Je voulais juste la paix (elliott)

Il était encore relativement tôt, ma montre affiche 09:07. Aujourd'hui j'avais décidé d'aller trainer sur la plage histoire de croquer un peu le paysage pour le peindre plus tard. Il n'y avait pas grand monde, en même nous sommes en pleins mois de novembre, les gens normaux étaient soit au boulot ou dans leurs lits... Le froid me mordait les joues, à présent mon nez était tout rouge, rien de plus sexy. A cet instant précis je me détestais de ne pas dire la vérité, ça faisait un mois que je ne me rendais plus en cours, que j'avais pris mon courage à deux mains pour quitter cet enseignement qui ne me convenait plus, et qui ne m'avait jamais convenu... Je n'étais pas faite pour l'école, j'avais une âme d'artiste. J'étais plus intéressée par la manière de m'exprimer à travers mes dessins plutôt que d'apprendre la communication. Mais j'avais fais des efforts, je m'étais engagée dans une voie respectable qui aurait pu rendre mon père fier de moi, mais au bout d'un mois j'étais déjà complètement dépassée par les cours et les travaux à rendre, je n'y comprenais rien et en plus je n'aimais absolument pas ça. « Putain ! » A cet instant précis le vent décida de me rappeler mon sort, une longue bourrasque me glace jusqu'au sang en plus de faire envoler les quelques feuilles que j'avais sorties. Je me lève, déprimée, avec l'intention d'aller les chercher tout en rouspétant « Qu'elle idée d'aller sur la plage, j'aurais pas pu rester dans mon lit tiens...» Je me baisse et ramasses mes quelques feuilles  « Ben non Aline voyons, c'est tellement plus drôle de mentir et de faire croire à tout le monde que tu es à l'école » Je me prends la tête avec moi même comme j'ai souvent l'habitude de faire. Des fois je me demande si mes parents ne m'ont pas bercé trop près du mur lorsque je commence une conversation sans queue ni tête avec moi même. Je reprends ma place initiale et sors mon Thermos de thé de mon sac pour me réchauffer, je contemple le paysage et me perds dans mes pensées... Nous sommes au printemps, mais pourtant certains jours le froid était bien présent, surtout ce matin à cause du vent. Et j'avoue être une personne frileuse, ayant toujours froid je suis toujours la première à sortir le manteau d'hiver et la dernière à le ranger. Depuis un mois je fais en sorte d'être souvent à l'abri du temps, mais avec l'été qui pointe doucement le bout de son nez je vais enfin pouvoir me mettre à explorer les alentours avec un crayon à la main et mon appareil photo. J'ai déjà eu quelques idées d'endroit à visiter, même si théoriquement je les connais déjà étant donné que j'habite ici depuis toujours, mais j'ai décidé que cette année serait synonyme de renouveau et surtout d'inspiration. Je compte sur le temps que j'ai devant moi pour me perfectionner et surtout apprendre de nouvelles techniques. A cette pensée, un petit sourire nait sur mes lèvres.

