yo conozco ese lugar donde revientan las estrellas → rafa

Ce n'est pas quelqu'un de violent, certes, il a fait la guerre, mais il n'est pas tombé dans le cliché de l'ancien soldat qui a toujours envie de fracasser des crânes et de taper dès que cela ne lui plaît pas. Bien sûr, il a quelques traumatises, il ne peut pas le nier, tout cela pour dire qu'il a beau avoir de la patience, il peut aussi s'énerver et s'en prendre à ses proches est une excellente raison d'ouvrir la gueule, surtout dans sa propre langue. Il ne cherche pas non plus les coups, heureusement, l'autre homme ne pousse pas plus loin, de toute façon, le couple ne reste pas sur sa place, ils s'éloignent un peu de cette ambiance merdique. Finalement, ce n'est pas plus mal de changer d'endroit, ils se rapprochent un peu plus de la scène principale, il faut croire que la mauvaise ambiance a su faire peur à quelques personnes avec des enfants, tant mieux pour eux. Vesper lui pose une question, il se tourne vers la place où semble se planquer les vip de la soirée, pas sûr qu'ils pourront les rejoindre, néanmoins, cela ne coûte rien d'essayer, il suppose. Rafael hausse les épaules, autant le faire maintenant avant de se retrouver coincé comme des sardines, car malgré tout, les gens commencent peu à peu à remplir les espaces vides. Un garde du corps se tient là, refusant l'accès à la plateforme, pourtant, ce n'est pas non plus Shakira qui se trouve là ou encore Maluma. Heureusement, quelqu'un reconnaît Rafael, pas en tant que soldat, plutôt comme le fils Rodríguez, il se trouve que son père a bossé pour plusieurs employeurs, sûrement à son retour au pays et qu'il a dû « vanter » les exploits de Rafa. Hé bien, si cela suffit à pouvoir grimper là-dessus, pourquoi pas. « Oh, ça y est, le premier invité de marque. » Il tend une coupe de champagne à Vesper, certes, bizarre pour un concert, mais pas pour des privilégiés.

En soi, Vesper n’est strictement personne. Oui, elle travaille dans le showbiz et ça lui est arrivé – beaucoup plus que ça ne lui arrive maintenant – de côtoyer des stars. Mais si elle donne son nom, très rares, voire très inexistants seront les gens capables de la reconnaître. Ou alors par pure politesse. On devient pas cascadeur pour la gloire, non, c’est un fait. Mais que les gens fassent seulement semblant pour paraître polis lui convient tout autant si c’est pour obtenir ce qu’elle désirait. Et Rafa semble être du même avis puisqu’il est d’accord pour essayer. La blonde s’approche de l’estrade et ouvre la bouche pour s’adresser à un type qui ne pourrait pas le cacher, fait partie de la sécurité, quand quelqu’un parmi les élus de la ville reconnaît Rafa. Mine de rien, elle se demande qui c’est. Mais s’il doit le lui dire, il le fera. En attendant, cette soirée s’annonce encore meilleure que ce qu’elle s’était figuré jusque-là puisque de là, ils ont une excellente vue ainsi qu’un excellent son, puis personne pour leur marcher sur les pieds, surtout. Et en plus de ça, voilà que Rafa lui tend une coupe de champagne dont elle se saisit avec un petit sourire.
« Hé ben, ces gens ont définitivement pas la même vie. »
Elle en avait fait des concerts dans sa vie, mais jamais où on buvait du champagne. Pourtant, ça fait quand même un bon paquet d’années qu’elle n’a financièrement plus à se plaindre. Comme si ça allait leur porter malheur sinon, elle trinque avec lui et s’exclame :
« A ce voyage ! »
Avant de reporter son attention sur le concert qui, comme il l’a fait remarquer un peu plus tôt, a débuté.

***

Sur le chemin menant à la propriété des parents de Rafa, le niveau de stress de la texane monte d’un cran. Bien sûr qu’elle les connaît pour leur avoir déjà parlé en visio et bien sûr qu’ils ont l’air d’être des gens charmants, mais y a quand même une énorme différence entre voir quelqu’un à travers un écran ou le voir en personne. Et si elle ne leur plaisait pas ? Et si le courant ne passait pas ? S’ils pouvaient pas se sentir, finalement ? Ça fait quand même quelques années qu’ils sont ensemble maintenant, Rafa fait entièrement partie de son monde, qu’il l’embellit, et elle a aucune envie de devoir renoncer à tout ça parce que ses parents ne veulent pas de cette union. Inutile de penser au pire ; Vesper prend sa main qu’elle serre dans la sienne pour y trouver du courage.

