8 pool teaching (Kiamira 1)

**○ inscrit le** : 16/11/2023

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Kiana Davis & Samira Hajar

Plus la soirée se poursuivait, plus Samira commençait à se demander si c'était vraiment une bonne idée d'avoir autant forcé sur la bouteille. Non pas qu'elle craignait la gueule de bois – l'iranienne avait toujours eu une assez bonne tolérance à ce niveau là – mais c'était peut-être pas le cas de Kiana. Kiana qui semblait de plus en plus déchainée au fur et à mesure que les minutes passaient et que les bières se vidaient. La pauvre, elle risquait de faire méchamment la gueule au réveil. Sami ignorait si la blonde était venue en voiture ou pas, mais si c'était le cas, il était purement et simplement hors de question qu'elle prenne le volant ce soir. Sami lui payerait un taxi ou un Uber histoire de la ramener chez elle en un seul morceau. Et elle aussi tant qu'on y était. Parce que si elle était souvent fourrée aux urgences, elle n'avait franchement pas envie d'y aller en tant que patiente. Surtout que bon, qui est-ce qui allait la remettre en état ? Pas qu'elle ne faisait pas confiance à ses collègues de traumatologie, mais bon... quand on était la meilleure, c'était dur de mettre sa vie entre les mains d'autres qu'elle savait moins doués.

Mais si la partie rationnelle du cerveau de Samira disait qu'elles avaient bien assez bu pour ce soir, la partie de son cerveau abrutie par l'alcool était largement majoritaire et comptait bien profiter de cette soirée pour en apprendre bien plus sur les frasques amoureuses de son amie. De préférence avec la gent féminine. Parce que bon, les mecs, ça l'intéressait pas des masses. Et puis elle était tellement habituée à voir son amie arborer fièrement le drapeau de l'hétérosexualité depuis tellement longtemps qu'apprendre qu'elle avait eu une histoire avec une femme, c'était le scoop de l'année. Et puis ce petit jeu de questions réponses en mode caliente, c'était franchement poilant. Si Samira n'avait pas le moindre problème à parler de sa vie sexuelle, entendre Kiana lui avouer ses petits secrets, c'était l'éclate totale. Puis si en même temps elle pouvait gratter deux ou trois informations sur la vie de son amie, c'était tout bénef. Par contre, il ne fallait pas que la partie s'éternise de trop, parce que sinon, l'iranienne allait finir par être à court de questions.

Si son premier coup avait été incroyablement facile, le deuxième par contre... bon, au moins elle pouvait poser une question. Et si elle demandait à son amie si elle avait eu un crush pour quelqu'un, elle s'attendait à ce que Kiana lui dise que non. Ou au moins qu'elle essaye de faire passer ça pour quelque-chose de sans importance. Ce qui était sûrement le cas d'ailleurs. Mais elle ne s'était pas attendue à ce que la blonde lui dise oui de but en blanc. Même si elle reconnu dans la foulée que c'était très vague, pour reprendre ses mots. Bah, c'était toujours comme ça au début. Une fille te plaisait, le courant passait bien, et de fil en aiguille, on se rendait compte qu'on était passés du petit flirt innocent à quelque-chose de bien plus intense. Même si c'était souvent à ce moment là que Samira avait tendance à prendre le large. Parce que passé la première étincelle, c'était rare que le feu arrive à prendre. Une personne rencontrée ici ou là, deux trois moments sympas, mais ça allait pas forcément plus loin. Si Kiana avait rencontré quelqu'un qui faisait vibrer son petit cœur, hé bien franchement, Samira était curieuse de savoir qui ça pouvait bien être. Parce qu'il fallait vraiment mettre le paquet pour faire chavirer le cœur de la doctoresse « Faudra que tu me le présente. Ou la présente. » On ne savait jamais.

