contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
le jardin d'eden est un café/pâtisserie qui commence à se faire un nom à island bay. si vous voulez rejoindre l'équipe, les portes vous sont grandes ouvertes !
une fratrie de trois enfants attend d'être complétée. alors si vous désirez jouer l'un d'eux, venez voir ce pré-lien !
Sujet: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Sam 30 Mar - 12:22
Effleurer l’étincelle
Après quelques heures passées sur ses dernières photos, où elle a eu l’agréable surprise d’en trouver quelques-unes qu’elle a estimées valables, ce en quoi elle ne croyait pas du tout vu son état d’esprit au moment de leur prise, Lilith se prépare tranquillement à la nuit qui vient. Elle est apaisée, presque impatiente. Elle éprouve une certaine hâte désormais à découvrir quelle nouvelle vie cette nuit va lui apporter. Elle sent qu’elle ne retournera pas en Italie, comme si elle avait appris ce qu’il fallait de cette expérience. Elle le regrette un peu, elle en aimait tellement la chaleur, les parfums, la douceur inénarrable qui lui pénétrait le corps et l’âme. Et la musique… Cette musique presque céleste qu’elle entend encore au plus profond d’elle-même.
Lilith cherche Eve dans la foule des élèves. Depuis leur naissance, elle s’inquiète pour sa sœur jumelle. Eve était plus fragile, plus petite, les médecins se montraient peu encourageants quant à son pronostic vital. Sa mère leur a souvent raconté sa bataille pour qu’ils les placent dans la même couveuse, comment Lilith tendait le bras dans leur berceau commun dès qu’Eve se mettait à pleurer et combien le contact de sa « grande » sœur, née douze minutes avant elle, semblait toujours la rassurer presque instantanément. Et Eve a survécu. Dans quelques semaines, elles auront quinze ans. Elles n’ont pas d’autres frère et sœur. Lilith peut comprendre que ses parents n’aient pas forcément voulu d’autres enfants après ce qu’ils avaient vécu à leur naissance. Pourtant, parfois, elle sent bien qu’elles vivent dans un monde à part avec sa sœur.
Enfin, elle l’aperçoit. Elle la regarde un instant, se faufiler au milieu des autres sans effort, comme perdue dans son monde. Les autres élèves l’ignorent mais sans méchanceté apparente. D’aucuns pourraient croire, en les voyant et en apprenant leur histoire, que c’est Eve qui a besoin de Lilith. En vérité, il n’en est rien et sans doute depuis toujours. Lilith ne peut imaginer sa vie sans Eve. Ce n’est pas sa sœur, c’est l’autre part de son âme, de son moi lui-même. C’est elle qui éprouve toujours comme une nécessité à lui raconter toutes les expériences qu’elle a pu vivre en dehors de sa présence. Comme si elle ne pouvait réellement les assimiler, en définir leur portée, sans qu’elles ne soient passées par le filtre de la pensée d’Eve.
Lilith se réveille déstabilisée. Elle n’est plus bouleversée désormais, elle a fait la paix, en quelque sorte, avec ces étranges rêves qui colonisent ses nuits depuis des mois, mais celui-ci est étrange. Etre la sœur d’Eve la trouble. Comme si quelqu’un était venu chez elle en son absence, sans rien prendre mais en déplaçant un objet ou deux, juste assez pour laisser une drôle d’impression de pas tout à fait à sa place sans qu’il lui soit pour autant possible de dire pourquoi.
Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Sam 6 Avr - 9:20
Effleurer l’étincelle
Eve va partir. Elle va rassembler toutes ses affaires et remplir des cartons. Combien de cartons ? Cela dépend du volume de vêtements et d’objets personnels. Elle doit le calculer. Demain, elle prévoit d’étaler ce qu’elle possède pour se rendre compte. Il y a aussi la question des meubles. Ils ont abordé le sujet avec Priam. Ils doivent éviter toute dépense inutile, déménager chacun leur chambre d’enfant leur a paru la meilleure solution. Louer un meublé monte le prix de l’appartement ou diminue la taille, ce n’est pas la solution envisageable. Les parents de son ami sont arrangeants, ils ne veulent pas que leur fils se retrouve dans un taudis, mangeant à même une boite de conserve avec une unique cuillère qu’ils se passeraient de l’un à l’autre, ses revenus étant modiques. La situation d’Eve est différente. Avec son salaire de bibliothécaire, plus élevé que celui de Priam, elle sait que sans rien demander en contre partie, elle remplira frigo et placard. Mais les meubles sont un budget réel. Elle n’a pas encore parlé à ses parents du futur déménagement. Elle s’inquiète de leur réaction. Elle est bien décidée et après tout, elle a l’âge de partir et elle n’est déjà plus une charge financière. Rien ne la retient. Elle ne demandera qu’une faveur, emmener le mobilier de sa chambre. Si elle emmène le lit, la commode, l’armoire, il faudra un véhicule. Elle réfléchit beaucoup trop. Planifier. Calculer. Son esprit n’arrête pas. Elle a l’impression que même en dormant, elle fait des additions, des multiplications, s’arrache les cheveux sur des théorèmes, lit et relit des manuels scolaires, histoire, chimie, biologie, tout y passe. Cela dure depuis plusieurs nuit et cette dernière, elle s’est vue passer un concours entre différentes écoles au sein d’une équipe représentant son établissement. Pour elle qui a été obligée d’arrêter ses études prématurément, c’est un comble ! Elle espère que cette nuit cela cessera plus calme, parce que se découvrir dans une partie de sa vie qu'elle n'a pas vécu, c’est trop perturbant.
« Lilith ! On a réussi ! Nous sommes qualifiés. »
Elle saute sur place agrippant sa soeur, espérant qu’elle en fasse autant pour fêter ce succès incroyable. Elle a préféré récupérer les résultats elle-même. En cas d'échec, elle aurait tourné l'affaire en plaisanterie pour éviter la sensation d'échec.
« Notre collège de campagne a battu des écoles privées qui se préparent durant des mois. Tu te rends compte ? »
Elle s’arrête. Un frisson d’inquiétude lui parcourt le dos.
« On va prendre le bus pour aller en ville ! On va voir la capitale ! »
Son excitation reprend.
« Est-ce que tu crois qu’on aura le droit d’aller visiter les monuments, voir un musée, aller à l’opéra ? Est-ce que tu te rends compte que si on gagne la finale, on aura une bourse pour poursuivre nos études. Est-ce que tu imagines, Lilith, nous à l’université ? »
Parce que si Eve réussit à entrer à l’université, elle n’imagine pas un seul instant que sa soeur n’y soit pas.
Dernière édition par Eve Northam le Mar 23 Juil - 23:44, édité 1 fois
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Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Dim 21 Avr - 2:03
Effleurer l’étincelle
Lilith s’interroge. Depuis quelques jours, il y a beaucoup d’allers et venues chez sa voisine. Non pas qu’elle l’espionne mais elle pensait que son envoi suffirait à renouer le contact. Or, il n’en a rien été. Elle n’a plus de nouvelles d’Eve depuis que celle-ci lui a fait parvenir la musique céleste de la villa Médicis. Evidemment, elle pourrait prendre l’initiative mais, malgré tout ce qu’elles ont pu partager en rêve, Eve reste un peu une étrangère pour elle. Et Lilith est persuadée de ne pas avoir laissé une impression extraordinaire dans cette vie en abandonnant Eve sans aucune explication lors de leur première rencontre. Même si le présent l’a un peu rassurée, ce n’est pas pour autant qu’elle se sent prête à aller sonner chez elle la fleur au fusil et le sourire aux lèvres.
De plus, sa vie professionnelle a besoin d’une sérieuse remise en selle. Elle a beaucoup pâti des mois passés à tenter d’échapper à un monde onirique envahissant. Ceux qui apprécient son travail depuis des années sont toujours là, bien sûr, mais il faudrait qu’elle enrichisse son carnet d’adresses si elle veut atteindre un nombre suffisant pour être tranquille quoiqu’il puisse encore arriver. Elle devrait contacter les galeries de l’île pour voir s’il l’une d’elles serait disposée à accueillir ses dernières photos. Quant à sa vie sociale, n’en parlons même pas. Elle n’avait déjà pas pléthore d’amis, la plupart de ses connaissances n’étant que des rencontres de bars ou de boîtes, mais on peut dire qu’elle a désormais atteint le désert absolu en termes de liens affectifs autres que familiaux. Tiens, en parlant de famille, cela fait des mois qu’elle n’en a vu aucun de ses membres non plus…
Lilith se laisse gagner par l’enthousiasme contagieux de sa sœur. Elle imagine déjà tous les lieux prestigieux qu’elles pourront visiter : la statue de Lincoln, le Capitole, le Smithsonian, le musée de l’Holocauste… Tous ces lieux qu’elles ne connaissent qu’en images dans les livres, les documentaires, les films et où s’est construite l’histoire de leur pays.
