when i meet you - venie (+ scott)

   

Assise au bar du coin au coté d’un de mes amis, j’observais mon téléphone par crainte de recevoir un message ou un appel de mon mari. Il doit rentrer demain matin d’un voyage d’affaire mais j’appréhende qu’il sache que je ne suis pas à la maison. Ou encore pire, qu’il rentre plus tôt et ne me trouve pas à l’attendre dans notre loft. Je sais déjà quelle genre de réaction il aura, je ne veux plus jamais m’y confronter. Je fais des efforts pour faire ce qu’il me demande mais dès qu’il me laisse seule dans la ville, je me lâche et redevient la Vee que tout le monde a connu avant lui, enfin avant qu’il devienne cet homme nuisible. Scott me tire de mes peurs et j’oubli quelques minutes ce stress. « Ce que je veux boire ? Tu me poses cette question ? » Dis-je en riant. Nous nous connaissons depuis des années, mais il ne sait toujours pas ce que je veux boire. « Vodka Cramberry. » Murmurais-je aux oreilles du barman, suivi d’un petit clin d’œil. Je n’allais pas vendre la mèche. J’attendais avec impatience mon premier verre d’alcool de la soirée, voir de la semaine. « Ah putain, qu’est ce que c’est bon de sortir ! » Criais-je presque dans toute la pièce. Mon mari n’étant pas parti en voyage depuis deux semaines, j’étais restée coincée presque quinze jours dans notre appartement, certes grand, mais vite étouffant. Nos verres sont enfin posés devant nous et je veux trinquer immédiatement. « Je lève mon verre à ma libération. » Dis-je en riant, bien que seule moi puisse comprendre cette phrase. « Trop de travail, je ne suis pas sorti depuis des semaines ! » ajoutais-je pour me justifier. Personne ne sait l’enfer que je vis au quotidien avec un mari possessif et tyrannique. Pourtant, tous mes amis ont du s’en rendre compte depuis une année. Je sors moins, je bois moins, je m’amuse moins. Et malheureusement, j’ai toujours peur de perdre mes amis. Et puis il a y cette sœur, que je dois rencontrer, mais le courage se perd chaque fois que je passe devant l’hôpital. Je sais qu’elle est chirurgienne, il y a des millions de façon de la rencontrer, mais je ne le fais toujours pas. Je doute qu’elle soit au courant de mon existence, et je ne sais pas sa vie. Pourrais-je la bousculer ou la perturber ? C’est évidemment. Personne n’imagine qu’une sœur traine dans le monde, du même sang, des mêmes parents. « Buvons. » Ajoutais-je, en continuant de siroter mon verre, qui ne fera pas long feu.

Métro, boulot, dodo : voilà à quoi ressemble ma vie en ce moment. J'enchaîne les heures à l'hôpital, du coup, forcément, quand je rentre, je m'effondre comme une masse. J'ai toujours été bosseuse, certes, mais j'ai récemment atteint des sommets. Il faut que je me calme d'ailleurs, si je ne veux pas complètement péter un plomb d'ici la fin de la semaine. Il y a eu quelques petits changements dans ma vie qui m'ont poussé à me réfugier dans le travail comme je le fais toujours en temps de crise. L'arrivée de mon père à Wellington en est la principale raison. En effet, j'ai toujours beaucoup de mal à gérer les choses quand il est présent. Il a le don de toujours tout remettre en question et tu as beau te dire qu'il ne faut pas l'écouter, ses remarques finissent toujours par t'éteindre inconsciemment. Voilà pourquoi je travaille plus que jamais, parce que lorsque je suis avec mes patients, je ne suis pas avec lui et ça, c'est un véritable cadeau. Alors oui, je travaille jusqu'à pas d'heure et je prie, je prie pour qu'il parte le plus vite possible. Seulement je commence à en avoir marre de ce rythme plus qu'effréné, je me suis promise en venant à Island bay de ne pas passer ma vie à bosser comme je le faisais adolescente et pourtant, j'en reprends le chemin. C'est l'effet qu'à mon père sur moi, une vraie plaie et cela jusqu'au bout. Ce constat plus que désolant m'a donné le coup de pieds aux fesses dont j'avais besoin. Ainsi, lorsque l'un de mes amis, Austin, m'a proposé d'aller boire un verre, j'ai accepté sans me poser de question. J'ai beau être crevée, ce soir je sors, ce soir je reprends le contrôle de ma vie. Alors que je suis en chemin, je reçois un message d'Austin qui m'explique qu'il aura du retard. Je soupire et fixe mon portable d'un air indécis. Déjà que monsieur n'est pas le roi de la ponctualité, s'il prévient, c'est qu'il n'est pas près d'arriver... Je risque de me retrouver seule un bon bout de temps... Tant pis pour lui, j'aurais déjà un coup dans le nez quand il me rejoindra ! C'est loin d'être la première fois que je sors seule, il ne m'a jamais fallut de compagnie pour m'amuser, c'est un plus, c'est vrai, mais c'est loin d'être nécessaire. Me voici donc, à peine quelques minutes plus tard, en train de pénétrer dans le bar en question. Comme à mon habitude, je fais un rapide état des lieux afin de choisir une place stratégique, histoire d'éviter les gros lourds complètement bourrés. C'est alors qu'un visage attire mon attention. Je vous ai parlé des récents changements qui ont chamboulé ma vie ? Et bien j'en ai un juste en face de moi. Scott. En effet je crois que je peux dire que lui et moi entretenons une sorte de relation, chose que je ne fais habituellement pas et surtout chose qui a tendance à me faire peur. C'est simplement trop inhabituel pour moi de m'ouvrir à quelqu'un de la sorte, j'aurais voulu d'ailleurs me soustraire à ce problème mais je n'ai pas pu m'y résoudre, comme si ça me coûtait trop de le sortir de ma vie. Bref, tout ça pour dire que lui et moi vivons quelque chose, je ne sais pas exactement quoi mais nous le vivons. Un brin surprise de le voir ici, je me décide à m'approcher pour le saluer lui et son amie. Amie que je ne connais pas d'ailleurs, non pas que je le doive spécialement, c'est simplement ma curiosité légendaire qui me titille. "Bonsoir." Je dépose un baiser appuyé sur les lèvres de Scott avant de me retourner vers sa supposé amie. "Ollie Marks, enchantée." Je lui tends la main d'un air assuré, c'est sans doute quelque peu formel mais j'en ai pris l'habitude avec le travail. "Vous vous amusez bien ?" Cette question semble de prime abord innocente, polie même, mais je mentirais si je disais qu'elle n'avait pas un sens caché. Si la vie m'a bien appris quelque chose, c'est qu'il faut toujours se méfier, sait-on jamais. Ce n'est pas de la jalousie, je serais très heureuse de rencontrer une amie de Scott si c'est bien ce qu'elle est, c'est simplement être précautionneuse car je sais qu'accorder sa confiance aux autres peut être destructeur. Regardez mon père par exemple, faire confiance à un homme pareil ? Très mauvaise idée. 