Mais alors que Kiana buvait une gorgée de son verre, rageant intérieurement d'avoir aussi mal exécuté son deuxième coup, Samira manqua de s'étouffer quand Kiana lui annonça sans préavis qu'elle envisageait de demander le divorce « Attends... quoi ? » S'étrangla l'iranienne en toussotant à cause de l'alcool qu'elle venait d'avaler de travers. Elle allait divorcer ? Genre vraiment divorcer ? Elle qui était l'exemple même du couple idéal avec son mari ? Samira était prête à l'assaillir de questions, mais Kiana lui fit rapidement savoir qu'elle ne souhaitait pas s'étendre d'avantage sur le sujet. En tout cas pas dans l'immédiat. Soit, Samira garderait pour elle ses questions. Mais elle comptait bien avoir le fin mot de cette histoire. Si le baiser déposé pas si loin que ça de ses lèvres lui arracha un sourire, la question que Kiana lui posa la fit éclater de rire « T'es sérieuse ? » Visiblement ouais, elle était sérieuse. Soit, les règles étaient les règles « Je peux pas te certifier à cent pour cent que toutes les femmes avec qui j'ai couché aient été pleinement satisfaites, mais... j'ai fait tout mon possible pour que ça soit le cas. » Elle n'allait pas faire comme si les choses étaient autrement et Sami n'était pas égocentrique au point de croire qu'elle avait fait carton plein à chaque fois. Oubliant la partie qui se jouait entre les deux femmes, Samira s'approcha de la blonde, pénétrant sans se faire prier dans son espace vital « Pourquoi ? Tu veux vérifier peut-être ? » C'était quand même terriblement tentant. Avant que Kiana n'ait pu faire quoi que ce soit, l'iranienne recula, avant de faire le tour de la table, jouant son coup sans attendre et empochant la bille qu'elle visait. Il en fut de même pour la bille suivante, mais la troisième fut malheureusement un coup dans l'eau « Ok, donc... première question. Le numéro de mon avocate, tu le veux ou t'as déjà ce qu'il faut ? » Si jamais Kiana décidait bel et bien de divorcer, Samira allait lui apporter tout son soutien dans cette épreuve. Et même si elle n'était jamais passée par là, pour ce qu'elle en savait, la première étape dans ce genre d'histoire, c'était de se trouver un avocat pour toute la paperasse « Et sinon... c'est quoi l'endroit le plus insolite ou tu t'es envoyée en l'air ? » Fallait bien qu'elle trouve une question qui soit dans le registre de la soirée.

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**○ inscrit le** : 23/06/2016

Les questions de Samira sont ciblées, j’ai bien vu qu’après avoir ouvert la brèche de ma sexualité non hétérocentrée, elle a vrillé. Ça me fait rire, et l’alcool aidant, j’ai beaucoup moins de mal à lui parler de tout ça. Ce sont des discussions que nous n’avions jamais eues jusqu’à ce soir, malgré notre amitié qui ne date pas d’hier. Sans doute parce qu’avant que mon abruti de mari ne finisse en prison, j’avais presque oublié avoir vécu une histoire passionnée avec une femme. Repenser à Luca me fait un petit pic au coeur, mais je ne montre rien, et reste pourtant amusée par la situation. Est-ce que j’ai flashé sur quelqu’un ? Le terme est peut-être un peu fort, mais le fait même de penser à Rome dans la seconde me fait comprendre qu’il y a sans doute un petit quelque chose de particulier avec elle. « Faudra que tu me le présente. Ou la présente. » Je ricane un peu mais ne précise pas le genre de la personne en question. Je suis sûre qu’elle me posera la question un peu plus tard, je l’attends au tournant. Sa précédente question amène une révélation de ma part, à laquelle Sami ne s’attendait pas du tout. Pourtant, je coupe court à d’autres interrogations en lui disant que je ne veux pas en parler davantage. Je sais qu’elle comprendra et qu’elle ne va pas me cuisiner là dessus. Ce n’est pas le but de la soirée.
Je m’attèle à jouer un nouveau coup, et remporte une question. Merveilleux. Je compte l’utiliser à bon escient, mais la seule question qui me vient est encore tendancieuse. Elle déteint sur moi, je ne vois que ça. « Je peux pas te certifier à cent pour cent que toutes les femmes avec qui j'ai couché aient été pleinement satisfaites, mais... j'ai fait tout mon possible pour que ça soit le cas. » Un sourire étire le coin des lèvres, elle a au moins le mérite de répondre avec modestie. Je ne m’attendais pourtant pas à ce qu’elle s’avance autant vers moi, réduisant presque à néant la distance entre nous. « Pourquoi ? Tu veux vérifier peut-être ? » Mon coeur s’emballe, je n’ai aucunement envie de faire un pas en arrière et pourtant j’ai la place de le faire. Mon souffle se raccourcit, j’ouvre un peu plus grand les yeux sous la surprise de sa question, mais reste pourtant immobile. Est-ce que je suis vraiment en train de sentir mon corps se réchauffer d’un coup ? La voilà qui s’éloigne, et je respire à nouveau. Qu’est-ce qu’il vient de se passer au juste ? Je ne veux pas réfléchir, alors pour ça, j’avale une nouvelle gorgée du verre d’alcool fort qui m’est destiné. Je ne sais même pas ce que c’est mais ça brûle. Samira s’attelle à remporter encore quelques billes. Deux pour être exacte. Je ne vais bientôt plus pouvoir faire le poids - déjà que je ne le faisais pas vraiment… « Ok, donc... première question. Le numéro de mon avocate, tu le veux ou t'as déjà ce qu'il faut ? » Je la regarde en plissant les yeux comme pour la menacer faussement. J’ai dit que je ne voulais pas en parler, mais je garde dans ma poche l’information comme quoi elle a un contact intéressant de ce côté là. « On en reparlera. »[/color] Parce que une question vaut une réponse, c’est le deal, et nous n’avions pas parlé de joker. « Et sinon... c'est quoi l'endroit le plus insolite ou tu t'es envoyée en l'air ? » Je pouffe un peu de rire, parce que le thème de la soirée est définitivement respecté. « Insolite ? Wow. Ça dépend de ce qui est insolite pour toi. J’imagine qu’un jacuzzi ou les toilettes d’un bar ça ne l’est pas vraiment… » Je fais mine de réfléchir à ce que je pourrai lui apporter de croustillant, mais ce n’est pas folichon. Toujours cette image de petite fille sage. Avec Luca c’était un peu plus torride qu’avec Tom, il me suffirait d’y repenser et… une image me vient sans tarder. « Dans un château gonflable. » J’arque un sourcil en voyant sa tête, amusée. « Je te rassure, les gamins étaient rentrés chez eux… » Je ne vais pas m’étaler sur le sujet. J’ai très envie de lui retourner la question, mais ce n’est pas la règle, tant pis. A mon tour de jouer, et je rate déjà mon premier essai. « Avec ce que j’ai bu, je pense que je peux dire adieu à mes chances de te poser à nouveau des questions… » Je m’avoue déjà vaincue. « Sur une table de billard ? » que je lui demande l’air de rien, alors que 1- ce n’est pas à mon tour de poser une question et que je n’ai pas ce droit en vue des règles de notre jeu, et 2- je n’ai toujours pas conscience de mes potentiels sous-entendus évidents…