« J’espère bien qu’on aura le droit. Quel intérêt de nous convier dans la capitale si ce n’est pas pour nous faire profiter de tout cela ? Et on l’aura, cette bourse, Eve, on l’aura ! Notre équipe est la meilleure parce qu’on sait tous à quel point cette victoire nous est nécessaire pour réaliser nos rêves. »
Elles rentrent chez elle côte à côte, se heurtant régulièrement durant leur marche, comme si elles avaient du mal à rester trop longtemps éloignées physiquement l’une de l’autre. Cette bourse, il la leur faut. Elles savent bien qu’en se serrant la ceinture, leurs parents auraient peut-être de quoi permettre à l’une d’elles d’aller à l’université mais certainement pas aux deux. Etre séparées est inenvisageable et, pour autant, aucune d’elles ne veut être cause que l’autre ne puisse vivre la vie dont elle rêve. C’est la seule solution et c’est pour cela qu’elles ne laisseront rien les arrêter, même si elles doivent passer tout leur temps libre à réviser.
Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Ven 3 Mai - 0:01
Effleurer l’étincelle
Eve jauge la quantité de cartons qu’elle a ramené. Un à un. Discrètement. Cela représente un va et vient qui n’a pas encore alerté ses parents mais un voisin qui habite trois maisons plus loin lui a pourtant posé la question, un curieux qui s’adonne aux commérages. Elle sait qu’il la surveille. En soit, c’est logique. C’est son chat qu’elle a tué à coups de pelle avant d’être enfermée dans l'hôpital psychiatrique. Il a l’affût. Trop à son goût. C’est l’une des choses ne va absolument pas regretter. Elle a sourit et poliment a répondu qu’elle faisait du rangement. Pas tout à fait un mensonge. Ce matin, elle commence à remplir les cartons. Elle se rend vite compte que sans avoir beaucoup de choses, cela va vite devenir compliqué. Faire des navettes en bus pour passer d’une maison à l’autre ! Peut-être que le père de Priam acceptera pour les meubles, cependant elle n’a pas envie que le jeune homme soit particulièrement présent, histoire que ses parents ne se fassent pas des films sur leur relation. Elle se souvient de Judith, du drame familial que sa liberté de vie à causer. Ils l'ont rejeté complètement. Avoir un enfant sans être mariée ! Et deux fois. De deux pères différents. Inacceptable. Eve n'attend plus rien du chef de famille, mais garder le contact avec se mère ainsi que certains de ses frères et soeurs, elle aimerait bien. Quelques uns lui ont manqué.
Elle repense à cette autre elle, adolescente, et à sa jumelle qui n’est autre que Lilith. Lui revient l’histoire du concours, de la bourse. Et si les deux “soeurs” ne partaient pas ensemble, si l’une restait à l’exploitation agricole et l’autre s’en allait vers un avenir citadin. Cette histoire particulière au milieu des possibles émerge alors qu’elle remplit des cartons de vêtements, alors qu’elle s'apprête à quitter le quartier. A chaque fois qu’elle passe à proximité de la maison de son âme soeur, elle vérifie si la voiture est là, si un rideau bouge. Elle va changer de lieu de vie. Elle ne viendra plus ici fréquemment. Ce rêve n'est pas là par hasard. Elle le prend pour un message personnel. Elle doit prévenir Lilith. Elle ne peut pas disparaitre du jour au lendemain. Elle abandonne son rangement et sort précipitamment de chez elle pour se rendre devant le logement de la photographe. C’est une urgence vitale. Elle n’a pas réfléchi à ce qu’elle va dire. Il faut qu’elle la prévienne, sinon... il y aura un cataclysme. Elle sonne en trépignant sur place. Elle angoisse. Elle mord dans un de ses ongles. Elle appuie une seconde fois et une troisième avec une impatience qui lui vrille la gorge.
