just a mess. (jude)

Parfois, il y a cette journée dans laquelle tout va mal, où rien ne va, les moments gênants s'enchaînent sans pouvoir s'arrêter, sans pouvoir y faire grand-chose, sauf attendre le lendemain pour que tout puisse rentrer dans l'ordre. Mais cette nuit-là, Felix n'avait pas envie de s'asseoir sur son lit et fixer son mur, en espérant que cette journée se termine au plus vite, que la nuit de sommeil qui l'attendait, marque la fin de ce calvaire. « Je sais très bien que ce n'est pas la fin du service, alors, sers-moi un autre verre. » Qu'il avait dit assez fort pour se faire entendre avec cette musique qui perce les tympans de tout le monde. Avant d'arriver en boîte de nuit avec quelques amis, ils étaient passés par deux bars, autant dire qu'une fois dans le club, ils étaient déjà tous éméchés, plus particulièrement Felix, qui avait pris l'habitude de boire un peu plus ces derniers mois, mettant en péril son poste au sein de l'équipe Phoenix de Wellington et de son possible retour. Était-ce là, un cliché de boire de l'alcool pour oublier une femme ? Probablement, mais en soi, qu'est-ce qu'il n'en avait rien à foutre des jugements, tout le contraire de lorsqu'il a la tête sur les épaules, qu'il entre dans la peau du mec perfectionniste. Il ne l'avouera peut-être pas, mais il a décidé de vivre comme bon lui semble, ignorant les appels de son père, notamment depuis la dernière fois où son paternel a payé sa caution, parce que le brun avait un peu trop bu en prenant sa voiture, stupide, me diriez-vous, néanmoins il ne connaît personne d'intelligent quand il a un peu trop bu. Voilà, pourquoi cela le mène à se faire jeter dehors de la boîte de nuit, après dix minutes seulement, prétextant qu'on ne veut pas lui servir à nouveau de l'alcool et que même si on sait que son père est riche, en plus d'être un ministre important du gouvernement, cela ne l'empêche pas de se faire virer pour perturbation, ce que Felix ne comprend pas, tout ça, parce qu'il a bousculé une ou deux personnes, qu'il a failli s'en prendre une, une fois à l'extérieur, il s'empresse d'envoyer un message à sa pote Chloé, enfin, croyant que c'est elle, ses yeux se brouillent, il voit flou et il a l'impression d'entendre encore la musique dans ses oreilles. Felix range son téléphone et il relève la tête, quand les deux hommes, qu'il avait bousculés à l'intérieur du bâtiment, sortent pour venir régler des comptes, le genre, à vouloir se battre à cause d'une bousculade, ça prouve bien l'intelligence de l'homme. « Bah alors, je vous manque déjà ? » Lance Felix sur un ton sarcastique et complètement déconnecté, hé bien, s'ensuit ce qui devait arriver, une bagarre, séparé par les videurs et les soi-disant potes de Felix, rien à voir avec la bande, qui eux, ne l'appréciaient pas pour son argent. Felix s'essuie la lèvre et soupire.

Il n'a plus toute sa tête, l'alcool a fini par brouiller ses pensées, sa bonne conscience, ses gestes ne suivent plus correctement, ne vont pas dans le bon sens et ses poings n'hésitent pas à se fermer pour venir frapper l'un des mecs qui se trouvaient dans la boîte de nuit, quelques minutes plus tôt. Ses sourcils qui se froncent, on peut lire la colère sur son visage, il en a, ça, c'est certain, après les événements récents, il ne peut sûrement plus la retenir, lui, qui en a l'habitude, garder tout à l'intérieur, pour éviter de péter des crises, pourtant, à trop vouloir se taire et ruminer dans son coin, tout éclate et l'alcool, hé bien, elle aide grandement à s'exprimer, pas forcément de la bonne manière, mais qu'importe. Même s'il s'entraîne et que c'est un grand sportif, les videurs réussissent à séparer les hommes, mais Felix, il en veut plus, il a encore envie de frapper, ayant pris goût à ça, se défouler, ça fait du bien, il ressent l'adrénaline qui est à son pic, la chute risque d'être violente, plus que le coup qu'il a reçu deux secondes avant de se faire pousser plus loin. Il ne se rend pas bien compte de la personne qui le touche, enfin, il est un peu sonné, mais pas au point d'oublier qui il est et où il se trouve, toujours sur le trottoir à quelques pas du club. « Quoi ? » Qu'il murmure presque. Il attrape son téléphone, les yeux qui clignotent, qui luttent pour rester ouverts. Merde. Il n'a pas envoyé à la bonne destinatrice. Felix se recule soudainement et il comprend mieux à qui, il fait face, elle, l'objet de sa rage. « Pourquoi tu es là ? Tu me suis ? » Il secoue la tête, il tente de faire quelques pas, un rire jaune s'échappe de ses lèvres sans même comprendre pourquoi il sort ce son. En tout cas, le goût du sang dans la bouche le ramène un peu à la réalité, il passe une main sur sa lèvre entaillée et grimace. « Fais chier.. »

