house moving (fabian)

Le déménagement est planifié depuis plusieurs semaines maintenant et pourtant, je me sens prise au dépourvu. J’aurais préféré que Milo soit là pour m’aider, c’est peut-être pour cette raison que j’ai décalé les cartons un peu plus chaque jour. On avait prévu ce déménagement ensemble, mais sa mission a été prolongée, impliquant un retour plus tardif. Alors j’ai essayé de me mettre assez tôt dans les cartons, pour réussir à faire seule ce que nous aurions dû faire à deux. Ce sont eux que j’amène aujourd’hui, le reste des meubles sera pour une prochaine fois. Ma famille n’était pas disponible et comme je ne peux pas tout faire toute seule, j’ai dû m’adapter à leur emploi du temps. En quittant notre appartement dans Center Bay, j’ai chargé au maximum ma voiture. Quand on y réfléchit bien, ça n’en emmène pas beaucoup à chaque trajet. Mais les cartons ne remplissent pas tout l’espace et ça permet de glisser quelques affaires dans les coins. Ce qui est bien pratique, car quand on vit dans un logement, on ne fait pas attention à tout ce qui s’entasse, ce n’est que lors des déménagements que l’on remarque ça. Arrivée à la nouvelle maison, je commence par déverrouiller et ouvrir la porte d’entrée. Pour les différents trajets, ça sera plus simple. Puis je commence à décharger ce que j’avais mis à côté de moi, sur le siège passager. Le plus simple à vrai dire. Les choses vont se compliquer après, quand il s’agira des cartons. Je ne suis qu’à cinq mois de grossesse, mais mon ventre commence déjà à bien se voir et parfois à me gêner. En prenant mon temps, je devrais pouvoir y arriver. Mais je suis plutôt du genre pressée, malheureusement. J’ouvre le coffre et en descend un carton, je le pose au sol et en pose un autre dessus, dans l’espoir de transporter les deux. Le tout en chantonnant, ça donne un peu de force. Enfin je l’espère. « The club isn't the best place to find a lover so the bar is where I go me and my friends at the table doing shots drinking faster and then we talk slow and you come over and start up a conversation with just me. » Lorsque je relève la tête, je remarque que l’un des voisins n’est pas très loin et qu’il a sûrement entendu ce que je chantais. « Je suis désolée. » Je lâche ça, par réflexe. Je n’ai rien fait de grave pourtant. « À ce rythme-là, il va bientôt pleuvoir. Vous saurez où frapper pour vous plaindre. » Je ne le connais pas et j’ignore comment il va pouvoir réagir, j’ai donc essayé de viser large et de jouer l’humour.

La gênance, il n’y a pas d’autres mots. Je ne suis pas de nature à faire ce genre de choses en public, je ne suis pas la fille la plus extravagante, mais là, j’ai été prise de court. « Oh ne vous en faites pas il n'y a pas de mal. Chanter fait du bien. Et à vrai dire je ne chante pas non plus super bien et pourtant je chante tous les jours sous la douche donc si besoin est vous pourrez toujours venir vous plaindre auprès de moi. Puis-je vous aider ? » J’ai dû lui faire de la peine avec ma chanson, c’est ce qui me traverse l’esprit en premier. Il veut que j’en finisse vite avec mes cartons pour laisser la rue vide et paisible. Ou alors, c’est mon état, ma grossesse plutôt. Sans même une réponse de ma part, le jeune homme reprend la parole. « Je m'appelle Fabian. Et quel est le prénom de cette belle jeune femme face à moi ? » Ce genre de phrase fait toujours plaisir, surtout qu’avec Milo à des milliers de kilomètres de moi, les compliments se font rares. « Je m’appelle Emma. » « Vous savez ce que c'est ? » Dit-il à propos de mon ventre. C’est donc peut-être de là que vient sa proposition d’aide. « C’est un petit garçon. Actuellement, il doit être en train de faire cela dans mon ventre. » Sans aucune retenue, je commence à marcher à reculons en plein milieu de la rue, comme Mickael Jackson le ferait avec son Moonwalk. Bien sûr, avec moi, c’est beaucoup moins gracieux, on pourrait même se demander si je ne suis pas en train de faire une crise d’épilepsie. « Donc je dois bien avouer, qu’un peu d’aide ne serait pas de refus. » Vouloir faire ce début de déménagement toute seule n’était peut-être pas une bonne idée. Mais ayant une journée de repos, je voulais en profiter et avancer au maximum pour ne pas vivre trop longtemps dans les cartons plus tard. « Si cela ne vous dérange pas bien sûr. Je ne voudrais pas mettre à mal vos plans pour la suite de la journée. » Je ne vais pas l’embêter longtemps, juste le temps que la voiture soit vide, plus ou moins, mais peut-être qu’il a autre chose de prévu.

