you better watch out → rafa

Juste avant de partir pour la France, Noomi s’était dit et répété un milliard de fois, histoire d’être sûre de ne pas oublier, qu’il fallait absolument qu’elle fasse ses courses de Noël. Ce n’était pas parce qu’elle passait cette fête loin de tout le monde qu’elle était dispensée de faire des cadeaux pour autant. Au contraire, elle essayerait même de compenser son absence auprès de son père qui, pour une fois, avait eu le vain espoir qu’elle fêterait ça avec lui – ce qui n’était plus arrivé depuis le divorce de ses parents, autant dire que ça remonte -, par des cadeaux encore plus beaux que d’habitude. Le problème, c’est qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait bien offrir. Du moins à son père car elle avait pris soin de noter ce que Sarah voulait avant qu’elle ne reparte chez son père : des jouets et des peluches en masse. Comme si elle n’en avait pas déjà assez comme ça, ils débordaient littéralement de sa salle de jeux. Mais bon, ses désirs étaient des ordres. Quant à sa mère, elle lui enverrait de l’argent, comme chaque année. La blonde en était arrivée à se dire qu’elle finirait bien par trouver le ou les truc(s) qui lui plairai(en)t en faisant les magasins.

Alors évidemment, Noomi avait fait appel à Rafa. C’était l’occasion de passer du temps avec lui. Parfois, elle avait l’impression de ne plus l’avoir vu depuis une éternité mais elle se doutait que c’était sa mémoire qui lui jouait des tours. Quoi qu’il en soit, elle avait vraiment hâte d’y être. Hâte de voir des gamins surexcités courir dans tous les sens en hurlant qu’ils veulent aller s’asseoir sur les genoux du Père-Noël, des gens qui ont eux aussi retardé leurs achats jusqu’au dernier moment ou presque et qui vont pratiquement s’entretuer pour pouvoir avoir le tout dernier pull moche de Noël du rayon. Le tout sur fond des quelques chansons de Noël que le centre-commercial passerait en boucle. Joie. Bref, la jeune femme était passée chercher son meilleur ami et était actuellement en train de tourner dans le parking souterrain à la recherche d’une place. La voiture derrière elle lui collait au train ce qui avait le don de lui taper sur le système. Le genre de comportement que la grecque n’avait jamais compris ; tout le monde était pressé, ils étaient tous dans la même galère alors chacun son tour. Et puis s’il était si pressé que ça, il n’avait qu’à venir plus tôt, non ?

« R’garde-moi ça, quel connard. On parie que si une place se libère, il me double pour la prendre ? »

Mais Noomi tâchait de garder son calme. Dans la mesure du possible en tout cas. Et comme de juste, dès qu’une place fut libre l’autre se la joua Fangio, la dépassa, se gara et lui fit en plus un doigt d’honneur au passage. C’en était trop, la blonde freina brusquement et sortit de sa Mustang pour aller empoigner l’autre connard qui lui, n’avait même pas encore eu le temps de mettre un pied dehors. Elle était comme ça, Noomi, elle agissait toujours avant de réfléchir, ça devait venir du sang partiellement méditerranéen qui coulait dans ses veines. Elle tint le gars fermement par le col, le sortit de sa voiture et le plaqua contre sa portière.

« Sale enfoiré, t’as cru que j’allais laisser passer ? »

De toute évidence oui parce qu’il avait l’air pas mal sous le choc. Il faut dire que quand on voit le gabarit de Noomi, on ne s’attend clairement pas à ça mais elle n’a jamais été du genre à se laisser marcher sur les pieds. Le type reprit alors contenance et essaya par tous les moyens de se défaire de son emprise et c’est ainsi que la blonde se prit une claque. Mais pas le genre de petites claques de rien du tout, non, un vrai coup qui laisserait des marques. Et bien sûr, loin d’elle l’idée d’en rester là ; elle venait tout juste de lui coller son poing dans la figure quand Rafa intervint pour les séparer. Il avait de la chance, celui-là, parce qu’elle ne l’aurait sûrement pas laissé s’en tirer à si bon compte, sinon. Le tout accompagné des coups de klaxon frénétiques des gens qu'elle bloquait avec sa voiture. Ah, la magie de Noël.

