chasse au trésor en or ○ clare & riley

Jamais, pas une seule fois de toute sa vie Clare n’a fêté la saint-Valentin. Normal, me direz-vous, quand on fuit les relations sérieuses depuis toujours. Tout ça pour dire que si elle est là en ce jour un peu particulier – en tout cas pour les autres parce qu’en ce qui la concerne, il s’agit d’un jour comme les autres -, c’est pas vraiment de son propre fait. Enfin, bien sûr que personne ne l’a déposée là pieds et poings liés, mais si ça ne faisait pas partie de sa thérapie, si ce n’était pas pour apprendre à être un tant soit peu plus indulgente envers elle, c’est sûr et certain qu’elle ne serait pas là. Puis, pour que ça ne soit pas trop bizarre, c’est à une activité qui ne ressemble pas trop, trop à la saint-Valentin non plus, qu’elle s’est inscrite. Une chasse au trésor. Loin, très loin de tout restaurant ou cinéma qui aurait pu la mettre encore plus mal à l’aise. Là, si elle ferme les yeux, elle peut même en arriver à oublier que c’est censé l’aider à trouver l’amour. Ou quelque chose d’approchant. En fermant les yeux, oui, parce que si elle les ouvre, elle ne peut pas manquer tous les anges et les petits cœurs accrochés partout dans le gymnase. Bref, sans plus y prêter attention, Clare passe par le stand où on lui remet tout le matériel nécessaire à la course ainsi qu’un t-shirt de couleur bleu, signe qu’elle fait donc partie de l’équipe bleue. Une fois que tout le monde aura enfilé son t-shirt, ça sera plus simple de trouver son binôme. En attendant, elle passe le sien par-dessus les vêtements qu’elle porte et s’intéresse d’un peu plus près au matériel fourni. Son sens de l’orientation n’étant pas trop mauvais, normalement, tout devrait bien se passer. C’est alors qu’elle lève les yeux sur le monde autour d’elle et commence à chercher l’autre t-shirt bleu. Qu’elle n’a finalement pas de mal à trouver. Une jeune femme vers qui elle se dirige, sourire aux lèvres et main tendue.
« Salut, je m’appelle Clare. On dirait bien que je suis ton binôme. »
Dit comme ça, ça peut sonner comme une mauvaise nouvelle mais faut pas oublier que Clare est une miraculée alors en théorie, elle devrait porter chance plutôt que la poisse. Mais le fait est qu’en dépit des dix années qu’elle a passé en Nouvelle Zélande, elle connaît encore assez peu le coin, faute de temps pour aller se balader.

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Il y a quelques semaines encore, je pensais que je passerais le célèbre jour de la Saint Valentin d’une façon bien différente. C’était sûrement un peu naïf de ma part, pour être honnête. Freya et moi, c’était beau et fort. Mais nous n’avons jamais vraiment été considérées comme quelque chose d’officiel, alors je n’aurais peut-être pas dû m’emballer. C’est bien pour cela que malgré les sentiments toujours présents à son égard, j’essaye de faire au mieux pour garder la tête hors de l’eau depuis son départ. Alors forcément, sachant que je ne travaillerais pas pour la journée des amoureux, j’ai cherché à m’occuper un peu l’esprit en m’inscrivant à l’une des activités proposées par la ville. Je ne sais pas exactement à quoi m’attendre, mais je suppose que ce sera sûrement mieux que de rester seule à la colocation, à tourner en rond ou à regarder des comédies à l’eau de rose. Le jour fatidique arrive plus rapidement que prévu – un bon point je suppose. Après un rapide tour dans l’une des salles de bain de l’appartement, je me rends sur le lieu de rendez-vous. Je ne m’attends pas à rencontrer l’amour de ma vie aujourd’hui, mais je suppose qu’il est préférable d’être un minimum présentable quand même. Je ne sais pas exactement comme tout cela fonctionne, alors je décide de me rendre au bureau d’accueil, situé au plein milieu du gymnase. La publicité faite pour l’événement semble avoir fonctionné, puisque je dois faire la queue de longues minutes avant d’avoir les explications. En plus du matériel qui nous servira, à mon binôme et moi, à avancer, j’hérite d’un T-Shirt à la couleur bleue. Si je commence par penser que c’est juste pour le côté marketing, je suis rapidement ramenée à la réalité quand je vois tous les autres participants porter le leur, avec des couleurs différentes. Telle une bonne élève, je viens alors enfiler le mien et très vite, je suis accostée par une femme, qui porte le même que moi. « Enchantée Clare, je suis Riley. » Je viens serrer sa main, un large sourire sur les lèvres. Comme nous allons passer l’après-midi ensemble, autant essayer de faire une bonne impression. « Avec un peu de chance, nous nous en sortirons bien ! Est-ce que tu es douée avec une carte et une boussole ? » La base pour l’orientation, même s’il peut y avoir une partie de chance aussi. « J’ai passé pas mal d’années ici, ça pourra peut-être servir. » Et puis, s’il y a des devinettes, à certains moments, alors je devrais pouvoir être utile aussi : j’ai toujours aimé ce genre de choses.

