Le temps n'épargne personne.

En me regardant dans le miroir ce matin-là je remarquais automatiquement les cernes violacée sous mes yeux. En montant sur la balance, j’étais à nouveau surprise de ma perte fulgurante de poids en l’espace de quelques mois. Le temps n’épargne malheureusement personne. Cela faisait maintenant un an, jour pour jour, que j’étais rentrée de mission et je ne parvenais toujours pas à effacer les atrocités qui ravageaient mon esprit. Chaque nuit, je revivais inlassablement les scènes de tortures dont j’avais fait l’objet et les cicatrices qui marquaient mon corps me semblaient encore douloureuses aujourd’hui. Quant aux cicatrices invisibles, celles de l’âme, j’ignorais combien de temps il me faudrait avant qu’elles ne disparaissent complètement. Me tenant au lavabo, je fronçais les sourcils, énervée de me sentir si faible et de ne pas réussir à passer outre l’enfer que j’avais vécu.

Le bruit de mon téléphone, posé sur ma table de nuit, me ramena  brusquement à la réalité coupant court aux divers flots de mes pensées. Il s’agissait d’Ollie, ma meilleure amie «  Bien atterrie ?». Assise sur mon lit, je prenais le temps de lui répondre « Oui. L’agitation de New York ne m’avait  pas manqué. Tu vas être jalouse, je suis passée à Levain Bakery m’acheter le plus gros cookie au monde   » « Je te déteste » Je souris. Ollie et moi avions effectué nos études de médecines ensembles, elle était ce qui se rapprochait le plus d’une meilleure amie et me connaissait par cœur. Ainsi je n’étais pas surprise qu’elle me renvoi un autre message me posant la question fatidique «  Tu vas bien ? » Je poussais un profond soupir, n’aimant pas lui mentir alors que je lui envoyais un simple « Oui ». Comment pourrais-je aller bien alors qu’aujourd’hui se déroulait la commémoration pour Charly. Mon Dieu…Charly.

« Je cours. Je cours à en perdre la raison. Mon cœur se déchire dans ma poitrine  et mes poumons me brûlent. L’adrénaline s’insuffle dans mes veines tandis que je perçois la voix de Clay derrière moi. Mon dos me fait souffrir. J’ai mal. Chaque foulée ravive mes blessures mais je ne peux pas m’arrêter. Pas maintenant. Une détonation sonore me glace le sang alors que je me retourne pour découvrir Charly qui s’effondre, les yeux déformés par la terreur. « NOOOON, hurlais-je. CHARLYY ». Je suis comme possédée, j’entends Clay m’ordonner de courir mais je veux aller vers lui. Je ne peux pas laisser Charly comme ça, c’est moi le médecin dans la bande. « NOOOOON !!! ». Spencer m’attrape tandis que je me débats. Clay me rejoint, me tire par la main me forçant à courir, à continuer « On ne peut plus rien pour lui ». Et j’ai continué…Laissant mon ami, agonisant au sol… »Comment pouvais-je encore me regarder en face après ça ? Comment étais-je censée accepter de vivre alors que Charly était mort ? La vie était tellement injuste…

En consultant le réveil de la chambre d’hôtel du regard, je remarquais que j’étais en retard et décidais de m’activer. Les lamentations n’étaient pas vraiment ce dont j’avais besoin aujourd’hui. A 11heures, j’avais rendez-vous avec Clay que je n’avais pas vu depuis des mois et je comptais sérieusement profiter de ces retrouvailles malgré les circonstances. Un lien fort nous unissait tous les deux et j’avais terriblement besoin de lui parler. J’enfilais, en vitesse,  une robe noire très sobre, laissant mes cheveux mi-longs détachés sur mes épaules puis sortis de la chambre d’hôtel que j’avais payé pour l’occasion.  Je savais qu’une multitude d’amis auraient voulu me voir pour mon passage rapide à New York depuis que j’avais déménagé à Island Bay, mais je ne me sentais pas la force de croiser leurs regards de pitié. Surtout pour un jour comme aujourd’hui.

