Iceberg, droit devant !

Bien que ça soit rare, Aveleen pouvait parfois se montrer un peu exigeante. A la voir comme ça, on croirait avoir une ado – avec tout ce qui les caractérise généralement, dont le manque d’organisation, de discernement, de patience, de tact aussi et puis bien sûr un peu son immaturité – sous les yeux, mais le fait est qu’elle n’en restait pas moins une scientifique. Et pas tellement du genre savant fou, soit dit en passant. Non, elle avait ses moments où elle savait très bien ce qu’elle voulait, où elle pouvait être sérieuse au-delà du raisonnable et méthodique. Certes, ces moments se faisaient de plus en plus rares depuis qu’elle avait « quitté » son précédent poste mais c’en était bel et bien un qui était en train de s’immiscer dans leur conversation. C’est pour ça qu’à la réflexion d’Hunter concernant le plateau en or, c’est sa langue qui darda entre ses dents en guise de réponse. Qu’il fasse gaffe s’il ne voulait pas voir la seconde palme suivre le même chemin que la première. Mais il y échappa de peu en partant chercher ce qu’elle lui avait demandé. Ce qui laissa tout le temps à la rouquine de se préparer pour sa nuit. Car non, il n’était plus question qu’elle mette un orteil hors de leur cabine ce jour-là ; bien assez d’émotions pour la journée comme ça, il fallait parfois laisser la pression retomber.

Mais comme dit précédemment, c’était pas parce qu’elle avait besoin de ça que ça devait forcément être son cas à lui aussi. Elle attendit donc qu’il sorte de la douche – après avoir un peu maté à la dérobée mais pas trop non plus parce que de toute évidence, il n’était pas plus pudique que ça avec elle alors elle commençait à s’y habituer -, pour lui rappeler que ce n’était pas parce qu’ils étaient venus ensemble qu’il n’avait pas le droit de vaquer. Et que ce n’était pas non plus parce qu’elle s’était dit qu’ils pouvaient passer la soirée à regarder des films qu’il devait obligatoirement se plier à son programme s’il estimait avoir mieux à faire et c’est ainsi qu’entre deux poignées de frites, elle apprit qu’il avait fait la connaissance d’une blonde au bar… Ah. Hé bien grand bien leur fasse à tous les deux alors, elle ne voudrait pas se mettre en travers. Mais qu’il préférait rester là. Si c’était parce qu’elle le lui avait demandé quelques minutes plus tôt, ça ne concernait que le temps que durerait leur étreinte et elle voulut être claire sur ce point :
« Tu peux y aller si tu veux, c’est pas… »
Grave. Elle n’avait plus besoin de baby-sitter sur le moment, voilà ce qu’elle voulait dire à l’instant où il ajouta que s’il voulait rester, c’était pour la bouffe. Bien sûr, était-elle conne au point de pouvoir croire qu’elle faisait le poids face à une blonde ? Non. Alors que des frites et des mini-burgers, carrément. Cette réflexion la fit quand même sourire ; sur ce point en tout cas – comme en ce qui concernait leur seuil de tolérance à la douleur -, les mecs étaient quand même tous les mêmes.

Elle se garda bien de lui rappeler qu’il aurait tout à fait pu manger en compagnie de la blonde s’il l’avait voulu et choisit un film à la place. N’importe lequel où il n’y avait pas de bateau. Ce qui n’était quand même pas bien difficile à trouver. Et il faut croire que le film sur lequel s’était porté son choix n’était pas incroyable étant donné qu’elle ne fut pas sûre de voir la fin avant de piquer du nez.