« De même ! »
Après cet échange de politesse auxquels Clare excelle, voilà que Riley entre directement dans le vif du sujet en lui demandant si elle sait se servir d’une carte et d’une boussole. A l’ancienne, donc. C’est une chance pour elles car c’est le cas. Y a fort longtemps, le père de la blonde a insisté pour lui apprendre à se servir de tout ça ; il disait que ça pourrait toujours lui servir. Mais quand il disait ça, y avait fort à parier qu’il parlait de l’Afrique du sud et des activités dont elle hériterait peut-être à sa mort, pas vraiment d’une chasse au trésor dans une ville de Nouvelle Zélande, le tout sur fond de saint-Valentin. Peu importe, cela dit.
« Oui, ça devrait pas me poser de problème. »
Puis avec un petit sourire, elle ajoute, en réponse au fait que Riley connaisse bien le coin :
« On se complète alors. »
Elle s’enquiert ensuite de savoir si la jeune femme est prête avant de s’acheminer vers la sortie du gymnase. Une fois sous le soleil, elle se cherche un coin tranquille, légèrement à l’écart des autres équipes et, une fois qu’elle a chaussé ses lunettes de soleil et rassemblé ses cheveux en une queue de cheval qu’elle attache à l’aide de l’élastique qu’elle avait au poignet, entreprend de déplier la carte. Dessus, une croix marque l’endroit où elles se trouvent actuellement.
« Très bien alors nous sommes ici, quelles sont les premières instructions ? »
Autant se répartir les tâches dès le départ, Clare à la carte et à la boussole et Riley à l’application pour qu’elle n’ait pas sans arrêt besoin de switcher entre la carte et son téléphone. Puis sinon, vu qu’ils ont tous le même point de départ, ils pourraient tout aussi bien se suivre les uns et les autres et gagner un peu d’avance en se poussant ou en se faisant des croche-pieds juste avant l’arrivée mais ça ne serait pas marrant. Enfin, un peu, mais moins que de gagner au mérite. Puis peut-être qu’ils n’ont même pas les mêmes arrêts. Ou bien qu’ils les ont mais pas dans le même ordre. Tout ça pour dire que non, ça serait stupide de suivre bêtement les autres.

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D’avoir à quoi s’attendre, dans ce genre d’événement, c’est un peu compliqué. À première vue, je ne semble pas être tombée sur une mauvaise personne. Mais entre la première impression et la réalité, il y a parfois une grande différence. Pour le coup, je suppose que seul l’avenir me dira ce qu’il en est vraiment. En attendant, je vais essayer de profiter du moment présent et ne pas me prendre la tête inutilement. De toutes façons.. je ne crois pas avoir d’attente particulière pour cet événement, alors que ce soit avec une psychopathe ou la plus gentille des habitants d’Island Bay, c’est globalement pareil — peut-être que le temps passera plus vite avec la seconde option, certes. Ne souhaitant pas forcément rester dans ce gymnase indéfiniment, j’interroge rapidement ma partenaire sur ses éventuels donc avec les outils nécessaires à l’orientation et à ma grande surprise — je m’attendais à une réponse négative de sa part — elle m’annonce s’y connaître un peu. Entre cela et ma connaissance de la ville, alors peut-être que nous pourrions nous en sortir haut la main. Je sais bien que l’idée de ce rendez-vous est surtout de rencontrer des gens, de fêter la Saint Valentin d’une façon différente de ce que j’imaginais, mais c’est toujours agréable de gagner une compétition, non ? Tout le nécessaire en notre possession, nous nous rendons à l’extérieur du bâtiment et quand je la vois s’attacher les cheveux, j’ai comme l’impression qu’elle se prépare à un combat. Est-elle prête à en découdre ? Corps et âme pour une récompense dont nous ignorons la nature pour l’instant ? Peut-être. Mais je ne vais pas m’en plaindre vu que je suis dans son équipe. Enfin prête, elle m’interroge sur le premier indice que nous avons pour cette chasse au trésor. « Je suis l’amie des lettres. » Étrangement, cela semble assez simple pour commencer selon moi. Ou alors, il y a un piège quelque part. « Naturellement, je pense à une boîte aux lettres. » Quoi d’autre ? « Ils ne vont pas nous faire aller à chaque boîte de la ville, sinon nous en aurions pour des jours. Soit c’est la plus proche d’ici, s’il y en a une. Soit c’est au niveau du bureau de poste. » Et clairement, mon instinct a tendance à me dire de courir vers cette seconde option. Néanmoins, comme nous sommes une équipe, j’attends l’avis de ma collègue avant de commencer à courir — ou au moins marcher vite.

