We got some catching up to do ⚝ Tegan

J’observe la toile en face de moi. Je travaille dessus depuis quelques jours maintenant. C’est assez … intime. J’ignore pourquoi j’ai eu besoin de me mettre sur ce projet. Ca a commencé par quelques coups de crayon dans un de mes carnets. Je l'ai terminé en seulement quelques heures. Mais ça n’avait pas le rendu souhaité. Je cherche quelque chose de précis. Cette image dans ma tête, qui d’ailleurs, refuse de me laisser en paix, je veux lui rendre justice. Ca fait un mois maintenant que je crèche à la coloc. Ce n’était pas prévu et je pensais que je serais déjà partie depuis longtemps. Mes parents m’ont avoué être dans une mauvaise passe, et ne sont pas en capacité de remeubler l’appart ou à en trouver un autre. Ils s’en veulent de ne pas pouvoir m’aider. Et je m’en veux de les mettre dans cette position. Après l’appel de la police, je suis retournée chez moi avec le rappeur pour voir ce qu’il restait de mes affaires. Comme je le soupçonnais, tout mon matériel de photo avait disparu. Ils en tireront certainement un excellent prix à la revente. Mais j’ai pu retrouver ma peinture, mes toiles vierges, et tous mes pinceaux, ainsi que mes chaussons de danse. Maigre consolation. J’essaie de me persuader que ça va aller. Je suis bien à la coloc, là n’est pas le problème, mais Milo dort sur le canapé et n’a plus son intimité. Ca m’ennuie. Il ne cesse de me répéter que je peux rester aussi longtemps que je le souhaite, qu’il est très bien dans le salon. Je me mords la lèvre, pensive. Je n’arrive pas à trouver la bonne nuance. Une sonnerie me sort de mes pensées. Le nom de Tegan s’affiche sur l’écran. Merde ! Je vais être à la bourre. Je recouvre mon chevalet d’un drap. Personne n’a vu ce qu’il y a dessus. Ils ont tous été respectueux de mon travail, de mon intimité. On partage presque tous ce côté artiste et on sait ce que ça signifie. Je nettoie rapidement mes pinceaux et me change. Je dois retrouver mon amie au café. On s’est croisé sur le campus mais nous n’avons pas réellement pris le temps de discuter. Et j’ai besoin de lui parler, de mettre un peu d’ordre dans ma tête. Parce que actuellement, c’est un bordel sans nom. J’attrape mon sac à la volée avant de partir en courant. North Bay est à quelques minutes en bus. Un coup d’oeil à mon téléphone m’indique que j’ai 10 minutes de retard. Je me précipite dans le café et repère la bouille que je cherche installée à une table. Une fois à sa hauteur, je la prends dans mes bras « Excuse-moi, je suis en retard. J’étais prise dans ma peinture .. enfin bref, j’ai perdu la notion du temps » Je tire la chaise en face d’elle et saisis la carte. Il y a du choix, sucré comme salé, des snacks pour faire patienter jusqu’au repas. « Comment tu vas ? »