GRACE & PETER - rencontre hasardeuse

« Je vous remercie madame Carter. Je reviens vers vous très vite. Certainement dans la semaine » Grace sourit à l’agent immobilier avant de quitter la maison qu’elle venait de visiter. Elle savait déjà qu’elle allait rappeler la vieille dame demain pour lui dire que non. Cette maison n’était pas pour elle. Encore. Elle ne comptait plus le nombre de maison, appartements, lofts visités ces deux derniers mois. Depuis qu’elle avait décidé de se trouver un endroit à elle et non quelque chose de loué. Elle voulait que son enfant puisse grandir dans un endroit qui serait le sien un jour. Même si sa préférence allait vers la nature, elle ne fermait pas la porte aux habitations en bord de mer. Ouvrir les yeux sur un beau lever de soleil ou bien prendre un apéritif en regardant le soleil se coucher sur la mer pouvait être tout aussi bien. Elle n’était pas difficile Grace. Elle n’avait jamais réellement eu de chez elle et c’était ça qu’elle voulait pour son enfant. Un endroit où il pourrait se sentir en sécurité. Mais jusqu’à présent elle avait fait chou blanc. N’avait pas encore trouvé cet endroit, ce coup de cœur. Elle n’aurait jamais cru que cela serait aussi difficile la blonde. Plus la grossesse avançait et plus elle se rendait compte des difficultés qu’elle allait rencontrer. Etre mère célibataire était déjà difficile mais être une mère célibataire chirurgien encore plus. Elle le savait alors elle voulait se préparer. Du mieux qu’elle le pourrait.

S’accoudant sur la rambarde, la jeune femme laissa son regard errer sur l’étendue d’eau qui se trouvait devant elle. Posant une main sur son ventre, elle murmura « Ce n’est pas encore pour aujourd’hui mon cœur mais je te promets de trouver notre chez nous. Un endroit rien qu’à nous Moustique, tu vas voir ». Soupirant légèrement, elle se décida à aller faire une petite balade au bord de l’eau. Elle n’avait rien de prévu et au lieu de rentrer et paniquer sur le fait qu’elle n’avait rien avancé sur ses plans autant profiter du fait d’être là. Elle venait de rentrer sur Island Bay après une semaine passée à Napier pour une intervention. Elle était heureuse de voir que sa réputation pouvait venir en aide aux personnes qui en ont besoin. Le patient était en bonne voie de guérison. Elle devrait y retourner dans un mois pour le suivi post-opératoire à moins que ce ne soit lui qui vienne comme l’avait suggéré sa femme en montrant le ventre du chirurgien avec un petit sourire. Grace avait l’intention de travailler jusqu’au bout. Gardant des jours pour plus tard car elle n’avait aucune idée de comment elle allait réagir. Comment elle allait accueillir cette nouvelle vie dans son monde si tournée vers son métier. Et la blonde savait qu’elle ne pourrait réellement le comprendre qu’une fois qu’elle aurait accueilli Moustique dans ses bras. Du moins, elle l’espérait. Ses sandales à la main, elle se promenait au bord de l’eau contente de sentir la mer lui chatouiller les orteils. Elle pouvait sentir le bébé à l’intérieur d’elle lui arrachant un petit rire. « Tu aimes ça hein ? ça te plairait de vivre par ici Moustique ? » Elle s’était arrêtée le temps de reprendre son souffle. Elle n’en était qu’à six mois et pourtant elle sentait de plus en plus fatiguée rapidement. Grace savait que c’était normal mais pensait naïvement que sa condition physique lui permettrait de mieux supporter tout ça. « Ménages un peu ta vieille mère  ok. Elle n’est pas enc… » Une douleur lui vrilla le ventre lui coupant pratiquement le souffle. Elle s’efforça de respirer le temps que la douleur s’en aille. Sentant qu’elle refluait doucement, elle se redressa péniblement mais une autre douleur arriva alors lui arrachant un cri de douleur tandis qu’elle tombait sur le sable. Elle avait du mal à reprendre son souffle et essayait de trouver quelqu’un qui pourrait l’aider. Son téléphone était resté dans sa voiture. Elle s’en était aperçue en visitant la maison mais n’avait pas jugé nécessaire de retourner le chercher. Erreur qu’elle payait maintenant. Il y avait bien cette personne qui courrait dans sa direction, le soleil – et la douleur –  l’empêchant de voir autre chose qu’une ombre…

