i'm gonna finish him like a cheesecake (Tom)

ONGLET 1 ONGLET 2

i'm gonna finish him like a cheesecake

EXORDIUM.

Exceptionnellement, j’avais fermé mon cabinet pour la journée, pour pouvoir assister à un séminaire sur la vaccination et la prévention des maladies infectieuses chez les félins. Un sujet qui m’intéressait énormément, d’autant plus qu’il m’arrivait parfois de m’occuper de gros matous au Zoo de l’Ile. J’avais d’ailleurs fait ma thèse sur les tigres de l’Himalayas où j’avais fait le voyage quelques mois pour les approcher de prés. Pour l’occasion j’avais convaincu Tom de bouger son cul et de venir assister à la conférence avec moi. J’avais réussi à le convaincre de m’accompagner en lui promettant de l’inviter à déjeuner ensuite. C’était également l’occasion de se voir, ces derniers temps avaient été chargé pour chacun de nous et nous gardions contact par de maigres SMS résumant essentiellement le quotidien de chacun. Tom et moi avions été ensemble en maternelle. Si au départ, je ne me suis pas rappeler du grand gaillard qu’il était devenu, lui n’a eu aucun mal à se souvenir de la petite Emna pleurant dans les jupons de sa mère. Il avait été peiné d’apprendre sa mort, d’autant plus qu’à cette époque je ne me séparais jamais d’elle. Et puis par un hasard bien heureux, on s’est retrouvé, presque quinze ans après, sur les bancs de la fac. Tout deux promis à un avenir de vétérinaire. Le lien s’est rapidement fait, devenant un essentiel de mon répertoire. Il fait parti des rares amis sur qui je sais que je peux compter et qui ne m’abandonnera jamais. Lui non plus peux me faire confiance, en amitié je suis loyale. D’ailleurs, je suis l’une des rares personnes à être au courant pour son penchant pour les hommes. J’aurais voulu être plus persuasif que ça en le poussant à faire son coming-out mais il semble plus heureux comme ça, alors je respecte ses choix, mais il sait que je serais toujours là pour le soutenir. Je jette un coup d’oeil à ma montre, il m’avait pourtant promis d’être à l’heure et Dieu sait combien j’ai horreur d’attendre. Je prend une place au troisième rang, n’en trouvant plus ni au premier ni au deuxième. Le conférencier est un vétérinaire très connu dans le milieu. On raconte qu’il a fait le tour du monde pour mieux se spécialiser dans les félins. Je suis fasciné par la personne et je suis excitée comme une petite puce de pouvoir le voir enfin en vrai.

Néanmoins je fronce des sourcils, en voyant que les lumières commencent à être baisser et que Tom n’est toujours pas là. Une dame me demande de retirer mon sac pour pouvoir s’installer à la place à côté « Désolé madame, cette place est réservée. » lui annonçais-je tandis qu’elle repartais en râlant des mots que j’ai du mal à distinguer. Tant pis, c’est à ce moment même que je vois Tom arriver, l’air nonchalant. Je lui fais signe de main, un large sourire apparait sur mon visage. J’oublies presque de l’engueuler sur sa vingtaine de minutes de retard. Il a de toute façon l’habitude que je sois chiante. Je me lève pour lui claquer la bise et le serrer dans mes bras, comme j’ai l’habitude de le faire avec les personnes dont je suis proche. Un homme prend le micro, pour énoncer le programme de la soirée. Les premiers intervenants promettent d’être chiant, mais moi c’est Paul Wallzon que j’attends de voir. Alors, sans prêter attention à ce que raconte le premier intervenant, je chuchote à mon meilleur ami : « J’ai cru que tu ne viendrais jamais. » Il faut dire, que la plupart des séminaire qui se tenaient à IB, c’était ma secrétaire qui y assistait et me prenait des notes de ce qui se disait. La plupart du temps, je ne voyais pas l’intérêt de me déplacer. Mais cet conférence, je l’avais attendu depuis des mois, je voulais voir en vrai mon idole. Un homme d’une soixantaine d’année qui pourtant pété la forme comme s’il en avait quarante. Il avait passé sa vie à servir la faune, passant surement à côté d’une vie de famille. C’était un bel homme, il m’arrivait de regarder sa chaine youtube avant de dormir. La seconde intervenante avait pris la parole. Elle n’articulait pas et j’avais du mal à me concentrer sur ce qu’elle disait, alors de nouveau je me donnais à mon passe-temps préféré : le bavardage. « Et sinon, les amours, ça se passe? » lui demandais-je, ayant été très rapidement briefer sur sa nouvelle situation. J’aimais bien me mettre à jour sur sa situation, d’autant que moi c’était la grande traversée du désert de ce côté là. Juste un plan cul régulier, sans attache. Je n’arrivais pas à tomber sur le bon. Du haut de mes 32 ans, je n’ai jamais connu l’amour. Parfois, je me dis que c’est de ma faute, peut être que dans le fond j’ai peur de l’abandon alors je préfère me retrouver seule.