Après une soirée enflammée au concert, une visite surprise d'un groupe connu et originaire du pays et du champagne à volonté, les voilà à Medellín, sa ville natale, le visuel est bien différent de la Nouvelle-Zélande, pas le même historique non plus, surtout en passant devant la comuna 13, ancien quartier contrôlé par Pablo Escobar, aujourd'hui, c'est devenu un lieu touristique. Il a donc profité du trajet pour redécouvrir les lieux à travers la fenêtre du véhicule. Ils auront tout le temps de visiter, il a bien envie de lui faire voir les lieux et pas seulement la maison familiale. D'ailleurs, ses parents sont prévenus, sinon sa mère n'aurait pas apprécié qu'ils arrivent sans l'informer, faire le ménage, la nourriture, même s'il sait que la maison doit déjà être très propre, la connaissant bien, sûrement qu'une question de fierté. Quoi qu'il en soit, le couple arrive devant la maison, une main sur la poignée de sa valise, l'autre occupée par celle de Vesper, remarquant le resserrement. « Nerveuse ? » Pour tout dire, lui aussi, peut-être moins qu'elle, lui, c'est surtout qu'il espère que tout va bien se passer, surtout avec la barrière linguistique, mis à part cela, il ne voit pas de raison que la rencontre soit un désastre. Il l'embrasse avant de frapper à la porte, au bout de quelques secondes, s'ouvre sur son père, qui aussitôt les laisse entrer à l'intérieur de la baraque, Rafael se dirige vers la cuisine, avec l'odeur de la soupe sancocho qui flotte dans l'air, il se doutait bien que sa mère était en train de faire la cuisine. « Mamá ! » Sans tarder, elle se retourne, les retrouvailles se font joyeusement, puis il vient à présenter Vesper de façon officielle, si elles ne s'étaient pas déjà vus par appel vidéo, elle l'aurait sûrement dévisagé, mais après tout ce temps, elle lâche un « enfin » en espagnol et la prend dans ses bras.

Nerveuse, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourtant, Vesper fait plutôt partie des gens aux nerfs d’acier. Faut bien ça quand vous voyez des murs de feu commencer à se refermer sur vous ou que vous vous apprêtez à foncer dans un mur – de briques, cette fois – à 200km/h. Mais disons qu’aussi risqué que son métier puisse être, y a toujours une sécurité, l’assurance que, normalement, tout devrait bien se passer. Là, c’est quand même un peu moins le cas. Un peu seulement parce que, même si elle ne les connaît qu’à travers un écran, elle a l’assurance de leur avoir fait une bonne première impression, aux parents de Rafa. Virtuellement parlant, en tout cas. Sans mot dire, la blonde acquiesce mais étire quand même un petit sourire parce que malgré tout, ça reste quand même une bonne trouille, celle qui pousse à faire de son mieux et à ne pas avoir de regrets ensuite. Puis, pendant que Rafa décharge une partie des valises, elle s’empare d’un sac ainsi que de la cage de transport de leur chat et va les poser sur le pas de la porte d’une charmante maison qu’elle a certes déjà vue en photo mais jamais dans son ensemble et la première pensée qui lui vient à l’esprit c’est qu’en plus d’être joli, ça a l’air paisible.
« Hé ben, je pense que Pumpkin va s’amuser comme un petit fou ici ! »
A voir s’ils le laissent vagabonder dans la pampa mais s’ils n’osent pas le faire ici alors qu’on n’entend même pas le moteur des voitures passant la route qu’ils ont eux-mêmes empruntée pour venir ici, alors ils le feront jamais. Même si c’est un peu différent chez puisqu’ils ont un jardin. Bref, la porte s’ouvre et laisse alors apparaitre le père de Rafa dans l’encadrement. En tous points pareil à ce qu’elle a vu en visio. Rafa l’embrasse et la texane hésite une seconde avant de se faire embarquer dans une étreinte chaleureuse qui a tôt fait de briser la glace. Puis ils posent les bagages dans l’entrée et elle suit Rafa jusqu’à la cuisine où sa maman mijote ce qui a tout l’air d’être une soupe. Cette fois, Vesper reste un peu en retrait – allez savoir pourquoi, sûrement parce que chez elle, c’est toujours la femme qui porte la culotte allant même jusqu’à éradiquer les hommes de la famille, mais c’est la maman qu’elle redoute le plus – mais complimente quand même la maison avec les quelques mots d’espagnol que Rafa lui a appris pour l’occasion :
« Su casa es preciosa y la zona es fantástico ! »
Se risquant à lui jeter un coup d’œil pour s’assurer qu’elle s’est pas trompée.

