comme avant (eden #3)

comme avant
crédit/ tumblr ✶ celeste

Son histoire me ramène à de douloureux souvenirs du passé. Enfin "passé" est un bien grand mot d'ailleurs. Pour être honnête, je ne me suis pas encore remise de ma rupture avec ma femme. Ex femme - même si le divorce n'est pas encore officiel. C'est encore récent, et les images de son adultère beaucoup trop frais dans mon esprit. Ce n'est donc pas encore du passé pour moi. Mais bien un présent dont j'ai encore du mal à me détacher. Retrouver sa femme dans le lit avec une autre, je crois que je ne souhaite ce cauchemar à personne. Pas même à mon ou ma pire ennemie. Je sais qu'il me faudra du temps pour oublier, avancer, et faire de cette histoire passée une force. En attendant, j'ai du mal à refaire confiance à quelqu'un. Encore moins à m'imaginer de nouveau dans une histoire sérieuse. Même si l'une de mes amies m'a inscrite sur cette application de rencontres et que je suis désormais célibataire, je ne suis pas sur le marché pour autant. J'ai besoin de temps pour me reconstruire. Et le fait que Celeste m'avoue avoir été la maitresse d'un homme me fait un choc. Ce n'est pas du tout la même histoire, et ce n'est sans doute pas comparable mais dans le fond il y a quand même quelques ressemblances. Le père de ses enfants a trompé sa partenaire avec elle. Et pas qu'une fois. Comme Morgan m'a trompé moi avec cette autre fille. Ma première réaction est un peu froide, et j'en ai conscience. J'essaye de me rattraper, mais je crois que le mal est fait. Le problème, ce n'est pas elle mais cette généralité malsaine qui deviendrait presque une banalité. « Si tu préfères, je peux partir. » Je me sens un peu mal d'avoir plombé l'ambiance. Celeste se justifie, et m'explique plus en profondeur sa situation. Eliott n'était pas prévu, et il est arrivé alors même qu'ils n'étaient plus ensemble. Son père ne l'a jamais reconnu, se contentant simplement de lui donner de l'argent. J'ai l'impression de revivre également l'histoire de mes parents. Sauf que ma mère, contrairement au père des enfants de Celeste, a choisi de changer complètement de vie lorsqu'elle est tombée enceinte de son amant. S'en est suivi la naissance de Marley. Aujourd'hui, je m'entends bien avec ma demi-soeur et un peu mieux avec ma mère, mais pendant très longtemps, j'ai souffert de cette situation. Mon père aussi, avant sa mort. Je reste donc convaincue que les infidèles dans le genre ne sont que des putain d'égoïstes. Bref. Je reste volontairement silencieuse, laissant le soin à Celeste de déballer tout ce qu'elle a sur le coeur. Elle me parle également de Léo, et de son déni de grossesse. Pour ça, il n'est pas au courant. « Ok, je ne m'attendais pas à tout ça. » Un petit rire nerveux s'échappe d'entre mes lèvres. « Je suis désolée si j'ai eu une mauvaise réaction... » Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas contre elle. « Tu me connais, j'ai un peu de mal avec l'infidélité. » C'était déjà vrai à l'époque, mais ça l'est encore plus à présent. « C'est encore pire maintenant d'ailleurs. » Je grimace un peu avant d'ajouter. « Je crois que je vais avoir besoin d'un autre verre moi aussi. » J'en profite pour boire une nouvelle gorgée de mon cocktail. « Mais je ne suis pas là pour te juger. En réalité, ce n'est pas toi la personne à blâmer en premier dans cette histoire. » Bien qu'elle ait eu l'un des rôles principaux, ce n'est pas forcément elle la responsable. Enfin pas totalement. « En tout cas, je n'ai aucunement envie de te voir partir... » Je suis sincère, et elle peut se sentir rassurée de ce côté-là.

