promise, I won't laugh at you, or, maybe just a little (hélios)

sierra & hélios

promise, I won't laugh at you, or, maybe just a little

Décroche, décroche, décroche, voilà ce que je ne cessais de répéter, le téléphone collé contre l'oreille, mes mains me servant à gribouiller les feuilles qui me passaient sous les doigts. Quand le répondeur de mon frère s'enclencha pour la quatrième fois en moins d'un quart d'heure, je ne pus m'empêcher de lâcher un grognement. J'espère pour toi que ton excuse pour ne pas me répondre, c'est parce que tu es à l'hôpital, parce que sinon, c'est moi qui vais t'y envoyer, lâchais-je avant de reposer mon téléphone sur mon bureau et de poser mon menton dans le creux de mes mains.
Il était une heure du matin, et j'avais passé toute ma journée à travailler sur mes croquis. Plus j'avançais sur les modèles que je comptais présenter à la marque avec laquelle j'espérais collaborer, et plus je paniquais. Mon délais ne cessait de se raccourcir, tandis que les tâches qu'ils me restaient à accomplir elles, ne faisaient qu'augmenter. J'avais passé la moitié de mon après-midi et le début de ma soirée, à dessiner trois chemisiers, totalement différents, et depuis plus de quarante minutes, je me demandais lequel j'allais choisir pour le présenter. C'était, certes, une raison bien futile pour harceler Hélios de cette manière, mais il était probablement l'une des seules personnes à qui je faisais assez confiance pour m'aider dans mes choix professionnels, même s'ils étaient aussi insignifiants. Or, ce dernier ne répondait pas au téléphone, et, plus énervée et impatiente qu'inquiète, je n'arrivais pas à me concentrer sur autre chose. C'était débile. J'aurais pu passer à un autre modèle, ou en peaufiner certains, ou bien j'aurais pu laisser tomber pour la soirée et me reposer un peu, mais j'en étais incapable. Mon cerveau était en surchauffe, et je devenais presque obsédée par les trois croquis qui se trouvaient sous mes yeux.
Au bout de quelques instants de réflexion, je me redressais brusquement. Tu l'auras voulu, marmonnai-je en me levant de ma chaise. Presque immédiatement, mes jambes me firent un mal de chien. Je n'avais pas quitté le bureau de mon loft de la journée, hormis pour aller aux toilettes et pour m'attraper une salade toute faite dans le frigo, et mon corps ne semblait pas apprécier autant que moi cette inactivité.
Je connaissais assez bien mon frère jumeau, pour savoir où est-ce-qu'il se trouvait à cette heure-ci de la nuit, un vendredi soir. En boîte, évidemment. Il avait toujours été le plus fêtard de nous deux, et, alors que j'avais l'impression qu'il le devenait de plus en plus, moi, je l'étais probablement de moins en moins. Je connaissais son club préféré, parce que c'était celui où il m'entraînait tout le temps, dès qu'il voulait me faire sortir de ma tanière. Si je ne l'y trouvais pas, j'étais probablement assez déterminé pour faire toutes les boîtes de nuit de la ville jusqu'à le traîner par la peau des fesses jusqu'à chez moi.
En attrapant les clefs de ma voiture, je m'aperçus dans le miroir, et il m'en fallut aussi peu pour presque immédiatement les reposer. Avec mes cernes de trois kilomètres de long, mes cheveux remontés en une queue-de-cheval bordélique et mon pyjama, je ne rentrerais probablement dans aucune boîte de nuit.

