Un bain de minuit ça se prend aussi à vingt-trois heures ?

**○ inscrit le** : 06/04/2018

Rendez-vous ce soir pour Jenny. Enfin « rendez-vous », c’est peut-être un bien grand mot. Elle a décidé de ne pas se prendre la tête sur la nature de cette soirée. Elle est juste contente de pouvoir la partager avec Lison. Cette femme qu’elle a rencontré au fast-food. Cette femme qui a bien failli péter une durite sur elle. S’étant rapidement excusée, Jenny a eu vite fait de rire de la situation, d’en jouer. Elles ont pu discuter, se sont finalement échangées leurs numéros et la voila donc qui se rend à ce restaurant au bord de la plage. Habillée d’une robe blanche, rose et rouge qu’elle ne met que trop peu souvent à son goût. Les cheveux détachés, un peu de maquillage. Un presque visage d’ange. Mais si on lui pose la question, elle pourrait toujours montrer qu’elle porte un bikini là-dessous. Un plan en tête ? Pourquoi pas. Bien qu’il ne fasse pas très très chaud en cette période. Elle verra bien comment cela se passe avec la blonde. Elle attend donc devant le restaurant. Zieute un peu à l’intérieur pour voir si Lison est déjà là ou non. Elle est un peu en avance. Elle la voit arriver de loin et sourit tout naturellement. Attends qu’elle s’approche suffisamment pour lui signer un petit * Salut * Elle s’avance pour lui faire la bise, se recule un peu et agite les mains. * Alors ? Tu vas bien ? * Elle en sourit déjà. Un sourire taquin. En rapport avec leur discussion l’autre jour. Pas besoin d’en dire d’avantage. Pas besoin de demander si elle de mauvaise humeur ou non. La blonde aura sans doute compris le message. * On entre ? * Elles ne vont pas rester dehors. Elles sont venues là pour manger un bout. Papoter et sans doute rigoler. Beaucoup rigoler selon Jenny. Mais les sujets plus sérieux peuvent tout aussi bien être abordés.

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Un bain de minuit ça se prend aussi à vingt-trois heures ?Jenny et Lison

Il est près de dix-sept heures lorsque je boucle ma dernière planche, et le moins que je puisses dire, c’est que j’en suis plutôt satisfaite. Première expérience dans le domaine de la bande-dessinée, mais ça s’avère être une réussite. Ce soir, le programme est un peu particulier : j’ai rendez-vous, si on peut dire ça comme ça, avec Jenny. Mais comme j’ai encore pas mal de temps devant moi, je passe rituellement faire quelques longueurs à la piscine. Et c’est malheureusement une fois ressortie de là que je me rends compte que j’y ai accordé beaucoup trop de temps, que je risque d’être à la bourre ; je repasses chez moi me rendre présentable. Une petite pointe de maquillage, un chemisier de couleur chaude et un pantalon de tailleur noir, le tout avec une paire de baskets en toile. Au moins, j’ai l’air décontractée mais sans avoir l’air d’en faire des tonnes. Et puis, ce n’est pas comme si c’était officiellement un rendez-vous important, non ? Notre dernière rencontre m’avait fait cogiter un moment, et j’avais fini par en arriver à la conclusion qu’au-delà du jeu, ça avait fini par devenir une espèce de flirt. Alors je ne savais pas vraiment comment aborder cette soirée au restaurant. Je ne prends pas la peine de me sécher les cheveux, le temps commençant à manquer, et je me contente d’emmener mon carnet de croquis pour pouvoir en montrer quelques extraits à Jenny. Je suis certaine que ça lui ferait plaisir, elle avait déjà l’air intriguée la dernière fois que nous nous sommes vues.

Je l’aperçois devant le restaurant, et tire le téléphone de ma poche arrière en m’approchant pour rapidement m’assurer que je ne suis pas trop en retard. Heureusement, je suis encore dans les temps. Je réponds à son signe, un timide « Salut Jenny. » avant de tendre la joue pour lui faire la bise alors que la blonde se penche en avant. « J’ai failli m’énerver dans les transports. Mais heureusement, je sors de la piscine, et ça me met toujours de bonne humeur. » Je lève les yeux vers une mèche humide qui me tombe sur le visage et la replace avant de ricaner. « Désolée pour les cheveux, du coup. Et pour l’odeur de chlore, elle risque de me suivre un moment. » Ce qui n’est pas le plus glamour pour un… rendez-vous, qu’on se l’avoue. Mais c’est dans ma nature. La blonde propose d’entrer, alors je hoche la tête avant de tirer la porte pour la laisser entrer la première. « Je t’en prie. J’espère que tu n’attends pas depuis trop longtemps. » La soirée s’annonce intéressante, et elle le serait sûrement d’autant plus vite si on arrêtait de stationner bêtement sur le trottoir.
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Elle attend quelques secondes, quelques minutes. Elle en profite pour jeter un oeil aux alentours et se dit qu'il fait plutôt bon. Que c'est tout de même agréable d'habiter à Island Bay et de venir y manger au restaurant tout en ayant la possibilité d'avoir cette vue. Une vue à laquelle s'ajoute à présent Lison. Ce qui a le don de faire doucement sourire Jenny qui demande immédiatement si la blonde est de bonne humeur ou non. Réponse mitigée. Mais plutôt positive tout de même. * Ah ouais ? Tu fais de la natation ? Mais oui on se sent toujours bien mieux après une séance de sport ! * Une sportive donc ? Finalement elle ne connaît rien de cette femme. Ce pourquoi elles sont là ce soir. Pour discuter. La muette fait un petit signe de la main pour signaler que ce n'est rien. Avant de doucement rigoler et de signer. * T'en fais pas. En plus je trouve que ça te va très bien comme ça. * Un petit compliment oui. Rien de plus. * Puis j'ai pu sentir que t'avais mis un peu de parfum donc ça va. * Il y a de toute façon bien pire que l'odeur du chlore. Ce n'est pas comme si Jenny allait partir juste pour cela. Papoter, c'est bien, mais elles peuvent aussi le faire en étant assise. Alors elles entrent dans le restaurant, la galante Lison ouvrant la porte à la blonde. * Merci. Et non ça va j'étais là que depuis deux minutes. * Ou peut-être un peu plus mais pas de quoi s'alarmer. Elle laisse la blonde parler au serveur qui les emmène à leur petite table de deux. Jenny se contente d'un signe de tête. Pareil lorsqu'on lui tend la carte. S'il n'a pas compris qu'elle était muette, cela ne serait que trop tarder. Pas évident pour elle de regarder le menu et discuter avec Lison alors pour le moment, le choix est vite faite la concernant. * Ca te fatigue pas trop la piscine, ça te met pas un coup de barre pour la soirée ? * Le peu de fois qu'elle va véritablement nager, elle ressent toujours plus de fatigue qu'après un entrainement de danse. Mais pour une habituée, c'est peut-être différent. * Par contre, je suis sûre que t'as faim ça oui ! Sauf si t'as grignoté entre temps. * Elle rigole un peu. Ca creuse l'estomac la natation, c'est connu.

