L'esprit de Noël est une source d'inspiration (ft. Spencer)

**○ inscrit le** : 18/04/2021

Quand il avait entendu parler du petit village de Featherston, situé à moins de 100 kilomètres d'Island Bay, Seth avait immédiatement imaginé les lieux. Paisible, perdu dans la nature, entouré par les arbres, les montagnes. Bref, l'endroit idéal pour aller se reposer. Le petit Gabriel ne manqua pas de lui raconter toutes les merveilles que l'on pouvait y trouver : sa cabane dans la forêt, situé sur la cime des arbres et puis la rivière, toute proche, dans laquelle on pouvait voir les poissons prospérer. Gaby, c'était un des jeunes patients de Seth. Il était âgé de huit ans et il était fan des livres illustrés de Spencer. Un fan de la première heure, qui ne cessait de s'émerveiller devant les dessins de l'artiste. Aussi, quand l'idée traversa l'esprit de Seth, elle fut foudroyante. Et si, pour Noël, ils allaient tous les deux voir Gaby pour lui offrir un livre dédicacé ? Le Docteur Carter avait aussitôt décroché son téléphone, à 23 heures, alors qu'il n'était même pas rincé de son bain. Il avait exposé l'idée à Spencer, en proposant qu'ils travaillent tous les deux sur un scénario mettant en scène le jeune garçon. Une sorte d'édition unique, collector, qu'il pourrait conserver toute sa vie. Le lendemain, il utilisa tout son temps libre pour contacter la maison d'édition, les faire accepter de ne réaliser le tirage qu'en un exemplaire. Seth payait tous les frais. Il fallait que ça soit prêt pour Noël.

Les voilà donc, au 26 décembre, embarqués, Spencer et lui dans un bus les menant vers leur destination. Seth n'aimait pas conduire, et il préférait admirer le paysage. Il proposa à son acolyte de faire la route en tant que passagers. Ce serait un poil plus long, mais le pédiatre était parti pour vivre une folle aventure. Ils passeraient quelques jours là-bas, l'occasion de passer un moment sympa ensemble. Assis à l'arrière du bus, Seth avait un sac à dos avec lui, ayant laissé le reste de ses affaires dans la soute. Il sortit un bonnet de Père Noël et une fausse barbe. Il se tourna vers Spencer et modifia sa voix pour tenter d'imiter la rock star de cette fête chrétienne devenue si commerciale :

- Oh-oh-oh ! Alors, mon petit Spencer ! Tu as été sage cette année ? Vraiment sage ??? Tu es sûr ??? Est-ce que tu as été bienveillant envers les autres ? Saperlipopette ! Oh oui, tu l'as été ! Tu es toujours bienveillant et gentil ! Tiens, mon grand, Papa Noël t'a fait un petit cadeau !

Il lui tendit un carnet à dessin, avec une couverture en cuir, où son prénom était gravé en lettres d'or. Il eut un sourire, parce qu'il devinait que Spencer ne s'y attendait probablement pas.

- Je sais ce que tu vas me dire, que je n'aurais pas du, mais écoute, c'est ma façon de te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi et les enfants. A la dernière page, ils t'ont tous laissé un petit mot mignon, pour te souhaiter un joyeux Noël ! Bon, ça risque de faire un peu redondant, mais le coeur y est !

Seth avait le don pour transmettre avec une extrême sincérité, une sensation de reconnaissance et d'amitié. Peut-être était-ce pour cette raison qu'il se liait facilement d'amitié. Même si Spencer restait quelqu'un de spécial. Après tout, il mettait sur le papier, les figures de son imagination. N'attendant strictement rien en retour, il enchaina, après avoir regardé à l'extérieur :

- Nous ne devrions plus tarder à arriver ! J'ai hâte de voir Gaby ! Et j'ai hâte d'aller voir sa cabane ! Pas toi ? Le lieu avait l'air pittoresque !

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Dernièrement, il enchaînait les projets professionnels. Entre le recueil de poèmes de Joséphine et la commande très spéciale du Docteur pour un de ses jeunes patients, Spencer adorait réellement son métier. Sa copine était d’un grand secours pour lui. C’était grâce à elle si malgré sa santé chaotique il se prenait en main. Cela donna ses fruits. Voyant de nombreux spécialistes, sa main meurtrie lors d’un accident commença enfin à retrouver plus de mobilité. Dans un premier temps, l’artiste s’était vu obligé d’utiliser l’outil informatique. Lui qui était tellement pas dégourdi du tout avec la nouvelle technologie, il galérait énormément. Dans son malheur, heureusement qu’il était ambidextre. Cooper obtenait de meilleurs résultats avec sa main droite en comparaison avec une souris ou la tablette graphique. Il lui était très compliqué de travailler avec sa main dominante. Ayant eu des os brisés, il était dans l’incapacité de tenir un crayon seul. Il devait utiliser un instrument de torture qu’on appelait cale-doigt. Le jeune homme ne supportait pas bien longtemps l’objet. Cela lui provoquait des douleurs. Entre ça et son cancer qui jouait les montagnes russes, le patient souffrait aussi de dépression. L’année 2021 demeurait quand même sa meilleure année. Certes il a pu mettre une croix rouge sur sa rémission, le cancer s’attaquant à ses poumons. Il restait très bien entouré entre les équipes soignantes et sa première petite amie. Il ne remerciera jamais assez la chilienne pour tout ce qu’elle faisait pour lui.

Retrouvant enfin son art à l’ancienne comme auparavant, Spencer était heureux de s’être trouvé un ami parmi les médecins avec qui il pouvait partager sa passion. Seth était un pédiatre exemplaire pour lui. Il allait au-delà de son métier en passant énormément de temps avec les bambins. Il leur racontait et écrivait des histoires. Un partenariat naissait entre eux. L’artiste illustrait les histoires du pédiatre.

Un soir, bien tard, enfin peu importe l’heure, Cooper se perdait dans le temps depuis qu’il s’était remis sérieusement à l’ouvrage, son ami Seth l’appela pour lui soumettre le fameux projet pour le petit Gaby. L’appel dura longtemps. Le docteur lui raconta l’histoire qu’il voulait mettre dans son bouquin et Spencer lui soumit ses idées d’illustration. Les deux comparses étant d’accord, Dès que l’appel eut fini, Spencer avait mis de côté le projet sur lequel il travaillait pour attaquer directement celui du petit garçon.

L’œuvre achevée, le noël chacun de son côté terminé, les deux amis décidèrent de partir en vacances quelques jours dans la ville du petit Gaby. Durant le trajet en autobus, Seth qui s’était amusé à se déguiser en père noël lui offrit un très beau carnet à dessins en cadeau. « Tu exagères… » Il ouvrit le carnet et alla donc directement à la fin pour regarder les petits mots des enfants à son attention. Spencer était très touché par ce geste. Certains petits mots le firent sourire. Une petite fille a même essayé de reproduire un des personnages de Spencer. « C’est qu’elle a du talent la petite Lou Ann… » Il se reconcentra sur son ami. « Merci infiniment… »

Durant le trajet, ils admirèrent tous les deux les paysages qui offraient à eux. « Je me demande si sa cabane ressemble à celle que j’ai dessiné dans son livre… » Le jeune homme stressait. Il n’avait jamais été en contact direct avec un de ses fans. Spencer avait si peur de le décevoir… En arrivant au terminus, un marché de noël était sur la place. « Ca te dit d’aller y faire un tour avant qu’on rejoigne le petit ? » Au bout de la première allée, il y avait un marchand de marrons grillés et un autre de vin chaud. Spencer insista pour payer un verre à tous les deux ainsi une fournée de marrons. Ils trinquèrent. « Santé ! » Spencer goûta le vin chaud. A peine il prit quelques gorgées qu’il grimaça aussi sec. « Mouais bon très peu pour moi… » Quelle horreur cette boisson ! Il y avait un sans abri non loin d’eux. Cooper alla offrir son vin à l’inconnu ainsi que quelques pièces pour qu’il puisse s’acheter ce qu’il voulait à manger.

**○ inscrit le** : 18/04/2021

- Tu sais, je n'ai pas eu à les convaincre, ils voulaient participer. Je ne sais pas si tu te rends compte, mais tes dessins ont changé leur vie et la mienne aussi. Avant, quand il y avait un problème médical à expliquer pour rassurer, je devais utiliser les mots, l'imagination. Mais tu sais comme moi qu'on ne contrôle pas cette dernière. Ca m'est arrivé un nombre incalculable de fois de faire une bourde et de provoquer un drame. J'ai le chic pour ça, de toute manière !