Trente minutes, une tenue convenable enfilée, une touche d'anti-cerne et de mascara plus tard, je me retrouvais à attendre devant la boîte de nuit que le videur nous fasse rentrer, un groupe de jeunes qui semblaient déjà bien alcoolisés, et moi. Fort heureusement, je n'eus pas à attendre trop longtemps. A peine entrée, j'étais déjà impatiente de trouver Hélios et de me tirer de là. La musique me perçait les tympans tellement le volume était élevé, la chaleur était insoutenable et à peine avais-je pu marcher quelques mètres avant de me faire piétiner. Mon chemin jusqu'au bar fût long et jonché de coups de coude, mais j'espéras bien y apercevoir mon frère. Mais en faisant rapidement le tour de celui-ci, je compris que c'était peine perdue. Il y avait beaucoup trop de monde pour que j'espère le retrouver comme ça.
Alors que je m'étais appuyée contre le bar, pour reprendre mon souffle avant de repartir dans cette jungle, le barman s'approcha de moi et me tendit un verre, qui, a en juger par l'aspect, ressemblait à une vodka tonique. Je fronçais les sourcils, pour lui faire comprendre que je n'avais rien commandé de tel, et celui-ci me montra à quelques mètres de là un homme, ayant probablement la quarantaine, qui ne me quittait pas des yeux. Plutôt gênée, je le remerciais d'un rapide sourire, j'attrapais mon verre, et je m'éclipsais de là.
En voulant retourner à la sortie, je dus longer les podiums sur lesquels des danseuses et des danseurs se trémoussaient, la plupart en petite tenue autour de barre de pôle danse. J'esquivais de justesse un coup de talon à aiguille dans le crâne, et, alors que j'allais me retourner, furibonde en direction de la danseuse maladroite, mon regard fut attiré par le danseur sur le podium d'à côté. Oh merde, dis-je d'une voix blanche en lâchant mon verre, éclaboussant au passage les gens autour de moi, et mon haut. Hélios.

h é l i e r r a

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tu balances quelques affaires propres dans un sac, comme d'habitude. tu passes rapidement dans la salle de bain pour te préparer en quelques minutes seulement. comme tous les soirs, en réalité. habitude qui rythme ton quotidien, du moins pour le moment. tu soupires en passant tes doigts sur ton menton et tes joues, pensant qu'il faudrait réellement que tu prennes le temps de te raser, demain. tu hausses les épaules, te contentant d'attraper tes affaires et ton paquet de clopes. tu en glisses une entre tes lèvres avant même d'être sorti de chez-toi, tu penseras à ta santé demain, sans doute.

moins d'une demi-heure plus tard, t'es en train de te changer pour enfiler un pantalon bien trop serré, mais qui plait, en général. tu ris doucement, ton bras passé autour des épaules d'une danseuse et amie. la musique résonne déjà dans la salle principale et tu ne tardes pas à te mêler aux autres danseurs, alors que tu termines rapidement les genoux sur le bord du podium, laissant une jeune glousser en défaisant la ceinture de ton pantalon, un sourire aguicheur sur les lèvres. c'est en tournant à peine la tête et en relevant que t'as l'impression que le monde s'est arrêtée. putain de merde. sierra. ta sœur. ta jumelle. tu sais pas ce qu'elle fout là, c'est la dernière à sortir en boite. tu détournes le regard, priant pour qu'elle ne t'ai pas remarqué et tu t'éclipses, te fichant bien des quelques protestations. et tant pis si tu te fais défoncer par ton boss ce soir. tu récupères le premier t-shirt qui passe entre tes doigts et tu rejoins rapidement la grande salle.

tu trouves rapidement ta sœur dans la foule et tu enroules tes doigts autour de son poignet pour l'attirer avec toi, en espérant que cette fois, elle t'ai bel et bien vu et ne se débatte pas. terminer au poste pour harcèlement ou attouchement serait la pire chose qui peut arriver. tu sors de la boite et tu en profites pour glisser une cigarette entre tes lèvres, laissant la flemme du briquet hypnotiser ton regard un instant. qu'est-ce que tu fous la ? tu souffles, le regard légèrement froncé. faire comme si tu ne l'avais pas vu depuis le podium est la meilleure solution. et tu espères sincèrement qu'elle ne t'a pas vu danser. t'aurais dû m'appeler. tu souffles, un sourire un peu crispé sur les lèvres.

