the cabin in the woods → donnie

Maintenant qu’elle est là, à crapahuter dans les bois à la tombée de la nuit, portant tout son matériel de prise de son sur le dos, Cleo se demande bien ce qui lui a prit d’accepter cette proposition. Prit par la folie des grandeurs, un simple caméraman dans la boîte où elle bosse a donc décidé de s’essayer au métier de réalisateur sur un petit court-métrage d’horreur. Et quand il a dit ça, la blonde a imaginé que ça se filmerait en studio. Pas en pleine cambrousse. Une chance pour elle qu’elle ait opté pour un style autrement moins apprêté que celui qu’elle arbore tous les jours en optant pour un jean, une paire de baskets foncées et un sweatshirt bien chaud. Non parce que bon, c’est tout de même la fin de l’hiver, les températures ne remontent que très lentement et surtout, il n'arrête pas de flotter. La preuve ; elle est présentement en train de patauger dans la gadoue.
« En toute franchise, j’avais carrément autre chose en tête quand tu m’as parlé de ce court-métrage, Kevin. »
Mais l’écossaise ne sait quoi répondre quand il lui demande ce qu’elle pouvait bien avoir en tête. C’est vrai que la plupart des films d’horreur n’ont pas besoin de beaucoup de budget et on peut donc se permettre d’aller les tourner dans la forêt la plus proche. A condition d’avoir l’autorisation de la ville. Mais Cleo provient du milieu pornographique, à la base, elle est bien placée pour savoir que, souvent, les autorisations, on s’en tamponne le coquillard. Surtout dans le cas d’une forêt ; qui pourrait bien reconnaître un arbre en particulier et clamer que c’est son bois et pas celui de quelqu’un d’autre ? Personne, sûrement. Elle ronchonne donc quelques secondes encore dans sa barbe parce que ça ne serait pas Cleo, sinon, tout en continuant d’avancer, tâchant de ne pas glisser dans une flaque de boue. Mais… A peine a-t-elle fini d’y penser qu’elle glisse, perd l’équilibre et s’y étale de tout son long.
« Putain de merde, j’y crois pas… »
Dire que son mari lui a parlé de bain de boue récemment… Il serait clairement aux anges, s’il était là. Et en parlant de Seth, ça la peine de l’admettre, mais il lui manque un peu, là, tout de suite. Elle sert les dents et se redresse avec l’aide d’une autre personne de l’équipe.
« Pfiou, je te remercie. Je suis Cleo, au fait. Tu verras, je râle beaucoup mais je mords pas. »
Autant partir sur de bonnes bases.

Ils sont plusieurs, à patauger dans la gadoue comme des galériens. Il va pratiquement faire nuit en plus. Mais quoi de mieux qu’une foret et une ambiance nocturne pour un film d’horreur petit budget ? Quand on a pas d’argent, on mise sur un décors naturel et une ambiance… Mouais, pour être honnête, Donnie n’était pas trop sure que ça le fasse, cette fois. Elle ne savait même plus comment elle avait atterri ici, surement en répondant à une annonce douteuse trouvée sur les réseaux. Et si d’habitude elle était toujours enthousiaste de ce genre d’expérience, là, elle avait bien du mal et sentait le pessimiste l’atteindre peu à peu. Il faisait froid et elle avait l’impression qu’ils marchaient un peu sans but. Mais à la recherche de quoi, au juste? Le script était-il vraiment écrit au moins ? Donnie était là mais n’avait aucune idée de ce qu’elle devrait faire au final. Elle poussa un soupir discret, s’imaginant chez elle devant un vrai bon film d’horreur sur netflix, à envier les actrices dont elle aurait aimé voler la place. A la place, elle était là, pour ce court-métrage douteux. Elle ne l’écrirait pas sur son CV, celui là…
Perdue dans ses pensées, elle en fut tirée par la glissade de la jeune femme devant elle. « Merde ! » Elle se précipita vers elle, oubliant qu’elle aussi, pouvait glisser. Ca ne fut pas le cas. La brunette l’aida à se relever. « Tout va bien ? » Apparemment rien de cassé, c’était le principal. « Donnie. Et t’en fais pas. Je commence un peu à râler dans le vide, moi aussi. » Bon, elle n’allait pas non plus dévoiler le fond de sa pensée, ne connaissant pas trop les liens qui liaient ces gens au réalisateur. Le but n’était pas de passer pour une pimbêche. « Tu veux de l’aide pour porter le matériel ? J’ai aucune idée de si on doit encore beaucoup marcher. Ca commence à faire long. » Lança t’elle dans un haussement d’épaules.

