l'histoire de ma vie
forget it, breaking benjamin
Piotr est né le treize mars 2000 à Moscou, en Russie.
Sa petite enfance, il ne s'en souvient pas tellement. Il a très peu de souvenir d'avant ses sept ans, parce que cette année là a été la plus importante de toute sa vie, probablement. Ou plutôt, de leurs vies à tous.
Piotr a eu «
la chance » de naître dans une famille fortunée, ils vivaient lui, sa mère et son père dans la ruelle Bolshoi Afanasievsky, tout près du théâtre du même nom, ce qui est un petit peu amusant quand on connaît la passion pour Reira. A croire que leur père pensait au moindre détail. La maman de Piotr est une mannequin et actrice connue en Russie, malgré les scandales éparpillés en place publique. La maman de Piotr est une femme magnifique, mais Piotr a désormais des relations conflictuelles avec elle. Pour tout un tas de raison à dire vrai, qui se sont multipliées au fil des années. Le père de Piotr est un homme charismatique et séduisant, il a fait fortune dans le pétrole et la finance, si bien qu'il est considéré comme un oligarque russe. Quand il était petit, Piotr a très peu de souvenir avec sa famille comme je vous l'ai dit. Ses parents n'étaient pas du genre très présents. On lui répétait sans cesse qu'ils travaillaient beaucoup. Sa mère voyageait énormément grâce à son travail, et son père travaillait en continu, même lorsqu'il était là. Parfois, son père l'emmenait voir un ballet de danse, ou bien ils sortaient de Moscou pour passer du temps à l'extérieur de la ville, dans des endroits luxueux, et Piotr était toujours content de pouvoir passer du temps avec eux, mais au quotidien, c'était surtout sa gardienne qui s'occupait de lui. Ses parents la payaient pour cela, pour s'occuper de lui à tous les niveaux. Piotr s'est beaucoup attaché à elle, comme n'importe quel gamin en manque d'amour que l'on collerait dans les bras d'une femme qui en a à revendre.
L'année de ses sept ans, les conflits à la maison s'intensifièrent. Ses parents se disputaient beaucoup, Piotr ne comprenait pas pourquoi. Ils ne se voyaient jamais, ne partageaient presque rien ensemble et pourtant, le peu de temps passé ensemble, ça dégénérait. On lui interdisait de descendre de sa chambre et il restait donc à l'étage avec sa gardienne. Et puis un jour, après une énième dispute, son père est parti plusieurs jours de la maison. Piotr s'en souvient très bien, car sa mère était profondément triste et étrangement, elle s'intéressait beaucoup à lui dans cet état là. La famille de sa mère est aussi venue, alors qu'il ne les voyait jamais. Piotr a adoré passer du temps avec ses cousins. Puis finalement, ses parents lui ont expliqué quelque chose qu'il ne comprenait pas. En vérité, il n'a jamais osé rien dire, mais Piotr n'a véritablement rien comprit à cette conversation. Ils essayaient de dire quelque chose, sans vraiment le dire et tout ce que ce gamin de sept ans comprenait, c'était qu'il avait une grande sœur, quelque part, qu'il n'avait jamais vu. Ça restait compliqué à comprendre pour lui. Parce que quand on a une grande sœur, on la connaît forcément, non ? Mais tout ce qu'il se souvient, c'est un sentiment de soulagement. Il se souvient avoir presque sauté au plafond en apprenant ça. Il voulait la rencontrer, la voir, il voulait connaître son prénom, savoir si elle lui ressemblait, savoir à quoi elle aimait jouer et si elle pouvait venir à la maison. Piotr n'avait pas comprit que sa grande sœur n'avait pas la même maman, et surtout, quel était le vrai contexte familial de sa famille. Il n'avait pas du tout comprit que cela faisait des années que ses parents se disputaient à ce sujet-là, que sa mère et lui étaient en vérité «
l'autre famille » et que son père cherchait le moyen d'annoncer la nouvelle à son fils.
A partir du moment où il avait apprit qu'il avait une sœur, Piotr passa ses jours et ses nuits à réclamer cette dernière. Il parlait sans arrêt d'elle, il voulait qu'elle vienne le voir jouer au hockey, qu'elle vienne dormir à la maison, qu'ils aillent au chalet tous ensemble -il n'avait pas comprit encore qu'ils n'avaient pas la même maman. A ce moment là toujours, sa mère devint de plus en plus distante. Elle partait de plus en plus longtemps et souvent en voyage, pour des campagnes ou des films et Piotr ne comprenait pas pourquoi. Des années plus tard, il apprit que sa mère avait elle aussi refait sa vie, au Japon et elle cessa de rentrer à la maison.
