et se retrouver pleinement [keniamh]

Je veux que tout soit parfait. J’ai pris la décision d’inviter Niamh un peu tard, enfin ce matin pour ce soir alors qu’elle aurait très bien pu avoir des choses à faire. Mais je n’étais pas au courant du départ de Lewis cet après midi pour un colloque à l’autre bout du pays. Il ne rentrera que demain soir au minimum. C’est avec grande hâte que je prépare la maison, le repas et c’est sur les coups de dix-huit heures que je vais me préparer pendant que la fin du repas est en train de cuire. Une douche et je cherche quoi mettre. Mais là c’est le drame. Je tourne en rond, essaie un million de choses sans trouver ce qui pourrait être adéquat. Je ne veux pas être trop habillée, mais pas trop relax quand même. Je commence à m’énerver et en regardant l’heure, je me force à choisir une tenue. Ce sera une robe dans les tons crème et blanc, assez courte mais pas suffisamment pour être mal interprétée. Une robe de saison, plutôt habillée sans trop l’être non plus. Une paire d’escarpins nude et le tour est joué. Je sèche mes cheveux et leur donne une forme naturelle avec mon produit miracle, un maquillage léger, une paire de boucles d’oreilles et je suis fin prête. Le coeur battant, je retourne dans la cuisine pour vérifier que tout est en place, le vin blanc au frais, les amuse-gueules bien présentés sur la table. Tout est parfait. Du moins j’espère que je n’ai rien oublié. Nouveau regard sur ma montre, je suis aussi impatiente qu’angoissée. Et enfin, la sonnette retentit, accélérant mon coeur considérablement. Je rejoins la porte, fais glisser mes mains légèrement moites sur la partie basse de ma robe pour la remettre en place, souffle un léger coup, et actionne la poignée pour découvrir la silhouette gracieuse de Niamh. Un large sourire étire mes lèvres et sans tarder je m’approche d’elle pour venir l’étreindre tendrement. Une fois fait je la regarde, souriante. « Tu es magnifique. » Les étoiles dans mes yeux ne trompent pas, et l’idée de passer cette soirée seule avec elle est une bénédiction. Je la laisse entrer et ne me fais pas prier pour laisser glisser un regard sur ses formes divines lorsqu’elle est encore dos à moi. « Bienvenue officiellement. La première fois on peut pas dire que j’avais pris le temps de t’inviter correctement. » Je ris légèrement, tentant de me détendre même si j’ai encore un peu de mal. « Je te fais visiter ? » Je frôle volontairement sa main de la mienne et lui fais signe de me suivre. Je peux sentir son regard glisser sur moi et un frisson me parcourt déjà, ça promet. Je lui fais faire le tour du propriétaire, évitant soigneusement la chambre où je dors avec mon mari. « Et là la salle de musique que tu connais déjà. » Une fois terminé je repose mon regard sur elle, souriante, heureuse de l’avoir ici avec moi, chez moi, seules toutes les deux. « J’ai mis du vin blanc au frais, ça te va ou tu as envie d’autre chose ? »

A l’instant où j’avais reçu le message de Kenlee, des doutes m’avaient fait réfléchir à deux fois à ma réponse. J’avais du mal à croire qu’elle veuille m’inviter chez elle après mes messages alcoolisés. Bien que je pensais chacun des mots envoyés, la manière de le lui dire n’était pas celle que j’avais imaginée. Et pourtant, elle voulait tout de même me revoir, passer le début de cette journée spéciale avec moi. Elle ne se contentait pas de m’inviter au restaurant, non, elle prenait le temps de me préparer un repas. Si je devais y voir un signe, je serais tentée de penser qu’elle n’était plus effrayée par nos sentiments, ni par mes envies. Ce fut avec un sourire de pure joie que j’avais quitté le centre en avance afin d’éviter tout retard à notre rendez-vous. Une petite pointe de déception vint faire un peu d’ombre à ma bonne humeur lorsque je remarquais l’absence de ma fille. J’aurais aimé avoir son avis sur ma tenue de soirée, j’aurais voulu partager ce moment avec elle. Mais je savais que je ne pouvais pas, je devais garder le secret, encore et toujours. Alors je chassai ces pensées rapidement et profitai des deux heures qu’il me restait pour me détendre dans un bain chaud et prendre soin de moi. J’appréciai d’autant plus ce moment en sachant exactement quelle robe j’allais porter pour l’occasion. Sans même m’en rendre compte, mes achats s’étaient faits naturellement avec un espoir de la croiser au détour d’une rue, particulièrement ces dernières semaines. En me changeant finalement, un sourire de fierté illumina mon visage alors que je regardais le résultat dans le grand miroir de ma chambre. Plus besoin de le cacher, j’avais bien l’intention de me mettre en valeur pour la faire chavirer tout en gardant une classe digne d’elle. Lorsque je fus devant la porte de sa ville, un frisson d’excitation me parcourut. Je dus reprendre mon souffle avant de la prévenir de mon arrivée. La magnifique brune ne tarda pas à m’ouvrir et je fus accueillie par une étreinte chaleureuse. « Tu es magnifique. » « Je te retourne le compliment, tu es sublime ! » Heureusement que je n’avais pas essayé de cacher mon attirance par une tenue moins travaillée, j’aurais eu l’air d’une moins que rien à ses côtés. « Bienvenue officiellement. La première fois on peut pas dire que j’avais pris le temps de t’inviter correctement. » Je mêlai mon rire au sien en repensant à ma première venue ici. Si la porte avait été verrouillée, je l’aurais sans doute détruite pour la rejoindre, mais je préférais garder ce détail sous silence pour éviter de faire apparaître un malaise. Je hochai la tête à sa proposition de faire le tour de la maison. Un frisson parcourut mon bras dès l’instant où ses doigts frôlèrent ma main. Je fus incapable de me concentrer sur ses présentations, mon regard ne cessa pas de revenir sur elle à chaque fois qu’elle prenait la parole. Son corps m’attirait plus que je ne l’aurais souhaité afin de rester convenable. « J’ai mis du vin blanc au frais, ça te va ou tu as envie d’autre chose ? » « C’est parfait ! » Un peu de vin, ça ne pourrait pas me faire du mal pour me calmer un peu. Sauf si je ne restais pas raisonnable et finissais comme la dernière fois. Mais là n’était pas l’objectif. Je la vis partir vers la cuisine pour nous servir un verre après m’avoir invité à m’asseoir, mais je ne l’entendis pas de cette oreille. L’odeur qui émanait de la pièce d’à côté m’attirait tout autant que sa présence là-bas et je la rejoins avec un sourire. « Qu’as-tu préparé qui sente aussi bon ? » Je m’approchai de mon ancienne campagne et vins placer un bras autour de sa taille pour humer l’odeur s’échapper d’un plat posé de l’autre côté d’elle. « Ça a l’air délicieux. Merci pour tout ça. » Je me penchai vers elle et vins déposer un doux baiser sur le bord de ses lèvres.

