it's nothing (natalia)

Cette journée avait tout pour être bien. Elle avait commencé en douceur, avec Elliot et Leo dans mon lit, puis s'était poursuivie en agréable compagnie avec ma mère dans un restaurant. Mais tout a basculé lors d'un passage au parc en attendant de récupérer l'aîné des deux garçons. Alors que ma mère s'occupait de Leo le temps que j'aille chercher de quoi grignoter à un stand de nourriture, un homme a cherché à voler mon sac à main. Je ne me suis pas laissé faire et il ne s'y attendait pas. Avant de se résoudre et de lâcher prise, l'homme m'a poussé violemment et j'ai percuté le stand. En l'espace de quelques secondes, je suis devenue le centre d'intérêt des personnes présentes. Du vendeur, des passants et de ma mère, qui a vu toute la scène d'un peu plus loin. On m'installe sur un banc, avant de me laisser un peu d'espace. « Tu devrais aller porter plainte. » Je soupire légèrement et m'étire pour faire passer la douleur du coup. « Tout va bien maman, d'accord ? Plus de peur que de mal. » Me rendre au commissariat, ce n'est pas dans mes plans. Ce n'est pas un endroit qui m'attire et c'est là que Natalia travaille. C'est tendu entre nous, alors inutile de rajouter des minutes ensemble pour l'instant. « Cet homme s'est enfui. C'est un voyou et il est en liberté. Qu’est-ce que tu diras en apprenant qu’il a attaqué d’autres femmes ? » Elle me connaît, elle sait quoi me dire pour me faire changer d’avis. Quelques minutes après cet incident, ma mère me dépose au commissariat et prend ensuite la route vers chez moi, accompagnée de Leo. Ce n’est pas un endroit pour un petit garçon d’un mois et demi. Alors que l’homme face à moi commence à taper sur son clavier, il relève la tête vers moi. « Vous êtes sûre de vouloir déposer plainte auprès de moi ? » Je fronce légèrement les sourcils, ne comprenant pas vraiment où il veut en venir. C’est son travail, non ? Si je ne le fais pas auprès de lui, alors auprès de qui ? J’ai été prise en charge assez vite, alors qu’on en finisse, je n’ai pas envie de devoir attendre plus. « Vous travaillez ici ? » « Oui. » « Alors vous pouvez prendre ma déposition. » « Mais.. » Très vite, il détourne son regard pour le poser sur quelque chose, ou plutôt quelqu’un, derrière moi. « Lieutenant Reyes. » Il est rapidement congédié et je me retourne vers la brune. « Il aurait très bien fait l’affaire. Il n’est sûrement pas lieutenant, mais il a réussi à décrocher un travail ici. » Ils n’ont sûrement pas les mêmes tâches. Un dépôt de plainte, ce n’est pas ce qui occupe les journées de ma petite amie.

la journée est interminable, après il faut dire qu'arriver au commissariat à cinq heures du matin depuis près d'une semaine n'aide pas non plus à ce que les journées passent plus rapidement. elle soupire natalia, fini de régler la paperasse de l'arrestation de lou, se met à sourire en se souvenant de la panique de la jeune femme et s'accorde finalement une pause auprès de trois heures de papiers signés. le café est abjecte, bien loin de la merveille que propose celeste dans sa boutique et rien que souvenir suffit à lui serrer le coeur. parce qu'il n'y a plus de communication entre elle et celeste, seulement de la politesse quand elle vient voir leo et elliot, mais le froid entre elles est glacial. la machine commence à faire du bruit alors que natalia tente de la faire fonctionner et au bout d'un moment, elle cogne dessus nat, parce u'elle sait faire que ça pour extérioriser sa frustration et sa colère. wow, c'est pas en tapant dessus que ça va mieux fonctionner, il se passe quoi là ? son regard se porte sur un officier bien plus âgé qu'elle, il a été le premier à l'accueillir et s'occuper d'elle à son arrivant, c'était même lui qui l'avait aidé à trouver son appart. elle porte une main à son visage natalia, ferme les yeux et soupire de frustration. désolé, longue semaine. et il vient avec délicatesse remettre la machine en marche et elle ne peut pas le croire natalia. tu sais cette machine à café c'est comme une femme, faut en prendre soin. et en parlant de femme, j'ai vu cette femme magnifique que tu as en photo sur ton bureau avec un bleu, il y a dix minutes. elle lève les yeux natalia et sent la pression monter en même temps que l'inquiétude, parce que si celeste est un bleu c'est forcément pour une plainte parce qu'ils se contentent de cela et sans un mot de plus, elle se dépêche d'ouvrir la première porte qu'elle trouve. forcément une mauvaise, mais la seconde est la bonne et certainement qu'elle l'a ouvert trop férocement au vu de la peur qu'elle peut lire sur le visage du jeune officier alors qu'il la salue. je m'en occupe, sors de là. et elle le vire de son propre bureau, mais ça compte pas, c'est pas important, la seule chose qui compte c'est celeste. celeste qui semble toujours très énervée contre elle, bien, elles sont dans le même mood. super, une agression entre trente secondes, je vois que ce n'est pas si grave. elle secoue la tête natalia, avant d'attraper avec douceur le menton de sa belle pour lui faire tourner la tête. un hématome est déjà présent, mais rien de très grave. elle s'installe au bureau du jeune policier et appuie sur un bouton pour demander à ce que quelqu'un lui apporte une poche de glace. qu'est-ce qui s'est passé ? les enfants vont bien ? tu vas bien ? elle s'inquiète natalia, pour leo, pour elliot mais aussi pour celeste bien évidemment. elle se doute que ce n'est pas grave pour les enfants, sinon sa petite amie ne serait pas tranquillement installée sur sa chaise, mais quand même, elle se doit de demander. raconte moi tout, ensuite je vais retrouver celui qui t'as fais ça. et il finira sûrement avec une balle dans le genou, parfois elle regrette de ne pas être au mexique, au moins là bas, elle aurait pu se venger tranquillement.