Il eut un sourire amusé en repensant à ce que lui disait Cleo, son épouse, à ce sujet. Elle le tirait de situations embarrassantes fréquemment. Surtout à la maison, quand il commettait des maladresses dans la cuisine ou bien dans le salon. Parfois, il se demandait comment elle faisait pour le supporter et ne pas s'agacer de ses mains gauches. Avec les gens, Seth ne possédait pas tous les codes. Logique, quand on a grandi dans un ranch, avec comme compagnie les animaux. Il manquait parfois de tact ou de modération dans ce qu'il disait. Et il parlait sans filtre, d'une façon un peu naïve, authentique. Comme avec Spencer où dès leur rencontre, il avait fait preuve d'une transparence et d'une énergie parfaitement sincères. Était-ce pour cette raison que le jeune homme avait validé le projet et s'investissait autant ? Cela jouait peut-être, sans doute même. Le trajet dura encore quelques minutes. Seth jetait des regards impatients un peu partout. Comme un gosse, un vrai... ça aussi ça expliquait pourquoi le feeling passait aussi bien avec les enfants. Il n'avait jamais renoncé à cette part d'insouciance et d'entièreté que l'on retrouvait chez les gosses. Mine de rien, ça l'aidait beaucoup au quotidien, même avec les adultes, cela facilitait ses rapports et ses conversations. A partir du moment où on savait qu'il était comme ça, tout allait mieux, tout s'avérait plus fluide. Le bus finit par s'arrêter à son terminus. Seth et Spencer en descendirent et récupérèrent leurs affaires, un sac de voyage chacun. Ils venaient ici quelques jours. Il ignorait si Cleo finirait par le rejoindre. Peut-être bien ? En tout cas, elle serait plus au calme ici que sur le plateau de tournage du dernier film porno où elle avait été appelée.

- Bonne idée !

Se désaltérer, après autant de voyage, ça ferait le plus grand bien aux deux comparses. Mais Seth, lui, préféra un chocolat chaud plutôt que du vin chaud. Il avait déjà goûté ça, en Écosse et il s'en rappelait encore... c'était dégueulasse, clairement. Déjà qu'à la base, l'alcool ne le branchait pas des masses, alors là... Il se souvenait parfaitement des aigreurs d'estomac qui l'accompagnèrent tout au long du pique-nique qu'il avait fait avec son épouse. Pas question de revivre ça, ici. D'ailleurs, Spencer eut exactement la même réaction que lui. Bon, il doutait quand même qu'il soit sage de refiler du vin à un sans-abri, ne serait-ce que par principe. Seth considérait que l'alcool n'apportait rien de vraiment intéressant dans la vie, alors ça lui fit bizarre. Spencer se rattrapa en lui donnant quelques pièces pour s'acheter à manger. Pauvre bougre... ça lui fendait l'âme de voir des gens abandonnés à leur sort, obligés de compter sur l'attention ou la générosité des autres pour obtenir quelques petits moyens de survivre. A leur époque, les SDF n'auraient pas du exister encore, tout comme la soif ou la faim dans le monde, le travail des enfants, la violence envers les femmes, les minorités... la guerre... Ah si Seth se lançait là-dessus, ça risquait bien de pourrir leur séjour. Parce qu'il ne comprenait pas comme l'humanité pouvait laisser perdurer tout cela. Et ça lui brisait le coeur, à chaque fois qu'il apprenait qu'un évènement terrible se produisait. Comme un gosse, il rêvait d'un monde en paix, solidaire, où l'esprit de création et les rires seraient les remèdes à tous les tracas du quotidien. Une utopie, hélas...

- Ne t'en fais pas, Gaby aimera la façon dont tu as dessiné sa cabane ! Qui sait, ça va peut-être même lui donner des idées pour faire quelques travaux de rénovation ! Mais allons la voir, oui ! Par contre, il faudra garder ça pour nous ! Tu sais pour qu'il ait le sentiment de nous faire la surprise ?

Seth termina son chocolat chaud et ils se mirent à marché, en direction du bois voisin. D'après le petit garçon, la cabane était proche du sentier de promenade, le long de la rivière. Alors qu'ils s'éloignaient du tumulte du marché, Seth contempla les arbres et inspira à plusieurs reprises, le bon air de la nature. Il adorait ça, lui. S'il s'écoutait, il vivrait comme un ermite au milieu des moutons, dans un pré, à l'orée d'un bois.

- C'est quand même sympa, les marchés de Noël, quand il n'y a pas trop de monde ! Je dis ça, mais j'ai préféré rester chez moi, personnellement... Oui je l'avoue, j'ai allumé ma télévision et je me suis mis devant ces films de Noël... Mine de rien, y'en a quand même trois qui sont cultes à mes yeux ! Y'a "La course aux jouets", avec Arnold Schwarzenegger. Je ne sais pas si tu l'as vu, mais je te le conseille, il est vraiment marrant et ça fait plaisir de voir Arnold dans un rôle différent que celui de la brute épaisse ! Toujours dans le style comique, il y a aussi "Maman j'ai raté l'avion". Oh le gamin est tellement drôle !!! Tu sais que quand j'étais ado, j'ai essayé de faire pareil au ranch ? Mamie n'était pas très contente... Oh et puis le meilleur du meilleur pour moi : "Le Pôle Express". Chaque fois que je le vois, j'ai les larmes qui viennent ! Il est si... beau...

Seth essaya doucement ses yeux. Le fait d'en parler, ça l'émouvait aussi, visiblement.

- Et toi, tu aimes bien les films de Noël ?

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Les deux comparses avaient énormément de points communs. On pouvait limite les comparer à des jumeaux aussi bien dans leurs façons d’être que leurs façons de faire. L’ex newyorkais était cependant plus introversé que le pédiatre. Sans doute dû à son enfance brisée car la dure loi de la rue. Fils d’une catin, il a passé toute son enfance à protéger et être aux petits soins de sa mère. Il a vu trop de choses qu’un môme ne devrait même pas imaginer. La plupart du temps planqué dans le fond du placard, il était témoin d’hommes plus vicieux et malhonnêtes les uns que les autres tabasser et violer sa génitrice. Ayant pris l’habitude de s’enfermer dans sa bulle pour échapper à ce monde sauvage, le beau brun avait développé un imaginaire sans faille et savait parfaitement le retranscrire sur papier. Ce qui lui voulait avoir des mains en or dans son métier d’illustrateur. Spencer ne se rendait pas compte de son potentiel. Le témoignage de Seth le toucha ainsi que les mots des enfants dans le carnet que le pédiatre vint de lui offrir. « Quand j’étais petit, j’adorais regarder les séries de dessins animés sur il était une fois. Que cela soit la vie, les explorateurs, les découvreurs… C’était fascinant tout ce qu’on pouvait apprendre. C’est grâce à mes souvenirs d’il était une fois la vie mais aussi à des recherches que je fais sur internet que je me débrouille à illustrer tes histoires. Et tu écris d’une certaine matière qu’en fait il ne m’est pas si difficile que ça d’imaginer ce que tu veux donner aux enfants. Je ne sais pas si tu arrives à me suivre. Je ne sais pas m’expliquer. Enfin tu vois quoi… »

Sur le marché de noël, à peine arrivé, fallait que Cooper commence ses conneries. Avec sa maladie, l’alcool lui était strictement interdit. Cependant il a fallu qu'il joue au grand garçon et au final il le regretta. Heureusement quelques marrons dégustés juste après l’horrible vin chaud lui redonna du baume au cœur. Et c’était parti direction la cabane du petit Gaby. Le pédiatre se mit à faire un sacré monologue sur les films de noël. Spencer l’écoutait sagement tout en marchant lentement à ces côtés. N’étant pas tout à fait guéri, les chimios l’avaient fortement affaibli ces derniers mois. Depuis sa récidive en réalité. Avec une capacité pulmonaire assez limitée, le jeune homme ne pouvait pas se permettre de se lancer dans un marathon qui l’achèverait à même pas cent mètres effectués. « Hum… Je connais les deux premiers en revanche je n’ai pas encore eu la chance de visionner le pôle express… » Il prit un peu de temps pour respirer avant de continuer sur sa lancée. « Faudra que je le trouve pour prévoir une petite soirée en amoureux avec ma copine… » Il se mit à sourire bêtement. Ses joues prirent aussitôt une jolie teinte rosée. L’artiste était très discret sur sa vie personnelle en général. « Tu sembles très émotif je ne trompe ? » S’il avait visé juste, c’était encore un nouveau point commun trouvé entre lui et son ami.

