, ça, c’était sûr. Pour s’installer, oui, mais surtout pour aller se changer vite fait bien fait.

« Allons-y. Ça serait quand même dommage que je tombe malade et que tu doives me mettre en quarantaine jusqu’à ce qu’on rentre. »

Carrément dommage, même. La blonde se saisit au passage de sa valise avant de monter les quelques marches qui mènent au chalet et de s’arrêter devant l’entrée pour chercher les clefs au fond d’une des poches de son jean. Une fois qu’elle eut mis la main dessus, elle poussa la lourde porte en bois et entra. C’était chaleureux. Comme n’importe quel chalet, au final, loin d’elle l’idée de s’extasier au sujet du moindre petit détail mais c’était pile comme elle l’avait imaginé. Elle en fit rapidement le tour, surtout pour trouver la chambre à vrai dire mais nota tout de même les décorations de Noël ainsi que la sacrosainte cheminée. Pour ce qui est de la chambre, celle-ci se trouvait à l’étage et Noomi eut tôt fait d’y monter, poser sa valise sur le lit et de trouver de quoi se changer.

« Tu nous fais un feu ou j’m’y colle ? »

Tout de suite ? Mais oui, ça serait parfait pour la réchauffer rapidement. Et ouais, la blonde pouvait tout à fait s’y coller parce qu’après tout, c’était elle la fana de camping, elle avait l’habitude. Ça fonctionnait un peu de cette façon dans leur couple, Adam cuisinait à merveille, quant à elle, elle pouvait démarrer un feu et c’était très bien comme ça.

Les isoler ensemble, voilà qui serait romantique mais autant éviter s’ils le pouvaient. C’est sur cette conclusion qu’ils entrèrent dans le chalet et que Noomi se hâta d’aller se changer pendant qu’Adam poussait plus loin le tour du propriétaire. Il ne lui fallut que quelques secondes pour redescendre et demander qui se chargerait du feu. Il savait parfaitement que ce genre de choses était dans ses cordes aussi la laissa-t-il faire. La blonde donc bûches, papiers, briquet et tout ce qu’il fallait pour bien démarrer un feu et s’attela à la tâche. Il est vrai que ça n’avait rien de bien compliqué en intérieur, pas comme quand vous partez pour un trek dans la montagne et qu’il vous faut faire un feu avec trois brindilles sèches car il a plu la veille et qu’en plus de ça, vous avez oublié briquet et allumettes à la maison mais quand même, elle n’en est pas moins fière pour autant. Il profite d’être posé pour lui demander si elle prévu des trucs à faire pendant leur séjour ce qui lui fait automatiquement froncer les sourcils parce qu’elle cherche à se remémorer de si elle l’a fait ou non. Autant faire au plus simple.

« Là, tu m’en demandes beaucoup, babe. J’suis à peu près sûre que oui mais j’ai plus aucune idée de ce que j’ai bien pu prévoir. Je te dirai ça quand j’aurai mis la main sur le post-it où j’ai probablement marqué tout ça. »

Elle était à peu près sûre parce que c’était presque toujours ainsi qu’elle procédait quand elle partait en voyage ; elle se renseignait un peu sur l’endroit avant de s’y rendre. Pas qu’elle n’aime pas l’improvisation mais ça serait bête de partir à un moment de l’année où il ne se passe pas grand-chose et d’avoir à se tourner les pouces pendant une semaine. Cette fois, elle avait sûrement fait pareil, il n’y avait pas de raison qu’il en soit autrement. Bref. C’est alors que le bois commençait à crépiter dans l’âtre que l’estomac d’Adam crut bon de se manifester. Et cas où elle n’aurait pas remarqué, il lui précisa. Sans blague. Ça la fit rire. Il lui demanda ensuite ce qu’ils allaient manger. En voilà une bonne question. Elle releva alors les yeux vers lui et, comme souvent depuis qu’ils s’étaient retrouvés, une bouffée d’amour la submergea. La blonde se remit debout pour venir se glisser entre ses bras – ça faisait longtemps – et lui mordiller pas si sagement que ça le lobe de l’oreille.

« C’est toi que j’ai envie de manger. »

Cela étant, ça ne réglait pas vraiment le problème de la faim en soi et Noomi en était consciente alors ça, ça serait pour plus tard. Du coup, la question demeurait : que manger ? Elle n’était pas vraiment difficile en termes de nourriture parce qu’elle n’en avait pas les moyens. C’est-à-dire qu’elle se débrouillait un peu derrière les fourneaux mais seulement parce qu’il fallait bien et parce que son père s’était fait un devoir de lui apprendre à cuisiner tel ou tel plat typiquement grec comme s’il lui transmettait un héritage familial. Mais en dehors de ça, elle se posait là. Tout ça pour dire que partant de là, elle ne pouvait pas vraiment se permettre de faire la difficile quand c’était les autres qui enfilaient le tablier. Elle finit par hausser les épaules.