ONGLET 1 ONGLET 2

Une urgence au zoo. Non, il n'était plus seul, Odair serait là pour prendre le relais... Le réveil qui n'a pas sonné ? Pas moyen, Emna lui ferait la peau. Malade, alors. Mauvaise idée encore, elle débarquerait le soir et au moindre soupçon, elle lui en ferait baver. Un ami ou membre de la famille malade. Mouais, ça sentait la trahison quelque part. Un de ses animaux alors ? Peu probable qu'ils sachent simuler. Porter ses couilles sinon et poser sciemment un lapin à sa meilleure amie. Est-ce qu'il tenait tellement peu à sa vie ? Non, il allait pas avoir le choix. Avec un long soupir de résignation, Tom tendit le bras pour gratter les oreilles de Iron, affalé sur son lit avec lui. Il allait être en retard de toute façon, vu la pauvre demi-heure qu'il lui restait avant de devoir être -normalement- à la salle de conférence. Il aurait jamais dû dire oui, mais il n'avait pas su résister. Elle lui rendait déjà tellement service en temps normal que l'accompagner à une conférence qui la passionnait, et où il y aurait son idole... C'était un peu le moins qu'il puisse faire. Il pourrait y trouver son compte qui plus est, en temps que vétérinaire. Il avait toujours à apprendre.

Sauf que la réalité était autre. Tom avait horreur des réunions et des conférences, de tout ce qui lui demandait de rester assis sur une chaise, silencieux et concentré. Il avait assez trinqué pendant les cours. Il détestait toutes ces figures qui s'y connaissent mieux que tout le monde, haïssait encore plus les écouter des heures étaler leur science aux yeux du monde. Tom ne voulait pas y aller, et Tom avait traîné des pieds au maximum. Pire qu'un gamin qui n'aurait pas voulu aller à l'école. Dommage que toute la mauvaise volonté du monde n'ait pas suffit à l'empêcher d'arriver dans cette salle plongée dans la pénombre... Les personnes près de la porte se retournèrent en l'entendant, et il ne prit même pas la peine d'être désolé. Sur l'estrade, un type fripé avait déjà commencé à prendre la parole, ce qui lui donna instantanément une envie folle de bailler. Avant de se rappeler qu'il avait éventuellement une réputation à garder, surtout s'il tenait à mener à bien un jour ce projet un peu fou qu'était créer son école vétérinaire à Wellington. Il aurait besoin de professionnels et d'investisseurs. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il nouerait des liens avec sa chemise à carreaux, son jean trop grand et sa barbe mal rasée. Fallait se résigner. Alors il força le sourire, s'avançant vers la main qui s'agitaient dans tous les sens pour avoir son attention. Il passe un bras autour de la taille fine, embrasse sa joue avant de se laisser tomber dans la chaise. « Tu m'aurais fait quoi si j'étais pas venu ? » Elle avait intérêt à lui donner de bonnes raisons de s'être levé...