« Enchanté Emma et bienvenue dans le quartier. » Je lui souris. La manière la plus simple et la plus efficace pour le remercier. « Merci, c’est gentil. » Au moins, avec cette petite "visite", je suis rassurée concernant le voisinage. Ce n’est jamais facile de débarquer dans un quartier que tu ne connais pas. Il faut noter que le jeune homme semble agréable, ça ne sera peut-être pas le cas pour tous les habitants de cette rue. D’ailleurs, il s’intéresse rapidement à mon ventre et c’est avec grand plaisir que je lui réponds. « Je vois. Courage à vous pour supporter toute cette agitation. » Quand le bébé bouge beaucoup, ce n’est pas toujours agréable. Mais ce n’est qu’un mal pour un bien : porter la vie, c’est fabuleux et même s’il y a des parties plus négatives, je refuse de revenir en arrière. « Oh ne vous en faites pas à ce sujet-là. Je comptais me poser toute la journée dans ma maison. Rien de bien intéressant comme vous pouvez vous en douter Emma. » Je ne voulais pas m’imposer avec mes cartons, mais me voilà rassurée quand il me dit qu’il n’a rien d’autres à faire. « Vraiment, je serai heureux de pouvoir vous aider. » « Merci beaucoup. À deux, vider cette voiture ne devrait pas nous prendre trop de temps. » Même si j’ai quelques soucis pour soulever les gros cartons, je vais tout de même pouvoir emmener certaines choses à l’intérieur de la maison. Alors qu’il prend dans ses mains les cartons que je voulais prendre tout à l’heure, je choisis quelque chose de plus petit et ensemble, nous nous dirigeons vers la maison. « Nous avons de la chance, normalement, aucun des cartons ne doit aller à l’étage. Je ne voudrais pas être à l’origine de l’un de vos maux de dos. » Il fait déjà un effort, d’être ici, alors s’il pouvait quitter la maison dans le même état de santé qu’en y entrant, ça serait bien. « Je vous offrirais quelques choses à boire après, j’ai déjà deux, trois trucs dans le réfrigérateur. » Je lui souris, avant de lui indiquer où poser le carton : dans un coin du salon. Ça, ce sont certainement les quelques éléments de décoration qu’il y avait dans notre ancienne maison. Je n’ai plus aucun souvenir des cartons, mais j’ai eu l’intelligence sur le moment de bien noter l’endroit où ils devront aller lors du déménagement.