Le retour à la maison n’a pas été facile, j’étais loin de me douter que j’allais découvrir en rentrant que la meilleure amie de mon frère, celle que je prend responsable de la chute au enfer et de la mort de celui-ci était revenue à la maison. Je ne sais pas quelle idée ont eu nos parents quand ils se sont mariés ensembles il y a quelques années déjà, alors qu’ils savaient qu’on se détestait toutes les deux. C’était quoi leur but au juste ? Faire un meurtre dans la famille ? Visiblement oui, et j’en ai encore la preuve aujourd’hui. Nous devons partager la même chambre, le même lit, heureusement pas la même douche. Ça fait quelques semaines que je suis de retour à la maison, et autant dire que j’ai souvent besoin de prendre l’air pour m’aérer l’esprit, et ne pas avoir des envies de meurtre concernant la saloperie qui me sert de demi-soeur. Les yeux sur l’écran de la télévision, j’entends la porte de ma chambre se refermer, et je relève les yeux vers la concernée. Surprise. « Putain tu peux pas toquer avant d’entrer ?! » J’éteins la télévision, et la bouscule un peu en sortant de ma chambre. J’ai pas envie de voir sa gueule, elle va encore me rendre dingue et le pire dans tout ça c’est que ça l’amuse. Je referme la porte de ma chambre derrière moi, et attrape mon sac à main, jette mon paquet de cigarettes légales à l’intérieur, mon briquet, et enfile mes baskets. J’attrape un immense sweat, ouais, il fait encore frais en cette fin de printemps par ici et j’ai pas envie de choper un truc bizarre qui m’obligerait à rester au lit. J’hurle à ma belle mère que je pars prendre un peu l’air, et je l’entendrais presque me dire de ne pas trop boire. Elle me prend pour une alcoolique ou quoi ? Je claque la porte derrière moi, et sors une cigarette en m’échappant de la propriété, pour rejoindre la plage. Quand j’arrive sur le sable, je ferme un peu les yeux pour prendre un grand coup ma respiration, respirant l’oxygène iodée à plein nez, profitant de l’odeur et du bruit des vagues qui claquent entre elles. Le vent est léger, mais suffisamment puissant pour éteindre ma cigarette qui se consumait seule au bout de mes doigts. Quand j’ouvre les yeux, je ne tarde pas à croiser son regard angélique, de poupée. Cette gamine, ça fait déjà plusieurs fois que je la croise dans les environs, et ça ne m’annonce rien de bon. Je me pose sur un rocher, au loin, elle semble s’énerver et parler toute seule. Elle pourrait faire peur à un môme à se parler comme ça, vraiment, ça fait flipper. Je la regarde ramasser ses feuilles de papiers volantes, et sortir un Thermos de son sac. Enfin, au loin, on dirait plutôt une bouteille d’eau de vie, et elle passe carrément pour une alcoolique. Je continue de l’observer un petit moment, et finalement, je bondis hors de mon rocher pour m’approcher d’elle. Elle a pas l’air clean cette gamine, j’y mettrais ma main à couper. Je m’approche doucement, pour ne pas la brusquer, et elle relève la tête vers moi. Je lui adresse un léger sourire, avant de froncer les sourcils. « Tout va bien ? » Je m’assois en tailleur à côté d’elle, et regarde un peu ses feuilles de papiers, n’arrivant pas à capter son regard pour vérifier si ses pupilles sont en mode normale ou non. « Tu sais c’est des conneries tout ça. Ça sert à rien, ça t’engendrera que des conneries. » Je baisse un peu la tête. Je sais de quoi je parle, j’ai perdu mon frère à cause de la drogue, enfin pas que, et j’ai failli me perdre moi même. Je regarde la gamine en soupirant, j’espère qu’elle réussira à m’entendre un peu, et à se calmer sur sa prise de je ne sais quoi. Si elle prend quelque chose, évidemment. Mais ça, je n’en ai aucun doute.

Je promène mon regard le long de la plage, et je découvre une silhouette un peu plus loin. A bonne distance même. Tant mieux, j'ai pas envie qu'on vienne me parler. Puis sur cette réflexion je me perds dans mes pensées... Jusqu'au moment où une voix m'en sort. « Tout va bien ? » Je sens cette même voix s'asseoir à côté de moi, pourtant je n'ai toujours pas relevé la tête. Je retiens de justesse un soupir. Pourquoi faut-il que quelqu'un vienne m'aborder. J'en ai de la chance aujourd'hui. C'est toujours quand on veut être seul qu'on se retrouve avec plein de gens à qui faut faire du social. Je tourne doucement la tête et découvre une jeune fille à peine plus âgée que moi. Et surtout c'est la silhouette du rocher. Moi qui pensait être seule, loupé. Elle me sourit doucement, dans ses yeux on peut lire toute la gentillesse qui l'entoure. D'un coup je me sens presque mal d'avoir eu quelques pensées peu sympathiques envers elle, je gigote un peu, et triture mes doigts entre eux, signe du malaise que je ressens. « Tu sais c’est des conneries tout ça. Ça sert à rien, ça t’engendrera que des conneries. » Euh pardon ? Elle débloque complètement celle la. Je fronce les sourcils et remarque qu'elle fixe mes yeux avec insistance. Je suis perdue, je ne comprends rien. Déjà que c'est relativement tôt, si en plus faut que je réfléchisse on n'est pas sorti de l'auberge...  « Euh salut... » Méfiante, je serre mes doigts autour de mon thermos avant d'en prendre une longue gorgée.  « Ouai, ça peut aller… » Je me retiens de lui demander ce qu'elle a bu ce matin avant d'ajouter  « On se connait ou pas...? »  En tout cas son visage ne me dit rien, ou alors j'ai peut-être du la croiser en soirée. Je ne sais pas. Et franchement elle commence sérieusement à me faire flipper avec son insistance. Je n'ai rien fait de mal, j'étais juste en train de boire mon thé tranquillement, peut-être qu'elle en veut qui sait. J’en profite pour la regarder un peu plus longuement, elle a vraiment l’air d’être sortie du lit il y à peu de temps, avec son bas de jogging et son gros pull. Elle fait jeune et surtout fragile. Elle soupire, je ne comprends toujours pas pourquoi. Elle m’intrigue, elle a l’air d’être préoccupée. Et pas le genre de préoccupation qu’on les gens de notre âge comme a quelle future soirée allons-nous aller, ou les derniers groupes à la mode à aller voir. Non, on sent tout de suite chez elle une sorte de maturité et d’inquiétude. En temps normal je ne suis pas vraiment intéressée par ce genre de personne mais je ne sais pas, chez elle quelque chose m’attire, et me dit de rester là.  

J’ai pour habitude de me promener régulièrement dans le quartier et sur la plage depuis que je suis rentrée de désintoxication. Ça me permet de prendre l’air et de m’éloigner du conflit avec Knox, et surtout, j’ai l’impression de redécouvrir le quartier. En deux ans de dépendance, j’en ai loupé des choses, et j’ai comme l’impression que la blonde qui se trouve également sur la plage est en train de sombrer dans la même connerie que moi. Ne me demandez pas pourquoi, je sens ces choses là, et mon intuition est souvent la bonne. A l’observer et la croiser depuis plusieurs jours, elle commence à me faire sérieusement peur, et je ne peux pas la laisser se détruire sans rien faire. Elle parle seule, elle semble boire de l’alcool dans sa thermos. Je m’approche d’elle discrètement, et termine par m’asseoir à ses côtés en lui demandant si tout va bien. Je ne la connais pas, et elle ne me connait pas non plus mais je ne tarde pas à lui faire un semblant de morale, mais elle ne semble pas comprendre. « Euh salut... » Ses doigts se resserrent autour de son beuvrage, et je la regarde boire en fronçant les sourcils. « Ouai, ça peut aller… » Je plisse un peu les yeux, elle a bu, j’en suis sûre maintenant. Quoi que la fumée qui s’échappe de son thermos semble en dire autrement, mais elle serait capable de faire chauffer son alcool, au point où on en est. « On se connait ou pas…? » Je me mord la lèvre, et je retire mes yeux des siens pour éviter de la faire encore plus flipper. Je dois avoir une sale tête en plus, je l’avoue, mais faut pas trop m’en demander pendant mes balades matinales. « Non, on ne se connait pas. » Ok, Elliott, tu vas lui faire peur et elle va pisser dans sa culotte… Je fixe son gobelet, mais reste silencieuse quelques minutes, hésitante. Dois-je lui demander carrément ce qu’elle a à l’intérieur ? Ou bien le juger par moi même en y goûtant ? Je n’en sais rien, je ne sais même pas pourquoi je veux l’aider. Sans doute que j’ai l’impression de m’avoir en face. Elle doit avoir je ne sais pas, dix-huit ou dix-neuf piges, elle est à peine majeure en tout cas. « Boire ça n’arrange pas les soucis. C’est de l’alcool ? » Je la regarde, intriguée. Même si elle me répond négativement, je reste sur mes suppositions. Elle va forcément nier, moi aussi je niais au début et même à la fin, je n’ai jamais avoué que je me droguais avec Sony. Je n’hésitais pas à dire que mon frère le faisait, mais en ce qui me concerne, le déni était bien trop présent. Les preuves physiques, les marques de seringues sur mes bras témoignaient d’une autre vérité que j’ai enfin réussi à accepter. La mort de mon frère jumeau y a été pour quelque chose, malheureusement mais c’est comme ça. « Ça fait longtemps ? » Je penche la tête, elle n’a pas l’air de comprendre, c’est normal. « Tu sais je ne vais pas te juger. Moi aussi j’ai été dans ton cas, pas plus tard qu’il y a quelques mois. » Je me mord la lèvre.