Actuellement, il oublie complètement qu'il est, c'est-à-dire, fils d'un ministre important, celui des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, rien que ça. Pourtant, Felix, ce n'est pas vraiment le genre d'enfant à faire des conneries, non, parce qu'il ne veut pas faire honte à sa famille, mais plutôt qu'il n'a pas été élevé de la sorte, il n'a jamais eu envie de dessiner sur les murs d'école ou encore de faire des crises au lycée, il était bien trop concentré sur lui-même pour s'occuper des autres, entre sa passion pour le sport et le désir de plaire un minimum à ses parents. Tout cela pour dire qu'il ne prend pas conscience de ses faits et gestes, que tout cela pourrait vite se retrouver à l'une des journaux demain matin. Entendre sa voix, celle de Jude, n'a rien de réconfortant, après tout, il est censé lui en vouloir, non ? Il ne devrait même pas lui adresser la parole, mais il n'a point contacté la bonne personne, Chloé, c'est elle qui devrait être à ses côtés, mais ce n'est pas le cas et il doit se contenter de celle qui a couché avec son ami d'enfance, alors qu'il croyait qu'eux, Jude et lui-même, c'était bien plus qu'un simple flirt. « Ok, maman. » Souffle le jeune homme en levant les yeux vers le ciel étoilé. Il se fiche bien de prendre la voiture, mais il doute que son paternel lui pardonne un futur accident avec la Bugatti, qu'il a fait venir de la France pour son fils. « Peut-être bien ? » Enfin, probablement, se blesser au football, n'a rien de nouveau, il doit forcément avoir un kit de soin qui traîne quelque part sous l'évier de la salle de bain. Il sort ses clés et se dirige vers sa voiture, non, pas question de la laisser à côté d'une boîte de nuit, où traîne les ivrognes de service. « J'irai peut-être boire un coup avant de rentrer, tiens, ma gorge s'assèche tout doucement. » Il tente de faire entrer la clé dans la serrure de la porte, mais il laisse échapper le trousseau de clés au sol. « Merde.. » Qu'il lance en français.

Il doit être un sacré spectacle pour les piétons qui passent par là et les autres, peut-être même pour Jude, finalement, il ne prête pas attention à tous ces gens, avec l'espoir qu'eux non plus, ils ne se préoccupent pas de lui. Felix a pourtant l'habitude d'être sous les projecteurs depuis plusieurs années, mais tout de même, les scandales, il a toujours préféré les éviter. Néanmoins, ce soir, il est hors de lui, en tout cas, il n'a pas totalement toute sa tête, il est prêt à prendre sa voiture, voire se crasher dans un poteau ou un arbre sous l'influence de l'alcool, sans que cela soit voulu, ça va de soi. Il fait tomber ses clés sur le sol, il peine à se pencher, mais à vrai dire, il n'en a pas trop le temps de le faire, déjà à cause de sa lenteur, mais parce que celle-ci les ramasse avant qu'il le fasse. Felix entrouvre les lèvres, rien ne sort de sa bouche, rien à dire, elle était déjà sur le siège conducteur, le suppliant de rentrer dans la bagnole, afin qu'elle puisse le conduire chez lui. Au fond de lui, il a envie de se battre, de répliquer, de s'obstiner jusqu'à ce qu'elle l'abandonne sur le trottoir, mais la fatigue joue en sa faveur, il est épuisé et puis, mine de rien, sa lèvre pique, bien sûr, il va survivre à cette entaille, il a connu pire avec le football. Il soupire, il titube jusqu'à la porte du côté passager et il entre à l'intérieur, ferme la porte et croise les bras, le trajet va être long avec ce silence. D'ailleurs, il suppose qu'elle ne va pas s'arrêter en chemin pour une courte visite au bar, il va devoir se contenter de l'alcool fort qu'il possède chez lui, ce n'est pas l'idéal, le seul avantage c'est qu'il peut juste se casser la gueule dans son appartement ou tomber en bas du toit, quoi que ça, il faudrait vraiment de la malchance pour en arriver là.