Dernière édition par Eve Northam le Mar 23 Juil - 23:46, édité 1 fois
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Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Ven 12 Juil - 15:20
Là-haut, dans la mansarde qui est leur chambre et leur refuge depuis toujours, Lilith étouffe ses sanglots dans son oreiller. Elle ne veut pas que sa sœur ou ses parents, en train de tout planifier dans le salon, risquent de l’entendre. Mais Eve va la quitter et l’angoisse qui l’a envahie depuis qu’elle en a acquis la certitude est intolérable. La situation de l’exploitation familiale est pire que ce qu’elle croyait : même avec la bourse qu’elles ont gagnée, elles ne pourront pas partir toutes les deux à Washington. L’une d’elles va devoir rester et Lilith a pris sur elle de choisir pour tous.
Elle rêve tout autant qu’Eve de poursuivre ses études dans la capitale mais elle sent bien qu’elle ne pourra pas s’en sortir seule. Oh, bien sûr, elle est parfaitement capable de s’occuper d’un logement, faire à manger, les courses et toutes ces tâches qui incombent à un adulte au quotidien. Non, ce n’est pas ça le souci, c’est la vie loin de chez elle sans Eve qui lui sera impossible. Où que ce soit sans elle serait difficile de toute façon mais, au moins, en restant ici, elle aura ses parents et tout ce à quoi elle est habituée depuis son enfance. Elle sait que ce sera dur pour Eve aussi, sans elle, mais elle connaît sa sœur mieux que personne et elle, elle pourra se débrouiller et même en tirer le maximum sans se renfermer sur sa souffrance d’être séparée de son double de toujours.
Alors, elle a fait son choix, seule, déjà. Elle leur a annoncé que c’était trop angoissant pour elle de tout quitter, qu’il n’y aurait pas de choix cornélien à faire comme ça, que ce serait Eve qui partirait et que ça lui convenait. Elle a mis juste la bonne dose de regret de ne pas y aller et de tristesse de dire au revoir à sa sœur pour que tous y croient et acceptent sans trop discuter.
Lilith est réveillée en sursaut par la sonnerie de la porte d’entrée. Elle met un temps à s’extirper de son rêve et surtout de la tristesse lancinante qu’il laisse en elle. C’est comme un mauvais présage. Eve s’en va. Non, c’est le rêve ça, pas la réalité. Et pourtant… Pourtant, elle a cette étrange sensation que c’est Eve qui sera là quand elle ouvrira et que ce qu’elle aura à lui dire ne lui plaira pas. Alors elle se lève malgré tout, parce qu’elle a envie de la voir, parce que ça fait trop longtemps qu’elle recule ce moment de la retrouver dans le réel mais elle avance au ralenti, comme si la gravité avait changé et qu’elle pesait tout à coup des tonnes.
Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Mar 23 Juil - 23:57
Effleurer l’étincelle
Après une éternité, la porte s’ouvre. Trop tôt ! Eve est plantée devant Lilith sans savoir quoi dire. Son cerveau s’est arrêté de fonctionner tout à l’heure, au premier coup de sonnette. Ensuite, il n’y eu que la peur à l’intérieur de son être. De la panique dans le geste répétitif d’appuyer sur le bouton. Il y eu l’attente qui se vit comme un désert où on ne trouve pas d’issue, parce que le paysage est le même pas après pas et que l’horizon ne se rapproche jamais. L'attente, Eve la vécut durant plusieurs années dans l’hôpital psychiatrique. L’espoir, l'oasis, n’habitait que les rêves quand elle pouvait faire le chemin jusque vers Lilith. Quand elle pouvait, quand ils ne la nourrissaient pas de somnifères détruisant le fil d’Ariane.
Eve regarde Lilith et ne sait plus quoi faire. Elle ne veut pas la perdre en lui sautant au cou et en lui répétant « Ne m’abandonne plus ». Il ne faut rien dire qui lui fasse claquer la porte. Il ne faut rien faire pour causer un rejet.