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Avais-je rêvé ? Pendant une demi-seconde, j'avais été persuadée de voir mon frère torse-nu sur ce podium. J'aurais pu croire que, bien trop alcoolisé, il serait monté là-dessus pour s'amuser mais ces podiums là étaient réservés aux employés de la boîte. Aux professionnels. Pourtant, il avait suffit que je cligne des yeux pour qu'il ait disparu. Peut-être avais-je vu ce que je voulais seulement voir ? Mouais.
En attendant, je me retrouvais trempée parce que j'avais laissé tombé mon verre sous le coup de la surprise. Heureusement que je ne l'avais pas payé, soufflai-je avant de me diriger vers les toilettes. Je dus attendre cinq minutes avant de pouvoir rentrer dans la pièce, tant la queue de jeunes femmes complètement torchées, à deux doigts de vomir était longue. Quand j'avais enfin pu atteindre la pièce principale, je me retrouvais seule avec une grande métisse aux magnifiques cheveux bouclés, en train de se remaquiller. En me voyant attraper un peu de papier toilette et m'essuyer les jambes - dénudées parce que j'avais mis un short - avec, elle haussa un sourcil dans le miroir. Quoi ? Un débile m'a renversé un verre dessus, je me suis pas pissé dessus, dis-je d'un ton un peu trop agressif. Bien sûr, j'omis de préciser que la débile en question, c'était moi. L'inconnue ne me répondit pas, et quitta la pièce une fois remaquillée.
Quand mes jambes furent sèches, je sortis des toilettes, pour rejoindre la salle principale. J'eus à peine le temps d'y entrer que des doigts se refermèrent autour de mes poignets. Je poussais un petit cri de surprise, et je m'apprêtais à me débattre, quand j'aperçus la silhouette d'Hélios. C'est pas trop tôt. Celui-ci me traîna jusqu'à l'extérieur de la boîte, et ne me lâcha que quand nous fûmes enfin au calme. L'air frais me fit du bien, surtout avec le bordel qu'on pouvait trouver à l'intérieur. Ici, pas de vacarme à en perdre les tympans, pas de foules pour te marcher sur les pieds, et pas d'idiots pour te reluquer de haut-en-bas sans aucune discrétion. Du moins pas pour le moment. Qu'est-ce que tu fous la ? me demanda-t-il en s'allumant une cigarette. En le voyant faire, je fis une grimace. Je n'étais pourtant pas chiante en ce qui concernait le tabac. Tout le monde faisait ce qu'il voulait. Mais pas mon frère jumeau. Je fais le tapin, ça se voit pas ? répondis-je ironiquement. A ton avis ? Je te cherchais idiot. Hélios, il me connaissait par cœur. Il savait que je n'étais absolument pas du genre à sortir en boîte de nuit. Ce n'était vraiment pas mon truc. Si j'avais pu éviter de venir ici, je l'aurais fait par tous les moyens. Mais bon, je l'avais fait pour lui. T'aurais dû m'appeler, souffla-t-il. Quel culot. Je sentais qu'il n'était pas à l'aise. Quelque chose clochait. Je l'aurais surpris à poil qu'il aurait été moins gêné. A moins que ... Je n'avais pas rêvé ? C'est ce que j'ai fais, j'ai répondu en haussant les épaules, comme si j'étais irritée. A peu près trente sept fois, je crois. J'avais fais exprès de répondre un peu froidement, et de froncer un peu les sourcils, comme si je lui en voulais pour de vrai de ne pas m'avoir répondu. Pendant quelques instants, nous restâmes silencieux, et je m'adossais au même mur que lui, son bras frôlant le mien. Sinon, strip-teaseur ça gagne bien ? demandai-je subitement en pouffant.Je me le suis toujours demandé. Ou bien on appelle ça gogo danseur ? En même temps que j'avais parlé, retenant un fou rire, j'avais donné une pichenette dans sa cigarette à moitié consommé qui s'envola à quelques mètres de là.