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L'avantage d'être célibataire sans enfant, c'est qu'il n'a pas à courir tous les magasins de la ville pour pouvoir se procurer le dernier jouet populaire qu'ils viennent de sortir. C'est également économe d'être sans enfant, bien que là, il n'a aucun problème d'argent, ça remporte d'être sergent dans l'armée et d'avoir une bonne retraite avec cela. Cela dit, il n'avait pas encore trouvé ce qu'il allait offrir à son ami d'enfance, Nathan, chaque année, il essaye de lui offrir un truc différent, avec l'âge, ça revient souvent à la même, de l'alcool, des cigares, bref un petit plaisir que l'on s'offre pour se détendre quoi. Il trouvera bien un truc à acheter au centre commercial, un truc bien rigolo, de quoi le faire rire et que l'on peut converser pour pouvoir s'en souvenir l'an prochain. Et puis, ils vendent de tout là-bas, il espère trouver la perle rare. Rafa avait accepté de s'y rendre avec Noomi, ce n'est pas un lieu qu'il adore vraiment, alors, il allait se laisser guider par son amie ou plutôt traîner. Il regarde devant lui, c'est toujours la galère dans ce genre de stationnement, enfin, pas mal dans tous les parkings. « Tu veux que j'aille m'allonger sur la prochaine place qui va se libérer ? » Plaisante le Colombien. Non, parce que les gens sont comme ça, alors que Rafael, lui, il aime un peu trop laisser sa place, alors il comprend que parfois, il vaut mieux en avoir que pour sa gueule, sinon il n'y aura plus de place et ils vont devoir marcher des mètres et s'ils doivent acheter plusieurs trucs, ça va être la galère tout transporter. Tout se passe rapidement, un doigt d'honneur, la blonde qui débarque de la voiture, Rafael ne pouvait tout de même pas laisser la situation dégénérer. Il s’apprêtait à répliquer à l'homme, mais Noomi venait de le devancer en frappant l'inconnu au visage. Il menace tout de même l'inconnu de ne plus jamais relever la main sur elle ou même sur une autre femme. « Ça va ? » Lance Rafa à sa meilleure amie. Il lui demande de grimper à l'intérieur de la voiture, prenant les commandes de la bagnole, par chance, une place se libère pas loin de l'entrer où se trouvent les escaliers et l'ascenseur. Il gare la voiture. « Quel connard. Je devrais y retourner et lui brûler sa voiture. » Il lui prend doucement le visage entre les mains pour regarder ses blessures. « Viens, on va nettoyer ça. » Il sort de la caisse, il lui donne les clés, direction les toilettes, ils doivent monter un étage, l'étage des restaurants, c'est le premier endroit où il voit un signe des toilettes. Direction les dames, où se trouvent déjà des femmes, presque indignées de voir un homme y entrer, mais il s'en fiche. « Tu aurais dû me laisser faire. » C'est lui qui aurait dû le frapper, pas elle.

Sur le moment, se prendre un coup, ça ne fait jamais mal. Du moins s’il n’est pas accidentel. Parce qu’on s’y attend et que l’adrénaline vous désensibilise grandement. Dans ces moments-là, on se sent pratiquement invincible et c’est assez grisant, il faut bien le reconnaître. Tout ça pour dire que si Rafa ne s’était pas interposé, Noomi n’aurait probablement pas lâché prise avant que le type ne se décide à rendre les armes. Bel exemple, ça, mais que voulez-vous, on ne la refera pas. C’est à contrecœur qu’elle laissa tomber et suivit son ami dans la voiture tout en continuant à fusiller l’autre du regard et à le défier de s’approcher encore une fois. Ce n’est qu’une fois assise côté passager qu’elle se décida à lui répondre.

« Ça va, il a plus morflé que moi. »

Et ça, en soi, ça contribuait nettement à son bien-être. Parce que mine de rien, elle commençait déjà à ressentir les effets du coup. Une fois qu’ils eurent trouvé une place, elle hocha vivement la tête à l’idée d’aller mettre le feu à la bagnole de ce tocard, laissa Rafa inspecter son visage avant de le faire elle-même dans le miroir. Des traces, oui ; sa pommette était toute rouge et ne tarderait probablement pas à bleuir et du sang coulait à la fois de sa lèvre et de son arcade ouvertes. Bordel, mais ce mec avait des mains d’ogre ou quoi ? Enfin bref, une fois de plus, c’est Rafa qui a raison alors elle sort de la voiture, récupère les clefs et le suit docilement jusqu’aux toilettes pour femmes.

Bien sûr, voir entrer un homme dans les toilettes pour femmes, ça soulève un tas de remarques sèches et regards scandalisés mais aucun des deux ne semblent s’en formaliser. C’est loin d’être la première fois que ça lui arrive et elle a toujours droit au même genre de réflexion, quoi qu’il s’y passe, dans ces fameuses toilettes alors bon, au bout d’un moment, on n’y prête juste plus attention. La jeune femme alla chercher un rouleau de papier dans l’une des cabines et revint s’asseoir juste à côté des lavabos. Le commentaire de son ami la fit ricaner avant de grimacer parce que ça commençait à être un peu douloureux. Encore heureux qu’elle se baladait en permanence avec une espèce de mini-pharmacie sur elle et qu’elle avait donc des anti-douleurs.

« Tu sais bien que j’suis pas vraiment le genre demoiselle en détresse. Et puis que ça soit toi qui te prennes le coup, c’est pas forcément mieux. Là au moins, ça fera ressortir le bleu de mes yeux. »

Autant voir le côté positif des choses. Dans tous les cas, si elle ne se dépêchait pas de faire partir ces taches de sang sur son t-shirt avant qu’elles ne sèchent, elle pourrait le jeter à la poubelle car elle n’avait jamais été foutue de ravoir aucun de ses vêtements tâchés par le sang alors elle oublia momentanément son visage pour s’appliquer à la tâche.