La conversation commence à prendre un tour étrange. D'abord elle s'incruste entre mes pensées et moi, et puis d'un coup elle m'accuse de "faire des conneries" sans aucune raison apparente, attendez c'est mon contenant qu'elle fixe ? C'est un thermos ça ce voit quand même, à part du thé ou du café rien d'autre me viendrait à l'esprit pour le remplir. Surtout à neuf heure du matin dans le froid. Certes l'alcool réchauffe mais un thé aussi. Je tourne la tête pour la regarder et elle m'observe, je peux voir dans ses prunelles que quinze milles idées défilent. A propos de quoi ? Je l'ignore, mais elle a l'air sacrément préoccupée par l'intérieur de mon thermos puisqu'elle ne cesse de le fixer. « Non, on ne se connait pas. » Pour le coup je redeviens instantanément méfiante, si on ne se connait pas pourquoi elle vient m'aborder, surtout si c'est pour jouer à une sorte de marraine la bonne fée, je n'ai pas besoin de ça. J'ai déjà mes frères sur mon dos pour jouer à ça... « Boire ça n’arrange pas les soucis. C’est de l’alcool ? » Mes pensées se confirment, elle pense réellement que je bois de l'alcool à 9h du matin, seule, dans le froid, alors que tous les jeunes de mon âge sont actuellement en cours. J'éclate de rire, je ne sais pas pourquoi directement elle pense à ça mais en tout cas ça a l'air de la faire flipper. Je secoue la main pour signifier de laisser tomber, mais avant que je puisse ajouter que c'est seulement du thé, elle se remet à parler et enchainer sans me laisser dire quoi que ce soit. « Ça fait longtemps ? » Elle reste persuadée que c'est de l'alcool et je n'arrive pas à placer un mot pour le lui démontrer « Tu sais je ne vais pas te juger. Moi aussi j’ai été dans ton cas, pas plus tard qu’il y a quelques mois. » Merde. Je bloque, alors ça je ne m'y attendait pas. Je fronce les sourcils, je ne sais pas quoi lui dire, en même temps ça ma prise au dépourvu. C'est pas tous les jours que je me fais accoster dans la rue par une nana à peine plus âgée que moi, qui m'accuse de boire de l'alcool à neuf heure du matin, et qui ensuite se livre sur son passé d'alcoolique. En effet, c'est pas ordinaire comme rencontre. Je reste silencieuse quelques minutes avant d'enfin ouvrir la bouche, la sentant sous pression en attendant ma réponse. « Tu fais fausse route... » Je lui adresse un petit sourire tout en agitant mon thermos sous son nez. « C'est juste du thé » mon sourire devient malicieux histoire d'essayer de détendre l'atmosphère tendu. « Caramel si tu veux tout savoir » Je bois une petite gorgée puis je me remets à la regarder, va bien falloir que je lui dise quelque chose en rapport avec ses aveux... Merde, je ne suis pas douée avec les mots. Je suis plus une personne franche qui dit tout ce qui lui passe par la tête sans réfléchir. C'est pas mon genre de trouver des mots. « Euh... Je suis désolée ? Mais je n'ai aucun soucis avec l'alcool toussa... » Je hausse les épaules, je cherche des mots qui ne viennent pas. Je me contente de lui adresser un léger sourire pour combler le silence.