L’amie des lettres, ce qui vient à l’esprit de Clare, c’est la poste plutôt qu’une boîte. Déjà parce qu’elle a l’impression qu’on les retire au fur et à mesure. Ce qui vient très certainement du fait qu’aujourd’hui, plus personne n’envoie rien ou presque. Sûrement que le troisième âge continue d’envoyer sa paperasse pour la poste et que, pour ce faire, ils vont pas toujours se déplacer jusqu’au bureau de poste qui n’est pas toujours si proche que ça – d’autant qu’on a tendance à les fermer les uns après les autres aussi, ceux-là – mais sinon, tout le monde préférera soit scanner, soit photographier un document et l’envoyer par mail pour pas avoir à sortir de chez lui. D’ailleurs, en ce qui concerne Riley, elle a l’air d’en être arrivée à la même conclusion qu’elle. Si ce n’est qu’elle craint qu’ils aient décidé de leur faire faire toutes les boîtes aux lettres de la ville.
« Y en a tant que ça ? »
En fait, la blonde serait bien incapable de dire où il y en avait une ne serait-ce que dans son quartier, principalement parce qu’elle fait partie de ces gens qui envoient tout par mail. Donc, elle saurait encore moins dire s’il y en avait d’autres disséminées dans toute la ville.
« Le bureau de poste me semble être une bonne idée pour commencer. Sinon, j’imagine qu’ils auraient été plus précis que ça. »
Joignant le geste à la parole, elle commence à chercher le bureau de poste sur la carte et finit par le trouver dans le centre-ville. Ce qu’elle aurait pu demander directement à Riley, c’est vrai, mais autant qu’elle commence déjà à se familiariser avec la carte. Puis elle prend la direction du centre-ville. Mine de rien, c’est pas la porte à côté, aussi presse-t-elle un peu l’allure sans non plus se mettre à courir. Clare a une bonne endurance, mais ça serait stupide de se vider de son énergie dès les premiers pas. Autant attendre de voir d’autres participants au loin et d’accélérer pour les doubler, pas vrai ?
« J’espère que ce sont bien ces lettres-là et pas celles de l’alphabet. Ce qui pourrait nous renvoyer à une imprimerie, par exemple. Y en a une en ville ? »
Pas sûr, ça devait se faire encore plus rare que les boîtes aux lettres et les bureaux de poste, en fait.