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Il est choqué par ce qu'il vient de voir, frapper une femme, il faut vraiment être un lâche, une abomination et pourtant, il ne devrait pas être aussi surpris, après toutes les merdes qu'il a pu voir durant son service militaire, il a vu pire, mais ça reste inacceptable à ses yeux. Il ignore si elle dit cela par fierté, mais il ne doute pas une seconde qu'elle doit ressentir les effets du coup qu'elle vient de recevoir, personne n'est fait en acier. Mettre le feu à une bagnole, ce n'est certainement pas montrer le bon exemple, mais bon, parfois désobéir aux règles, ça ne fait pas de mal à personne, enfin hormis les dégâts matériels, mais ça, c'est un détail. Une fois à l'intérieur du centre commercial, ils se dirigent vers les toilettes, il tourne en direction des dames, il venait de pousser la première porte qui se trouvait tout près de lui. Rafa ne prête pas attention aux regards, aux remarques, il n'est pas là en tant que voyeur, déjà il ne serait pas du tout subtil, mais plutôt pour aider une amie, qui est déjà une meilleure excuse. « Ça, je sais bien, mais je peux également encaisser les coups. » Il n'est pas militaire pour rien, certes, ce n'est jamais agréable de se prendre un poing en plein visage, mais il se sait résistant. En tout cas, il aurait préféré que ça soit lui plutôt que Noomi. Rafael la regarde à l'oeuvre, il décide de sortir des toilettes, il revient finalement au bout de deux minutes avec des sachets de sel et un soda. « Tiens, on va voir si c'est un mythe de mettre du sel sur les taches. » Il ouvre la canette et il en boit quelques gorgées avant de lui tendre, ce n'est pas comme s'ils allaient tout utiliser. « On applique le sel avant ou le soda ? » Ou peut-être les deux à la fois, d'ailleurs, c'est ce qu'il décide de faire sans attendre de réponse, il ouvre un sachet de sel qu'il balance sur la tache de sang, pendant qu'il verse un peu de soda.

Oh, c’est sûr que Noomi ne doutait pas une seule seconde qu’il puisse encaisser les coups à sa place. Ça non, elle savait que lui aussi était un dur à cuire et surtout qu’il avait dû voir bien pire que ça du temps où il était militaire mais que voulez-vous ? Ce n’était pas une question de qui encaisse mieux les coups que l’autre mais plutôt d’elle qui ne voulait dépendre de personne depuis son divorce et puis c’était elle qui avait démarré au quart de tour alors c’était également à elle d’assumer les conséquences de ses actes. Bref, tout ça pour dire que :

« J’le sais aussi. Mais ce qui est fait est fait. »

Inutile de culpabiliser pour ça. Un sourire étira cette fois ses lèvres qui fut de nouveau suivit d’une grimace. Il fallait définitivement qu’elle arrête de sourire et qu’elle s’occupe de ses lèvres avant qu’elles ne doublent de volume sans quoi la prochaine personne qu’elle embrasserait aurait l’impression d’embrasser une ventouse géante. Pourtant, ce qui la préoccupait pour le moment, c’était surtout l’état de son t-shirt qu’elle ne parviendrait jamais à revoir si elle laissait au sang le temps de sécher. Par chance, Rafael était un homme plein de ressource qui l’abandonna l’espace de quelques secondes, le temps nécessaire pour que la blonde s’acharne sur le tissu à grand renfort d’eau froide et de papier toilette – ce qui n’aida en rien, évidemment -, avant de revenir avec des sachets de sel et une canette de soda. Manque de sodium, peut-être ? Du haut de son perchoir, elle le regarda en arquant un sourcil et l’expliquant vint tout naturellement, sans qu’elle ait besoin de la demander. Ah oui ! Voilà bien une astuce qui lui était complètement sortie de la tête et ce n’est qu’en questionnant sa mère au téléphone que ça lui serait peut-être revenu. Quand j’vous dis qu’il est plein de ressources.

Bref, il but une gorgée à la canette avant de la lui tendre. Avant, après ? Comme si elle en savait quelque chose. Est-ce que ça avait seulement une importance ? Sûrement que oui. Bon sang, elle faisait parfois une ménagère déplorable.

« Alors là, tu me poses une de ces colles. »

Noomi eut le temps de prendre un antidouleur avant que Rafa lui reprenne la canette des mains, et applique les deux en même temps. A bien y réfléchir, peut-être bien qu’elle aurait dû l’enlever avant. Mais tant pis, elle était à la bonne hauteur pour avoir facilement accès au robinet. Elle laissa agir quelques minutes avant de se mettre à frotter énergiquement. Et là, ô miracle, ça s’estompait déjà un peu. Franchement, ses lèvres ne la faisaient pas tant souffrir, elle déposerait probablement un baiser sur sa joue. Mais mieux valait s’abstenir.

« Regarde ! Ça part déjà. T’es un p’tit génie, toi. »

C’est alors qu’elle voulut se tourner vers les autres dames présentes pour le leur faire savoir, des fois que ça les intéresserait mais les toilettes étaient à présent vides.

« Oh tiens. Tu crois qu’on les a fait fuir ? »

Sérieux ? Non parce que c’était triste. Enfin bref, tant pis. La blonde pouvait à présent s’occuper de ses contusions et nettoyer un peu le sang séché qui lui maculait le visage.