Cela a pris plus de temps de les rencontrer, que la famille de Vesper, car malgré la culture américaine avec les armes, c'est souvent bien plus dangereux en Colombie. Bien sûr, le temps passe, ils vivent enfin ensemble, une nouvelle étape dans leur couple, puis une autre, la rencontre des parents en dehors de l'écran, ils ont eu le temps de se parler, de se préparer, malgré le léger stress, normal quand on y pense. Rafael ne pense pas que ça va mal se passer, il n'y a aucune raison que cela arrive, puis ce n'est que le temps de quelques jours avant de rentrer à la Nouvelle-Zélande. Dans tous les cas, lui, il est heureux de les retrouver, ça fait toujours plaisir, surtout quand ils ne peuvent pas se voir très souvent, pas le même pays, ni le même continent. Il regarde la maison et sourit. « Je pense aussi ! » Ça va changer du jardin dans lequel il se promène et chasse les moustiques et autres bestioles du même genre. Bref, les voilà face à son père, qui mine de rien, se montre bien plus chaleureux qu'il en a l'habitude, sûrement qu'il avait hâte d'enfin la rencontrer, tout comme c'est le cas de sa mère, celle qui va sûrement décider si c'est la bonne ou non, parce que les mamans sont comme ça, elles voient certaines choses que leur enfant ne voit pas, heureusement ici, il sait bien que c'est la bonne, à moins d'être pris pour un con depuis tout ce temps, mais il doute franchement que ça soit le cas. Tout cela pour dire que malgré l'erreur, entre le féminin et le masculin dans la phrase, il est fier d'elle, on comprend très bien sa phrase et donc, ce n'est pas bien grave. Rafael lui fait un clin d'œil. « Je vais monter les valises à la chambre. » Sur ses paroles, il laisse les deux femmes ensemble, il en profite pour libérer Pumpkin de sa cage et monte à l'étage pour mettre les bagages à l'intérieur de la pièce dans laquelle ils vont dormir avant de redescendre après quelques minutes. « Tout va bien ici ? » Qu'il demande à Vesper, voyant sa mamá en train de lui parler de l'enfance et des traditions colombiennes, un peu de religion aussi, la dernière question portait sur les croyances, enfin, il croit, il est arrivé pile à ce moment. Il sort deux bières du frigo et il lui tend une bouteille, ils ont encore quelques temps avant le dîner.

Le clin d’œil de Rafa lui fait chaud au cœur. Déjà parce qu’il signifie qu’elle n’a pas trop merdé et puis parce qu’il a l’air content d’elle. Le genre de petits détails qui font toujours plaisir dans une relation. Là-dessus, il annonce qu’il va monter les bagages dans la chambre et avant qu’il quitte la pièce, Vesper lui lance un regard légèrement paniqué. Allez, elle peut le faire, tenir compagnie à sa maman pendant quelques minutes à peine. C’est fou de se dire qu’elle a généralement peur de rien, ou de pas grand-chose en tout cas, mais que passer quelques minutes seules en compagnie d’une dame un peu âgée lui file un de ces tracs. Sûrement que Rafa avait dû ressentir la même chose quand ils avaient fait le voyage jusqu’à Abernathy. Surtout que la manière dont Vesper dépeignait sa mère n’était jamais très flatteuse étant donné qu’elle avait passé presque toute sa vie à être en total désaccord avec elle. Bref, une fois Rafa disparu de leur champ de vision, voilà que sa maman se met à lui parler. Quelque chose lui dit qu’elle articule exagérément et utilise des mots simples pour qu’elle puisse suivre, ce dont elle ne saurait qu’être reconnaissante. Elle lui montre quelques photos trônant à droite, à gauche. Petit, il avait déjà cette tête toute mignonne qui a le don de la faire craquer. La texane se perd un peu quand madame Rodriguez se met à lui parler des traditions colombiennes, justement parce que les termes sont parfois un peu trop techniques pour elle, mais elle saisit globalement l’idée – du moins en a-t-elle l’impression – et c’est ce qui compte. Quand Rafa revient, sa mère était en train de parler religion, elle, et Vesper estime qu’elle est sauvée par le gong parce qu’elle ne voudrait surtout pas faire un faux pas dans ce domaine bien précis puisqu’il a l’air de lui tenir tellement à cœur. Pourtant, y a pas à faire tant d’histoires, la blonde peut juste dire qu’elle a reçu une éducation catholique. Ce qui est le cas. Sans plus s’étendre sur le sujet et sans mentionner ce qu’il en est aujourd’hui.
« Ça va super ! Tu tombes à pic, on était en train de regarder quelques photos. »
S’il veut en commenter certaines, c’est le bon moment. Encore que, d’après ce qu’elle a pu voir jusque-là, y a rien de trop embarrassant non plus. Pas de concours de rodéo en tenue de cowgirl comme c’est le cas au ranch, par exemple.