Tout va bien, rien de cassé. Cleo aurait pu se faire mal en tombant comme ça mais ça ne lui a même pas effleuré l’esprit. Contrairement à l’état de son matériel. L’écossaise prend quand même le temps de répondre par la positive à cette interlocutrice qui se trouvait juste derrière elle et qu’elle aurait carrément pu faire tomber à son tour. Heureusement, ça ne s’était pas passé de cette façon. S’accroupissant – après avoir quand même fait un grand pas de côté pour s’écarter de cette flaque de boue -, elle vérifie qu’il n’y a pas de casse pour ce qui est de son matériel non plus et pousse un soupir de soulagement avant de relever la tête vers la jeune femme.
« Après vérification, je peux affirmer qu’il y a pas de casse. »
Son sourire reparaît aussitôt et elle se présente. De façon rigolote. Même si au fond, c’est aussi une vérité et pas seulement une blague : Cleo a souvent tendance à râler. Ça doit même sans doute faire partie de ses occupations favorites. Bref, tout ça pour dire que c’est comme ça qu’elle apprend que l’autre jeune femme s’appelle Donnie et qu’elle aussi a commencé à râler un peu. Etirant un sourire d’autant plus franc, la blonde propose :
« On râle un peu ensemble, alors ? »
Pourquoi pas faire le reste du trajet toutes les deux ; à traiter Kevin de pauvre crétin ? Ce qu’il est sûrement puisqu’il s’amuse à faire tout un mystère de ce court-métrage alors que ça serait quand même mieux si toute l’équipe était mise au parfum. Enfin bref, les gens dans ce milieu ont quand même très souvent tendance à se prendre pour des génies et deviennent un peu parano quand il est question de leur voler leurs idées… Comme si on ne les avait pas déjà vues un million de fois. Soit. Sa nouvelle amie lui propose alors de la décharger d’une partie de son matériel.
« T’en fais pas pour ça, j’ai l’habitude ! Mais je dis pas non si t’as eu la brillante idée d’emporter une cannette de quelque chose avec toi parce que je commence à me dessécher, à force. »
Puis elle se tourne vers Donnie et l’observe une seconde ; difficile de lui attribuer un poste rien qu’à son allure. Aussi lui demande-t-elle :
« Qu’est-ce qui t’amène ici ? »
Tout en reprenant la marche.

Pas de casse matérielle. C’était un bon point. Quoique, peut-être que Donnie aurait aimé qu’un truc pas trop cher se noie dans la boue, histoire de ne même pas commencer ce tournage et repartir tranquillement chez soi… Non ! Elle ne pouvait pas se laisser envahir par ce genre de pensées négatives et tout sauf sympas pour l’équipe qui avait fait le déplacement. De toute façon, un réalisateur déterminé sait toujours se dégoter une solution pour qu’un tournage ait lieu, et Donnie n’avait pas envie d’y passer la nuit. « Génial » Lança t’elle d’un ton neutre. Râler ensemble ? Oh seigneur, oui ! Elle avait besoin de décharger ses émotions, là, Donnie. Elle voulait tourner, savoir ce qu’elle devrait réellement faire et rentrer au plus vite chez elle. Elle commençait à trouver difficile de positiver. Râler lui ferait du bien. « Râlons ensemble avec plaisir. » Elles se remirent à marcher avec l’équipe. On repérait bien le réalisateur, tout devant, avec le sourire, à motiver les troupes. « J’ai que de l’eau… Malheureusement. » Elle lui tendit sa bouteille sortie de son sac. Franchement, elle n’aurait pas dit non à une bière, du vin, ou carrément un shot d’alcool fort. Ca aurait pu la détendre et elle aurait sans doute rigolé de cette situation. Là, elle riait jaune. « Je suis censée avoir un rôle. Le soucis ? Je ne sais même pas lequel. Peut-être qu’on va devoir improviser, je sais pas… » Comment n’avait-elle pas senti le red flag à l’avance ? Pas de dialogue, pas de rôle attribué, pas de script… Seulement un vague synopsis. Son enthousiasme et sa confiance aveugle en le monde entier finiraient par avoir raison d’elle un jour, c’était évident… « Tu… Connais le réalisateur ? Enfin, le responsable de tout ça ? » Donnie était rassurée car même si Cléo le connaissait, elle semblait lucide sur la situation pas des plus sérieuses.

