Hey sister ! ~ Emma

Ce matin, déjà au boulot, j’ai reçu un message étrange de ma mère, m’indiquant qu’il y avait du monde à la maison. Je n’ai pas tout de suite compris de quoi elle parlait. J’ai d’abord pensé qu’elle s’était trompée de destinataire. Après tout, elle disait peut-être à quelqu’un d’autre qu’elle avait des invités chez elle. Ne vivant plus sous son toit, ce qu’elle fait de ses journées ne me regarde pas vraiment. Néanmoins, malgré cette possible erreur de destinataire, je prends la peine de lui répondre. Plus de réponses, ce n’est que deux heures plus tard qu’elle m’indique que mon frère est chez elle. Elle ne peut pas parler des jumeaux, alors il s’agit obligatoirement de Newt et je dois avouer que cette nouvelle m’a fait bizarre. Je pensais qu’il prendrait la peine pour me dire qu’il rentrait. Mais pourquoi un retour précipité, il ne devait pas rentrer avant plusieurs mois, années peut-être. Pour avoir des réponses, je devrais aller le voir, mais la journée s’annonce chargée et j’ignore quand j’aurais un peu de temps pour passer le voir. Finalement, ce n’est que le lendemain que j’ai la possibilité d’aller chez ma mère, entre une nuit blanche et une nouvelle journée de travail. Lorsque j’arrive, c’est ma mère qui m’accueille. Elle m’indique que mon frère se trouve dans sa chambre, dans son ancienne chambre devrais-je plutôt dire. Je marche jusqu’à elle et m’appuie contre l’encadrement de la porte après l’avoir ouverte. Je croise mes bras contre ma poitrine et tente de froncer les sourcils un peu. Je suis juge, pas policière, alors jouer au mauvais flic, je ne sais pas faire. « Emma ! » Mon mode "grande-sœur pas contente" ne peut bien sûr pas durer et quand il s’approche de moi, je ne peux m’empêcher de le prendre dans mes bras. « Désolé, je suis rentré dans la précipitation et avec la fatigue j'ai pas encore pris le temps de vous prévenir. Comment tu vas toi ? » « Vraiment ? Même pas un SMS ? » Sa question n’a pas beaucoup d’importance, elle préfère lui faire la morale avant. « Je vais bien et ... » Je n’étais pas loin de terminer ma phrase, mais la présence de cette petite-fille dans le lit que mon frère occupe me stoppe dans mon élan. Ce n’est pas que je suis réticente aux enfants, je n’en aurais pas fait un sinon, mais cela me surprend. « C’est qui ça ? » Je n’y vais pas par quatre chemins et surtout, je ne tarde pas à lui poser la question. Elle est ici et nous n’allons pas pouvoir tourner autour du sujet très longtemps, alors autant qu’il me dise toute la vérité maintenant. Il s’attendait peut-être à un meilleur accueil, mais pour ça, il aurait au moins dû prévenir.

Je suis ravie de revoir mon frère, mais lorsque je débarque dans sa chambre, je remarque la petite fille et comme toute bonne sœur qui se respecte, je l'interroge à ce sujet. Il ne prévient pas de son retour, plus ça, ça commence un peu à faire beaucoup. « C'est Pansy, la fille d'Enzo, mon meilleur ami. » Jusque là, rien d'inquiétant. Si c'est la fille d'Enzo, il devrait venir la récupérer dans pas longtemps. « Enzo et Sarah ont eu un accident de voiture, ils sont morts tous les deux. C'est moi qu'ils ont choisi pour prendre soin d'elle... » Finalement, il ne viendra pas. Je regarde alors mon frère, quelque peu sous le choc. En l'instant de cinq minutes, il vient de prendre tellement de responsabilités à mes yeux. C'était un bébé et voilà que désormais, il devait s'occuper d'une petite fille qui n'était pas la sienne. Néanmoins, il a l'air de s'en sortir, plus ou moins. Suffisamment pour quelqu'un à qui l'éducation d'un enfant arrive par surprise. « C'est pour elle que je suis rentrée et c'est pour ça que j'ai pas trop eu le temps de te prévenir, j'ai tout à apprendre. » Il y a une certaine explication à cela. Avoir une petite fille sur les bras du jour au lendemain, ça ne doit pas être facile. Avec ma grossesse, je me sens parfois submergée et pourtant, j'ai le temps de me préparer avant l'arriver du bébé. Alors là. Surtout que Newt n'avait aucune expérience de paternité, pas à ma connaissance en tout cas et j'espère bien que si c'était le cas, alors il me l'aurait dit. « Tu me pardonnes ? » Je le regarde, en fronçant légèrement les sourcils. Bien sûr, je ne fais que plaisanter. Je ne peux pas lui en vouloir pour cela. J’aurais aimé être au courant de son retour, histoire de l’accueillir un peu mieux et un peu plus tôt, mais c’est comme ça, c’est la vie. Maintenant que c’est fait, nous ne pourrons pas revenir en arrière. « Pour cet enfant ? Je suis obligée je crois, elle est bien trop mignonne pour refuser. »  Je ne sais pas pourquoi, c’est plus fort que moi, les enfants me rendent gaga. C’est peut-être pour cela que la maternité ne me fait pas peur, pas encore du moins. « Tu ne lui parles pas, pourquoi ? » Avec mon métier, j’ai tendance à observer, beaucoup. Et forcément, quand il a interagit avec elle, j’ai bien remarqué qu’il ne le faisait pas comme les autres parents le font avec leurs enfants. Avec ce qu’elle a vécu, la perte de ses parents, ça serait justifié qu’elle soit quelque peu renfermée sur elle-même, mais il y a peut-être autre chose.