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Un bain de minuit ça se prend aussi à vingt-trois heures ?Jenny et Lison

Jenny avait été prévenue : je ne suis pas un exemple de ponctualité. La politesse des rois, ce n’est pas pour moi – comme la politesse tout court, généralement. Je presse le pas en apercevant la blonde devant le restaurant, inquiète à l’idée qu’elle puisse attendre là depuis un moment. La conversation démarre sur une pointe d’humour, par rapport à mon caractère et mon état d’esprit actuel. « Depuis trèèèèès longtemps. Il n’y a que ça qui marche pour me détendre. Tu nages un peu, toi aussi ? » Elle a l’air agréablement surprise, peut-être que c’est le cas. Je hoche modestement la tête lorsque la blonde signe que ça ne fait rien et lui adresse l’un de ces petits sourires mignons provoqués par la gêne suite à son compliment. « Je ne voulais pas que tu penses que j’ai traîné dans mon fauteuil avant de filer à la douche. » Je ricane, ça ne risquerait pas d’arriver de si tôt. Je ne peux pas rester à ne rien faire si ce n’est regarder le temps passer. Jamais. « On me dit souvent que ça sent meilleur que du Chanel. » Tout le monde n’aime pas ça et ça m’aurait fait tout drôle que Jenny commence à attraper des maux de tête rien qu’en respirant le chlore par dessus la table. Je tire la porte pour laisser passer la blonde, qui n’était au final pas là depuis si longtemps. « Tu as même pris le temps de compter ? J’ai pas intérêt à être en retard un jour alors. » Si un autre jour il y a ? Peut-être que ce dîner va tourner au fiasco, c’est généralement ce qui se passe quand on traîne autour de moi.

C’est moi qui traite avec le serveur, qui nous amène à une table pour deux personnes. J’attrape ma carte, mais la pose très vite lorsque l’autre femme s’adresse à moi. « Non, j’ai pas mal l’habitude en fait. Quand j’ai le temps, je nages presque trois fois par semaine, et… bon, ça va te sembler un peu bizarre mais je jongle entre deux boulots. Quand je dessine pas des bouquins, je suis plongeuse. Ça me fait pas mal bouger, alors… j’imagine que j’ai l’habitude. » Je hausse les épaules, tout sourire. « Tu parles, je pourrais manger l’assiette même si elle était vide, là. Tu veux commander tout de suite ? » Je m’assure de capter l’entièreté de sa réponse avant de poser mon carnet et mon téléphone, écran contre la table. Je repousse un peu le tout du doigt histoire de ne pas y prêter attention. « Tu as de la chance, j'ai révisé mon langage des signes juste pour l'occasion. Je suis prête à tout entendre, maintenant. Enfin, façon de parler. »
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Elle sourit et secoue la tête, fait un geste de la main, dans un 'plus ou moins'. * Je n'y vais pas souvent. Moins que ce que je n'aimerais. Mais avec la danse j'ai souvent mon lot de sport pour la journée. Alors la piscine c'est plutôt détente pour moi. * Elle ne se fatigue pas à enchaîner longueur sur longueur comme peut sans doute le faire Lison. Lison qui a une jolie coupe de cheveux même si cela n'a pas l'air d'être cent pour cent volontaire. * Quant bien même tu en as le droit. * La muette rigole un peu. Après tout, il y a aussi des jours où elle larve dans le canapé à regarder une série en sous-titré. Lison lui ouvre la porte, Jenny se tourne à moitié vers elle pour continuer à signer. A lire les lèvres de la blonde. Elle note la fin de phrase qui annonce peut-être déjà d'autres soirées du genre ? Elle sourit. * Gare à toi oui ou sinon !! * Elle essaye de prendre un air un peu plus méchant en fronçant les sourcils mais son léger sourire la trahit tout de même un peu.

Les voila rapidement installées et Jenny reprend la conversation. Sur la natation donc car elles n'ont pas eu trop le temps d'en discuter jusque là. * Il en faut pas forcément plus de toute façon. Et plongeuse, tu parles bien dans l'eau avec un masque et un tuba ? Pas plongeuse de faire la plonge, la vaisselle ? * Elle rigole. Une question à moitié sérieuse. Car cela pourrait être un jeu de mot de Lison qu'elle n'aurait que moyennement compris. * Et pourquoi je devrais trouver ça bizarre au fait ? * Certaines personnes ont deux petits boulots qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus étrange. Jenny lit les mots de la demoiselle en face d'elle avant d'y répondre. * Fais gaffe, ça fait super mal aux dents ! * Blague stupide. * Bah oui on peut déjà se prendre un apéro au moins. Et on regarde pour le reste après. * Discuter autour d'un cocktail, c'est encore mieux selon elle. Elles ont le temps mais elles peuvent au moins commander à boire. Sans doute une jolie petite soirée qui s'annonce. Car Jenny va pouvoir librement signer, sans avoir à tout écrire. A nouveau elle sourit. * Rien que pour moi ? J'ai de la chance j'avoue. Et ... pour moi c'est super agréable de pouvoir discuter comme ça. La cahier et le stylo parfois ça me saoule un peu. * Même si les deux objets sont forcément présents dans son sac. Se pose donc la question des boissons. Pas la peine de regarder la carte pour la muette. Elle sait déjà ce qu'elle va boire. * Tu pars sur quoi toi alors ? Moi une Margarita pour sûr. * Le serveur s'approchant d'elles, la blonde a intérêt de savoir ce qu'elle veut.

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Alors comme ça, la blonde nage aussi ? Intéressant, même si ça ne relève pas de la passion comme ça l’est pour moi. « Tant que tu y vas, c’est le plus important. Tu gagnes des points. » Et pour quel score, au juste ? Difficile à dire, mais ça me plaît. J’adore la natation, et j’aime tout autant en parler avec les gens qui pratiquent eux aussi. Pour l’instant, c’est mes occupations pré-rendez-vous qui arrivent au cœur de la conversation. « Tu fais de la danse, tu as l’air d’être active. C’était peut-être pas le top de passer pour une branleuse alors je préférais m’assurer que tu ne me considères pas comme tel. » Je souris de plus belle à la remarque de Jenny. Bien sûr que j’en ai le droit, mais tout le monde ne le voit pas du même œil. Et puis, de toutes façons, encore une fois, ce n’est pas mon genre. Est-ce que c’est le genre de Jenny ? Impossible de le savoir. En tout cas, elle semble plaisanter à propos de mon retard. Alors, autant continuer sur ce ton. « Sinon quoi ? Tu vas me manger ? » Difficile à croire qu’elle se lance dans de tels projets tout de suite. Mais au pire, ça ne ferait que pimenter la soirée.

