thieves in the night. (marina)

Voler, ça peut paraître barbare, complètement ridicule, voire tout simplement criminel, parce que c'est le cas, oui, enfin, pour la dernière partie, le reste, c'est uniquement parce qu'il ne faut pas penser comme un simple civil effrayé, car on leur a toujours dit que c'était mal de voler, en soi, ce n'est pas faux, mais Sam n'a pas été élevé ainsi. Alors, bien sûr, dit comme cela, ça peut paraître psychopathe, enfin, seulement s'il y a des meurtres et jusqu'à ici, Sam a toujours évité la violence et les emmerdes, aussi, il faut le dire, c'est un pro dans son domaine et puis, il ne fait pas que cela, il revend, toujours au plus offrant. En soi, oui, c'est entièrement un voleur, mais un grand voleur. Pas comme ces personnes qui se font prendre facilement, qui déclenchent des alarmes et qui se font arrêter aisément par la police. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le genre à se vanter, mais il a ses compétences, c'est de ça que son amie d'enfance, Marina, a besoin, de son habileté à voler. Il doit tout de même reconnaître que ce n'est pas vraiment ce qu'il vole habituellement, car comme déjà dit, il prend ce qu'il y a de la valeur, assez pour pouvoir bien se remplir les poches. Sam avait accepté, parce que ce n'est pas pour un client, il avait un peu étudié le plan de la villa, ce qui est bien, c'est que ce n'est pas une maison qui date du 19ème siècle, donc, plus facile d'obtenir les papiers, tout cela en se faisant passer pour un potentiel acheteur très riche. Bref, la nuit tombée, il passe chercher Marina et c'est dans une voiture noire, qu'ils vont élaborer le plan. « Merci de m'avoir prévenu pour les gardes. » Heureusement, pas de chiens, moins de problèmes à gérer ou en tout cas, pas à l'extérieur. Après avoir observé leurs rondes, il y a bien un endroit où ils ne vont pratiquement jamais. « Il va falloir traverser le jardin avec la fontaine et se faufiler jusqu'à la fenêtre sur le côté qui mène au bureau ou à une bibliothèque, je ne sais plus. »  Pendant qu'il attrape son sac à dos, prêt à sortir, il demande : « Tu ne m'as toujours pas dit ce qu'on venait chercher ? »

Qu’est-ce qu’on fait quand un connard menace un de ses clients de balancer à la presse quelque chose de vraiment compromettant pour la suite de sa carrière et qu’on a quelqu’un de plutôt très doué pour le vol parmi ses amis d’enfance ? Ben on le vole, tiens ! C’est pas forcément dans les habitudes de Marina d’en arriver à de telles extrémités. En fait, elle préfère généralement régler ces histoires à coups d’avocats, c’est plus légal. Mais en dépit de ses propres menaces de le traîner jusqu’au tribunal s’il faisait quoi que ce soit contre son client, l’autre se croyait vraiment intouchable. C’est qu’il doit avoir du solide. Et la rouquine étant un très bon agent, elle peut pas vraiment se permettre de laisser passer ça. C’est donc ainsi qu’un soir, elle part rejoindre Sam, tout de noir vêtue, dans sa voiture parce qu’il a eu l’obligeance de venir la chercher. C’est que sinon, elle aurait dû se débrouiller par ses propres moyens parce que même si elle a une totale confiance en Salomon, son chauffeur, il se serait quand même posé des questions. Autant éviter ça. Pas très loin de la villa, voilà qu’ils s’arrêtent pour discuter de comment les choses vont se dérouler. Des gardes. Elle trouve ça aussi effrayant qu’excitant. Comme toujours quand elle fait quelque chose d’illégal. Traverser le jardin et contourner la fontaine pour entrer par la fenêtre.
« Okay. Elle sera ouverte la fenêtre, tu crois ? Ou bien je dois faire le guet pendant que toi tu l’ouvres ? »
Puis Sam lui rappelle qu’elle ne lui a toujours pas dit ce qu’ils doivent voler, juste l’endroit où ça se trouve. Quant à savoir comment elle le sait, disons qu’il suffit de glisser quelques billets au personnel de maison et le tour est joué.
« Un film. Enfin, une bobine de film, ces gens se croient à Hollywood dans les années 40, j’ai l’impression. Paraît qu’il la garde dans le coffre-fort de sa chambre. Va falloir qu'on la détruise ensuite. »
Bien sûr, Marina n’agit pas à l’aveuglette ; en faisant un peu pression, elle est parvenue à soutirer quelques informations à son client. Apparemment, on le verrait se taper la fille d’un quelconque politicien, dans ce film, filmé à leur insu, donc. Majeure. Mais le politicien en question ne serait pas très apprécié dans le pays alors ça pourrait beaucoup nuire à sa carrière si ça venait à s’ébruiter.