Depuis que son ventre ne lui permettait plus de rentrer dans ses jeans, Grace avait investi dans les robes de grossesse. Elle n’avait que très peu de jeans de grossesse et juste quelques joggings pour être à l’aise. La jeune femme restait généralement en T-shirt XXXL lorsqu’elle était chez elle, elle n’avait pas besoin de s’apprêter Grace. Même si elle aimait à porter de jolis vêtements, depuis qu’elle attendait Moustique cette tendance en elle avait très largement réduit. Elle n’avait plus cette envie de séduire. N’avait plus besoin de ressentir l’étreinte d’un homme pour un moment de plaisir éphémère. En dehors de son travail, toute l’attention de la jeune femme se concentrait sur ce petit être qui grandissait en elle. Un être qui dépendait d’elle et non un patient qui dépendait et cela faisait une grosse différence pour la jeune femme. Elle ne saurait l’expliquer. Elle ressentait envers son enfant à naître un amour qui prenait racine au plus profond d’elle. Un amour qu’elle n’aurait jamais cru connaître. Et Moustique n’était pas encore né. Elle ne savait pas comment ça sera une fois que le bébé serait là et cela la terrifiait Grace. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur de ne pas être à la hauteur. Elle n’avait jamais reculé devant un défi, cela l’avait toujours excitée. Et cette fois ne faisait pas exception à la règle même si cela lui faisait peur. Elle voulait le meilleur pour lui d’où cette quête d’une maison.

Sauf qu’elle n’avait pas prévu le temps. Elle n’avait pas assez de temps. Les mois filaient à une vitesse folle et Grace sentait qu’elle allait devoir transformer la chambre d’amis en nursery le temps de trouver une maison. Il fallait qu’elle s’équipe, qu’elle achète ce qu’il faut. Elle ne connaissait pas le sexe de son enfant. Elle ne voulait pas savoir. Le plus important était que le bébé naisse en bonne santé. Les échographies, elle ne les regardait pas. Le désavantage d’être un médecin, Grace savait qu’il lui suffisait d’un simple regard pour savoir si Moustique était une fille ou un garçon. Alors elle fermait les yeux. Demandait à ce que l’on mette les échos dans une enveloppe qu’elle rangeait ensuite dans une enveloppe. Le livre de bébé était là. Elle y avait mis tout ce qu’elle voulait faire. L’avantage de travailler à l’hôpital. Elle pouvait faire une échographie par mois et depuis qu’elle se sait enceinte, elle se prend aussi en photo une fois par mois pour une corrélation. Elle se découvrait un véritable penchant pour tout ça Grace. Avoir des souvenirs de ces moments privilégiés. Ces instants qu’elle savait uniques. C’était à tout ça qu’elle pensait en regardant la mer avant que les douleurs ne la prennent par surprise. Si la première fut à peu près supportable, la seconde lui vrilla le bas du ventre à tel point qu’elle en eut le souffle coupé et qu’elle tomba à terre. La dernière chose qu’elle vit fut l’ombre qui arrivait en courant et avant qu’elle ne perde totalement conscience elle crut voir Peter.

Elle sentit qu’on lui tenait la main. Qu’on lui parlait mais Grace n’arrivait pas à en discerner les mots. Elle pouvait sentir les rayons du soleil qui lui tapaient sur le crâne accentuant la douleur qui lui vrillait les tempes. La jeune femme ouvrit péniblement les yeux, une plainte s’échappa de ses lèvres. Une voix douloureusement familière la tira alors de sa torpeur. Prenant conscience que la personne qui lui tenait la main n’était autre que celui dont elle refusait le souvenir, elle la retira vivement. « Je… » Le mot s’étrangla dans sa gorge desséchée. Toussant un peu, elle se redressa pour se mettre sur son séant et détourna le regard de celui azuré de Peter. « Je vais bien. Merci » Elle se releva alors vivement. Un peu trop car un étourdissement la prit et elle serait tombée à nouveau sans la présence d’esprit de son compagnon qui la retint. Se détachant de lui, elle répéta à nouveau « Je vais bien. Juste un malaise passager… Merci de ton aide ». Elle en avait trop fait, elle le savait. Elle était rentrée tard hier soir et le rendez-vous trop matinal avait achevé de l’assommer de fatigue. Une erreur qu’elle ne reproduirait plus Grace. Mais pour l’instant elle devait partir. Fuir ce regard qui la hantait encore trop souvent. « Je vais rentrer maintenant ». Elle était fière Grace, orgueilleuse. Un peu trop pour son propre bien parfois car elle risquait l’insolation en repartant vers sa voiture ainsi sous le soleil ardent de midi.

