baby, all i wanna do is coast ⚝ jules

**○ inscrit le** : 06/01/2022

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relax and let the riptide pull you close⊱ julan ⊰

Ça fait quelques semaines que je n’ai pas vu Jules. Depuis ce matin-là, un peu bizarre, où on a croisé Marley au réveil. Pour ma défense, je pensais que ma colocataire était déjà partie et que j’avais la maison pour moi ; sinon, jamais je n’aurais osé ramener quelqu’un sous son toit en sa présence ! Pourquoi ? Je n’en sais rien. Par respect, on va dire. Et parce que je ne me sens pas trop à l’aise à l’idée d’être avec quelqu’un alors qu’elle est dans sa chambre à quelques mètres de là - ce qui, entre nous, est un peu étrange puisque je ne suis pas particulièrement pudique... Enfin, bref. Je ne sais pas pourquoi je pense à ma colocataire alors que je suis sur le point de rejoindre Jules. Elles se sont croisées, c’est vrai. Mais il n’y a pas de raison qu’il y ait malaise, pas vrai ?
Jules, c’est mon double maléfique - façon de parler, disons que c’est un adorable petit démon. Et si on finit parfois dans le même lit, on est plus souvent à la recherche de sensations nouvelles, auprès de personnes différentes, donc. En binôme, parce que c’est toujours plus drôle comme ça. Et même si j’ai été absente des radars ces derniers temps à cause des répétitions qui s’enchaînent, j’ai tenu à me libérer pour cette soirée VIP pour laquelle elle nous a dégoté des invitations - un avantage de son nouveau boulot, si j’ai bien compris. Pour l’occasion, je me suis permis de faire un ‘emprunt’ dans la loge des stylistes de l’école. Rien de bien grave, juste un pantalon un peu ‘bling-bling’ que je m’empresserais de rapporter avant que qui que ce soit ne s’en rende compte. Il faut juste que je me retienne de sauter dans une piscine toute habillée, ce qui ne devrait pas être très compliqué ici. Il fallait bien que je fasse un effort pour me mettre au niveau de l’événement ! Ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion d’assister à ce genre de soirées, où la valeur moyenne du portefeuille de chaque invité.e dépasse le montant du PIB d’un petit pays. Même à Sydney, la réputation de mon père ne me permettait pas d’accéder à ce genre de soirées. Enfin, c’est un monde différent, on va dire. Celui du show-business, et accessoirement, celui dans j’espère un jour me faire une place... Mais ce n’est pas pour ça que je suis là, ce soir. Parce que ce soir, on boit !
J’ai déjà avalé quelques petits fours, et j’entame ma deuxième coupe de champagne lorsque la tête blonde que j’attendais fait son apparition - c’est la seule personne que je connais qui est capable d’être encore plus en retard que moi ! Et j’accapare son attention en lui tendant un verre, avant qu’elle n’ait le temps de se jeter sur la première donzelle venue. « Tiens ! J’ai failli commencer à m’inquiéter. Et puis je me suis dit que tu ne raterais pas une soirée comme ça. » Quoiqu’elle doit en avoir vu des centaines, des soirées comme celle-là. « Ou en tout cas, que tu ne me laisserais pas m’amuser toute seule. » Je n’aime pas me voir comme une ‘prédatrice’, en général. Mais au contact de Jules, c’est une toute autre histoire. Elle et moi, entourées de si jolies jeunes femmes qui ne demandent qu’à voir du pays, c’est un peu comme inviter deux louves dans la bergerie.