Ce n'est pas qu'il veut tout savoir de son client, loin de là, c'est juste qu'il doit au moins savoir ce qu'il doit chercher, une fois à l'intérieur de cette baraque, typique des riches hollywoodiens, enfin, des acteurs, puisqu'ils sont en Nouvelle-Zélande. Bref, tout cela pour dire qu'il ne veut pas s'y rendre à l'aveugle dans la villa et que même si elle ne veut pas entrer dans les détails, ce n'est pas bien grave, il faut seulement qu'ils sortent de là sans déclencher les alarmes, incluant les gardes. « Oui, je crois et dans le pire des cas, j'ai mon kit. » Mieux vaut éviter de demander comment il a fabriqué ce kit, qui peut ouvrir les portes et les fenêtres, c'est avec l'expérience et c'est vachement utile dans le boulot qu'il fait, c'est plus discret que briser un bout de vitre pour ouvrir, ça laisse trop de preuves. Sam hoche la tête. Donc, ils sont là pour récupérer une bobine de film, qu'ils doivent ensuite détruire, hé bien, qu'il en soit ainsi, alors. Ça ne doit sûrement pas être une bobine très rare, voire un lost media, non, il serait forcément au courant, un tel objet vaut un paquet d'oseille et Sam serait le premier à vouloir récupérer la bobine pour le vendre au plus offrant. Quoi qu'il en soit, ils sortent de la voiture, pas de temps à perdre, à rester plus longtemps dans le véhicule. « Allons-y. » Il est le premier à passer par le buisson près du mur en brique, un chemin vers la fontaine, il jette un coup d'œil, pas de lumière qui s'allume automatiquement pour les aveugler et avertir la présence de quelqu'un, genre deux voleurs vêtus de noir. Il n'y a personne pour le moment, ils peuvent avancer de façon discrète.

Marina n’aurait pas cru qu’elle s’amuserait autant mais c’est le cas. Et c’était déjà le cas quand ils étaient plus jeunes et qu’elle faisait le mur de la villa parentale pour rejoindre Sam en pleine cambrousse ou presque pour aller faire Dieu sait quelle connerie à l’époque. Déjà quelque chose de pas très légal. Vous vous demandez sûrement comment quelqu’un d’aussi croyant qu’elle peut faire ce genre de choses et y trouver du plaisir et c’est une bonne question en effet, mais d’abord, ce sont les hommes qui ont décidé de ce qui était légal ou non, et pas Dieu – enfin, en dehors des dix commandements, mais ce sont quand même des principes de leur époque qui n’est plus depuis plus de deux milles ans alors en dehors de « tu ne tueras point », faudrait peut-être revoir un peu tout ça – il faut savoir que ça n’a jamais empêché Marina de faire quoi que ce soit en vérité : si elle veut laver son âme de ses péchés, elle n’a qu’à se rendre à la messe le dimanche qui suit. Ou faire un don à l’église ou à tout autre œuvre de charité qui en vaut la peine, ou encore prier un peu plus que d’habitude. Bref, ce sont pas les occasions qui manquent, elle trouvera bien un moyen. Une fois assurée que la fenêtre fermée ou ouverte ne posera pas de problème, voilà qu’ils se mettent en marche. Deux silhouettes noires dans la pénombre. La rouquine laisse son ami passer devant et lui emboîte le pas pour couper court par un buisson. Ils cheminent ensuite en direction de la fontaine sans déclencher d’éclairage automatique. Quand bien même serait-ce le cas que ça ne voudrait quand même pas dire grand-chose. Y en a un chez ses parents mais plus personne n’y fait vraiment attention parce qu’il suffit d’un chat, voire même parfois d’un simple oiseau pour que ça se mette en marche, ces trucs… En visuel, la fenêtre qu’ils doivent enjamber pour entrer. D’où montent des éclats de voix qui pourraient surprendre n’importe qui sauf un agent artistique. Ah, ces acteurs… Ces stars, plus communément. Marina lève les yeux au ciel puis se fige en entendant quelqu’un siffloter dans l’allée. Un des gardes du corps venu fumer une cigarette, sûrement pour se détendre un peu et éviter de coller un pain dans la tronche de son employeur. Comme elle le comprend.

