[Preve#3] Ce "chez nous" qui sera un jour

ce "chez nous" qui sera un jour

Ils avaient décidé avant ce tremblement de terre qu’ils se lanceraient dans la visite d’appartements. Quand Priam avait proposé de repousser, Eve avait catégoriquement refusé. Pas question de se priver de ce plaisir qui signifiait que l’échéance de l’indépendance approchait à grand pas. De plus, elle avait appuyé sur le point fort de la situation : ce serait un test grandeur nature d’accessibilité des appartements. Eve et ses deux béquilles allaient prouver que le logement serait à toute épreuve. Ils s’étaient donnés rendez-vous devant le premier logement à découvrir, chacun arrivant d’un côté différent de la ville. Elle avait prévu large en temps ne sachant quelles embuches elle allait trouver sur son chemin. Avancer sur un trottoir à l’état pitoyable comme s’engouffrer dans un bus bondé de monde pouvait s’avérer difficile. Au final, le parcours s’était fait plus facilement que prévu, ses béquilles et son sourire lui avait ouvert une voie royale partout où elle était passée.

Première rendue malgré son handicap, ou plutôt, grâce à son handicap ! Avant même de discuter de l’intérieur, ils n’ont pas réussi à choisir le quartier. Le coeur de ville, les collines face à l’océan, le secteur au plus proche de Wellington... Chaque coin a ses avantages et ses inconvénients, de la vue imprenable à la proximité de tous les commerces ou lieux de travail. Ils ont donc convenus de faire des trajets pour en voir la facilité et d’ouvrir les fenêtres comme au petit matin quand ils se réveilleront dans leur chambre bien à eux. Se préoccuper aussi de l’espace, des équipements pré-installés, de la bouille des voisins s’il y en a, grognons ou rieurs dès le premier regard. Bref, il faut penser à beaucoup de choses dans ce choix. Même si les coups de coeur ajouteront du poids, le prix du loyer sera malheureusement un veto pénible. Eve craint qu’ils doivent renoncer à quelque chose de génial pour un truc vaguement potable pour cette dernière raison. Pour l’heure, elle ne veut cependant pas renoncer au bonheur que procure cette quête de leur futur nid douillet.

ce "chez nous" qui sera un jour

Eve a un large sourire quand elle voit arriver son ami au bout de la rue. Elle pourrait courir jusqu’à lui pour l’accueillir sauf que avec les béquilles ce serait une course étrange. Elle l’attend sagement. C’est nettement plus prudent.

« Ça va et toi ? »

Ils s’embrassent. Elle soupire, quelques explications sont de mise en effet.

« C’est rien. Je vais bien. Je me suis trouvée au mauvais endroit l’autre jour. Tu sais le tremblement de terre... Méchant truc. Toi, tu es en un seul morceau, c’est bien.»

Elle le regarde façon poussin tombé du nid en s’appuyant sur sa jambe valide et une béquille.

« Je sais, ça parait... »

C’est vrai qu’elle parait amochée, c‘est vrai qu’elle l’est, mais elle est trop excitée par le programme visite d’appartements pour se laisser aller.

« C’est pour quelques jours seulement. »

Certes, le médecin lui a conseillé d’éviter de gambader à tout va et il a mentionner plus que quelques jours, mais le jour est trop beau alors pas question de céder à la tristesse et à l’immobilité.

« Je prends ça pour aubaine. Tu vois si je peux visiter l’appartement sans encombre, en boitillant, c’est qu’il conviendra si on se retrouve avec le moindre soucis.»

Elle ne veut pas non plus s’attarder à énumérer les pires handicaps qui pourraient leur tomber dessus. Les catastrophes ne sont pas invitées dans leur future vie en colocation.

« Dis-moi plutôt ce que tu pense du coin.»

La première impression compte beaucoup. Difficile de vivre dans une rue où on se sent mal.

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Quand Priam mentionne les boutiques, Eve se tourne pour vérifier leur présence.