Elle pensait avoir réussi non à l’oublier – oubliait-on vraiment la première personne à vous avoir brisé le cœur ? – mais du moins à le chasser de sa vie. Mais il fallait croire que le karma s’amusait à vous mettre dans des situations qui ne nous seyaient pas. C’était le cas à présent. Peter ne pouvait pas se trouver ici. De tous les endroits sur terre pourquoi avait-il fallu qu’il vienne troubler sa quiétude. Elle avait enfin trouvé un équilibre à sa vie Grace. Un endroit où elle se sentait chez elle. Elle se sentait plus heureuse qu’elle ne l’avait été depuis longtemps. Il n’avait pas besoin de venir et faire exploser sa bulle. Elle ne lui en laisserait pas l’occasion. Désolée Moustique mais tu devras faire une croix sur la plage. Du moins dans ce coin. Tant pis. Parce qu’elle n’avait aucune envie de le voir dans le coin. Pas quand elle voulait construire un nid pour son enfant. Le savoir ici la mettait déjà ses nerfs à rude épreuve, elle n’avait pas besoin de s’infliger ça en plus. Et cela ne lui ressemblait pas Grace. Fuir ainsi mais cette bataille était bien trop personnelle pour qu’elle puisse agir comme d’habitude. Il était parfois plus facile de se battre pour qu’une personne vive. Les combats des autres étaient son credo. Battre la Mort était son cheval de bataille. Mais ses histoires à elle ? Ce n’était pas pour rien qu’un de ses ex l’avait traité de sans cœur. Elle avait tellement mis de barrières entre les hommes et son cœur que depuis la mort de sa mère peu y étaient entrés.

Alors voir Peter ici et là, c’en était trop pour la belle blonde. Elle fit ce qu’elle fit de mieux, fuir. Et lorsque les bras de son compagnon s’étaient refermés sur elle, l’espace d’un bref instant, elle s’était vue revenir quelques années en arrière. Ce sentiment de sécurité, de bien-être… Mais bien vite la réalité reprit ses droits et elle repartait de plus belle Grace après avoir murmuré de vagues remerciements. Mais c’était sans compter sur l’obstination du jeune homme qui se mit à la suivre. Ce qui n’était pas bien difficile. Son rythme avait diminué proportionnellement au fait que son ventre grossissait. Ce qu’il lui dit l’étonna tellement qu’elle s’arrêta net. Il pensait donc qu’elle ne pouvait pas avoir son bébé seule ? Qu’elle ne pouvait être que mariée ? MARIEE ?? Mais quel… « Il n’est pas en ville » Elle fut la première surprise de sa réponse. Pourquoi avait-elle dit ça ? Pourquoi lui laisser croire qu’elle avait quelqu’un ? La réponse était simple. Elle ne voulait pas qu’il croit qu’on l’avait laissé tomber. Ce n’était pas vrai mais ça serait certainement la première chose à laquelle Peter penserait et elle n’avait aucune envie de lui faire pitié. Elle était bien trop orgueilleuse pour ça. Et puis quel mal pouvait-il y avoir. Après cette rencontre, elle ne le reverrait probablement jamais.

« Je peux me débrouiller seule Peter. Je suis une grande fille » A comprendre, je n’ai pas besoin de toi. Cela fait longtemps que je n’ai plus besoin de toi. C’étaient ses pensées. Et probablement, il le comprit. Soufflant un bon coup, elle reprit sa marche. Mais Moustique avait décidé de faire des siennes aujourd’hui car il se mit à lui donner des coups l’obligeant à s’arrêter de nouveau. « ça suffit… » souffla-t-elle en posant une main sur son ventre. La jeune femme était à bout de souffle. C’était la première fois qu’elle se sentait comme ça. Il fallait juste qu’elle s’asseye et qu’elle laisse le malaise passer. Elle détestait se sentir aussi impuissante et encore plus quand une paire de yeux la regardaient ainsi. « Quoi ?! », aboya-t-elle. Réflexe vieux comme le monde. Etre agressive quand on se sentait menacée. Pour elle, trop vulnérable devant lui.