Il trouve que c'est toujours plus délicat de s'infiltrer dans une maison que dans un musée et pourtant, la sécurité n'est pas du tout la même, c'est seulement qu'habituellement, il n'y a personne, voire un gardien ou deux, que la sécurité peut se déjouer quand on s'y connaît bien, tandis qu'une maison, c'est plus isolé, plus personnel, il y a souvent plus d'imprévus, même en connaissant l'horaire des propriétaires. Après tout, personne ne va se pointer au beau milieu de la nuit dans un musée. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas non plus infaisable, sinon il ne serait probablement pas là. Ils arrivent à se faufiler jusqu'à la fenêtre sans se faire surprendre par qui que ce soit ou quoi que ce soit, bon, pourvu qu'il ne parle pas trop vite, un garde qui décide de sortir pour fumer, comme par hasard, pile au moment où ils se trouvent sous cette fichue fenêtre, mais à priori, il va que fumer, non ? Pas de quoi s'inquiéter, ce n'est pas le moment de paniquer, sinon il ne ferait pas ce qu'il fait, s'il devait se chier dessus à chaque fois que quelqu'un se trouve dans les parages, il suffit d'être prudent et d'éviter les bruits, donc, la fenêtre qui s'ouvre silencieusement, c'est un soulagement quand il réussit à tirer vers le haut, alors, qu'il est déjà tombé sur certaines qui grincent, bien que c'est plus souvent les portes qui font ce bruit.. Sam entre à l'intérieur. « Tu viens ou tu fais le guet ? » Pendant ce temps, il cherche s'il n'y a pas des choses de valeurs dans le bureau, rien que de la paperasse, des choses sans intérêt ou encore trop gros pour ne pas se faire prendre. Il met son sac sur ses épaules et il referme la fenêtre, au cas où le garde décide de venir fouiner dans les environs. Maintenant, ils vont devoir trouver la chambre, qui se trouve à l'étage.  

Contrairement à Sam, Marina n’a pas l’habitude de s’inviter chez les gens comme ça, donc, elle se fige quelque peu en voyant le garde. Mais voyant aussi que son ami n’en a cure et continue sa progression, elle le suit. Jusqu’à la fenêtre. Qu’il ouvre sans le moindre bruit. Pendant ce temps, la rouquine vérifie que le garde ne les a pas vus. Et comme c’est pas le cas, quand Sam lui demande si elle vient ou bien si elle fait le guet, la réponse est toute trouvée.
« Je viens. »
Elle allait quand même pas rester là à attendre que les choses se fassent, c’est clairement pas son genre. Sans plus attendre, elle se hisse donc et retombe un peu maladroitement de l’autre côté mais pas trop non plus. Pas de quoi attirer l’attention de qui que ce soit en tout cas. Avec une grimace, elle se masse l’endroit où elle aura très certainement un bleu d’ici quelques heures puis se remet debout et suit Sam tout en regardant tout autour d’elle.
« Wow, qu’est-ce que c’est vieillot comme déco, quand même… »
En ce qui la concerne, elle préfère les villas cubiques et blanches ; celles où on se demande si les gens qui les occupent vivent vraiment à l’intérieur tant tout semble être d’une blancheur immaculée et éclatante et d’une organisation au millimètre près. Cela dit, c’est pas très difficile à obtenir : suffit de ne pas avoir d’enfants ni d’animaux et de payer suffisamment sa femme de ménage pour qu’elle fasse bien le travail. Ici, ça sent le bois. Pas la poussière qui va généralement avec parce que ce type a les moyens de payer suffisamment une femme de ménage pour qu’elle fasse bien le travail mais ça sent quand même le vieux. A moins que ça ne soit dans sa tête. A cause de tous ces bibelots. Probablement obtenus dans des ventes aux enchères. En fait, ça ressemble plus à l’idée qu’elle se fait du manoir Playboy qu’à celle de la villa de n’importe quelle star d’aujourd’hui.
« Je suis pas sûre que ça va être facile à trouver, t’as vu tout ce foutoir ? »
Depuis la chambre, se trouve une petite pièce attenante où sont stockées toutes les bobines mais le problème est justement là : doit y en avoir beaucoup. A moins que la parano aidant, il ait planqué celle-ci dans un endroit particulier qui siérait à la particularité du film sur la bande. Un coffre-fort, peut-être ?