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C'est vrai que je ne m'attendais pas vraiment à ça concernant son histoire. Mais maintenant, au moins, je sais. Je comprends mieux pourquoi la jeune femme était un peu gênée de se confier à moi. Elle me connait, ou du moins elle me connaissait, et elle est bien placée pour savoir que ce genre de sujet est délicat à aborder avec moi. D'ailleurs, plus les années passent, pire c'est. Si je n'avais pas vécu la trahison de Morgan, je crois que j'aurais pu être un peu plus tolérante sur le sujet. Mais là... enfin bref, je suis tout de même contente que Celeste m'en ait parlé d'elle-même. Si je l'avais appris de quelqu'un d'autre, la pilule aurait été plus difficile à avaler. C'est quand même mieux de n'avoir aucun secret l'une pour l'autre. De mon côté, c'est comme ça que j'ai toujours fonctionné. Je suis honnête, quitte à l'être un peu trop par moment. Mais au moins, on ne peut pas m'en vouloir de ne pas dire la vérité. La confiance est pour moi le plus important, que ce soit en amitié comme en amour. Je préfère avoir un cercle d'amis réduit mais sincère que d'être entourée par de nombreuses personnes mais qui malheureusement n'en valent pas la peine. Chacun son truc. Elle fait référence également à un verre en plus, et je ne peux m'empêcher de rire. A ce rythme là, elle ne va vraiment pas pouvoir rentrer chez elle. Celeste me précise n'avoir plus de secret pour moi, et cette révélation m'esquisse un petit sourire. De mon côté, je n'ai pas encore tout dit sur ma précédente relation mais je suppose que ça viendra. Je ne veux pas complètement ruiner la soirée. « À nous. Nous n'avons pas besoin d'eux pour être heureuses. » Elle a raison. Si nos histoires se sont passées ainsi, c'est qu'ils n'étaient tous les deux pas les amours de nos vies. C'est aussi simple que ça. « C'est vrai, vaut mieux être seules que mal accompagnées comme on dit. » Et c'est d'ailleurs dans cette optique que j'essaye de me reconstruire depuis mon retour à Island Bay. « Ne serait-il pas temps d'aller voir où se situent tes lasagnes dans mon classement ? Je serais impitoyable, mais juste. Je t'en fais la promesse. » Je ris un peu avant de me lever pour rejoindre la cuisine. « J'ai la pression un peu là ! » Si elle n'aime pas mes lasagnes, je vais sans doute perdre des points. « Une chose est sûre, je vais bientôt être en capacité pour danser. » Celeste a de l'avance sur moi depuis tout à l'heure et je crois que mon cocktail maison commence à lui monter un peu à la tête. « Crois-moi, je suis impatiente de voir ça. » Je me moque un peu d'elle en riant. « Je te laisse t'installer, les lasagnes de ta vie ne vont pas tarder à être servies. » Ajoutais-je en l'invitant à prendre place sur la table déjà dressée. La cuisson est terminée, et je ne perds pas de temps avant d'amener le plat sur la table, un large sourire aux lèvres. Le verdict n'est plus très loin maintenant. « On fait un deal ? » Je ne sais pas trop ce qui me prend de proposer ce jeu, mais après tout, pourquoi pas. Ça peut être marrant. « Si elles se positionnent sur le podium de ton classement, c'est moi qui gagne. Par contre, si c'est le contraire, c'est toi qui l'emporte. » Dans mes souvenirs, Celeste est une compétitrice dans l'âme. Elle a fait partie de l'équipe des pom-pom girls au lycée. Alors pourquoi pas mettre un gage à la clé ? « Je compte sur toi pour être impartiale. » Il est à présent temps pour elle de goûter.