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« Fais un effort vestimentaire ce soir. » Je baisse le regard sur ma tenue, j’avoue qu’aujourd’hui, j’ai été un peu laxiste. Mon jeans troué est loin d’être du goût de ma boss - d'autres ont été virés pour moins que ça - même si j’en ai d’autres bien plus abîmés que celui-ci. « Tu insinues que je suis mal sapée ? » Elle s’arrête de pianoter sur son téléphone pour reposer ses yeux sur moi, avec un dédain que je lui connais si bien. « On dirait une clocharde. Veille à ne plus porter ce jean ici. » Je lève les yeux au ciel. « Désolée j’ai pas de personnel shopper. Moi. » Et puis pas le même porte feuille non plus, même si je suis franchement bien payée et que mon loyer est lui aussi payé par la boîte. Que des avantages, et je trouve encore le moyen de me plaindre. Enfin, ça, c’est juste pour la faire chier. Au fond, je sais qu’elle adore ça, même si elle ne le montre pas, et qu’elle me le fait payer la plupart du temps. C’est la dynamique de notre binôme, et c’est pour ça que ça fonctionne. Tout le monde me le dit ici, je suis l’assistante qu’elle a gardé le plus longtemps jusque là, il faut croire que j’ai un certain talent pour supporter ses sautes d’humeur, son caractère de merde, et sa manière tout à fait désagréable de rabaisser tout le monde comme si elle était la princesse de l’univers. Et en même temps, elle est quand même grave sexy. Elle me fait signe de déguerpir, et me rappelle l’heure pour la rejoindre devant chez elle ce soir, pour embarquer avec elle dans sa superbe Bentley. Nous n’avons pas les mêmes valeurs. Et en même temps, ce n’est même pas elle qui la conduit, quelle déception.

Lorsque j’arrive sur place, je scrute les horizons. Gabrielle a besoin de moi deux heures ce soir, ni plus ni moins. Je la connais, quand elle se donne une heure, elle ne dépasse pas. Elle est carrée jusque là. Je me suis même demandé si elle chronométrait ses ébats sexuels pour faire des comparatifs détaillés. Such a freak. Ce soir, c’est le diable s’habille en Prada, sauf que le diable est plus sexy que dans le film - malgré tout mon amour pour Meryl. Je suis le petit chien, récolte les informations, note tout ce qu’il faut, lui rappelle ce dont elle a besoin, et vais chercher un nouveau verre quand le sien est vide. J’adore ma vie… Enfin, elle n’a pas fait de commentaire sur ma tenue, j’imagine que c’est validé. Un oeil à ma montre, je remarque qu’elle a dépassé l’heure d’une dizaine de minutes. Après qu’elle ait terminé sa discussion, je tente un trait d’humour. « Les bonnes habitudes se perdent, je crois que je déteins sur ton sens du timing ! » Elle me fusille du regard. Pourquoi j’adore ça ? C’est quasiment une heure après l’heure prévue qu’elle décide de quitter la soirée. Est-ce qu’elle est restée parce qu’elle appréciait l’endroit ? La compagnie ? Aucune idée. Sauf que du coup, j’ai une bonne heure de retard sur le timing, et Teegan doit être déjà là quelque part à m’attendre.

D’ailleurs, je la croise près du bar au moment où je raccompagne Gabrielle à sa voiture. Je lui mime juste un « J’arrive ! » tout en lui montrant ma boss plus ou moins discrètement. Une fois de retour, je soupire en récupérant la coupe que Tegan me tend. « Tiens ! J’ai failli commencer à m’inquiéter. Et puis je me suis dit que tu ne raterais pas une soirée comme ça. Ou en tout cas, que tu ne me laisserais pas m’amuser toute seule. » Je ris un peu et vide la moitié de la coupe en quelques bonnes gorgées. « J’avais oublié de préciser que je bossais ce soir.. et je devais finir y’a une heure, sauf que le dragon a décidé de rester plus longtemps, me bloquant au passage. Désolée pour le retard.. » Je grimace un peu avant de balayer les environs du regard. « J’ai vu une nana tout à l’heure, j’ai cru que c’était ta coloc, faudrait qu’on la retrouve, ça te ferait peut-être passer ta frustration… » Les pieds dans le plat, à la Jules quoi !