Après la défection de Cillian et après avoir vu sa mère sombrer dans une dépression profonde, Grace s’était promis de ne pas s’attacher à un homme comme sa mère avait pu le faire avec son mari. Giulia n’avait réussi à vivoter que jusqu’à ce que sa fille ait obtenu son diplôme afin d’entrer à l’université. Suite à cela, elle s’était éteinte pour de bon. Elle n’avait jamais su que Peter avait déserté lui aussi. Sa mère avait toujours adoré son meilleur ami, l’avait exhorté plus d’une fois à lui dire ce qu’elle ressentait réellement pour lui. Avec ce doux sourire triste qui était sien depuis toujours, elle disait à sa fille que l’amour était le moteur de la vie ce à quoi elle rétorquait que ce n’était pas son moteur à elle. Et que de toute façon, elle n’éprouvait que de l’amitié envers le jeune O’Connor. La veille de sa mort, Giulia avait dit à sa fille qu’elle était tranquille sachant que Peter serait à ses côtés à l’université. Un pli ironique s’était formé au coin de la bouche de la jeune fille qu’elle était alors et elle ne lui avait pas répondu. Giulia était partie dans son sommeil, emportée par une crise cardiaque laissant sa fille vraiment seule au monde. Depuis ce jour-là, elle avait appris à ne compter que sur elle Grace. Car après le départ de Peter, elle avait compris à quel point elle s’était appuyée sur lui, comptant sur lui pour beaucoup de choses. Comptant sur le fait que jamais, il ne la laisserait, jamais il ne la trahirait. Elle avait compris à quel point elle avait été naïve la blonde. A quel point elle avait ressemblé à sa mère sur ce point. Mais elle s’était promis aussi qu’elle ne connaitrait pas le même sort que Giulia, elle allait se battre et réaliser ses rêves. Et surtout, elle ne laisserait plus personne avoir une telle emprise sur elle.

Elle coula un regard vers lui. Cela ne l’étonnait pas. Son père avait bien dit à Grace qu’il partait faire ses études dans des facs reconnus et deviendrait un excellent médecin. Mais ce qui l’étonnait c’était de le voir ici. Elle aurait cru qu’il aurait pris la succession de son père. Après tout, c’était peut-être dans les projets ce qui signifiait que la présence de l’irlandais ici n’était que provisoire. Ce qui aurait dû la soulager la blonde. Mais ses sentiments étaient mitigés et rien que pour cela, elle voulait qu’il s’en aille Peter. Parce que ça la mettait en rogne de voir qu’il avait toujours le pouvoir de susciter en elle des sentiments aussi ambivalents. « Pas besoin, je peux très bien rentrer chez moi toute seule » Mais il fallait croire que son enfant lui n’était pas de cet avis. Elle dut ralentir le rythme jusqu’à s’arrêter complètement. Pas besoin de se demander de qui il tenait son obstination. Peter en profita pour lui parler et lui tendre une bouteille d’eau. Soupirant, elle la prit et en prit une gorgée ce qui lui fit du bien. A Moustique aussi apparemment puisqu’il arrêta de danser la java à l’intérieur d’elle. « Merci », murmura-t-elle. Ne tenant plus vraiment sur ses jambes, elle s’assit sur le sable en essayant de reprendre son souffle. Elle ne reprenait son service que dans trois jours et elle avait bien l’intention de se reposer pendant ce temps. Grace devait avouer qu’elle était contente de pouvoir le faire encore un peu. Si aujourd’hui était un aperçu de ce qui l’attendait durant les prochains mois, cela allait vraiment lui donner du fil à retordre. Ses opérations duraient en général plusieurs heures et il fallait que Moustique apprenne à bien se tenir… Posant une main protectrice sur ventre, elle se sentait déjà mieux. Mais alors qu’elle s’apprêtait à se relever, une autre contraction la prit par surprise. Lâchant un petit cri de douleur, elle leva instinctivement la main pour s’agripper à quelque chose et sans surprise ce fut la main de Peter qu’elle rencontra. Mais à cet instant précis, elle n’en avait rien à faire Grace. Elle avait juste besoin de tenir quelque chose. « Ce… ce n’est… rien. Juste… une con..traction de Braxton Hicks... » haleta-t-elle.