Ça peut sûrement paraître surprenant, mais ce n’est pas la première fois que Cleo se fait des « amis » en proposant aux gens autour d’elle de râler avec elle. Il se trouve que dans ces moments-là, l’écossaise était particulièrement loquace alors qu’en temps normal, elle n’est pas souvent très causante. Mal à l’aise en société, c’est l’excuse qu’elle sort parfois pour mieux faire passer son asociabilité. Et on dirait bien que cette fois, ça a encore marché. Cleo et Donnie se retrouvent donc à avancer côte à côte, la blonde faisant attention à où elle met les pieds puisqu’une nouvelle chute pourrait être fatale à son matériel. Avec lequel elle n’a pas besoin d’aide, mais elle ne serait pas contre une gorgée de quelque chose. Et ça sera de l’eau puisque Donnie n’a rien de mieux sur elle non plus. Sa remarque la fait alors sourire.
« Si les bars sont encore ouverts une fois qu’on en aura fini, je paye ma tournée. »
Pourquoi pas, après tout ? Elles l’auront bien mérité. Elle attrape la bouteille que la jeune femme lui tend, y boit une gorgée et la lui rend tout en écoutant ce qu’elle fait là. Elle est censée avoir un rôle mais Kevin ne semble pas avoir cru bon de l’informer de ce que ce serait. Du Kevin tout craché et Cleo lève les yeux au ciel suite à cette réflexion.
« Ça m’étonne pas, tiens. »
Là-dessus, elle lui demande si elle connaît le réalisateur – non, pardon, le responsable – de tout ceci et elle ne peut s’empêcher de sourire à nouveau. Décidément, elle lui plaît bien, cette Donnie.
« Ouais, malheureusement, c’est pas la première fois qu’on bosse ensemble. Enfin, « malheureusement », d’habitude, il a quand même un peu moins le melon parce qu’il fait jamais que tenir la caméra sans rien diriger. C’est son premier essai en tant que réal, je crois. »
A moins qu’il ait déjà emmené d’autres petites équipes au fin fond des bois pour tourner d’autres courts-métrages, en fait, elle n’en sait rien. C’est alors que la voix du caméraman peut-être futur réalisateur se fait entendre, loin devant elles.
« Bon, eh bien on dirait que nous sommes enfin arrivées. Il va peut-être enfin t’en dire un peu plus sur le rôle que t’auras à tenir. »
Sauf s’il décide de se la jouer réalisateur de Westworld, bien sûr. Ça aussi, c’est possible.

Oh dieu merci, oui. Donnie ne serait pas contre une tournée dans un bar par la suite, pour décompresser de ce moment un peu… Inqualifiable finalement ? Tout type d’émotions la traversait, elle était maintenant incapable de dire si elle était saoulée, déçue ou juste en colère. Mais au moins, tout ça n’aura pas été vain, puisqu’elle était en train de sympathiser avec quelqu’un. Cette glissade évitée de peu aura eu du bon. « Avec grand plaisir ! » Lança t’elle à propos de la tournée.

Pas étonnée de cette organisation ? Donnie fit la moue. Eh beh, il n’irait pas loin, celui là. Tourner un film, même un court métrage où un clip, ça demandait de l’investissement. Pas juste de faire venir des gens comme ça et d’aviser sur place. M’enfin, ça ne semblait pas tout à fait clair pour tout le monde apparemment… « Premier et sans doute dernier essai non ? » Elle émit un rire. Elle avait le droit, après tout… « Vous bossiez ensemble sur quoi avant ça ? » Demanda t’elle, soudainement curieuse.