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J’ai l’habitude me retrouver seule en soirée, devoir sociabiliser, trouver une quelconque charmante compagnie pour m’occuper le temps de quelques verres... Mais dans un endroit comme ça, c’est différent. Je n’avais pas prévu de devoir rester seule aussi longtemps, et j’ai carrément l’impression de ne pas être complètement à ma place. Une question de cercle social à des kilomètres de mon quotidien, on va dire. Heureusement, je finis par repérer Jules, à la suite de la tempête qui lui sert de boss. Je les suis du regard pendant un moment, avant de revenir à mes petits fours. Une heure de retard, ça va encore. J’ai déjà fait pire, et il en faut bien plus pour me faire sortir de mes pompes. Malgré tout, je me permets de faire une remarque à la blonde quand elle me rejoint enfin, plus pour lancer la conversation qu’autre chose. « J’avais oublié de préciser que je bossais ce soir.. et je devais finir y’a une heure, sauf que le dragon a décidé de rester plus longtemps, me bloquant au passage. Désolée pour le retard.. » Mon regard va se perdre en direction de la porte par lesquelles elles ont disparu il y a quelques minutes, alors que je repense à cette femme énigmatique qui a emporté tous les regards sur son passage. Je crois même que j’ai encore l’odeur de son parfum dans une de mes narines. « Ça va, tu te fais pas chier. » Le dragon, hein ? C’est la première fois que je la voyais d’aussi près, et je comprends mieux pourquoi Jules passe ses journées à se faire maltraiter. Une femme comme ça ? Moi aussi je serais prête à me faire piétiner pour avoir un peu de son attention. A se demander si Jules a déjà eu l’occasion de l’ ‘assister’ dans des tâches un peu moins conventionnelles... Mais c’est la blonde qui passe à l’attaque en premier, façon de parler. « J’ai vu une nana tout à l’heure, j’ai cru que c’était ta coloc, faudrait qu’on la retrouve, ça te ferait peut-être passer ta frustration… » « Qu - N’importe quoi. » Mon air surpris laisse immédiatement place à un rire nerveux, alors que je tente de jouer l’indifférence en balayant la salle autour de nous. Inconsciemment, j’essaie de repérer cette fameuse jeune femme qui lui a fait penser à Marley, même si je ne l’admettrais pas, même sous la torture. Oh, et j’essaie aussi de chasser de mon esprit le souvenir de cette soirée de dérapage entre ma colocataire et moi. Je n’en ai parlé à personne, pas même à Riley. Ce serait un comble de me faire démasquer par Jules. « Tiens, en parlant de frustration. Ça se passe comment avec ta boss ? J’espère au moins que t’as eu l’occasion de profiter de quelques avantages en nature, depuis le temps. » Et je ne parle pas de bons de réduction, ni d’entrées dans des soirées VIP. Avec de la chance, en ramenant ce sujet sur le tapis, elle ne remarquera pas ma soudaine nervosité... Mais pourquoi fallait-il qu’elle parle de ma colocataire, déjà ?

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J’hallucine que Gabrielle ait voulu rester aussi tard. Enfin, je ne sais pas si ‘vouloir’ est le terme approprié. Quoi que, connaissant un peu le personnage, quand elle ne veut pas, elle sait très bien le dire ou le faire comprendre. Toujours est-il qu’avec ses conneries, je suis en retard avec mon rancard. Je sais que Tegan ne m’en voudra pas - trop- de n’avoir faite attendre, c’est au moins l’avantage. En rejoignant la jeune actrice, je m’excuse du retard et bien sur, remets la faute sur ma patronne. « Ça va, tu te fais pas chier. » dit-elle avec un petit sourire au coin des lèvres, qui appelle immédiatement le mien. Je hausse alors les épaules dans un geste qui se veut détaché. « Comment je pourrai accepter tout ce qu’elle me fait vivre si elle était pas au moins canon !. » Et puis, c’est pas le même niveau de canonitude que la moyenne, qu’on se le dise. C’est plus encore que le haut du panier.
Pas de temps à perde, on a déjà perdu une heure à cause du dragon. Je propose donc à Tegan de retrouver la fille qui m’a fait penser à sa coloc, et ça lui cloue le bec. J’en loupe pas une, mais comment j’aurai pu me retenir d’un truc pareil ? J’ai bien vu l’attirance de Tegan quand elle regarde sa coloc, ça saute aux yeux. « Tiens, en parlant de frustration. Ça se passe comment avec ta boss ? J’espère au moins que t’as eu l’occasion de profiter de quelques avantages en nature, depuis le temps. » Je continue de scruter les environs et tourne finalement mon regard vers la jeune femme, plus amusée qu’autre chose. « Je l’aurai à l’usure. Pour le moment elle résiste, mais je suis sûre que je finirai par avoir ce que je veux. Tu me connais, je suis persistante ! » En général, quand je veux quelque chose, je sais que j’ai de très grandes chances de l’avoir. Et si je ne suis pas vraiment de nature patiente, quand j’ai une cible en vue, je ne lâche pas l’affaire.
Tout en continuant de balayer l’endroit du regard, je finis par demander à Tegan : « Est-ce que ça vaut le coup que je continue de chercher cette fille pour toi ? T’as toujours pas réussi à pécho Marley ? » Y’a une putain de tension entre elles, faudra bien que ça finisse par péter. Elle ne sait plus où se mettre, et moi ça me fait juste rire. « Ok donc soit c’est fait, soit t’en rêves tellement que t’arrives même plus à avoir les idées claires. Tee. Faut passer à l’action sinon tu vas te brûler le cerveau ! » J’arque un sourcil en la regardant fixement, alors qu’elle cherche à éviter mon regard insistant. « Quoi ? Il s’est passé un truc ? » J’y peux rien, j’aime beaucoup trop les gossips… Je sais, il faudrait que je me soigne, mais j’ai pas envie, et puis, c’est vraiment jouissif de la regarder enfoncer sa tête dans ses épaules. J’ignore encore ce qu’elle va me sortir comme excuse, mais ça me fait rire…