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C'est qu'une astuce comme une autre, les gens pensent qu'il faut mettre de l'eau froide et puis d'autres, du sel et du soda, chacun ses trucs, il faut juste que le résultat soit là. Il en a déjà souillé des chandails et des pantalons durant ses années à l'étranger à combat les terroristes, mais là-bas, il ne se préoccupait pas vraiment de cela, c'est peut-être la seule différence que la situation présente. Quoi qu'il en soit, il était revenu avec son équipement afin d'attaquer cette fameuse tache rouge sur le chandail de Noomi, comme s'il en faisait une mission. Il tente le tout pour le tout, le reste, il faut attendre un petit miracle, pendant ce temps, il se lave les mains, sans se rendre compte que les toilettes se sont rapidement vidées, se retrouvant seul avec elle, même derrière cette porte tout semble tranquille, mais il ne porte pas vraiment attention à ce petit détail, du moins, pas dans l'immédiat. « Miracle ! Comme quoi les trucs de grand-mère peuvent fonctionner. » Voilà, un problème de régler, le deuxième, c'est de trouver les cadeaux qu'ils souhaitent acheter à leurs proches et là, il n'y a aucune solution miracle à cela. Rafa ne sait toujours pas ce qu'il va offrir à ses parents ou à son meilleur ami, il aurait peut-être dû leur demander une liste, comme le font les enfants, mais tant pis, il est trop tard pour cela, la flemme de téléphoner à Nathan et l'heure n'est pas la même en Colombie. « Tu crois que c'est ma faute ? Oh, j'espère qu'elles n'ont pas cru que je t'avais fait ça. » Ce serait bien le dernier à oser lever la main sur une femme, jamais il n'oserait quoi. Et d'ailleurs, sans se douter que le centre commercial ait déjà fermé ses portes pendant tout ce temps passé dans les toilettes pour femmes. Il hausse les épaules et il va enfin ouvrir la porte, c'est silence radio, les lumières sont presque toutes éteintes, aucun signe de vie à l'horizon. « Euh.. tu dirais quoi si on se retrouvait dans le film Dawn of the Dead ? » Ce n'est pas comme ça que commence les films de zombies ? Il sort complètement de la pièce pour constater qu'il n'y a plus personne, d'ailleurs, il trouve le silence assez reposant, mais inquiétant à la fois, car on sait tous que les centres commerciaux ne sont jamais silencieux. « Il y a quelqu'un ? » Visiblement non, il n'y a personne, aucune réponse ou alors, il ne crie pas assez fort pour se faire entendre.

Bien sûr que les trucs de grand-mères fonctionnent en général, c’est du moins ce que Noomi pensait mais il fallait juste les connaître et ce n’était pas vraiment son cas. Il faut dire que c’était son père qui l’avait plus ou moins élevée et lui, les trucs de grand-mères, ça lui passait un peu au-dessus de la tête. Il faisait comme il pouvait et le résultat n’était pas si mauvais que ça. Bref, la blonde acquiesça avant d’aller un peu sécher son haut au sèche-mains, faute de mieux. Il n’y aurait plus qu’à le passer à la machine et le tour serait joué. Puis elle s’occupa de son visage tuméfié et là, à part nettoyer le sang, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire. Seul le temps gommerait les ecchymoses. Pendant ce temps-là, Rafa se demandait si c’était à cause de lui que toutes les femmes avaient déserté les toilettes où ils se trouvaient. Probablement pas, ou alors c’était plus grave que ce qu’elle croyait. Puis il ajouta quelque chose qui ne lui avait même pas traversé l’esprit. Peut-être avaient-elles cru que c’était lui qui lui avait fait ça. Elle fronça les sourcils avant de le rassurer.

« Oh, t’en fais pas pour ça. On en connaît pas beaucoup des gars qui mettent un coup à une femme avant de l’accompagner aux toilettes pour l’aider à venir à bout des taches de sang. »

Puis il va ouvrir la porte et revient presque aussi sec pour lui demander ce qu’elle penserait de se retrouver dans Dawn of the Dead. Une fois de plus, la grecque fronça les sourcils mais d’incompréhension, cette fois. Quand un film a dans son titre « of the dead », en général, c’est qu’il s’agit d’un film de zombies et Noomi en a vu un qui se passait dans un centre-commercial, elle finit donc par faire le rapprochement.

« Hein ? »

La jeune femme attrapa ses affaires et le suivit hors des toilettes pour se rendre compte par elle-même qu’il n’y avait effectivement plus personne. Nulle part. Le centre-commercial était plus vide qu’elle ne l’avait jamais et pour cause : il était fermé.

« Wow… attends mais on est restés si longtemps que ça là-dedans ? »

Rafa demanda alors s’il restait quelqu’un mais, si on avait voulu faire comme dans les cartoons, son écho aurait pu se répercuter contre les murs pour lui répondre. Okay, c’était un peu creepy. Direction la sortie. La poussa la porte puis la tira et recommença mais plus fort. Définitivement fermé.