Piotr se souvient dans les moindres détails du jour (enfin!) de sa rencontre avec sa grande sœur. Sa gardienne l'avait amené dans un café très luxueux et il avait du bien s'habiller pour l'occasion. Il avait lui-même choisi son costume, celui qu'il mettait pour les grands événements de son père. Reira était assise sur une chaise, à côté de son père, et elle semblait timide et un peu mal à l'aise. Alors par mimétisme, lui aussi. Cela faisait des mois qu'il hurlait dans toute la maison qu'il voulait voir sa sœur, et maintenant qu'il se retrouvait face à elle, il ne savait plus quoi dire, ni quoi faire. Dans un premier temps, il l'observa longtemps, tandis que leur père était en train de parler. Piotr l'écoutait d'une oreille -parce que quand même, c'était son père- mais son regard était captif du visage de sa sœur. Il cherchait en elle, une partie lui. Une ressemblance, un grain de beauté, une tâche sur la peau, la forme des yeux, ou leur couleur... Et puis assez vite, devant sa tasse de chocolat chaud avec sa crème fouetté, Piotr se retrouva vite à faire le clown pour essayer de la faire rire. Ca fonctionna et ils commencèrent à discuter. Elle était jolie, elle était danseuse, et Piotr lui parla du hockey et demanda à son père si elle pourrait venir la voir danser et qu'elle puisse venir le voir jouer.
Les années qui ont suivies étaient étranges. Piotr vivait dans cette luxueuse maison, avec sa gardienne et son père. Sa mère ne vivait plus ici. Mais il avait sa sœur. Ils nouèrent une relation très fusionnelle, très proche, très soudée. C'est avec sa sœur que Piotr comprit la situation, que son père avait en fait deux femmes, deux enfants et donc, deux familles. Enfin... en vérité, il n'y avait pas deux familles. Il y avait simplement deux moitiés de famille. Piotr ne pu même pas en vouloir à son père. Il comprenait que sa mère soit partie, mais la douleur de son rejet était malheureusement là. Quant à son père, malgré tout, il était à ses côtés. Et surtout, il lui avait fait le plus beau des cadeaux malgré tout : lui donner une sœur. Parce qu'avoir une sœur, c'est avoir une complice, une oreille, une amie, une moitié, une confidente, une protectrice, une lumière qui est devant et que l'on suit en sécurité. Reira lui apportait ce sentiment de sécurité, de chaleur, ce sentiment d'appartenir à une famille.
A l'école, Piotr se débrouillait plutôt très bien. Il était même assez brillant. Mis à part le hockey et la musique (batterie), Piotr était très focus sur les études. Ca avait été quelque chose dans lequel il s'était plongé quand ça n'allait pas à la maison. Malheureusement, l'année de ses quatorze ans, un grand drame bouleversa sa vie. Sa sœur quitta la Russie, prétextant l'envie de voyager. En fait, il ne comprenait pas. Tout le monde autour de lui semblait préférer le monde à lui. Sa mère voyageait elle aussi tout le temps et elle avait fini par rester vivre au Japon et maintenant sa sœur ? Et dans l'idéal, il s'était dit que ça ne durerait que quelques mois. Sauf que non, et au fil des mois qui défilaient, il avait de moins en moins de nouvelle et puis un jour, il se rendit compte que cela faisait longtemps qu'elle ne lui avait pas écrit. Lui, il lui envoyait des messages, qu'elle n'ouvrait pas. Il avait demandé à son père des nouvelles, qu'il avait peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Son père essaya de la chercher, mais où pouvait-on bien chercher ? Le monde était trop grand.
Piotr à cette époque là, devait également faire face à la nouvelle que sa gardienne était souffrante. Elle ne travaillait plus pour eux depuis longtemps, mais il avait toujours gardé un lien spécial avec elle. Mais voilà, la maladie s'emparait d'elle et de son corps. Du coup à l'école, plus rien n'allait. Piotr arrivait à un âge où tout se mélangeait, ou tout devenait compliqué, et où il se sentait totalement abandonné. Comme s'il ne méritait pas d'être aimé, que tout le monde préférait partir, le laisser, à croire qu'il était le coupable de ce qu'il lui arrivait. Il avait quatorze ans, et il se construisit ainsi. Il commença à fumer, il se mit à toucher à la drogue aussi. Quelques années plus tard, il découvrit l'univers de la musique trance, des soirées dans des lieux insolites, où le sexe et la drogue règnent en maître. Il toucha à tout, en matière de drogue, mais jamais au sexe. Il tomba dans l'addiction de la MD, de la Cocaïne de façon très fréquente, pour ne pas dire quotidienne. Il s'isolait, parce que forcément, les descentes étaient quotidiennes également. Il devenait agressif, se battait, ne se préoccupait plus de rien. Finalement, sa gardienne décéda et à partir de ce moment-là, Piotr était totalement livré à lui-même. Son père voyait bien ce qu'il se passait. Il essaya de l'envoyer se faire soigner pour ses problèmes de dépression et d'addiction. Mais ça ne fonctionna pas vraiment.