« Je pense que ça devrait être rapide en effet. » Physiquement, ce déménagement va être long. Mais dans mon état, je ne pouvais pas me permettre de tout faire en une seule journée. Sinon, il m’aurait fallu plusieurs jours pour me remettre et n’étant pas encore arrêtée, pour mon plus grand bonheur, je ne peux pas me le permettre. Et puis, amener les affaires petit à petit, ça me permettra de déballer et d’éventuellement ranger au fur et à mesure. En parlant des cartons, le jeune homme vient déposer le premier à l’endroit que je lui indique. « Ne vous en faites pas avec mon métier des maux de dos j'en ai régulièrement alors un de plus ou un de moins ça ne changera rien. Je suis patineur artistique chez Holiday on Ice, vous connaissez ? » C’est plutôt original comme métier, je n’avais jamais eu l’occasion d’en croiser avant. « Juste de nom, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’aller voir. Je suis sortie de mes études il n’y a que quelques mois et avant, j’avais beaucoup la tête dedans, je ne sortais pas beaucoup. » Généralement, à Sydney, j’évitais de prendre du retard dans mes cours, pour pouvoir aller voir ma famille à Canberra, pour revenir quelques jours à Island Bay ou encore pour passer tout un week-end avec Milo. Pour remercier Fabian de l’effort qu’il fait et du temps qu’il m’accorde, je lui dis qu’après avoir vidé la voiture, je lui offrirais à boire. C’est la moindre des choses tout de même. Sans lui, j’aurais pu me blesser. Ou si jamais j’avais choisi l’option maman, j’aurais dû attendre qu’elle termine son travail et qu’elle arrive ici. Ça aurait pu prendre du temps et ce temps-là, je n’aurais pas pu le mettre à profit pour ranger. « Oh merci beaucoup vous êtes sympa. » Je lui souris, avant de reprendre la parole. « Nous pouvons peut-être nous tutoyer ? J’ai l’impression de prendre trente ans à chaque vous. » Et puis dans le fond, en terme d’âge, nous ne devons pas être très différents. Je vais être maman, oui, mais dans le fond, je reste jeune. Sans compter que nous allons bientôt devenir voisins, il faudrait peut-être qu’on se tutoie. Le jeune homme prend l’initiative de retourner à la voiture une fois le premier carton déposé. Je lui enchaîne le pas et récupère un sac. À deux, tout va bien plus vite et rapidement, toutes les affaires se retrouvent dans la maison. « Et voilà, une bonne chose de faite ! » Je soupire légèrement et pourtant, ici, je ne suis pas celle qui a le plus peiné. « Merci à toi ! Qu’est-ce que tu veux boire ? Je dois avoir du soda, du jus de fruit et peut-être une bière, mais je ne suis pas sûre. »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cette rencontre tourne à l’avantage. Sans lui, j’aurais sûrement passé des heures à sortir les quelques affaires de la voiture. Ce qui est bien ici aussi, c’est que doucement, je fais la connaissance de l’un de mes nouveaux voisins. Je ne pensais pas que cela arriverait aussi vite, alors autant en profiter. « Et qu'avez vous étudié ? » « Le droit. Je suis juge d’instruction maintenant. » Un métier qui ne ressemble pas au sien, mais chaque personne est différente et chaque personne a des centres d’intérêts variés. Jamais je n’aurais fait patineuse, il en est certainement de même avec Fabian pour juge. Il arrive que mon métier surprenne. Il y a des juges femmes, mais le plus souvent, il s’agit d’hommes. À cause de la pression certainement. C’est un métier avec de grosses responsabilités et il n’est pas impossible de recevoir des menaces, rarement heureusement. Mais ça peut faire peur et ça freine les femmes à pousser les études de droit jusque là. « Je pense que c'est plus simple comme ça oui. En plus je crois que nous avons dans les mêmes âges. J'ai vingt-huit ans. » Par réflexe, je rigole légèrement. Je visais plutôt bien avec mon affirmation. « Moi aussi. » Le vouvoiement n’est donc pas de rigueur et heureusement pour moi, il accepte de passer au tu. Après avoir rangé les affaires présentes dans la voiture, nous nous retrouvons tous les deux dans la cuisine. Je lui avais promis un coup à boire, il est maintenant temps de tenir mes promesses. « Je veux bien un jus de fruits. Tu as quoi comme fruits ? » Je hoche doucement la tête, alors que j’ouvre le réfrigérateur pour voir ce qui se trouve à l’intérieur. « Un jus d'orange ce serait parfait. » « Je dois pouvoir trouver cela. » Bingo. Dans la porte, je remarque une bouteille encore fermée, que j’ai amené il y a deux jours. Je la prends avec moi et sors d’un placard, bien vide, deux verres. Je verse la boisson à l’intérieur et en dépose un devant le jeune homme. « Le quartier est plutôt bien ? Je vis et j’ai déjà vécu à Island Bay, mais jamais par ici, alors je connais un peu moins. »