« Merci pour le cadeau. »
Elle ne sait plus si elle lui a envoyé un message pour la remercier. Qu’importe. Elle peut le dire de vive voix et c’est bien mieux. Cadeau précieux. Oeuvre de mémoire de leur lien tissé à l’infini.
« Merci pour le livre sur la Villa Médicis. J’y ai retrouvé les jardins et la lumière. »
Elle se mord la lèvre aussitôt. La dernière phrase est de trop. Lilith va s’inquiéter des méandres de la pensée d’Eve. Si elle lui demande d’où elle vient, elle ne pourra pas mentir, elle devra parler de l’accident mortel et des années en psychiatrie. Et Lilith en conclura, comme tant d’autres, qu’Eve est folle. Malgré son allure d’enfant sage sur le pas de la porte de sa voisine. C’est ce qu’on dit de ceux auxquels on donnerait le bon dieu sans confession, que leur visage angélique peut cacher le pire démon. Elle a échappé à un exorcisme à cause d’un prêtre trop obtus. Villa Médicis. Eve ne peut pas dire qu’elle y a séjourné, elle n’est pas artiste, elle n’est pas violoncelliste. Elle a un sourire fragile. Il peut tomber en poussière au moindre mouvement de sourcils de la jeune femme en face d’elle.
« Je voulez vous prévenir que je déménage. »
Le couperet est tombé. Elle a lâché la raison qui l'a faite se précipiter ce matin.
« J’ai trouvé un logement en colocation. C’est une maison avec un style bien à elle et un jardin magnifique. Elle vous plaira. »
Une nouvelle fois ses paroles sont sorties si vite. Son esprit a déjà invité Lilith à venir déjeuner ou prendre un café, peu importe. L’image d’elles deux dans la quiétude de l’ombrage est bien présent. Oh ! Ce ne sera pas dans quinze jours, les parterres sont friches et l’arbre est ébouriffé. Mais cela se fera.
« Je vous dérange peut-être. Mais je... Je tenais à vous prévenir. C’est important pour moi. »
Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Mar 3 Sep - 22:11
Effleurer l’étincelle
Lilith ne sait comment se comporter face à Eve. Tous ses rêves se superposent à la personne en face d’elle. Tous ces rêves où elles ont toujours été si importantes l’une pour l’autre. Elle ne parvient pas à démêler ses sentiments dans tout ce kaléidoscope d’amantes, mères, sœurs… Qui est Eve pour elle ? Elle la connaît à peine et, pourtant, une part d’elle la connaît depuis toujours. Tout à coup, elle prend conscience de ce que vient de dire celle qui lui fait face. Comment Eve, si jeune, bibliothécaire, peut-elle connaître la Villa Médicis ? Son esprit s’affole. Est-ce qu’Eve aussi fait les mêmes rêves. Elle ouvre la bouche. Elle veut l’interroger. Elle reste muette pourtant. Que dire qui ne la fasse pas passer pour une cinglée bonne à enfermer ?
Et puis Eve annonce son départ. Elle ne sait pas qu’en penser non plus. A la fois, elle voudrait qu’elle reste, qu’elle ne parte pas. Elle souffre de cet éloignement prochain, encore marquée par le désespoir de la Lilith qui allait perdre sa sœur jumelle et de toutes les autres qui ont perdu qui une âme sœur, qui une compagne. Ces sentiments sont-ils les siens dans ce cas-là ou juste la trace de toutes les Lilith d’avant et d’ailleurs ? Et, en même temps, elle se demande pourquoi Eve vient la prévenir. Elles ne sont rien l’une pour l’autre dans cette vie. Rien encore. Peut-être jamais.