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Kiana Davis & Samira Hajar

En temps normal, les choses entre Samira et Kiana étaient plutôt... banales n'était pas vraiment le terme le plus approprié, mais l'esprit embrumé par l'alcool de l'iranienne peinait à trouver un terme plus adéquat. Enfin c'était la relation qu'on pouvait espérer entre deux femmes qui travaillaient au même endroit depuis déjà plusieurs années et qui avaient nouées une solide amitié depuis lors. Même si Sami ne niait en aucune façon l'attirance qu'elle pouvait éprouver pour la blonde en face d'elle. Kiana était au courant depuis un moment que son amie n'aurait pas été contre aller au-delà du stade de la simple amitié – un peu comme la relation que Samira entretenait avec Romi – mais que les choses faisaient qu'elles en restaient au stade où elles se trouvaient actuellement. Ce qui leur allait très bien à toutes les deux, ni l'une ni l'autre n'ayant envie de perturber ce bel équilibre.

Mais la soirée qui se déroulait actuellement risquait de rebattre les cartes. Jamais la chirurgienne n'avait été aussi entreprenante avec sa collègue. Et jamais Kiana n'avait été aussi prompte à y répondre. C'était sûrement la faute de l'alcool. En général, quand elles se retrouvaient pour boire un verre, elles ne buvaient jamais autant. L'une comme l'autre. Et même si l'iranienne tenait bien l'alcool, elle sentait bien qu'elle n'était plus totalement maitresse d'elle-même. Il allait peut-être falloir qu'elle mette un grand coup de frein avant de faire une bêtise. Genre se réveiller demain matin dans le même plumard que son amie. Enfin pas qu'elle considérait le fait de sauter le pas avec elle comme une bêtise... enfin si... mais c'était surtout les conséquences d'un tel geste qu'elle craignait. Ça n'était pas parce que Kiana lui avait annoncé qu'elle envisageait de divorcer qu'elle avait le champ libre pour faire tout et n'importe quoi. Et puis peut-être que Kiana allait regretter. Voir même la détester. Et elle n'avait pas envie de perdre son amie juste pour une histoire de coucherie.

Les deux boules de billard empochées lui donnant le droit à deux questions, Sami décida de mettre à profit la première pour essayer d'en savoir un peu plus sur l'état du couple de son amie. Si Kiana avait déjà un avocat pour son divorce, alors c'est que les choses étaient déjà actées et qu'elle était sûre de sa décision. Et si ça n'était pas le cas, c'était soit que les choses étaient soit trop fraiches pour qu'elle ait eu le temps d'en trouver un, soit qu'elle avait encore un maigre espoir de pouvoir sauver son mariage. Mais la blonde fit le choix de botter en touche et Sami celui de ne pas insister. Soit, Kiana lui en parlerait en temps voulu. La deuxième question était bien plus dans le thème de la soirée, et laissa un temps perplexe la gynécologue. Et quand elle entendit le début de réponse de sa collègue et amie, Samira prit un air faussement outré « Hey, j'ai jamais baisé dans un jacuzzi ! » Lança-t-elle avant de plaquer sa main contre sa bouche, ayant prononcé ces mots un peu plus fort que ce qu'elle aurait voulu. Ok, l'alcool pour ce soir, c'était fini. Avant qu'elle ne sorte un truc qu'elle allait vraiment regretter. Alors qu'elle écoutait Kiana lui livrer un nouveau pan de sa vie intime, Samira éclata de rire quand la blonde se sentit obligée de préciser qu'il n'y avait aucun enfants à proximité la fois ou elle avait fait l'amour dans un château gonflable « J'espère bien qu'ils étaient loin les gosses ! Sinon j'aurais téléphoné aux flics. Enfin tenté serait plus juste, parce que je suis pas certaine de réussir à composer le numéro... » Elle en était pas au stade de voir double, mais on en était pas loin.

