un début de vérité ? (olympe)

Je cogne à la porte de la chambre où je suis attendu et la pousse après plusieurs secondes. À l’intérieur de la pièce, il n’y a qu’une petite fille, assise sur son lit. Ce qui est assez surprenant. Il est vrai que je suis en avance, mais je ne pensais pas que les parents seront absents. « Bonjour, tu es toute seule ? » Dis-je, alors que je m’avance légèrement vers elle. Pas trop près, pas trop loin, la bonne distance pour qu’elle puisse m’entendre, sans que cela ne l’effraie d’avoir un médecin face à elle. La petite fille hoche timidement la tête et m’indique que sa mère est partie chercher un café. La machine n’était pas très loin, elle devrait être de retour très vite. « Je vais m’occuper de toi aujourd’hui. » Laisser un silence dans la pièce ne ferait qu’angoisser encore plus l’enfant et ce n’est pas que ce que je veux. Surtout qu’aussi loin que je me souviens, j’ai toujours été à l’aise avec les enfants, que ce soit mes frères et sœurs ou les autres patients que j’ai eu l’occasion de m’occuper. « Je suis interne. C’est un peu comme un médecin, mais en beaucoup plus jeune. » Elle est jeune, mais ce n’est pas un bébé. Elle doit pouvoir comprendre ce dont je parle. Je pourrais aborder d’autres choses avec elle, commencer à la rassurer sur ce qui va se passer par la suite. Mais avant que je ne puisse continuer, la porte s’ouvre et laisse pénétrer une grande blonde. « Olympe ? » Nola, ce prénom aurait dû faire tilt dans ma tête et pourtant. J’étais loin de m’imaginer que je tomberais sur elle aujourd’hui. La dernière fois où nous nous sommes vus, cela a été assez étrange : nous avons fini bloqués dans un ascenseur, où nous nous sommes embrassés. Cinq ans après la dernière fois. Cinq ans, c’est beaucoup et je pense que c’est cela qui m’a perturbé autant. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et il est difficile pour moi de dire où j’en suis aujourd’hui. Ce baiser, je ne le regrette pas, loin de là. Mais j’ignorais ce qu’il voulait dire pour elle et ne voulant pas précipiter les choses, j’ai décidé de lui laisser un peu d’espace et de temps. Depuis cet épisode, nous ne nous sommes pas revus. C’est sûrement cela qui rend d’autant plus gênantes ces retrouvailles. Je ne sais pas où me mettre, je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je dois m’excuser pour tout cela ? En réalité, ce n’est pas ça qui devrait être ma priorité, mais bien Nola, la petite fille. « J’expliquais à ta fille que je suis sur son dossier aujourd’hui. » Les examens complémentaires qu’attendait la blonde avec impatience vont enfin avoir lieu et un diagnostic sera sûrement posé. « Tu préfères peut-être que ce soit quelqu’un d’autre ? » Ce que je comprendrais parfaitement. Avoir son ancien petit-ami en tant que médecin, devoir se voir plusieurs fois dans la journée, ce n’est peut-être pas ce qu’elle imaginait pour aujourd'hui.