Les deux garçons ne purent pas marcher bien longtemps. Spencer avait besoin d’une pause. Il se détestait de faire ralentir ainsi son pote. Mais pour éviter de plomber l’atmosphère et demeurer dans l’ambiance de noël, Spencer se mit à fredonner « Dashing through the snow, In a one horse open sleigh, O'er the fields we go, Laughing all the way, Bells on bob tails ring, Making spirits bright, What fun it is to laugh and sing, A sleighing song tonight, oh,… Il attendit quelques seconds avant de poursuivre le refrain. Voir si Seth reconnaissait cette fameuse chanson de noël pourtant si célèbre… « Oh, jingle bells, jingle bells, Jingle all the way, Oh, what fun it is to ride, In a one horse open sleigh, Jingle bells, jingle bells, Jingle all the way, Oh, what fun it is to ride, In a one horse open sleigh…»

Les deux comparses passèrent une bonne petite pause musicale avant de reprendre leur chemin. Au bout d’un moment, l’artiste eut la désagréable impression qu’ils tournèrent en rond. « Euh… Dis moi Seth… On est pas passé devant cet arbre là tout à l’heure ? » Cooper espérait se tromper. En même temps il était incapable de s’orienter déjà dans une ville sans gps. Alors au beau milieu des bois sans réseau, ce n’était même pas la peine !

**○ inscrit le** : 18/04/2021

- Oh oui !!! J'ai connu ces dessins animés ! J'ai adoré aussi ! Ca alors ! Je ne savais pas que tu t'en inspirais ! En fait, je ne sais pas si tu sais, mais c'est une série d'animation française ! Je l'ai regardée en VOST il y a longtemps ! Ca m'en a beaucoup appris sur le corps humain ! C'est drôle ! Je pensais être le seul à connaitre ! Mais oui je vois ce que tu veux dire ! J'adore raconter des histoires et je m'émerveille toujours quand je les imagine ! Tu sais les incarner sans que j'ai besoin de t'aiguiller, c'est énorme !

Seth pouvait parler pendant des heures, dès lors qu'il créait. Sans avoir une âme d'artiste et la personnalité qui en découlait, il avait conservé son esprit d'enfant. Sa capacité à mettre des mots simples sur les choses les plus complexes restait formidable. Un sacré bon atout pour affronter le quotidien dans son service de pédiatrie. Les gosses l'aimaient pour ça. Et il le leur rendait bien ! Ne parlons même pas des parents, qui se sentaient soulagés d'avoir le Docteur Carter comme ange gardien de leurs rejetons. Un vaccin à faire, un bobo à soigner, il savait y faire, il rassurait, il détournait l'attention, agissait et tout se passait pour le mieux. Parfois, quand un des enfants étaient vraiment angoissé ou terrifié, il prenait le temps qu'il fallait pour ne rien forcer, pour le calmer. Les secrétaires n'en finissaient plus de s'arracher les cheveux pour gérer son agenda bien rempli où les horaires étaient devenus difficilement respectés. Comme il le disait, il valait prendre le temps de bien faire son travail, plutôt que de faire de l'usine et perdre l'affection des gosses. Une situation qu'il n'aurait pas supporté, bien trop émotif et sentimental pour ça. A la maison, quand Cher ou Wade était malade, ou que Cleo se sentait mal, c'était plus fort que lui, il se sentait triste. Une fois, il avait même pleuré parce que sa femme était clouée au lit et qu'elle avait eu du mal à parler. C'était très étonnant de voir qu'en dépit de son air sûr de lui sur le plan médical, dès que ça touchait à ses sentiments, il était extrêmement sensible. Un détail que Spencer releva alors qu'il lui parlait du Pôle Express. Avait-il honte d'être comme ça ? Jamais de sa vie ! De toute façon, Seth ne se préoccupait pas de ce que l'on pouvait dire sur son compte. S'il ne se sentait pas forcément à sa place, il n'allait pas jusqu'à se transformer pour plaire ou arrondir les angles. Ca ne servait à rien car son naturel revenait en force, à chaque fois. Il hocha donc la tête et confia :

- Je l'ai toujours été. Certaines choses me touchent énormément, parce qu'elles font écho en moi. C'est toujours troublant quand une situation te rappelle un souvenir d'enfance. Le Pôle Express, ça me rappelle qu'en grandissant, les rêves d'enfant se confrontent à la réalité des adultes. Que les étoiles que l'on a dans les yeux se transforment souvent en larmes de désillusion, pour beaucoup de gens. Alors que finalement, il ne tient qu'à chacun de trouver son bonheur dans ce qu'il aime et dans ce qu'il espère !

Seth marchait un peu vite, non pas pour semer Spencer mais parce qu'il était hyper-enthousiaste et excité comme un écolier ! Il ralentit quand même le rythme, pour ne pas trop l'épuiser. Alors qu'il fredonna, Seth sifflota en même temps pour l'accompagner dans son chant de Noël. Cela faisait plaisir d'avoir ce genre de musique surtout que là ils étaient au calme et l'air résonnait doucement dans le calme paisible de la forêt. A tel point que trop concentrés sur leur duo improvisé, Seth ne fit même plus attention à la direction prise... Jusqu'à ce que Spencer lui fasse remarquer qu'un arbre lui paraissait familier. Le pédiatre regarda autour d'eux et hocha doucement la tête... Par où étaient-ils arrivés déjà ? Il aurait été bien incapable de le dire. Il sortit son téléphone... pas de réseau. Ok ! Bon... il resongea à "Il était une fois les explorateurs" et il regarda le soleil.

- Ok, alors... euh... le nord c'est par là... normalement... mince, je crois que nous nous sommes perdus !

C'est alors qu'une voix enfantine resonna de la cime de l'arbre en question. Seth leva la tête et demanda :

- Gaby ?? C'est toi ?

- Docteur Seth !!!

Avant que le gamin ne descende de l'arbre, Seth sortit deux bonnets de Noël. Il en mit un sur sa tête et l'autre sur celle de Spencer. Trop tard pour se déguiser en Père Noël, mais ce n'était pas grave, il allait improviser. Une petite silhouette sauta au pied du beau végétal. Gaby arriva en courant et vint enlacer Seth avec une affection non dissimulée. Le pédiatre le souleva de terre et le porta dans ses bras. Le temps des retrouvailles passées, le jeune garçon posa ses yeux sur Spencer le salua poliment. Seth fit alors les présentations :

- Gaby, je te présente ton miracle de Noël ! Voici Spencer ! LE Spencer !

Les yeux verts s'écarquillèrent avant de se mettre à briller. Gaby laissa échapper un "oh" d'émerveillement et de joie. A voir sa bouille, Seth sentit les larmes monter à nouveau aux yeux. L'une s'échappa et roula sur sa joue alors qu'il reposait l'enfant à terre et que celui-ci s'approcha pour l'enlacer à son tour. Ouais, Seth était émotif... mais des moments comme ceux-là... il en redemandait en permanence... La voix enrouée, il termina les présentations :

- Spencer, voici Gaby... le plus mignon de tous les anges de mon service !

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Les connaissances de Seth sur la série animée étonna son ami. « C’est que tu en sais des trucs dis donc ! Oui je connais les origines de ces séries. Maman avait des origines françaises et elle voulait que j’apprenne cette langue. C’est grâce en autre à il était une fois que j’ai quelques bases. Mais il ne faut pas me demander de traduire un texte en français, j’en serais incapable ! » Spencer rigolait jaune de ses lacunes. Il n’était pas brillant à l’école. Seuls les arts plastiques l’intéressait. « C’est qu’on forme une bonne équipe tous les deux ! » Il lui fit un clin d’œil.

Cooper releva gentiment l’émotivité du docteur. Ce dernier expliqua son point de vue tout en parlant du pôle express. « Tu n’as pas à te justifier, je vois très bien ce que tu veux dire. Tu m’as donné hâte de voir ce film. Je demanderais à Val de le visionner avec moi un soir. Au moins si je me mets à pleurer devant l’écran, je sais qu’elle ne me jugera pas. Mais j’aurai une raison pour t’en vouloir. » Il lui tira la langue en rigolant. Spencer non plus n’avait pas honte d’être très émotif. En fait ça dépend surtout avec qui. Il ne se permettrait pas de l’être avec n’importe qui non plus. Quand il était jeune, ses camarades avaient tendance à se moquer de lui pour x ou y raison. Le petit Cooper était arrivé à un point où il s’était forgé une carapace et préférait rester seul que mal accompagné. Oui il avait un ou deux potes dans la citée où il vivait. Mais ce n’était pas pareil. On l’a énormément reproché d’être un bâtard, un fils de… Oui sa mère faisait le trottoir pour vivre mais ce n’était pas par gaieté de cœur. Non il n’a jamais connu son père et alors ? Ca dérangeait qui ? Apparemment tout le monde. C’était pourtant son problème à lui. Mais comme il était devenu la tête de turc du lycée, c’était facile de s’en prendre à une personne comme lui.