Je ne sais pas comment m’y prendre avec la jeune blonde pour lui faire comprendre que je m’inquiète pour elle. Elle boit, et elle a l’air d’être sous l’emprise de la drogue également. On ne parle pas tout seul quand on est un minimum normal, en public du moins mais elle, ça n’a pas l’air de la déranger plus que ça. J’opte pour la douceur de mes mots, pour la rassurer et éviter qu’elle ne me prenne trop pour une folle. Quand je lui demande si ce qu’elle a dans sa thermos est de l’alcool, je connais déjà la réponse. Je veux simplement voir si elle veut nier, ou si elle le reconnait. Elle ne tarde pas à exploser de rire, et je me mord la lèvre en fronçant les sourcils en la regardant faire. Ok, c’est encore pire que ce que je craignais, et je ne tarde pas à reprendre la parole en lui demandant si ça fait longtemps qu’elle boit comme ça, mais aussi qu’elle fume, se drogue. Ça se voit, mais je ne précise pas le fond de ma question, ça me parait tellement évident. Clairement, il est neuf heures du mat, et si elle boit déjà à cette heure-ci c’est quand même plutôt inquiétant quand on y pense. Elle va certainement nier, alors je parle à nouveau pour la rassurer, que je ne vais pas la juger et que j’ai été dans son cas il y a quelques mois. Pour la drogue, mais j’ai l’impression qu’elle ne prend pas ce que je viens de lui dire pour quelque chose de sérieux et je soupire légèrement. Ou alors elle n’a pas compris… parce qu’elle a trop bu et qu’elle est déjà en gueule de bois ? « Tu fais fausse route… » Je fronce les sourcils, et elle sourit en agitant son thermos. Un peu trop fort entre nous, si ça explose, je m’en reçois plein la figure et ça serait affreux pour mes cheveux fraichement lavés. « C’est juste du thé. » J’hausse un sourcil, et secoue la tête. Non, c’est pas possible. Ou alors elle met de l’alcool dans son thé… on met bien du whisky avec le coca, alors pourquoi pas de la tequila ou de la vodka avec son thé hein ? « Caramel si tu veux tout savoir. » Je la regarde boire une nouvelle gorgée de son ‘thé caramel’ et secoue vivement la tête. « Non c’est pas possible. » Bon, soit elle nie vraiment jusqu’au bout et me prend pour une idiote, ou soit je me trompe sur toute la ligne. Mais merde, mon intuition est plutôt bonne d’habitude, là, je ne comprend vraiment pas ! « Euh... Je suis désolée ? Mais je n'ai aucun soucis avec l'alcool toussa... » Je la regarde un peu, et baisse les yeux, légèrement honteuse. Ok, en fait, c’est moi qui me trompe et maintenant je ne sais même plus où me mettre. C’est quoi mon problème au juste ? Enfin soit, elle ne boit pas mais pour la drogue j’en suis certaine. Ou alors cette fille est carrément bizarre. « Tu sais je t’ai observé tout à l’heure, quelqu’un de normal ne parle pas tout seul… » Je la regarde mes yeux dans les siens. « Je sais reconnaître quelqu’un qui prend des choses pas très licites… peut-être que je me trompe sur ta boisson, mais sur ça, je ne pense pas. » Je relève les yeux vers elle et lui souris légèrement pour la rassurer et essayer de la mettre en confiance. « Je me trompe ? » Si c’est le cas, c’est carrément, mais alors vraiment, une catastrophe.