C’est une vague d’émotions toutes confondues qui me submergent lorsque j’ouvre la porte de la maison, découvrant cette beauté blonde aux cheveux tombant en cascade sur ses épaules dénudées, et cette robe noire moulante dévoilant ses jambes interminables. Les battements de mon coeur se font plus présents, plus puissants, j’en perds presque mon souffle. Immédiatement je viens la serrer contre moi comme pour vérifier que je ne rêve pas, qu’elle est bien là. Son regard sur moi me réchauffe d’une douce chaleur et je la laisse entrer, sourire radieux au bout des lèvres. Sans attendre, je lui propose de faire le tour du propriétaire, tout en restant assez tactile avec elle, comme la dernière fois, si on ne compte pas notre dernière entrevue avec Lina au milieu, et les sms étranges qu’elles m’a envoyés en pleine nuit, sûrement alcoolisée. Une fois la visite terminée, je lui propose du vin blanc, ce qu’elle semble apprécier. Elle ne tarde pas à me rejoindre dans la cuisine pour mon plus grand bonheur. . « Qu’as-tu préparé qui sente aussi bon ? » « Tu verras, ça fait longtemps que j’ai pas cuisiné pour quelqu’un, j’espère que j’ai pas perdu la main. » La blonde vient poser sa main à ma taille et déjà un frisson interminable me submerge, me forçant à fermer les yeux un peu plus longtemps qu’à l’accoutumée. « Ça a l’air délicieux. Merci pour tout ça. » Elle dépose au coin de mes lèvres un baiser, un simple baiser d’une douceur inouïe qui me donne envie de plus, bien entendu. Pourtant, je compte bien rester raisonnable le plus longtemps possible pour attiser cette attirance quia repris du poil de la bête ce jour là au marché lorsque nous nous sommes exilées sur la plage. Bien sûr qu’elle m’attire toujours autant, bien sûr qu’elle me fait tourner la tête, mais je dois aussi écouter mon instinct et ne pas me livrer à corps et à coeur perdu dans cette histoire qui devrait pourtant faire partie du passé. « On s’installe au salon ? » Lui dis-je en lui tendant deux verres à pied avant de récupérer la bouteille au frigo. Sans plus tarder nous nous dirigeons vers le salon et prenons place sur le divan. Je nous sers nos deux verres et lui donne le sien avant que nous trinquions, les yeux dans les yeux. Cette femme me déstabilise et sa présence est autant une bénédiction qu’une peur intense de voir un changement crucial opérer dans ma vie. Je ne suis pas certaine d’être prête, et pourtant pas certaine non plus d’être prête à attendre encore. Mon regard ne cesse de la détailler, tout semble avoir été créé chez elle pour me faire chavirer. Je souris un peu et baisse les yeux vers mon verre que je triture légèrement entre mes doigts fins. Ce soir, j’ai pris le soin de retirer mon alliance et étonnamment, je ne me sens pas mal, au contraire même. « J’ai l’impression d’être une gamine à son premier rendez-vous galant, c’est ridicule ! » Je me mets à rire légèrement et secoue la tête avant de tendre la main doucement pour venir chercher celle de Niamh. « Je suis heureuse que tu sois là ce soir. »

C’était un véritable plaisir de pouvoir de nouveau être près d’elle alors qu’elle était en train de farfouiller la cuisine. Ce n’était peut-être pas chez nous, mais la dernière fois que cela était arrivée était si lointaine que je me fichais bien des détails. La simple sensation de son corps contre le mien dans une situation qui pourrait être une habitude me mettait en effervescence. « Tu verras, ça fait longtemps que j’ai pas cuisiné pour quelqu’un, j’espère que j’ai pas perdu la main. » Ce manque de confiance en elle m’étonnera toujours, elle qui avait tous les talents possibles et imaginables. Même  inimaginables. Cette petite fêlure me fit craquer, surtout en la voyant essayer de garder le contrôle d’elle-même, et je tentai de la rassurer par les mots et par le geste, venant l’embrasser le bord de ses lèvres. Nos regards se croisèrent et s’ancrèrent l’un dans l’autre pendant de longues secondes. Inconsciemment, je me penchai lentement vers elle, des pétillements dans le ventre, mais avant que je puisse faire un geste trop risqué, Kenlee se retourna brusquement pour me présenter deux verres de vin « On s’installe au salon ? » Je fis un pas en arrière et récupérai les verres avec un regard embrasé. Je ne cherchai aucune explication dans son éloignement, je savais parfaitement dans quel piège je me lançais en acceptant son invitation. J’espérais juste qu’elle se rendait compte de mon attirance un peu plus puissante à chaque petit écartement ambiguë qu’elle créait entre nous. Je m’installai dans le salon et l’observai tendrement alors qu’elle nous servait un verre de vin. Je restai silencieuse sans pouvoir détourner le regard, pas même quand elle baissa le sien avec des petits mouvements trahissant son stress. « J’ai l’impression d’être une gamine à son premier rendez-vous galant, c’est ridicule ! » Je souris en entendant sa voix presque tremblante. Dans un sens, elle avait raison de se sentir ainsi, les années passées nous permettaient de nous redécouvrir. Je la laissai se rapprocher de moi, relier nos mains dans un frisson agréable. « Je suis heureuse que tu sois là ce soir. » « Et je suis heureuse que tu m’aies invitée. » Je lui souris, penchant ma tête sur le côté. Je caressais doucement sa main, insistant avec un délice non dissimulé sur ses doigts libres de toute bague. Mais je ne voulais pas trop penser à cette absence inhabituelle et je lâchai sa main pour continuer mes caresses le long de son bras. Je vins mettre quelques unes de ses mèches rebelles derrière son oreille avec un sourire. « Ta maison est magnifique. Bon, j’avoue, toujours trop grande pour moi, je ne sais pas toujours pas comment tu peux apprécier devoir courir des kilomètres juste pour attraper un objet dans une autre pièce. » Je ris joyeusement en regardant tout autour de moi pour mieux apprécier le salon décoré sobrement. « Tu te plais ici ? » Ici ne désignait pas spécifiquement la villa, mais plutôt la ville et son adaptation à ce nouveau paysage. Je n’avais pas trop eu le temps de m’en rendre compte, mais je savais que les changements pouvaient être trop brusques pour certaines personnes. Je laissai retomber ma main près de nos jambes, préférant la poser sur sa cuisse pour apprécier le contact de sa peau douce.

