circle down ✩ charleen

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w/@grace hamblin

on dit que la vie est faite pour nous surprendre. qu'il ne faut pas essayer d'empêcher les choses d'arriver, qu'il ne faut pas non plus essayer de tout contrôler. même si, entre vous et moi, tu es une maniaque du contrôle... si tu avais pu le faire, néanmoins, il y a bien des évènements qui auraient été différents. à commencer par ta fausse-couche d'il y a trois mois. depuis, tu avais un peu lâcher prise sur tes manies de vouloir la perfection. tu laisses désormais les choses se produire comme elles le doivent. c'est un peu pour cette raison que tu n'en fis pas de cas lorsque tu vis un message instagram d'une ancienne flamme. curieuse, tu l'avais lu. c'est vrai que ces derniers temps, tu n'avais pas la tête à sortir, à renouer, à festoyer... mais pourtant, son pseudo avait attiré ton attention. en toutes lettres, tu l'aurais reconnu parmi tant d'autres. comment oublier grace, ton premier amour. celle qui t'avait quittée pour un autre. un autre. certes, vous étiez restées en contact, mais au fil des ans, ce lien s'est un peu essoufflé. elle avait sa vie de son côté et la tienne du tien. tu avais rencontré dina et les six dernières années s'étaient passées à un rythme fou, si bien que tu avais mis cette chère miss hamblin dans un petit tiroir caché au fond de tes souvenirs. ce soir-là, le soir où son pseudo avait illuminé ton écran, ça t'avait quand même surprise et intriguée. tu avais su entre les lignes que son mari était décédé. tu lui avais envoyé tes sympathies, mais sans plus... au bout de quelques échanges, elle te proposa un rendez-vous. tu avais accepté sans réellement penser à ce qui pouvait tourner mal. après tout, vous étiez de vieilles amies... ou de vieilles amoureuses...

le moment venu, tu te préparas plus que ce que tu avais fait dans les derniers mois. ce n'était pas tous les jours qu'on allait revoir une connaissance. tu voulais faire bonne impression... malheureusement, cela te valu d'arriver en retard, chose que tu détestais plus que tout. tu n'aimais pas attendre après les gens, donc tu te refusais de le faire aux autres. tu entras dans le café en trombe et remarqua grace assise non-loin de l'entrée. elle avait le même visage d'ange, même si ses joues étaient creusées dû au ravage que la vie lui avait fait subir. « grace ! désolée de mon retard, j'espère que tu ne m'attends pas depuis longtemps ? » t'excusas-tu avant de tirer la chaise et prendre place devant elle. au diable le café, il pouvait bien attendre. tu devais te faire pardonner avant toute chose. « je te paies quelque chose pour me faire pardonner ? » dis-tu sans perdre une seule seconde. tu parlais vite, peut-être était-ce parce que tu étais nerveuse, mais ne voulait pas le laisser paraître ?

(désolée de l'attente. )

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w/@grace hamblin

bien des gens ne comprennent pas que l'on puisse être attiré par des personnes du même sexe que soi-même. la plupart d'entre eux croient avec insistance que c'est quelque chose qui se passe entre les deux oreilles, comme on dit. qu'on puisse « guérir » ou du moins, refouler ces sentiments qui sont contraires aux normes. la vraie question, c'est... ça ne convient pas aux normes de qui ? qui est l'être humain qui a un jour décidé que toutes formes de diversité étaient à proscrire et qu'il n'y avait qu'un seul et unique type d'amour : celui entre un homme et une femme. à qui la faute ? à une société trop fermée d'esprit, trop ancrée dans les vieilles mentalités du temps où on ne faisait l'acte sexuel que pour procréer ? sans doute... le combat contre l'homophobie perdurait depuis des décennies maintenant et sans doute que tes arrières-petits-enfants devront encore se battent pour faire valoir leurs droits d'égalité. ça te répugnait... d'aussi loin que tu te souviennes, tu as toujours été homosexuelle et c'était clair comme de l'eau de roche. tu as préféré embrasser cette partie de toi plutôt que de la fuir. à ta grande surprise, même si tu venais de la campagne, tes parents se sont montrés très ouverts d'esprit lors de ton coming out. ils s'en doutaient sans doute un peu, au fond d'eux-mêmes...