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Maintenant que Celeste en a terminé avec ses révélations, l'ambiance de la soirée devrait être plus légère. En tout cas, je vais tout mettre en œuvre pour que ce soit le cas. Fini de parler de notre passé, il faut maintenant profiter du moment présent. Et ce moment là, c'est justement d'être en tête à tête avec elle pour le reste de la soirée. Inutile de continuer à parler des sujets qui fâchent. Voilà pourquoi je propose ce petit challenge concernant mes lasagnes. Si ça peut permettre de détendre un peu l'atmosphère et de rigoler un peu, ce n'est pas plus mal. Je sais qu'il n'est jamais évident de parler de son histoire à coeur ouvert comme Celeste vient justement de le faire. A moi de l'aider à se remettre de ses émotions, et pas seulement en la faisant boire. Même si vous pourriez en douter, mon but principal n'est pas de lui bourrer la gueule. Je veux juste qu'elle puisse passer une bonne soirée en ma compagnie. « Je suis joueuse, alors pourquoi pas. » C'est une partie de sa personnalité que j'ai connu, et je suis heureuse de constater que son esprit de compétition n'est jamais loin. « Mais qu’est-ce qui est à gagner au bout ? » Je hausse un peu les épaules avant d'ajouter le plus naturellement du monde. « Celle qui gagne a le droit de donner un gage à l'autre. » Pour l'idée du gage, libre court à notre imagination respective. Et pour ça, on verra selon le résultat final. Que la dégustation commence ! Mon ex petite amie prend son rôle très à coeur, plus sérieuse que jamais. Attentive, je bois chacun de ses compliments. La texture est bonne, la température idéale, c'est plutôt bien parti. Mais il reste le plus important : le goût. Concentrée sur les réactions de la jeune femme, j'attends mon tour pour pouvoir commencer à manger. « Je pense que tu as gagné. » Fière, un large sourire vient alors illuminer mon visage. « Mais de justesse ! Je te mets sur la troisième marche du podium. Celles de ma mère sont visiblement imbattables et malheureusement, tu arrives derrière celles d'un restaurant très sympa au centre de Wellington. » La troisième place me convient parfaitement, je n'en demandais pas plus. « C'est très bon. » A mon tour de commencer à manger en prenant ma première bouchée. « Merci, c'est un honneur. » Je suis à la hauteur de ses espérances, et c'est une bonne chose. Mais le principal pour moi, là, tout de suite, c'est d'avoir remporté notre challenge. « Je vais devoir réfléchir à un gage. » Je n'avais pas forcément penser à une idée à la base, mais il va falloir que je trouve quelque chose. En attendant, je lui laisse un peu de répit le temps du repas. Et j'en profite d'ailleurs pour ouvrir la bouteille qu'elle a spécialement amené pour l'occasion. Boire un peu en mangeant n'a jamais fait de mal à personne. Nous prenons le temps de manger, tout en continuant de discuter de tout et de rien. La conversation est fluide, signe que notre feeling ne s'est pas envolé avec les années. Avant de prendre le dessert, je lui propose de faire une pause. « Bon... » Je fais mine de réfléchir à son gage comme si ma vie en dépendait. « Comme tu tenais impérativement à danser... je vais te laisser m'improviser un show complètement ridicule. » Devant moi, le ridicule ne tue pas. De toute façon, elle pourrait très bien faire la danse des canards qu'elle serait toujours aussi belle. Bon ok, l'alcool commence peut-être un peu à me monter à la tête à moi aussi... « Tu peux mettre la musique que tu veux. » Mon téléphone portable connecté sur l'enceinte du salon, je lui laisse carte blanche.

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C'est la première fois depuis mon retour à Island Bay que j'arrive à passer une soirée sans penser à mon ancienne vie. Avec Celeste, je ne pense à rien d'autre qu'à l'instant présent. Et mon dieu que ça fait du bien. Je me sens pleinement vivante, comme je ne l'ai pas été depuis longtemps. Finalement, que ce soit avec elle n'est pas vraiment une surprise. Parce que la jeune femme n'est pas étrangère à mon coeur. C'est peut-être là ce qui fait la différence. Cette soirée est justement fait pour rattraper le temps perdu, comme au bon vieux temps. Et d'ailleurs, je suis heureuse de voir que nous n'avons pas perdu notre complicité