Étant au tour de Kiana de jouer et malgré son échec, sa collègue lui posa malgré tout une question très succincte. Est-ce qu'elle l'avait déjà fait sur une table de billard « Une fois. Et c'est pas confortable. » En même temps, c'était pas vraiment fait pour ça. Mais Samira allait lui passer tous les détails déplaisants. Se mettant en position, la chirurgienne étudia un instant la table, prépara son coup... et se planta de la manière la plus magistrale qui soit. À un tel point qu'au lieu de la bille parfaitement dans l'axe qu'elle visait, c'est la noire qu'elle empocha, sous le regard atterré de Samira, qui hésitait entre ce qu'elle devait juger le plus aberrant. Qu'elle venait de faire une erreur digne du dernier des débutants ou qu'elle venait de perdre, elle qui ne cessait de se vanter auprès de Kiana de ses talents au billard « Je... Revanche ! J'exige une revanche ! » Tu parle, dans l'état ou elles étaient ni l'une ni l'autre n'étaient d'attaque pour remettre ça ce soir « Je te préviens, si t'en parle à qui que ce soit... » Elle essayait d'être menaçante, mais à quoi bon faire semblant. Si Kiana décidait de s'en vanter, Sami se contenterait simplement de bouder et les choses n'iraient pas plus loin. Puis bon, vu les révélations que sa collègue et amie avait pu lui faire au cours de la soirée, elle était gagnante sur au moins un des tableaux « Allez, vas-y, balance tes questions. T'as bien le droit à une petite récompense hein. » C'était la moindre des choses.

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**○ inscrit le** : 23/06/2016

J’ai chaud. Je n’aurai décemment pas dû boire autant d’alcool. Est-ce que je regrette ? Pour le moment je n’ai rien à regretter, mais je sais que dans cet état, ça pourrait bien arriver. Enfin pour les idées qui me viennent en terme de ‘déviance’, je ne vois rien que je pourrai regretter en réalité, puisque je suis en présence de Samira. Et quoi qu’il se passe entre nous… Non. Il ne faut surtout pas que je pense à ce genre de chose. Le rouge me monte déjà aux joues, et je tente de me recentrer. Le jeu continue sa route et nous nous y tenons. Une boule empochée, une question posée. Et à cette heure de la soirée, je n’ai plus grand espoir de pouvoir lui poser beaucoup de questions. « Hey, j'ai jamais baisé dans un jacuzzi ! » A mon tour d’arborer un regard outré, en réponse au sien. Comment ça ? Tout le monde n’a pas ‘baisé’ dans un jacuzzi ? Ok, je ne vais pas dire que c’est probablement un de mes fantasmes alors. On va essayer de calmer le jeu. Mais évidemment puisque la question était salace, la réponse l’est au moins autant. Je n’ai pas honte de mentionner cette anecdote, elle fait partie de mon histoire, de ce que j’ai partagé avec Luca, mais je suis presque certaine qu’aujourd’hui je ne serai pas capable de réitérer ce genre d’expérience.

Sami tente de me réprimander - sur un évènement passé, ce qui me fait rire - et appuie sur le fait qu’elle ne serait pas capable de grand chose de toute façon. Il est vrai que même si elle tient mieux que moi à l’alcool, elle n’y a pas été mollo. Et ça me fait rire. D’ailleurs, je tente une question alors que techniquement et suivant les règles de notre jeu, je ne devrais pas avoir le droit de la poser. « Une fois. Et c'est pas confortable. » affirme-t-elle sans même réfléchir si elle devait répondre ou non. Une réponse claire, simple et rapide. Rien à ajouter, de toute évidence. Je note. Pas confortable. Un château gonflable non plus de toute façon. Les mains posées sur le rebord du billard, je me concentre pour la regarder jouer son coup. Je peine à comprendre ce qui arrive lorsque la boule entre dans le trou. Elle devrait être contente, au contraire elle semble sidérée. Et c’est à cet instant que mon cerveau assimile l’information, et ce qu’il vient de voir : la boule noire a disparu. « OOOOOh mon dieu ! » Samira s’insurge, et moi je ris. Elle exige une revanche, mais il est certain que ce ne sera pas ce soir. Je n’arrive plus à m’arrêter de rire. « Je te préviens, si t'en parle à qui que ce soit... » J’approche d’elle, le ventre encore contracté du sourire, et enroule mes bras autour de son cou pour l’étreindre, et en même temps l’empêcher de gesticuler et faire tous les grands signes de colère. « Ça va bien se passer, tu n’as pas raté ta vie Sami, tu n’as pas perdu, tu m’as juste offert la victoire. » Je continue de rire tout contre elle, et m’écarte juste assez pour la regarder droit dans les yeux, mes bras toujours autour de son cou. « Allez, vas-y, balance tes questions. T'as bien le droit à une petite récompense hein. » Mon sourire s’élargit, fière de ma victoire même si en réalité, je ne la mérite pas vraiment. « Il y a combien de temps que tu n’avais pas perdu au billard ? Je te perturbe à ce point ? » Je n’ai pas conscience d’à quel point je peux être en train de flirter avec les limites. Nos visages ne sont plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, je peux sentir son souffle buter sur mes lèvres. Aucune de nous ne tien plus debout que l’autre, mais c’est comme si on se soutenait. Sa proximité est grisante, et mon corps a grimpé en température en un temps record. L’alcool ? Je ne suis pas certaine qu’il n’y ait que ça, pour être honnête.