Une fois installée, j’explique à Jenny que je jongle entre deux métiers. Et, plaisanterie ou non, elle préfère s’assurer que je ne fais pas la plonge dans un restaurant. Ce qui ne manque pas de me faire éclater de rire. « Non, je l’ai fait étant plus jeune, ça. Je plonge pour de vrai, avec un masque et… bon, une bouteille d’oxygène, en fait. Je cherche de la marchandise dans des épaves, je fais de la recherche historique ou géographique, ou alors j’explore simplement pour le plaisir, quand j’ai le temps. » Je pose mes coudes sur la table et visse ma tête dans le creux de mes mains, avant qu’elle ne m’interroge à nouveau. « Parce que je t’ai dit que j’étais illustratrice, la dernière fois. C’est comme ça que les gens réagissent en général. Mais j’ai peut-être tendance à oublier que tu n’es pas tant comme les autres que ça. » Je lui adresse un clin d’œil, un fin sourire aux lèvres. Ça me va très bien si la soirée se passe sur le même ton. Jenny suppose que je dois avoir faim après une excursion à la piscine. Et je ne manque pas de lui faire comprendre que oui, au point de manger l’assiette. Ironiquement bien sûr. Je ricane à sa blague, avant de hocher la tête lorsqu’elle propose de commencer par boire quelque chose. « Ça me va très bien. » Je dépose mes affaires sur le bord de la table, le peu de choses qui traînaient dans ma poche puisque je ne suis pas très sac à main et que je n’allais tout de même pas m’amener ici avec un sac à dos. J’explique à Jenny avoir travaillé mon langage des signes : ma petite excursion à Singapour a été l’occasion de revoir un peu ça, chaque soir. J’espérais pouvoir profiter à cent pour cent de notre conversation de ce soir, et, même si ça avait mené à quelque chose d’assez intéressant, éviter de commettre une nouvelle erreur de signe. « J’imagine, oui. Je ne voulais pas que tu te sentes restreinte parce que j’avais des lacunes. J’ai fait ce que j’ai pu, et j’espère que ça ira. Au moins tu pourras profiter de la soirée sans te poser de questions. » J’adresse un nouveau sourire à la jeune femme. Jenny me demande très vite ce que je vais boire ce soir, ce à quoi je n’avais pas vraiment réfléchi jusque là. Pour elle, ce sera une Margarita. Moi, je ne suis pas très cocktail, alors, voyant le serveur approcher, je préfère ne pas me poser de question et faire confiance à mes habitudes. « Pour la charmante demoiselle, ce sera une Margarita. Et pour moi, une bière brune. Peu importe laquelle. » Je remercie le serveur alors qu’il tourne les talons puis redirige mon regard vers Jenny. « Une Margarita, alors ? Je ne m’attendais pas à ça. »
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Si Lison lui avait dit qu’elle était restée toute la semaine chez elle à ne rien faire, alors là, peut-être qu’elle l’aurait regardée d’un œil un peu plus bizarre. Car elle est active Jenny oui. Elle bouge beaucoup et pas seulement à cause de la danse. * J’aurais jamais pensé un truc pareil façon. Mais plutôt effectivement comme le fait que t’as été faire du sport ou que t’as eu une journée un peu chargé de boulot alors … une bonne douche n’était pas de refus. * Elle sourit. La douche est même un passage obligatoire. Jenny, comme Lison, souhaitait se rendre plus que présentable pour cette soirée. Elle a bien aimé se préparer la muette. Enfiler son maillot, sa robe. Des idées plein la tête ? Peut-être. Et cela semble être réciproque au vu des dires de la blonde. * Qui sait ? Peut-être bien … * Elle se mord doucement l’intérieur de la lèvre, se disant que la discussion risque d’être sympa avec la blonde.

Plongeuse. Lison est plongeuse. De quel genre exactement ? Pour éviter tout quiproquo, Jenny pose la question. Ce qui fait beaucoup rire la jeune femme en face d’elle. * Bon en vérité je me doutais bien mais je trouvais ça rigolo de le demander. Et ça m’a l’air super intéressant ça aussi ! Tu dois trouver des choses incroyables parfois ! T’es une verrue d’histoire ? De pirate ? * Elle sourit, rigole un peu. Lorsque l’on s’intéresse à ces choses, ce doit être effectivement très intéressant. Visiter une épave d’un grand navire d’un siècle passé. Une chose qu’elle pourrait faire ? Pourquoi pas à la rigueur. La blonde regarde l’autre blonde et ne peut s’empêcher de sourire. D’apprécier l’espèce de compliment ? Elle le prend comme ça. * Je te remercie j’imagine ? * Elle sourit. * Après tu viens de me dire que tu as deux boulots. Donc oui ils sont différents l’un de l’autre mais c’est pas plus mal je crois. Au moins ça te change, tu ne te lasses pas. * Elle a envie d’en apprendre autant sur Lison l’illustratrice que Lison la plongeuse. Mais d'abord elles se mettent d'accord sur le programme de la soirée. Apéro pour commencer, ensuite, elles verront. Jenny est en tout cas ravie de pouvoir dialoguer à l'aide des signes et non de son carnet. Rare lorsqu'elle parle avec une inconnue. * Je ne t'en voudrais pas. J'ai l'habitude d'écrire. Mais c'est bien plus agréable de pouvoir discuter sans avoir à plonger la tête sur mon carnet toutes les trente secondes. C'est beaucoup plus fluide. * La danseuse n'a pas besoin de regarder la carte pour savoir ce qu'elle va boire. Un cocktail pour commencer. Elle prendra sûrement de l'eau par après. Lison commande donc pour elles deux lorsque le serveur les approche. Un choix qui surprend un peu Jenny. Un sentiment réciproque pour la blonde en face d'elle. Elle esquisse un sourire. * Comment ça ? Tu pensais que j'allais me contenter d'un thé glacé ? * Sourire un peu moins innocent cette fois. * Je n'ai pas fini de te surprendre j'espère ! * Elle rigole. * Et je pourrai te dire la même chose. Je t'aurais plutôt vu partir sur ... un Mojito. * Pourquoi pas oui. La blondinette passe alors sa main dans ses cheveux pour replacer une mèche et penche la tête sur la carte. Se demandant ce qu'elle va bien pouvoir manger de bon.