de l'époque. C'est fou, on dirait même que ces treize années loin l'une de l'autre n'ont jamais vraiment existé. Comme un retour en arrière, je prends un malin plaisir à lui donner son gage. Je connais déjà ses talents de danseuse, mais pour le coup, je préfère faire appel à son sens de l'autodérision. « Je vois que tu veux que je me ridiculise devant toi. » Comme je l'ai dit, quoi qu'elle puisse faire devant moi, elle ne sera jamais ridicule. Ce n'est pas comme si nous avions déjà passé ce stade mais un peu quand même. Je l'ai déjà vu dans des situations plus loufoques que ça. « C'est une façon de me punir, c'est ça ? » Je lève un peu les mains au ciel tout en penchant la tête sur le côté en souriant. « Non coupable. » En vrai, à sa place, je ne me plaindrais pas. Le gage aurait pu être pire quand même. Et je suis fair play, je lui laisse même le choix de la musique. Attentive, je croise mes jambes pour ne pas louper une miette du spectacle qui va s'offrir à moi. Je ne peux m'empêcher de sourire, un peu bêtement. En gagnant ce challenge, je me retrouve en quelques sortes en position de force. La musique de la Macarena commence et un rire s'échappe d'entre mes lèvres. Je ne m'attendais pas à ça, mais je dois avouer que le choix est bon. Et le résultat n'est pas mal non plus. La voir s'agiter de la sorte est amusant. Je suis à deux doigts de me prendre une crampe de rire là. « Tu devrais me rejoindre. C'est toujours mieux quand tu te ridiculises avec moi. » Qu'elle me propose de la rejoindre est tout de suite moins drôle. « Sauf si tu préfères que je te demande de chanter pour moi. » Ah. Quitte à choisir, je préfère la première option. Je me lève pour la rejoindre mêlant mon rire au sien. Heureusement que nous sommes que toutes les deux parce que je pense que nous avons l'air vraiment débiles dans cette position. D'ailleurs, je crois que j'ai un peu de mal avec le rythme pourtant basique de cette danse. « Ce n'est plus de mon âge ! » Je ris de plus belle me rendant compte que je saute invonlontairement quelques mouvements. « Finalement, de nous deux, la plus ridicule c'est moi. » Et de loin. « Je ne sais même pas danser la Macarena, quelle honte ! » La musique s'arrête, et j'en profite pour changer radicalement d'ambiance. Je lance alors une playlist aléatoire sur mon téléphone pour que nous puissions continuer à danser, de manière moins ridicule cette fois-ci. La soirée s'y prête, et la première musique qui se lance au hasard n'est en réalité pas une chanson comme les autres. « Han tu te souviens de cette chanson ? » Je ne peux m'empêcher de la regarder avec un large sourire aux lèvres. C'est notre chanson, celle où nous nous sommes embrassées pour la première fois. Est-ce que c'est un signe du destin ?

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Entre la danse et le chant, mon choix n'est pas vraiment compliqué à faire. De toute évidence, je n'ai pas encore assez bu pour me mettre à pousser la chansonnette. Il ne faudrait pas trop jouer avec le feu, qui sait, une tempête n'est peut-être pas si loin. En attendant, partager ce moment de complicité avec elle est un excellent remède à la solitude. Ça me fait du bien, autant de ne pas passer une énième soirée seule à la maison que de passer la soirée avec elle, justement. Elle. Celeste n'est pas n'importe qui à mes yeux, ni dans mon coeur. Et je ne sais pas si c'est l'alcool, ou si c'est la nostalgie qui me guette, mais je me sens vraiment bien à ses côtés. Finalement, c'est peut-être un mélange des deux. Pour être honnête, la sensation est loin d'être désagréable. Mais est-ce que ce n'est pas justement là le problème ? Je sais pas, je sais plus. Et en réalité, on s'en fout. Ce soir, je n'ai pas envie de me prendre la tête à trop réfléchir. Je ne préfère pas penser aux conséquences, ni à tout ce que cela peut représenter. Je veux juste profiter pleinement de la soirée, de nous. Et pour ça, rien de mieux que de se ridiculiser sur une danse improvisée de la Macarena. En donnant ce gage, je ne pensais pas que la jeune femme me demanderait de la rejoindre. Mais je suis bonne joueuse, et c'est vrai qu'à deux, c'est toujours mieux. Rire est bon pour la santé, il parait. Mais l'ambiance finit par changer, laissant place à un tout autre style de musique. Une