good vibrations → basilton

Basilton n’était pas du genre à se livrer beaucoup en réalité. Ce n’était pas contre Vesper ou même les autres personnes. C’était comme cela. Le musicien avait du mal à se livrer et faire confiance, surtout depuis son enfance. Depuis tout ce mal que son père lui avait fait à lui et à sa sœur. Peut-être que cela finirait par passer à un moment donné ou peut-être pas. Seul le temps le dirait. Cela lui demandait beaucoup d’efforts. Ce n’était pas tout le monde qui avait la chance de pouvoir l’approcher, ou du moins avoir un lien avec Basilton. « Avec le temps, tu finiras peut-être par savoir. » Enfin déjà s’ils surfaient et qu’il pouvait avoir accès à son bateau, c’était plutôt un bon point. Ensuite, ils verraient comment les choses se passeraient entre eux. Cela ne faisait que peu de temps au fond qu’ils se connaissaient tous les deux et à part les quelques rendez-vous à la plage, ils n’échangeaient pas par téléphone ou autre.

Ils n’allaient peut-être plus avoir besoin de se voir autant pour le surf puisqu’elle semblait se débrouiller un peu mieux maintenant. Encore quelques entraînements et elle surferait comme une pro. Pas comme lui non plus mais bon. Ce n’était pas le but mais en tout cas pour des vacances ou autre cela pouvait toujours servir. Il lui propose d’aller boire un verre après autant d’efforts. « Bah alors, tu ne connais plus le coin ? » Il l’embête. « Il y a quelques bars un peu plus haut sur la plage si tu veux. Sinon faut marcher un peu pour trouver quelques restaurants ou cafés. » A elle de choisir, il s’en fiche un peu.

Peut-être, très bien. De toute manière, Vesper n’est clairement pas du genre à forcer les autres ; elle attend patiemment qu’on vienne à elle. Ce qui explique peut-être pourquoi elle a si peu d’amis depuis son arrivée. Mais la vérité, c’est que ça lui convient plutôt bien en fin de compte. Il se peut que ce qu’elle a vécu à San Francisco l’ait quelque peu refroidie, finalement. Devoir fuir son pays et sa famille, ça n’a rien de très drôle, vous pouvez me croire. Alors peut-être a-t-elle retenu la leçon et décidé de ne pas se lier à trop de monde. Aussi bien pour eux que pour elle, soit dit en passant. Tout ça pour dire que ça lui convient. S’ils doivent devenir de vrais amis un jour ou l’autre avec Basilton, alors ça se ferait tout naturellement. Et si pas, ils se contenteraient de surfer et de faire du bateau, c’est déjà pas mal. Sans mot dire, la texane hoche la tête avant qu’il lui demande si elle ne connaît tout à coup plus le coin. C’est que Vesper ne fait jamais attention. Si ce n’est pas pour prendre le bus étant donné qu’elle n’a pas de voiture, à quoi bon être observatrice ? En tout cas en ce qui concerne les lieux. Ici, elle n’a pas vraiment d’habitude et préfère découvrir sans cesse de nouvelles choses.
« Oh tu sais, je fais pas vraiment attention à tout ça. »
D’autant qu’ils se trouvent sur une plage. Et rien ne ressemble plus à une plage qu’une autre. Aussi Basilton est-il forcé de lui rappeler qu’ici, il n’y a que des petits bars. Ouais, comme sur toutes les plages ou presque, en somme. Et que s’ils veulent quelque chose d’un poil plus chic, il va leur falloir marcher un peu. Ce qui ne la dérange en aucune façon, bien sûr, m’enfin, on parle d’une texane : le chic elle connaît pas trop et reste très fidèle à la cow-girl à peine sortie de sa cambrousse.
« Un bar, ça fera très bien l’affaire. »
Suivant l’endroit qu’il lui a indiqué un peu plus tôt, elle remonte dans cette direction, sa planche sous le bras. Planche qu’elle plante dans le sable devant le bar une fois arrivée à destination. Puis elle leur trouve deux tabourets inoccupés au comptoir et grimpe sur l’un d’eux avant de commander un jus de fruits et quelques cacahuètes.
« Qu’est-ce que tu prends ? C’est moi qui offre. »
Chacun sa tournée.