h é l i e r r a

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cette ambiance t'étouffe subitement, alors que tu penses avoir remarqué ta sœur dans la foule. t'as besoin de sortir. de lui parler. t'as besoin d'une clope aussi, pourquoi pas d'un verre, si l'occasion se présente. tu récupères des fringues, tu trouves rapidement ta jumelle et tu l'entraînes dehors avec toi. elle te reconnaît rapidement et se laisse faire - tant mieux. aussi tôt l'air frais frappant ton visage, tu sors une cigarette de ton paquet et tu l'allumes sans attendre. t'es étonné de voir ta sœur ici, c'est pas son genre, et tu ne manques pas de lui demander pourquoi elle est la. je fais le tapin, ça se voit pas ? à ton avis ? je te cherchais idiot. tu hausses vaguement les épaules. évidemment qu'elle te cherchait, qu'est ce qu'elle pourrait faire d'autre. tu fermes les yeux, tu te mords la lèvre et tu t'adosses contre le mur de la boite de nuit. t'aurais dû m'appeler. tu souffles en tirant sur ta cigarette, sans penser au fait qu'elle l'a sans doute fait à plusieurs reprises et que tu dois avoir une trentaine de messages en attentes sur ton téléphone. c'est ce que j'ai fais, à peu près trente sept fois, je crois. bingo. tu te mords la lèvre, restant silencieux, te contentant d'observer ta cigarette se consumer lentement. parfois avec sierra y'a juste pas besoin de parler. sinon, strip-teaseur ça gagne bien ? je me le suis toujours demandé. ou bien on appelle ça gogo danseur ? tout en parlant, ta sœur en profite pour donner un léger coup dans ta cigarette, qui ne manque pas de tomber dans une petite flaque d'eau. tu relèves la tête, la fusillant du regard. putain tu sais combien ça coute un paquet ?! tu souffles. tu râles. tu t'énerves pour rien. ça t'énerve. tu passes une main sur ton visage, te mordant la lèvre presque au sang. tu sais très bien comment je vis sierra. t'as pas b'soin de poser ce genre de questions. tu marmonnes faiblement. puis ça dépend des soirs. tu rajoutes en jouant avec tes mèches. bordel. tant pis. tu sors une deuxième cigarette et tu te tournes vers ta frangine. fallait pas faire tomber la première. j'te jure que si celle-là termine par terre tu me payes un paquet. tu souffles en l'allumant, tirant rapidement dessus. t'as besoin de te calmer. le dit pas aux parents. tu souffles simplement, les lèvres pincées.

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Je voyais bien qu'il était tendu. Cela me paraissait être une évidence. J'étais persuadée que même un inconnu l'aurait remarqué. Alors moi, sa propre sœur, jumelle qui plus est, je ne pouvais pas le louper. Je m'étais toujours demandé si ce lien que nous avions, tous les autres jumeaux du monde l'avaient aussi. Des fois, nous n'avions pas besoin de parler pour communiquer. Même quand nous n'avions pas besoin de communiquer, les silences n'étaient pas gênants. Je suppose que c'est la même chose dans toutes les familles.
Ma petite blague sur les strip-teaseurs, et le fait que je fasse tomber sa cigarette par terre me confirmèrent bel et bien qu'il était nerveux. Presque en colère. Étrangement, ce n'était pas mon cas à moi. J'étais partagée entre le rire, et l'incompréhension, mais certainement pas la colère. Bon, d'accord, j'étais peut-être un peu vexée qu'il ne m'en ait même pas parlé.
Il ne releva pas de suite ma remarque, se contentant de râler pour sa clope. T'as raison, pensais-je, fais donc comme si tu n'avais rien entendu.  Putain tu sais combien ça coute un paquet ?! râla-t-il. Non, et si tu veux tout savoir, ça m'est égal, rétorquais-je en croisant les bras sur ma poitrine. C'était vrai. Je ne supportais pas qu'il fume, devant moi en particulier. Je trouvais ça nul, et je le lui rappelais à peu près quatorze fois par jour. Il pouvait bien se plaindre autant qu'il le voulait, ça m'était égal.
Au bout d'un certain moment, il daigna enfin me parler, et pas du prix des clopes. De ce que j'avais vu ce soir. Tu sais très bien comment je vis sierra. t'as pas b'soin de poser ce genre de questions. Mes sourcils se haussèrent presque automatiquement. Essaie pas de minimiser la chose avec moi, je suis pas maman. Je te trouve chanceux que je le prenne à la rigolade, sinon, je t'aurais déjà incendié, ai-je répondu agacée. En plus, il y a une différence entre danser et être fêtard, et être strip-teaseur, donc apparemment, non, je ne sais pas tout. J'avouais avoir répondu un peu sèchement, mais c'était la partie de moi vexée par ces cachotteries qui s'était exprimée.
Hélios sortit une nouvelle cigarette de son paquet, en me prévenant de ne pas la toucher sinon je devrais la lui repayer, et je me contentai de le fusiller du regard en l'observant faire. Si tu veux, je donnerais des billets à des beaux garçons et je leur dirais de te les mettre dans le caleçon, déclarai-je avec un sourire en coin, voulant détendre l'atmosphère. Bien que j'étais tentée de dégager cette cigarette-là aussi, je m'abstins. A la place, je m'étais contentée de le fixer, espérant qu'il voit dans mon regard noir ce que j'en pensais.  Le dit pas aux parents, souffla-t-il un peu soudainement. Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu'il ne parlait pas des cigarettes. Parce que c'est mon genre de faire ça ? demandais-je les sourcils froncés, à moitié vexée.