« Oui, génial. On n’aura pas loin à aller. »

Ni l’un ni l’autre n’ayant de voiture, la proximité est importante. Son ami s’impatiente, et elle le comprend très bien. Elle regarde son portable pour vérifier l’heure et si elle n’a pas reçu de message qu’elle n’aurait pas perçu.

« Normalement, il devrait être là. »

De nouveau, elle regarde autour d’elle, cette fois pour repérer quelqu’un qui viendrait vers eux.

« Je crois que stationner dans le coin n’est pas la chose la plus facile. »

Ils ont la chance de ne pas avoir à se soucier de cela. Une voiture n’est pas dans leur moyen. Eve, en plus, n’a pas prévu d’apprendre à conduire, le traumatisme de son accident de la route est encore présent malgré les années, trop peur d’être incapable de gérer si un véhicule fonce sur elle. Un jour, peut-être qu’elle essaiera, mais ce n’est pas pour tout de suite.

« Ah ! Je crois que c’est lui, là-bas. »

En effet, un homme, tout sourire, semble s’intéresser à leur présence devant l’immeuble. Il les rejoint et se présente, ajoutant des excuses pour les avoir fait attendre. Il se lance directement dans des explications sur le voisinage et les entraine dans le hall. Les escaliers, par-là, l’ascenseur de l’autre côté. Remarquant les béquilles, il se fait curieux de ce qui lui ait arrivé. Eve a la même réponse que pour Priam. Il se met aussitôt à les rassurer sur la qualité de la structure qui répond à toutes les normes de sécurité, entre autre pour les tremblements de terre. L’excitation est à son comble quand ils se retrouvent devant l’appartement. Eve se rapproche de Priam jusqu’à ce que son bras le touche, elle prendrait volontiers sa main. Elle retient son souffle quand l’agent immobilier tourne la clé dans la serrure. Il ouvre la porte et s’écarte pour les laisser entrer en premier.

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Le premier appartement qu’ils visitent. Voilà un évènement qui restera dans la mémoire. Eve retient un battement de coeur. Elle retient sa respiration. L’un ou l’autre, les deux, elle ne sait plus, mais elle retient quelque chose. Cela tient du geste sacré de franchir le seuil du logement. Priam est concentré sur sa visite. Elle sent bien qu’il observe la taille des pièces, la qualité de la cuisine et de la salle de bain sur laquelle insiste l’agent immobilier. Eve voit là un nouveau pas vers sa liberté. Enfin avoir un vrai choix dans sa vie. Un choix qui en conditionnera de multiple, ce n’est qu’un début. Elle aussi inspecte le lieu avec minutie, surtout elle les imagine tous les deux dans leur futur quotidien.  Elle imagine aussi une autre présence. Si elle invite Lilith, comment bouger entre ses murs, où l’installer, y aura-t-il un canapé confortable ? Et Priam, s’il invite aussi quelqu’un, il faut une table pour quatre pour diner, cuisiner pour quatre. Son ami déclare ouvertement que le lieu lui plait. Il est vaste et bien pensé, en excellent état, avec une vue sympathique. Elle hoche la tête en réponse à la question du jeune écrivain. Elle se tourne à son tour vers l’homme qui a le sourire particulier de celui qui croit que l’affaire est faite.

« Quel est le loyer ? »

La jeune femme guette le nombre avec inquiétude. Trouver le lieu parfait dès la première visite, on appelle cela un miracle. L’agent se met à vanter une nouvelle fois chaque élément mettant l’appartement au sommet des meilleurs endroits et glisse en douceur le montant entre deux éloges. Eve fait une petite moue. L’appartement était parfait avant que le prix soit annoncé. Même si elle ne fait aucune remarque sur le sujet, son esprit ne manque pas de lui offrir un “il n’a qu’un seul défaut, le prix du loyer.” Elle se contente d’onomatopées.

« Hum ! Hum ! »

Elle refait un tour, plus rapide cette fois, de chaque pièce. Quand elle revient près du loueur, elle lui sourit.