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L’aventure est officiellement lancée lorsque nous ouvrons l’enveloppe. L’amie des lettres. Naturellement, je pense au courrier et aux boîtes aux lettres. Seulement.. il y a plusieurs façons de voir les choses et selon moi, l’une des options nous demandera un peu plus de travail que les autres. « Si l’on prend en compte les boîtes aux lettres personnelles, cela en fait un sacré nombre. » Et faute d’avoir une sacré chance, ça pourrait facilement nous prendre toute la journée – et sûrement les quelques prochaines aussi – pour vérifier et trouver la bonne. « Mais à moins d’un organisateur un peu narcissique, cette option ne semble pas être la bonne. » Ils ont sûrement fait en sorte de nous faire traverser la ville, en long en large et en travers, alors des kilomètres nous allons en faire, sans devoir en faire inutilement pour vérifier qu’il n’y a pas un indice sous la boîte aux lettres de chaque habitant. Finalement, nous partons sur notre première intuition, celle que nous avions en commun – il est inutile de se battre plus que nécessaire dans ce cas – et nous prenons la direction du bureau de poste le plus proche d’ici. J’en connais un, je ne sais pas si c’est celui-ci, mais ma partenaire semble vouloir se familiariser avec la carte, alors je la laisse faire et la suis sans protester. Néanmoins, sur le chemin, elle semble émettre une nouvelle hypothèse. Et si finalement, l’indice n’avait rien à voir avec la poste, mais plutôt avec les lettres de l’alphabet. Ça se tient.. mais pour trouver l’amie en question, c’est plus compliqué. Une imprimerie, peut-être. « Ce sera plutôt à Wellington, je pense. » Et si nous devons déjà faire plusieurs kilomètres dans Island Bay aujourd’hui, je ne sais pas s’ils nous auraient emmenées jusque là-bas – même s’il est sûrement compliqué de prédire comment les participants interpréteront les indices. « Mais dans cette optique, des lettres comme ça, il y a l’école aussi. » Ce n’est pas vraiment la direction que nous prenons, mais nous n’aurons pas non plus à revenir sur nos pas si jamais le bureau de poste ne donne rien. En parlant de lui, après plusieurs minutes de marche, nous finissons par arriver à destination. « Tu crois que nous devons chercher le nouvel indice sous quelle forme ? » Une enveloppe cachée quelque part – en espérant que ce ne soit pas un habitant qui l’ait fait tomber par accident. Quelque chose écrit sur l’un des murs ou peut-être même un indice à demander directement aux employés. Toutes les options sont sûrement à prendre en considération.

Les boîtes aux lettres personnelles ? Du style qu’on trouve devant toutes les maisons et au pied de chaque immeuble ? Impossible, il faudrait pouvoir y passer quelque chose comme une semaine et elle ne sait pas ce que Riley fait comme travail, si elle en a un, mais en ce qui la concerne, elle peut pas se permettre de prendre une semaine de congé pour une chasse au trésor. C’est donc plutôt sûr que c’est pas ça, mais Clare répond quand même :
« Hé ben, si c’est ça, j’espère un peu que ce type ira brûler en enfer parce que ça serait quand même machiavélique comme idée. »
Ce qui n’est jamais qu’une façon de parler parce que si la blonde croit en bien des choses, elle croit pas forcément au paradis ou à l’enfer. Puis, quand elle avait bien failli y laisser sa peau en Afrique du Sud, elle avait pas vu de lumière au bout du tunnel non plus. Bref, autant vérifier leur première intuition commune, à savoir le bureau de poste. C’est dans cette direction qu’elles s’acheminent quand une autre idée passe par la tête de Clare. Des lettres, ça pourrait aussi être celles de l’alphabet et donc se référer à une imprimerie. Le hic, c’est qu’il y en a pas à Island Bay, plutôt à Wellington. Tant pis – ou tant mieux -, ça doit pas être ça du coup. Par contre, ça pourrait être une école, en effet. Elle étire un sourire.
« Pas bête. »
Avant de reporter son attention sur la carte. Par chance, l’école se trouve dans la même direction ; si elles ne trouvent rien à la poste, elles pourront toujours poursuivre jusqu’à l’école. Ce qu’elles ne vont pas tarder à découvrir puisque voilà qu’elles arrivent à destination. Quand Riley lui pose la question, Clare réfléchit.
« Je sais pas, sûrement qu’ils auraient collé l’enveloppe le contenant sur la boîte ? J’imagine qu’ils ont pas demandé à quelqu’un de faire le pied de grue toute la journée pour nous la donner… »
Surtout si toutes les équipes n’ont pas les arrêts dans le même ordre. Clare commence donc à tourner autour de la boîte externe en quête d’une enveloppe, allant même jusqu’à s’allonger par terre pour vérifier que celle-ci n’a pas été collée en-dessous. Ce faisant, elle demande :
« Tu vois d’autres équipes dans les parages ? »