Je suis stressée, c’est difficile de le cacher d’autant plus que Niamh me connaît très bien, sûrement même trop bien d’ailleurs. Je me sens obligée de lui avouer que j’ai l’impression de me retrouver il y a 30 ans auparavant, quand j’étais une gamine qui battait des cils face à un garçon qui lui plaisait. Je laisse mes peurs de côté et fais un pas vers elle en venant chercher sa main. « Et je suis heureuse que tu m’aies invitée. » Son sourire appelle le mien, et je sens bien qu’elle appuie ses caresses sur ma main dénuée de toute appartenance à quelqu’un. Les marques de tendresse de la blonde me rendent folle et les frissons qui apparaissent sur mes bras en sont la preuve. « Ta maison est magnifique. Bon, j’avoue, toujours trop grande pour moi, je ne sais pas toujours pas comment tu peux apprécier devoir courir des kilomètres juste pour attraper un objet dans une autre pièce. » Je ris un peu, mêlant mon rire au sien avant de hausser les épaules. « Tu sais que j’ai toujours adoré les grands espaces. » Je la laisse regarder tout autour d’elle avant qu’elle ne reprenne la parole. « Tu te plais ici ? » Son regard vient chercher le mien et la main qu’elle pose sur ma cuisse me rend complètement folle. Je hoche un peu la tête puis hausse les épaules en suivant. « Ça va oui, ça n’a rien à voir avec Londres, mais tant que je fais des allers-retour, ça passe. Mais cette maison est… » Je grimace un peu. « Impersonnelle. Enfin, je sais pas comment expliquer, mais je m’y sens pas vraiment comme chez moi. A part dans mon studio en fait. » Ma main vient retrouver la sienne sur ma jambe et je me penche pour aller chercher mon verre duquel je bois deux bonnes gorgées. « Et toi ? Je sais même pas, depuis combien de temps vous êtes là avec Lina, je t’ai même pas demandé. » Mes yeux plongés dans les siens, je n’arrive pas à les détacher d’elle. Je l’écoute répondre en buvant ses paroles, j’adore l’écouter parler, la voir sourire, et l’avoir ici près de moi, tout simplement.

Après quelques sujets de conversation plutôt futiles bien qu’importants pour introduire la soirée, je lui propose de passer à table. Table que j’ai dressée avec soin, sans oublier les bougies. Je la laisse s’asseoir et un sourire mutin au coin des lèvres je lui propose. « J’ai envie de jouer… » Niamh me regarde, interrogative, et je poursuis « Tu m’autorises à te bander les yeux pour goûter mon plat ? Je suis curieuse de savoir si ton palais est toujours aussi développé. » A l’époque j’aimais introduire quelques ingrédients secrets dans mes plats, et elle les trouvait toujours. Elle accepte et je récupère un bandeau en soie que je noue autour de ses yeux, doucement, avant de me pencher pour laisser mes lèvres frôler les siennes. « Si tu y arrives, je te promets une belle récompense. » Je ne m’embrasse pas pour autant et vais chercher le plat pour nous servir, puis je m’installe près d’elle et commence à lui faire goûter en lui faisant avaler une bouchée, attendant sagement qu’elle laisse ses papilles définir ce qu’elle peut bien sentir.

Ma petite taquinerie la fit doucement rire. Elle n’était pas encore totalement détendue, mais elle semblait être un peu plus à l’aise en ma présence. Son malaise était peut-être dû à mes déclarations influencées par une soirée trop arrosée, même si elle ne fit aucun geste pour me montrer son inconfort face à mes approches vers elle. « Ça va oui, ça n’a rien à voir avec Londres, mais tant que je fais des allers-retour, ça passe. Mais cette maison est… Impersonnelle. Enfin, je sais pas comment expliquer, mais je m’y sens pas vraiment comme chez moi. A part dans mon studio en fait. » Je lui fis un sourire d’entendement, la vue de son salon n’annonçait pas une joie de vivre dans la maison. Contrairement à son studio qui, même s’il restait sobre, était rempli de partition et devait souvent résonner de ses notes de musiques. « Et toi ? Je sais même pas, depuis combien de temps vous êtes là avec Lina, je t’ai même pas demandé. » Je baissai le regard vers nos mains reliées sans savoir comment répondre. Je ne voulais pas lui faire revivre la douleur du passé, c’était figé et inutile d’y repenser. « Ça fait un petit moment que je suis ici. Ma grande sœur m’a proposée de la rejoindre et de m’aider, alors je suis venue dès que les médecins m’ont donné l’autorisation. Et je ne suis jamais repartie. Je me sens vraiment bien sur cette île. Faut croire que je suis faite pour vivre sur une île. » Je ris de nouveau, me rappelant de nos discussions sur notre lieu de vie pendant les longues soirées d’internat. Je refusais d’aller en Angleterre parce que c’était trop long de traverser le pays de bout en bout, parce que la mer était trop éloignée à certains endroits. C’était ridicule, mais je n’en démordais pas. Et ce fut sans doute ce qui fit dériver notre conversation, notre complicité venant lentement supprimer tout stress sur les traits de la brune.

« J’ai envie de jouer… » Je venais à peine de m’asseoir que je tournais vivement la tête vers Kenlee. Cette proposition pleine de sous-entendu me perturbait plus que je ne l’aurais pensé. « Tu m’autorises à te bander les yeux pour goûter mon plat ? Je suis curieuse de savoir si ton palais est toujours aussi développé. » Mon sourire malicieux accompagné d’un regard de braise ne laissa aucun doute sur ma réponse et je fus bientôt plongée dans le noir complet. Ses lèvres vinrent frôlées les miennes. « Si tu y arrives, je te promets une belle récompense. » Je m’avançai pour essayer de l’embrasser, mais ne rencontrai que du vide. Je grognai de frustration, le cœur battant avec puissance. J’entendis des bruits autour de moi, mais je ne sus qu’elle était de retour que lorsque je sentis sa main se poser sur la mienne et qu’elle me donna un morceau de ce mystérieux plat. « Tu m’as fait tes ravioles ! » Je donnai un petit coup de dent dans la pâte à ravioles pour découvrir les ingrédients qu’elle avait choisis aujourd’hui. Je penchai la tête sur le côté tout en laissant les goûts se diffuser sur ma langue. « Tu sais, tu n’avais pas besoin de mettre du gingembre… » Je me mordis la lèvre inférieure et, sans prévenir, me penchai vers l’endroit où me semblait être. Après avoir frôlé son épaule du bout des lèvres, je remontai dans son cou pour l’embrasser et finis par la mordre avec provocation. Je revins presque immédiatement dans ma position initiale, une expression innocente sur le visage. « Il ne fallait pas mettre de gingembre, ça me transforme et tu le sais bien ! Tu me redonnes une raviole, j’ai d’autres ingrédients à trouver. Ton essai de distraction ne m’aura pas comme ça. » Je fis mon possible pour garder mon air sérieux, mais un sourire en coin me trahissait complètement.