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Un bain de minuit ça se prend aussi à vingt-trois heures ?Jenny et Lison

Me voilà au moins rassurée sur un point : Jenny ne me considère pas comme la branleuse pour laquelle j’évite de passer, préférant considérer qu’une bonne douche est une récompense méritée après une dure journée de travail. De facto, dessiner fait surtout travailler les mains et les méninges, ce qui ne nécessite pas forcément de se décrasser. Mais inutile d’en dire plus, je risquerais de vraiment passer pour celle que je ne suis pas et la douche n’en reste pas pour autant un argument valable pour arriver en retard à un rendez-vous. Du moins, pas que je sache. Alors j’avais pris soin de me préparer, de me faire belle autant que le temps me le permettait, en faisant une croix sur la case séchage de cheveux. Mon retard, qui entraîne d’ailleurs une drôle de pointe d’humour, à la limite de la provocation et du flirt. Était-ce volontaire ? Peut-être bien, mais je préfère laisser l’autre blonde se faire son propre avis sur la question. Toujours est-il que j’adore cette manie qu’elle a de se mordre la lèvre après ce genre de remarques, et je prends soin de la regarder faire à chaque fois que ça se produit.

« C’est sûrement plus intéressant que de plonger dans l’évier d’un restaurant, c’est sûr. » J’arque un sourcil mais ne parvient pas à contenir un rire. « Si tu veux tout savoir, j’ai commencé à faire ça parce que j’adorais nager, purement et simplement. J’ai essayé la plongée, ça m’a plu, alors j’ai continué là-dedans. J’étais pas vraiment faite pour les longues études. Du coup non, j’étais pas vraiment passionnée d’histoire. Ni de pirate, à vrai dire. Mais maintenant que ça m’arrive de le faire, je trouve ça vraiment cool. » Haussement d’épaules, c’est un peu le hasard qui m’a poussée vers ce choix de carrière. Mais visiter des épaves pour en tirer des informations, explorer les profondeurs à la recherche de marchandises perdues… c’est excitant quand même, quoi.
Et chaque expérience est toujours différente. En attendant, nouveau compliment à l’autre blonde, un compliment qu’elle accepte toujours volontiers. « Tiens, j’ai déjà entendu ça. Avec plaisir. » Petit échange de sourire. « C’est sûr, j’ai pas le temps de me lasser. L’illustration, ça a surtout été un boulot de secours. Ça me permet de rester proche de ma famille et… bah de pouvoir vivre quand j’ai pas de travail en mer, quoi, tout simplement. » Et c’est là que je peux dire merci à mon coup de crayon et à mon imagination. J’explique également à Jenny avoir travaillé mon langage des signes un peu rouillé, histoire de lui éviter le supplice du carnet et du crayon pendant tout le temps d’un repas. Petite attention qu’elle apprécie, même si elle me rappelle que ça ne lui fera rien si je peine à tenir la conversation comme ça. Enfin, j’aimerai autant rendre ça agréable pour elle. Mais pour l’instant, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur ce que nous allons boire. Surtout alors que le serveur approche.

Une Margarita, ça c’est intéressant. Et plutôt inattendu. « Je sais pas trop, c’était bête désolée. C’est juste… qu’une Margarita ça m’étonne, c’est tout. » Je m’enfonce un peu sur ma chaise en joignant mes mains, sourire gêné aux lèvres lorsque la blonde explique qu’elle espère pouvoir me réserver d’autres surprises. « Ça devient tout juste intéressant, ce serait dommage. » Je me tortille un peu sur ma chaise avant de jeter un rapide coup d’œil autour de moi. Puis j’éclate de rire en lisant qu'elle parle de Mojito. « Un Mojito ? Sans déconner ? C’est parce que tu ne me connais pas encore assez bien, je crois avoir descendu plus de vodka que de mojitos en une vie. » Je calme tant bien que mal ce début de fou rire, puis profite que la jeune femme s’intéresse à la carte pour faire de même. Je lui rends ponctuellement mon attention, afin d’être sûre qu’elle ne souhaite pas s’adresser à moi, puis, au bout d’un moment, attends son regard pour recommencer à signer. « Alors, ce sera quoi cette fois ? Une entrecôte ou une deuxième Margarita ? » Je découvre de nouveau les dents dans un sourire. Le serveur nous amène justement nos verres, alors je ne manque pas de trinquer avec la blonde. « A une soirée qui s’annonce fort intéressante ? On peut aussi trinquer aux belles blondes, si tu préfères. »
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* Largement même. * Non pas qu’elle dénigre l’autre métier de plongeuse non. Mais il faut rester réaliste. * Parfois on se découvre une passion comme ça un peu par hasard. Tout le monde n’est pas fait pour les études. Moi je pense que j’aurais pu continuer pour m’assurer quelque chose par rapport à la danse mais finalement … * Elle hausse les épaules à son tour. * Puis bon en vrai les passionnés d’histoire ils s’amusent pas à faire de la plongée. * Une petite caricature, un petit préjugé sur ces gens là ? Peut-être un peu. Juste un peu alors. Pour une sourde qui fait de la danse, ce serait mal de commencer à trop juger les gens. Nouveau petit compliment d’une blonde à une autre. Jenny fait mine de faire un petit « oups » en lisant les lèvres de Lison. Puis elles reprennent leur discussion. * Si tu aimes, si ça te permet de boucler tes fins de mois et pour toutes tes autres raisons, ce serait dommage de s’en priver. T’as jamais envisagé une vraie carrière dans ce milieu ? * Il y a tellement de possibilités. Même si, comme elle le dit, c’est sans doute plus un second job qu’autre chose.