La jeune fille me répond que ce n'est pas possible, pas possible de boire du thé à neuf heure du mat’ ? Mouai, c'est elle qui a sacrément du se bourrer la gueule hier, peut-être qu'elle a fait une rechute. En tout cas ce qui n’est pas possible c'est d'être tranquille cinq minutes dans cette foutue ville. J'aurais mieux fait de pas rire après ses accusations, maintenant elle me regarde encore plus mal, bientôt elle va sortir un chapelet de son pull et le tendre vers moi pour me laver de mes péchés. Merde, je me suis fait rire toute seule. Elle va encore plus me prendre pour une alcoolique droguée. D'ailleurs pourquoi tout le monde pense que les deux vont ensemble ? On peut très bien boire sans pour autant de droguer. En soirée je sais parfaitement distinguer les deux, et jamais, oh grand jamais, je n'ai touché à ça. Même en étant complètement morte j'ai toujours su que je ne voulais pas y toucher. C'est une limite à ne pas franchir pour moi, j'ai vu des gens détruire par ça, certes ils n'étaient pas forcément proche de moi, et même parfois je ne les connaissais pas car je les croise seulement en soirée, mais être dépendante de ça me fait flipper, mais genre vraiment. Et pourtant je n'ai pas ce problème avec l'alcool, car j'en bois seulement en soirée, même si elles sont régulières, c'est différent. « Tu sais je t’ai observé tout à l’heure, quelqu’un de normal ne parle pas tout seul… » Je fronce les sourcils pour réfléchir, de quoi parle-t-elle ? Puis ça me revient, lorsque mes feuilles se sont envolées et que j'ai commencé à râler sur elles. Chose habituelle pour moi, mais qui a l'air de l'inquiété. Elle commence sérieusement à me pomper l'air, jusqu'à preuve du contraire c'est pas ma mère et elle ne me laisse pas en placer une, et lorsque j'arrive à le faire c'est pour mieux m'enfoncer. « Je sais reconnaître quelqu’un qui prend des choses pas très licites… peut-être que je me trompe sur ta boisson, mais sur ça, je ne pense pas. » Eh merde, son radar à drogue foire. J'espère pour elle qu'elle n'agresse pas tout le temps des gens comme ça dans la rue. Je réagis bien, mais ça ne doit pas être le cas de tout le monde, un jour elle risque de tomber sur un gringalet qui risque de pas apprécier ses accusations et son obstination pour découvrir la vérité. Elle me sourit, ça n'annonce rien de bon, puis elle ouvre la bouche « Je me trompe ? » Je souffle un grand coup avant de lui fourrer mon thermos dans les mains sans lui demander son autorisation. Elle a qu'à essayer pour voir que ce n'est pas ça. « Boit ! » Je me montre autoritaire, faut bien qu'elle comprenne. « Et en passant, OUI tu te trompes. » J'essaye de me calmer pour qu’elle ne pense pas que mon soudain changement de ton ne soit en rapport avec un manque quelconque, on sait jamais avec elle. J'attends qu'elle goute enfin mon thé pour prouver mon innocence avant d'enchainer, comme elle a fait tout à l'heure dans le but de ne pas la laisser ouvrir la bouche « Je ne bois pas à neuf heure du matin, seule, et je ne me drogue pas non plus. » Je reprends mon souffle « Shit, cocaïne, ou tout ce que tu veux, je connais pas. J'en prends pas, et j'en prendrais jamais. » Je croise les bras sur ma poitrine et la fixe dans les yeux pour lui montrer ma détermination et la véracité de mes propos. J’attends une réponse, j’attends qu’elle se rende compte qu’elle se trompe.

Je me doutais que la jeune fille allait nier ce que je suis en train de lui avancer. Quand je me droguais, je niais aussi, je me souviens de toutes les discussions que j’ai eu avec mes parents où je leur disais que non, je ne me drogue pas, je fume juste des cigarettes très légales. Ce qui est vrai en soit, puisque j’utilisais la seringue. Enfin tout ça pour dire que je ne peux pas en vouloir à cette gamine pour refuser d’admettre les choses, qu’elle boit comme un trou à neuf heures du mat, entre autre. Forcément, elle ne va pas dire à une inconnue qu’elle est alcoolique et droguée, mais je ne suis pas n’importe qui non plus, nous nous sommes déjà croisées plusieurs fois. Enfin j’essaie de lui faire comprendre mon ressenti, j’y vais en douceur pour ne pas la heurter. Mais je vois bien qu’elle ne comprend pas de quoi je veux parler, et ça m’énerve un peu. Je reste cependant la plus calme possible, mais quand elle me fourre son thermos dans les mains, je fronce les sourcils. « Boit ! » Je