Elle s’intéresse à moi et j’en fais de même une fois lui avoir répondu. « Ça fait un petit moment que je suis ici. Ma grande sœur m’a proposée de la rejoindre et de m’aider, alors je suis venue dès que les médecins m’ont donné l’autorisation. Et je ne suis jamais repartie. Je me sens vraiment bien sur cette île. Faut croire que je suis faite pour vivre sur une île. » Mon rire se mêle au sien. J’imagine que lorsqu’elle a eu l’autorisation des médecins, elle était enceinte, et que l’aide de sa soeur pour élever Ailina a été bénéfique. Mon ventre se serre un peu en l’imaginant seule avec son bébé, alors que je filais rejoindre mon Angleterre natale, fuyant tout ce qui aurait pu me ramener à elle. Je choisis de ne pas parler de ça pour ne pas plomber l’ambiance et bien vite je lui propose de passer à table mais d’une manière tout à fait singulière. J’ai envie de retrouver cette complicité qui me plaisait tant avec elle, et ce depuis que nous nous connaissons d’ailleurs, ou presque. Lorsque je propose à la blonde mon idée joueuse, je vois se poser sur ses lèvres un petit sourire malicieux qui me plait beaucoup, et je n’arrive d’ailleurs pas très bien à le cacher. Elle accepte et je lui bande les yeux sans tarder avant de présenter une bouchée entre ses lèvres. « Tu m’as fait tes ravioles ! » Son excitation me fait rire et je suis heureuse de voir que ça lui fait plaisir, je me souviens qu’elle adorait quand je lui faisais ce plat et ce n’est pas un hasard si j’ai choisi de cuisiner ça ce soir. « Tu sais, tu n’avais pas besoin de mettre du gingembre… » Je suis étonnée qu’elle le sente autant, je n’en ai mis qu’un tout petit peu, et même moi j’ai du mal à le sentir alors que je sais qu’il y en a. Elle vient déposer un baiser sur mon épaule et remonte jusqu’à mon cou pour l’embrasser, faisant s’affoler mon coeur et ma respiration en simultané, me forçant à fermer les yeux pour à la fois apprécier le moment et calmer mes ardeurs. Je déglutis avec difficulté et lorsqu’elle me mord je me contracte et sens tout mon corps réagir dans une vague de désir profond. Mon dieu. Elle reprend sa position initiale et je suis bien contente qu’elle ne puisse pas voir le trouble qu’elle a insinué en moi. « Il ne fallait pas mettre de gingembre, ça me transforme et tu le sais bien ! Tu me redonnes une raviole, j’ai d’autres ingrédients à trouver. Ton essai de distraction ne m’aura pas comme ça. » Je ris de voir son sourire au coin de ses lèvres. « Mais bien sûr ! » Si j’étais entrée dans son petit jeu, on n’aurait même pas commencé le repas, je la vois venir. Et si ce n’est pas l’envie qui manque, je préfère laisser planer le désir un peu plus longtemps encore. Je lui redonne une raviole et attends qu’elle mâche pour me donner les ingrédients avec une précision hallucinante. « Il manque un ingrédient. » Je lui retire le bandeau en lui souriant, attrape ma fourchette pour enfourner une raviole dans ma bouche, et je refais la même chose avec elle, attendant de la regarder chercher encore. Elle fait quelques essais non concluants et je secoue la tête à chaque fois. « Tu es en train de t’éloigner de ta récompense… concentre toi un peu au lieu de loucher dans mon décolleté ! » Elle m’offre une moue presque innocente et en riant je lui réponds. « Tu crois que je t’ai pas vue ? » J’aime ce lien que nous sommes en train de retrouver, elle m’a tellement manquée.

« Mais bien sûr ! » Je hochai la tête avec un air sérieux, convaincue que c’était bien de sa faute si je réagissais ainsi. Peut-être que ce n’était pas la légère touche de gingembre dans son plat qui me faisait autant d’effet, mais elle n’était définitivement pas innocente dans mes envies. Je la laissai me donner une nouvelle raviole et décrivis petit à petit les ingrédients que j’avais l’impression de sentir. « Il manque un ingrédient. » Après ce que je pensais être la dernière bouchée aveugle de ce repas, j’eus le droit à une rapide frustration. Ou peut-être pas. Kenlee vint tout de même me libérer de cette noirceur et je plissai les paupière pour ne pas être éblouie par la lumière de la pièce. Ce petit jeu entre nous me plaisait tellement que je n’aurais sans doute pas besoin de bandeau pour ne pas tricher. Je me tournai vers la brune avec un regard interrogateur, mais sa réponse ne fut pas celle que j’attendais. Elle se servit d’une nouvelle bouchée avec un sourire avant de planter sa fourchette dans une raviole et de la tendre vers moi. Je ne me fis pas prier pour la récupérer, appréciant grandement cette façon de partager plus intimement ce repas. Je ne la quittais pas de yeux tout en me concentrant sur les goûts déjà ressentis auparavant. Je tentai quelques réponses que je savais vaine, mais je n’avais pas d’idée lumineuse. Dans une réflexion plus poussive, je laissai mon regard dérivé et fus bientôt attirée par une vision sublime. « Tu es en train de t’éloigner de ta récompense… concentre toi un peu au lieu de loucher dans mon décolleté ! » Je relevai aussitôt les yeux avec la tête d’un ange, un sourire d’incompréhension sur le visage. « Tu crois que je t’ai pas vue ? » Je ris alors avant de me pencher vers elle et de tendre une main vers son visage pour caresser sa joue. « Tu m’as peut-être vue, mais je ne suis pas la seule coupable… Tu ne vas pas me faire croire que ce choix de robe et de décolleté a été fait sans arrière-pensée. Je ne fais que répondre à tes désirs… » Tout en parlant, je laissai mes doigts glisser le long de son visage, de son cou. Je caressai doucement la peau le long de sa clavicule avant de la frôler le long de son décolleté. Avant de franchir la moindre limite, je me reculai et attrapai sa fourchette au passage. Je piquai une raviole dans son assiette pour la manger et, comme elle quelques minutes auparavant, j’en pris une deuxième pour la lui proposer avec un regard empli de désir. Je cherchai désespérément le dernier ingrédient qui me manquait, mais je séchais totalement. Je n’avais pas dû m’entraîner à cet exercice depuis trop longtemps et mon palais n’était plus aussi sensible qu’avant. Sauf si… Non, ça ne pouvait pas être ça, c’était trop simple. Et pourtant, c’était un élément que je n’avais jamais oublié, le laissant pour la fin afin de l’apprécier à sa juste valeur. L’avait-elle oublié ou était-ce exactement ce qu’elle souhaitait entendre ? « Je pense bien à quelque chose, mais je crois que c’est ma dernière chance, il ne faut pas que je me trompe. » Il ne faut surtout pas que je casse tout pour un pas en avant trop rapide. Je pris une de mes mèches blondes et l’emmêlai autour de mon index. Je finis par la lâcher pour poser ma main sur la sienne et la caresser doucement. « L'amour que tu as mis dans ce plat ? »