« Waouh.. Respect Emma ! Ce doit être un métier difficile ! Enfin tous les métiers le sont. Mais en général les métiers dans la Justice sont compliqués. » Chaque métier est difficile à sa façon. Quand tu aimes ce que tu fais, la difficulté disparaît. Par exemple, je ne me vois pas faire son métier, jamais je ne pourrais tenir sur des patins. Je ne suis juste pas faite pour cela. « Il y a beaucoup de choses à retenir, c’est surtout ça qui est compliqué. » Un peu comme la médecine, mais le sang, très peu pour moi. Je serais parfois amenée à en voir sur les photographies de certaines scènes de crime. Mais je le préfère là qu’entre mes mains. La bonne mémoire et le surplus d’informations pendant les études ne sont pas les seuls points communs avec la médecine. Enfin, selon moi. Dans les deux cas, la vie de personnes est en jeu. « Ça se passe bien pour toi ? » « Ça va. C’est le début pour l’instant et puis, je vais bientôt devoir m’arrêter. À cause de ça. » Dis-je, tout en indiquant du doigt mon ventre. Nous discutons encore un peu, apprenant que nous avons tous les deux le mêmes âges. Comme quoi, le hasard est parfois surprenant. Après cela, je me renseigne sur le quartier. Si quelqu’un ici peut me renseigner, c’est bien quelqu’un qui habite ici. « Franchement le quartier est sympathique et les habitants ici sont plutôt cools. Tu auras toujours des petites vieilles qui écoutent un peu trop et qui veulent tout raconter à tout le monde mais c'est le cas de partout j'imagine... Sinon en soit tout est parfait. Les éboueurs passent deux fois par jours c'est un endroit très propre et ça selon moi c'est un sérieux plus. » Je rigole légèrement à sa remarque concernant les petites vieilles. Dans le fond, c’est marrant de voir que ces personnes s’intéressent autant à la vie du quartier, mais est-ce que cela va me plaire ? Je n’en sais rien. J’ai des choses à cacher et autant dire que je préférerais qu’elles restent où elles sont pour l’instant. « Tu n'as pas toujours vécu ici si je comprends bien ? » « Non. Je suis partie pour mes études, en Australie. L’université était un peu plus reconnue qu’ici, mais dès que je suis partie, je savais déjà que j’allais revenir. » Island Bay n’est pas la ville la plus connue sur Terre et pourtant, je ne voudrais être nulle part qu’ici. « Mon diplôme en poche, j’ai fait mes valises et je suis revenue. » C’est peut-être parce que ma famille est ici, ou alors parce que j’ai grandi ici. Ou alors.. parce que c’est ici que j’ai vu mon père pour la dernière fois. « Tu as grandi ici, toi aussi ? Qui sait, nous étions peut-être dans la même classe. » Depuis le début, le hasard fait que nous avons des points communs. Alors qui sait, peut-être que cela va encore un peu plus loin.

« Tu es à combien de mois ? » À ces mots, je viens machinalement passer une main sur mon ventre. Ce petit être grandi à une vitesse folle et dans pas si longtemps, il sera ici : on sera une famille. « Cinq mois. Mais j'ai l'impression que ça fait trois. Le temps passe très vite. » Il faut dire qu'avec le boulot, les journées paraissent plus courtes. À cela s'ajoute la préparation pour sa venue et quand il s'agit du premier enfant, ça prend du temps. Je ne compte plus les heures que j'ai passé dans des magasins de puériculture. D'ailleurs, dans quelques jours je devrais y retourner pour acheter les meubles principaux. Dans l'idéal, il faudrait qu'ils me soient livrés. Les monter n'est pas un problème, mais il faudrait que quelqu'un les transportent jusque dans la pièce prévue pour le bébé. À mesure que la conversation avance, il me demande si je suis déjà partie d'ici. J'ai déjà eu l'occasion d'y faire référence, alors il ne fait que se renseigner. Je lui parle de Sydney, tout naturellement. La fin de mon séjour a été un peu bizarre, mais hormis cela, j'en garde un très bon souvenir. Une fois ma réponse donnée, je me renseigne sur sa situation à lui, ironisant sur le fait que nous avons peut-être été dans la même classe enfants. « Pas le moins du monde. Je