Les deux comparses s’enfoncèrent dans la forêt. Têtes en l’air qu’ils étaient, ils avaient réussi à se perdre. C’était même un miracle que ce soit Cooper qui le remarque ! « Euh mouais… Commence pas à me parler du nord, de boussole ou si on était au soir des étoiles car là tu vas définitivement me perdre. T’as peut-être été scout mais pas moi… » Fit-il d’un air tout tristounet. A peine les deux hommes eurent fini leur conclusion sur la perte de leur chemin qu’une voix se fit entendre de l’arbre face à eux. Spencer regarda Seth étonné lorsque ce dernier reconnut la voix qui semblait être celle d’un enfant. « Tu crois que c’est le petit qu’on cherche ? » Murmura-t-il à peine. L’enfant donna la réponse en appelant son ami. « Oh !? Bah mince alors… Si on aurait voulu faire exprès… » Il tomba des nues. C’était le moins que l’on puisse dire. C’est fou comme le monde peut être petit parfois ! Abasourdi, Cooper ne réagissait même pas lorsque Seth lui mit un bonnet de noël sur la tête. Sur le coup, il observa son pote s’approcher de l’arbre et un enfant en sauter. Les deux se firent un câlin. C’était mignon tout plein. Spencer souriait bêtement en les regardant faire. Ce qui lui mit du baume au cœur. Il se disait que son ami faisait un métier super chouette en fait. Il était en contact direct avec les enfants. Alors que lui non.

Pendant que le pédiatre et l’enfant savourait leurs retrouvailles, Cooper prit dans son sac un sucre d’orge entouré d’un joli nœud rouge. Seth fit les présentations. L’artiste donna son petit cadeau sucré à l’enfant. « LE Spencer… Tu exagères à peine docteur Carter. Gaby, je suis enchanté de te connaître. Tu peux simplement m’appeler Spen si tu préfères. Il parait que tu as une jolie cabane à nous montrer ? » L’illustrateur était intimidé. Il n’osait pas trop aller vers le gosse. Il ne savait pas s’y prendre avec les petits. Même s’il rêvait de devenir un jour père, il ne l’était pas encore. Avec tous les traitements lourds qu’il a subi, il ignorait s’il pourrait l’être dans l’avenir.

**○ inscrit le** : 18/04/2021

Seth ne jugea pas Spencer quand il lui dit que lui aussi, il risquait de pleurer devant ce film d'animation. En même temps, qui était-il pour porter la moindre remarque ? Il chialait comme une madeleine devant la plupart des dessins animés. En première place du podium : Bambi ! Ce Walt Disney là, il ne s'en remettait pas. A tel point que Cleo refusait de le regarder et avait même caché le DVD. Elle avait eu raison. A un moment, il fallait arrêter d'être masochiste, un peu ! En tout cas, il valait mieux pour l'artiste qu'il soit entouré, de préférence par quelqu'un de proche et de compréhensif. Cela pouvait dérouter, tout de même, de voir un adulte verser des larmes devant quelque chose qui à la base, était conçu pour amuser et émerveiller les enfants. Le syndrome de Peter Pan, voilà le nom que l'on donnait aux gens comme lui. Comme s'il s'agissait d'une maladie... On pouvait très bien approcher des quarante berges et être émotif, vouloir s'amuser, prendre du plaisir à rester insouciant. Rares étaient ceux qui respectaient et comprenaient ce mode de vie. Surtout dans le monde actuel où le moindre fait devenait viral, ouvrait la porte au jugement, souvent agressif et intolérant. Pourquoi se gausser ou pointer du doigt un homme en train de pleurer ? Quel mal faisait-il aux autres ? Aucun... par contre, avoir le même comportement à l'égard d'un agresseur ou d'un harceleur, là... Bon, il était à des lieues de tout ça, de toute façon. Il vivait bien tel qu'il s'affichait et si ça posait un problème à quelqu'un, et bien tant pis ! Rapidement, alors qu'ils tentaient de retrouver leur chemin, la voix de Gaby résonna. Touchantes retrouvailles entre le médecin et son patient, suivies de présentations en bonne et due forme !

- Docteur Seth et Artiste Spen ! Mes deux amis !!! Suivez-moi, je vous montre ma cabane !

Arrivés au pied de l'arbre, il leur conseilla de ne pas laisser leurs affaires ici et de monter aussi leurs affaires. Seth suggéra que Spencer passe en premier, ne serait-ce que pour l'aider s'il était à la peine. Gaby, lui était déjà en haut. Fort heureusement, l'arbre était solide et quelques planches avaient été clouées pour faciliter la montée. Le petit garçon n'avait pas fait cet endroit tout seul, un ou plusieurs adultes l'avaient aidé. Vigilant concernant Spencer, Seth manqua rater un échelon et se viander. Par chance il n'en fut rien, mais quand même... Arrivés en haut, sur le pallier de bois, bien solide, le pédiatre eut confirmation que l'endroit était bien sécurisé et qu'un adulte en restait à l'origine. Ils entrèrent dans l'habitacle. Bon, un peu petit pour autant de monde, ils se retrouvaient serrés mais ça pouvait aller. Gaby avait une petite glaciaire à côté de lui. Il en sortit des morceaux de bois creusés, qui faisaient office de bols et y versa de l'eau pour ses invités. Il leur fit un tour d'horizon, évoquant sa chambre, où Seth s'était assis, sa cuisine, où Spencer avait les jambes. De la petite glaciaire, Gaby sortit un récipient fermé, dans lequel se trouvait son goûter. Il l'ouvrit en s'exclamant :

- Maman a fait une bûche maison et m'en a donné ! Partageons la en trois !

Il sortit un petit couteau en plastique, trancha le dessert bien appétissant en trois parties et le mit au milieu, pour que chacun se serve. Seth ne se fit pas prier, il y alla même avec les doigts. De toute façon, ils n'avaient pas vraiment le choix. Il goûta la pâtisserie, faite maison et contenant des cerises et de la vanille. Un vrai délice :

- C'est sacrément bon, Gaby ! Ta maman est une excellente pâtissière !

- Oh merci !!! Elle fait aussi des muffins mais j'ai tout mangé, déjà !

- Alors c'est dans ce palace que tu habites ? C'est comme dans tes histoires ! J'imaginais la même chose ! Pas vrai Spen ?

Lui qui s'inquiétait d'avoir mal dessiné les lieux... il aurait de quoi se rassurer. Gaby montra une branche au dessus d'eux et demanda alors :

- Je peux vous demander un serveur ? Est-ce que vous pourriez attacher la poulie ? Je n'y arrive pas et papa ne peut pas venir m'aider aujourd'hui... Ca ne presse pas, on peut goûter ! Vous vous êtes perdus ?

Quand on dit que la vérité sort toujours de la bouche des enfants !

- Oui et non... à vrai dire, nous te cherchions...

Il eut un regard vers Spencer. C'était probablement le moment de lui offrir le cadeau. Et pour le coup, Seth tenait à ce que ça vienne de son acolyte, parce qu'il avait fait 80% du travail ! Et pas la partie la plus simple, de son avis !

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Artiste Spen… C’était lui faisait bizarre qu’on l’appelle comme ça mais dans le fond le trentenaire aimait plutôt bien. Il fit un regard complice à son ami. « D’accord alors nous te suivons fan Gaby. » Certes il était un artiste concernant les arts graphiques. Cependant il ne l’était point pour les mots. Les deux hommes firent un peu d’exercice d’escalade pour grimper l’arbre et arriver jusqu’à la cabane. Le beau brun fut bouchée bée en découvrant les lieux car il se rendit compte qu’il n’avait pas fait beaucoup d’erreurs dans les dessins qui illustrent le futur livre du petit garçon. Il se pencha vers Seth pour lui parler à l’oreille pendant que le petit traficota dans une glacière. « Euh dis-moi… Tu es déjà venu ici n’est-ce pas ? » Les descriptions du pédiatre dans l’histoire que Spencer avait illustré correspondaient parfaitement à la réalité. Donc soit Seth était déjà venu. Ou alors l’enfant lui avait tellement parlé de ce lieu que c’était tout comme. Il n’y avait pas trois solutions.