mélodie qui encore une fois semble vouloir nous pousser à nous rappeler de bons souvenirs du passé. Cette chanson a une signification particulière pour nous, et pour notre couple. A croire que c'est le destin qui cherche à nous faire passer un message. Et si c'était vraiment le cas ? « Bien sûr ! Comment l'oublier ? » Je suis rassurée que Celeste s'en souvienne encore. Et en même temps, elle a raison : comment l'oublier ? Rien que d'y repenser, j'en ai des frissons. On dit souvent que les premiers baisers sont les plus importants. Encore plus quand il s'agit de son premier réel amour, la seule personne qui ait vraiment compté. « C'était une belle époque. » Un large sourire se dessine sur mes lèvres quand Celeste attrape mes mains pour me faire danser. Au moment où la musique devient plus calme, mon ex vient coller son corps tout contre le mien. L'une de ses mains vient se positionner sur mon ventre, alors que je sens son souffle glisser dans mon cou. La sentir aussi proche de moi est agréable, mais déstabilisant à la fois. Sans trop réfléchir, je laisse ma tête basculer en arrière pour profiter pleinement de ce moment privilégié. Ma main vient à la rencontre de la sienne, toujours ancrée sur mon ventre. Comme une parenthèse enchantée, un instant hors du temps. Comme si l'espace de quelques minutes, le passé avait voulu reprendre ses droits. Je tourne alors la tête dans sa direction, laissant nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre avant de me perdre dans son regard. A cet instant, c'est comme si le temps s'était arrêté. Comme si plus rien d'autre n'avait d'importance... Après de longues secondes, je finis par briser le silence. « Je vois que tu n'as rien perdu de tes talents... » Sur le coup, je ne parle pas que de ses talents de danseuse, évidemment. Parce que la brune a bien d'autres talents, notamment ses talents de séduction. Comme ce pouvoir d'attraction qu'elle est justement en train de jouer sur moi. « T'es vraiment douée. » Pour me rendre faible, entre autres. Mais ça, je me garde bien de le préciser. En même temps, je crois que les battements de mon coeur sont déjà bien présents pour en témoigner.

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Je ne sais pas si c'est l'alcool, la musique ou notre proximité soudaine, mais pendant quelques minutes, les choses semblent être différentes. C'est finalement peut-être un mélange des trois ? Comme si toutes ces années loin l'une de l'autre n'avaient jamais réellement existé. Comme si nous reprenions notre histoire exactement là où elle s'était arrêtée... ou presque. C'est une sensation à laquelle je ne peux définitivement pas rester insensible. Comment pourrais-je l'être ? Avec Celeste, je ne garde que de bons souvenirs. Il m'est même souvent arrivé de me demander ce qui aurait bien pu se passer si la vie ne nous avait pas imposé deux chemins différents. Qui sait, peut-être que nous aurions pu rester ensemble. Au lieu de ça, j'ai rencontré Morgan. Et elle, le père de ses enfants. Mais quand on sait comment nos histoires respectives se sont terminées... c'est normal de se poser la question, non ? Avec elle, c'est instinctif, naturel. Et il nous a pas fallu longtemps pour retrouver notre complicité d'antan. Au rythme de la mélodie, nos corps bougent l'un contre l'autre comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. A cet instant, j'ai même l'impression de ne plus être vraiment maître de moi-même. Comme si j'étais spectatrice de mon propre corps. Je ne réfléchis pas et me laisse guider par la jeune femme, jusqu'à devenir de plus en plus proches. Elle n'a rien perdu de ses talents, que ce soit en danse ou en matière de séduction. Je ne suis peut-être pas très objective sur le sujet, mais en même temps, c'est une réalité : Celeste est une femme magnifique. Ce serait mentir que de dire le contraire. Oui, elle me plait. Et cette attirance ne date clairement pas d'hier. « Tu n'as pas eu l'occasion de danser en Angleterre ? » Je secoue la tête à la négative. « Pas vraiment. » En réalité, ce n'est pas un exercice dans lequel je me sens super à l'aise. Mais avec elle, c'est différent. « C'est quand même dommage. J'ai souvenir que tu me suivais assez souvent quand on était ensemble. » C'est vrai qu'à l'époque, j'avais beaucoup