***

Pour être réveillée par un coup de tonnerre plus fort que les autres plus tard dans la nuit. Aveleen ne faisait pas du tout partie de ces gens qui ont peur de l’orage en temps normal. Au contraire, elle aime plutôt bien ça d’habitude. Sauf quand elle se trouvait sur un bateau en plein océan, loin de toute côte, que la mer agitée faisait tanguer. D’accord, c’était pas non plus un petit bateau de pêcheurs secoué dans tous les sens mais elle ressentait suffisamment le mouvement des vagues sous elle pour espérer ne pas être malade, à force. Décidément, cette journée n’en finirait donc pas avec ses imprévus assez peu agréables. Déterminée, la rouquine ferma très fort les yeux, invoquant le sommeil qui ne vint pas. Mais laissa place à certaines angoisses. Et si l’océan se déchaînait encore plus ? Et si le bateau venait à chavirer et se retourner ? C’était arrivé au Poséidon alors pourquoi pas celui-ci ? Et ainsi de suite. A tel point qu’elle ne parvint plus à fermer l’œil. Son regard se posa alors rapidement sur Hunter, assoupi dans la couchette jumelle de la sienne. Tout ça n’avait pas l’air de le déranger de son côté, il en avait de la chance… D’un côté, elle n’avait aucune envie de le réveiller. Puis de l’autre… C’était quand même lui qui l’avait traînée dans cette croisière, il était peut-être temps d’assumer les conséquences de ses actes. Elle hésita encore une minute ou deux avant de s’extirper de sa couette et de se pencher sur lui.
« Hunter ? Tu dors ? »
Finement observé… Oui, oui, il dormait et Aveleen le savait très bien, c’était qu’un moyen d’attirer son attention en faisant comme si de rien n’était. Un peu plus fort, elle recommença :
« Dis ? Tu dors ? »
Au cas où ça ne suffirait pas, elle lui secoua doucement l’épaule jusqu’à ce qu’il finisse par se réveiller.
« Je peux dormir avec toi ? Y a de l’orage et j’aime pas ça. Enfin, pas ici. »
Une demande à laquelle il ne fallait pas réfléchir trop longtemps tant elle paraissait étrange pour des amis – pardon, des connaissances. Ça serait oui ou ça serait non.

Maintenant qu’elle l’avait formulée à voix haute, elle se rendait bien compte que sa requête pouvait paraître un peu bizarre, voire carrément déplacée ou même culottée parce que bon, un homme et une femme hétéro – en fait, elle n’était même pas sûre qu’Hunter le soit aussi parce qu’elle n’avait jamais posé la question, mais elle savait en tout cas que les femmes ne le repoussaient pas – dans un même lit, y avait de quoi se faire des idées. Pourtant, ce n’était pas pour ça qu’elle posait la question avec un brin d’insistance dans la voix ; non, sa demande était des plus innocentes, mais un peu comme tout à l’heure, elle avait besoin de quelqu’un auprès d’elle, quelqu’un qui lui dirait que tout allait bien se passer. Bien consciente qu’elle risquait de se confronter à un refus, la rouquine ne sut quoi dire au moment du questionnement d’Hunter. Elle ne répéterait pas en tout cas, et espérait donc qu’il avait bien compris, malgré son air tout ensommeillé. Mais au bout de quelques secondes, elle le vit se pousser pour lui faire de la place et Aveleen n’hésita pas à grimper dans sa couchette, toute guillerette. Elle posa la tête sur son bras et s’aperçut d’à quel point la couchette pouvait être petite, surtout pour deux personnes de leur gabarit. C’est qu’ils étaient très grands, l’un comme l’autre. Qu’à cela ne tienne, elle se ferait aussi petite que possible et se serra davantage contre son flanc. Puis elle l’écouta parler en essayant de décoder parce que sa voix était encore aussi ensommeillée que son air.
« C’est pas tellement ça, j’en ai pas peur sur la terre ferme. Mais ici, avec toute cette eau de partout… Comme t’as sûrement pu le remarquer, je suis pas très à l’aise sur un bateau. »
Et s’il en venait à lui demander pour quelle raison elle avait accepté de venir, dans ce cas, elle n’hésiterait pas à lui dire que ce n’était que pour lui et qu’elle n’aurait sûrement accepté pour personne d’autre. Mais il n’en fit rien. Pour le moment, du moins. Au lieu de quoi, il se mit à lui raconter une anecdote concernant sa mère et lui enfant et Aveleen fut bien sûr tout ouïe ; Hunter parlait toujours de sa mère avec beaucoup de tendresse, on sentait qu’elle comptait énormément pour lui. Et elle ne pouvait en dire autant de son côté. Oh bien sûr, elle aimait ses parents, mais elle n’en parlait jamais de cette manière. Et c’est donc ainsi qu’elle apprit que le petit Hunter avait peur du monstre sous le lit. Elle trouva ça mignon et tâcha de fouiller sa mémoire à la recherche d’un souvenir similaire mais n’en trouva pas vraiment. Enfin si, c’était arrivé qu’elle regarde un film d’horreur et se cache ensuite sous sa couette comme s’il s’agissait d’une protection et qu’en-dessous, rien ne pouvait lui arriver. Mais ça n’avait rien de récurrent.

