bad vibrations - odessa

❝ bad vibrations. ❞
odessa & elsa

Je jette mon téléphone sur l’une des deux chaises de la chambre, celle sur laquelle j’avais l’habitude de passer mes nuits lorsque je veillais auprès de Roméo à l’hôpital, et fait les quatre cents pas dans la chambre en m’imaginant tous les scénarios possibles. Je devrais être plus préoccupée par la santé de mon fils, mais je dois maintenant gérer un autre problème, tout aussi délicat. J’espérais du fond du cœur de ne pas avoir à en arriver là, mais il semblerait qu’Odessa ne soit pas du même avis ; c’est compréhensible, enfin je crois. Ça doit être l’instinct maternel, mais je n’ai vraiment pas besoin de cet éveil de l’instinct maternel ce soir. Aurais-je dû lui mentir ? L’aurais-je seulement pu ? J’imagine que non. Et je ne me voyais pas le faire non plus, puisque ça n’aurait de toute façon fonctionné qu’une heure ou deux, tout au plus. Ce que je voudrais, c’est pouvoir stabiliser mon petit bout avec mon équipe sans avoir à gérer d’autres problèmes à côté de ça, notamment la tornade Odessa qui s’annonce.

J’arpente le dernier couloir qui me relie à l’accueil et, par extension, à l’entrée du bâtiment. Et là, mon cœur se serre. Mes mains se mettent à trembler, si fort que je ressens le besoin de croiser les bras pour essayer de limiter cette sensation de terreur. Des disputes, nous en avons eues, mais jamais comme celle qui s’annonce. Les soins de Roméo devraient pouvoir passer en premier, mais je ne veux pas commettre d’erreur sous prétexte qu’Odessa est en train de hurler derrière moi. Enfin, j’arrive jusqu’au hall et la voilà, la furie Odessa, en panique à deux pas de l’accueil. Je ferme un instant les yeux pour essayer de faire le vide et, alors que je les rouvre, son regard croise le miens. Je prends une grande inspiration en guise d’élan de courage puis me précipite vers elle. Une fois à ses côtés, j’attrape – plus violemment que je ne le voudrais – son bras pour l’emmener vers l’extérieur. « Tu viens avec moi. » Je pousse la porte et la lâche une fois assez loin pour être certaine que j’aurais le temps de la rattraper si elle se décide à rentrer de force dans l’hôpital. Je joins mes mains sur mon visage avant de hausser le ton. « Je t’avais dit de ne pas venir ! Je te l’avais dit ! On s’occupe de lui, Odessa, mais on ne peut pas le faire si tu es là ! » Puis viennent mes premières larmes, accompagnées d’une nouvelle vague de tremblements. Je m’essaye à prendre Odessa dans mes bras, même si je suis déjà persuadée qu’elle ne cherchera qu’à me repousser. « S’il te plaît, je ne veux pas que tu vois tout ça Odie… Tu n’as pas besoin de voir tout ça. Penses au bébé. S’il te plaît... » Je finis de la supplier d’une voix effacée, et les yeux rougis par les larmes. J’essaye d’attraper les mains de ma compagne, de lui faire comprendre que je suis là, que malgré les apparences je ne suis pas contre elle mais avec elle.