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Kiana Davis & Samira Hajar

À quoi est-ce qu'elle jouait ? C'était la question que Samira n'arrêtait pas de se poser depuis le début de la soirée. Pourtant, ça n'était pas la première fois qu'elle se prêtait à ce genre d'exercice. C'était loin d'être la première fois qu'elle usait de ses charmes conjugués à une bonne dose d'alcool pour séduire une femme. Sans cacher à cette dernière ses intentions. Mais là... là c'était différent. Ça n'était pas n'importe quelle femme. Avec n'importe quelle inconnue, elle aurait continué sur sa lancée sans se préoccuper de rien. Mais pas avec Kiana. Kiana c'était... Kiana. Samira jouait à un jeu dangereux, elle le savait bien. Et pourtant elle ne faisait rien pour y mettre fin. Parce que c'était grisant, parce que ça lui plaisait de voir que la blonde était à ce point réceptive à son petit jeu. Parce qu'elle était curieuse de savoir jusqu'où elles iraient. Même si elle craignait au moins autant de voir le résultat.

L'iranienne se cachait derrière des excuses. Kiana était mariée après tout. Même si elle lui avait avoué que son mariage battait sérieusement de l'aile. Même si elle lui avait confié qu'elle avait rencontré quelqu'un. Elle avait envie de céder à la tentation. Mais elle avait peur des conséquences. Sami n'avait pas envie que les choses deviennent bizarres avec la blonde. Leur relation lui convenait telle qu'elle était actuellement. Et pourtant, une petite voix dans sa tête lui soufflait que ça n'était pas si grave. Que la gynécologue aurait mit un frein à tout ça si elle avait vraiment voulu que tout ça reste purement un jeu sans conséquences. Que le monde continuerait à tourner rond même si elle enfreignait sa si précieuse règle d'or. Une petite voix agaçante mais qui s'était faite entendre de plus en plus fort tout au long de la soirée. Et qui devenait de plus en plus difficile à ignorer. Rah, si seulement elle pouvait la faire taire une bonne fois pour toute, les choses seraient tellement plus simples.

Et pour couronner le tout, voilà qu'elle venait de perdre. Au billard. Le truc pour lequel elle était le plus douée, avec le fait de sauver des vies. Ce qui évidemment provoqua une vive réaction de sa part. Elle qui se vantait sans cesse de ses talents avec une queue de billard entre les mains, voilà qu'elle perdait... face à Kiana. Non pas qu'il y avait quoi que ce soit de honteux à l'idée de perdre face à Kiana, mais bon, Sami venait plus ou moins de se ridiculiser face à une de ses amies les plus proches, qui l'entendait rabâcher sans cesse à quel point elle était douée. Mais difficile d'être en colère – ou en tout cas de la feindre – quand Kiana vint passer ses bras autour de son cou dans une étreinte bien plus qu'amicale. La chirurgienne voulut répondre du tac au tac quand Kiana lui dit qu'elle n'avait pas raté sa vie parce qu'elle venait de perdre au billard, mais elle se contenta finalement de faire une moue boudeuse, comme une enfant qui se faisait sermonner par sa mère parce qu'elle était mauvaise perdante. Et parce que de toute façon, elle était incapable d'en vouloir plus de cinq secondes à Kiana, peu importait le sujet. Lui donnant même le droit de lui poser toutes les questions qu'elle voulait. Peu importait le sujet, ça allait de soi.

Mais Samira si Samira s'imaginait que les questions resteraient sur le thème de la soirée, elle fut heureuse que Kiana soit là à la maintenir debout, parce que la deuxième question de la blonde fit disparaître totalement tout ce qui se trouvait autour d'elles « Kiana... » Merde, elle avait pas le droit de poser ce genre de questions. Pas après tout ce qu'il s'était passé ce soir. Pas après leurs confidences. Pas alors que son visage était seulement à quelques centimètres de celui de la brune, qui pouvait sentir son souffle chaud contre elle. L'iranienne ressentait une furieuse envie de combler la distance et rien à foutre de ce qu'il se passerait ensuite. Et la partie rationnelle de son cerveau qui n'était pas totalement abrutie par l'alcool avait du mal à faire son boulot qui consistait à l'empêcher de faire une grosse connerie « Et si je te dis oui, tu va faire quoi ? » Demanda-t-elle alors qu'elle passait ses bras autour de la taille de la blonde, accentuant leur étreinte « Ça fait longtemps que tu me perturbe. En même temps, qui ne le serait pas ? » Elle ne faisait clairement rien pour désamorcer la situation. Mais est-ce qu'elle en avait vraiment envie ? Kiana était son amie depuis des années, mais ça aurait été mentir que de dire qu'elle n'avait jamais imaginé voir les choses aller plus loin. Et voilà que l'occasion se présentait. Mais dans un éclair de lucidité qui frappa Samira comme un seau d'eau glacée, la chirurgienne secoua légèrement la tête, avant de soufller « On est ivres. On sait pas ce qu'on fait. Si on était sobres... » Elle laissa sa phrase en suspens. En même temps, la brune ne doutait pas que Kiana réussirait à la finir pour elle.