Tout le monde semblait fasciné par les intervenants. Un, deux. Dix minutes, vingt. Papillonnant des yeux, le blond avait fini par trouver sa position, un peu vautré, bras croisés et jambes étirées. La tête penchée n'était retenue plus que par la colonne vertébrale. Il tentait de rester éveillé, songeait plutôt intérieurement à développer une technique de sommeil éveillé. Il avait du temps pour s'entraîner. Enfin, c'était sans compter sur la brunette qui ne mit que quelques minutes à requérir son attention. Mon dieu, cette pipelette. « Tu es toujours ma petite-amie préférée en tout cas. Et toi, depuis le temps ? Ça y est, t'es redevenue vierge ? » Il lui lance un regard narquois avant de vérifier que personne autour d'eux ne fait attention. La réponse est non, visiblement. « J'pense que j'ai été piqué par une mouche tsé-tsé. Il se pourrait que je tombe de sommeil et ne me réveille qu'à l'heure du déjeuner. C'est pas moi qui veut ça, c'est les symptômes. Tu m'en voudrais pas, hein ? » Ce disant, il penche la tête vers son ami pour l'échouer sur son épaule. Il était venu après tout, il pouvait bien dormir maintenant, non ?

ONGLET 1 ONGLET 2

i'm gonna finish him like a cheesecake

EXORDIUM.

Tom n’avait aucune excuse pour ne pas venir assister à la conférence avec moi. A vrai dire, je m’étais renseigné sur ses horaires de travail avant même de lui proposer de m’accompagner. Je le connaissais assez pour savoir qu’il se désisterait à la dernière minute. Tom était un flemmard, il ne supportait pas rester assis sans rien faire. Il daigna pointer le bout de son nez un bon quart d’heure après le début du séminaire. Il se faufila entre les rangers pour enfin réussir à me rejoindre bien que sa grande taille en agaça plus d’un. Après une échange de bisous pour se dire bonjour, il prit place à mes côtés. Je fronce les sourcils lorsqu’il me demande ce que j’aurais fait s’il n’était pas venue. Bien que j’avais trente-six milles idées qui fusaient dans ma tête, la fin était surement la même dans tout les cas, la mort. Il avait tout intérêt à venir s’il ne voulait pas subir ma colère. Il me connaissait assez pour savoir que je pouvais me transformer en boule de nerfs quand les choses ne me plaisaient pas. D’ailleurs, je jouais provisoirement le rôle de petit ami pour lui rendre service. Et je prenais ce jeu très à coeur, me montrant un peu plus chiante avec lui qu’avec les autres. En réalité, ce n’était qu’amour. Tom était mon meilleur ami, mon accolyte et mon confident. Je savais tout de lui et lui tout de moi. Avec moi ses secrets étaient en sécurité. Nous avions été à l’école de vétérinaire ensemble et rapidement on s’est pris d’amitié l’un pour l’autre. Jamais rien n’aurait pu se passer entre nous de un parce que Tom était gay et aussi pour une question de pratique. J’étais trop petite et lui trop grand, et qu’il nous aurait fallu une échelle pour nous embrasser. Je bailles un long moment, ennuyer par le premier intervenant.

C’est vrai que je punissais Tom avec moi, mais il fallait qu’il vienne avec moi. Et puis c’était Paul Wallzon que j’attendais. Je relançais le débat, pour faire passer le temps. Je souris lorsqu’il me demanda si j’étais redevenue vierge. « Ça ne risque pas. Tiens. » je ris sans réellement donner plus de détail. Il faut croire que ces derniers jours, ma vie sexuelle ne chômais pas. Je profitais de mon célibat pour enchainer les conquêtes d’un soir et revoir mes plans réguliers. Je n’avais de compte à rendre à personne de ce point de vue bien qu’on pourrait facilement me juger de catin ou de pute. Dans le fond, je m’en foutais pas mal de ce que les gens pouvaient penser de moi. J’étais une femme libre et indépendante et surtout je n’avais pas besoin d’un homme dans ma vie pour me dicter quoi et comment faire les choses. Mon père me suffisait. La mine dure et la moustache mal taillé, il me demandait à chaque fois de lui présenter un homme. Il en avait assez que sa fille de trente-deux ans joue encore les ados et ne lui donnent pas de descendance : « Par contre si ça continue, je crois que c’est moi qui vais te présenter à papa. » dis-je en hochant les épaules. Je le pince lorsqu’il dit vouloir dormir, hors de question de rester seule. « Je te jure que si tu dors je te pincerai encore plus fort. » le menaçais-je. La dame a côté nous jette un regard mauvais à cause du bruit que l’on fait. « Chut » dis-je à mon tour à Tom comme s’il était le seul à faire du bruit.

