Manipulation. /ft. SPENCER.

La vie peut être résumée en une véritable montagne russe. Des moments où tout est calme et qu’il ne se passe pas grand-chose de bien intéressant. D’autres où il faut prendre le TGV en marche et réussir à tout comprendre ce qu’il se passe. Ce fut le cas ce dernier trimestre. Premier point : Spencer est marié pour la seconde fois. Cela peut être important si ce mariage avait été fait par amour. Au lieu de cela, ce fut le résultat d’une belle soirée arrosée. Conclusion : Clay et l’illustrateur vont demander le divorce. Second point : Cooper est en couple. Cela doit bien être le scoop de l’année ! Lui qui était un éternel célibataire auparavant. Et avec qui il est en couple ? Bah avec sa femme… Oui oui, celle avec qui il va divorcer ! Vous arrivez à suivre non ? Bon j’avoue c’est un peu complexe. Troisième point : marre de sa main handicapée, le trentenaire fait tout pour remonter la pente. Ce qui un bon point en soit. Il veut à tout prix réparer son erreur passée – alias sa tentative de suicide – et retrouver la pleine mobilité de sa main. Pour cela, il a repris certaines de ses anciennes activités. Le résultat n’étant pas celui souhaité, il a décidé de recontacter son bon vieux pote kiné : Derek. Ce dernier lui a appris au téléphone qu’il avait changé de cabinet. Pas de problème. Si Spencer peut y aller en bus ou même à pieds ce n’est en aucun cas gênant pour lui. Le jeune homme se prépare pour se rendre à son rendez-vous. Ce matin, Jody fait ses séances de kiné à domicile. Avec son coéquipier, pendant que l’un est au cabinet, l’autre est en extérieur. Ils gèrent comme ça en inversant un jour sur deux qui est au cabinet ou non. Cela permet une meilleure gestion des patients et de pouvoir prendre des rendez-vous sans trop d’attente derrière. Clay était de garde cette nuit et pas encore revenue à l’appartement. L’artiste ne voit donc aucune des deux femmes avec qui il vit en colocation avant de partir. Il va à l’adresse indiquée par son pote pour sa séance. Spencer ravala sa salive en voyant les deux noms inscrits sur la plaque située juste à côté de la porte d’entrée « Jody Jenkins & Derek Haynes – kinésithérapeutes – » Il entra dans la salle d’attente et attendit sagement que son ami l’appelle pour commencer sa séance de rééducation.

Quand elle rentrera de sa garde, Clarissa trouvera un joli plateau sur la table du salon pour son petit déjeuner. Dessus, l’artiste avait mis un petit pain au chocolat qu’il avait été acheté de bonne heure à la boulangerie pour sa belle, un verre de jus d’orange fraîchement pressé ainsi qu’un petit mot de bienveillance pour lui souhaiter un bon repos. Spencer prévient sa femme par la bonne occasion qu’il est en rendez-vous à l’extérieur afin que la pompière ne cherche pas après lui. Ce dernier étant auto-entrepreneur et travaillant de chez lui, il est rare de Cooper soit absent de l’appartement.

« Bonjour Derek. » Spencer se lève de sa chaise qui se trouve dans la salle d’attente, il s’approche du professionnel, lui sert la main pour le saluer et entre dans son nouveau cabinet. « Ca peut aller. Et toi ? » Il s’installe sur la table de massage en asseyant sur le bord comme l’ostéopathe lui demande. Le patient observe silencieusement ce dernier. « Tu sembles fatigué. » Spencer qui n’a pas sa langue dans sa poche – enfin surtout quand il veut bien entendu – rajoute en souriant mais non sans rougir légèrement. « Tu étais en charmante compagnie cette nuit, donc t’en as profité pour faire des folies de ton corps ? » Chose plutôt ironique de parler comme cela lorsqu’on sait à quel point Cooper chaste. Pauvre Clay d’ailleurs… Mais bon comme on dit : c’est celui qui en parle le plus qui pratique le moins… « Non mais plus sérieusement ça va ? C’est le changement de cabinet, les travaux… Qui te mettent dans un état pareil ? » Spencer sait à quel point cela peut être fatiguant. D’ailleurs c’est pour cela qu’il déteste les déménagements. On ne saurait pas dire que bientôt lui aussi déménagera avec Clay pour un chez eux rien qu’à eux. Enfin ceci est dans leurs projets d’avenir. En attendant, le couple va d’abord laisser Jody s’envoler de ses propres ailes pour rejoindre son cocon d’amour avec Roman.

La routine… Spencer regrettait son ancienne routine. Lui qui était devenu un gars casernier depuis qu’il a quitté professionnellement le monde de l’événementiel, il ne quittait son domicile uniquement pour faire les courses limite. Rarement il voyait une de ses sœurs et avec ses frères, l’ambiance était toujours aussi tendue. Si les frangins Wilson ne font pas le premier pas vers lui, ce n’est certainement pas le vilain petit canard de la groupe qui le fera. Il a vécu comme enfant unique puis orphelin durant plus de trente-cinq années. Il pouvait très bien continuer à vivre tel quel ! Depuis peu, Cooper se voyait changer ses habitudes et cela de façon brutale. En effet, on lui a diagnostiqué récemment un cancer du poumon. Lui pensait être sur la voix de la guérison, la retraite n’a duré que peu de temps. La rechute s’est pointée sans crier gare. C’est de sa faute après tout. L’oncologue lui avait bien interdit d’arrêter définitivement tout ce qui est tabac et alcool. Mais le patient n’en a fait qu’à sa tête.

Derek était épuisé et pour le taquiner Spencer lui fait comprendre qu’il a fait trop de galipettes avec sa dernière conquête. Ce qui semblait ne pas être le cas puisque l’ostéo aurait préféré cela. « Il faut que tu prennes le temps de t’accorder une pause de temps en temps. Sinon tu vas finir par tomber. » Spencer se met à tousser un peu. Ses poumons le faisant souffrir, il pose instinctivement sa main sur sa cage thoracique. Heureusement qu’il a toujours des mouchoirs en tissu avec lui et qu’il en prend toujours un pour mettre devant ses lèvres lorsque la toux le prend. Il avait encore recraché quelques gouttelettes de sang.

En parlant d’attente particulière, Cooper regarde sa main amoindrie. « Tu peux faire quelque chose pour que je retrouve un peu plus de forces à ma main ? J’en ai marre, j’ai l’impression de ne plus savoir tenir quoique ce soit. L’autre fois c’est une assiette. Et là c’était une tasse… Je suis désemparé ! »