Aucun retour après la fois où ils s'étaient revu tous les deux. Aucun message après leur baiser qu'ils avaient échangé dans la cage d'ascenseur, rien. Olympe était sans dessus dessous depuis, elle n'arrivait même pas à préparer un petit déjeuner sans faire tomber un œuf ou de se brûler avec le manche trop brûlant de la poêle lorsqu'elle faisait à manger. Un véritable danger public seulement aujourd'hui, c'était un grand jour, une étape importante pour toutes les deux, Nola et elle. Suite à leur échange, Olympe avait réfléchit et avait décidé de changer de pédiatre pour avoir un nouveau diagnostic. Les crises que sa fille n'arrivaient pas toujours à voir venir était spécifiquement relié à des problèmes neurologiques selon le nouveau spécialiste pour enfant qu'elle avait trouvé sur le net. Elle avait aussi crié désespoir quant à ce qui arrivait à sa fille ce qui avait poussé le pédiatre à faire une batterie de nouveau teste encore jamais fait. C'était stressant pour la maman de voir sa petite fille assise sur ce lit d'hôpital, en blouse avec le manteau de sa maman parce que Nola avait des frissons. « Ma chérie, je vais aller me chercher un café à la machine juste à côté, tu es sage d'accord ? Je reviens dans cinq minutes quand l'aiguille sera sur le cinq. Juste là. » Elle embrassa sa fille sur le front quand cette dernière tenait la montre de sa mère entre ses deux petites mains. Stressée depuis la veille au soir, la maman n'avait pas fermé l’œil de la nuit et le besoin de caféine se faisait vraiment ressentir. En faisant claquer les talons de ses bottines d'un pas rapides et assurés, elle arriva à la machine, sélectionna son café, avec un peu de sucre et une fois que la machine avait terminé, elle fit le chemin inverse après s'être un peu brûlé les lèvres sur le liquide noir sucré. « Olympe ? » En poussant la porte de la chambre de sa fille, elle fut surprise de voir Sacha dans sa blouse de médecin puis posa un regard inquiet sur sa fille qui tenait toujours sa montre : « Maman, t'es en avance regarde ! » Olympe s'approcha de la petite rousse en reprenant doucement la montre des mains de la petite : « Merci ma puce. » Puis elle reporta son attention sur le jeune homme : « J'expliquais à ta fille que je suis sur son dossier aujourd'hui. » Olympe acquiesça en jetant des regards à sa fille un peu inquiète : « Non non, ça va ! » Prise à nouveau au dépourvu à l'hopital, la trentenaire était entre les problèmes de santé et le désir de lui rappeler qu'elle attendait son coup de fil depuis leur dernière rencontre. « Si tu es là c'est que tu peux agir au mieux pour elle. » Elle prit une gorgée de son café, qui fumait encore sous son nez ou ses narines se dilataient de nervosité. Elle marqua un petit arrêt et laissa Nola jouait avec son collier qui pendait sur son petit pull unie bleu pastel qui recouvrait une chemisette blanche. Un jean et des bottines faisaient l'affaire pour ce genre de sortie : « Alors depuis qu'on s'est vu, j'ai cherché un nouveau pédiatre qui, après une énième crise a supposé que ses problèmes de santé pouvait être neurologique... » « … Oui, dans la tête.. » La petite coupa sa maman en tapant sur sa tempe : « Parce que quand je vomis bah c'est juste avant que ma tête et mon corps tombent parterre. » Une petite moue s'afficha sur le visage d'Olympe : « Effectivement. Au début, ils pensaient à un problème gastrique mais avec ces … « crises », ils pensent à de la narcolepsie ou de l'épilepsie mais personne dans ma famille n'en fait et vu que ça se déclenche aussi jeune... »  Nola coupa à nouveau sa mère  : « Le docteur a dit que c'est peut-être mon vrai papa qui a des gens dans sa famille qui l'a eu ou l'a... » A nouveau, Olympe sourit mais se tourna vers sa fille pour lui mettre son petit doigt sur sa bouche : « Nola, tu te souviens, quand maman ou une personne parle, on met le doigt sur la bouche. » La petite hocha de la tête pour dire qu'elle avait comprit et garda son doigt sur ses petites lèvres. « Mais elle a très bien comprit ce que son médecin lui a expliqué. »  C'était difficile de contenir les bavardages de sa fille en classe qui avait l'habitude d'être écoutée puisque le monde de sa maman tournait essentiellement autour de la petite. Elle pouvait même avoir des petites discussions avec elle après que sa maîtresse d'école lui avait expliqué que cela pouvait s’avérer vraiment gênant en classe. Et puisqu'Olympe n'aimait pas hausser le ton, dans la vie de tous les jours ou à son travail, elle trouvait des « solutions » plus ou moins gagnantes : « D'après toi, par quoi devrait-on commencer ? » demanda finalement la professeur en reportant son attention sur Sacha.