Je suis détendu de chez détendu

Spoiler:

Jimmy conseilla à Maxyne de suivre ses envies au restaurant. Sur la carte, tout lui paraissait bon. Elle choisit le même cocktail que lui puis le taquina un peu. La nageuse se doutait bien qu’il ne donnait pas de promesse en l’air et qu’il aurait tenu parole pour la journée au spa mais il avait carrément sorti le grand jeu pour le côté détente et soirée au restaurant, elle était forcée de l’admettre. « Non mais tout ce qui est cher n’est pas forcément de bon goût. » Ou peut-être que Jimmy l’aurait pris en mode délire comme le défi au tennis. Tout était possible. Peu importe, Maxyne avait été agréablement surprise et elle en avait bien profité. « Du tout, et je ne voudrai pas de ton travail. Trop prise de tête pour moi. » Être enfermé dans des bureaux ou des réunions toute la journée, régler des problèmes décisionnels ou de paperasse, gérer les responsabilités stressantes des affaires. Non merci. Certes, Jimmy réservait de beaux voyages, dormait dans des hôtels luxueux, mais Maxyne trouvait la gestion et l’administration ennuyeuses. Son travail à elle n’était pas non plus dénué de responsabilités dans le sens où elle devait être particulièrement attentive à la vie des gens sous l’eau et à ce que tout le matériel soit en ordre. Cela demandait aussi de l’implication et une attention de tout instant, cependant elle préférait cette activité physique en contact direct avec la nature qui correspondait mieux à son côté bougeotte et son caractère intrépide. « Je ne crois pas t’avoir déjà vu au centre nautique. A l’occasion, si le surf ou la plongée t’attirent pour une autre journée. » Maxyne maitrisait forcément la plongée et se débrouillait aussi dans l’autre activité grâce aux cours de ses collègues. Ainsi, elle lui renverrait l’ascenseur. Ils trinquèrent et burent à cette petite escapade. Le personnel du restaurant prit ensuite leur commande. La blonde opta pour une entrée et un plat à base de poisson. Jimmy lui reparla alors d’une bague dans le verre. Rieuse, Maxyne rebondit sur la taquinerie. « Et moi qui croyais que nous avions fait le tour de la question tout à l’heure. Je vais finir par croire que tu me réserves encore une surprise de ton crû. » Au spa, les deux amateurs de sport avaient longuement parlé d’une fausse demande en mariage ainsi que de leur vie sentimentale particulière. Tous les deux papillonnaient sans s’engager et ça leur convenait très bien. « Aucune idée. Peut-être qu’une bague au champagne ou un bijou au gâteau fraise-chocolat ce n’est pas si mauvais ? Jamais testé. » L’apéritif terminé, on leur servit leur entrée. « Bon app’ ! » Maxyne dégusta son entrée tout en goûtant au vin et elle reprit ensuite le fil de la conversation. « En parlant de bague indésirable, quel a été ton pire date ever ? » Autant s’amuser avec des histoires drôles. Le regard de la jeune femme s’était perdu une fraction de secondes sur les tables environnantes. Entre un couple qui ne se parlait pas parce que les deux partenaires préféraient passer leur temps sur leur téléphone et un autre qui échangeaient des paroles mielleuses depuis le début de la soirée, non elle n’était vraiment pas faite pour se poser maintenant. Peut-être que la peur de retomber dans une relation nocive jouait un rôle dans sa réticence, qu’elle ne devrait pas mettre tous les hommes dans le même sac mais elle aimait bien sa liberté. Celle de pouvoir passer son temps avec qui elle voulait quand elle le voulait sans avoir à se poser de questions comme aujourd’hui.

