MIA & PETER - new family

Le samedi après-midi, Mia ne travaille pas. Elle a fermé son cabinet à midi, avant d’avaler un sandwich devant la télévision, ses deux chiennes blotties à ses pieds. Elle déjeune souvent de repas frugaux et relativement légers, comme la plupart de ses compatriotes. Mais elle prend toujours un peu de temps pour se poser, se détendre et profiter un peu de ses deux boules de poils. Puis comme c’est le week-end, elle aurait bien aimé faire une petite sieste, mais elle consacre généralement son samedi après-midi à donner un coup de main au refuge. Elle se relève donc, caresse ses deux chiennes pour leur dire au revoir, puis prend sa voiture pour se rapprocher de Wellington. Une fois arrivée au refuge, elle salue les personnes qui s’y trouvent déjà, avant de se livrer à ses occupations. Elle passe de box en box, vérifiant l’état de santé de certains, effectuant quelques piqûres çà et là. Il n’y a rien de spécial à signaler, autrement elle aurait déjà été contactée en urgence. Quand elle a terminé ses tâches vétérinaires à proprement parler, l’heure a déjà bien avancé. Elle fait alors un peu de nettoyage et donne de la nourriture, avant les choses les plus intéressantes, c’est-à-dire caresser les boules de poils qui se trouvent dans la cour et se dégourdissent les pattes.

La plupart des chiens sont en train de jouer entre eux, d’autres mangent de l’herbe et d’autres encore tentent de lui sauter dessus pour réclamer des câlins. C’est le moment que Mia préfère quand elle vient au refuge, parce qu’elle peut donner de l’amour à ces animaux qui n’ont pas toujours été gâtés par la vie. Ils sont tellement reconnaissants, ça lui réchauffe le coeur. Elle est à quatre pattes en train de jouer avec plusieurs d’entre eux quand elle aperçoit un homme derrière le grillage. Celui-ci semble s’intéresser à un berger allemand. Comme elle comprend qu’il s’agit peut-être d’un futur adoptant, elle se redresse pour aller le voir. Après tout, le but ultime, c’est bien de trouver une famille aimante pour chacun de ces amis à quatre pattes. « Bonjour ! » Elle adresse un sourire à l’inconnu. « Vous avez besoin de renseignements ? » Ils sont nombreux à venir au refuge d’abord pour récolter des informations et ensuite, ils craquent bien souvent sur une petite bouille ou plus. Mia les comprend. Elle-même a adopté ses princesses ici et elle voudrait pouvoir tous les prendre chez elle. « Il s’appelle Onyx et il me semble qu’il va sur ses quatre ans. Vous voulez venir de plus près pour le caresser ou en voir d’autres ? »

Accroupi derrière le grillage, un homme que Mia ne connaît pas semble être en pleine contemplation d’un berger allemand. Les animaux dont la race est reconnaissable au premier coup d’oeil ne sont pas nombreux au refuge. La plupart d’entre eux sont des chiens croisés, qui ont peut-être même été abandonnés en partie pour cette raison. Les chiens et les chats avec un pedigree peuvent généralement être vendus, ce qui fait que les autres se retrouvent plus souvent au refuge. Mia ne s’en fait donc pas trop pour ceux comme Onyx, qui ont le plus de chances d’être adoptés. Ce n’est donc pas une surprise que quelqu’un s’intéresse à lui et c’est avec plaisir qu’elle cherche à renseigner le monsieur en question. Ce dernier se redresse finalement derrière le grillage pour lui adresser un sourire.

« On est d’accord, ils ont un regard irrésistible. » Parfois dans plusieurs sens du terme - soit comme le chat potté dans le film Shrek, trop mignon, soit beaucoup plus triste et c’est tout aussi difficile de dire non. « Celui-là a une histoire un peu particulière. Il n’a pas été abandonné en forêt quand il était bébé, ni par des propriétaires qui ont déménagé dans un autre pays ou quoi que ce soit dans le genre. En fait, son humain  était âgé et est décédé il y a quelques semaines… Et comme personne dans son entourage ne voulait adopter Onyx, alors il s’est retrouvé ici avec nous. » La tristesse se lit encore dans les yeux du berger allemand, ce qui est tout à fait compréhensible pour un animal réputé être aussi fidèle. Mais il ne demande qu’à être aimé. « Alors je suis certaine qu’il saura combler un autre humain. » Il n’y a même aucun doute là-dessus. Un animal abandonné (de quelle que manière que ce soit) et recueilli manifeste sa reconnaissance au centuple, comme le montrent les témoignages de nombreux adoptants, y compris son amie Reira.

Mais Mia comprend aussi les défis qu’il y a derrière l’adoption, particulièrement lorsqu’il s’agit d’animaux durement éprouvés par la vie. Elle-même a mis longtemps avant de sauter le pas, parce qu’elle devait réunir les conditions nécessaires au bon accueil de deux boules de poils. Mais de toute sa vie, c’est l’une des décisions qui lui apporte le plus de joie. « Il y a quelque chose en particulier qui vous bloquerait ? Enfin, si ce n’est pas indiscret, bien sûr. » La blonde ne veut pas poser de questions personnelles, mais elle voit bien que son interlocuteur est partagé. Il est clair qu’il est partagé entre son envie d’adopter et autre chose, qui le retient pour l’instant. « Au fait, je m’appelle Mia. Si vous entrez, on pourra se serrer la main » ajoute-t-elle en désignant avec un sourire le grillage qui les empêche de le faire pour le moment.