came to town like a midwinter storm → rafa

« Tu sais quoi ? Je n'ai pas envie de te gâcher la surprise, tu verras bien une fois à la maison. » Il dit surtout ça pour la taquiner et peut-être un peu pour la faire flipper, comme avec les poupées. Après, ce n'est pas sa décoration préférée, mais on s'y fait. Rafa lui demande ensuite pour les fleurs, parce que clairement, ce n'est pas le cas de tout le monde, les gens acceptent les fleurs d'autrui et ils finissent bien souvent par pourrir sur un comptoir ou bien tout simplement à la poubelle. C'est un important festival dans la ville de Medellín, pour l'heure, il serait trop tard pour fêter cela, étant donné que c'était en début août, mais ils pourront toujours se rendre à Barranquilla, pour le carnaval en février, eh ouais, l'hiver est chaud là-bas, ce qui peut déstabiliser les personnes ayant l'habitude d'avoir les deux pieds dans la neige et ayant l'habitude des températures en bas de zéro, là-bas, c'est tout le contraire, gros soleil et de la chaleur, pas de bottes, ni de manteau, que des tenues légères. Quoi qu'il en soit, il aimerait bien l'emmener dans l'un des deux festivals ou peut-être un autre, selon le mois où ils iront en Colombie, ça peut varier. Il hoche la tête. « J'ai hâte de te faire découvrir ma ville et les régions de Colombie ! » Parce qu'ils ne font pas que de la meilleure cocaïne là-bas. Les préjugés, c'est souvent ça, la drogue, la corruption en politique, et ils n'ont pas tellement tort d'un côté, mais de l'autre, ce pays a beaucoup à offrir aux gens. Il est plutôt bon danseur, ce n'est pas sa vocation, mais il se débrouille bien sur une piste de danse. « Ça va de soi, señorita. » Ce n'est pas qu'il ne veut pas de dessert, mais il a encore le goût du corn chili dans la bouche et il aimerait bien pouvoir digérer tout cela avant de s'attaquer à un plat potentiellement sucré. Il se lève donc de sa chaise, il s'étire tout doucement les bras avant de remettre son chapeau sur la tête. « Allez, allons-y. Et j'imagine qu'on se dirige vers le spectacle par la même occasion ? » Il se demande seulement quand le show commence, il est un peu impatient d'y hâte.

En entendant la réplique de Rafa, Vesper fait mine de froncer les sourcils, mécontente alors qu’il n’en est rien et qu’elle se déride bien vite. A charge de revanche après tout, elle l’a bien fait mariner pour ce qui était de ses poupées, il est donc tout à fait normal qu’il lui rende la pareille. Elle hoche la tête avec un petit sourire amusé et l’écoute parler de tout ce qu’il a envie de lui faire découvrir quand ils seront dans son pays et ça lui vend du rêve. La plupart des pays d’Amérique du Sud l’ont toujours fascinée, ainsi que leurs coutumes, leurs voitures, leur architecture, leurs paysages, etc... Certes, il y a toujours ce risque de tomber au beau milieu d’un trafic de coke ou quelque chose comme ça et il doit exister des coins plus sûrs dans le monde mais ça ne l’effraie pas le moins du monde. Déjà parce qu’elle sait très bien se défendre et puis surtout parce qu’elle sera avec Rafa. Sa famille vit là-bas depuis toujours et ils ont l’air de très bien se porter. Sans compter qu’elle qui est habituée à une chaleur intense depuis toujours, elle préfère fuir l’hiver néo-zélandais autant que faire se peut. Et puis bien sûr, ça lui fait très plaisir qu’il ait envie de partager tout ça avec elle. Si ça se trouve, il fait ça avec toutes ses conquêtes mais ça ne la dérange pas outre mesure puisqu’elle en fait partie.

« Moi aussi, ça va être super. »

Oui, on peut dire que la texane s’attend aux vacances qu’ils n’auront pas vraiment eues ici compte tenu de l’humeur massacrante de sa mère et des sautes d’humeur liées à la grossesse de sa sœur. Et elle s’y croit déjà un peu quand il l’appelle señorita. Ce qu’elle aime ça, quand il lui parle en espagnol, c’est diablement sexy. Bref, ils décident ensuite de reprendre la route, ce qu’ils font non sans avoir remercié et embrassé chaleureusement Joe et Arlene.

« Ouaip, ma est sûrement déjà là-bas, on pourra s’y rendre avec les chevaux. »

En coupant par la pampa texane, le seul véritable intérêt de cet État, c’est très clairement des paysages naturels à vous couper le souffle. Pas d’arrêt sur le chemin du retour et Vesper gare le pick-up tout à côté de l’écurie. Elle prend quelques secondes pour dire bonjour à chaque cheval ; ils lui ont presque autant manqué que le reste de la famille puis elle en sort deux qu’elle se dépêche de seller : un mustang et son Tennessee Walker. Elle tend ensuite les rênes du mustang à Rafa.