Il ne se souvient pas de la dernière fois qu'il a bu autant d'alcool. Il faut dire qu'il a toujours été habitué à une vie saine, non parce qu'il n'a jamais pris de boisson alcoolisée, loin de là, mais jamais par abus, ça, c'est certain. Il fronce légèrement les sourcils, elle l'attache, lui, il avait déjà oublié les règles de sécurité, même sur le siège passager. Il jette un coup d'œil à l'extérieur, une frustration d'être là, assis, plutôt que d'être à l'intérieur, puis d'un autre côté, il sait bien qu'il n'aurait pas fait toute la nuit, ça s'agite dans son estomac, tout cet alcool finira bien par sortir et probablement plus vite qu'il le croit, pourvu qu'il ne gerbe pas dans sa voiture, ni même devant Jude. « Hm, quoi ? » Il sort de ses pensées, il se retourne subitement vers elle et il constate qu'elle n'a toujours pas démarré la bagnole, d'où son questionnement. C'est tout de même une dinguerie qu'elle soit là, alors, qu'il a tenté de l'éviter depuis la dernière fois, même au moment où il pensait qu'il allait passer à autre chose, ses paroles résonnent à chaque fois, à l'intérieur de sa tête, pour lui faire comprendre qu'il n'arrive pas à oublier. Ce n'est pas faute d'essayer. Felix se frotte les yeux et il arrive à démarrer la voiture, malgré la ceinture et surtout, la proximité entre eux, ce n'était pas bien difficile, il a suffi d'appuyer sur le bouton de démarrage sans les clés. « Voilà, comme ça. » Il se remet dans son siège, en train de se demander s'ils ne vont pas avoir un accident, pas comme s'il connaissait sa conduite, surtout avec une voiture sport, puis bon, au point où ils en sont, il s'en fiche.

Je crois que si Felix avait été sobre, l'ambiance aurait été encore plus gênante, probablement plus glaciale, mais bien sûr, s'il n'avait pas bu, il ne se serait pas trompé de destinataire et surtout, il n'aurait pas été dans cette situation avec elle. Tout cela pour dire que ça pourrait être pire, enfin, il suppose, honnêtement, il a un peu de mal à penser à quoi que ce soit, cela dit, il n'a certainement pas oublié la raison de cette distance et de ce malaise entre eux. Ce trajet ne fut pas aussi long qu'il aurait cru, pourtant, ils ont été obligés de passer par d'autres rues, à cause des festivités pour la fête des Pères. Un soupir discret de sa part, rien que d'y penser, un passage obligatoire chez la famille Starling, il n'est pas vraiment en mauvais termes avec eux, cela dit, ça se termine souvent en barbecue avec des politiciens ou des gens importants aux yeux de son père, c'est d'un ennui mortel selon lui. Felix trouvera sûrement le moyen de s'éclipser, comme à chaque fois où il est obligé d'être présent. Quoi qu'il en soit, ils entrent dans le garage souterrain de l'immeuble où il vit. Felix se sentait mieux à l'extérieur, il y avait une légère brise, maintenant, la chaleur de son corps augmente, ce qui accentue son état, son mal de cœur qui commence doucement à lui donner des sueurs. « Ça va, ça va. » La tête qui tourne reprend une fois debout, il ferme la porte de sa bagnole, le bruit résonne dans le stationnement, il est tard, il n'y a qu'eux, il espère évidemment croiser personne dans l'ascenseur. « C'est bon, tu peux rentrer, je n'ai pas besoin d'assistance. » Autrement dit, de l'accompagner jusqu'à la porte de son penthouse, de toute façon, il est seul sur son étage, il ne devrait pas avoir trop de mal à déverrouiller la porte, pas vrai ? Direction l'ascenseur, titubant jusqu'au panneau pour finalement appuyer sur deux autres numéros sans faire exprès.