Gaby proposa de partager à trois un morceau de bûche que sa maman lui avait fait pour le goûter. « Tu es sûr ? » Le jeune homme refusait de priver l’enfant. Docteur Carter dévora limite sa partie. Décidément il était pire qu’un gosse celui-là ! Spencer rigola en le voyant se mettre de la vanille sur la joue. Il sortit un mouchoir propre et lui frotta la tâche. « Tu peux le garder. » L’ex newyorkais se fit nettement plus discret pour goûter. « Merci Gaby. Tu remercieras aussi ta maman. C’est vraiment très bon. » Il eut une petite pensée pour sa copine. « Tu pourras lui demander la recette ? Je connais quelqu’un qui adorerait apprendre à faire cette délicieuse bûche. »

Le goûter fini, le pédiatre répondit enfin à son acolyte concernant sa potentielle déjà venue ici même. En fait ce n’était pas la première, mais bien la seconde option. L’enfant lui en avait tellement parlé que le docteur a su la description à la perfection dans son histoire. « Euh oui oui… » Un autre petit clin d’œil discret. Le gosse n’y a vu que du feu.

Le petit voulait demander « un serveur ». Ce qui fit légèrement sourire l’artiste. L’enfant avait vu juste : les deux adultes étaient bel et bien perdu. Seth lança une perche à son comparse. « Oui c’est vrai. Mais avant de te dire pourquoi, laisse-moi te raconter une petite histoire de noël. Elle n’est pas de moi, ce n’est pas mon rôle d’écrire les histoires. C’est une histoire que ma mère me racontait quand j’avais ton âge. » Il s’installa un peu mieux pour se mettre en tailleur et ne pas gêner son ami ni le môme. « Le Père Noël se prépare. Il monte sur son traîneau, il crie à ses rennes : “allez, au boulot !” Et le traîneau s’envole dans le ciel. C’est la nuit de Noël et le Père Noël va distribuer ses cadeaux. Il se dit : “bon, par qui vais-je commencer ?” Il plonge la main dans une poche de son manteau. Puis dans l’autre en vain. Il s’écrie : “sapristi, j’ai oublié mon carnet d’adresses !”
Dans son carnet, le Père Noël a écrit les adresses de tous les enfants de la terre et les jouets qu’ils veulent recevoir. Vite, il fait faire demi-tour à ses rennes et il retourne chez lui. Le Père Noël fouille partout, sur son armoire, sous son lit. Il vide ses placards, mais il ne trouve rien. Son carnet a disparu.
Le Père Noël dit tristement : “qu’est-ce que je vais faire de tout ça ?” en regardant son traineau chargé de cadeaux. Une grosse larme coule le long de sa barbe “ce Noël va être raté, complètement raté !” Le grand renne déclare : “tu as perdu ton carnet d’adresses ! Il ne reste qu’une solution, puisque tu ne sais pas dans quelles maisons dorment les enfants, il faut distribuer des jouets dans toutes les maisons de la terre. Allons, accroche les autres traîneaux derrière nous et va chercher tous les jouets qui restent dans ton grenier !”
Déjà, une horloge sonne les douze coups de minuit. Le Père Noël se met au travail : il court. Il remplit encore cinq traîneaux de jouets pour être sûr d’en avoir assez. Puis il fait claquer son fouet en l’air et l’attelage file sous les étoiles.
Le Père Noël dépose des paquets dans toutes les maisons, même dans celles où il n’y a pas d’enfants.
Le lendemain matin, les grand-mères trouvent des ours en peluche dans leurs chaussons, les grand-pères ont des trains électriques, les bébés ont des vélos de cross, les papas des poupées et les mamans des hochets. Alors les gens sortent des maisons. Certains disent : “j’ai reçu ça et je n’ai rien demandé !” D’autres ronchonnent : “j’ai un jouet de bébé, ce n’est pas ce que je voulais !”
Heureusement les papas donnent leurs jouets aux enfants, les bébés aux mamans, les mamans aux garçons, les garçons aux grand-mères, les grand-mères aux filles et les filles aux grand-pères. À la fin, d’échange en échange, chacun a un cadeau qui lui plaît.
Dans les nuages, le Père Noël observe ce qui se passe sur la terre. Il se dit en riant : “ho, ho, ho, je leur ai fait une bonne surprise !” Puis il rentre chez lui. Il enfile son pyjama, il se glisse dans son lit et, sous son oreiller, il retrouve son carnet d’adresses. » L’artiste connaissait cette histoire par cœur. Il sortit de son sac un paquet cadeau et le donna à l’enfant. « Tiens joyeux noël Gaby. C’est de notre part au docteur Seth et à moi. J’espère que tu aimeras. » Il fit un autre regard complice à son ami. Il avait hâte de voir la réaction du petit quand il découvrira ce que cache le papier cadeau.

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- Je n'y ai jamais mis les pieds ! Quand je te dis que le petit m'a tout raconté !

Seth n'avait rien inventé, il s'était basé sur la description que Gaby lui fournissait de sa cabane dans les arbres, lors de leurs consultations. Étant lui-même quelqu'un de très imaginatif, il s'était fait une photo de l'endroit dans sa tête. Le garçon était vraiment enthousiaste à l'idée de les accueillir ici, dans sa deuxième maison. Il en partagea même sa bûche. Cela ne faisait dès lors que deux bouchées par personne mais le partage lui tenait à coeur. Gaby hocha vigoureusement la tête quand Spencer lui demanda de voir auprès de sa mère pour la recette. Il lui indiqua qu'il ferait passer la recette au Docteur Carter. Celui-ci était trop occupé à essuyer sa joue, avec le mouchoir donné par son ami. Mais il n'y avait aucun problème, pour lui. Après tout, il pouvait bien veiller à transmettre les informations sans aucun problème ! Au contraire, ça lui faisait plaisir que l'illustrateur se régale ! Tout cela étant acté, Seth jugea bon de lui offrir son cadeau. Il eut un regard complice avec son coéquipier puis laissa ce dernier gérer le fil de la conversation. Il tenait à s'effacer un peu, car à la base, Gaby était fan de Spencer et de ses dessins. S'il aimait beaucoup le pédiatre, il n'en restait pas moins séduit par les coups de crayons. Autant dire que quand Spencer commença par racontrer son histoire, le petit garçon fut aux anges. Il s'assit en tailleur et observa l'artiste en buvant littéralement ses paroles. Fait drôle, Seth qui se trouvait à côté prenait un air tout aussi captivé. A un moment, il ressentit même la panique à l'idée même que le Père Noël ne puisse remplir sa mission ! Il fit un grand sourire quand le vieil homme fut remotivé par ses troupes, les rennes. C'était ça le travail d'équipe ! Il absorba la suite, en rêvant un peu de cette aventure, comme s'il la vivait. Finalement, tout était bien qui finissait bien ! Seth se mit applaudir et à trépigner :

- Oh ! Quelle belle histoire !!! Il y a vraiment une bonne étoile qui veille sur tout le monde !

Seth reporta alors son attention sur Gaby, alors que Spencer ouvrit son sac et lui donna le cadeau. Le petit garçon fut d'abord surpris. Il ne s'attendait pas à recevoir quelque chose. Il prit l'objet et commença à arracher le paquet, impatient. Il regarda la couverture de la bande dessinée et resta bloqué pendant quelques secondes.

- Mais... mais c'est... moi ?

Il ouvrit et vit la dédicace sur la première page. Un mot de Spencer et un de Seth. Il releva la tête pour les regarder et son visage s'innonda de larmes si vite que cela déstabilisa le pédiatre. Il vint aussitôt se blottir contre Spencer, qui était le plus proche. Sa respiration était rythmé par quelques sanglots et par quelques rires de satisfaction. Il enchaina les merci, tous plus sincères les uns que les autres. Il finit par se détacher pour aller dans les bras de Seth, qui lui aussi, avait les larmes aux yeux. Le pédiatre frotta doucement sa main dans son dos et murmura :

- Ca te plait, Gaby ? Nous voulions que tu sois le héros de notre histoire, parce que tu es un garçon courageux...

- C'est le plus beau cadeau que j'ai jamais eu, Docteur Seth...

- Parfait... parfait... mission accomplie ! Mais regarde les dessins, dis-nous si ça te plait...