secoue vivement la tête, elle rêve ! Si ça se trouve elle a foutu la drogue du violeur là dedans, je peux pas lui faire confiance… « Et en passant, OUI tu te trompes. » Bon, elle a l’air sincère quand même, alors je porte son thermos à mes lèvres pour en boire une gorgée. Je savoure la chose, fais tourner le liquide dans ma bouche comme on doit le faire avec du vin ou du rosé, et je termine par avaler. C’est bien du thé, caramel donc, et je me trompe. C’est pas facile d’accepter une défaite, merde. « Je ne bois pas à neuf heure du matin, seule, et je ne me drogue pas non plus. » Ok, j’ai carrément honte maintenant et je ne sais plus où me mettre. Bon, ça ne sert à rien de l’embêter davantage, je me suis trompée sur toute la ligne, pas besoin qu’elle insiste. Evidemment, comme je l’ai fait tout à l’heure, elle m’empêche de parler et renchérie à nouveau. « Shit, cocaïne, ou tout ce que tu veux, je connais pas. J'en prends pas, et j'en prendrais jamais. » Je soupire un peu, et la regarde dans les yeux comme elle le fait. Il est maintenant temps pour moi d’assumer que je me suis trompée, mais je ne sais pas vraiment par où commencer. Maintenant, elle sait que je me drogue, enfin que ça fait partie de mon passé et c’est carrément dérangeant. « Bon, excuse-moi. » Je me mord la lèvre, et poursuis. « J’voulais pas paraitre bizarre, mais j’ai perdu mon frère à cause de ces cochonneries, j’ai failli me perdre moi même et je voulais pas que ça soit aussi le cas pour toi. » Je rougis un peu, moment d’émotion terminé. Je me racle la gorge et reprend la parole. « Une si jolie femme que toi ne doit jamais toucher à ces conneries ok ? J’suis vraiment désolée, tu dois me prendre pour une sacrée folle. » Je ris un peu, nerveusement. « Enfin tu as quand même l’air contrariée, si je peux me permettre. » Je lui souris.

Mes bras toujours croisés sur ma poitrine je la fixe d'un air mauvais. En plus de ne pas se mêler de ses affaires, elle est teigneuse. Dire que je ne connais toujours pas son prénom, elle a pas l'air de s'en soucier. A vrai dire jusqu'à présent moi-même je n'avais même pas pensé à lui demander le sien... « Bon, excuse-moi. » Je la regarde se mordre les lèvres et je me tais pour qu'elle puisse poursuivre ce qu'elle à dire. « J’voulais pas paraitre bizarre, mais j’ai perdu mon frère à cause de ces cochonneries, j’ai failli me perdre moi même et je voulais pas que ça soit aussi le cas pour toi. » Je reste sous le choc quelques instants, si je m'attendais à ça. Elle rougit, mais elle ne devrait pas à rougir pour ça, c'est sa vie, une part de son histoire et personne ne devrait avoir honte de ce qu'il a fait dans la vie, même si les raisons sont mauvaises il y a une raison au pourquoi on les a fait. A cet instant je la trouve tellement courageuse que les mots me manquent. Elle en profite pour continuer « Une si jolie femme que toi ne doit jamais toucher à ces conneries ok ? J’suis vraiment désolée, tu dois me prendre pour une sacrée folle. » Je lui souris timidement et replace une mèche derrière mon oreille, non je ne la prend pas pour une folle, juste pour une pipelette car je n'arrive pas à en placer une, comme d'habitude avec elle j'ai envie de dire. « Enfin tu as quand même l’air contrariée, si je peux me permettre. » Je lui souris et ouvre enfin la bouche, « Alors pour commencer, je suis très touchée que tu me racontes tout ça, je comprends mieux cette... obstination pour mon thé. » Je hausse les épaules comme pour lui dire de ne pas s'en faire, que c'est oublié. « Je pense que tu ne devrais pas avoir honte de ce que tu as été, tu es une personne forte si aujourd'hui tu as réussi à t'en sortir. » Alors que j'allais répondre à sa dernière phrase, mon téléphone se met à sonner, je me lève, m'excuse pour quelques instants et part décrocher plus loin. Mon appel finit, je retourne près d'elle et lui souris doucement « Excuse moi, je dois y allez, on remet cette conversation à une autre fois » Ce n'est que partie remise « Si tu me cherches, tu me trouveras dans les environs » Je hausse les épaules, elle me dit au revoir pendant que je ramasse mes feuilles et que je prends la route vers le centre ville. Je me retourne, elle est toujours assise sur le sable, le regard perdu vers l'horizon. Mon coeur se serre quelques instants en pensant aux terribles moments qu'elle a du passer dans sa vie pour en arriver là.