Niamh prend le jeu très à coeur et j’adore la voir comme ça aussi impliquée. Je ne peux m’empêcher de sourire et bien vite je la délivre du noir dans lequel je l’avais plongée. Je la taquine en grillant son regard gourmand dans mon décolleté, ce qui semble la faire rire, et surtout pas la gêner. « Tu m’as peut-être vue, mais je ne suis pas la seule coupable… Tu ne vas pas me faire croire que ce choix de robe et de décolleté a été fait sans arrière-pensée. Je ne fais que répondre à tes désirs… » Je lève les yeux en souriant, bien sûr qu’elle a raison, je ne vais pas la contredire. Un décolleté est fait pour mettre en valeur une partie bien particulière de notre anatomie, et dire que ça ne me fait pas plaisir qu’elle ait louché dessus serait mentir. Son doigt glisse le long de ma joue, mon cou, ma clavicule et finit sa course en effleurant la naissance de ma poitrine, créant une vague de frissons incontrôlable dans tout mon corps. Mon souffle s’est arrêté un instant et mon coeur a dû rater une série de battement avant de reprendre sa course folle dans ma cage thoracique. Très vite elle reprend contenance et mine de rien, récupère une raviole pour l’enfouir entre ses lèvres sur lesquelles j’ai tendance à garder mes yeux beaucoup trop fixés depuis tout à l’heure. A son tour de me nourrir et je lui souris sans doute un peu trop amoureusement. « Je pense bien à quelque chose, mais je crois que c’est ma dernière chance, il ne faut pas que je me trompe. » Je penche légèrement la tête sur le côté en souriant, espérant au fond de moi qu’elle ne trouve pas, juste pour pouvoir la surprendre, mais contre toute attente, elle réussit à percer le mystère. « L'amour que tu as mis dans ce plat ? » me dit-elle en prenant ma main dans la sienne. Une vague de chaleur m’envahit, mes joues s’empourprent légèrement et je lui souris à nouveau. « Touché, coulé. » Je ris un peu nerveusement et m’approche d’elle doucement, mes lèvres dangereusement proches des siennes. « Je t’ai fait ton dessert préféré, mais c’est pas vraiment ça ta récompense. En attendant, tu devras te contenter de ça. » Je viens glisser une main sur sa joue, doucement et frôle ses lèvres des miennes, les yeux fermés et le souffle court, avant de l’embrasser pour de bon, rompant la barrière que je tentais de garder par peur de flancher totalement dans les méandres de mes sentiments toujours aussi puissants. Rapidement notre baiser se tinte d’un désir mutuel et je m’efforce de couper court pour ne pas céder trop vite à la tentation. « Ne va pas trop vite. » Lui dis-je en murmurant, mes lèvres frôlant les siennes, avant de me reculer en lui souriant. « Laisse le gingembre faire son effet ! » Je ris et reprends ma place en croisant mes jambes sous la table, non sans frôler la jambe de la blonde au passage. « Tu as trouvé tous les ingrédients mais tu m’as pas dit si c’était bon… »

Mon cœur cessa de battre pendant de longues secondes, mes yeux fixés sur ses lèvres en attente qu’elles bougent pour me répondre. Avais-je pris trop de risques en une seule phrase ? Ce n’était que quelques petits mots innocents et je me sentais comme prisonnière au bord d’une falaise, le bout froid d’un revolver enfoncé dans mon dos. « Touché, coulé. » Un soulagement intense me traversa avant d’être effacé par l’envie insoutenable de l’embrasser jusqu’à ne plus respirer. Envie soudainement embrasée lorsque la brune s’approcha de mes lèvres, inconsciente des risques qu’elle prenait. Ses lèvres frôlèrent les miennes à chacun de ses mouvements alors que ses mots n’étaient que provocation. « Je t’ai fait ton dessert préféré, mais c’est pas vraiment ça ta récompense. En attendant, tu devras te contenter de ça. » Je ne fis aucun geste, ceci ne serait qu’une façon de reculer pour mieux sauter. Me menaçant une dernière fois de son regard ardant, elle me fit craquer par la douceur de son baiser. Je ne pus me contenir bien longtemps, je glissai une main sur sa nuque en laissant mon désir parler pour moi. Mon désir de ses lèvres, de son cou, de son corps. Mon désir d’elle tout entière. « Ne va pas trop vite. » Je grognai légèrement de frustration en la sentant se détacher de moi. « Laisse le gingembre faire son effet ! » Je la regardai en plissant suspicieusement les yeux alors qu’elle se replaçait correctement sur sa chaise. Elle n’hésita pas à m’envahir de frissons en venant frôler délicatement sa jambe contre la mienne. Elle avait vraiment besoin du gingembre, sérieusement ?! Si elle continuait ainsi, elle aurait pu mettre un tue-l’amour dans son plat que ça ne m’aurait rien fait. « Tu as trouvé tous les ingrédients mais tu m’as pas dit si c’était bon… » Très bien, si elle voulait jouer à cela, on allait jouer. Que le gingembre vienne faire son effet ! « Ma première réaction ne t’a pas suffit ? » Je me relevai et vins me placer dans son dos. Mes mains l’entourèrent doucement et je me penchai jusqu’à souffler dans son cou. « Ton plat était délicieux, mais rien ne dépassera mon péché mignon… » Je vins alors mordre furtivement son lobe d’oreille, une sensation de chaud se propageant du creux de mon ventre jusqu’aux extrémités de mon corps. Avant qu’elle ne puisse me repousser ou me reprocher mon approche, je m’éloignai d’elle et me dirigeai vers la véranda qui resplendissait sous les rayons du soleil couchant. Je vis alors son jardin pour la première fois et j’en fus bouche bée. « Kenlee ! Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais une piscine ? Tu ne pensais quand même pas que je n’allais pas la voir ?! » Je me tournai avec un regard brillant de malice, mon sourire rieur s’étendant avec bonheur. J’ouvris rapidement la porte vitrée et laissai mes chaussures à l’intérieur avant de courir sur la terrasse. La sensation du bois chauffé par le soleil toute l’après-midi était très agréable sous mes pieds. Mais je ne restai pas assez longtemps dessus pour vraiment en profiter. Je défis la fermeture de ma robe d’une main experte, la laissant glisser le long de mon corps et fis un plongeon parfait dans la piscine. Je remontai avec agilité à la surface de l’eau, mes mains venant rejeter mes cheveux en arrière. Je me rapprochai du bord, les bras posées contre le carrelage et observai Kenlee s’avancer lentement vers moi. Quand elle fut à mon niveau, je tendis une main, caressai son mollet avec douceur. « Tu me rejoins ? Ce serait dommage que je doive insister et que ta robe soit ruinée à cause de ça… » Je relevai la tête pour croiser son regard et me mordis la lèvre inférieure avec l’envie de remonter pour l’aider à se débarrasser de sa magnifique tenue.