Le gosse s'exécuta. Il essuya ses yeux et se pointa du doigt, en riant :

- Hé !! J'ai un épi ! Maman n'arrive jamais à me le faire partir ! Woah... mais c'est... ma cabane ??? Elle est super bien faite !

- On va dire que j'ai eu un peu d'aide et que Spencer a bien travaillé, pas vrai ?

Gaby était en train de lire, un immense sourire ne quittait plus son visage. Il montra une case dans laquelle Spencer l'avait dessiné en train de botter les fesses d'un type affreux nommé "Bronshit". Un prénom délibérément choisi par Seth, qui avait toujours vu les gros mots comme une façon de bien se marrer. Ca pouvait parait grossier mais quand on était gamin, les interdits des adultes faisaient toujours rire :

- Je le connais, ce méchant ! Il m'en a fait des misères ! Toi aussi tu l'as combattu, Spencer ?

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Une fois descendus du bus, les deux hommes s’étaient promenés un peu sur le marché de noël. Puis ils s’étaient aventurés en forêt, pour ne pas dire paumés. Heureusement, ils étaient quand même arrivés sur leur lieu de destination : la cabane de Gaby. Un petit garçon adorable ce petit, vraiment. Spencer ne regrettait pas avoir été entrainé par le pédiatre dans ce voyage. Pour s’amuser avec sa copine, ils avaient fait chacun leur liste au père noël sans la montrer à l’autre. Dans la sienne, il avait mis juste trois petites choses si on pouvait dire cela comme ça. En premier, il avait demandé la guérison. Depuis sa récidive, il avait déjà été opéré et suivait une chimiothérapie qu’il avait beaucoup de mal à supporter. Le patient n’en pouvait plus de cette fatigue constante. En second, il envisageait de fonder une famille avec Valentina. Il voulait lui demander si elle était prête ou du moins si elle aimerait bien avoir un enfant avec lui. En troisième place dans sa liste, l’illustrateur avait fait le vœux de rencontrer un enfant qui suivait son travail. Avoir au moins un fan était le rêve absolu pour un artiste en herbe. N’étant jamais satisfait de son boulot, Cooper ne pensait pas dépasser le stade de l’amateur. Il a pourtant déjà illustré une petite dizaine de livres qui ont été édité dans tout le pays. En ce jour, le dernier point sur sa liste se réalisa. Et cela grâce à son ami Seth.

La visite de la petite cabane était rapide. Cette dernière manqua cependant quelque chose. Heureusement, Spencer avait pensé à ramener des petites choses de chez lui. Lorsqu’il avait acheté les décorations de noël avec Valentina, cette dernière avait vu trop grand dans les achats. Juste avant de raconter son histoire de noël, Spencer se permit de partager avec Gaby et le pédiatre les quelques boules et guirlandes. Tous les trois décorent la cabane du petit garçon. L’ambiance était à présent parfaite. L’histoire du carnet d’adresse étant raconté, les deux hommes offrirent au môme son album. L’enfant fut d’abord surpris de découvrir qu’il était lui-même le personnage principal de la bande dessinée. Il pleura en lisant les dédicaces. Ce qui eut le don de mettre la larme à l’œil du dessinateur lorsque Gaby lui sauta au cou. Le trentenaire profita de ce câlin pour effacer sa propre goutte d’eau salée de ses yeux. Il prit un autre mouchoir et essuya ensuite avec bienveillance le visage du petit en lui souriant. « Hey ! Ca va aller… » Gaby vint ensuite faire un gros câlin à Seth. Un dernier mouchoir était en même temps distribué au second trentenaire.

Le gosse prit son temps pour regarder et lire son album. Il rigola sur la fameuse case du botage de fesses de Bronshit. Une case qui était en effet un sens bien particulier pour Spencer qui espérait en faire autant avec son fichu cancer qui atteignait cette fois-ci ses poumons. Il se mit à tousser légèrement lorsque l’enfant lui posa sa question. « Je le connais, ce méchant ! Il m'en a fait des misères ! Toi aussi tu l'as combattu, Spencer ? » Sur le moment son air s’attrista, il évita le regard aussi bien de Gaby comme celui de Seth. Il se concentra ensuite sur le plus jeune. « Je… Je l’ai déjà vaincu une fois… Il… » Il chercha ses mots pour finir le fond de sa pensée. « Je me battrais contre Bronshit jusqu’à la fin. » L’enfant avait un air interrogateur. « Mais ne t’inquiète pas avec un toubib comme Docteur Steh, Bronshit n’a aucune chance de gagner ! » Il rigola pour détendre l’atmosphère. Pour faire semblant que tout allait bien dans le meilleur des mondes même si ce n’était pas le cas. Spencer détestait mentir. Il mentait d’ailleurs très mal. Il changea immédiatement de sujet. Quand cela n’allait pas, c’était ce qu’il faisait de mieux pour se changer les idées. « Au fait Gaby, tu… Tu as mangé quoi de bon au réveillon et à noël ? A toi aussi docteur Seth tiens ? Moi, j’ai été chez ma sœur, après les hors d’œuvres, elle nous avait préparé une poularde farcie avec marrons et des champignons. En accompagnement c’était du gratin dauphinois. En dessert, on a eu le droit à l’assiette du père noël. En fait c’était une marmite de nougatine remplie des boules de sorbets. C’était délicieux… » Il lança un regard vers Seth pour qu’il prenne le relais sur la conversation.

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Seth trouvait ça déchirant ce qu'il se passait. Et déjà qu'en temps normal, un rien l'émouvait, alors là avec Spencer qui parlait aussi de sa maladie, cela en fut trop pour lui. Heureusement qu'il peut compter sur son comparse pour détendre l'atmosphère. Parce que larmes avaient inondé ses joues et qu'à ce stade les sanglots approchaient à grands pas. Il n'avait pas eu de père pour lui dire qu'un homme ça ne devait pas pleurer. Pas comme l'un de ses petits patients, Jimmy, qui malheureusement, vivait avec un papa très dur, qui prétendait que la virilité se jouait dans les airs de gros dur. Une approche absurde, c'était même le plus sûr moyen pour déstabiliser l'équilibre d'un enfant. Bien sûr qu'il fallait pleurer, autant qu'on le souhaitait même. Cela avait des vertus, outre psychologiques. En médecine, on apprenait comment le corps humain fonctionnait et les pleurs s'accompagnaient de la libération d'hormones essentielles dans la sensation de bien-être et de soulagement. Alors lui, il n'avait pas peur de pleurer. On pouvait le voir comme quelqu'un de très émotif, ça lui importait peu. Seth ne se referait pas pour rentrer dans un moule à la noix ou pour renier sa personnalité. Quant à sa fierté ? Clairement, s'il y existait bien une personne qui s'en contrefichait, c'était lui ! Il laissa Spencer parler de son repas de fêtes en premier, le temps de se calmer un peu et de faire retomber ses émotions. Tout ça lui mettait l'eau à la bouche, mais il n'était franchement pas sûr que Cleo aurait aimé. Elle était plutôt difficile sur la nourriture. Gaby enchaina :

- Maman et papa ont fait une couronne de Noël ! C'était trop bon ! C'était comme un feuilleté, avec du confruit canard-orange dedans. Et puis après, on a mangé du savon caramélisé avec du riz. J'adore le savon ! C'est un gros poisson, je l'ai vu à la télé ! En dessert, papa avait fait un pain d'épices avec une glace à la vanille. Je me suis régalé !

Seth s'étant quelque peu remis de ses émotions, se moucha bruyamment avant de raconter à son tour, son repas de Noël, la voix encore un peu enrouée :

- Cleo et moi avons finalement commandé au traiteur cette année. Disons qu'il y a beaucoup de choses qu'elle n'aime pas, alors nous avons fait deux menus différents. En entrée, j'avais demandé des verrines au houmous/crevettes et à la mousse de courgette/noix de Saint Jacques. Ensuite, j'ai mangé un magret de canard grillé avec des haricots verts persillés et des petits pommes de terre dorées au four. Et pour le dessert... chocolats, un peu trop même... et puis comme toujours, le gros pot de Ben&Jerry's au cookie ! C'est ma tradition ! Pour accompagner tout ça, j'ai bu du cidre, je le préfère au champagne car il n'y a pas trop d'alcool dedans, ça ne me rend pas malade. Ce serait quand même dommage d'être malade pour les fêtes. On a fait ça en famille, Cleo, moi, notre chienne Cher, notre chatte Wade et mes Bee Gees adorés !