   

« Je suis quand même déçu que tu es pu penser ne serait-ce qu’UNE SEULE petite seconde, que j’ai oublié t’a boisson préférée. Celle que je t’ai fait découvrir quand même... Quand même Vee, je sais que ça fait longtemps mais pas à moi ! » Je ris de nouveau avec mon ami. C’est vrai, c’est peut-être lui qui m’a fait découvrir ce cocktail. Quoi qu’il en soit j’aurai aimé avoir mon verre à la main dès mon arrivée. Quelques minutes passent et je reçois enfin ma boisson, que je me dépêche de boire, accompagné de mon beau partenaire de soirée. « Je suis encore en train de réfléchir, savoir si je t’en veux ou pas de ne pas m’avoir appelé plus tôt pour te secourir dans ta tour de verre. Je te donne ma réponse d’ici quatre ou cinq verres, je pense. » Je souris, mais penser a la raison pour laquelle je le vois si peu me fait mal. Si seulement mon mari pouvait partir et me laisser enfin tranquille. Si seulement, je n’avais plus à m’inquiéter d’être surveillé. Même l’époque de l’adolescence ou tout parents est sur ton dos est plus simple que celle-ci. Parce que je n’avais pas peur de mes parents au moins. Maintenant, c’est différent. Même en sachant qu’il a quitter le continent, je m’imagine toujours être suivie  et surveiller par lui. Nous rions et continuons de nous taquiner lorsqu’une femme nous interrompt. « Bonsoir. » Je n’ai pas le temps de la reconnaître qu’elle pose déjà ses lèvres sur celles de Scott. Je ne savais pas qu’il avait une copine et j’imagine déjà la crise de la jalousie débarquée. Si seulement les femmes pouvaient comprendre l’amitié homme/femme. Elle se retourne et je me stop aussitôt. C’est elle, celle que je n’ose pas voir depuis des mois. Ma sœur dont j’ai appris l’existence et que je ne peux me résoudre à rencontrer est devant moi, embrassant mon meilleur ami.  "Ollie Marks, enchantée." Son ton est froid et je n’aime pas ça. On ne parle pas de cette façon, jamais. Sauf lui. « Vee. » Répondais-je simplement. Elle n’a pas vraiment besoin de savoir qui je suis, pas encore.. Et puis je ne suis pas sûr qu’elle ait besoin de connaître les détails de ma vie maintenant. Elle me tend la main d’un air assuré et je la serre, tout aussi sûr de moi qu’elle. « Vous vous amusez bien ? » Demande-t-elle, nous jugeant au même moment. Je n’aime pas la vision qu’elle a de notre relation entre Scott et moi. « Ça te regarde peut-être ? » Répondais-je automatique, cherchant presque a me défendre. Je tourne le regard vers Scott qui comme je m’en doutais a l’air plus que gêné. Mais lui non plus ne sait pas. Mon ami sort avec ma sœur. Mon dieu. « Mais j’en t’en prie, prend un verre avec nous. » Je cachais mon stress total derrière cette carapace fermée. Comment vais-je faire ? Dois-je saisir l’occasion, risquant de totalement gâchée cette soirée ?