Je joue avec ses nerfs, j’en suis bien consciente, mais c’est plus fort que moi, j’ai envie de faire monter l’adrénaline et le désir à son maximum. Les dernières fois que nous nous sommes vues, il a fallu nous retenir parce que nous n’étions pas seules. Ce soir, nous avons la place et le temps pour nous, pour nous retrouver pleinement, et je compte bien en profiter. Le plus naturellement du monde je fais monter la pression, frôlant les lèvres de la blonde sans pour autant l’embrasser, jouant de mes jambes contre les siennes, et je sens que l’effet voulu est encore plus présent que ce que j’aurai pu imaginer. Je lui demande quand même innocemment si elle a aimé mon plat, parce que mis à part me donner la liste des ingrédients, elle n’a pas donné son avis. « Ma première réaction ne t’a pas suffit ? » Elle n’a pas tord. Je souris légèrement et hoche la tête alors qu’elle se lève, venant m’entourer doucement de ses bras. Son souffle dans mon cou me force à fermer les yeux, mon coeur venant de s’accélérer considérablement. « Ton plat était délicieux, mais rien ne dépassera mon péché mignon… » L’impact de ses dents sur le lobe de mon oreille crée une décharge électrique dans tout mon corps, et un souffle s’échappe d’entre mes lèvres, comme s’il allait réussir à contenir tout le désir et la passion qui m’animent depuis que je l’ai retrouvée. Mais avant que je n’ai eu le temps de dire ou faire quoi que ce soit, la blonde s’échappe et je me mords la lèvre inférieure avant de réouvrir les yeux, paralysée par mon désir pour elle. Je tourne alors les yeux dans sa direction alors qu’elle se dirige vers la grande baie vitrée donnant sur le jardin et la piscine. « Kenlee ! Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais une piscine ? Tu ne pensais quand même pas que je n’allais pas la voir ?! » Je ne peux me retenir de rire, on dirait une enfant. « Je sais pas, peut-être parce que je savais que… » pas le temps de terminer que Niamh a déjà ouvert la baie vitrée pour se faufiler à l’extérieur. « … je savais que tu allais plonger sans réfléchir. » Ces derniers mots ne sont que pour moi puisque mon ex compagne est déjà en train de retirer ses chaussures et sa robe pour plonger dans l’eau. Je me lève et sors la rejoindre, assistant à son dos nu et son corps parfait, tout juste habillé d’un sous-vêtement en dentelles, plonger dans l’eau telle une sirène. Je m’approche du bord, les bras croisés avec un rictus au bord des lèvres, lorsqu’elle sort sa tête, basculant sa chevelure dorée en arrière. « Tu avais si chaud que ça ? » Je ris un peu alors qu’elle nage jusqu’au bord où je me trouve, sa main venant caresser ma cheville puis mon mollet. « Tu me rejoins ? Ce serait dommage que je doive insister et que ta robe soit ruinée à cause de ça… » J’arque un sourcil, amusée et taquine, rictus malicieux au coin des lèvres. « C’est une menace ? Vos parents ne vous ont-ils jamais appris qu’un bain après le repas était fortement déconseillé, Melle O’Neill ? » Je sens ses ongles glisser le long de ma peau et je frissonne. « Tu crois que je te vois pas venir ? Tout ça pour me voir déjà quasiment nue. Tu triches. Tu as fait ça tellement vite que j’ai même pas pu apprécier le spectacle. » Je descends de mes échasses et fais glisser la fermeture de ma robe qui se trouve le long de mon flanc, je ne la retire pas pour autant. « Est-ce que tu le mérites au moins ? » Je suis d’humeur joueuse.

A ma réaction vive, on pourrait presque croire que la gamine avais pris le dessus sur la femme charmeuse, mais ce n’était pas vraiment cela qui m’avait poussée à courir plonger dans la piscine. L’eau froide était l’une des rares solutions que j’avais trouvé lorsque Kenlee sortait le grand jeu, je retrouvais instantanément le contrôle de mes envies et parvenais à perturber plus que je n’étais perturbée. Et, dernier détail mais pas des moindres, comment vouliez-vous qu’elle reste insensible à la vue de mon corps quasiment libre de tous vêtements et étincelant de gouttes d’or ? « Tu avais si chaud que ça ? » « On peut dire ça… » Un petit sourire en coin apparu sur mon visage alors que je nageai jusqu’à elle. Je n’attendis pas qu’elle fasse un signe de me rejoindre pour l’inciter dans ce sens. Je n’étais pas du genre à être patiente. Je savais ce que je voulais et si je devais être plus maline qu’elle pour la faire craquer, je n’hésiterais pas une seule seconde. Ce qui ne semblait pas la laisser de marbre, à mon plus grand plaisir. « C’est une menace ? Vos parents ne vous ont-ils jamais appris qu’un bain après le repas était fortement déconseillé, Melle O’Neill ? » « Mes parents m’ont aussi dit que la musique n’était qu’un passe-temps inutile. Dois-je croire tout ce qu’ils ont essayé de m’apprendre Madame ? » Je fis alors une moue innocente, la regardant avec de grands yeux brillants. Je ne cessai pas mes caresses le long de ses jambes, mêlant la douceur de l’eau avec le côté mordant de mes ongles, provoquant des frissons chez elle. « Tu crois que je te vois pas venir ? Tout ça pour me voir déjà quasiment nue. Tu triches. Tu as fait ça tellement vite que j’ai même pas pu apprécier le spectacle. » J’eus un petit rire, mais je ne répondis pas à sa remarque boudeuse. J’appréciai simplement sa confidence sur son plaisir de me déshabiller et d’apprécier une approche moins rapide. Et je ne pouvais que comprendre alors que je l’observai descendre lentement la fermeture de sa robe. « Est-ce que tu le mérites au moins ? » Je mordis de nouveau ma lèvre inférieure. Hésitant juste une seconde, je reposai ma main sur le carrelage et me hissai lentement près d’elle. Je ne cherchai pas à cacher mon corps dévêtu en me rapprochant d’elle. Je levai ma main vers elle et laissai des gouttes d’eau froide tomber sur son épaule avant de rouler sur sa peau. « Si je le mérite ? Je ne sais pas… Qu’en penses-tu ? Ai-je été sage ce soir ? Ai-je été sage un jour ? » Je passai une main dans mes cheveux pour les glisser contre ma clavicule droite, éclaboussant Kenlee au passage. Je penchai ma tête sur le côté en fixant ses lèvres et vins les frôler du bout de mon index. « Maintenant que vous l’avez évoqué, mes parents m’ont toujours dit que j’étais une rebelle insolente. Je crains que je sois irrécupérable. Mieux vaut que je me rhabille avant de vous choquer… » Je m’éloignai lentement d’elle sans me retourner. Arrivée au niveau de ma robe, je me penchai avec provocation vers le sol de la terrasse pour la récupérer et la placer devant ma poitrine encore ruisselante. Je m’avançai de nouveau vers elle, mais je m’arrêtai à quelques pas d’elle cette fois-ci. « Auriez-vous une tenue adéquate à me prêter ? Je ne voudrais pas non plus détruire ma robe, j’y tiens. » Je la relevai légèrement pour mieux la montrer à mon ancienne compagne et ainsi dévoiler la limite de ma poitrine.