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Au moins, nous pouvons nous rassurer : ce ne sont pas les idées qui nous manquent. Mais comme nous semblions d’accord sur l’une d’elle, autant rester concentrées dessus et aviser plus tard si jamais il s’avère que ce n’est pas le bon chemin à suivre. Un peu de retard sur une journée, ce n’est pas grand-chose, surtout que si nous faisons des erreurs, cela veut aussi dire que les autres peuvent en faire — à moins de jouer contre des machines, mais j’ai un doute. En parlant d’adversaires, maintenant que nous sommes arrivées au bureau de poste et que Clare commence à chercher le prochain indice, elle m’interroge sur de possibles autres personnes dans le coin. « Je n’ai pas l’impression. » En toute logique, nous sommes tous reconnaissables avec nos T-shirt en plus. « Peut-être que certains sont déjà passés par là. » Je ne pense pas que nous soyons mauvaises ou que nous ayons pris un quelconque retard dans notre réflexion, mais je me dis qu’il n’est pas impossible que certains aient été plus rapides que nous. En revanche, si c’est bien le cas, j’espère quand même qu’ils sont bons joueurs et qu’ils n’ont pas commencé à déplacer les indices — ça mériterait bien une disqualification selon moi sinon. « Je peux aller voir à l’intérieur. Diviser pour mieux régner ! » C’est une bonne idée, je trouve. Mais dans les faits, c’est une autre histoire. En effet, en m’approchant des portes automatiques, qui sont censées s’ouvrir à mon arrivée, rien ne bouge. Merde.. je crois que je dois comprendre par là que l’établissement n’est pas ouvert. Ou alors, qu’il y a un problème technique, mais ça ne serait quand même pas de chance que cela arrive pile au moment où un événement se fasse en ville. « Je crois que nous allons devoir nous contenter de l’extérieur.. » Mais l’histoire de se diviser pour mieux régner reste une bonne idée. Alors sans plus attendre, je laisse la jeune femme dans son coin et pars un peu plus loin, en espérant trouver quelque chose qui pourra nous faire avancer. Non loin de ma position, je remarque un panneau d’informations, si je ne me trompe pas. Selon moi, on peut facilement penser qu’il appartient au bureau de poste, ou au moins qu’il est sur le même terrain, alors je m’en approche et commence à regarder les différents papiers affichés. « J’ai peut-être trouvé quelque chose. » Dis-je, à ma partenaire. « Il y a des chiffres, ça pourrait correspondre à des coordonnées GPS. » Pour ça, je ne suis pas experte. Mais avec ce genre de données, pour nous envoyer dans un autre lieu, je me dis que c’est le plus simple.

D’un côté, Clare trouve ça rassurant d’apprendre qu’il n’y a pour l’instant personne à l’horizon. Ça veut pas dire grand-chose, certes ; en tout cas, ça signifie pas qu’elles sont en tête parce que d’autres équipes auraient tout à fait pu être plus rapides ou comme dit précédemment, peut-être bien qu’aucune des équipes n’avaient reçu les indices dans le même ordre, mais au moins, ça met pas trop la pression. Comme la plupart des gens sans doute – encore qu’il y a toujours des cinglés -, elle n’aime pas trop se sentir pressée. Pourtant, avec le métier qu’elle fait – et même avec celui qu’elle faisait avant -, c’est quelque chose qui arrive presque tous les jours. Mais disons que Clare est plus efficace si elle se sent relax. Bref, la blonde hoche la tête quand sa partenaire lui fait savoir qu’elle n’a qu’à regarder partout autour de cette boîte, de son côté, elle va voir à l’intérieur. C’est toujours une bonne idée de se séparer quand on cherche quelque chose. De son côté, elle fait chou blanc en tout cas. Pas d’enveloppe. Ni sur la boîte, ni sur le banc qui se trouve à deux pas, ni même dans les jardinières la bordant. Heureusement, la voix de Riley lui signale avoir potentiellement trouvé quelque chose et Clare accourt. Sur un panneau est indiquée une série de chiffres. Qui, comme son binôme l’indique, pourrait très bien correspondre à des données GPS. Elle étire un sourire en coin et remarque :
« On dirait qu’ils tiennent vraiment à nous faire utiliser tous les outils à notre disposition. »
Là-dessus, elle sort son téléphone parce que ça va quand même plus vite que de chercher les coordonnées sur une carte et que, si elle ne se sent pas plus pressée que ça, faut quand même se rappeler qu’il s’agit d’une course, et entre donc les coordonnées dans l’application GPS.
« Ça m’a tout l’air d’être un parc. Vraiment pas loin d’ici. »
Elle se situe ensuite sur la carte et pointe l’index dans une direction.
« Par-là. »
Avant de reprendre la route d’un bon pas. Et effectivement, les voici qui arrivent, quatre ou cinq minutes plus tard devant la grille d’un parc. Clare tend le cou pour voir de l’autre côté et remarque aussitôt quelqu’un planté un plein milieu, une équipe portant des t-shirts jaunes à ses côtés.
« Oh, y a une autre équipe. Et quelqu’un qui remet l’indice. »
Pas le choix cette fois, faut presser le pas.