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Samira Hajar vient de perdre une partie de billard. Même pas parce qu’elle a trouvé plus fort qu’elle, mais parce qu’elle a rentré la boule noire. Je peux comprendre qu’elle s’en veuille, qu’elle soit dégoûtée. Mais ça va, ce n’est que moi, je ne le dirai à personne, je lien fais la promesse. Ou en tout cas si je ne le dis pas, je le pense très fort, et mon regard parle pour moi. D’ailleurs, en parlant de regard qui parle pour moi, mon attitude aussi.
Si à la base mes bras autour de son cou étaient là plutôt pour la calmer et l’empêcher de partir dans tous les sens, je me rends compte que c’est bien trop agréable pour y mettre un terme. J’ai carte blanche quant aux questions à lui poser. Après tout, j’ai gagné. Mais je ne commence pas par là, préférant remuer gentiment le couteau dans la plaie. Est-ce que je joue avec le feu ? Peut-être bien, mais je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.

Et si l’alcool qui coule dans mes veines m’aide à avoir ce comportement plus ambigu qu’à l’accoutumée, je ne peux pas dire que c’est uniquement à cause du ramage élevé qui coule dans mes veines. « Kiana... » J’arque un sourcil, sans me défaire de ce petit sourire au coin de mes lèvres. Un peu plus mutine que d’habitude, je ne me décolle pas pour autant de la jeune femme, qui ne semble pas non plus vouloir me repousser. « Et si je te dis oui, tu va faire quoi ? » C’est une question qui se pose, effectivement, et je n’ai pas encore réfléchi à la réponse à lui fournir. Alors je me contente d’un haussement d’épaules, laissant planer le doute. Le doute de quoi ? Dieu seul le sait. « Ça fait longtemps que tu me perturbe. En même temps, qui ne le serait pas ? » Ses mains viennent de se poser à ma taille et je sens tout mon être entrer en ébullition. « N’exagère pas. Je ne perturbe pas tout le monde. Juste ce qu’il faut. » Autrement dit : elle. Pour ce soir, je n’ai pas besoin de plus. Et puis, je n’ai jamais été ce genre de personne à chercher à plaire à tout prix. Jusque là j’avais l’attention de mon mari et ça me suffisait. Mais les choses sont bien différentes désormais. Peut être que si j’avais rencontré Samira dans un autre contexte, et que j’avais été célibataire, peut-être que les choses auraient évolué différemment. Parce qu’on se le dise, elle es tout à fait à mon goût.

Je vois la chirurgienne secouer la tête comme pour essayer de se donner bonne conscience, et ça me fait d’autant plus sourire. Est-ce qu’elle n’en a pas envie ? Ses paroles disent le contraire, et elle ne s’est pas échappée. « On est ivres. On sait pas ce qu'on fait. Si on était sobres… » J’arque un sourcil à la fin de sa phrase. « Si on était sobres… » Je ris. « Je ne suis pas ivre. Je sais très bien ce que je fais, et je me souviendrai de tout demain matin. » Mais elle ? Est-ce qu’elle est suffisamment consciente pour poursuivre ce moment ? « En plus, il y a bien longtemps que je n’ai pas embrassé une femme, j’ai du mal à me souvenir ce que ça fait… » J’ai dit ça d’une voix plus feutrée, plus charmeuse aussi. Je sais que je joue avec le feu, et tant pis pour la suite. Je suis sûre que ça n’altérera en rien notre lien. Mon regard alterne entre ses lèvres et son regard, elle aurait eu mille fois le temps de s’échapper, me dire que ce n’est pas ce qu’elle veut, et j’aurai compris. Encore quelques centimètres… et un raclement de gorge se fait entendre dans mon dos. « Excusez-moi de vous déranger, je vois que vous avez terminé votre partie, il y a des clients qui attendent pour jouer, est-ce que vous voudriez bien leur laisser la place ? » Il est gentil, ce petit serveur, et je vois bien à son regard désolé qu’il ne voulait pas vraiment nous déranger. Mes bras retombent contre mon buste, alors que mon coeur peine à trouver un rythme avec tout ce remue-ménage. « On allait partir. » J’adresse un regard à Samira et récupère mes affaires pour quitter les lieux. On a assez bu, et la revanche au billard ne sera pas aujourd’hui - si tant est qu’il y en ait une.