« Il doit bien y avoir un gardien qui fait sa ronde quelque part. »

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Les dames avaient juste complètement disparu des toilettes du centre-commercial, les raisons peuvent être multiples, tant la police l'attend à l'extérieur ou alors, c'est un remake de la série Leftovers, les gens ont fini par disparaître sans que l'on puisse s'en rendre compte ou bien alors, il n'en sait pas plus à vrai dire. Il ne pense pas que ça fasse plusieurs heures qu'ils soient là, après tout, ils sont arrivés peut-être deux heures avant la fermeture ou peut-être moins, il n'a pas vraiment fait gaffe, mais l'endroit était encore bondé à leur arrivée, c'est ce qui vaut retenir de tout ça. Le meilleur moyen de le découvrir, c'est de sortir de la pièce, chose qu'il fit et pour finalement constater qu'il n'y avait plus personne, pas même un concierge ou un gardien, nada. À croire que des extraterrestres les avaient oubliés. « Euh, pas que je sache. » Ou alors, le temps s'était accéléré pendant qu'ils tentaient de faire disparaître une tache de sang, mais il est peu probable que ça soit cela hein, ça reste la réalité, alors même si certains scénarios pourraient être plutôt plaisants, comme celui des zombies, pourquoi pas ou même des extraterrestres. Rafa aide Noomi à pousser la porte, il a beau forcer à son tour, rien n'y fait, elle ne veut pas s'ouvrir, pas même avec un -sésame ouvre-toi. « On est peut-être pris au piège ici, on aura qu'à téléphoner à la police, mais quoi qu'en y repensant, il vaut mieux trouver la solution nous-même. » Ils risquent d'être reconnu comme les nazes qui sont restés coincés dans un centre-commercial, franchement, c'est moche comme surnom. C'est en se dirigeant vers les boutiques, qu'il se rend compte que tout est complètement fermé, certaines boutiques ont des grilles et donc, impossible de pénétrer à l'intérieur pour avoir de l'aide ou juste de vérifier quoi que ce soit. « Bon, je crois que c'est juste fermé, mais je me dis qu'il doit bien y voir un concierge à quelque part, ce n'est pas leur boulot de travailler après la fermeture ? Enfin, je suppose.. » Qu'est-ce qu'il en sait après tout, il n'a jamais été travailleur dans ce domaine. « On fait quoi ? Enfin.. tant pis pour les cadeaux. »

Pris au piège, ç’avait exactement l’air d’être ça. Est-ce que c’était rassurant ? Noomi ne faisait pas partie des gens que ça effrayait donc pas de panique à l’horizon. De plus, en ce qui la concernait, elle pouvait bien rester là toute la nuit, personne ne l’attendait à l’appartement. Il faudrait juste qu’elle songe à passer un coup de fil à son père pour lui faire savoir où elle se trouvait. Pas de doute que ça le ferait bien rire d’apprendre ça. Dans sa tête, la blonde cherchait quand même l’un ou l’autre moyen de sortir de là et les options qu’elle avait trouvées jusqu’ici étaient les suivantes : trouver le garde, essayer de forcer un magasin pour que la police rapplique ou alors attendre tout bêtement l’ouverture des portes le lendemain matin. Rafa quant à lui avait une bien meilleure idée ; à savoir appeler les flics pour leur signaler leur présence. Oui, c’était moins con que de forcer un magasin. Mais aussitôt fut-elle sortie de sa bouche qu’il renonça à cette idée pour elle ne savait trop quelle raison. Elle ne se retint d’ailleurs pas de l’interroger du regard. Faire des bêtises au point d’avoir des problèmes avec la police, ce n’était pas vraiment son genre à moins qu’elle ait loupé un chapitre donc la raison devait être tout autre. La blonde haussa les épaules.

« Ça me dérange pas de rester ici toute la nuit s’il le faut. Regarde, y a pas de cadenas sur les stands, là, on peut même se faire un truc à manger si besoin. »

En revanche, ça serait hamburger, pizza ou gaufres mais le choix lui convenait tout aussi bien. Mais ça, c’était en partant du principe qu’ils ne parviennent pas à sortir. Son ami parla alors d’un concierge, quelqu’un chargé de nettoyer après la fermeture. Il n’avait pas tort, voilà une autre option qu’elle n’avait pas envisagée.

« Normalement oui. En espérant qu’il ne soit pas parti plus tôt comme ça a l’air d’être le cas de la plupart des commerçants. »

Après tout, en cette période de fêtes, les gens avaient plus envie de passer du temps en famille que de travailler. Peut-être même que c’était pour ça qu’ils étaient là. Peut-être que le centre-commercial fermait plus tôt ces jours-ci et qu’ils n’étaient juste pas au courant.

« C’est con, on peut même pas faire nos courses et laisser l’argent à cause des grilles. Je propose qu’on attende à un endroit où le garde ou le concierge ne pourra pas nous manquer. On verra bien s’ils passent. »

Elle avisa alors un banc pas loin d’une entrée et alla s’y asseoir. Qui sait combien de temps il lui faudrait attendre ? Un long moment puisqu’il se passa bien une demi-heure sans que personne ne vienne.

« T’as soif ? » demanda-t-elle en se dirigeant vers un des stands qu’elle avait désigné un peu plus tôt.