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Je n’avais aucun doute là-dessus — je ne me serais pas inscrite à une telle activité sinon — mais je prends plaisir à faire cette chasse au trésor. Je me demande bien ce que nous aurons au bout, si nous gagnons. Est-ce que ce sera intéressant ? Est-ce que ça vaudra les nombreux kilomètres et les quelques heures passées en ville ? Je ne sais pas. Peut-être pas pour tout le monde, même si je suis sûre que les organisateurs prôneront l’humain avant tout le reste. Son espace balayé de fond en comble et les numéros trouvés sur le panneau, Clare se range rapidement de mon côté. Elle semble du même avis que moi concernant la signification qu’ils peuvent avoir. Pour l’instant, nous sommes sur la même longueur d’ondes ! Pourvu que ça dure, car je ne suis pas certaine de pouvoir la battre à un pierre-feuille-ciseau si nous devons en arriver là. Elle sort rapidement son téléphone pour voir où cela pourrait nous mener et quand elle a le nom de l’endroit, elle le range et se rabat sur la carte qu’elle a entre les mains — nous sommes bonnes joueuses, nous n’allons pas faire marcher la technologie et nous contenter de la suivre. Le parc. À seulement quelques minutes d’ici, cela a du sens. Ils ne vont quand même pas nous faire traverser la ville en long, en large et en travers, il doit sûrement y avoir une suite logique dans le trajet qu’ils ont dessiné. Sans plus attendre, nous prenons la route de ce nouvel endroit, convaincue que nous sommes sur la bonne voie. En voyant la grille, je me vois déjà l’escalader. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ? Ce serait quand même dommage de vouloir faire l’acrobate et de me blesser, surtout qu’à seulement quelques mètres se trouve l’entrée du parc. Ma partenaire, visiblement bien moins occupée à se demander comment passer par-dessus la grille, remarque deux de nos adversaires et une troisième personne, sûrement là pour nous donner un indice. « Allons-y ! » Plus nous attendons et plus nous prenons le risque de nous faire doubler, ou alors de les laisser eux prendre de l’avance. À notre arrivée, l’homme est déjà sur la fin de son explication. Est-ce que ce sera suffisant pour nous ? Seul l’avenir le saura. Même si je suppose qu’il est dans l’obligation de recommencer ou de répondre à nos questions si le morceau de papier qu’il nous donne ne suffit pas. Je le récupère et le déplie, avant de m’attarder sur ce qui est écrit dessus. « Ça ressemble à des terrains de sport. Au moins du tennis et peut-être même du basket. » Je ne sais pas exactement ce que nous pourrons y trouver, mais il faut visiblement chercher un endroit où il est possible de faire plusieurs sports. Peut-être que c’est une vue du ciel, qui sera facilement identifiable sur la carte.

Avant de songer à passer par-dessus les grilles, Clare se met à courir pour pas trop prendre de retard par rapport à l’équipe déjà sur place. Et quand elle arrive, le type posté là a déjà commencé à donner ses explications. Tant et si bien que tout ce qu’elle parvient à capter en débarquant c’est « lancers francs ». Ce qui explique qu’elle ne soit pas étonnée d’entendre Riley lui parler de terrain de basket. La blonde a beau être plutôt grande, elle s’y connaît pas trop en basket. Peut-être que son binôme sera plus au fait de ce qu’est un lancer franc exactement. Mais avant ça, faut encore trouver le terrain en question.
« C’est le terrain de basket. Tu sais où se trouve le plus proche d’ici, par hasard ? Y en a peut-être un dans ce parc ? »
Pendant ce temps, elle jette un coup d’œil à l’équipe qui a reçu les instructions avec un temps d’avance sur elles et les voit partir en sprintant dans une direction précise.
« On devrait peut-être les suivre, non ? »
Peu de chances qu’ils se trompent parce qu’eux étaient là dès le départ et avaient très certainement entendu ce qu’il fallait faire avec ces lancers-francs aussi. Puis qui sait ? C’est peut-être des aficionados du basket parce qu’ils ont pas eu l’air d’hésiter ne serait-ce qu’une seule seconde. Mais leur présence à elles explique peut-être ça. Bref, c’est un risque à prendre mais qui pourrait peut-être leur faire gagner quelques précieuses secondes voire minutes. Attendant quand même l’accord de Riley, elle s’élance ensuite dans la direction prise par l’autre binôme et finit par voir au loin les panneaux du terrain de basket. Toujours en train de courir, elle se retourne de trois quarts pour demander :
« T’es douée pour le basket ? Sinon, je peux essayer. »
Sa taille étant un avantage, peut-être qu’elle ne serait pas si mauvaise que ça non plus. Sur place, elles retrouvent non seulement le binôme mais également encore quelqu’un du staff, sûrement là pour s’assurer que les conditions du défi soient bien remplies avant de délivrer le prochain indice. On leur apprend que pour l’avoir, il va falloir réussir à marquer trois paniers en bout de raquette. Rien d’insurmontable, finalement. D’autant que ça semble être la seule condition. Pas obligé que ça soit trois paniers consécutifs, elles peuvent même se relayer.