Ainsi voulait-il partager avec elle la berceuse que sa maman lui chantait pour le rassurer ou pour l’endormir. Elle releva les yeux sur son visage qu’elle scruta dans la pénombre, un éclair venait l’illuminer de temps à autre, et attendit tandis qu’il lui disait qu’elle le veuille ou non, il finirait par la lui chanter. Ce qui la fit rire. Puisqu’elle n’avait pas le choix… La vérité, c’est qu’elle mourait d’envie de l’entendre, cette berceuse, et qu’elle se tut pour l’écouter presque religieusement. Du créole. Elle aurait dû s’en douter, il était très fier de ses racines. Sans broncher, elle l’écouta de bout en bout sans l’interrompre ne serait-ce qu’une seule fois, appréciant de sentir ses doigts glisser dans ses cheveux. A cet instant, elle se sentait parfaitement détendue, même le fait que le bateau continue de tanguer ne la dérangeait plus. Au contraire, ça aussi, ça la berçait. Peut-être aurait-elle-même pu finir par s’endormir s’il n’avait pas fini par reprendre la parole. Sourire aux lèvres, la rouquine se redressa sur un coude.
« Juger ? Pourquoi je ferais ça ? C’était très chou. »
L’espace de quelques secondes, elle le dévisagea sans rien ajouter, le trouvant beau, profitant du moment. Puis elle reprit :
« Et apaisant. »
En même temps, c’était une berceuse qu’il venait de lui fredonner, pas un air de heavy metal, c’était fait pour.
« Tout comme ta voix. »
Et ça en revanche, il ne le savait peut-être pas. Alors elle n’était pas en train de dire qu’il devait tout plaquer d’un coup d’un seul pour devenir chanteur pour enfants, non, mais elle aimait bien l’entendre parler. C’était d’ailleurs un peu la raison pour laquelle elle n’avait pas encore enlevé les micros qu’elle avait placé chez lui. Et c’était paradoxal, oui, parce qu’il était quand même assez rare qu’il se mette à se parler à lui-même, mais parfois, elle l’entendait s’adresser à son chat ou encore pester contre tel ou tel truc et ça suffisait à faire sa journée. Sous le coup d’une impulsion, Aveleen approcha son visage du sien et suspendit son geste environ une fraction de seconde avant de venir déposer ses lèvres contre les siennes. Elle avait beau ne rien y connaître en relations de cet ordre, la rouquine savait tout de même embrasser ; il faut dire qu’elle avait eu de la pratique puisqu’au vu de son physique assez avantageux, c’était elle que son club d’astronomie du lycée avait décidé de vendre. Un dollar, un baiser. Tout ça dans le but de récolter assez d’argent pour que le club puisse s’acheter un nouveau télescope. Autant dire qu’il y en avait eu des gens faisant la file et qu’en fin de journée, elle avait récolté à elle seule suffisamment d’argent pour un nouveau télescope, peut-être même deux, et une mononucléose en prime. Ç’en avait quand même valu la peine. Dans tous les cas, elle ne sentit aucune réticence de la part d’Hunter au cours de ce baiser, peut-être un peu de surprise mais elle estima que c’était normal, elle se surprenait elle-même. Pourtant, elle y mit quand même rapidement fin, ses joues toutes empourprées. Fronçant les sourcils, elle ferma les yeux et se rallongea.
« Je te demande pardon, je sais pas ce qui m’a pris. »
Pourtant, elle ne regrettait pas. Mais tout bien considéré, s’inviter tout d’abord dans son lit pour lui voler un baiser ensuite, ça commençait quand même à faire beaucoup. Puis ç’avait l’air prémédité quand ça ne l’était pas.

Adorable… On dira que c’était une façon de voir les choses. Aveleen, elle, trouvait qu’elle faisait montre de faiblesse à ce moment précis. Non, pas vraiment à ce moment précis mais plutôt depuis qu’elle avait posé le pied sur ce bateau. Alors okay, elle ne provenait pas d’un milieu où il lui fallait être forte à tout prix, elle n’était pas l’aînée de sa famille, elle n’évoluait pas dans un domaine exclusivement masculin ni même rempli de requins – haha – où le moindre signe de faiblesse était une invitation à se faire bouffer toute crue mais il n’empêche que personne n’aime faire preuve de vulnérabilité auprès d’autres êtres humains. Ça devait avoir quelque chose de sociétale à ce stade. Voire même d’un peu préoccupant. Mais la société ainsi que son fonctionnement l’ont toujours été et on peut bien se poser toutes les questions qu’on veut à ce propos, ça ne changera pas de sitôt. Encore moins de nuit et en pleine croisière. Aussi la rouquine renonça-t-elle à pousser la réflexion plus loin. Pour mieux se laisser bercer par la douce voix d’Hunter qui, non seulement, l’acceptait dans son lit mais consentait même à lui chanter une berceuse de chez lui pour l’apaiser. On pouvait d’ailleurs dire que c’était efficace et elle aurait pu finir par s’endormir, si… Le tonnerre n’avait pas grondé ? Les intempéries voulaient bien arrêter de secouer le bateau dans tous les sens ? Non, plutôt s’il ne s’était pas trouvé à ses côtés. Maintenant qu’elle partageait sa couchette, ce qui était sûr, c’est qu’elle n’avait plus envie de dormir. Plutôt de goûter à ses lèvres. Ce qu’elle fit, après une demi-seconde d’hésitation. Si elle ne se lançait pas maintenant, peut-être ne le ferait-elle jamais. Oui, mais voilà qu’un léger doute l’assaille. Et si Hunter n’en avait pas envie, lui ? Ou s’il s’y sentait forcé à cause des circonstances ? C’est qui la poussa à mettre fin à ce baiser un peu plus tôt que prévu. Ainsi qu’à s’en excuser. Elle ne sut bien sûr que dire de plus, un peu trop gênée par son propre culot, ce qui fait qu’elle se contenta de pincer les lèvres. Heureusement pour elle, Hunter fut plus bavard, lui. Bien loin de l’avoir effarouché, il en redemandait et, avec appétit, les yeux d’Aveleen se posèrent sur ses lèvres à lui.