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En fait, Rafa se dit qu'en tant que sergent réputé de l'armée, il aurait l'air d'un con si les gens le savaient. On ne peut pas dire que cela arrive à tout le monde de rester coincé dans un centre commercial, ce n'est pas commun hein. Certes, il n'a pas peur du ridicule, mais il est presque certain que cette histoire va faire les manchettes et il ne cherche pas la gloire. Il se demande quand même si les caméras fonctionnent durant la nuit. Bref. Il cesse de se poser d'aussi nombreuses questions pour le moment et il hoche la tête face aux paroles de Noomi, qui ne semble pas dérangé par le fait d'être bloqué dans cet endroit. Personne ne l'attend à la maison, il n'a ni femme, ni enfant, autant dire que personne ne va se rendre compte de son absence. Quoi qu'il en soit, il ne va pas se plaindre de sa vie sentimentale non plus. « Oui, peut-être, j'ai bien peur qu'on soit que tous les deux. » Ils pourront toujours vérifier si c'est le cas ou non, ils vont avoir la nuit pour faire des recherches. Il se passe une main sur le visage, la nuit va être longue, s'ils restent là, à ne rien faire. Il hoche la tête pour être d'accord avec ses dires, sait-on jamais s'il y a encore du personnel dans le coin. Rafael s'installe à côté de la blonde, l'air un peu pensif, les secondes passent ainsi que plusieurs minutes pour finalement se rendre compte que personne n'est présent dans le commerce, il n'y a qu'eux. « Allez, sers-moi ce que tu veux. » Il se lève à son tour pour se dégourdir les jambes, il s'arrête devant un magasin auquel il n'y a ni grillage ni cadenas. Il ouvre tout simplement la porte, comme quoi certaines personnes ne font pas très bien la fermeture. Au bout de deux minutes, il revient auprès de Noomi, avec deux chapeaux rigolos, qu'il a pris dans une boutique étrange de déguisements. « Ça te dit qu'on aille dans le photomaton ? » Il enfile son chapeau, qui est un sombrero bien coloré mexicain et il tend l'autre à Noomi. Il faut payer, mais ce n'est pas un problème, au moins, ils ne pourront pas dire qu'ils partent sans payer et parce que c'est obligatoire pour que ça fonctionne aussi, mais c'est un détail.

S’il y avait bien quelque chose dont Noomi n’avait pas peur, c’était de se retrouver seule avec Rafael. La blonde avait dû se battre pour que les autres l’acceptent telle qu’elle était – pas facile, parfois – mais avec Rafa, ça s’était toujours bien passé. D’ailleurs, si elle était à même d’avoir une très longue conversation sur le même sujet, ils pourraient parler durant des heures. Seulement, avec sa mémoire qui fout le camp, ce genre de choses est devenu extrêmement compliqué pour la grecque ; il lui faut constamment se répéter ce qu’elle a envie de retenir jusqu’à ce que ça passe dans une autre partie de sa mémoire. C’est fatiguant, sans compter qu’elle ne peut pas se permettre de faire ça à chaque fois, ce qui fait que seulement les détails qui ont vraiment beaucoup d’importance – en général, tout ce qui concerne Sarah – arrivent à migrer. Tout ça pour dire qu’elle hocha la tête en souriant. Avant de se lever pour se prendre un truc à boire. S’il fallait vraiment qu’ils passent la nuit là, alors autant qu’ils prennent leurs aises. Plus facile à dire qu’à faire étant donné qu’un centre-commercial est un endroit de passage où les gens ne font que se poser avant de repartir. Pour le confort, on repassera, donc. Mais ils feraient avec. Après tout, c’était sûr que Rafa avait connu pire à l’armée, et Noomi quant à elle, c’était quand elle portait en exploration urbaine qu’elle connaissait pire. Pas de plancher pourri ou mangé par les termites ici, c’était déjà ça.

Bref, il lui dit de lui servir ce qu’elle voulait alors elle prit au hasard deux bouteilles de soda. Pendant ce temps-là, Rafa disparaît quelques instants à l’intérieur d’un magasin. Elle est pratiquement sûre qu’il n’a pas forcé la serrure. Incroyable… les gens sont débiles au point de ne pas fermer correctement derrière eux. La personne qui avait fait ça pouvait définitivement s’attendre à un licenciement. En attendant, eux, ça les arrange pas mal puisqu’il en ressort ensuite avec des chapeaux style carnaval. C’est qu’il doit avoir une idée derrière la tête. Et elle ne tarda d’ailleurs pas à franchir ses lèvres. Bonne idée, le photomaton ! La blonde ricana, troqua la bouteille soda contre l’un des chapeaux – manifestement un truc de marin avec un pompon rouge au sommet – et se le mit sur la tête.

« Allez, ça nous fera un souvenir de cette nuit épique ! Puis après, on peut se tenter une course de caddies, si ça te tente. »

Meilleur moyen de se casser la figure mais peu importe, Noomi était déjà pas mal amochée de toute façon, alors un peu plus ou un peu moins.