Piotr se sentait si seul, complètement abandonné, sans aucun avenir, aucun projet, aucune envie de vivre. Les jours passaient et les uns après les autres n'étaient qu'une corvée à supporter. Sa mère, sa sœur, sa gardienne lui manquaient tellement. Mais étrangement... quelque chose se produisit. L'arrivée d'un nouveau dans sa classe. Maximoff. Tout de suite, le courant passa entre eux. Max était doux, gentil, drôle, beau garçon et clairement, ils étaient exactement dans le même délire. Maximoff calma les addictions de Piotr, lui faisant aimer la musique autrement qu'à travers la drogue ; l'emmenant chez lui, lui montrant ce qu'était vraiment une famille, l'amour, le vrai. Maximoff apaisa ses angoisses, ses douleurs, ses blessures, sans même que l'un ou l'autre ne s'en rendent vraiment compte. Ils devinrent les meilleurs amis du monde, jusqu'à cette fois. Cette fois, où Max l'embrassa, où ça dérapa même complètement. Piotr avait déjà embrassé des filles, ça ne lui avait pas fait grand chose. Il ne s'était jamais intéressé à l'amour, ni au sexe, parce que de un, il n'en ressentait pas le besoin mais que surtout, il avait bien trop peur de s'attacher encore à une personne qui finirait par partir. Sauf que là... ça n'avait rien à voir. Max était comme une partie de lui-même qu'il venait enfin de retrouver. Il se sentait complet, heureux, apaisé, aimé, considéré en sa présence et ils avaient une façon de se regarder, de se sourire, qui traduisait tout l'amour qu'ils pouvaient se porter. Sauf que voilà, en aucun cas c'était prévu au programme que le fils Tsvetkov soit gay. En Russie, ce n'était pas quelque chose dont on était fier, dont on parlait, et en fait, c'était plutôt même un sérieux problème. Piotr n'en parla donc à personne, jamais. Leur couple fut caché aux yeux du monde entier, mais malheureusement, ça n'empêcha pas le pire.
Un soir, en rentrant d'une soirée, ils se firent agresser en pleine rue. Il faisait nuit noire, ils se pensaient en sécurité dans l'obscurité, mais en fait non. Bien au contraire. Le couple se fit frapper, lyncher et agresser très violemment. Piotr se réveilla à l'hôpital, des côtes brisées, l'oeil explosé, une commotion cérébrale, des doigts pétés et d'autres blessures plus superficielles. Max avait eu des blessures plus graves, mais sa vie n'était pas en danger. Personne ne su jamais le véritable motif de cette agression. Piotr resta des mois enfermé chez lui, complètement traumatisé. Que pouvait-il faire ? Il n'osait même pas écrire à Max, il avait peur du monde entier extérieur qui lui prenait décidément tout ce qui avait une importance.
Alors quelques mois plus tard, une fois totalement remis de cette agression, Piotr annonça à son père qu'il voulait quitter la Russie. Il avait pensé à rejoindre sa mère au Japon, mais en fait non. Elle n'avait jamais cherché à le revoir, il ne chercherait pas non plus. Lui qui avait si peur du Monde, il voulait désormais le découvrir. Savoir pour quelle raison sa mère et sa sœur l'avaient préféré à lui. Qu'est-ce qu'il avait de si beau à offrir ? Il en parla à Max, lui proposa de venir avec lui, mais Max n'était pas prêt à partir, à laisser sa famille, et ce, malgré l'amour qu'il lui portait. Sauf que Piotr ne se voyait pas rester en Russie du tout. Alors le cœur brisé, il quitta son pays natal.
Il commença par l'Australie, où il séjourna plusieurs mois tout frais payé par son cher papa. Il profita de la vie, de la liberté, et rencontra beaucoup de gens. Il comprit enfin ce que le monde avait de si particulier. Mais sa douleur était toujours là. Finalement, quelques jours avant son dernier anniversaire, Piotr arriva en Nouvelle-Zélande. Sauf que là encore, rien ne se passa comme prévu. La perte de son passeport le força à rester dans ce pays, à se trouver un logement alors qu'il ne comptait à la base pas rester ici. Il trouva une place dans une coloc un peu au dernier moment avec son accent russe à couper au couteau, et passa son temps libre avec des gens qu'il ne connaissait pas. Au final Piotr décida qu'il voulait rester. Qu'ici, il avait l'impression de ressentir ce que le mot «
famille » voulait dire.