Elle en avait fait du chemin Grace. Elle était devenue une femme forte et indépendante. C’était ce qu’elle aimait à se dire la blonde. Elle n’avait eu besoin de personne pour en arriver là où elle en était aujourd’hui. Elle avait travaillé dur pour réussir sa vie et elle était heureuse. Oui car pour la première fois depuis longtemps, elle sentait qu’elle avait enfin une chance d’avoir sa propre famille à chérir. Certes, ça ne serait que Moustique et elle mais c’était mieux que ce que la plupart des gens avait. Et surtout, son enfant serait chéri. Elle ne laisserait personne lui faire du mal et surtout elle l’aimerait. Elle l’aimait déjà. D’un amour qui lui faisait parfois peur. Pour lui, elle se sentait capable de tout. La jeune femme savait que c’était l’amour maternel. Cet amour qui prenait racine au plus profond de chaque mère et cela l’effrayait parfois. Car elle ne savait pas ce qu’elle deviendrait si cet enfant venait à déserter lui aussi. Comma chacune des personnes qui avait fait partie de sa vie en Irlande. Mais quand ce genre de pensées lui arrivait, elle les chassait farouchement au loin. Elle ne les laisserait pas la façonner. Elle était d’une autre trempe la blonde. Elle ferait en sorte que cela ne devienne pas une réalité. Obstinée comme elle l’était, il lui semblait pouvoir soulever des montagnes pour préserver ce bonheur encore timide qui était à portée de mains…

Mais la femme forte était bien marrie en ce moment à serrer la main de Peter comme une forcenée car elle était mal en point. Fichues contractions ! Conséquence directe de ses abus, elle le savait. En son for intérieur, elle se promit de ralentir le rythme. Surement pas à l’hôpital car avec son travail, elle n’était jamais sure du rythme qu’aurait sa journée. Et elle n’était pas prête encore à ralentir la cadence dans sa vie professionnelle. Grace savait qu’elle serait absente quelques temps suite à son accouchement. Elle n’avait pas encore réfléchi à comment elle allait se débrouiller après. La garderie de l’hôpital lui semblait être une bonne option. Horaires souples et ouverture 24h/24 et 7/7. Pour un début ça serait déjà pas mal mais il lui faudrait une personne à demeure. Une nourrice ou une jeune fille au pair. Mais pour cela, il lui faudrait un autre endroit. Ou bien repenser tout l’aménagement de son logement actuel. Ce qui était aussi une possibilité. Toutes ses pensées contradictoires la perturbaient. Et Moustique sentit l’angoisse de sa mère monter et se manifesta de plus belle. Une fine pellicule de sueur apparut sur le front de la blonde qui ne savait même plus si c’était due à la chaleur ou à la douleur. Mais quand elle put enfin reprendre son souffle et respirer à peu près normalement, elle prit conscience qu’elle tenait toujours la main de son compagnon. La relâchant subitement, elle murmura hâtivement « Désolée ». Elle s’essuya le front du revers de la main avant de reprendre une gorgée d’eau. Elle n’était plus très fraiche mais l’eau lui fit du bien. Bien toute relative car elle releva le regard vers Peter quand il reprit la parole.

Un petit sourire ironique souleva le coin de ses lèvres. « Je suppose que tu n’as pas fait de la gynécologie ta spécialité ? » Le ton était un brin moqueur. « Les contractions de Braxton Hicks sont très fréquentes dans mon état Peter. Ce n’est rien. Je ne me suis pas assez ménagée c’est tout. Et cette promenade en plein soleil n’est certainement pas ma plus brillante idée, j’en conviens. Je vais me reposer un peu dans ma voiture avant de rentrer chez moi. Ce n’est pas grand-chose »

Bon si se promener en plein cagnard n’était pas la plus brillante des idées, se reposer dans une voiture qui a eu le temps de surchauffer n’était pas vraiment une meilleure idée. Mais elle n’avait trouvé que cela Grace pour essayer de lui échapper le plus vite possible. Au pire, elle mettrait la clim à fond avant d’entrer dans la bagnole. Elle se releva péniblement et lui dit « Je garde ta bouteille. Merci encore. »