Le côté joueur de la situation me plait beaucoup, c’est le ton que j’ai donné au début du repas, et Niamh a plongé dans la brèche tête baissée, tout comme elle a plongé dans l’eau aveuglément sans avoir même pu tester la température au préalable. J’aime le sourire joueur et taquin qu’elle arbore, j’aime son sourire tout court. Alors au lieu de lui donner ce qu’elle veut tout cuit dans le bec, j’essaie de gagner du temps, sans doute qu’au fond, l’appréhension et la peur se mêlent à l’excitation. Et si je n’étais plus à la hauteur de ses attentes ? Et si on avait changé, qu’on n’était plus aussi compatibles qu’on avait pu l’être ? Pour éviter de trop penser, je continue de jouer avec la jeune femme, profitant simplement du son de sa voix et de la lueur dans son regard, desquels je suis tombée raide dingue il y a vingt cinq ans, et desquels je suis encore complètement folle, vu la vitesse à laquelle bat mon coeur actuellement. « Mes parents m’ont aussi dit que la musique n’était qu’un passe-temps inutile. Dois-je croire tout ce qu’ils ont essayé de m’apprendre Madame ? » Je penche un peu la tête sur le côté en la hochant légèrement. « Hm. Ça se discute. ». Ses doigts sur ma jambe me rendent folle mais je tente au mieux de ne pas le lui faire comprendre. Alors après lui avoir dit à quel point j’étais frustrée de la rapidité à laquelle elle était rentrée dans l’eau, je joue à mon tour avec ses nerfs en glissant la fermeture de ma robe, lui demandant si elle le mérite. Après tout, peut-être pas ? Mais c’est avec surprise que la jolie blonde se hisse à l’aide de ses bras hors de l’eau, comme le ferait une mannequin dans une pub Dior. Je ne me rends pas compte être en train de mordre ma lèvre inférieure alors que mon regard coule sur son corps quasiment nu et ruisselant. Heureusement que je ne suis pas cardiaque, quoi que mourir avec cette vision pour dernier soupir est quand même la plus belle mort qui soit. Quasiment dix-huit ans sans voir ce corps merveilleux et j’ai la nette impression qu’elle n’a pas changé. « Si je le mérite ? Je ne sais pas… Qu’en penses-tu ? Ai-je été sage ce soir ? Ai-je été sage un jour ? » Elle me provoque et je suis à deux doigts de tomber dans les pommes face à tant de pression et de désir. Son doigt sur mes lèvres me pousse à fermer les yeux, attentive à chaque battement de mon coeur irrégulier, et à la chaleur qu’elle fait naître en moi. « Maintenant que vous l’avez évoqué, mes parents m’ont toujours dit que j’étais une rebelle insolente. Je crains que je sois irrécupérable. Mieux vaut que je me rhabille avant de vous choquer… » Je réouvre les yeux au moment où son doigt quitte mes lèvres et je la suis du regard jusqu’à ce qu’elle se penche, outrageusement provocante, pour récupérer la robe qu’elle avait fait tomber sur le sol un peu plus tôt. A elle de jouer avec mes nerfs. L’arroseur arrosé comme on dit. « Auriez-vous une tenue adéquate à me prêter ? Je ne voudrais pas non plus détruire ma robe, j’y tiens. » « Le néant vous habille mieux que personne. » J’attrape sa robe pour la jeter sur le transat un peu plus loin et m’approche d’elle avec l’envie dévorante de fondre sur ses lèvres, toucher enfin ce corps nu qui semble m’appeler plus que de raison. Mais au lieu de ça je profite de notre proximité pour laisser ma robe chuter sur le sol, frôlant les lèvres de la blonde en souriant. « Oops. » Un large sourire étire mes lèvres et je me retourne, lui offrant la vue mon dos et ce très beau tanga en dentelles mettant mes fesses en valeur. Une fois au bord de la piscine, je tourne la tête pour la regarder derrière mon épaule, et finis par sauter dans l’eau de la même manière qu’elle un peu plus tôt. Lorsque je remonte à la surface, j’ai tout le loisir de la regarder au loin, son corps frôlant la perfection. Elle n’a plus qu’à me rejoindre maintenant que je suis là.