Nous quittons le bar dans un silence de plomb, et je suis partagée entre l’idée que ce soit l’Univers qui nous ait empêché de faire une bêtise, et cette envie qui me brûle encore toute entière. La frustration ? N’en parlons même pas. Je me retourne vivement vers elle alors qu’elle m’emboîtait le pas, et nous nous rentrons presque dedans. Mon regard braqué sur elle, je souffle deux mots, presque comme une supplication : « Embrasse-moi. »

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Kiana Davis & Samira Hajar

Les choses étaient sur le point de déraper. Samira le savait. C'était comme de se retrouver prise dans les phares d'une voiture, étant incapable de faire le moindre mouvement alors qu'elle savait bien que la collision allait arriver d'une seconde à l'autre. La chirurgienne savait qu'elle risquait de commettre une énorme bêtise, du genre qu'elle risquait de regretter longtemps. Et pourtant, elle ne faisait absolument rien pour essayer d'y remédier. Alors oui, elle sortait bien quelques phrases pour dire qu'il fallait être raisonnables, pour essayer de convaincre Kiana de ne pas aller plus loin. Pour se convaincre de ne pas aller plus loin. Mais tout ça sonnait terriblement creux. Comme si elle n'y croyait pas une seule seconde et qu'elle disait ça juste pour la forme, histoire de se sentir un peu moins coupable après coup. Ce qui était assurément le cas.

Et là, dans ses bras, fermement accrochée à son cou, Kiana semblait de plus en plus décidée à pousser les choses plus loin. Prenant au passage un grand soin à démonter tous les arguments avancés par Samira. Elle n'était pas ivre, elle. Cela dit, Samira non plus. Elle avait bien conscience d'avoir bu plus que de raison et qu'elle n'était pas totalement maîtresse d'elle-même, mais elle était encore assez lucide pour savoir qu'il était hors de question qu'elle rentre chez elle avec son propre véhicule. Ou pour savoir qu'il ne suffisait que de quelques mots de la part de Kiana pour que la chirurgienne cesse de faire semblant. Et pour que leur soirée prenne un tournant bien loin de ce qui était prévu au départ. Quand la blonde souligna le fait que ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas embrassé de femme et qu'elle avait du mal à se souvenir de ce que ça faisait, Samira se mordit la lèvre, alors que son regard se posait sur celles de la gynécologue. Là, aussi proche d'elle, l'iranienne pouvait voir tous les détails de son visage. Des quelques grains de beauté ici ou là à ses pupilles dilatées par le désir. Un désir qui se trouvait être réciproque.

Mais alors qu'elles vivaient un moment pour ainsi dire parfait, un raclement de gorge suivi de la voix d'une autre personne la fit éclater comme un ballon et la chirurgienne se tourna vivement dans la direction de celui qui avait osé les interrompre. Oh lui, il allait en prendre pour son grade et regretter d'être né. Par chance, Kiana fut plus rapide que la brune à réagir et se contenta d'annoncer leur départ, avant de jeter un regard qui en disait long à son amie. Et qui entre autres choses fit retomber la colère grandissante de Samira, qui se contenta de donner la queue de billard qu'elle tenait toujours dans une main à une des personnes sans la moindre once de douceur. Il ne leur fallut pas longtemps pour récupérer leurs affaires, libérant la table qu'elles occupaient avant de prendre la direction de la porte et de l'extérieur. Perdue dans ses pensées, Sami ne vit pas son amie faire subitement demi-tour pour lui faire face et elles se retrouvèrent dans une position bien similaire à celle qui était la leur quelques instants plus tôt. Les deux mots prononcés par Kiana firent exploser le peu de scrupules que la chirurgienne possédait encore et c'est sans un mot que Samira passa une main derrière le cou de son amie, avant de l'attirer vers elle.

Si Kiana n'avait pas embrassée de femmes depuis longtemps, Samira avait elle bien plus d'expérience en la matière. Et sa dernière fois remontait à pas si longtemps que ça. Et pourtant, le simple contact de ses lèvres avec celle de son amie lui suffit pour savoir qu'elle en voulait d'avantage. Était-ce donc ça qu'avait ressentit Eve quand elle avait décidé de goûter au fruit défendu ? Pourtant, Samira fit preuve de douceur, n'ayant nulle envie de brusquer son amie et de trop laisser les flammes de la passion prendre le contrôle. Sami n'avait pas la moindre idée du temps qu'avait duré leur baiser – une seconde ? Une éternité ? Les deux réponses semblaient possibles – mais quand elle finit par y mettre fin, son cœur battait la chamade. Elle avait le souffle court. Et elle en redemandait. Mais elle ne voulait pas aller trop vite, risquer de faire une erreur « Alors, c'était comment ? J'espère que c'était à la hauteur de tes quelques souvenirs. » Pour le coup, Samira était vraiment curieuse. Même si son ego lui soufflait qu'elle embrassait forcément bien mieux qu'une petite jeunette de vingt ans. Mais bon, des fois son ego disait pas mal de bêtises. Cherchant la main de Kiana, Sami la prit dans un geste tendre, alors qu'un sourire béat ornait le visage de l'iranienne « Je sais pas pour toi, mais j'ai pas envie que ça s'arrête. » Elle n'avait pas envie que ce moment, leur moment, prenne fin. Parce qu'elle avait peur que ce soit le seul qu'il y ait entre eux « Tu veux qu'on trouve un resto ou grignoter un truc. Pas que je veuille pas continuer de te bécoter en plein milieu du trottoir, ça a jamais été mon kiff. » Se bécoter ? Nan mais qui disait encore ça. Il était loin le temps ou elle était une jeune adolescente en pleine pâmoison. Mais ce mot presque enfantin passait peut-être mieux qu'un autre tout aussi vrai mais plus lourd de sens.