« Nous ne voulons pas nous emballer trop vite. Je vous avez mentionné que nous voulions voir plusieurs appartements. J’aimerai beaucoup les visiter avant de prendre la moindre décision. »

Puis s’approchant de Priam, rien que pour lui, elle fronce les yeux avec une moue plus insistante, mais c’est toujours à l’agent qu’elle s’adresse.

« Il me semble que je vous avais indiqué au téléphone un prix maximum. »

Hors, celui-ci dépasse leur plafond. L’homme rétorque bien évidemment que c’est le meilleur appartement qu’il est à proposer, que bien sûr il va leur en montrer d’autres, mais celui-ci il est évidemment parfait comme l’a si bien dit Priam, et puis il y a un autre couple sur l’affaire, mais eux sont sympathiques, blablabla. Eve n’est pas prête à céder ainsi. Elle veut voir les autres. Peut-être seront-ils moins parfaits, mais c’est à Priam et elle d’en juger. Les coeurs, parfois, ignorent quelques imperfections pour apprécier une particularité qui rend unique. Et il leur faut un lieu unique où les lignes et les espaces n’auront pas à rivaliser avec la manne créative qui s’en dégagera et portera Priam à écrire des choses magnifiques, un lieu où ses rêves à elle prendront vie.

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La prochaine visite est dans vos prix. L’agent l’annonce avant que vous ne descendiez de sa voiture. Rien que la façade tranche avec l’autre immeuble. Il est visible qu’il a de l’âge ! Le couloir déambule devant plusieurs portes dont certaines ne retiennent pas les bruits de conversations. Pas d’ascenseur, mais un vieil escalier. Il a son charme pourrait-on dire. Les marches qui craquent laissent soupçonner que la nuit on repère sans mal un voisin qui descend ou monte. Il l’avait dit, plus petit ! Deux chambres, un coin cuisine et repas. Pour ce qui est d’un canapé... inutile d’en acquérir un, hormis si vous souhaitez le positionner verticalement. Tant qu’à la superbe vue sur la cours intérieure ! Eve ne veut pas dramatiser, après tout, ils s’en doutaient un peu qu’au prix qu’ils s’étaient fixé, il ne fallait pas se faire trop d’illusions. Elle sourit à Priam.

« Si tu as envie d’écrire un remake de “Fenêtre sur cours”, c’est parfait. »

Elle préfère le faire en plaisantant. L’homme saute sur l’occasion pour préciser que vous avez accès à cet espace extérieur partagé et que certains locataires en profitent pour y faire quelques grillades sur le barbecue qui s’y trouve. Eve ne sait pas s’il faut prendre cette particularité du lieu en positif ou négatif. Elle imagine que tout le monde peut profiter de l’odeur sans pour autant partager le repas. Pourtant cela peut être un moyen de faire du convivial entre les voisins ? A voir, rien n’est sûr, elle veut rester optimiste. Elle entre dans une chambre. La tapisserie étale des “Actionman” dans toutes les positions caractéristiques de ce type de personnage. Elle reste immobile, sans oser avancer d’avantage, l’impression de ne pas être chez elle, la sensation qu’un gamin va débouler derrière elle, la pousser pour pénétrer dans son antre, armé de jouets à connotation violente. Priam, lui, s’est engouffré dans l’autre chambre. La chambre des parents. Elle va le rejoindre.

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Cette fois, c’est Priam qui s’exprime le plus sur l’appartement pas beau, pas grand, pas cher, certes, mais qui ne donne pas envie. Eve ne se voit pas dans ce clapier. Et Priam énumère ce qui fait que lui non plus ne s’imagine pas vivre ici. Elle se dirige vers la porte sans plus de commentaires sur le logement visité. Par contre, elle a tout de même quelque chose à dire.