« Je te donne Dakota, elle est plutôt docile avec tout le monde. »

Rien que d'en parler, il a déjà hâte de retourner en Colombie, de pouvoir retrouver sa famille, qu'il ne voit pas assez souvent, pas aussi régulièrement qu'il aimerait bien. Il ne s'agit pas d'une question d'argent, mais il ne peut pas non plus partager sa vie entre les deux pays, question voyage, ce n'est vraiment pas à la porte, on peut donc dire que la Nouvelle-Zélande se trouve dans un trou, loin de tout, sauf peut-être de l'Australie. Il est presque certain que sa culture va lui plaire, du moins, il l'espère, oui. Mais comme pour Vesper, l'étape importante va être de rencontrer ses parents et ça ne sera pas plus facile non plus, notamment avec sa maman, croyante et préférant sûrement le voir avec une latina, ou une autre croyante tout simplement. Ils arrivent à l'écurie, où il fait la connaissance d'un cheval mustang, heureusement, il s'y connaît déjà, il n'aura donc pas de mal à maîtriser la bête. Son oncle et sa tante, comme beaucoup dans la famille quand on y pense, possède un ranch touristique en Colombie et c'est un habitué de là-bas. Il adore les chevaux, même les sauvages, ce qui n'est pas si rare quand on se rend dans les endroits moins peuplés du pays, par exemple sur les plaines, également près des ruisseaux. « Super, merci ! » Il prend ses aises avec Dakota, la mettant en confiance avant de pouvoir grimper sur la selle, une fois que c'est fait, ils partent à nouveau, mais c'est fois-ci, c'est direction le festival, il a hâte de découvrir sa mère sur l'une de ses bêtes, c'est enfin le grand moment de la soirée. Ils arrivent sur les lieux après un moment, il descend de l'animal, une fois dans les écuries de l'événement, il attache le cheval. « Et maintenant, je vais prendre un dessert, tu veux quelque chose toi ? » Il demande une fois qu'ils commencent à marcher vers les estrades, c'est surtout un classique, pop-corn et bière, bière et hot-dogs, mais il n'avait pas faim à ce point-là non plus. Il se prend donc un sac de maïs soufflé et une bière, et si Vesper prend un truc, il le paie également. Ils ont de beaux sièges, après tout, il suppose qu'étant donné sa famille, ils ne vont pas s'installer dans un coin comme Baby dans Dirty Dancing. Il y a un gamin qui s'amuse à balancer de la nourriture dans la foule, pendant que la mère tente de s'occuper du plus jeune et que le père regarde les jeunes femmes en tenues légères à la Daisy Duke. Rafa secoue doucement la tête et il s'installe, avant de plonger sa main dans le sac de pop corn.  

Bien entendu, Vesper observe les talents de cavalier de Rafa. Oh, elle n’irait pas jusqu’à dire que c’est quelque chose d’essentiel chez son homme idéal – sinon, beaucoup d’hommes seraient évincés de la liste, vous vous doutez bien – mais c’est indéniablement un plus. De toute façon, dès qu’il s’agit de Rafael, la blonde ne doit pas être bien objective ; elle ne lui trouve que des qualités. Ce qui ne veut pas non plus dire que l’amour rend aveugle et qu’en vérité, il n’a que des défauts, loin de là mais elle se connaît : elle réagit toujours de cette façon quand elle tombe amoureuse. Dans ce cas-ci, c’est assez proche de la réalité alors que les fois précédentes, c’était un peu différent. Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle le trouve bon cavalier, que c’est sans doute normal et même que c’est une sacrée coïncidence qu’il y ait également un ranch dans sa famille et qu’elle trouve ça drôlement cool. La chevauchée ne fut bien longue mais ils auraient l’occasion de repartir en vadrouille plus tard. Maintenant, place au rodéo. Comme toujours, l’endroit fait salle comble. Quelques touristes mais énormément de gens du coin. C’est leur truc à eux, les texans, le sang des cow-boys coule toujours dans leurs veines, quoi qu’on en dise.

Tout le monde ou presque avait un gobelet de bière à la main et l’odeur faisait bien envie à Vesper, c’est pourquoi, quand Rafa lui demande si elle veut quelque chose, elle saute sur l’occasion. Il leur faut un peu jouer des coudes pour se frayer un chemin parmi la foule mais Angie et granny leur ont bien sûr gardé des places au premier rang. Ou plutôt, elles lui ont gardé une place au premier rang mais Vesper fait en sorte que tout le monde se pousse un peu pour faire de la place. Automatiquement, la blonde voit sa sœur se raidir à cause de ce gamin mal élevé, et ça la fait sourire. C’est vrai que les petites sont hyper calmes en comparaison. Si ce n’est que Bobbi Jean demande à monter sur ses genoux, ce qu’elle accepte volontiers. Puis elle se met à regarder Rafa avec de grands yeux émerveillés pour aller savoir quelle raison. Dans tous les cas, elle trouve ça adorable. Elle prend une gorgée de bière quand la foule se lève en applaudissant sa mère qui entre en piste.