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La boss de Jules, le ‘dragon’ comme elle l’appelle, est ce qu’on appelle communément un avion de chasse. C’est un fait, il est inutile de le nier, et je ne me gêne pas non plus pour le faire remarquer à la blonde. « Comment je pourrai accepter tout ce qu’elle me fait vivre si elle était pas au moins canon !. » Voilà. Exactement ce que je disais, ce qui prouve bien qu’on a les mêmes valeurs. Et on s’échange les cartouches, avec Jules. A croire qu’on essaie toutes les deux de prendre le dessus pour décider du sujet de la conversation. A moins que ce soit juste moi, qui m’agrippe à cette histoire de dragon pour la distraire, et l’éloigner du sujet ‘Marley’. Je m’intéresse, je lui demande des détails - enfin, dans la limite de l’acceptable. Mais elle n’a pas l’air d’avoir grand-chose d’intéressant à ajouter, si ce n’est qu’elle est sur le coup avec sa boss… Bon. Je me contente d’un rire léger, avant d’aller prendre une nouvelle gorgée de champagne. Mais grave erreur de ma part, de m’être crue tirée d’affaire !
« Est-ce que ça vaut le coup que je continue de chercher cette fille pour toi ? T’as toujours pas réussi à pécho Marley ? » Je… wow. Je manque de peu d’avaler de travers. « Mais nan, arrête de chercher ! Enfin si, je veux dire… » C’était quoi la question, déjà ? J’ai un petit coup de chaud qui me remonte au visage… le champagne, sûrement. « Ok donc soit c’est fait, soit t’en rêves tellement que t’arrives même plus à avoir les idées claires. Tee. Faut passer à l’action sinon tu vas te brûler le cerveau ! » Je… sais même pas quoi lui répondre. J’en suis même à un point où j’essaie de disparaître, comme par magie. Le genre de pensées débiles du genre ‘si je la vois pas, elle me voit pas non plus’. Si seulement c’était aussi simple… « Quoi ? Il s’est passé un truc ? » J’ai le cerveau qui tourne à toute vitesse, en panic mode, pendant que je cherche une réponse à sa question. Une réponse qui me permettrait de me tirer d’affaire, de ne pas trop en dire, me trouver une échappatoire… Mais je ne fais que bafouiller des débuts d’excuses inintelligibles, tout en secouant la tête de droite à gauche, et en sachant parfaitement que je m’enfonce de plus en plus. « Non mais rien, on a juste… C’est juste… » C’est juste quoi ? Je lui ai ‘juste’ donné le meilleur orgasme de sa vie, rien de si terrible… (Ouais, je me jette des fleurs. Sorry not sorry, Nino.)
« Bon okay, il s’est passé un truc. » J’avais bien dit que je voulais le garder pour moi, hein ? J’ai tenu trois minutes, parfait. « Mais c’est pas moi ! Elle a voulu fumer, et… on était dans la piscine, et… elle s’est jetée sur moi, voilà. » Et moi, pauvre petite Tegan sans défense, j’ai rien pu faire. Mais oui, bien sûr qu’on y croit… Au moins, maintenant que le secret n’est plus secret, je peux le balayer d’un haussement d’épaules, feignant la nonchalance qu’on me connaît bien. « De toute façon, c’était juste la weed. Ça veut rien dire. » C’est pas comme si qu’on avait remis ça, même après que l’effet se soit estompé…