Jimmy était habitué à travailler dans cette culture d’entreprise de bureau et d’affaires, puisque son père l’y avait formé depuis sa prime jeunesse. C’était ce qu’il avait toujours connu. Lorsque Maxyne changea de sujet et proposa de lui renvoyer un minimum l’ascenseur avec ses moyens à elle, la jeune femme oubliait qu’elle parlait à quelqu’un de touche-à-tout et qui avait déjà pratiqué plusieurs fois de la plongée. Il avait l’air un peu blasé par l’activité car celle-ci ne l’attirait pas plus que cela. A ce moment-là, elle ressentit un sentiment bizarre pour lui, comme si elle était désolée pour lui. C’est à croire que parce qu’il avait les moyens de s’offrir tant de choses, certaines bien plus spectaculaires et extraordinaires que d’autres, il n’arrivait plus à s’extasier ou à s’éblouir pour des choses plus simples, ça ne le touchait pas. Maintenant qu’elle y pensait, elle n’avait jamais vu cette petite flamme de surprise danser dans les yeux de Jimmy, pas comme quand elle était entrée dans le hall de cet hôtel et qu’elle avait admiré l’endroit par exemple. Pour lui, c’était juste normal. Et pourtant, même si Maxyne pratiquait de la plongée tous les jours puisque c’était son travail, elle ne se lassait jamais du spectacle différent que lui offrait la nature. Lui, ce n’était pas sa came. Mais c’était comme si le fait de l’avoir déjà fait contribuait à ce détachement. « C’est toi qui vois, il n’y a pas d’obligation. » Répondit la nageuse, amusée. Maxyne ne braquait pas un pistolet sur sa tempe pour qu’il vienne. Libre à lui. L’homme d’affaires reparla ensuite de bague, ce qui faisait écho à leur conversation plus tôt dans la journée. « C’est sûr qu’une demande en mariage qui finirait aux urgences, c’est le genre d’histoire qui finit en anecdote de famille à tous les repas jusqu’à la fin de tes jours. » L’apéro terminé, les entrées arrivèrent à table ainsi que le vin. Après le bon appétit habituel, Maxyne dégusta une première bouchée, qu’elle trouva savoureuse. Ne s’étalant pas sur le goût maintenant, elle reprit le fil de la discussion. Puisque Jimmy avait vécu plein de bonnes expériences dans sa vie, quels avaient été ses pires rendez-vous ? De ceux qu’on cherche à oublier mais dont on se rappelle quand même. « Tu t’entendrais bien avec les poissons rouges si ta mémoire est aussi courte. » Il lui raconta qu’il était déjà sorti avec une femme casée sans le savoir et que son mec avait débarqué en plein milieu du rencard. « Comme si ça t’aurait arrêté. » Répliqua Maxyne, en levant les yeux au ciel, en écho aux pensées de Jimmy. « Je vois que tu as toujours toutes tes dents, ça va. » Elle rigola et but une gorgée du verre de vin tout en écoutant la deuxième anecdote qui avait fini à l’hôpital. « Ah nous y voilà à cette histoire des urgences ! Tu n’avais pas caché de bague au fond de la piscine ? » La perche était facile, en référence à l’histoire de la bague cachée dans le gâteau, mais elle espérait que cette fille avait pu s’en remettre, ce serait con de garder des séquelles pour un simple plongeon. « Oui, pas l’idéal comme fin de soirée. » Jimmy lui retourna ensuite la question. Maxyne ne comptait plus le nombre de fois où elle avait eu affaire à de gros relous ou à des mecs qui mentaient pour paraitre mieux qu’ils n’étaient. Mais elle avait quand même des petites anecdotes marrantes aussi. « Oui, j’ai déjà eu des cas… Une fois, j’étais avec un mec en voiture, il conduisait. Puis, il a reçu un appel de son ex. Il est sorti pour répondre. Comme ça durait, j’me suis cassée. Non merci. » Les histoires compliquées où d’entrée de jeu le gars ne sait pas où il en est, même pour une aventure, next. « Il y en a eu un autre qui m’a invitée à déjeuner, j’étais à peine arrivée à table qu’il m’a dit de ne pas commander un plat de plus de 10$. » Elle se mit à rire devant l’absurdité de la situation. « J’sais pas, il croyait peut-être que j’allais le dévaliser. » Mais une de ses plus longues soirées était différente. « J’en ai rencontré un autre qui a soudainement craqué en plein milieu de la soirée, en mode lunatique. Il s’est mis à déprimer tout le reste du rendez-vous, sur absolument tous les sujets, s’effondrait pour un rien. Je n’ai rien contre le fait que quelqu’un montre ses émotions mais je n’étais qu’une étrangère et il m’a prise pour sa thérapeute, le type. Une des plus longues soirées de ma vie. » Qu’elle avait fini par écourter tant bien que mal. Elle n’était pas sans cœur ou insensible mais trop, c’était trop. « Y’a vraiment des gens chelous parfois. » Avec toutes ces anecdotes, Maxyne avait finalement terminé son entrée.