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Plus vite que je m’y attendais, les indices s’enchaînent et nous voilà déjà en train de parcourir Island Bay. Si au départ, nous devons faire marcher nos méninges pour trouver où aller, voilà que désormais, des personnes sont mis sur notre tracé pour rendre l’expérience un peu plus interactive. Un indice nous est donné, sur une future activité. Il ne nous reste plus qu’à trouver où et pour ça, ma partenaire propose de suivre l’équipe qui vient de partir. « Je suppose qu’on peut. » Même si à bien y réfléchir, c’est quitte ou double : si finalement l’équipe avant nous se trompe, alors nous nous retrouverons dans la même galère qu’eux. Et va expliquer ça, même si nous ne sommes sûrement pas les seules à vouloir envisager cette option pour essayer de rester dans la course. Sur notre chemin, Clare m’interroge sur mes éventuels talents face à un panier. « Ce n’est pas un sport dans lequel j’excelle.. » Pour être honnête, il n’y en a aucun où je me démarque du lot. J’ai fait de la danse et de la gymnastique plus jeune, de la boxe plus récemment, mais clairement rien qui ne se rapproche du haut niveau et pour là, en l’occurrence, du basket — rien avec un ballon d’ailleurs. « ..mais je suppose qu’avec un peu de chance, c’est jouable. Sur un malentendu. » Arrivées sur place, nous apprenons qu’il est nécessaire de mettre trois lancers-francs — pas forcément à la suite — pour avoir accès à un indice. Il n’est pas non plus nécessaire que ce soit mis par la même personne et ce n’est pas une mauvaise chose, puisque nous n’avons qu’à tirer en direction du panier, à partir de la marque imposée, et espérer que ça rentre. Sans plus tarder, nous nous plaçons derrière la ligne et nous tirons chacune notre tour. Ce n’est pas très glorieux, mais après plusieurs tentatives, un premier, puis un deuxième panier, rentrent. Il n’en reste plus qu’un et nous pourrons poursuivre notre avancée. De temps en temps, je regarde à côté, histoire de voir si l’autre équipe avance bien. Ils ont l’air bloqué au même stade que nous, alors forcément, quand l’un de leur ballon arrive vers nous, mon esprit de compétition me pousse à vouloir tirer dedans, avec le pied. Les idées un peu occupées ailleurs, je ne vois même pas que Clare arrive à mettre notre dernier panier. Youpi ! Le responsable de l’activité s’approche de nous et nous décerne une clef qui va permettre d’ouvrir l’un des casiers présents à l’entrée du parc. L’aventure continue !