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Je ne mets pas une seconde avant de mettre le doigt sur LE sujet qui peut faire vaciller Tegan. Je commence à plutôt bien la connaître maintenant, et je ne suis pas dupe. La manière dont elle a regardé sa coloc la dernière fois que j’ai passé la nuit chez elle, ça veut tout dire. On avait pas eu le temps d’en parler elle et moi, mais ce soir, je compte bien mettre les pieds dans le plat, jusqu’aux genoux. Je ne suis pas du genre à tourner autour du pot, sauf quand ça en vaut la chandelle, mais ce soir, je n’ai rien à gagner à part le sentiment de perdre mon temps. Alors je fonce, quitte à me prendre un mur, j’ai l’habitude. A l’évocation du prénom de sa coloc, Tegan change de visage. Je jubile intérieurement. « Mais nan, arrête de chercher ! Enfin si, je veux dire… » J’arque un sourcil, amusée, et continue sur ma si belle lancée. Je la titille jusqu’à ce qu’elle craque, et je sais qu’elle ne va pas retenir les chevaux bien longtemps. Je peux lire la panique dans son regard. M’en parler, ne pas m’en parler ? Elle m’en parlera, je ne lui donne pas cinq minutes. « Non mais rien, on a juste… C’est juste… » Elle bafouille, ne trouve pas ses mots, ne trouve pas d’excuse. Elle est prise au piège, comme un lapin dans les phares d’une voiture. Muerta. « Bon okay, il s’est passé un truc. » Voyez-vous cela… J’arque un sourcil, très intéressée, et sirote doucement ma coupe de champagne en attendant qu’elle veuille bien m’en dire davantage. « Mais c’est pas moi ! Elle a voulu fumer, et… on était dans la piscine, et… elle s’est jetée sur moi, voilà. » Je ris. J’étais obligée. « Bien sûr c’est toi la victime. Laisse-moi rire ! » Je glousse, me foutant gentiment de sa gueule, parce que je sais très bien que ce n’est pas son genre de se positionner en victime, et cette Marley n’avait pas tout à fait l’étoffe d’une hétéro qui se jetterait sur une Tegan, aussi canon soit-elle. « De toute façon, c’était juste la weed. Ça veut rien dire. » Je hoche cette fois la tête, même si je n’y crois pas une seule seconde. Tee a un coeur, contre toute attente, et même si elle tient fermement à sa liberté, j’ai remarqué immédiatement que cette Marley n’était pas ‘une parmi les autres’. Il y a quelque chose de spécial, et je n’ai pas encore mis le doigt dessus. Pour le moment, je me contente de taquiner la jeune femme. « Ça veut quand même dire que tu te l’es tapée. C’est déjà une victoire. » Oui parce que quand on est une femme qui aime les femmes, arriver à ‘détourner’ une héréto de la sexualité qu’elle pensait acquise, c’est une victoire. Et on ne doit pas bouder ses victoires. « C’était bien au moins ? » que je lui demande en tirant mon paquet de clopes de ma veste tout en me dirigeant vers la terrasse, accompagnant mes premiers pas d’un geste du menton pour inciter la jeune femme à me suivre.

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« Bien sûr c’est toi la victime. Laisse-moi rire ! » C’est aussi crédible dans sa bouche que dans la mienne. A savoir : pas du tout. Et puis, est-ce qu’on peut vraiment se considérer victime d’un truc dont on a rêvé pendant des mois ? J’en doute, fort. Il n’y a aucune victime dans cette histoire ; juste deux femmes consentantes qui ont pris du bon temps… c’est ce que j’essaie de me répéter en tout cas. Mais Jules est beaucoup trop douée quand il s’agit de se glisser entre les coutures, et poser le doigt exactement là où il faut. Ça en serait presque rageant, heureusement que je suis une bonne pâte. Et que j’ai cette capacité à relativiser en toutes circonstances - ça aussi, c’est ce que je me répète. J’ai beaucoup trop l’habitude des aventures sans lendemain pour espérer qu’une simple expérience de femme hétéro puisse vouloir dire quoi que ce soit, surtout sous l’influence d’une substance psychotrope. « Ça veut quand même dire que tu te l’es tapée. C’est déjà une victoire. » J’aime sa façon de penser. Et même si j’essaie, très fort, de me retenir, le coin de mes lèvres s’étire dans un sourire particulièrement fier. Evidemment que c’est une victoire. Evidemment que je me sens comme Neil Armstrong après avoir planté son drapeau sur la Lune.
« C’était bien au moins ? » La question à mille dollars. J’avance sur la terrasse, à sa suite, en faisant à peine cas de la cigarette que la blonde glisse entre ses lèvres. Et franchement, je pourrais même ne pas répondre à sa question ; le sourire que je lui adresse pourrait simplement suffire. Pourtant, j’ajoute : « C’était… génial. C’est pourtant pas ma première hétéro, mais j’étais franchement bluffée. » La plupart des hétéros ont tendance à faire la pillow princess, mais pas elle. Loin de là, même. Mais je ne sais même pas si j’ai vraiment envie d’entrer dans les détails, alors qu’il n’y a strictement aucun tabou entre Jules et moi normalement. « C’était aussi bien que je l’imaginais. Mieux. » Okay, je ne cherche même plus à faire comme si que j’en rêvais pas depuis des mois. Mais en même temps, Jules l’a vue aussi bien que moi : c’est physiquement impossible de résister à une telle bombe atomique. « Genre imagine te taper le dragon, mais en mieux. » Je ne dis pas que Marley est mieux que le dragon… ou peut-être que si ? Je sais plus trop ce que je dis. Et pour arrêter de dire n’importe quoi, j’attrape un petit four à la volée, dans un plateau tenu par un serveur qui passait par là. C’est que c’est quand même vachement bon, ces conneries.