C’est alors qu’il se pencha vers elle, cette fois et, sans attendre de réponse parce qu’il n’y avait pas besoin, vint sceller à nouveau ses lèvres aux siennes. Plus aucune retenue de son côté non plus ; elle se laissait porter par toutes ces émotions nouvelles. Ce baiser-là s’intensifia et, comme pour le garder aussi près d’elle que possible, la rouquine glissa une main sur sa nuque, l’autre au niveau de son dos tandis que sa langue s’invitait dans sa bouche pour faire connaissance avec la sienne. Toutes ses craintes s’envolèrent d’un coup. Jusqu’à sa conscience de se trouver sur un bateau en pleine tempête. Tout semblait s’être volatilisé derrière un voile brumeux, ne restait que ce baiser. Qu’eux, collés l’un à l’autre. Dans un réflexe sorti d’on ne sait trop où parce que si elle en avait roulé des patins, ça ne s’était jamais déroulé de cette manière jusqu’ici, elle remonta lentement une jambe sur la hanche d’Hunter et la main qui se trouvait sur son dos se faufila gentiment sous son t-shirt. Une pensée consciente parvint tout de même à se former dans son esprit : elle n’arrivait pas à croire qu’elle se permettait de le toucher de la sorte. L’envie s’était faite ressentir à certains moments, mais elle n’avait bien sûr jamais franchi le cap auparavant. Sa peau était douce au toucher, elle aimait son contact sous ses doigts et elle aurait aimé qu’ils restent ainsi soudés longtemps encore – au moins jusqu’à leur retour sur la terre ferme en tout cas – mais, quelque chose en elle en voulait davantage. Et autre chose lui disait qu’elle n’était pas la seule dans ce cas. Aussi se devait-elle d’être tout à fait franche avec lui. Ce fut pour cette raison que la main qui n’avait pas quitté sa nuque jusqu’ici vint se poser à plat sur son torse et le poussa rien qu’un tout petit peu, juste histoire de lui signaler qu’elle avait quelque chose à lui dire.
« Avant que ça n’aille plus loin, si t’en as envie en tout cas parce que moi, j’en ai envie, faut que je t’avoue quelque chose. »
Le silence n’était à présent plus coupé que par le roulement du tonnerre et Aveleen prit le temps de chercher ses mots.
« J’ai encore jamais eu de relations… de ce genre. Avec personne. »
Seule par contre… Disons que ça serait tout de même con de mourir idiote pour une scientifique. Mais seule, c’était très différent. Bref, là n’était pas le propos. Elle se doutait que cette révélation allait le surprendre, elle surprendrait n’importe qui à son âge mais, sans vouloir s’étendre sur les raisons qui faisaient que – elle le pourrait, ça n’avait rien de honteux selon elle, mais ce n’était pas vraiment le moment -, elle avait eu d’autres chats à fouetter, d’autres buts à atteindre, d’autres préoccupations, aussi. Chacun ses priorités, au fond.