Ils étaient arrivés. Wow. Ca avait paru une éternité. Kevin, le réalisateur, frappa dans ses mains comme pour réclamer un silence qui était déjà là. Tout le monde l’observait, à l’affut de la moindre info sur la suite. Le fameux Kevin pointa du doigt les « acteurs » un à un comme pour leur donner un rôle. « Toi. » Lança t’il enfin en montrant Donnie. « Tu seras la demoiselle en détresse. » Sérieusement ? Elle poussa un soupire discret avant d’hausser les épaules en regardant Cleo. « Ca s’annonce génial. » Plaisanta t’elle. Ne pouvait-elle pas tomber dans quelque chose de plus cliché ?

Bien, la décision est prise alors : quand elles en auront fini avec ce tournage, elles iront se remonter le moral à coups de whisky – ou autre mais là, c’est l’écossaise qui parle – dans le premier bar venu. Voilà qui a le don de lui rendre le sourire, à Cleo. Ça, sans parler de la remarque de sa nouvelle amie Donnie quant au fait que si c’était le premier essai de Kevin, ça serait aussi sûrement le dernier. Elle ne se prive d’ailleurs pas pour ricaner dans son coin.
« Ah, je me demande ! Il est peut-être très nul mais il est quand même parvenu à tous nous embarquer dans son projet. »
Et ça, c’est pas négligeable. Surtout si les autres, comme elles, sont également en train de se demander ce qui a bien pu leur prendre. Peut-être qu’ils les a tous hypnotisé… Bref, Donnie s’enquiert alors de ce qu’ils ont bien pu tourner ensemble avant et la blonde ne peut retenir une petite grimace.
« Un téléfilm sur une septuagénaire qui se décide à dealer de la came pour mettre un peu de beurre dans les épinards. »
Ç’aurait pu être pire ; elle aurait pu décider de vendre son corps à la place. Mais non, ça, c’est seulement bon pour son autre job. Et s’il en faut pour tous les goûts, à partir du moment où les peaux deviennent un peu trop fripées, ce n’est plus vendeur.
« Je sais, ça a l’air nul dit comme ça et, à regarder, ça l’est sûrement, mais ça m’a demandé un travail de dingue, pratiquement obligée de courir dans tous les sens. »
Une fois arrivé, voilà que tout le monde se place en cercle autour de Kevin en attendant ses directives. Et aussi fou que ça puisse paraître, on dirait vraiment que jusqu’ici, il n’avait encore aucune idée d’à qui attribuer quel rôle. Quand il désigne Donnie, Cleo arque un sourcil. Qu’on la laisse deviner : le rôle de la demoiselle en détresse ? Bingo ! D’ailleurs, elle note qu’il n’a même pas pris la peine de lui donner un nom. Mais à priori, il ne l’a fait pour aucun de ses rôles alors c’est un peu rassurant quand même de voir que tout le monde a été logé à la même enseigne. Un sourire étire les lèvres de l’écossaise en entendant le sarcasme dans la voix de l’autre jeune femme.
« Allez, pense fort à ce qui nous attend ensuite et rappelle-toi que je suis de tout cœur avec toi. »
Elle marque une pause puis ajoute :
« Oh, et fais attention quand même, ça glisse. »