« Comme tu veux. De quoi t’as envie ? »

Ils pouvaient aller dîner dans un restaurant ou alors rester là, pas trop loin de la cheminée. Si la blonde n’avait pas envie de partager son Adam avec qui que ce soit, pas même de parfaits étrangers, ça ne l’empêcherait tout de même pas de sortir si c’était ce qu’il souhaitait. Et sinon, alors elle se chargerait d’aller faire quelques courses.

Qu’il en vienne à oublier ses problèmes de mémoire quand ils sont aussi importants, c’est pas vraiment un problème, au contraire, ça devait vouloir dire qu’elle faisait des progrès. Ou pas. Mais elle espérait bien que oui. Après tout, la vie était plus simple et plus heureuse avec Adam à ses côtés alors ça devait jouer. Mais Noomi n’avais pas envie de se réjouir trop car si son état s’améliorait bel et bien en partie grâce à la présence d’Adam alors elle ne préférait même pas imaginer comment ça se passerait le jour où il faudrait qu’il parte pour de bon, comme si l’avenir n’existait pas. De toute façon, la blonde se faisait confiance pour aviser, c’est ce qu’elle avait fait tout au long de sa vie. Et on dira ce qu’on voudra, ça lui avait pas trop mal réussi. Elle acquiesça, un petit sourire au coin des lèvres. Ils verraient ça, finiraient par se dire que ça a l’air nettement moins marrant que sur le papier et feraient peut-être deux voire trois des activités qu’elle avait prévues et improviseraient pour le reste. Parce que c’est comme ça que c’est drôle, les vacances, quand rien n’est prévu ou presque. L’aventure, quoi.

Et puis la conversation dévia sur un tout autre sujet. Un sujet bien plus distrayant et agréable que ses foutus problèmes de mémoire. D’après lui, c’était le genre de choses qu’on gardait pour le dessert. Ah vraiment ? Il savait pourtant bien qu’elle se fichait de ce que peuvent dire les autres, non ? Si. Mais okay, elle pouvait patienter encore un peu. En attendant, elle l’écouta lister tous les grands classiques et Noomi pourrait bien se laisser tenter. C’est vrai qu’on n’a pas l’occasion de goûter ça très souvent par chez eux alors pourquoi ne pas en profiter ? De plus, on ne pouvait vraiment dire qu’elle soit du genre à faire excessivement attention à sa ligne. Et pas pour une raison bidon qui ferait râler n’importe quelle autre femme du genre « j’ai un métabolisme de compet’ qui me permet de brûler la moindre calorie » ou ce genre de conneries ridicules. Non, c’est juste qu’elle avait pour habitude de sauter des repas. Alors ça aide, fatalement. Tout ça pour dire que oui, autant Adam qu’elle pouvaient se permettre quelques écarts pour une fois.

« C’est sûr que ça vend du rêve et qu’on partira pas d’ici avant d’avoir essayé tout ça. Tu sais quoi ? J’ai pas envie de sortir ce soir alors on va regarder ce qu’on peut faire ici. Comme ça, on n’est pas obligés de s’habiller chic. Ou de s’habiller du tout, même. »

La malice pétillait dans ses yeux tandis qu’elle se décollait d’Adam pour aller dans la cuisine et ouvrir tous les tiroirs et placards, réplique d’une scène culte d’un des meilleurs films d’horreur qui soit. Mais pas pour les mêmes raisons, cela va de soi. Au fond d’une des armoires, elle trouva un caquelon. Hé ben voilà, inutile de chercher plus loin.

« Fais-moi une liste et j’irai faire des courses pendant que tu surveilles le feu. »

C’est pas qu’elle ne voulait pas de lui pour aller faire des courses, corvée ô combien chiante qu’elle détestait faire, en France comme ailleurs mais elle ne s’était pas donné la peine d’allumer un feu pour devoir jeter un seau d’eau dessus même pas dix minutes après. Sinon, elle pourrait aussi l’y envoyer mais si tout ce qu’il avait retenu des mini-cours qu’elle lui avait donné c’était « bonjour » et « merci », il valait sans doute mieux que ce soit elle qui s’en occupe.