Mon cœur battait à toute vitesse. Une chaleur intense m’habillait toute entière. Je sentais le regard de Kenlee sur moi alors que je me penchais avec provocation pour ramasser ma robe. Je ne me laissai pas piéger par l’envie de briser toute distance entre nous au moment de me rapprocher d’elle, je voulais sentir le désir monter encore et encore. Je voulais profiter de ce sentiment de passion ravageuse qu’elle faisait renaître en moi. Je voulais prendre mon temps et ressentir chaque frisson qu’elle parvenait à provoquer rien que par sa présence près de moi. « Le néant vous habille mieux que personne. » Elle arracha ma robe pour la jeter loin de moi, enlevant toute barrière de tissu entre mon corps nu et son regard rempli de désir. Je ne bougeai pas en la voyant se rapprocher de moi. Elle était à rien de craquer, elle était à rien de se donner toute entière à moi. La chaleur monta encore d’un cran alors que mes yeux se focalisèrent sur ses lèvres. J’avais envie de les mordre, de les embrasser jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Elles étaient là, juste à quelques millimètres de les miennes. « Oops. » Je sentis un vêtement tomber sur mes pieds et réalisai alors que la brune se révélait à moi. Ses lèvres s’éloignant des miennes ne furent pas responsables des battements ratés de mon cœur. Mordant ma lèvre, mes yeux glissèrent le long de son corps. J’eus à peine le temps d’admirer sa poitrine parfaite qu’elle me présenta son dos finement musclé. Sans que je ne comprenne ce qu’il se passait, elle se dirigea vers la piscine et m’attira de son regard avant de plonger avec élégance. Je restai figée sur place en admirant son corps onduler dans l’eau transparente. Elle finit par refaire surface et je ne pus que sourire en la voyant se tourner vers moi. En prenant tout mon temps, je m’avançai à mon tour vers la piscine. Je ne cherchai pas à plonger directement dedans, préférant faire le tour. Je posai mon pied sur la première marche, appréciant la fraîcheur de l’eau. Je descendis lentement le reste de l’escalier, ne lâchant pas Kenlee du regard. Lorsque le niveau fut trop haut pour que je puisse continuer à marcher, je fis deux, trois mouvements de brasse et ralentis à quelques centimètres d’elle. Mon regard ne cessait de dévier entre ses yeux et ses lèvres, incapable de décider. Je m’avançai encore un peu jusqu’à ce que je puisse poser une main sur sa taille. De façon douce, mais ferme, je la fis glisser jusqu’au bord derrière elle. « Vous savez, une amie me dit souvent que la meilleure façon de résister à une tentation, c’est d’y craquer. Jusqu’à présent, je n’avais encore jamais ressenti une telle envie de craquer, alors peut-être est-ce le moment de vérifier ses paroles. Qu’en pensez-vous ? » Ma paume se décolla de sa taille pour laisser mes doigts parcourir sa peau avec un délice non caché. En essayant de rester au-dessus de la surface, je me rapprochai un peu plus d’elle, sentant son corps se coller au mien. Et mes yeux ne dévièrent plus de ses lèvres, celles-ci m’attirant toujours plus. Je vins caresser la naissance de sa poitrine, mon souffle de plus en plus court. Je remontai ma main jusqu’à pouvoir la glisser dans ses cheveux, mon autre main tenant le bord pour me permettre de garder un certain équilibre. « Je crois que c’est le moment. » Je me penchai alors en avant et l’embrassai avec passion. Notre intention d’aller doucement venait d’exploser complètement alors que je me collai complètement contre elle, ma langue provoquant ses lèvres avant de jouer passionnément avec la sienne. Je ne me séparai d’elle que lorsque je me sentis dangereusement hors de souffle. J’ancrai mon regard dans le sien. « Je suis à toi Kenlee Saunders, aujourd’hui et pour tous les jours à venir. » Je restai quelques secondes perdue dans son regard avant de venir l’embrasser tendrement.

Je ne me suis jamais sentie aussi joueuse qu’à son contact. Le jeu en vaut la chandelle, surtout lorsqu’il s’agit de nous séduire mutuellement. Je lui fais comprendre mon mécontentement de ne pas l’avoir réellement vue nue lorsqu’elle a plongé, et maintenant qu’elle m’en laisse le loisir, je me débarrasse de sa robe pour pouvoir la regarder un peu plus. C’est finalement à mon tour de me déshabiller et seul son regard vient me réchauffer. J’en tremble. Alors pour faire baisser la température de mon corps, je me tourne, lui offre une vue imprenable sur mon dos nu et mes fesses, que je finis par faire disparaître sous l’eau de la piscine. Lorsque je remonte à la surface, j’ai tout le plaisir de la regarder s’avancer, son corps sublime, sa démarche féline, ses courbes divines, j’en perds mon souffle. Doucement elle s’infiltre dans l’eau telle une panthère guettant sa proie et je me retrouve hypnotisée par le spectacle. Elle s’avance, s’approche, mon regard absorbé par les reflets de l’eau dans ses yeux bleus. Enfin sa main se pose à ma taille et le souffle que j’avais retenu trop longtemps s’extirpe de mes lèvres. Doucement, la blonde me pousse jusqu’à ce que mon dos heurte légèrement le bord de la piscine et voilà qu’elle s’approche d’avantage, accélérant considérablement mon rythme cardiaque. « Vous savez, une amie me dit souvent que la meilleure façon de résister à une tentation, c’est d’y craquer. Jusqu’à présent, je n’avais encore jamais ressenti une telle envie de craquer, alors peut-être est-ce le moment de vérifier ses paroles. Qu’en pensez-vous ? » Je reste muette face à l’intonation charmeuse et profonde de sa voix, seul mon regard parle pour moi, j’ai l’impression de me retrouver comme une adolescente, quasiment pétrifiée de désir face à la femme qui hante mes rêves depuis de décennies. Je gémis presque en la sentant frôler ma poitrine et je ferme un instant les yeux, me mordant la lèvre inférieure. Embrasse-moi, pitié Niamh embrasse-moi. « Je crois que c’est le moment. » lâche-t-elle me faisant réouvrir les yeux. Et voilà que ses lèvres viennent enfin chercher les miennes, et je laisse échapper contre ces dernières un souffle de soulagement. Mes mains viennent chercher le toucher de sa peau et déjà notre baiser se fait plus passionné, plus langoureux, et mon coeur semble à deux doigts d’exploser. Ma respiration devient anarchique et alors que mes mains pressent son corps contre le mien comme si la peur de la voir s’éloigner ou s’évaporer me prenait subrepticement aux tripes. Lorsqu’elle rompt notre baiser, je sens immédiatement un manque en moi, j’aurai voulu rester là pour le restant de mes jours. « Je suis à toi Kenlee Saunders, aujourd’hui et pour tous les jours à venir. » Je me perds dans son regard criant de vérité, j’ai presque envie de pleurer tellement je suis heureuse. « Tu m’as tellement manquée. Tellement… » Une de mes mains remonte jusqu’à ses cheveux encore mouillés et terriblement sexy et je retrouve finalement ses lèvres dans un baiser au départ plus tendre mais qui se trouve être finalement tout aussi passionné que le premier. Je viens remonter mes jambes pour les accrocher autour de son bassin et une de mes mains glisse jusqu’à sa poitrine que je viens caresser avec une envie non dissimulée. Et entre deux baisers, les mots mangés par ses lèvres je peine à articuler « J’ai envie de toi Niamh… » Je n’aurai pu le cacher bien longtemps, et si j’ai voulu attendre pour ne pas précipiter les choses, il est désormais trop tard pour faire machine arrière.