De reparler de son premier cercle, ça le rendait heureux. Seth n'était pas croyant et pratiquant. Comme beaucoup de gens, il fêtait Noël parce que c'était le moment de se retrouver et de partager de belles choses, en petit ou en grand comité. Cleo et lui, ils n'avaient hélas plus leurs parents. Alors ils célébraient cette fête en couple, avec tendresse. Seth insistait toujours pour décorer, pour marquer le coup. Il comprenait que son épouse n'avait pas forcément envie de danser au milieu du salon, vu qu'elle était athée. Même si Noël ne se résumait pas qu'aux cadeaux, Seth enchaina, curieux :

- Et le Père Noël ? Il vous a gâtés ?

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Gaby expliqua à son tour son menu de noël. Spencer l’écouta très attentivement. Le trentenaire ne fut s’empêcher de sourire lorsque l’enfant faisait des erreurs de prononciation. C’était tellement choupinet. Le jeune homme espérait réellement fonder sa propre famille, un jour devenir papa. Voir le ventre de sa compagne s’arrondir, des petites bosses se formaient et bouger. Cela devait être une expérience grandiose de sentir les petits coups de pieds de son bébé à naître à travers le ventre de la future maman. Il avait déjà hâte d’avoir une minie Val ou un mini Spen, ou pourquoi pas les deux ! Se lever x fois la nuit pour changer son bébé et lui donner le biberon. Le voir grandir, épanouir, devenir de plus en plus autonome… Mais est-ce que cela arrivera-t-il un jour ? Avec les différents traitements lourds qu’il a subi, le patient avait de fortes chances de devenir stérile. Lorsque les docteurs lui avaient proposé de congeler ses spermatozoïdes pour plus tard s’il n’arrivait pas à concevoir un enfant, l’artiste n’a pas su. Il avait un rapport avec la sexualité très compliqué. Il ne s’asticotait déjà pas le pingouin pour le plaisir, alors là pour la médecin ce n’était même pas la peine d’y penser.

Un confruit… Cooper comprit très vite de quoi l’enfant parlait. Mais quand il parla de savon caramélisé… Il interrogea Seth du regard parce que là il ne voyait vraiment pas de quoi il s’agissait. Puis lorsque Gaby précisa que c’était un gros poisson… « Ah… Oui okay tu parles du saumon… » Le repas de l’enfant avait l’air simple certes mais bien bon aussi pour un repas de fêtes. Ce fut ensuite au pédiatre de raconter les mets qu’il a dégusté. Visiblement l’autre homme a fêté noël en petit comité avec sa femme et ses animaux. C’était triste de n’être qu’à deux durant les fêtes familiales. Après Spencer pensa aux sans-abris qui eux n’ont ni personne ni toit sur la tête. Il se rappela lorsque sa maman est morte et qu’il s’était retrouvé à la rue. Cela avait duré plusieurs mois et il a connu un noël comme ça. Il avait vingt-et-un ans à l’époque. Et à New York le climat était bien différent d’Island Bay. Cet hiver-là il avait neigé, il faisait très froid. Les foyers pour les sans abris et autres personnes en difficulté telles que les femmes battues étaient tous blindés. Les seuls revenus qu’il avait étaient l’argent gagné pour les portraits qu’il dessinait ou les pièces qu’on lui donnait lorsqu’il jouait de sa guitare. Spencer était aussi perfectionniste dans la musique qu’il l’était dans ses esquisses. Il savait très bien chanter avant de tomber malade. Malheureusement le cancer le prit une première fois au niveau de la gorge. Ce fut à la même période qu’il s’était brisé la main et l’avant-bras. Depuis l’étui de sa guitare prenait la poussière. Mais maintenant qu’il réussissait à dessiner de nouveau, il se tâtait à ressortir son instrument. Sauf que la peur de la frustration en cas d’échec le bloquait littéralement.

Le trentenaire se perdit dans ses pensées. Il était bien connu pour être souvent dans la lune. Il revint sur terre lorsque le petit tapota sur son bras avec insistance. « Oh pardon excusez-moi… Vous disiez ? » « Le père noël t’a rapporté quoi de beau Spen ? » « Oh ! Euh… Il m’a ramené une très jolie valisette avec plein de beaux crayons comme ça je pourrais illustrer encore plein de livres que le docteur Seth me donnera à faire. » Il sourit et fit un clin d’œil complice à son comparse. « Et vous deux, vous avez eu quoi de beau ? » « Bah moi je l’a déjà dit ! Tu n’écoutes vraiment rien toi quand tu t’y mets… » « Pardonne moi, je pensais à autre chose. Tu peux me répéter quels sont les beaux cadeaux que tu as eu pour noël ? » Il n’avait pourtant pas bu de champagne pour avoir un trou de mémoire…

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Le rire cristallin de Gaby résonna, alors que Spencer avouait qu'il n'avait pas écouté. Cela amusa aussi Seth, même s'il comprenait que son ami avait probablement réfléchi à quelque chose dans sa vie. Il espérait que ce n'était pas un évènement trop triste, parce qu'avec Bronshit, il avait déjà manifesté une certaine dureté de son existence. Seth était médecin, il savait qu'une bronchite se soignait assez rapidement avec un bon traitement. Ce qui n'était pas le cas d'un cancer. Il fallait parfois des mois, de traitement lourd et compliqué, pour espérer parvenir à une rémission. Et quand celle-ci survenait, rien ne restait jamais sûr. Le processus pouvait repartir, sans mot dire, quelquefois avec une extrême virulence. Tout cela provoquait de la fatigue, de la déprime et le désir de baisser les bras se caractérisait. Mais Seth aimait à penser que tant qu'il y avait de la vie, il existait un espoir. C'était ce qu'il disait aux parents qui par malheur apprenait que leur bambin souffrait d'une leucémie. Un drame terrible, qu'il avait déjà du affronter à l'hôpital. Et malheureusement, en dépit de traitements dans une unité spécialisé, l'issue n'était pas toujours heureuse. L'idée lui trottait dans la tête, de faire une histoire là-dessus, mais il n'en avait pas encore parlé. En fait, il ne voulait pas amener Spencer sur des choses aussi négatives, pas dans son état, pas maintenant. Quand il irait mieux, ils profiteraient d'un moment pour établir un scénario juste et optimiste. L'idée était de rassurer après tout. Rien de plus terrible pour un enfant plein de vie que de s'entendre dire que ce qu'il avait était incurable et qu'il finirait par mourir sous quelques mois. Ce genre de fardeau, ça n'était pas à un gamin de le porter. Jamais de la vie.

- Donc je disais que j'avais eu un train électrique avec des maisons et des forêts à peindre, puis un déguisement de Spiderman ! Tiens d'ailleurs, tu es allé voir le dernier film ??? J'ai adoré ! Comme tous ceux d'avant ! J'en ai vu deux, il y a longtemps où c'est un monsieur qui te ressemble beaucoup qui joue Peter Parker ! Il est un peu plus musclé mais c'est normal, ça ! Les super-héros, ils passent leur temps à nous sauver des méchants ! Ils courent partout ! Moi je préfère les gens pas musclés ! Mon papa, il a un gros bidon ! C'est maman qui le dit, bah il soulève des bûches pour nous chauffer l'hiver ! L'autre jour, il a soulevé le sapin et c'était très lourd ! Il est plus fort que Spiderman ! Sinon, j'ai aussi eu un joli pull tricoté par mémé, une casquette de baseball, un ballon de basket, le dernier jeu Pokémon, une paire de baskets Superman et des chocolats ! Et puis mon tonton m'a offert des oranges en plus des chocolats parce que j'adore ça !

Prolixe, le petit Gaby ! Et en même temps très mignon. Seth le regarda avec tendresse et il s'exclama :

- Saperlipopette ! Ben dis donc, t'as été sacrément gâté toi ! Au moins, comme ça, pas de désillusion ! Moi j'ai eu de beaux dessins de la part de mes patients de l'hôpital. L'un deux m'a refait en pâte à modeler ! Il m'a plutôt bien réussi ! Ma Cleo d'amour m'a commandé le déguisement de fée clochette que je voulais au Papa Noël !!! Il est trop mimi !

- Haha ! Mais c'est pour les filles, Docteur Seth !

- Oh, il me va très bien, tu sais ! Je suis allé en Ecosse, et là-bas, y'a des messieurs qui se baladent en jupes ! Ca s'appelle des kilts ! C'est très pittoresque ! Bon, en fait, j'ai pour projet de faire une mini-pièce de théâtre à l'hôpital, avec les autres enfants ! Ca parlera de Peter Pan et je pensais que tu pourrais peut-être le jouer, Gaby, qu'en dis-tu ?

