forgive me, I'm clumsy ≈ ft. dylan

Teo détestait Facebook. Il n’y allait que rarement pour dire de se rappeler de certains anniversaires et encore, plus les années passaient et plus il en ratait. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’en coup de vent, il fut mis au courant que le cinéma où il avait ses habitudes avait annoncé la mise en vente de places pour l’avant-première du dernier Avengers : Endgame. Pour fêter dignement la sortie du nouvel opus de la série, le cinéma organisait une soirée exceptionnelle : diffusion de tous les titres et mise à disposition d’un buffet aux couleurs des super-héros ayant fait le succès de la série. Tout ça pour une somme modeste, ce qui faisait de l’évènement une opportunité en or pour Teo, lui qui était un passionné de la première heure et qui tannait son entourage depuis des semaines à ce sujet. Il prit son smartphone, ouvrit l’application notes et y tapa les informations nécessaires pour être à l’heure au rendez-vous. Il laissa un post-il sur le réfrigérateur de la maison familiale pour prévenir de son absence et enfila ses baskets. Il espérait que comme lui, d’autres étaient passés à côté de l’information. Attendre des heures, même pour les beaux yeux de Marvel, ce n’était pas son genre.

Une demi-heure de transports en commun plus tard, voilà qu’il était sur les lieux du drame. Malgré les nombreux encouragements de ses mères, il n’avait pas encore eu le temps d’investir dans sa propre voiture, ce qui le contraignait souvent à utiliser les commodités de monsieur et madame tout le monde et même s’il pensait à son impact écologique, il ne pouvait le nier : il détestait ça. Dans le bus, il avait croisé un homme dont l’odeur corporelle permettait de situer son dernier bain au siècle dernier. Il avait également dû faire avec les pleurs de jumeaux que seuls les écrans pouvaient calmer. Tout ça l’avait mis d’une humeur maussade et la queue qui l’attendait à la sortie du bus ne le rassura pas. Pour autant, il se décida à rester. Les mains dans les poches, il se rangea dans la file qui devait être d’une cinquantaine de mètres. Devant lui, des gens de tous âges et de tous horizons. A peine avait-il eu le temps de prendre sa place dans la queue qu’un couple vint se positionner derrière lui. En un rien de temps, de nouveaux intéressés vinrent s’ajouter à la file qui, en raison de la localisation du cinéma, se voyait se resserrer de plus en plus. En voulant se donner un peu d’air pour éviter de réveiller son agoraphobie, Teo bouscula la jeune femme qui se trouvait être devant lui. « Excusez-moi » dit-il en jetant un regard méprisant derrière lui.