Embarquée dans ce projet, qu’elle pensait sympa de premier abord. Et puis, c’était une grande naïve aussi, Donnie. A toujours vouloir croire qu’une grande carrière d’actrice l’attendait, malgré toutes ces années qui passaient. Elle entendait encore ses soeurs lui conseiller de se tourner vers un métier plus classique. Qu’est ce qu’elles ricaneraient, si elle la voyait dans cette situation… « J’étais désespérée, je crois… » Elle avait postulé via les réseaux. Peut-être qu’une conversation en tête à tête avec ce réalisateur prodigieux l’aurait vite dissuadée… Cleo lui expliqua leur précédent projet et la brunette haussa la tête, essayant d’imaginer un peu ce que cela rendait à l’image. « Plutôt loufoque comme scénario. Franchement, je suis curieuse de voir ! » Et puis, Cleo s’avérait sympa, si elles étaient amenées à se revoir, ça pouvait être sympa de reparler de leurs différentes aventures de tournages.
La première scène allait commencer. Bon. Donnie jouerait la scène d’ouverture, une simple scène en foret, mettant en scène une femme stressée, semblant fuir quelque chose qui la traquait dans la foret. Ca ressemblait à une tonne d’autres films. Elle voulait lever les yeux au ciel mais se retenait par politesse. Du grand déja vu. Et comme l’avait souligné Cleo, ça glissait par terre. Elle tenterait de ne pas être ridicule.
Tout le monde commença à se mettre en place, équipe technique, et les autres acteurs débutants un peu à l’écart histoire de ne pas parasiter la scène. Kevin donna les dernières instructions sur le chemin que devait précisément emprunter Donnie. Peu importait. Il faisait seulement ça pour paraitre un minimum pro, mais ça ne prenait pas. Ils n’avaient presque aucun moyen. Les mouvements de caméras seraient compliqués dans une scène de course. Bref. Le « action » retentit. C’était étrange de courir, en respirant fort et en faisant semblant de fuir quelque chose d’inexistant. Encore plus sous les yeux éberlués de toute une équipe d’inconnus. Mais Donnie tachait de se concentrer sur ce rôle, en pensant chaque seconde à ne pas glisser. En s'imaginant fuir ce tournage de l'enfer. Le calvaire serait bientôt fini. Elle n’aurait qu’une seule scène, pas vrai ?
Le « coupé » fut crié. Elle respira un bon coup, relâchant la pression. L’équipe technique commença à s’éparpiller, attendant surement la suite des instructions. Donnie alla rejoindre sa nouvelle amie. « Ca c'est fait... Je vais être la première à mourir, dans le film. Bon, c'est peut-être pas plus mal.  » Ce qu'elle craignait le plus, c'était la suite du scénario. Un film d'horreur sur quoi au juste ? Un tueur masqué, des esprits, des loup-garous ? Quelle idée allait-il leur pondre ?

Mine de rien, filmer dans une forêt – et à fortiori y prendre le son -, c’est quelque chose de compliqué. Surtout de nuit. La journée, les animaux peuvent encore garder à peu près le silence, tant qu’on reste en bordure de route. Mais même en s’y enfonçant plus profondément, reste le risque de tomber sur un chasseur. Alors pour tout dire, Cleo ne s’y connaît pas le moins du monde en matière de faune, puisque sa seule expérience jusqu’ici, c’est avec son Corgi nommé Cher et la chatte que Seth voulait à tout prix adopter nommée Wade et le moins qu’on puisse dire, c’est que les deux préfèrent de très loin faire la sieste sur le canapé plutôt que d’aller courir dans les bois ou même sur la plage, mais elle se doute quand même vaguement et sans trop de mal que les animaux de ces bois sont habitués aux chasseurs et laissent parler leur instinct de survie. Mais la nuit… C’est une tout autre ambiance. Ils se sentent plus en sécurité et s’en donnent à cœur joie. Surtout les piafs. Ça piaille dans tous les sens. Mais la blonde exerce ce métier depuis ses quinze ans. Et bien qu’elle ait longtemps réservé son talent exclusivement au porno – pas vraiment par choix -, ça ne l’a pas empêchée de devoir déjà filmer en extérieur comme c’est le cas cette-fois. Elle tâche donc de camoufler au mieux ces fameux bruits parasites et met en application son propre conseil, à savoir ne pas glisser quand elle se met à suivre Donnie pour capter le bruit de ses pas mais aussi de sa respiration. Pour les craquements de la chose supposée la poursuivre, ils seront ajoutés en post-production, heureusement. Et puis cut, la scène est finie et Donnie revient vers elle, n’ayant pas trop de chemin à parcourir étant donné que Cleo l’a suivie d’assez près, tenant sa perche à bout de bras. Elle tâche d’ailleurs de reprendre un peu son souffle en entendant la remarque de la jeune femme qui la fait sourire.
« Tu crois ? Si t’es pas sa final girl, j’aurais peur à ta place parce qu’on n’est pas à l’abri de l’entendre te demander de te maculer de boue pour jouer le cadavre ranimé de ton personnage. »
Et à bien y réfléchir, peut-être même que c’est pour cette raison qu’il a choisi de faire ce tournage maintenant alors que le sol est encore bien détrempé. Y a pas de petites économies, ma bonne dame ! Ou sinon, il n’a peut-être tout simplement pas su anticiper la météo. Espérons que ça ne soit que ça.