ceci étant dit, même si tu as toujours su que les femmes t'attirait, ce n'est que vers 2015 que tu eus ta première vraie petite amie. grace et toi vous connaissiez depuis plusieurs années auparavant et peu à peu votre relation amicale a pris une tournure un peu plus romantique... vous vous êtes rencontrées par le biais d'amis communs et ce fut d'abord un réel coup de foudre amical qui grimpa petit à petit vers quelque chose de beau et de magique. quelle tristesse avais-tu ressentie lorsqu'elle t'avait rompu avec toi pour aller avec son meilleur ami. peut-être qu'après tout, tu n'avais été qu'un rite de passage pour la jeune femme ? [...] tu arrivas sur les lieux du rendez-vous avec quelques minutes de retard, un point constant dans la poitrine certainement causé par le stress... tu t'excusas pour le retard, ce à quoi elle rigola, disant que vous n'étiez pas à dix minutes près. tu lui souris. tu as toujours admiré son sens de l'humour et sa légèreté. tu t'offris de lui payer quelque chose pour te faire pardonner, ce à quoi elle accepta en te mentionnant que si gentiment proposé, elle ne pouvait pas refuser. tu souris de nouveau alors qu'elle te tendit le menu. tes yeux valsèrent sur la page, mais ton esprit était ailleurs. « ça va, ça va... je me suis associée avec skye, on a notre propre cabinet... je me spécialise en droit civil... » et pour le reste ? ta vie amoureuse, ta situation on ne peut plus compliquer avec dina ? était-ce vraiment nécessaire que tu ramènes ça sur le tapis maintenant ? tu ne voulais pas que la discussion tourne déjà au mélodrame. tu n'étais pas à plaindre, contrairement à elle qui était veuve depuis le décès de marcus... « et toi ? » conclus-tu, préférant y aller en douceur pour commencer... vous laissez le temps de faire du small talk avant d'y aller en profondeur, comme on dit... chaque chose en son temps.

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w/@grace hamblin

il y a certaines choses que malgré les années, malgré le temps, nous n’oublions pas. certaines odeurs, certaines phrases qui nous ont marqués… mais surtout, des gens. des personnes qui ont été mises sur notre route pour une raison ou une autre. grace était inévitablement l’une de ces personnes qu’on ne peut pas oublier, même si on le voudrait plus que tout au monde. elle t’a fait vivre de beaux moments, les premiers papillons, mais également les douleurs d’une première peine d’amour… même si tu lui en a voulu pendant un certain nombre d’années, pour rien au monde tu ne voudrais la rayer de ta vie. tu avais appris à tirer le positif de chacune de tes relations et malgré les dommages collatéraux qu’elle avait créés chez toi, tu en gardais de très bon souvenir. tu avais accepté sans réelle inquiétude cette invitation à aller boire un café. après tout, comment cela pouvait-il mal tourner ? plus l’heure approchait et plus tu sentais la nervosité monter en toi. à peine arrivée sur place et déjà tu sentais une boule te nouer l'estomac. tu espérais que ça finirait par vite se dissoudre, parce que c'était légèrement inconfortable. sa première question était si vague que tu ne savais pas réellement par quoi commencer, tu préféras y aller avec la voie professionnelle. celle qui allait sans doute le mieux pour toi. elle sembla fière et heureuse pour toi, se permettant même de dire qu'être son propre patron, ça devait être agréable. tu hochas la tête en guise de réponse. « ça fait effectivement différent de tous ces cabinets où j'ai bossé. on ne doit rendre de compte à personne, ça fait plaisir. on est toutes les deux de bonnes bosseuses et on s'accorde très bien. ça va vraiment pour le mieux. » conclus-tu avant qu'elle ne commence à parler d'elle, lui ayant au préalable retourné la question. « tu es encore jeune, grace. il n'est pas trop tard pour un changement de carrière. tu es toujours dans l'édition, si je me souviens bien ? » conclus-tu en souriant. une remise en question était toujours une chose positive, pour toi. au lieu de stagner, ça montrait une réelle volonté à vouloir se surpasser, évoluer. tu regardas la carte avant de hocher la tête une nouvelle fois en guise de réponse. « je vais prendre un latté mocha avec crème fouéttée. » dis-tu avant de lui tendre le menu, toujours en souriant.