La muette esquisse un simple geste de la main pour signaler « ce n’est rien ». * T’aurais été plus surprise encore si j’avais commandé un double whisky ? * Elle rigole. Sans doute que oui. Elle n’a pas l’air d’être une buveuse d’alcool fort. Mais la Margarita, ça va. La danseuse en profite donc pour signer une phrase qui semble doucement gêner Lison. Ce qui la fait sourire innocemment encore un peu plus. Oups. Elle laisse un blanc. Regardant la blonde dans les yeux avant d’épeler avec les mains le mot Mojito. Ce qui provoque un début de fou rire. * D’accord d’accord. Mais ça aurait très bien pu quand même ! * Vodka donc. Et à la manière dont elle le dit, elle a déjà du boire jusqu'à se rendre plus que ivre. Une personne peu raisonnable cette Lison ... Jenny lui sourit avant de regarder les plats. Même si elle pense pouvoir se rappeler de la carte puisqu'elle est déjà venue ici. Après quelques secondes, elle relève la tête. * Une triple entrecôte même ! * Elle rigole un peu. Alors là ... * Je vais plutôt prendre les pates au saumon et toi ? Déjà comme ça ça risque d'être de trop. Et plus sérieusement, je crois que je vais boire de l'eau en mangeant. * Parce qu'elle veut garder la ligne, non pas parce qu'un nouveau verre d'alcool la rendrait déjà saoule. En parlant de verre, voila le leur qui arrive. Le moment de trinquer. Jenny s'empare de son cocktail avant de le redéposer pour rapidement répondre à la demoiselle. * Et bien plus encore ... A deux belles et charmantes blondes oui. * Elle s'empare à nouveau de sa Margarita, se pince les lèvres et trinque. Le tintement des verres qu'elle n'entend pas. Avant de boire une gorgée. Une soirée qui commence bien, très bien même. Le serveur les interrompt rapidement. Elle montre du doigt sur la carte son choix qui n'a pas changé. Et les voila tranquille à nouveau. * Alors comme ça tu viens souvent ici ? * C'est elle qui a proposé l'endroit alors elle doit un minimum le connaître.

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Je secoue vivement la tête sous les gestes de la blonde : vu mon passif de jeune délinquante, inutile de dire à quel point ses signes font du sens à mes yeux. « Tu as fait des études ? Je veux dire, tu es allée à la fac, tout ça ? » J'en parle toujours comme si je n'y connaissais rien, et ça se ressent vite. Ce qui n'est pas faut, ne nous voilons pas la face. Je ne connais rien de rien au monde des études supérieures. Mais ce n'est pas pour autant que le parcours de Jenny ne m'intéresse pas, je veux bien essayer de comprendre. Je décroche un sourire joueur lorsque nous parlons des fanas d'histoire. « Dis-donc, c'est que tu m'as l'air d'avoir un avis bien tranché sur la question. Fais gaffe, il y a des passionnés qui te casseraient un bras pour moins que ça. Les joueurs de pétanque, par exemple. En ce qui me concerne, ce sont tous des cons. » De beaux arguments, le même genre que sortirait quelqu'un qui se défend d'être raciste, mais bon. Depuis quand est-ce qu'il faut des arguments pour cracher sur la pétanque ? « J'y ai déjà réfléchi, oui. J'ai... j'ai eu pas mal de soucis de famille, pour faire court, et j'ai pas toujours pu être là pour eux parce que le travail me faisait bouger un peu partout dans le coin ou en Asie. C'est ce qui m'a fait cogiter. Ça me trotte de plus en plus dans la tête, j'ai même fini par me trouver une maison récemment. » Je hausse les épaules. Je crois que même avec le meilleur des salaires proposé pour travailler en tant qu'illustratrice, je ne pourrais pas me persuader d'arrêter la plongée.

Je hoche la tête en suivant le signe de la blonde du regard. « Très agréablement surprise, oui. Je t'aurais probablement suivie, d'ailleurs. » Je ris avec elle mais m'occupe très vite de détourner le regard lorsqu'elle enchaîne en espérant pouvoir me surprendre un peu plus que ça ce soir. C'est à ce moment précis que j'insulte du regard un type à la table voisine qui, malgré le fait que la blonde et moi signons depuis notre arrivée, semble encore se demander pourquoi je ris toute seule, comme une débile. Je fais signe de m'excuser à Jenny, qui laisse un blanc avant d'inconsciemment provoquer un début de fou rire que je peine à faire passer. Malheureusement non, je suis plus vodka que Mojito. Plus spiritueux que cocktails, de manière générale. « Je n'ai pas vraiment été éduquée aux cocktails, en fait. Je n'y connais pas grand-chose. A l'époque ou je sortais beaucoup picoler avec des amis – il y a près d'un siècle et demi, donc – je me minais surtout avec des alcools forts. » J'espère bien que je ne suis quand même pas la seule de ma fratrie a avoir un jour embarquée l'une des bouteilles de la planque de ma mère pour la descendre avec des potes à la plage. Je souris à la blonde, qui s'intéresse un peu plus à la carte. « Tu m'étonnes, si seulement on pouvait. » Double whisky, triple entrecôte... décidément, elle a un truc avec les grandes quantités. J'étais bien consciente que Jenny devait faire attention à tout ce qu'elle pouvait bien ingurgiter pour garder la ligne. Et ce qui valait pour elle valait aussi bien pour moi, ce qui n'est pas plus mal quand on se retrouve dans un restaurant. Il y a comme une espèce de compréhension, un soutien moral doublé d'un drôle de désir inavouable de dévorer n'importe quoi. Pour elle, en tout cas, ce sera pâtes au saumon. Et de l'eau en mangeant, ce qui paraissait plutôt évident. Je ne sais pas comment lui dire, alors je tente quelques signes pour lui faire comprendre que je n'ai pas le vocabulaire mais lui fait également signe de suivre sur mes lèvres, afin qu'elle n'ai pas à sortir son carnet. « Un tartare de bœuf. » Je reprends les signes. « Il fallait bien que ça finisse par coincer. Et ne t'en fais pas pour l'eau, ce sera pareil pour moi. Je vais demander une carafe en même temps. » Nouveau sourire. En définitive, nous trinquons à deux belles et charmantes blondes, ce qui n'est pas sans me faire plaisir. Et rougir de plus belle. Mais je trinque tout de même volontiers et prends une gorgée de ma bière. Le serveur passe, je laisse alors Jenny faire son choix et observe... tendrement, en fait, la façon dont elle indique ce qu'elle souhaite manger. C'est d'ailleurs le serveur qui doit me sortir de mes pensées, alors je secoue la tête avant de lui répondre, indiquant qu'on aimerait aussi une carafe d'eau pour le repas. Puis la conversation avec la blonde reprend de plus belle. « Ça m'arrive de venir avec ma nièce et ma sœur. Mais en général, je viens juste boire un verre pour profiter du coucher de soleil. Est-ce que tu es déjà venue, toi ? »
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* Non. J’ai arrêté après le lycée pour me lancer uniquement dans la danse. Je voulais quand même avoir un certain diplôme au cas où. Mais si c’était pas pour la danse, j’ai aucune idée de ce que je pourrais faire. * Elle trouverait sans doute bien un petit quelque chose. Elle n’est pas bête la blondinette. Mais son handicap peut la gêner c’est certain. Une chose qu’elle ne ferait pas en tout cas, c’est historienne. Elle rigole aux paroles de Lison. * Ouais mais toi … Toi t’as l’air d’être celle qui casse des bras alors tu peux penser et dire ça. * Elle se moque un peu et rigole de sa bêtise. * Et noooon ce n’est pas un avis bien tranché une fois de plus. Quoique … * Cela lui avait bien plu le jour de leur rencontre. De la faire un peu tourner en bourrique avec le fait qu’elle soit de mauvaise humeur, qu’elle soit agressive avec les gens. Un petit jeu qu’elle continue aujourd’hui et qui ne risque pas de s’arrêter. Bien qu’elle sait aussi reprendre un peu de sérieux. * Je comprends. J’ai moi-même quelques … histoires de famille. * Une histoire très tragique. * Mais c’est chouette ça ! Tu n’as pas de soucis à te faire de ce côté là. Et c’est plus qu’un simple petit second boulot. Tu sais que tu pourrais y faire carrière. * Elle suppose. Elle ne sait pas réellement quel est son travail, son contrat, etc.