h é l i e r r a

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compliqué. c'est le mot parfait pour décrire ta situation du moment. rupture, sourires de façade, rires qui sonnent faux, tristesses dans le cœur. et pourtant tu continues, tu fais comme si tout allait bien, tu t'aveugles. c'est pas la bonne manière d'agir. tu continues de penser que tu vas réussir à cacher tout ça. mais non. bien sûr que non. et c'est sans doute ton karma qui joue quand tu te trouves face à ta sœur jumelle. tu ne confirmes pas ses propos, tu râles quand elle fait tomber ta clope, ça a le don de t'irriter un peu plus, de te rendre plus nerveux. elle sait que ça coûte la peau du cul un paquet de clope ? non, et si tu veux tout savoir, ça m'est égal. tu soupires, tu sais bien qu'elle n'aime pas cette habitude. elle n'aime pas que tu fumes, encore moins quand vous êtes tous les deux. mais tu peux pas t'en empêcher. pas ce soir. pas maintenant. pas en ce moment. tu retiens un soupir, tu te mords la lèvre, tu secoues la tête. essaie pas de minimiser la chose avec moi, je suis pas maman. je te trouve chanceux que je le prenne à la rigolade, sinon, je t'aurais déjà incendié. en plus, il y a une différence entre danser et être fêtard, et être strip-teaseur, donc apparemment, non, je ne sais pas tout. tu grognes presque, tu lèves les yeux au ciel, tu hausses les épaules en te rallumant une nouvelle cigarette. fallait pas faire tomber la première. je parlais de l'argent sierra. je me permettrais pas de vivre comme je le fais si je gagnais pas assez pour assumer.tu marmonnes simplement. tu arques un sourcil face au regard noir de ta jumelle. la clope. évidemment. un jour j'arrêterais. tu soupires simplement. c'est compliqué en ce moment. mais j'avais diminué, avant. compliqué. évidemment que ça l'est. putain de vie. tu portes le tube de goudron à tes lèvres et tu tires longuement dessus, soupirant en sentant la fumée s'infiltrer dans tes poumons. tu laisses ton crâne taper contre le mur de pierre dans ton dos, tes yeux fermés, tu essayes d'organiser tes pensées. si tu veux, je donnerais des billets à des beaux garçons et je leur dirais de te les mettre dans le caleçon. tu ne peux t'empêcher de laisser un sourire se dessiner sur le coin de tes lèvres, secouant la tête, un rictus coincé sur le visage. t'es con. tu pouffes en redressant la tête et en rouvrant les yeux. tu termines rapidement ta cigarette que tu écrases dans le cendrier. le silence reprend place entre vous. puis tu lui demandes de ne pas en parler à vos parents. pas sûr que ça passe aussi bien que ta bisexualité. parce que c'est mon genre de faire ça ? tu te mords la lèvre. évidemment que non. c'était histoire de faire genre 'stp ma sœur chérie ne dit rien.' tu souffles en passant une main dans tes cheveux. c'est temporaire. tu tentes de te justifier piètrement. tu te mords la lèvre. tu observes le sol, détaillant les nombreux mégots qui s'y trouvent, échoués dans les quelques flaques survivantes de la dernière averse. tu vas vraiment le prendre aussi bien ? tu te mords la lèvre. si les situations étaient échangées, tu aurais déjà tourné de l'oeil d'imaginer ta sœur dans cette position.