Peut-être bien que leur équipe part avec un petit handicap, au fond, si aucune des deux n’est très douée un basket. Enfin, c’est sûrement un défi réalisable qu’on va leur demander, quelque chose qui peut se faire rapidement histoire de pas trop perdre de temps parce qu’il y a sûrement encore bien des indices à trouver, des lieux à visiter et ainsi de suite. Sur place, Clare se dit qu’elles ont bien fait de suivre l’autre binôme puisqu’elles arrivent à bon port.
« Ouais, je nous fais confiance, on s’est pas trop mal débrouillées jusqu’ici. »
Y a donc pas de raison que ça change. Et l’épreuve se déroule sans mal, juste avec la pression de voir les autres plus rapides qu’elles mais bon, c’est le jeu. Fort heureusement, c’est assez vite qu’elles parviennent à marquer les trois paniers requis et qu’on leur remet la clef d’un casier situé à l’entrée du parc. Décidément, on aime bien les faire courir dans tous les sens… La blonde la récupère et revient sur ses pas. En chemin, elle s’enquiert :
« A ton avis, y a combien de chances que l’équipe qu’on vient de croiser finisse en couple ? »
Histoire de faire un brin de causette qui ne tourne pas qu’autour de la chasse au trésor. Si elle n’est pas là pour trouver l’amour, elle imagine que tout le monde n’est pas dans le même cas. Y en a qui doivent y croire dur comme fer et avoir de très hautes espérances. C’est comme ça qu’on souffre mais ça, c’est le côté terre-à-terre de Clare. Y a des rêveurs. Et des romantiques. A priori, elle aurait tendance à dire que le binôme qu’elles ont suivi était à fond dans la compétition plutôt que dans la recherche de l’âme sœur, un peu comme elles, mais elle peut tout aussi bien se tromper.
« Je crois bien que je dirais moins de la moitié. Mais qui sait ? J’imagine que ça doit créer des liens, tout ça. »
Une certaine complicité, peut-être ? Bref, elles arrivent aux casiers, Clare cherche celui correspondant à leur clef, le trouve, l’ouvre et en retire une enveloppe dont elle lit le message à haute voix.
« Là où dorment les poissons. »
En fronçant les sourcils parce que bon, ça peut être plein d’endroits. La mer, une rivière, une poissonnerie si on donne un sens vraiment très poétique au sommeil éternel…
« Y a un point d’eau tout près d’ici ? »

it's beginning to look a lot like christmas
crédit/ tumblr ✶ clare

Voilà qu’en plus d’un certain sens de l’orientation, il est nécessaire d’avoir certaines capacités physiques. Bien que loin d’être douée avec un ballon rond, réussir à mettre quelques paniers reste quelque chose à la portée de tous. C’est d’ailleurs confirmé lorsque nous arrivons à en mettre trois et que le futur indice, une clef, nous est donnée. Celle-ci ouvre un casier, à l’entrée du parc. Alors ni une, ni deux, nous partons dans cette direction. Sur le chemin, la jeune femme me questionne sur les chances que l’autre binôme finisse ensemble, plus tard. « C’est peut-être ce que les organisateurs recherchent. » Sûrement même, sinon ils n’auraient pas attendu la Saint-Valentin pour proposer ce genre d’événement. « Nous ne savons pas combien il y a d’indices exactement, mais peut-être qu’ils ont fait en sorte que nous passions notre journée et notre soirée à courir à travers la ville et potentiellement à nous rapprocher. » Si la jeune femme s’amuse des probabilités pour qu’un autre duo termine ensemble, c’est sûrement parce que ce n’est pas ce qu’elle recherche elle. Ou alors, c’est une façon dissimulée pour elle d’attirer mon attention.. mystère et boule de gomme. Et comme je ne suis pas vraiment douée pour remarquer ce genre de choses, je suppose que pour l’instant, je vais faire comme si de rien était et voir plus tard si j’ai moyen d’avoir plus d’informations. Arrivées devant les casiers, indiqués suite à notre réussite aux lancers francs, il est temps pour nous de voir ce que l’avenir nous réserve. Sans attendre plus, Clare vient glisser la clef dans le casier qui nous a été attribué et en sort un indice, visiblement lié à des poissons. « Je pense qu’il y a plusieurs possibilités. À nous d’être stratégiques. » Techniquement, il doit bien y avoir un aquarium dans le coin, mais il est sûrement à Wellington — comme nous partons du principe que nous restons à Island Bay pour la totalité de l’événement, nous pouvons le rayer de la liste. « Au Sud, il y a accès à la plage. C’est probablement une valeur sûre. Sinon, il y a aussi la forêt, au Nord, ou bien même le parc, où il doit y avoir des petits points d’eau. » Étang ou lac, je n’ai jamais su faire la différence, encore moins l’expliquer. « Il y a aussi le marché.. certains exposants vendent des poissons. » Beaucoup moins glamour cette option, surtout si nous devons fouiller dans les poissons morts pour trouver le prochain indice. Par chance, un détail saute à mon esprit avant que nous ne partions là-dessus. « Mais ce n’est pas ouvert aujourd’hui ! Donc nous pouvons l’exclure. » Malheureusement, il reste encore plusieurs options. « Est-ce qu’on laisse le hasard nous aider à choisir ? Ou est-ce qu’on essaye de choisir par déduction ? » Je continue de croire que les organisateurs ne nous feraient pas faire des allers et retours inutiles, alors nous pouvons peut-être nous servir de notre parcours pour estimer l’endroit le plus logique pour la suite.