Basilton n’avait pas beaucoup d’amis ici et pourtant, ce n’était pas faute de vivre dans cette ville depuis qu’il est jeune. Il y vit avec sa sœur, quand bien même ils ne vivent pas ensemble tous les deux. Il ne parlait pas à beaucoup de personne mais ça lui avait toujours convenu ainsi. Il aimait être une âme solitaire, une âme à qui on ne s’attachait pas. Il ne le faisait pas non plus, s’attacher aux autres, parler. Il ne laissait personne percer sa carapace autant qu’il le pouvait. Il n’avait pas très envie de discuter de sa vie personnelle, de ses problèmes. Encore moins de son enfance, de son père. S’il parlait avec Vesper, il ne se confiait pas pour autant. Il hoche donc la tête à ses paroles et comprends ce qu’elle veut dire. « Oui, tu as raison. » Il lui souffle alors.

Après avoir fait un peu de surf comme ils avaient l’habitude, il lui propose d’aller prendre un verre. Il ne ferait pas de tour en bateau aujourd’hui, peut-être plus tard. Il savait de toute façon qu’il n’avait juste à la contacter la jeune femme quand il aurait besoin, sauf si elle ne pouvait à ce moment. « Allons y alors. » Il en connait quelques-uns à force et puis bon, il est patron d’une boîte de nuit. Basilton a tout intérêt pour ses affaires à connaître ses potentiels concurrents. Il n’avait pas trop de soucis à se faire car sa boîte marchait plutôt bien. Ce n’était pas son boulot de rêve mais bon au moins cela marchait. Au moins pour cela, il n’était pas un raté. Ils arrivent donc à un bar où il s’installe. « Je vais prendre une bière pour commencer, merci. » Il n’était pas trop tard et le temps se prêtait à cela. « Comment se porte ton bateau sinon ? » Il lui demande alors.

Fut un temps où Vesper ne se moquait pas encore de tout mais sa vie à Los Angeles l’avait blasée. Cette ville n’avait quelque chose d’intriguant que pour les touristes. Quand vous y viviez, c’était une autre histoire, en revanche. On pourrait croire qu’il ne s’agit que de son expérience personnelle mais elle a entendu bien trop de témoignages similaires pour ne pas croire que, lorsque vous y viviez, vous deveniez rapidement désabusé. Quoi qu’il en soit, peut-être qu’à une autre époque, la texane aurait fait plus attention à ce qui l’entoure. Mais ce n’est pas le cas. D’autant que, jusqu’à récemment, elle n’était pas encore certaine de rester. Pas avant qu’elle accepte la proposition de Rafa de vivre ensemble en tout cas. Mais quand bien même, elle aime bien que tout le monde la voit comme une touriste. Elle n’avait jamais cherché à dissimuler son accent des plus prononcés, pas même lorsqu’elle était partie pour Los Angeles où c’est assez mal vu d’avoir un accent autre que californien, et c’est encore moins le cas maintenant. Elle pense même que celui-ci s’est accentué si c’est possible. Bref, elle suit donc jusqu’au petit bar dont Basilton lui a parlé un peu plus tôt bien qu’il n'ait pas vraiment parlé de celui-là en particulier, il s’agit donc d’un parmi tant d’autres mais ça fera très bien l’affaire.

Ils se s’installent, commandent à boire, une bière pour Basilton, un jus de fruits pour Vesper et se mettent à discuter. De choses à la fois banales mais pas tant que ça non plus étant donné qu’il s’agit du bateau de la blonde. Tout qui sait qu’elle en possède un, sait également qu’il est un peu comme son bébé.
« Très bien, je dois emmener une amie faire de la plongée bientôt alors j’en ai profité pour lui refaire une petite beauté. »
Sa coque avait été repeinte, ses ponts briqués et tout ce qui s’ensuit. D’ici peu, elle irait faire quelques courses, qu’elles puissent au moins se sustenter après être rentrée de plongée. Quelques petites choses qu’il lui arrive de faire de temps à autre, ne serait-ce que pour une balade en mer. Ça serait dommage qu’un tel bateau reste à quai.
« Et si besoin, il sera prêt à repartir en mer d’ici peu. »
Autant en profiter, des fois que Basilton ait envie d’aller prendre l’air. En tout cas, elle suppose que c’est pour ça qu’il pose la question.