« Regarde Bob, c’est mamy ! »

Sauf que la petite à l’air de n’en avoir rien à ficher, elle continue de fixer Rafa avant de finalement ouvrir la bouche.

« Dis, je peux avoir du popcorn ? »

La texane ne peut qu’en rire.

Rafa se demande encore s'il doit tester le taureau mécanique tout en regardant le spectacle devant lui, il n'a jamais été pour ce genre d'activité, surtout en Espagne ou encore au Portugal et ailleurs dans le monde, là, bien sûr, il parle avec les véritables bêtes, même avec les chevaux, cette tendance à rendre fou l'animal rien que pour le bon plaisir du public. Bien sûr, le pire dans tout cela, c'est qu'ils se font un bon paquet d'argent, que tout le monde en redemande encore et encore, au final, ce n'est qu'une question de divertissement et d'économie, car il suppose que cette petite ville doit vivre en partie grâce à ces numéros clichés de la vie d'un cow-boy, rien de plus normal pour eux ou pour les autres cultures dont ça en fait partie. Évidemment, il est là qu'en tant que spectacle et il le taureau mécanique n'a rien à voir avec tout ce cirque, alors, oui, il finira bien par l'essayer durant la semaine, mais pour l'heure, il se contente d'observer le numéro qui se déroule sous ses yeux. C'est ainsi qu'il peut également observer les gens alentour de lui, certaines personnes ont l'air bien agité, eh ouais, ça se met à crier, tu as droit aux enfants qui s'y mettent aussi, comme si tout cela n'était qu'une mauvaise comédie et que les gens n'étaient pas très content de la prestation. Il tourne finalement la tête vers la petite tête blonde qui lui demande du popcorn, il lui sourit, comparé aux autres, elle est mignonne. « Avec plaisir. » Il tend le sac vers la gamine, pendant qu'elle y plonge ses doigts, il fait reculer légèrement le sac de maïs soufflé. « Mais attention, si tu en manges trop, tu finiras peut-être par grandir trop rapidement, puis entre toi et moi, il vaut mieux rester jeune, être vieux, c'est beaucoup trop de responsabilité. » Bien sûr, il plaisante, il est juste d'humeur taquine. En tout cas, ça semble faire rire Bobbi Jean qui se permet tout de même de prendre une généreuse portion, Rafa lui fait des gros yeux avant de rire, il en prend à son tour avant de regarder la mère de Vesper en action, même si l'action semble partir de tous les côtés.
 

L’enfance, ça a quand même des tas d’avantages. Quand elle était gamine, Vesper devait être au moins aussi téméraire que sa nièce. Ça ne l’avait jamais vraiment quittée, cela dit et elle espère bien que ça sera la même chose pour Bobbi Jean. D’ailleurs, elle aurait pu lui faire la remarque qu’on ne demandait pas aux gens si on pouvait avoir quelque chose mais qu’on attendait gentiment qu’ils proposent d’abord sauf qu’elle n’est pas sa mère ; elle est sa cool tante Jamie qui cède au moindre de ses caprices. C’est bien pour cette raison qu’elle est si cool. Bref, elle le laisse se débrouiller ensemble avec Rafa et applaudit sa mère qui entre alors en piste. Telle la star qu’elle est dans son milieu. Les spectateurs présents entament alors une petite chansonnette comme c’est la tradition chaque fois qu’une Walker passe à l’action et la blonde se joint bien évidemment à eux. Comme toujours, elle commence son show par quelque chose de soft à dos de cheval mais ce n’est que le début, viennent ensuite les vachettes et puis les taureaux. La texane se demandait parfois comment sa mère avait lui en vouloir de partir pour faire carrière en tant que cascadeuse alors qu’elle avait grandi là-dedans mais bon, c’est sa mère après tout, elle a toujours été comme ça.

En ce qui concerne l’agitation, Vesper ne s’en soucie pas tout de suite : c’est toujours comme ça, l’effervescence règne toujours en seigneur et maître dans les endroits où les gens risquent leur vie à tout instant, c’est la nature humaine. Ce n’est que lorsque plusieurs coups de feu résonnent au loin que la blonde décide de bouger. Pas de quoi s’affoler, c’est le Texas. Sauf que les petites sont là et qu’une balle, c’est vite perdu. Angie et elle se lèvent d’un même mouvement, portant respectivement Bobbi Jean et Daisy dans leurs bras, elle fait signe à Rafa de la suivre tandis que sa mère continue son spectacle comme si de rien n’était et que plus de la moitié de la salle est toujours scotchée à son banc. The show must go on, puis c’est tellement naturel dans leur patelin.

« Pas trop impressionné, j’espère ? C’est comme ça que se terminent toutes nos soirées. »

Triste vérité : s’il n’y avait pas eu les petites, ils seraient également restés, auraient mâchouillé leur popcorn et siroté leur bière jusqu’à la fin. Cela dit, Rafa n’est pas une petite chose fragile et elle le sait, ça fait aussi partie des raisons pour lesquelles il fait partie des rares types qu’elle a fréquenté à avoir fait un passage par Abernathy.