Croisé Natalia, c’était un risque à prendre. Enfin un risque.. ce n’est pas vraiment le terme idéal. Même si c’est un peu tendu entre nous, je ne cherche pas à la rayer de ma vie. Seulement, si nous ne discutons pas à la maison, je ne suis pas certaine que le faire au commissariat soit la meilleure des idées. Alors forcément, quand j’ai vu cet homme s’approcher de moi pour m’inviter à aller dans son bureau pour déposer ma plainte, j’étais soulagée. Mais c’est de courte durée. Visiblement le commissariat est petit et les nouvelles vont vites. J’ai à peine le temps de m’installer que la brune débarque dans le bureau et demande, ou plutôt ordonne, à l’officier de nous laisser. Ce n’était pas nécessaire, il aurait réussi à taper sur son clavier et la jeune femme aurait pu me demander un résumé ce soir, en supposant qu’elle m’aurait parlé. Seules dans la pièce, Natalia se rapproche de moi. Elle attrape délicatement mon menton et m’oblige à tourner la tête pour voir ce qui se rapproche d’un hématome au niveau de ma pommette. Mes yeux se posent rapidement sur elle. La dernière fois où elle était si proche de moi remonte à plusieurs jours maintenant. Elle s’éloigne ensuite et s’installe derrière le bureau. « Elliot est encore à l’école et Leo est avec ma mère. » Il n’y a pas de soucis à se faire pour eux. Le premier n’a même pas connaissance de ce qui s’est passé et le second était présent, mais bien endormi dans sa poussette. « Je vais bien, ne t’en fais pas. Je ne voulais pas venir, c’est elle qui m’a poussé à le faire. » Sans parler de la présence de Natalia ici, ça ne m’enchantait pas de mettre les pieds ici. Hormis les personnes qui travaillent dans ce bâtiment, est-ce qu’il existe vraiment quelqu’un qui se plairait à venir ? Ce lieu est un peu synonyme de problèmes. « Nous étions au parc et j’ai voulu acheter des friandises à un stand. J’ai ouvert mon sac pour sortir mon porte-feuille et un homme m’a sauté dessus. » Tout s’est passé très vite. « Il a essayé de me prendre mes affaires, mais je ne me suis pas laissé faire. » Par fierté, un sourire se dessine sur mes lèvres. Si j’avais lâché prise, je n’aurais peut-être pas de bleus, mais pendant des heures, voire des jours, j’aurais repassé la scène dans ma tête en me demandant ce que j’aurais pu faire de mieux. « Son égo touché, il m’a poussé et je suis tombée sur le stand. » Et il est parti en courant, me laissant par terre. « Je ne l’ai même pas vraiment vu. C’est inutile que je porte plainte. » Avec le peu de détails que j’ai à donner, aussi bons soient-ils, ils ne le trouveront sûrement pas. Il va se faire discret durant quelques jours, avant de finalement recommencer sur d’autres femmes sans défense dans ce parc ou dans un autre endroit. Si seulement quelqu’un avait pu l’arrêter.