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Tegan me fait rire. Elle est vraiment dans son monde, et j’adore ce qu’elle reflète, une forme de naïveté et en même temps un caractère bien affirmé. Elle voulait quelque chose, et elle l’a eu. En soi, nous sommes pareilles sur ce point. Compétitrices à fond, et déterminées comme jamais. Alors évidemment quand elle m’avoue avoir fini par coucher avec sa coloc, ça ne m’étonne même pas, je trouve même ça assez logique, vu comme elle la regardait la dernière fois que j’ai assisté à un de leurs échanges. Et puis soyons clair, vu comme Marley m’a regardé en sortant de la chambre de Tegan, elle n’était pas simplement surprise, il y avait autre chose. Je n’irai pas jusqu'à parler de jalousie, mais je suis prête à parier que son coeur s’est serré dans sa poitrine ce matin là.
Je comprends Tegan, Marley est un canon, on ne peut pas en penser quelque chose. Qu’on aime les femmes ou non, c’est un fait, Marley est canon. Alors quand comme Tegan on aime les femmes, le défi est facilement à mettre dans sa Bucket list. A moi de demander comment elle a vécu la chose, c’est quitte ou double, j’ai assez d’expérience dans les hétéros pour savoir que ça passe, ou ça casse. Rarement de demi mesure. « C’était… génial. C’est pourtant pas ma première hétéro, mais j’étais franchement bluffée. » Un sourire en coin, je m’amuse de la façon dont elle prend des pincettes pour en parler, comme si dire les mots rendrait la chose bien plus réelle. « C’était aussi bien que je l’imaginais. Mieux. » Cette fois j’arque un sourcil, toujours amusée mais j’attends qu’elle précise sa pensée, alors que j’allume ma cigarette, maintenant sur la terrasse. « Genre imagine te taper le dragon, mais en mieux. » Je m’étouffe avec ma bouffée de cigarette. « Ne parle pas de choses que tu ne connais pas. » Dis-je d’un ton presque digne de celui de Yoda. Si j’avais inversé la structure de ma phrase, on aurait pu s’y croire. « Le dragon aime les femmes. J’en suis persuadée. Alors crois-moi, ce serait pas la même aventure. » Gabrielle sait ce qu’elle fait, je n’ai aucun doute là dessus, et franchement, je suis sûre que c’est une déesse sur le plan sexuel. Je préfère ne pas trop y penser, au risque de perdre pieds chaque fois que je me retrouverai dans une même pièce qu’elle. « Ok et maintenant, c’est quoi le plan ? Vous en avez parlé ou vous faites comme si de rien n’était ? » Connaissant un peu Tegan, je pense qu’elle préfère faire l’autruche. Mais je ne connais pas Marley, peut-être que cette dernière aurait pu mettre les pieds dans le plat..?
Mon regard est soudainement attiré au loin vers une divine créature que je n’avais pas vue jusque là. Tee ne met pas deux secondes avant de comprendre ce qui se passe dans mon regard. « Ne te ret.. » trop tard. Avec sa discrétion fabuleuse, Tegan se retourne pour voir la cible que je viens de verrouiller. « Et ne me fais pas le coup de celle qui aura la première son numéro. Tu sais que je gagne toujours à ce petit jeu.» Et mieux encore qu’un numéro, la plupart du temps, j’arrive à ramener la fille en question chez moi…