suis arrivé ici il y a dix ans. Je suis américain, natif de San Diego en fait. » Je hoche la tête. En effet, avec ces milliers de kilomètres entre eux, il n'était en effet pas possible qu'ils se retrouvent dans la même classe. « Je vois ce que tu veux dire quand tu dis que tu savais que tu allais revenir ici... Island Bay prête à donner envie de rester vivre ici. C'est vraiment une très belle ville. Je me sens plus chez moi ici qu'à San Diego et pourtant j'y suis né. » « Ça doit être joli aussi. Je n'ai jamais eu la chance d'aller sur le continent américain, pour l'instant en tout cas. J'aimerais voyager plus tard. » Hormis la Nouvelle-Zélande et l'Australie, je n'ai rien fait. C'est déjà bien pour certains, mais pas pour moi. J'ai envie de découvrir de nouvelles choses. Quand le bébé sera venu au monde et qu'il aura grandi, je pourrais l'emmener avec moi. On partira avec.. Milo ? Peut-être. L'avenir est un peu flou de ce côté-là, on verra bien ce que ça donne. Alors que nous discutons, mon téléphone se met à sonner. Avant de répondre, je regarde le destinataire. Si ce n'est pas urgent, cela pourra bien attendre. Malheureusement, il s'agit du tribunal. « Excuse-moi, je dois répondre. » Le boulot. Je prends un peu mes distances et décroche. Sur un dossier que j'ai en commun avec un collègue, il manque un document et il n'arrive pas à remettre la main dessus. Cela aurait pu attendre demain, enfin ça, c'était si la clôture du dossier n'avait pas lieu ce soir. Malheureusement, je vais devoir aller faire un tour au tribunal. « Je suis désolée, je vais devoir partir. » Dis-je à Fabian alors que je reviens vers lui.

« Tu dois être impatiente. » Je ne peux m'empêcher de hocher la tête. « En effet. Et pourtant, je repousse toujours tout au lendemain en ce qui concerne ma grossesse. Avec un peu de chance, les meubles seront montés avant qu'il n'arrive. » C'est surtout cela le plus dur. Avec Milo en mission, je suis seule ici et je ne peux pas savoir jusque quand. Alors la chambre du bébé, je serais peut-être obligée de la monter toute seule. Seulement, je sens que je vais repousser cela au maximum et si cela se confirme, j'aurais sûrement un ventre bien rond lors de la construction et donc une endurance limitée. Ma grossesse semble l'intéresser, ce qui n'est pas plus mal, car depuis que je sais que je suis enceinte, je suis capable de parler des heures de ce bébé, même si j'ignore encore qui est le père. Mais ça, c'est un autre problème. Afin d'éviter sur ce terrain dangereux et d'éventuellement faire une bourde, nous changeons de sujet. N'étant pas d'ici, le jeune homme m'explique les différences qu'il y a entre ici et sa ville natale. « San Diego est un bel endroit c'est vrai. Mais il fait beaucoup trop chaud là-bas c'est scandaleux. Ici au moins je me sens mieux... Il fait chaud ici aussi mais à San Diego c'est particulier, c'est à côté du désert après tout donc ça te donne une idée. » « En effet. Ce n'est pas une température dont j'ai l'habitude. Ici, il y a toujours des périodes ou tu retrouves un air respirable. Vivre à côté du désert toute l'année, ça ne doit pas être facile. Même si à force, tu dois avoir l’habitude. » À Sydney, c’était plus ou moins la même chose. Il faisait peut-être un peu plus chaud là-bas, mais rien d’extrême comparé à un désert. Ça doit être compliqué pour une personne normale, alors je n’ose même pas imaginer pour une femme enceinte et pour un jeune enfant. Je vais donc attendre avant d’envisager aller faire un tour à San Diego. En pleine conversation, mon téléphone sonne et je suis obligée de répondre : c’est mon boulot. Une urgence pour un dossier qui doit rapidement être bouclé. « Il n'y a pas de problèmes, je comprends parfaitement. Eh bien je vais m'en aller et retourner à la maison. Si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas surtout. » Un large sourire, plus qu’honnête, se dessine sur mon visage. Nous ne savons jamais vraiment à quoi nous attendre avec nos voisins, mais je dois avouer que Fabian n’est pas désagréable. « Je n’hésiterais pas. Surtout si j’ai des problèmes avec les voisines, je viendrais chercher des conseils. » Dis-je en référence à ce qu’il m’a dit un peu plus tôt. Nous nous disons au revoir et le jeune homme quitte la maison. Je dépose les verres dans le lave-vaisselle et pars à mon tour pour me rendre au tribunal de Wellington.