C'est qu'il est tout de même rendu à un âge où il n'a plus besoin d'être maternisé. Bon, certes, ce n'est pas la véritable raison pour laquelle il souhaite la voir partir d'ici, plutôt parce qu'il a envie de se retrouver seul, qu'elle ne devrait même pas être présente, cette situation devient gênante, pour tous les deux. Dans tous les cas, il est certain d'une chose, ses pensées se bousculent dans sa tête, une migraine commence doucement à prendre place à l'intérieur de son crâne, ce n'est pas assez douloureux pour se plaindre, certes, mais ça se fait sentir, tout comme sa fatigue et le fait qu'il commence à devenir désagréable. Quoi qu'il en soit, elle ne l'écoute pas, Jude le suit dans l'ascenseur, s'obstinant à vouloir rester, qui selon elle, il n'est pas dans son état normal, techniquement, c'est vrai, mais raisonner quelqu'un alcoolisé, c'est assez compliqué. Ils entrent à l'intérieur, pendant qu'elle se faufile jusqu'à la cuisine, lui, il attrape la première bouteille qui lui tombe sous la main, il y a un bar pas très loin, et Felix se dirige ensuite vers sa chambre, dans laquelle, il en profite pour retirer son premier vêtement, sa veste, il s'est un peu battu pour la retirer, néanmoins c'est chose faite, suite à cela, il se dirige dans sa salle de bain, celle qui est liée à sa chambre, se laisse tomber sur le sol. Il ne répond pas lorsqu'elle l'appelle, certes l'appartement est grand, mais elle va finir par le trouver, il suppose. Il en prend quelques gorgées, autant finir en beauté malgré tous les maux.

Il se trouve que Felix a encore un peu d'énergie, assez pour marcher jusqu'à la salle de bain, dans laquelle il se laisse tomber, un peu brusque la chute, mais il ne se plaint pas de cela, il ne s'est pas cogné la tête ou autre. La bouteille en main, elle rejoint rapidement ses lèvres, cela n'a plus le même effet qu'en début de soirée, enfin, étant donné son état, pour l'instant, il ne voit pas la différence, bien sûr, demain, le discours sera tout autre. Felix rate sa dernière gorgée, Jude, qui n'est toujours pas partie, lui retire des mains la bouteille, avec le sermon habituel, il a assez bu pour ce soir, même pour les prochains jours. « Hey ! » C'est pas mal tout ce qu'il trouve à répondre, pas vraiment d'humeur à répliquer correctement, il n'a pas les bons mots pour la contredire, de toute façon, il n'a pas la force, il ignore comment il va faire pour se relever sans pencher par l'avant et risque de tomber la tête première sur le plancher, bon, c'est peut-être un peu exagéré, mais pour quelqu'un qui n'a connu que très rarement cet état d'ébriété, car l'alcool ne fait pas partie de son quotidien, c'est vraiment un autre monde pour lui. Felix prend la bouteille d'eau, transparent comme la vodka, mais clairement pas le même goût. « Tu vas me border aussi ? » Un peu de sarcasmes avant de se décider de retirer le bouchon de la bouteille d'eau pour enfin boire quelques gorgées. Le brun grimace presque, néanmoins, à force de boire, il sent que cela lui fait un peu de bien, cela dit, il commence à avoir envie de tout recracher, de la première bière qu'il a prise au bar à la dernière gorgée d'eau. « Merde.. » La salive se fait de plus en plus présente dans sa bouche et il décide de s'approcher de la toilette et de relever le siège, il sait que ça approche.