Le chemin jusqu’à l’aéroport me parut interminable alors que le taxi dans lequel je roulais s’amusait à prendre tous les chemins pour touristes. Le message de Clay m’indiquant qu’il était arrivé, ne fit que m’énervait encore plus. « Vous pouvez pas vous dépêcher un peu ? J’ai vécu 14 ans à NEW York, je sais à quoi ressemble l’Empire State Bulding. Merci ». Légèrement vexé, le conducteur se décida finalement à appuyer sur l’accélérateur pour mon plus grand bonheur et quelques minutes plus tard je parvenais enfin à l’aéroport de New York. En entrant dans ce dernier, je scrutais la foule du regard, pressée de découvrir son visage familier. Au bout de quelques instants, je le repérais assis sur un banc et m’avançais vers lui, le cœur explosant de joie à sa vision. « Alors beau gosse, on attend quelqu’un ?  lui dis-je railleuse ». Quand il se leva, je le saisis automatiquement dans mes bras ressentant un étrange sentiment de sécurité à son contact tandis que des souvenirs aussi bons que mauvais refaisaient peu à peu surface…

Lui aussi avait changé. Des cernes violacées encadraient ses yeux, il avait maigri mais j’étais rassurée de ne plus voir les marques qui morcelaient son visage à l’époque où je l’avais quitté. Clay et moi n’avions pas vraiment pris le temps de nous dire au revoir. Dès que nous avions quitté la Libye, nous étions repartis chacun de notre côté plus amochés que jamais. Néanmoins, nous avions essayé, tant que possible, de garder contact même si la distance ne nous permettait pas d’avoir de réelles conversations profondes. « Je crois que je vais aussi bien que toi pour un jour comme aujourd’hui. » ». Si je parvenais à cacher mes émotions à tout le monde, Clay était l’exception à la règle». Je lui affichais un sourire timide préférant changer de sujets « Ton vol n’a pas été trop long ? ». Je devais bien admettre que New York pouvait être dépaysant. Personnellement, j’adorais cet endroit et connaissais chaque coin de rue comme ma poche « Il nous reste une bonne heure avant la commémoration, tu auras tout le loisir de te changer et de te reposer un peu. Tu verras l’hôtel est vraiment super ». En même temps, Clay et moi étions habitués à vivre dans des conditions détestables, à dormir à même le sol alors un hôtel luxueux avec un vrai lit cela ne pouvait être que le paradis. « Je ne raterais pour rien au monde ce dîner. Allez viens, bel étranger, je t’emmène »

Je m’avançais dans la rue et hélais un taxi qui arriva rapidement devant nous. Je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer le regard assez tendu que Clay jeta autour de lui. Il avait beaucoup souffert de la sur médiatisation qu’avait occasionné cette affaire le faisant entrer dans un procès interminable. Quant à moi, habituée aux médias depuis mon plus jeune âge en raison de mes parents célèbres, j’avais réussi à tirer mon épingle du jeu et à rester éloigner de cet emballement. Mes avocats avaient déboursé des sommes considérables pour que mon nom ne soit cité en aucun cas dans les journaux, programmes télévisés et autres sources médiatiques me faisant bénéficier d’un anonymat total. Clay n’avait pas eu cette chance« Ne t’inquiète pas, j’ai pris quelques dispositions pour aujourd’hui. Si un paparazzi prend des photographies de nous sans autorisation, crois-moi qu’il se fera coller un procès au cul. » Je le vis se détendre légèrement. Les journalistes étaient devenues de véritables ennemis à mes yeux. Réussir à accuser Clayton qui était couvert de blessures à son retour, c’était tout bonnement incompréhensible et lamentable. « J’ai d’ailleurs demandé à ne pas figurer sur les vidéos de la…Commémoration. J’ai toujours rien…Dit à ma famille pour la Libye ». Je montais dans le véhicule pour ne pas être confronté au regard surpris de Clay. Mis à part Rhett, je n’avais parlé de la Lybie à personne et je comptais bien conserver ce secret.
« Tu sais, cela fait quelques mois que je n’ai plus de nouvelles de Spencer, m’empressais-je d’ajouter pour changer de sujet. J’ai l’impression qu’il préfère couper les ponts. Peut-être que c’est sa façon à lui de gérer les événements… » Cela me rendait un peu triste. Nous étions si proches tous les quatre avant ces événements.