ONGLET 1 ONGLET 2

Ils étaient beaux tous les deux, les deux meilleurs amis tellement habitués au célibat qu'ils avaient fini par se servir de l'autre comme alibi. Au fond, c'était crédible. Ils étaient souvent fourrés ensemble, étaient spécialistes en disputes de vieux couple, et surtout ils se connaissaient mieux que personne. Tom n'avait pas besoin de se cacher en présence de Emna, il n'avait jamais honte de lui raconter tout ce qui pouvait lui passer par l'esprit. Ce n'était pas qu'elle ne pouvait pas le juger, mais juste qu'elle ne lui tournerait jamais le dos. C'était bien plus précieux que ce qu'on pouvait croire et il se savait extrêmement chanceux d'avoir ce petit bout de femme à ses côtés. Mais malgré tout, assis sur cette chaise, il regrettait déjà amèrement d'être venu. C'était à mourir d'ennui. Et ça allait durer une matinée entière avant que la brune ne l'emmène manger. Il prendrait certainement un énorme burger, au moins trois steaks dedans, des frites, et il insisterait sur le dessert. Pour ce dernier point en revanche, il hésitait encore. Un cheesecake ferait bien l'affaire s'il y avait. Ou une tarte au citron. À moins de prendre une couple glacée ? Il aurait mieux fait de manger avant de partir, maintenant il devait prendre son mal en patience. Surtout que Emna ne semblait pas décidée à le laisser dormir alors... Il se fit doucement une raison, se contentant d'arquer un sourcil vers elle, attendant plus de détails. Alors comme ça, la petite vétérinaire bien comme il faut allait visiter des lits ? Il n'était pas sûr de vouloir savoir. Il avait beau ne pas avoir son mot à dire sur la vie sexuelle et amoureuse de la brune, il savait qu'il pourrait facilement devenir méfiant, jaloux, et un brin trop protecteur si elle tombait sur le mauvais type. Donc oui, mieux valait qu'il n'ait pas les détails.

En tout cas, il ne semblait pas être le seul à avoir cette idée du siècle de se faire passer pour un couple. Mais cela n'empêcha pas Tom de basculer la tête en arrière, écarquiller les yeux en émettant un râle agonisant extrêmement bien exécuté. « Il m'attendra pas avec un fusil, hein ? » Il se méfiait toujours des beaux-pères. Quand il était jeune et encore indécis quant à sa sexualité, il était sorti avec une blondinette qui habitait à trois maisons de chez lui. Elena Cameron. Il avait cru voir sa vie défiler devant ses yeux après avoir été surpris dans la chambre de la fille. Après avoir été menacé de mort, il avait tracé jusque chez lui et il n'avait même plus osé regarder la demoiselle dans les yeux quand ils s'étaient revus à l'école. Alors ouais, l'idée de rencontrer les parents lui laissait toujours une petite appréhension. Au moins, Emna le protégerait. Il grogna une nouvelle fois en se faisant pincer les jambes, eut le réflexe de s'éloigner un peu. Et en plus elle lui disait de se taire ? Il revient vers elle, fit l'effort de venir lui murmurer à l'oreille cette fois. « La prochaine étape pour nous, c'est de louer des gosses pour pouvoir avoir droit au tarif famille nombreuse quand on va quelque part. » Il n'avait jamais tenté jusqu'ici. Il évitait de se balader avec les enfants de son frère en règle générale, et il n'était pas du genre à fréquenter les enfants. Il n'aimait pas particulièrement ça. Mais si la récente nouvelle pour le bébé aurait dû le soulager, c'était absolument tout le contraire. « Il passe quand ton Mark Watson ? Tu penses que je peux faire comme si j'avais une urgence pour partir après ? » Cela lui inspira vaguement une idée. Il pourrait envoyer un message à Gus et lui demander de simuler un appel d'urgence pour lui donner une raison de s'enfuir. Parce que le problème, c'était que cela ne faisait pas deux heures qu'il était dans cette salle comme il en avait l'impression, mais seulement 10 minutes...

ONGLET 1 ONGLET 2