parler avec celeste est toujours difficile si elle est énervée après vous et natalia comprend vite qu'elle n'est pas la seule à être sur les nerfs à la suite de leur dernière dispute et leur éloignement. elle fait mine de rien natalia, mais elle doit avouée que malgré le contexte, elle est contente de revoir celeste, le manque s'est fait de plus en plus important ces derniers jours et son appartement lui semble beaucoup trop calme à présent. les enfants aussi manquent et rien que la pensée de son fils lui serre l'estomac, heureusement, natalia est bien vite rassurée par celeste, ils vont bien, elle peut donc se concentrée sur l'agression. elle écoute sans un mot le récit de sa petite-amie, encaisse et laisse la colère prendre place en elle et voilà que le stylo qu'elle avait dans ses mains vient se briser en deux. et merde. elle éponge maladroitement l'encre qui s'écoule à présent sur le bureau, elle est certaine que l'officier n'osera rien lui dire, mais tout de même. elle continue à écouter celeste, tente de ne pas laisser la colère la submerger alors qu'elle tente, tant bien que mal, d'éponger le flot bleu qui marque à présent le bureau. un léger rictus prend place sur ses lèvres quand elle entend que celeste ne s'est pas laissée faire et un certain sentiment de fierté prend place en elle. esa es mi chica. ça s'échappe tout seul, explique la langue espagnole et pourtant elle regarde celeste avec une certaine tendresse. elle aurait pu la perdre, c'était une légère agression, rien de bien méchant au final, pourtant son cerveau de flic se met en alerte, imagine les pires scénarios et ça l'embrouille natalia. alors elle arrête d'un seul geste celeste. stop. ta mère a eu raison, tu dois porter plainte, pour toi, mais aussi pour celles qui risquent de subir la même chose. elle soupire lentement natalia et pose finalement ses chiffons pour se poser. chérie, quand on m'a dit que tu étais là, j'ai imaginé le pire et crois moi, quand un flic imagine le pire ça donne lieu à des pensées très lugubres. porter plainte, ça va me permettre de me lancer à la recherche de cet enfoiré et de mieux dormir la nuit. parce qu'elle va pas le lâcher natalia, le traquer dans toute la ville jusqu'à pas d'heure, prête à se lancer dans une véritable chasse à l'homme pour ça. il ne faut pas toucher à la femme qu'elle aime. c'est pas comme si je dormais bien de toute façon, ça va pouvoir m'occuper. le sourire est discret, presque triste alors qu'elle commence à remplir le dépôt de plainte avec toutes les informations personnelles de celeste et elle prie que ce soit la dernière fois de sa vie.

Arrivée au commissariat, je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil à gauche et à droite. Natalia travaille et j'ai comme envie de l'éviter. Nous ne nous parlons pas à la maison, pourquoi le faire aussi ? Malheureusement, je me rends compte bien assez vite qu'ici, les bruits de couloirs vont vite. À peine l'officier à le temps de prendre les premières informations de mon agression que la brune débarque dans la pièce et prend les commandes. Je lui explique rapidement ce qu'il s'est passé, de l'incident en lui-même, aux encouragements de ma mère pour venir ici. Une décision approuvée par ma petite amie. Il ne m'en faut pas plus. Savoir que mon geste pouvait aider les autres auraient dû me convaincre dès le début à venir ici, sans que ma mère soit derrière mon dos, mais au fond, je crois que j'appréhendais de croiser Natalia. C'est sûrement un peu bête, car à fuir les problèmes, nous n'arriverons pas à les résoudre. Cependant, j'avais peur de tout foutre en l'air, de gâcher encore plus ce qu'on avait. Une telle peur face à un dépôt de plainte ? Je n'aurais pas dû hésiter et pourtant, je ne le comprends que maintenant, avec ce qu'elle me dit. Les airs graves, les mauvaises nouvelles, je connais. Je n'étais qu'une enfant quand deux hommes sont venus frapper à notre porte pour annoncer la mort de mon père et pourtant, je m'en souviens comme si c'était hier. « Je vais bien. D'accord ? » Dis-je, un fin sourire sur les lèvres pour la rassurer. Plus de peur que de mal comme on dit. « Tu sais, quand tu viens à la maison, tu n'es pas obligée de dormir sur le canapé. » Même si c'est tendu entre nous, nous ne nous détestons pas, enfin je ne crois pas, alors nous pouvons bien partager un lit. Ça sera sûrement plus confortable et ça lui permettra de passer de meilleures nuits, tout en voyant les garçons. Alors qu'elle commence à remplir le dépôt de plainte, je la regarde et presque naturellement, l'une de mes mains vient se poser sur la sienne. Ce n'est pas grand-chose et pourtant, ce simple contact me fait du bien. « Tu me manques. » C'est plus fort que moi. Mais à peine ces mots ont franchi mes lèvres que je regrette, j'ai l'impression d'avoir dépassé les bornes. « Je suis désolée. Tu travailles, je ne devrais pas. » Ce n'est pas le lieu et pas le moment pour ça. Pourtant, j'ai voulu profiter de ce moment avec elle pour lui parler, pour lui dire ce que je ressentais, sûrement parce qu'en dehors de ça, nous n'en avons pas vraiment l'occasion. Mais très vite je me ressaisie et je reprends là où nous nous sommes arrêtées. « Il était brun, je crois. Un peu plus grand que moi, de corpulence normale. Il me semble qu'il avait un tatouage aussi, sur son avant-bras. C'était assez long, un serpent ou quelque chose comme ça. »