« -Charly poses cette caméra tout de suite !
Je venais de me lever, les cheveux en bataille et je n’étais pas particulièrement du matin surtout avec une gueule de bois ;
-Troisième jour en Libye. Aujourd’hui, nous réalisons un reportage sur les dangers de l’alcool. Heather un commentaire ?
-C’est pas moi qui ait organisé ce concours stupide.
Je levais les yeux au ciel et préférais lui tourner le dos fâchée.
-HHaaa, voici nos envoyés spéciaux, Spencer et Clay. Spencer comment te sens tu après avoir été battu à plat de couture par une fille ?
-Elle ? Une fille ? Vous plaisantez, elle est même pas humaine. Deux bouteilles de vodkas, deux bouteilles de vodkas !
Je jetais une boîte de conserve en direction de Spencer qui la reçut en pleine tête.
-Oh je suis désolée, m’excusais-je en plaquant ma main sur ma bouche.
-Vous voyez, elle essaye de me tuer maintenant…C’est un extraterrestre…
J’éclatais de rire suivi de Charly. Spencer avait toujours un sens de l’exagération hors normes. »

Ce souvenir me laissait encore plus nostalgique et me déchirait le cœur alors que j’entendais encore le rire de Charly résonner dans mon esprit…Cette journée allait vraiment être difficile…

Je montais dans le taxi suivie par Clayton où une odeur désagréable de fritures embaumait l’habitacle. Fronçant les sourcils, je donnais rapidement l’adresse au chauffeur, pressée de parvenir à l’hôtel. Quand il me demanda comment j’avais réussi à dissimuler mon départ en Libye, la réponse me paraissait évidente. Personne ne s’était soucié de mon départ et personne ne s’était soucié de mon retour. A vrai dire, depuis que j’étais partie…plutôt enfuie à New York à mes 19 ans, j’avais gardé le silence sur mes missions humanitaires.

-Je ne suis pas vraiment proche de ma famille.., lui avouais-je une légère tristesse dans la voix.

La seule personne qui me connaissait par cœur et qui aurait pu m’aider à surmonter cette épreuve, c’était Sean. Malheureusement, j’avais justement fui Island Bay et ma famille pour l’oublier. Je me revoyais enfermée dans la salle de bain de mon ancienne maison, pleurant toutes les larmes de mon corps, alors qu’il était parti sans un mot. Je n’étais pas du genre à pleurer, ni à me morfondre mais cette histoire m’avait profondément bouleversée et avait encore des conséquences aujourd’hui. J’avais parcouru le monde entier pour tenter d’oublier ce premier amour aussi intense que douloureux, excluant au passage ma famille.

-Pour te donner une petite idée, je vouvoie ma mère…

Cela le plongeait directement dans l’ambiance. Ma mère était une femme froide qui ne montrait jamais ses émotions et plus les années passaient, plus j’avais l’impression que je commençais à lui ressembler. Heureusement pour moi, j’avais choisi un chemin totalement différent du sien. Carriériste, issue d’une haute famille bourgeoise, « Mère » avait construite, seule, son empire dans le domaine de la mode et elle était donc très à cheval sur l’apparence et les bonnes manières. Si je lui avais annoncé que je partais en Libye, elle m’aurait certainement souhaité « bonnes vacances » et recommandée de prendre ma crème solaire. Quant à mon père, depuis qu’il avait trompé à de multiples reprises ma mère, je ne lui avais plus adressé la parole. Très joyeux ce petit contexte familial ! Maintenant que j’étais revenue m’installer à Island Bay, peut être que les choses changeraient…

Le taxi s’arrêta devant un hôtel magnifique, le plus prisé de New York. Un majordome vint nous ouvrir la portière tandis que je réglais la course. Je sortais avec soulagement du véhicule pour me rendre à l’intérieur du bâtiment, qui offrait un hall d’entrée d’une beauté époustouflante. En effet, son dôme en verre reflétait une multitude de couleurs grâce au rayon du soleil, sur le sol de marbre blanc. « Alors, qu’en penses-tu ? Demandais-je à Clay. Cela nous change des sacs de couchage non ? Je te laisse à la réception, je vais aller me changer. On se rejoint ici dans 40 minutes, cela te va ? »

Je lui déposai un bisou sur la joue, comme une sœur aurait pu le faire avec son frère, trop contente de le retrouver puis me dirigeais vers ma chambre, prête à faire face à toutes les épreuves du monde maintenant que Clay était à mes côtés.