moins honte. A croire qu'au fil des années, j'ai perdu un peu confiance en moi. « Mais tu es douée pour d'autres choses. » Comme on dit, chacun son truc. « Voilà, on va dire ça. » Ajoutais-je en riant légèrement. Un nouveau silence s'installe entre nous alors que nous continuons de nous regarder avec intensité. La musique résonne encore, nous laissant quelques secondes supplémentaires pour prolonger ce moment. « Tu as toujours eu ce pouvoir sur moi. » Si je ne comprends pas tout de suite là où elle veut en venir, son visage se rapprochant dangereusement du mien ne laisse plus vraiment de doute sur ses intentions. J'ai encore le temps de l'arrêter avant qu'elle vienne s'emparer de mes lèvres, et pourtant, je ne le fais pas. Je me laisse faire, profitant d'accueillir son baiser comme si c'était exactement comme ça que les choses devaient se passer. Comme une finalité évidente en soit. Ce baiser est doux et timide à la fois, mais il ne me faut pas très longtemps pour prendre plaisir à redécouvrir le goût sucré de ses lèvres. J'ai vraiment l'impression que cette soirée est en train de nous ramener treize ans en arrière comme si rien n'avait changé. Mais ce n'est malheureusement pas aussi simple que ça... et c'est justement ce qui me fait peur. En un rien de temps, je repense à Morgan, à l'échec de mon mariage, et tous les parasites reviennent dans ma tête comme un putain de boomerang. Prise de panique, je finis alors par prendre mes distances, un peu confuse. « Je... je suis désolée, je ne peux pas. » Ce n'est pas contre elle... c'est juste moi et mes foutus démons.

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En l'espace de quelques minutes seulement, la soirée a finalement pris un tout autre tournant. Il a suffit d'une seule musique... une seule mélodie pour réussir à raviver les souvenirs de notre passé commun. Comme si la page de notre histoire ne s'était jamais totalement refermée. Mais avec les années, beaucoup de choses ont changé et même avec toute la bonne volonté du monde, c'est difficile d'arriver à en faire abstraction. Ok, ce n'est qu'un baiser... mais quelque chose me pousse à croire qu'il n'est peut-être pas si anodin que cela. Et c'est justement ce qui me fait peur. Après ce que j'ai vécu avec Morgan, je ne suis pas encore prête à me projeter dans une autre relation. Je suis célibataire mais mon coeur, lui, n'est pas disponible. Mes émotions finissent rapidement par me rattraper, mes peurs en ligne de mire. Bien que ce baiser soit agréable, il ne peut malheureusement pas continuer et je me dois de mettre fin à ce moment. « Ne t’excuses pas, c’est moi. Je n’aurais pas dû. C’était déplacé. » Même si ce baiser ne voulait rien dire en soit, je me sens un peu conne d'avoir tout gâché. Enfin, est-ce qu'il voulait vraiment rien dire pour elle ? De mon côté, je ne sais plus trop quoi en penser... je suis perdue. « Je ne dirais pas non à un nouveau verre de vin. » L'idée de continuer à boire n'est sans doute pas la meilleure des options, mais si on veut pouvoir manger le dessert et finir la soirée dans une ambiance un peu plus détendue, ce n'est peut-être pas plus mal. « Tu as encore de la place pour le dessert ? » Que je demande alors dans un sourire un peu gêné. Mais brusquement, il y a comme un léger malaise. Je crois que nous avons toutes les deux un peu de mal à faire comme si de rien n'était. « Je devrais peut-être y aller. Je vais appeler un Uber et je repasserais demain matin pour récupérer ma voiture. » J'esquisse un petit hochement de tête. « Demain, on aura oublié tout cela. » En réalité, si je veux être complètement honnête avec moi-même, je ne suis pas certaine que ce soit le cas... mais on peut toujours essayer. Ce serait quand même dommage de tout gâcher à cause de ce baiser. « D'accord. » Je ne tente pas de la retenir, jugeant raisonnable de ne pas risquer d'envenimer encore plus la situation. Après tout, elle a raison : demain sera un autre jour. Après une bonne nuit de sommeil, les choses seront probablement différentes. Ou pas. « Bonne nuit Celeste. » Dans un dernier sourire, je l'accompagne jusqu'à la porte de la maison. Si on fait abstraction de la fin, nous avons passé une bonne soirée. Mais oublier cet épisode sera peut-être plus difficile qu'on veut bien le penser...