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**○ inscrit le** : 23/06/2016

Je suis complètement à côté de mes pompes, et en même temps très lucide de ce qui est en train de se passer. J’ai bu, c’est un fait, mais je ne me sens en aucun cas diminuée dans mes capacités à prendre des décisions. Il y a peut-être juste mon corps qui est un peu groggy, et une certaine inhibition qui a pris place, mais je sais ce que je veux. Et présentement là, à quelques centimètres d’elle, j’ai juste envie qu’elle fasse le premier pas. Je suis arrivée jusqu’à elle, et je lui laisse le soin de réduire la dernière distance. Manque de bol, nous sommes interrompues par ce pauvre petit serveur qui visiblement, aurait bien envie de se terrer dans un trou de souris. Je ne le plains pas pour autant, il vient de me faire perdre une opportunité, et je ne suis pas encore certaine de réussir à nouveau à faire le premier pas.

Nous quittons l’endroit alors que je sens l’énergie changer, Samira aurait pu lui donner un coup de canne pour nous avoir dérangées, que ça ne m’aurait pas étonnée outre mesure. Mais une fois à l’extérieur, je sens la frustration devenir si grande dans mon ventre que je ne peux pas en rester là. Rentrer chez moi et ne pas réussir à m’endormir à cause de la sensation d’être passée à côté de quelque chose ? Non. Alors je lui fais face à nouveau et profite de mon taux d’alcool - anormalement élevé pour ma propre constitution - pour lui demander de m’embrasser. Je n’ai pas réfléchi, mais je sens que je ne vais pas le regretter. Sans attendre, Samira s’approche et, après avoir glissé une main dans ma nuque, vient plaquer ses lèvres contre les miennes. Une explosion dans tout mon corps, dans ma cage thoracique et dans tout mon abdomen. Tout. Mon. Abdomen. Je ne compte plus les années qui me séparent du dernier baiser échangé avec une autre femme, mais je me rends compte à cet instant que ce laps de temps a été trop long, beaucoup trop long. J’intensifie l’échange sans même y réfléchir, pressant mon corps contre le sien, mes mains encadrant son doux visage. Déjà je peux sentir la chaleur de sa langue contre mes lèvres, alors que la mienne se mêle au jeu. Le moment est tendre bien qu’un peu passionné, sans doute à cause de toutes ces années perdues à me ranger dans un couple hétéronomé.

J’ignore combien de temps s’écoule, combien de voitures sont passées près de nous, combien de gens nous ont vues nous embrasser. En réalité, tout ça m’importe peu. « Alors, c'était comment ? J'espère que c'était à la hauteur de tes quelques souvenirs. » Je lui souris pour la rassurer, même si vu l’échange, je pense qu’elle n’avait pas vraiment besoin de l’être. En cet instant je repense à Luca, et une petite pointe d’amertume vient me triturer les entrailles. « J’avais oublié à quel point c’était agréable. » lui dis-je alors sans tarder. « Je sais pas pour toi, mais j'ai pas envie que ça s'arrête. » Ma lèvre inférieure immédiatement emprisonnée à travers mes dents, je ne la lâche pas des yeux. J’ignore ce qu’elle veut dire par là, mais à cet instant précis je ne laisse pas mon cerveau prendre le dessus, je décide simplement de la suivre, parce que j’en ai envie. « Tu veux qu'on trouve un resto ou grignoter un truc. Pas que je veuille pas continuer de te bécoter en plein milieu du trottoir, ça a jamais été mon kiff. » Je lâche un rire amusé lorsqu’elle parle de ‘se bécoter’, le terme me rappelle mes jeunes années. J’avoue qu’un restaurant ce n’est pas forcément très intime non plus, mais il est tard et à cette heure, à moins de la suivre chez elle, on n’aura pas beaucoup d’endroit tranquille. Je tourne la tête et vois au loin un genre de bar lounge, disons que ça fera l’affaire. « Tapas ? » Je lui prends la main et l’attire vers le bar en question pour continuer notre soirée. Une soirée entre amies qui a quelque peu dérapé ce soir, mais je ne vais pas m’en plaindre…

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