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Wait. Je suis vraiment en train d’avoir cette conversation avec Jules ? Enfin techniquement, y’a rien de surréaliste. On parle de nos conquêtes comme d’autres parlent de leurs collections de cartes Pokémon. Mais je me sens un peu mal à l’aise à l’idée que ma dernière conquête notable soit ma colocataire. Parce que bon… C’est Marley, quoi. C’est un fucking Pokémon légendaire. Pour moi, en tout cas. Parce qu’apparemment, le fait que je la compare au dragon est off-limit. « Ne parle pas de choses que tu ne connais pas. » Je pouffe de rire, amusée par sa réaction. Elle a failli s’étouffer sur sa cigarette, comme si que j’avais sorti une énormité plus grosse que moi. « Le dragon aime les femmes. J’en suis persuadée. Alors crois-moi, ce serait pas la même aventure. » Ah… Ah oui, si on le voit dans ce sens là, ça change tout. Après, pour ma défense, c’était plutôt une comparaison, chacune à son échelle. Genre… Marley est mon dragon, quoi. Okay, j’ai pas intérêt à répéter ça à qui que ce soit.
« Ok et maintenant, c’est quoi le plan ? Vous en avez parlé ou vous faites comme si de rien n’était ? » Encore une question que j’aurais préféré ne pas entendre ce soir. Décidément, elle les enchaîne ! Mais cette fois, j’arrive presque à avoir l’air détendue, en allant même jusqu’à hausser les épaules avec nonchalance. « J’suis pas sûre qu’il y ait vraiment quoi que ce soit à dire. » Menteuse. « De toute façon, j’suis débordée en ce moment. Et je suis à peine à la maison, donc c’est pas comme si qu’on se cr… » Le regard de Jules a changé, en une seconde, même pas. Et je le reconnaîtrais n’importe où, ce regard de chasseuse dont elle seule a le secret. Une chasseuse qui a repéré sa prochaine proie ; je me retourne furtivement pour essayer de repérer celui ou celle - probablement celle - qui vient de me piquer la vedette. Et… okay, elle est un peu trop canon pour que je lui en veuille. « Et ne me fais pas le coup de celle qui aura la première son numéro. Tu sais que je gagne toujours à ce petit jeu.» Je ris légèrement en me retournant vers la blonde, sirotant à nouveau mon verre de champagne. « J’allais proposer de partager, mais si tu le prends comme ça… » Me mesurer à elle est souvent peine perdue. Quand il s’agit de partir à la chasse, je ne suis que le padawan qui suit son maître Jedi. Pourtant j’essaie encore, à chaque fois. Je me raccroche à cette unique occasion où les choses ont tourné en ma faveur, même si c’est juste parce que notre cible n’aimait pas la cigarette. « J’ai mes chances, en plus. Elle est blonde. Et on sait toutes les deux que les blondes préfèrent les brunes. » Ça ne l’a jamais arrêté, mais je tente ce que je peux pour grappiller des points. Je me retourne de nouveau, en me décalant un peu pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Et c’est précisément à ce moment qu’une autre jeune femme débarque auprès de la première, toute aussi mignonne que la première. « Okay, y’aura peut-être pas besoin de se battre, en fait. » Façon de parler, bien sûr. Ça reste toujours bon enfant entre nous, parce que ce n’est certainement pas une nana en soirée, aussi belle soit-elle, qui réussira à foutre la merde. Parce qu’il y en a plein d’autres, aussi, si jamais ça ne prend pas avec celles-là.
A peine un regard échangé, et voilà qu’on se lance à l’abordage. Deux nouvelles coupes de champagne, des sourires à tomber, et un duo toujours aussi ravageur, ça change pas. Le reste de la soirée file comme sur des roulettes, pour se terminer - comme d’habitude - encore mieux qu’elle a commencé. Le seul moment un peu gênant, c’est quand j’explique qu’aller chez moi n’est pas possible. Jules pouffe de rire, et j’ai un petit pincement au cœur en imaginant que ma colocataire puisse de nouveau me surprendre. Heureusement, ça ne dure pas très longtemps puisqu’on m’embarque déjà dans une nouvelle aventure pour la nuit. Et quelle aventure ! … Riles va halluciner quand je lui raconterais.

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