« Avez-vous autre chose à nous proposer ? »

Presque sûre que oui, presque sûre qu’il va leur montrer un autre truc qui les fera regretter le premier appartement trop parfait. Elle suppose que c’est le jeu, amener le client vers ce que le professionnel souhaite caser. Sa commission n’en sera que plus forte ! Les voilà repartis. A l’autre bout de la ville ! L’impression d’avoir fait une distance infinie et d’être tout à coup loin du centre, loin des commerces, loin de son lieu de travail. Ils tournent dans la banlieue pavillonnaire. L’homme semble hésiter sur la route. Cela donne clairement l’impression qu’ils sont au milieu de nulle part. Pourtant Eve a repéré un arrêt de bus. Au moins c’est desservi ! A bien réfléchir, la ville n’est pas une mégapole et commençant à comprendre le fonctionnement de leur agent immobilier, elle se demande s’il n’a pas fait un détour pour leur donner cette impression de distance. Ils s’arrêtent devant un jardin à l’abandon au point que la maisonnette semble perdue au milieu des herbes folles. Pourtant Eve souris, parce que son imagination a commencé à travailler. Elle glisse sa main dans celle de Priam.

« Un jardin. On pourra avoir des fleurs et des légumes. »

Elle le voit ce jardin fleuri, ces allées serpentant dans le potager. Elle se souvient de cette passion qui l’avait prise après son accident fatal. Elle avait planté des fleurs partout chez ses parents. Elle sent que l’envie lui revient, la voilà motivée et traçant dans sa tête les futurs parterres. Il n’y a qu’une chose à souhaiter, c’est que les voisins ne possèdent pas de chat ! C’est par cette bestiole que son malheur est arrivé. Puis tendant la main pour que Priam comprenne bien de quoi elle va parler.

« Il y a aussi des arbres fruitiers. »

L’agent immobilier pousse le petit portail qui grince et leur précise que les propriétaires n’ont pas enlevé les meubles qui appartenaient à leur mère, comme la maison d’ailleurs. Si Priam et Eve veulent les conserver le surplus sera minime, ils ne veulent pas payer des déménageurs pour tout rapatrier sur Auckland. Des pavés posés les uns à côté des autres ont résisté à l’envahissement végétale et mènent jusqu’à la porte d’entrée. Eve jette un coup d’oeil à Priam. Peut-être que celle-ci...

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Eve, ses vies, sa mort, Eve qui perçoit les choses à sa façon, Eve enfermée trop longtemps dans un asile psychiatrique, Eve qui spontanément s’est mise à faire pousser des fleurs magnifiques chez ses parents, Eve qui fait partie d’un groupe de chasseurs de fantômes, Eve qui a des images qui lui viennent de son expérience de mort imminente où s’imbriquent mille vies possibles mais toujours avec une même personne, Eve qui s’arrête et contemple la maison comme la maison la regarde. Un échange entre elles deux. Eve sourit parce qu’elle ressent une bienveillance venant de cette demeure qui a une “âme”. En entrant, ce qu’elle voit ce n’est pas la maison abandonnée depuis plusieurs mois, c’est ce qu’elle était quand la vieille dame y demeurait. Elle sent l’odeur du bois cirée, celui d’un chocolat chaud et d’une tarte qui cuit dans le four. Elle a eu peur un instant que Priam soit rebuté par l’aspect vieillot de l’ameublement mais il semble emballé. Ils étaient partis dans l’idée de louer un appartement en ville, mais cette maisonnette en périphérie peut aussi convenir. Eve acquiesce à chaque “génial” de son ami. Les chambres, elle sait celle qui appartenait à l’ancienne propriétaire, l’autre, elle s’y attarde un peu plus. La bienveillance captée s’est transformée en amour inconditionnel d’une mère pour son enfant, une petite fille devenue femme mais qui est restée blottie dans ce cocon. Ce sentiment qui a manqué à Eve quand elle était adolescente, loin des siens qui l’ont rejetée. Il n’y a pas de photo, c’est dommage. Elle cherchera, peut-être y a-t-il des traces quelque part. Son expérience de chercheuse en phénomènes paranormaux, lui fait penser qu’il y a toujours des traces. Elle en trouvera et vérifiera si cette sensation fugace qui l'a traversée à une réalité tangible. Le garage en tant que tel ne leur servira pas, pas pour l’instant en tout cas, mais comme remise, abri de jardin et atelier... Elle imagine des outils. Elle les imagine en train de retaper de-ci de-là un morceau de plancher, la tuyauterie de la cuisine. Elle ne s’y est jamais essayé, mais après tout, le jardinage lui a été facile alors qu’elle y connaissait rien. Priam et elle ont le même regard qui s’attarde sur la piscine gonflable. Il a aimé, elle lui répond sans hésitation.