« C’est vrai ? Tu te vexerais pour bien peu. » Vexer les gens ? Elle le faisait pour rire bien sûr, quoique pas toujours, des fois, ça amusait Maxyne d’embêter un peu ses proches d’une façon bienveillante. Dans la conversation avec Jimmy, tout était dit sur le ton de l’humour. Ils parlèrent ensuite de leurs pires rendez-vous. Pour l’homme d’affaire, le mec d’une fille qu’il voyait avait débarqué au restaurant. Il ignorait qu’elle était en couple mais ça ne l’aurait pas arrêté. A partir du moment où la femme laissait la porte ouverte, ce n’était pas à lui de s’inquiéter des conséquences. Ça pouvait se défendre. D’autres avaient plus de conscience envers le partenaire ignorant ou refuseraient tout simplement de partager. « Ah ouais ? Je vais lancer une rumeur, fais gaffe. Tes sourires colgate sonneront faux maintenant. » Répliqua-t-elle quand il lui parla de dentier. Quant à ce qu’il avait déjà retrouvé chez lui après des soirées bien arrosées… Mieux valait ne pas s’attarder sur le sujet. « Attention à l’ivresse, sur un malentendu, tu pourrais te retrouver à Vegas le lendemain. » Elle rit de plus belle puis les partagea ses propres expériences. Le coup de l’ex, le radin et le déprimé. « Oui, j’suis restée un peu mais après faut pas abuser quoi. » Lorsqu’il entendit la suite, il manqua de s’étouffer avec son vin. Lui qui ne regardait pas à ses dépenses – et qui était le contraste le plus frappant avec le rendez-vous foireux dont elle venait de parler – s’offusqua et se demanda pourquoi l’autre idiot l’avait invitée si c’était pour regarder au cent près. « Aucune idée. Une glace et puis quoi ? La fois suivante, il aurait compté ses sous parce qu’il aurait fallu glisser une pièce dans le casier de vêtements de la piscine ? » L’exemple de Maxyne était aussi extrême que la réaction d’O’Reilly était comique. Et pourtant, il existait des scénarios pires que celui que Max avait vécu, des types qui invitaient une femme dans de supers restaus pour au final les prendre au dépourvu et leur dire qu’ils n’avaient pas assez pour régler la note. La blonde n’avait rien contre l’idée de partager l’addition ou d’inviter aussi, simplement, c’était plus cool quand tout le monde était d’accord et que personne n’était mis devant le fait accompli. Par rapport à la troisième histoire, Jimmy rigola en imaginant Max jouer les psy. Clairement, elle n’était pas la plus doué dans ce domaine, surtout vis-à-vis d’un inconnu. « Mais t’es jamais tombé sur une nana pleurnicheuse ou qui se plaint toute une soirée ? Je voudrai bien t’y voir. » Ça devait arriver plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes. Sans vouloir tomber dans un stéréotype, ils avaient tendance à moins souvent montrer leurs émotions, influencés par cette société. Ou moins dans l’excès. Néanmoins, Jimmy avait raison, elle n’était pas tombée sur un connard ce soir-là. « Oui, à part ce côté-là, c’était pas le pire par rapport à l’autre. » L’entrée terminée, il lui demanda ce qu’elle en pensait. « Non, c’était très bon. Belle découverte. » Elle finit son verre de vin aussi, la suite arriva peu de temps après. Un plat délicieux suivi d’un dessert tout aussi savoureux. Pendant le repas, elle continua de discuter de tout et de rien avec Jimmy, la soirée passa assez rapidement. Les proportions des plats étaient étudiées pour ne pas être bourratives, mais Maxyne ne réussit pas à terminer son dessert. « Tu veux goûter ? Tu peux y aller, si j’avale encore une bouchée, mon ventre va exploser. » Dit-elle, amusée. Rassasiée, la blonde termina avec son café. « Franchement, c’était une dinguerie. Merci ! Je savais pas qu’on pouvait autant aimer de la nourriture qu’on ne mange pas d’habitude. J’suis pas un cordon bleu et mon coloc non plus, alors tu vois chez moi, c’est pas très varié. » Pizzas ou autres trucs commandés… Heureusement que Liam les aidait parfois.