Maintenant qu’elle était lancée, Aveleen aurait pu continuer cet échange salivaire indéfiniment, d’autant qu’elle n’avait qu’assez peu conscience du temps que ça pouvait prendre. Mais pour la première fois de sa vie, elle avait envie que ça aille plus loin. Et elle en avait l’occasion. Deux conditions qui n’avaient encore jamais été réunies pour elle jusqu’ici. Et si ça devait aller plus loin, alors il lui fallait être tout à fait honnête avec Hunter pour qu’il n’y ait aucune surprise – autre que celle-ci, s’entend, c’était déjà pas mal. Bien que ça ne soit pas du tout son domaine d’expertise, la rouquine avait lu deux ou trois choses sur la manière dont ça pouvait se passer et, une fois n’est pas coutume, elle avait lu que ça pouvait se passer de bien des façons : dans le sang ou non, avec des douleurs ou non. En fin de compte, tout ce que pouviez lire sur le sujet ne vous aidait pas vraiment à vous y préparer parce que tout et son contraire pouvait arriver en fonction de bien des choses. Si elle préférait être franche avec lui, c’était donc en partie pour qu’il n’y aille pas comme un bourrin non plus – bien qu’elle soit à peu près sûre que ça ne soit pas vraiment son genre, on pouvait sans doute se laisser emporter parfois – mais aussi parce que qui disait vierge, disait également absence de contraception. Enfin, par forcément parce qu’il existe d’autres raisons de prendre un traitement contraceptif, mais ce n’était pas le cas d’Aveleen. Et pour avoir déjà eu cette conversation avec lui, pour connaître certains détails de son parcours aussi, elle savait qu’il s’agissait d’un sujet délicat pour Hunter. Voire même très délicat.

Mais une chose à la fois et pour l’heure, elle s’amusait de sa surprise. Comme toute autre personne au courant – c’est-à-dire par grand-monde, peut-être même personne, en fait, mais elle imaginait très facilement que ça serait le cas s’il y en avait -, il avait l’air de ne pas s’y être attendu le moins du monde. Puis ce fut son tour de s’étonner qu’il ne lui pose pas plus de questions sur le pourquoi du comment. Peut-être que ce n’était pas le moment rêvé pour ça, après tout. Et peut-être qu’il y viendrait plus tard. Par contre, il lui demanda la confirmation qu’elle se sentait prête puis s’assura qu’elle voulait vraiment le faire, ce qui poussa la rouquine à détailler son visage durant quelques secondes tout se passant inconsciemment la langue sur les lèvres – signe que oui, elle en avait envie - avant qu’elle n’acquiesce, frissonnant pas mal en sentant ses doigts remonter doucement sur sa cuisse.
« Tu me plais beaucoup, Hunter. Je me sens bien avec toi et je sais que je suis entre de bonnes mains. »
Littéralement, pour le coup.
« D’ailleurs, je sais que ça a peut-être pas l’air super naturel, que ça donne plutôt l’impression que je mijotais ça depuis un bail mais c’est pas vrai, sinon j’aurais pris mes précautions avant. »
Elle aurait même tout simplement pu glisser une boîte de capotes dans ses bagages. Mais elle n’en avait rien fait, parce que même si elle avait insisté pour qu’ils partagent une cabine et que le bon moment s’était présenté pour qu’elle le rejoigne dans son lit, rien de tout ça n’était planifié d’avance. En tout cas, tout était dit et si l’envie était toujours présente – ce dont elle ne put douter longtemps en sentant sa main se refermer sur sa fesse, lui déclenchant un petit frisson de pure délectation par la même occasion -, ils pouvaient reprendre là où ils s’étaient interrompus.

Un sourire conquis était né sur ses lèvres à la promesse qu’il ferait en sorte que tout soit parfait pour sa première fois ; ça, elle n’en doutait pas – c’était l’avantage de passer à l’acte avec un homme ayant déjà de l’expérience. Et elle le laissa approcher sans plus rien avoir en tête pour couper court à ce qui allait suivre. Les lèvres d’Hunter explorèrent son visage jusqu’à venir se perdre dans son cou où il déposa de doux petits baisers. Dans un soupir, il lui demanda ensuite de se laisser aller. Prenant garde à ne pas tomber, elle passa sur le dos, lui laissant l’opportunité de prendre place sur elle et referma une fois de plus ses bras autour de lui, ses mains revenant sous son t-shirt pour mieux parcourir ses muscles dorsaux alors que sa langue, toujours dans son cou, lui provoquait mille et un frissons. Ce vêtement étant devenu clairement superflu, aussi hésita-t-elle une seconde à le lui enlever. Quand savoir quand c’était le bon moment pour ça, hm ? Parce que tout semblait être question de timing, mine de rien. Mais ce genre de réflexions ne lui serait d’aucune utilité. Il fallait qu’elle apprenne à mettre son cerveau en veille et à ne se fier qu’à son instinct dans ces moments-là. Comme elle l’avait fait au moment du baiser. Sans plus réfléchir, elle décida que c’était à cet instant qu’elle ne voulait plus de ce t-shirt et le lui enleva.