« Moi, aussi. »

Vient la question délicate, celle du loyer. Il est au seuil de ce qu’ils avaient convenu. Les meubles sont en plus. Cela mérite réflexion. D’un côté, c’est un investissement en moins, de l’autre il est en plus.

« Nous allons réfléchir. »

Bien sûr, l’agent parle d’un possible autre locataire. Voilà qui n’étonne plus La jeune femme.

« Nous voulons être sûrs pour le montant supplémentaire pour les meubles. Donnez-nous le dès que vous l’aurez et nous pourrons confirmer ou non. Mais pour l’instant... »

Elle jette un coup d’oeil à Priam avant de poursuivre.

« C’est le mieux que vous nous ayez présenté. »

Il les tiendra au courant. L’affaire est bien engagée mais rien n’est encore définitif, eux doivent recalculer, être certains que tous les mois ils pourront payer. Ils se séparent sur le trottoir. Priam et Eve se dirigent vers l’arrêt de bus tout en discutant, c’est aussi une chose à vérifier qu’ils ne se prennent pas la tête pour faire le chemin vers le centre ville en étant trop à l’écart.

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Priam invite Eve à diner chez lui. Cela sonne comme une petite fête. Ils ne rentrent pas totalement bredouille de leur journée de visite. Il y a peut-être quelque chose qui va convenir parfaitement. Ce sera aussi l’occasion d’avoir l’avis des parents de son ami. Elle sait que ce sera le sujet de la soirée car ils attendent de savoir comment la rencontre avec l’agent immobilier.

« D’accord. Je préviens mes parents qu’ils ne m’attendent pas. »

Elle envoie un sms à mère alors que le bus arrive. Eve ne veut pas s’emballer, elle veut compter, une nouvelle fois, les frais que la maison et leur vie indépendante va couter. Elle est prête à faire quelques sacrifices sur l’habillement et les sorties, privilégier le jardinage qui peut remplir l’assiette de produits frais. Elle ne veut pas imaginer trop vite pour être déçue ensuite, mais dès Priam commence à parler de son engouement, elle craque.

« Oui la déco ! La tapisserie à refaire, les bibelots à enlever, peut-être pas tous mais en grande partie. Les meubles, on peut les repeindre, j’ai vu sur internet des tutos pour cela. Il y a plein d’exemples. Une maison, c’est génial, tu as raison. Il y a largement de la place à l’intérieur pour nous deux. L’extérieur est très cool. Il y a du travail mais on peut mettre le lieu à notre goût. »

Elle est enthousiaste. Elle a lâché prise.

« Je reconnais le premier appart, il suffisait d’entrer à l’intérieur et de défaire nos valises pour être au paradis, mais la maison a une âme et ça, c’est inestimable. »

Eve, la voyageuse entre la vie et la mort, sait plus que tout autre l’importance de l’âme, de cette part de nous qui reste. Sur ce sujet, sa foi chrétienne reste intacte. La vie ne s’arrête pas quand l’enveloppe charnelle cesse d’exister. La maison a gardé ce quelque chose de son ancienne propriétaire. Elle l’a senti. Elle a surtout senti qu’ils y seront heureux sous cette bienveillance.

« Bon, on ne doit pas foncer à faire trop de plan, mais je vais rêver cette nuit de notre emménagement. »

Adieu la retenue, bonjour les plans pour le déménagement.