Il est conscient qu'il la laisse un peu à elle-même, le temps qu'il dépose les valises et laisse sortir le chat, malgré cela, il se dit que c'est peut-être l'occasion de savoir si elles vont bien s'entendre sans qu'il soit dans les parages à les écouter. Il comprend cependant que ça ne doit pas être facile, pour l'avoir vécu aussi avec la famille de Vesper, surtout qu'avec des femmes, il avait eu l'impression de ne pas être à sa place durant les deux premières heures à leur arrivée au Texas, en plus, ce n'est pas comme s'il avait rencontré beaucoup de belle-famille, que la sienne pour être honnête. Rafael prend la peine d'ouvrir la fenêtre pour faire aérer la pièce dans laquelle ils vont dormir les prochains jours, puis il redescend rejoindre les deux femmes dans la cuisine, puisque c'est là, qu'elles se trouvent. « Ah oui ? » Il ne se souvient pas d'une photo gênante, mais peut-être que c'est le cas et qu'il ne s'en souvient plus, lorsqu'il n'était pas en mesure de parler et de marcher, mais ça ne semble pas être le cas et tant mieux, ce qu'on peut remarquer dans l'album, ce sont surtout des photos de famille, c'est ce qui importe le plus chez les Colombiens, être avec les siens, bien qu'il n'ait plus vraiment de contact avec les autres, hormis que ses parents quoi. « Ma première voiture, une suzuki lj80, que mon père et mon oncle avaient fabriquée à l'époque. » Il pointe une photo où Rafael se retrouve dans sa voiture miniature pour enfants. Il lui montre une autre image où il pose à côté d'un poney, bref, il fait un peu le tour sans tomber sur une seule où il est nu dans un bain, jamais compris pourquoi les parents faisaient ça, il a été épargné par cette connerie. « Je vais mettre la table, après le dîner, si tu veux, on peut aller se promener un peu dans les environs. » Son père arrive pour mettre la table aussi, puisque bon, la mère fait le repas, c'est la moindre des choses de l'aider avec le reste. Après quoi, la table se remplit de plusieurs plats, ce qui lui donne l'eau à la bouche, Rafael s'installe autour de la table. « Buen provecho. »  

Vesper suppose que c’est parce qu’elle est là mais elle a envie de tout connaître du passé de Rafa. Enfin, pas vraiment tout non plus parce qu’elle suppose que même dans un couple, y a des choses dont il ne vaut mieux pas trop parler, les aborder en surface tout au plus, mais son enfance l’intéresse. C’est dans cette optique qu’elle se penche sur les photos qu’il lui montre et sourit aux anecdotes qui les accompagne parfois. Ainsi, sa première voiture avait été un modèle existant. Une Suzuki LJ80, même, pour être plus précise. La texane ne s’y connaissant finalement qu’assez peu en voitures se dit que ça se ressemblait à une Jeep, du genre de celles qu’on voit dans les films type Indiana Jones. Et elle trouvait que ça lui allait plutôt bien, au petit Rafa. Oui, parce qu’on n’était pas en train de parler d’une vraie voiture mais d’un de ces jouets, à pédales ou à batterie sans doute, qui ressemblent à des véhicules. Fabriquée par son père ici présent et son oncle.
« C’est adorable ! »
Puis elle s’attend à voir les photos embarrassantes habituelles, celles qui figurent dans tous les albums photos du monde entier, mais y en a pas. Ainsi, les parents de Rafa ont le bon sens qui manque à tous les autres. Non parce que dans ses albums photos à elle, y en a des photos qu’elle préférerait que personne d’autre ne voit. Cela dit, ça ne l’étonne même pas que sa mère à elle soit du genre à le faire exprès pour lui mettre la honte. Puis, à part quand ça concerne le rodéo, elle va sûrement pas exhiber ses autres réussites loin du ranch. Ça serait la honte aussi, mais pour elle. Bref, quelques photos encore puis Rafa annonce qu’il va mettre la table, suivi de près par son père. Ne voulant pas être en reste, Vesper suit le mouvement et la scène aurait totalement pu ressembler à celle d’Encanto, celle où tout le monde danse et chante autour de la table qu’ils ne veulent pas parler de Bruno. Sans les chants et sans la danse, mais voilà. Ce qui est pas une critique d’ailleurs, parce qu’Encanto est très certainement la meilleure chose qu’ait fait Disney ces derniers temps.
« Carrément, tu pourras me montrer ce qu’il y a d’intéressant dans le coin. »
Mais avant ça :
« Buen provecho ! »