Elle rigole à nouveau. Lison, double whisky. D’accord. Elle note l’information dans sa tête et les demoiselles poursuivent leur discussion sur les alcools. Lison ne semble pas s’y connaître en tout ce qui est mélange. Alors que Jenny, elle, préfère largement les cocktails aux alcools « simples ». *Tu sais pas ce que tu rates si t’as jamais vraiment essayé. Je te ferai découvrir tu verras ! Même si pas sûre que tu aimes si tu n’as pas l’habitude. * Et puis, les goûts les couleurs … * Et t’as quel âge du coup ? Que je puisse plaisanter de ta grande vieillesse ? * Elle la regarde, sourit en coin. Elle sait bien qu’elle est plus âgée qu’elle mais pas pour cela qu’elle est vieille. Elle dirait la trentaine si elle devait deviner. Le plus bel âge évidemment. Ou pas. Elles regardent la carte. La muette plaisante sur le choix de son plat. Quadruple entrecôte tant qu’on y est ? Lison reste raisonnable avec un tartare. * C’est bon aussi ça ! * La danseuse n’est pas spécialement difficile en matière de nourriture. * Oui tu peux faire ça alors. J’aime bien me prendre un petit verre de vin de temps en temps mais ce n’est pas ce que j’apprécie le plus. * Elle est d’ailleurs plus rosé ou blanc que vin rouge. Parler c’est bien, trinquer c’est mieux. A elles deux belles et charmantes blondes donc. Le serveur revient reprendre la commande, s’assure qu’il a bien compris le plat de Jenny et repart. Elle hoche la tête en écoutant la jeune femme en face d’elle. Avant de l’hocher un peu plus vivement. * Oui oui. Je suis déjà venue à plusieurs reprises. Je pense avoir globalement fait tous les restaurants de la ville vu que je suis toujours restée ici. * Elle ne sort pas tous les soirs, pas toutes les semaines non plus, encore moins au restaurant. Mais elle a eu l’occasion de tester les différents endroits d’IB oui. * Mais c’est un très beau resto oui. On a quand même beaucoup de chance de pouvoir venir manger en bord de mer comme ça. Surtout lorsqu’on est bien accompagnée … *Nouveau sourire relativement charmeur. Très bien accompagnée même.

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Un bain de minuit ça se prend aussi à vingt-trois heures ?Jenny et Lison

« Et maintenant, avec le recul, tu as quelques idées ? J’imagine que ce que tu voudrais c’est pouvoir être reconnue, comme tous les gens du métier. Et dans plein d’autres professions, en fait. Mais je ne suis pas sûre que ce soit un truc qu’on continue de faire quand… on vieillit, excuses-moi du terme. » Quand on sent apparaître les problèmes d’articulations, les pics de fatigues et toutes ces autres saloperies du genre dues à l’âge, on ne fait sûrement pas de vieux os dans le monde de la danse. Mais je suis quand même bien curieuse de savoir si Jenny a une solution de secours, quelque chose à quoi se rattraper s’il devait lui arriver un accident, ou n’importe quoi. Ce n’est pas à souhaiter, mais mieux vaut être préparée. « C’est un peu comme ça qu’on me voit en général, ouais. Du genre tu peux bien avoir l’avis que tu veux sur moi, j’en ai rien à foutre puisque de toutes façons c’est moi qui vais te péter le bras. » J’entrelace mes doigts et repose la tête sur mes mains, tout sourire. Je comprends vite que Jenny reprends ce petit jeu qu’on avait commencé lors de notre première rencontre. Soit, allons-y gaiement. Cependant, on retrouve toutes les deux le calme en touchant des points un peu plus sensibles. Je hoche la tête, compréhensive lorsque la blonde explique avoir une vie de famille mouvementée, elle aussi. « C’est envisageable. Mais… le truc, c’est que je suis toujours rappelée vers la mer, je pense que je serais malheureuse si je devais arrêter de plonger autant que je le fais actuellement. On me dit tout le temps que ce sont des choses auxquelles il faut réfléchir autour de moi, mais… je crois que me poser pour de bon sonne beaucoup trop problèmes d’adultes et pour être honnête, c’est pas vraiment mon truc. » Elle est comme ça la Lison, elle préfère rester loin des responsabilités, vivre sa vie comme elle l’entend sans avoir à se soucier de quoi ou de qui que ce soit.

En attendant, il semblerait que je rates quelque chose en passant mon temps à descendre des canettes et des shots plutôt qu’à découvrir les différentes saveurs des cocktails. Mais grâce à Jenny, j’aurai peut-être l’occasion de rattraper le temps perdu, comme elle me le propose gentiment. « Si c’est toi qui le dis, je peux bien me laisser tenter. On verra si tu es une chouette fille ou une empoisonneuse, à ce moment-là. T’es plutôt croqueuse de diamant ou simple cougar ? J’ai une petite idée en tête de ton âge, mais en attendant, grand-mère elle a trente-et-un ans. » Nouveau sourire joueur, puis petite pause le temps de consulter la carte.