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watch out.
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Il ignore comment ils vont faire pour sortir de là, même s'ils arrivent à dormir ici, ils ne passeront sûrement pas incognito demain ou alors, ils devront se cacher jusqu'à ce que les portes soient déverrouillées, ce qui risque de prendre un temps ou alors, ils cachent les vitres pour se sauver. Ce n'est pas vraiment logique non plus de sa part, de rester dans cet endroit, sachant qu'il était commandant dans l'armée et que même s'il est en retraite, ça reste bizarre de défier les lois de la sorte, la meilleure chose à faire, c'est d'appeler les flics, mais bon, ils vont s'en passer, au risque de jouer les voyous. De toute manière, ça fait rêve de jeunesse, le gamin qui enfreint les règles, qui s'introduit dans un commerce après l'ouverture et faire comme bon lui semble, bien qu'ici, ce n'est pas volontaire. Cela dit, pas question pour Rafa de rester les bras croisés, autant en profiter et passer du bon temps, sinon ça risque d'être la mort, d'un ennui mortel. Il va donc s’éclipser et rejoindre une boutique pas très loin, avec des chapeaux farfelus et il lui propose de prendre des photos, il suppose que les machines ne sont pas débranchées et qu'ils peuvent donc en profiter aussi. Il enfile le chapeau sur sa tête, presque certain qu'il doit avoir l'air ridicule, mais que s'il venait à sortir à l'extérieur, les gens feraient même pas la différence entre un Mexicain et un Colombien, voilà, un latino reste un latino pour eux, peu importe le pays, c'est bien triste quand on pense aux nombreux préjugés. La différence, c'est qu'en Colombie, il ne porte pas ce genre de chapeau, d'ailleurs, il ne sait même pas s'il peut prendre un accent mexicain. Quoi qu'il en soit, il hoche la tête à l'idée de Noomi pour les caddies. Il boit quelques gorgées de la bouteille de soda. « J'ai l'impression de retomber dans mon enfance, faisons ça. » Et encore, sa jeunesse a été écourté par des séances d'entraînements à l'armée. Il ne sait pas si le plaisir est le même en tant qu'adulte, mais il n'y a qu'une façon de le savoir Rafael entre dans la cabine photomaton, il paie même, parce qu'apparemment, ça ne fonctionne pas sans l'argent, comme quoi, tout n'est qu'une question d'argent. Bref. Ils prennent les photos, passant par les grimaces et d'autres expressions faciales. « Ah, tiens, celle-là, c'est ma préférée. » Dit-il en pointant une photo, une fois qu'elles sont imprimées, ils avaient l'air de deux gamins, mais deux gamins en train de s'amuser. Il prend sa copie pour les photos et il cherche à présent les caddies. Pas très loin, il y a un supermarché et quelques caddies non rangés à l'extérieur, il attrape le sien. « Du coup, le premier qui plante ? Ou on se met une limite à franchir ? »

A elle aussi, ça lui rappelait l’enfance, les mardis gras de la Nouvelle-Orléans. Sûrement la période de l’année qu’elle préférait à l’époque parce que les gens de la Louisiane savaient comment faire la fête et surtout celle-là. Quel que soit leur âge, ils se déguisaient et déambulaient dans les rues de la Nouvelle-Orléans, souvent une bouteille à la main pour s’amuser et où qu’on aille, il y avait de la musique partout. Noomi se rappelait des gens aux costumes typiques, ceux qui en profitaient pour faire honneur à leurs croyances, comme celui de Baron Samedi mais il n’y avait pas que ça, bien entendu, il n’y avait pas que les Néo-Orléanais qui se rendaient en Louisiane pour le mardi gras, il y avait aussi des gens comme eux à cet instant précis, avec des chapeaux rigolos, de grands colliers de perles en plastique autour du cou et le visage peinturluré à la va-vite. C’était peut-être bien ce qu’elle préférait de la Louisiane. Ça et les bayous, bien entendu. Comment ne pas se prendre pour la reine des marais, dompteuse de serpents et d’alligators lorsqu’on grandit dans un milieu tel que celui-là ? C’était un peu pour cette raison qu’elle n’avait jamais coupé les ponts avec sa mère, parce qu’elle voulait que Sarah connaisse ça aussi.

Bref, la blonde hocha vivement la tête, un large sourire aux lèvres avant de se ruer elle aussi vers le photomaton en cherchant des pièces au fond des proches de son jean. Pas besoin cela dit étant donné que Rafa se chargea de payer pour les photos. Ils s’amusèrent ensuite à faire des grimaces à l’objectif et ce qui est sûr, c’est que si un jour ils se présentaient avec ces photos pour un quelconque papier d’identité alors on leur demanderait s’ils avaient perdu la tête. Peu importe, c’était plutôt le genre de photos que l’on affichait sur la porte de son frigo, ça.

« J’avoue, on a de belles têtes de vainqueurs sur celle-ci. » répondit-elle en pouffant.

Puis ils eurent la bonne idée de faire une course de caddies, de vrais gamins. Et Rafa demanda, avec tout l’optimisme du monde, si les règles déclaraient vainqueur celui qui resterait debout le plus longtemps ou bien s’ils délimitaient un périmètre d’action. Quand même, c’était risqué okay mais ils pouvaient aussi ne pas se planter.

« Faut qu’on se fasse un peu confiance, Rafa ! Tu vois ce carrefour juste avant le mur du fond ? On a qu’à dire que c’est notre ligne d’arrivée. »

Comme ça, ils avaient le mur pour freiner leur course et éventuellement amortir leur chute bien que ça soit probablement le meilleur moyen de s’encastrer mais bon comme elle venait de le dire, il fallait se faire un peu confiance dans la vie. Cette fois, ce fut elle qui fournit les pièces pour qu’ils puissent libérer deux caddies et commencer à jouer.