Elle voit sa voisine la regarder nerveusement, inquiète sans doute de son absence de réponse à tout ce qu’elle vient de lui annoncer. Y compris son invitation, surtout ça. Veut-elle y aller ? Veut-elle créer un vrai lien avec Eve dans cette vie ? Elle sait qu’elle doit prendre une décision à ce sujet. Cela fait partie de sa décision de reprendre tous les aspects de sa vie en main après avoir fait la paix avec ses rêves. Du fait de sa présence constante dans les dits-rêves, elle ne peut oblitérer Eve d’un revers de la main. Alors elle prend son souffle et elle se lance. Advienne que pourra, elle doit savoir de toutes façons si Eve a partagé les mêmes songes qu’elle, si elle connaît, elle aussi, toutes ces vies qu’elles ont partagées. Et puis, si c’est le cas, peut-être qu’une décision sera plus facile à prendre à deux…
« Non, non, vous ne me dérangez pas du tout, je suis contente de vous voir. Je m’en suis voulu de vous avoir abandonnée si brusquement, la dernière fois que nous nous somme vues. Je ne voulais pas. Elle hésite, se tait, soupire. C’est compliqué. Mais je suis ravie que mon cadeau vous ait plu. Je ne savais pas que vous connaissiez la Villa Médicis. Il faudra qu’on en parle un jour, si vous voulez. »
Elle s’arrête. Voilà, les dés sont jetés. Elle a fait savoir à Eve qu’elle voulait la revoir, parler avec elle, de la Villa et donc des rêves, elle le sait, puisqu’il lui faudra bien dire à l’autre qu’elle n’y a jamais été qu’en rêve. Et expliquer, sans doute, le pourquoi de ce cadeau précis et celui de sa fuite peut-être. Qu’importe, elle n’a pas reculé. Elle sourit, fière de tenir le cap.
Sujet: Re: Effleurer l'étincelle - Lilith et Eve (#) Sam 14 Sep - 13:37
Effleurer l’étincelle
A leur précédente rencontre, Eve avait trop parlé. Elle avait fait fuir Lilith. Cette fois, sa voisine ne peut trouver une excuse pour se sauver. Elle est chez elle. Son échappatoire possible, mettre la jeune femme dehors. L’inquiétude grandit face au silence que lui inflige la photographe. Eve a cette sensation étrange d’être la vilaine sorcière qu’on va mettre au bucher. Lilith l’allumera quand elle aura fini de regarder le monstre. C’est la faute d’Eve si ces souvenirs d’outre-tombe hantent le présent.
Heureusement Lilith la délivre en prenant la parole. Ce qu’elle dit est troublant. Elle s’excuse pour l’autre fois, partie pour une raison complexe. Evidemment, comment aurait-elle pu rester face aux élucubrations d’Eve, elle ne peut pas lui en vouloir. Elle souhaite parler de la Villa romaine. Elle la connait aussi, comment ? Elle y a séjourné peut-être en tant qu’artiste photographe. C’est la raison la plus censé. L’autre, fait frémir Eve qui retourne dans ses méandres obscurs et beaux, parfois beaux. Elle veut croire que Lilith se souvient aussi. Un instant elle le croit. Pas plus d’un instant parce que ce serait exceptionnel. Comment dire combien elle a regretté qu’il n’y ait pas eu de rencontre là-bas, entre Eve la violoncelliste et Lilith ? Non, surtout pas. Le contact se fait sereinement aujourd’hui, pas question de tout briser.
« Ce sera avec plaisir pour la Villa Médicis. Je la connais effectivement, enfin... »
Elle hésite, il faudra qu’elle justifie. Chaque chose en son temps, elle ne veut pas y penser, chercher à se justifier.
« Oui, je la connais. »
Elles se font face silencieusement. Eve se contente de cela, regarder ce visage qui est venue à elle pour tant d’histoires. Il y en a une qui revient récemment. Elle raconte un départ, une séparation difficile. Elle ne veut pas qu’ici ce soit pareil. Elle veut garder Lilith près d’elle.
« Est-ce que j’abuserais en demandant de transporter quelques cartons pour moi ? »
Oui, elle abuse, mais elle ne peut pas lui dire : “Nous resterons ensemble cette nuit, et demain matin, et dans la voiture de papa, et à l’aéroport. Nous resterons ensemble encore après, toujours après. J’emporte quelque chose de toi et tu gardes quelque chose de moi, ce quelque chose qui s’appelle “nous”, qui est unique et qui ne sera jamais brisé.” Alors elle retient Lilith près d’elle de la seule manière qui lui est possible dans ce présent. Elle lui sourit, mais ce n’est pas un sourire, c’est une lumière qui éclaire la bibliothécaire, un bonheur qu’elle espère enfin avoir trouvé.