« Alors va pour une carafe d’eau. Je t’avoue que les vins, c’est un peu comme les cocktails pour moi. Je sais qu’il y a différentes couleurs, mais une fois en bouche, impossible de te dire ce que j’en pense. Je dois pas avoir le palais très fin. » Ou alors peut-être qu’il est complètement stérilisé par l’alcool à 90° auquel s’apparente la vodka, qui sait ? Je m’occupe de commander la-dite carafe ainsi que mon plat, puis reprend la conversation. « Je note ça dans un coin de ma tête, on saura où aller manger toutes les deux la prochaine fois, comme ça. » Si la petite excursion de ce soir venait à se reproduire. Ce que j’espère fort. Puis vient un compliment qui se veut charmeur de la part de la blonde, ce qui ne manque pas de me faire rougir de plus belle. Je lui souris, puis m’attarde un instant sur ses formes, avant de hausser un sourcil. « Tu as prévu d’aller te baigner ? » Petit rire, histoire de faire comprendre à la blonde que je ne suis pas née de la dernière pluie.
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* Non … Pas du tout. Si vraiment je devais trouver un truc en urgence je pense que ma famille me pistonnerait le temps que je trouve quelque chose qui me convient mieux. Et figure toi que je ne cherche pas à devenir une star non. Un peu de reconnaissance peut-être mais c’est tout. Et t’en fais pas je suis bien consciente que je ne vais pas faire ça jusqu’à mes quarante ans. * Et encore, elle est généreuse avec ce chiffre. La réalité sera toute autre. Mais elle se concentrera sur sa reconversion en temps voulu. Là ce n’est pas l’heure, c’est plutôt le moment pour plaisanter avec Lison. Qui une fois encore l’a fait beaucoup rire. Celle la alors … * T’es terrible toi. * Elle rigole beaucoup. Et ce petit côté femme forte, femme pleine d’assurance n’est pas sans lui donner énormément de charme selon Jenny. Une femme pleine d’assurance mais qui doute sur certaines choses ? C’est fort possible. Peut-être un peu sur son métier, ses métiers. Elle semble se poser quelques questions. Et ne pas vouloir prendre de décisions. * Et bien alors n’arrête pas ! Si … si ta famille n’est pas capable de le comprendre ou te dis de faire autre chose c’est fort dommage. Faut pas se prendre la tête avec ça. Je pense pouvoir dire que je suis un peu pareille. Je suis loin de penser à long terme en ce moment. Ce temps viendra mais pas tout de suite ! *

Les cocktails sont des boissons bien plus délicieuse qu’un simple whisky pour Jenny. Déjà, elle n’aime pas le whisky pur. Et il paraît que c’est un sacrilège que de le mélanger au coca. Donc elle évite et prend plutôt des Mojito, des Margarita. Elle regarde la blonde. Elle rigole. Elle lui fait un petit sourire faussement innocent ou un autre qui signifie « non mais tu racontes n’importe quoi. » * Je ne suis pas une empoisonneuse enfin ! Et trente-et-un ça va tu exagères !!! J’en suis pas si loin non plus. Vingt-cinq. Et quant à mon genre tu as tout deviné je pense … * Elle plonge son regard dans celui de Lison. Elle ne lui signe pas qu’elle aime les femmes plus âgées même si elle a envie de le faire. Ce sera plus pour le jeu qu’autre chose en plus car pas totalement totalement vrai. Elle n’a pas de genre établi. Physique tout du moins. Elles se mettent ensuite d’accord sur les plats et la carafe d’eau. * Ca se comprend. Et ça se travaille. Faut prendre l’habitude d’en boire et être un peu … « éduquée » pour je crois. Même si le palais de chacun est différent c’est certain. Après si tu n’as pas d’affinité particulière avec le vin, autant boire autre chose. * Pourquoi se forcer ? Cela changera peut-être avec le temps quoiqu’elle en doute fortement. C’est aussi une question d’éducation comme elle le dit. Si la blonde ne côtoie jamais de personne qui boivent du vin, elle ne va pas s’y essayer toute seule. La muette lit les lèvres et les gestes de la jeune femme en face d’elle. Elle note, elle, les termes de « prochaine fois ». Ravie d’entendre que cette soirée peut donner lieu à plus. Pour l’instant, cela se passe bien alors elle n’y voit aucun inconvénient. * Ou alors, la prochaine fois c’est moi qui choisis ! C’est pas trop mal de changer non plus. * Elle connaît d’autres endroits tout autant sympathiques. Elle y réfléchira en temps voulu. Mais elle aime la vue sur la mer, la plage. Enfin il y a une autre vue qu’elle apprécie encore plus. Celle de la belle blonde devant elle. Une blonde qui rigole et Jenny sourit déjà grandement. * Moi ?? * Elle insiste bien sur le geste. L’air faussement étonnée. Son sourire ne dupe personne. * Serais-tu en train de sous-entendre que je pourrais avoir un maillot de bain en dessous de cette robe ?? Noooon … * Elle se mord doucement la lèvre avant de prendre son cocktail et d’y boire à la paille tout en regardant Lison. Elle est taquine oui, coquine. * Même si je pense que l’eau risque d’être trop fraîche … *

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Un bain de minuit ça se prend aussi à vingt-trois heures ?Jenny et Lison

« Et dans ce cas, qu’est-ce que tu feras une fois que tu toucheras les quarante ans ? Tu n’as même pas une petite idée ? En tout cas c’est bien d’avoir quelqu’un sur qui compter au cas où tu te retrouverais dans la merde. Qu’est-ce qu’ils font dans la vie, dans ta famille ? » C’est toujours intéressant à savoir, et puis ça me permettra peut-être de savoir de quoi part Jenny, de me faire une petite idée sur sa situation familiale. N’étant pas une professionnelle pour discuter avec les gens, me lancer dans des sujets comme ceux-là me permet d’éviter de me retrouver sans le moindre truc à dire. Comme si j’étais une coquille vide. Quoi qu’il en soit, je ne peux m’empêcher de plaisanter de nouveau, puisque c’est à peu près la seule chose que je suis – malgré moi – capable de faire en société, et reçoit une nouvelle remarque de la blonde, qui rit décidément aux éclats. « Je fais ce que je peux, c’est le naturel qui revient au galop. » Puis de la vie professionnelle de la sourde-muette, nous en voilà à parler de la mienne. « C’est plus compliqué que ça, en fait. J’ai longtemps été dépendante de ma famille, et inversement. On est très soudés, et disons que… c’est aussi dur pour eux que pour moi de vivre éloignés l’un de l’autre, quoi. J’ai cinq frères et sœurs, alors je te laisse imaginer le travail. Mais tu as raison, ça ne devrait dépendre que de moi, et c’est bien que tu arrives à penser comme ça. Mais comme tu dis, chaque chose en son temps. »