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w/@grace hamblin

s'il est vrai que tu sembles filer le parfait bonheur niveau carrière, on ne peut malheureusement pas en dire autant du côté sentimental. comme quoi on ne peut jamais complètement être sur notre x... on est plutôt sur une corde raide, chancelant tantôt vers le bonheur ultime, tantôt vers l'enfer sur terre... tu ne voulais pas te plaindre de ta situation amoureuse puisque contrairement à grace, toi tu avais toujours ta moitié. elle ne s'était pas envolé subitement du jour au lendemain avec aucune possibilité de la revoir ne serait-ce qu'une micro-seconde. comme quoi lorsqu'on se compare, on se rends vite compte qu'il y a toujours pire que soi... tu admirais ta voisine d'en face pour sa force tranquille qui lui avait permise de se tenir debout et de rester forte à travers cette tempête inestimable.

tu souriais à la belle rouquine lorsqu'elle te taquina sur le fait de peut-être refaire des études en droit pour avoir la belle vie que tu mènes, mais tu savais qu'elle devait bien se douter que ça n'a pas toujours été ainsi. « Je plaisante bien sûr. Je suis peut-être encore " jeune " comme tu dis, mais la vie m'a pris tellement d'années récemment que je n'ai pas du tout cette sensation ! (...) Et oui, toujours dans l'édition, pour le moment... Je n'ai plus l'ambition de devenir éditrice, par contre. » tu fronces les sourcils en entendant la fin de sa phrase. « et pourquoi donc ? » demandas-tu, intriguée et curieuse de savoir ce qui aurait pu lui faire changer de plan de carrière. si elle travaille encore dans l'édition, elle n'est qu'à quelques pas d'attendre son objectif, non ? bon, tu parlais peut-être un peu à travers ton chapeau puisque tu ne connaissais rien de ce monde-là, mais tu savais que miss hamblin avait les moyens de ses ambitions et lorsqu'elle veut atteindre un certain niveau, elle y arrive avec brio.

après que ton amie de longue date ait passé les commandes à une serveuse qui venait vers vous, elle sorti une petite bourse de son sac à main. elle te le tendit en mentionnant qu'il s'agissait d'un de tes bracelets, qu'elle avait depuis belles lurettes et qu'elle avait mis du temps à retomber dessus puisqu'il était placé avec d'autres de ses vieux bijoux. intriguée, tu pris la pochette entre tes doigts et en vida le contenu dans ta main opposée. la vue du bracelet vintage de l'époque où vous vous fréquentiez te ramena directement dans tes états d'âme de ces moments-là. tu revivais à travers lui tous vos bons moments, et les moins bons, en un battement de cils. « woah... » fut le premier mot capable de sortir de ta bouche. tu te raclas la gorge avant de reprendre la parole. « tu n'étais pas obligée de me le rapporter, tu sais... en plus, c'était un cadeau que tu m'avais offert. » un large sourire se dessina sur tes lèvres tandis que tu passas le bijou à ton poignet, le fixant du regard. il te faisait aussi bien que dans le temps... tu levas ensuite les yeux vers grace en lui souriant. « je l'aime toujours autant, cela dit... ». silence... avant que la serveuse ne vienne briser ce moment de nostalgie en posant vos commandes sur la table...