« Si bien sûr mais pas venant du même type non. » Répondit Maxyne. Les petits plaisirs comme une glace ou une pâtisserie ou les moments cool n’étaient pas pour lui déplaire, que Jimmy ne croit pas le contraire. D’autant que la nageuse était bien plus le style de fille à aimer partager un apéro et des bières entre potes qu’un cinq étoiles tous les soirs. A force, il allait finir par la prendre pour une princesse. Certes, elle profitait aujourd’hui mais parce que ce n’était pas gastronome et massages tous les jours au programme. Alors qu’ils continuaient de partager leurs rendez-vous foireux, Jimmy confirma qu’il avait eu lui aussi des rencontres déprimées et que son seuil de tolérance avait ses limites. « Je vois le genre : un ongle cassé, une serviette mal disposée… » Un sourire étira les lèvres de la nageuse en imaginant l’homme d’affaire galérer devant une femme ou avoir du mal à s’en dépêtrer. Quoique… Aurait-il vraiment des scrupules à se lever d’une table de restaurant et à planter sur le champ son rendez-vous ? Capable, il l’était sûrement mais selon elle, il tenait aussi à son image un minimum alors entre partir ou supporter son date jusqu’à la fin du repas par bienséance, elle ne savait pas très bien ce qui primerait. « T’es déjà parti en plein milieu d’un rencard parce que tu ne pouvais plus piffer la personne ? » Entre toutes ces conversations, Maxyne continua de profiter du repas entre le plat puis le dessert. Une orgie de délicieuses saveurs dans la bouche. Toutefois, son ventre était rempli et elle n’arriva pas au bout de son dessert. Elle proposa donc à Jimmy de le terminer et il ne se fit pas prier. Poussant l’assiette dans sa direction, Maxyne lui confirma qu’elle s’était régalée et confia qu’elle n’était pas la prochaine reine d’une émission de cuisine. De son côté, Jimmy pouvait compter sur sa super intendante sinon il n’était pas plus amateur pour se mettre derrière les fourneaux. « Rosita est une perle. Elle est à ton service depuis longtemps ? » Maxyne avait déjà croisé l’intendante quand elle était venue chez lui mais vite fait, l’employée était plutôt discrète quand des invités venaient. Et pourtant, ce n’était pas la première fois que Jimmy l’évoquait. « Et pareil, je n’ai pas la patience, il y a des gens que ça détend mais moi ça me prend la tête de préparer à manger. » Maxyne termina son café puis emboîta le pas de Jimmy en direction de la chambre. Il l’invita à commander un autre dessert si elle avait envie plus tard. « Olala non, je ne parlerai plus de bouffe ce soir. » Répondit-elle, en se massant légèrement le ventre. Le duo arriva dans la suite et Maxyne en profita pour retirer ses chaussures. Se baladant pieds nus, elle ouvrit la porte vitrée qui donnait sur le balcon, histoire de s’imprégner de la brise fraiche. Se tournant ensuite vers le minibar, elle trouva une bouteille de cognac. « Un petit digestif ? » La blonde servit une bonne dose dans deux verres puis rangea la bouteille. Elle tendit celui destiné à Jimmy et prit le sien, puis elle sortit et s’installa sur une des longues chaises du balcon. Magnifique, la vue qui s’offrait à eux oscillait entre l’eau à perte de vue et le ciel étoilé.