you better
watch out.
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Il ne se souvient pas du jour où il s'est amusé à se déguiser, même d'un simple chapeau bien rigolo et ni même prendre des photos à la suite de cela, à vrai dire, il n'est même pas certain que ça soit quelque chose qu'il ait déjà fait dans sa vie. Il a l'impression de rattraper le temps de perdu, toutes ses années à combattre dans différents pays hostiles, à risquer sa vie, ça n'a jamais été une partie de plaisir et il n'a jamais pris le temps de s'amuser, de sortir en boîte ou juste de prendre de stupides photos pour pouvoir rire de sa tête. En tout cas, c'était chose faite maintenant, il pouvait retirer ce truc de sa liste des choses à faire avant de mourir. Rafa hoche la tête en riant, il regardait les photos qu'ils venaient de prendre, ils avaient l'air ridicules, surtout lui, mais tant pis, c'était marrant et de toute manière, personne pour voir la tête qu'ils faisaient là-dessus. « Yep, faisons ça! » Dit-il en regardant la fameuse ligne d'arrivée, convaincu de gagner. Il est quand même trop vieux pour ces conneries, il faut se l'avouer, le seul avantage, c'est qu'il est en forme, l'entraînement militaire, il a ça dans le sang et il n'a pas perdu de son endurance, enfin, il est un peu moins en action d'avant, mais c'est un simple détail. « À vos marques, partez ! » Ils commencent ainsi leur petite course, il faut l'avouer, c'est bien plus glissant qu'il ne se l'était imaginé quand même, il arrive à franchir la ligne d'arrivée, manquant de foncer directement dans le mur, accident évité de justesse, quoi qu'il en soit, il n'a apparemment pas gagné, semble-t-il que Noomi soit plus douée à ce jeu que lui. Il se recule et il lève les bras pour s'avouer vaincu. « Tu fais ça souvent ou quoi ? » Plaisante le Colombien. Il se passe une main sur le visage. « Tu crois qu'on va pouvoir se trouver un coin pour dormir ? » Parce qu'il ne pense pas que le plancher soit l'idéal pour ça, ni même une chaise en bois. Ils abandonnent les caddies pour se promener un peu à travers le centre commercial. Il s'arrête devant une salle à arcades. « Hm.. une partie ou deux, ça te dit ? » Il sourit et il s'approche, même pas barré, des imprudents, mais tant mieux pour eux finalement, le seul problème, c'est que tout était éteint, si ce n'est que des néons, le genre de lumière qui agresse un peu les yeux. « Bon.. tu as envie de faire quoi ? »

Pour une fois, Noomi ne participait pas pour gagner. Juste pour s’amuser. Et peut-être aussi parce que ça avait l’air un peu dangereux. Car en effet, le sol des supermarchés était souvent nettoyé au point de devenir assez glissant. Elle hocha la tête et attendit sagement que Rafa donne le top départ avant de s’élancer. C’était comme faire de la trottinette mais sur un plus gros engin. C’était amusant et ça le fut d’autant plus lorsqu’elle gagna. La blonde s’esclaffa face aux paroles de son ami avant de finalement hausser les épaules.

« C’est que Sarah s’ennuie vite quand on fait les courses et il faut bien trouver un moyen de la divertir sans quoi elle me ferait acheter absolument tous les jouets qui se trouvent dans le magasin. »

Et puis c’était surtout que Noomi ne valait guère mieux que sa fille. Enfin bref, ce qui était important, c’est qu’ils aient passé un bon moment. Puis il enchaîna en lui demandant si elle pensait qu’ils puissent trouver un coin assez confortable pour dormir. Son regard parcouru les alentours et malheureusement pour eux, elle ne vit que les bans. En bois, tout durs. Pas génial pour se reposer. Alors c’est en faisant la moue qu’elle lui répondit :

« Je pense pas, non. A moins qu’ils aient laissé un accès un rayon literie, on dirait bien qu’on est partis pour une nuit blanche. J’espère que t’as pas grand-chose à faire demain. »

Si vous y voyez là une pique par rapport à son âge avancé et au fait que plus on est âgé, moins on arrive à se remettre de choses comme une nuit blanche alors vous avez raison. Comme toute personne plus jeune que lui probablement, elle aimait bien le taquiner avec ça. Mais elle tâchait d’être un rien plus subtile que les autres. C’est alors qu’il avisa une salle d’arcades. C’est fou que ce genre de trucs existe encore. La mode du retro gaming a quand même du bon. Et mieux que tout, elle n’est pas cadenassée. Ils peuvent y passer toute la nuit s’ils veulent ! A condition d’avoir de la monnaie sur eux, évidemment. La grecque chercha au fond de la poche de son jean et en trouva. Comme quoi, ils avaient quand même de la chance dans leur malheur.

« Évidemment que ça me dit ! »

Ni une ni deux, elle se rua à l’intérieur pour voir si qu’ils avaient à proposer. Des jeux comme Dragon’s Lair et Pacman. Super ! Noomi avait l’impression de retomber en enfance.

« On peut essayer de battre les records des habitués. On prend des noms grossiers et tout le monde aura la surprise de voir « ASS » en tête. »

Ça serait une bonne blague. Et pour cause, c’est qu’elle l’avait déjà faite il y a de ça des années.

« Tu sais ce que ça me rappelle ? Les premiers mois où je sortais avec Frank. On passait tout notre temps libre à jouer au air hockey. Ça serait top qu’il y en ait un ici. »

Ce dont elle doutait quand même un peu parce que ça devait être passé de mode, non ?