- Oh ouiiii !!! Mais Spencer jouera qui ???

- Ma foi, qui il veut ! J'ai un costume de Wendy, si il veut ! Mais attends, il est peut-être encore dans la Lune...

Ils se tournèrent tous deux vers Spencer, en pouffant de rire. Ils se montraient taquins mais ça n'avait rien de méchant. De toute façon, venant de Seth, rien n'était jamais mal intentionné. Le pédiatre avait le coeur sur la main et ne supportait pas la malveillance. Ca le peinait beaucoup. Parfois, certains enfants se montraient blessants mais ce n'était jamais intentionnel. Ils parlaient juste sans filtre. En dépit de leur boutade, Seth et Gaby restaient assez convaincus que Spencer devait participer à cette mini pièce de théâtre. Dans le rôle qui lui plairait ! Excepté celui du Capitaine Crochet car le médecin avait une idée précise de qui il voulait dans ce rôle !

Spoiler:

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En sortant un peu brusquement de ses pensées via le môme lui tapotant son bras, le trentenaire avoua non sans gêne qu’il n’avait pas écouté ce que les deux autres disaient. Il se mit à rougir car il a été pris tel un enfant en faute. En écoutant le petit, Spencer s’aperçut que Gaby avait un point commun avec le pédiatre : ils avaient tous les deux une grande langue ! Ce qui dans un sens l’amusait. Mais réussir à suivre de longs monologues sans lâcher prise était à chaque fois un défi de taille pour l’artiste. Lui d’un naturel rêveur mais aussi fatigué depuis qu’il était en récidive, tenir sa concentration longtemps l’épuisait. Cependant il ne disait rien. Il ne se plaignait point. Il s’excusait juste de s’enfermer dans sa petite bulle. Il ressassait énormément des choses de son passé. Mais jamais rien de positif. Cooper n’avait le moral que lorsqu’il voyait un peu de monde. Ou alors lorsqu’il se penchait sur ses dessins. Quoiqu’en réalité pas toujours en fait. Son autre passion qu’était la musique lui manquait atrocement. Retrouvant depuis peu plus de mobilité à sa main, il se demandait sans cesse ce que ça donnerait s’il reprenait sa guitare. Il toussait beaucoup plus rarement. De part ce fait, sa gorge lui faisait moins mal. Tout à l’heure en allant dans la forêt avec son ami à la recherche de la cabane de l’enfant, il avait tenté de chantonner jungle bells. Mais saura-t-il se remettre plus sérieusement à la chanson ? Dès qu’il rentrera de son voyage, s’il n’oublie pas, il testera au moins quelques notes sur sa guitare. Espérant ne pas accuser un nouvel échec…

L’enfant commença à détailler les jouets qu’il a reçu. Puis d’un coup il parla d’un monsieur qui ressemblait beaucoup à… A qui au fait ? Spencer ou Seth ? Le beau brun était déjà à moitié paumé. Pourquoi Gaby raconta que son père avait un gros bidon ? Par réflexe Spencer fronça les sourcils et se gratta la tempe, le regard dans le vide. Il tenta de se reconcentrer sur le petit. Ah tiens ! Il était reparti sur ses cadeaux ! Il ouvrit grands les yeux en fixant Seth lorsque ce dernier parla d’un déguisement de fée Clochette que sa femme lui a offert. Là étrangement ce détail a retenu toute son attention. Il suivit non sans sourire le ping pong verbal entre le toubib et son patient. Mais à force ça l’éreintait le va et vient entre les deux zigotos. Spencer s’adossa légèrement contre le mur de la cabane. Il fixa des feuilles de l’arbre. Il soupira en se demandant quel temps faisait-il à New York. Là-bas c’était l’hiver. Quoi de plus normal au mois de décembre !? Mais ici non, c’était l’été. Les feuilles étaient toutes vertes. Même si on mettait des petits détails rappelant Noël telle que les guirlandes, les bonnets de Noël… On pouvait se balader à bras nus. La neige lui manquait. Ca faisait plus de dix ans qu’il était ici mais il avait encore des fois du mal à se faire à l’inversion des saisons par rapport à ce qu’il a connu dans son enfance.

Pendant qu’il se remémorait New York, il entendit vaguement les mots kilt, hôpital, Peter Pan… Mouais bon il ne cherchait même pas le rapport qu’il y avait entre tout ça. Car pour lui il y en avait aucun au fait. Tiens Peter Pan ! Ca faisait des lustres qu’il ne l’avait pas regardé ce dessin animé ! Spencer était un grand fan de Disney. Il n’avait pas honte de visionner encore des vieux classiques de Walt malgré son âge. Quoique la version en film avec Robin William était géniale aussi.

Oh ! Mais… Pourquoi Gaby et Seth riait ? Qu’est-ce que Spencer avait encore loupé ? Revenant sur terre, il les interrogea du regard. « Bah quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai de la bûche au bout du nez c’est ça ? » Il avait l’impression d’avoir encore loupé un épisode…

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Si la première fois, Seth avait rit et tancé Spencer à cause de son inattention, la deuxième, il fut un peu moins enclin à le faire. Par ce qu'il comprit vite que ça n'était pas simplement en raison de son côté tête en l'air. Spencer était malade et il avait besoin parfois de retrouver un peu de calme. Peu importe que cela soit au milieu d'une conversation ou d'un brouhaha ambiant, il se mettait en pause, point. Quand il traversait ces petits moments, Seth tâchait de ne pas parler de choses importantes ou intéressantes, juste de meubler le silence avec des mots futiles, qui changeaient ses pensées. Gaby, lui, avec ses yeux d'enfant, ne vit qu'un prétexte supplémentaire pour rire aux éclats. Le pédiatre esquissa un sourire bienveillant et il posa sa main sur l'épaule de son ami, pour le rassurer. Ils reprendraient le temps d'en discuter. Seth fit mine de bailler et de s'étirer suite à ce geste et avec un ton doux, il expliqua eu jeune garçon :

- Je crois que Spencer est un peu fatigué à cause du voyage. Et je dois dire que je le suis aussi ! Nous reparlerons de ça plus tard, quand nous serons reposés !

Gaby hocha la tête et tendit à Spencer un petit coussin de chaise. Le geste était mignon. Le pédiatre proposa au garçon de lui lire une histoire et donc de choisir un livre. Pendant qu'il s'apprêtait à trouver le précieux sésame, enthousiaste, Seth chuchota à son ami :

- Repose-toi un peu... je vais l'occuper. Quand tu te sentiras mieux, on descendra pour rentrer à l'hôtel. Le voyage a été long et je commence moi aussi à avoir un petit coup de barre.

Rien de comparable à ce que Spencer devait traverser. Néanmoins, Seth avait quand même un peu de fatigue à son compteur. Il tâcha de faire de la place à Spencer, pour que celui-ci puisse être placé au mieux et se reposer sereinement. Il ouvrit le livre, Gaby installé sur ses genoux, et commença à raconter l'histoire de Riquet à la houppe, un homme plus moche que moche, qui fait le souhait d'être beau, le devient mais se rend vite compte qu'il n'est plus écouté et que seul son physique intéresse les autres. Ce conte était positif, il se finissait bien et n'avait pas de drame. Une belle histoire, qui donnait aussi une leçon de vie. Prenant le soin de raconter avec conviction le récit, le médecin parlait à voix basse, pour ne pas trop gêner Spencer si ce dernier voulait se reposer un peu. Après un petit quart d'heure, il s'avéra que Gaby s'était assoupi. Alors Seth cessa de lire et ferma les yeux quelques instants. Ils étaient si bien ici ! Avec la nature comme amie, dans le calme, loin du brouhaha de la ville et de la pollution. Sentant Spencer bouger légèrement, Seth lui demanda, doucement :

- Comment tu te sens ? Ca va un peu mieux ?

Oui, la réponse lui importait. Parce que Spencer était un chic type et qu'il avait en plus le cœur sur la main. Il s'inquiétait pour lui, mais n'affichait jamais de condescendance. La pire chose que l'on pouvait apporter à un malade, c'était de le prendre en pitié. En lieu et place, il préférait avoir une attitude positive. Dès qu'il avait compris que Spencer n'arrivait plus à suivre, il prit les choses en main pour éviter qu'il ne se sente exclu. Après tout, ils étaient potes et l'un et l'autre pouvait compter sur leur soutien indéfectible.

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