Je rejoignis ma chambre pour enfiler ma tenue de cérémonie : une robe noire très sobre accompagnée de talons noirs. Après quarante minutes de préparation, je rejoignis Clayton dans le hall, légèrement nerveuse. « Wahou, tu es très élégant, le complimentais-je ». Je n’étais pas habituée à voir ce dernier en costume. En réalité, nous étions plutôt accoutumés à des tenus moins traditionnels comme un bermuda et des débardeurs. « Ne tardons pas, une voiture nous attend ». En effet, à l’entrée de l’établissement se trouvait une magnifique berline noire. Les organisateurs de la commémoration avaient véritablement sorti le grand jeu pour ceux qu’ils appelaient « les survivants ».

En montant à l’intérieur du véhicule, je remarquais que le climat joyeux de nos retrouvailles avait laissé place à une ambiance pesante d’anxiété. Le trajet se déroula en silence alors que, sérieuse, je me remémorais d’innombrables souvenirs tout en m’interrogeant sur la marche à suivre. Lorsque la voiture se gara devant l’immense cimetière de New York, une angoisse me noua la gorge. « Je…Je…Je ne veux pas y aller. Je suis désolée mais, je ne peux pas y aller. » Je descendais de la voiture, fouillant nerveusement dans mon sac à la recherche d’une cigarette tandis qu’une nausée me submergeait. Une sueur froide balaya mon front et je dus me retenir à un arbre alors qu’un haut le cœur souleva mon estomac vide.

Au loin, je pouvais entendre les violonistes jouaient un air sinistre ce qui me donna l’impression de me rendre à mon propre enterrement. Après tout, j’aurais pu moi-même me trouver à la place de Charly. Je trouvais, soudain, toutes ces cérémonies ridicules et la colère me monta au nez. « A quoi tout cela rime Clayton ? Hein ? En quoi faire de beaux sourires, faire l’éloge de Charly, va réconforter sa famille hein ? Il est mort ! Il est mort et c’est injuste ! Il y a des mois tout le monde se fichait de savoir qui, il était et maintenant il faut qu’on fasse semblant d’aller bien devant des journalistes. Pour quoi ? J’ai pas envie de ça…J’ai pas envie de faire semblant d’aller bien. Merde ! ». Je n’avais surtout pas envie d’être confrontée à la réalité. Depuis des mois, je faisais en sorte de mettre la Lybie en dehors de mon quotidien. Assister à la commémoration de Charly, c’était admettre que cette tragédie avait eu lieu…

Etre là pour Charly, me répétais-je, être là pour Charly. Je n’avais pas eu l’occasion de lui dire au revoir mais je savais au fond de moi qu’une simple commémoration n’effacerait jamais la douleur incessante de son absence. Je n’avais pas envie de lui faire mes adieux. Tout cela était bien trop réel et cela faisait des mois que j’essayais tant bien que mal d’éviter le sujet : La Libye. Son meurtre. La scène était gravée dans nos esprits. En me retournant, je voyais encore son corps inerte allongé sur le sol. Clayton s’en voulait énormément, je le savais. Mais en tant que médecin, je l’avais tout simplement abandonné, en tant qu’amie, je ne lui avais même pas tenue la main alors qu’il était mort comme un chien. Son dernier souffle il l’avait prononcé seul. Etais-je hypocrite ?

Lorsque Clay me tendit la main, je la saisis avec impuissance. Il avait raison. Je n’étais qu’une grosse égoïste, pensant à mon futile petit nombril alors qu’aujourd’hui, j’aurais dû penser entièrement à Charly et non à mes états d’âmes. J’avais de la chance d’être tout simplement en vie et j’aurais dû m’en réjouir au lieu de chercher continuellement une insatisfaction . « Arrêtes de chercher la petite bête Storm », la phrase que me répétait sans arrêt Charly me revint à cet instant précis en mémoire. - Nous devrions y aller, ça va aller ? Je poussais un profond soupir avant de hocher la tête, résignée. En saisissant la main douce et forte de Clay, j’eus la sensation que je devais également être davantage présente pour lui