J’arrive plus ou moins à combler les cases vides du portrait de Jenny au fil du temps qui passe autour de cette table, et l’information que je capte cette fois est pour le moins étonnante. « On verra ça quand j’aurai bu un cocktail avec toi. En attendant… ben, je vais faire attention, quoi. » Elle a profité pour me caresser dans le sens du poil à propos de mon âge, même si je ne suis pas très susceptible sur ce point, ni très complexée. Le temps passe, et puis c’est tout. Il paraît que le vrai combat se fait dans la tête. Oh, et la blonde a vingt-cinq ans. « T’en fais pas, je suis consciente que j’ai encore de beaux jours devant moi. Enfin, j’espère. » Je marque un temps, histoire de prendre une gorgée de ma bière. « Et toi aussi, du coup. A vingt-cinq ans, et vu comment tu dois te dépenser, tu n’es pas prête d’entendre tes os craquer ! Peut-être que tu danseras encore à l’hospice, qui sait. » Plaisanterie un peu douteuse, mais comme dis plus tôt, on n’échappe pas à sa nature. Après une remarque plus que suggestive qui ne m’as pas échappée, la blonde plonge son regard dans le miens. Je suis tout à fait du genre à fuir ces regards là, mais pour cette fois, je m’efforce de lui tenir tête, avant de me décider à ajouter quelque chose à l’aide de signes. « Il paraît que c’est dans ces eaux là qu’on est véritablement expérimentée. » Je lève timidement mon verre avant de prendre une nouvelle gorgée de bière, une sorte de récompense pour l’effort surhumain que je viens d’accomplir.

Ce qui est sûr, c’est que même elle n’arrive pas à me donner une quelconque envie pour le vin. « Tu sais quoi ? Tu as raison, je crois que je vais me contenter de boire autre chose. Mes compétences dans ce domaine se résument à ouvrir une bouteille, et puis c’est tout. Et crois-moi, dans ma famille on a pas été éduqués à boire du vin. » Petite référence aux problèmes d’alcool de ma mère ? Pour sûr, c’est probablement la seule éducation que j’ai pu avoir par rapport à l’alcool. Et la seule éducation tout court, en fait. Je ferais cependant confiance en la connaissance des restaurants d’Island Bay de Jenny, et ne manque pas de le lui dire au cas où un prochain rendez-vous il y aurait. « Ce serait avec plaisir. Enfin, sauf si je finis par te sauter dessus d’ici la fin du repas. » Il ne me faut pas longtemps pour me sentir bête d’avoir dis ça, puisque je sais d’avance que la blonde va l’interpréter différemment. Mais puisqu’on est dans le thème, autant continuer puisque je remarque le bikini que porte l’autre femme sous sa robe. Question d’habitude. « Je ne le sous-entend pas, c’est un fait. Tu as un maillot de bain en dessous de cette robe. » Je croise de nouveaux les mains et me penche un peu en avant, tout sourire aux lèvres. « Alors pourquoi tu en as mis un, dans ce cas ? » Je ricane, avant d’enchaîner, avec une once de malice dans les yeux. « On trouvera bien un moyen de te réchauffer. »
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* Oh bah je te comprends parfaitement. Moi aussi j'ai quatre frères et soeurs. C'est moi la dernière de la famille. 0n est tous très proches les uns des autres. Je me vois pas aller habiter loin mais je peux me prendre une semaine de vacances sans qu'ils me manquent de trop ça oui. *Et heureusement d'ailleurs. Ce serait un peu trop asphyxiant sinon.

La blondinette lui envoie un petit regard. Faire attention avec elle ? Il ne faut pas enfin ! Elle est sage comme une image. Souvent. Parfois. * Ne me crois pas si tu veux ! Même si j'avoue que ... Si j'étais une ensorceleuse, je ne te le dirais pas. * Elle se dit néanmoins qu'elle n'a pas besoin d'un philtre pour attirer le regard de Lison. Pour la faire doucement rougir par moment. Pour qu'elle la complimente. Son charme naturel semblant largement faire l'affaire. Jenny rigole. * "J'espère" ... T'en racontes des bêtises toi. * La muette se pince doucement les lèvres. Elle doit bien dire qu'elle apprécie pourtant beaucoup toutes ces bêtises. * Je me déhancherai avec mon déambulateur oui ! * La blonde rit à nouveau. * Par contre j'ai plutôt le sentiment que plus on bouge, plus on s'entraîne, etc, plus le contrecoup est fort pour les articulations. * Elle n'a jamais lu d'études sur le sujet mais c'est ce qu'elle pense. A tort ou à raison. La suite de la discussion se fait toujours avec autant de petites phrases qui donne le sourire coquin à Jenny. Expérimentée. Elle aime beaucoup les femmes avec de l'expérience. * J'espère oui. C'est ce que je préfère chez une femme, l'expérience ... * Evidemment ce n'est pas totalement exacte. En fait-elle un peu trop ? Elle s'en moque. La blonde en face d'elle semble être dans la même humeur alors autant en profiter.

* C'est déjà pas si mal ! * La sourde rigole. Même s'il n'y a rien d'impressionnant à ouvrir une bouteille. * Ah ? Ca veut dire quoi exactement ? L'alcool était ... interdit chez toi ? * Elle espère ne pas engager là une conversation un peu trop sérieuse, trop sombre. Elles ne sont pas forcément là pour ça. Elle se doute que si Lison ne souhaite pas en parler, elle bottera en touche. Et Jenny n'insistera pas. Par contre, elle peut largement insister sur la dernière phrase glissée par la trentenaire. De plus en plus intéressant. Elle se met doucement à imaginer certaines choses qui lui plaisent beaucoup. * Pour reprendre tes mots ... Ce serait avec plaisir ... * Beaucoup de malice dans son regard. Elle a envie d'ajouter certaines autres petites choses mais elle ne signe rien. Pour l'instant. Parce que la suite, avec ce fameux maillot de bain, risque de continuer à éveiller son côté taquin. A son tour elle s'approche un peu plus de Lison même si la table les sépare. * Tu m'as l'air bien sûre de toi ... Je vais me contenter de clamer mon ... innocence ... * La manière dont elle signe le mot veut certainement tout dire. Elle est loin d'être innocente la Jenny. Et oui, elle a bien un maillot de bain en dessous de cette robe. * Avoir mis quoi ? * Elle continue son petit manège. * Je ne vois pas de quoi tu parles ... * Il est plus amusant de faire semblant que plutôt que de répondre "on ne sait jamais". Surtout que la blonde qu'elle ne quitte jamais vraiment des yeux se fait de plus en plus charmeuse. * J'ai vraiment hâte de voir ça ... *

Si la conversation se poursuit de la sorte, Jenny risque bien de ne pas vouloir de dessert pour partir plus vite de ce restaurant. Il n'y a plus aucun doute, selon elle, de la manière dont peut se dérouler cette soirée. * Et toi alors ? Tu portes quoi exactement là-dessous ? * Un maillot de bain ? Ce serait bien trop incroyable. Une lingerie un peu affriolante ? C'est déjà plus possible oui.

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