La commémoration avait lieu dans un cimetière verdoyant qui inspirait la paix, le bien être et la sérénité. Plus je me rapprochais de la musique lente jouée par des violonistes, plus j’apercevais le regroupement d’individus installé au fond du cimetière. Dans cette foule d’étrangers, je percevais les regards posés sur Clayton et moi alors que nous avancions vers le sommet de cet attroupement. En nous rapprochant encore davantage, j’apercevais des chaises blanches installées en ligne continue devant une photographie de Charly, positionné sur un pupitre. A la vue de son visage rieur, j’entrelaçais encore davantage mes doigts à ceux de Clay, mon cœur se serrant. « Mon dieu, ce qu’il m’avait manqué…, déclarais-je la voix tremblante d’émotion ». Cela faisait des mois que je n’avais pas vu son visage, ayant volontairement fait disparaître toutes les photographies de mon passé. Un homme vêtu de noir nous indiqua nos places au troisième rang, non loin de la famille de Charly, tandis que je ne parvenais pas à détacher mon regard de cette photo. Inlassablement, je me répétais le discours que j’avais préparé dans mon esprit, pour ne pas craquer et sombrer dans une tristesse infinie…

Il ne faut surtout pas l'effacer de nos souvenirs. Clayton avait raison. Le seul problème est que la plupart de souvenirs qui me restaient de Charly était sa mort qui se répétait inlassablement dans mon esprit. J'étais à ce stade où les souvenirs heureux étaient difficiles à faire remonter à la surface. Lorsque je lâchais la main de Clay pour monter sur l'estrade, je restais quelques minutes interloquée par le regard dévasté de sa famille. J'enviais légèrement Charly d'avoir eu des parents qui semblaient l'aimer de tout leur coeur. Quant à moi, je me demandais comment aurait réagi ma mère si j'étais morte là bas. Connaissant Elisabeth, elle se serait certainement concentrée à ne pas perdre la face devant les autres. Ce n'était, décidément pas juste. Charly avait autour de lui une famille, des amis qui l'aimaient alors que moi...Je n'étais pas certaine que ma mort aurait affecté beaucoup de personnes. "J'avais préparé un discours, pour vous dire à quel point Charly était exceptionnel mais je crois que...Tout le monde ici le savait. A la place, j'aimerais vous réciter un poème que lui et moi, aimions." Je pris une grande respiration avant de prononcer les mots suivants d'un visage neutre :

Spoiler:

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Un silence enveloppa mes paroles alors que je regagnais ma place d'un pas lent. "Je n'ai pas vraiment faim finalement. Tu ne veux pas qu'on laisse tomber le restaurant pour rentrer à l'hôtel ? " Elle lui afficha un sourire timide " C'est exactement ce que j'allais te proposer". A la fin de la cérémonie, les parents de Charly s'avancèrent vers nous, leurs voix tremblantes d'émotions.". Dans ces dernières lettres, Charly n'arrêtait pas de parler de vous en particulier de toi Clayton. Nous savons à quel point c'est difficile pour vous deux et nous ne vous remercierons jamais assez d'être venus..." Je me saisis de la main de la mère de Clayton alors que son visage commençait à être ravagé par les larmes " Vous n'avez pas à nous remercier. C'est la moindre des choses que l'on pouvait faire pour lui.." Après la cérémonie, elle avait organisé un repas au domicile familial où nous fûmes convié si nous le désirions.

En montant dans le taxi de retour, un silence pesant s'était installé dans l'habitacle. Je n'avais pas tellement envie d'échanger au sujet de la cérémonie, cette dernière m'ayant véritablement ébranlée. Néanmoins, je ne voyais que si rarement Clayton que je trouvais dommage que nous ne profitions pas de ces instants ensembles. "Tu sais Clay, je te l'ai jamais dit mais...Tu es vraiment mon meilleur ami. Je sais que je suis quelqu'un qui n'exprime pas facilement ses sentiments mais...Je trouve que c'est quand on vit des choses comme ça, qu'on prend conscience que la vie est courte et qu'il est important de se dire les choses. Je ne te remercierais certainement jamais suffisamment pour tout ce que tu as fait pour moi là bas. Je te dois la vie. Tu es le frère que je n'ai jamais eu et je t'..Enfin je t'aime quoi. Tu es essentiel à mes yeux et j'espère que tu sais que tu peux compter sur moi." Mes joues rougirent automatiquement, extrêmement gênée. J'avais reçu une éducation stricte où l'on devait toujours afficher un masque de glace et ne pas parler de ses émotions. Je me souvenais d'une scène où j'étais tombée de vélo à l'âge de 6 ans et où ma mère m'avait ordonné d'arrêter de pleurer " Une femme distinguée ne montre jamais ses vrais sentiments, Heather". Clayton ne s'en rendait pas compte, mais je venais de vivre une deuxième épreuve aujourd'hui.