chasing the sun (maya)

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chasing the sun

EXORDIUM.

Le printemps faisait doucement son chemin jusqu'à Island Bay. Ce n'était pas en ce moment l'époque de se mettre en bikini mais les températures s'adoucissaient au grand bonheur de Toni qui supportait de plus en plus mal les affres de l'hiver et tout ce que ça lui évoquait. L'hiver était la saison préférée de Teddy et même après six hivers sans lui, le vide était toujours omniprésent. Ils avaient d'ailleurs acheté une maison à South Bay, non loin de là où Toni était assise présentement. Si elle se levait et regardait à l'ouest, elle pouvait apercevoir un morceau de la toiture qu'elle et son fiancé avait acheté à l'époque. Ils étaient jeunes mais la tante de Toni avait insisté pour leur faire ce cadeau avant que son cancer ne l'emporte. Aucun d'eux trois n'auraient imaginé que Teddy la rejoindrait si vite. Mais la vie en avait décidé autrement et Toni tentait de l'accepter malgré cette douleur lancinante qui ne cessait de la retourner sans crier à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. Les crises d'angoisse s'étaient espacées depuis qu'elle avait emménagé avec les filles mais elle ne s'était toujours pas résolue à vendre la maison. Ses frères l'avaient pourtant encouragé à le faire mais elle ne voulait pas. Elle se cachait derrière le fait que c'était la maison de leur tante, que c'était une donation de son vivant et qu'elle ne voudrait pas qu'elle la refile à des inconnus. Elle avait juste besoin de temps avant de prendre la bonne décision. D'accord, ça faisait six ans mais ce n'était pas une décision à prendre à la légère n'est-ce pas.

La plage se remplissait un peu à cette heure-ci et Toni somnolait tranquillement. Le vent caressait son visage et les cris et rires d'enfants la berçait doucement. Lorsqu'elle entendit la baraque à frites s'ouvrir, elle leva la tête et y alla, laissant ses affaires à quelques mètres. Elle commanda un hot dog végétarien et discuta un peu avec le mec qui tenait le snack qui la connaissait bien puisqu'elle et Teddy venaient souvent chercher un petit truc à grignoter chez lui. "A plus Charlie, merci pour le supplément ketchup." Toni lui fit signe de la main et se retourna, tombant nez à nez avec un visage familier. Malaise. Elle connaissait cette fille. Elle était dans le groupe de parole auquel ses frères l'avaient inscrites de force. "Hum... On se connait, non?"

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Allison &Maya

Étant quelqu’un d’étrange Maya détestait le froid, mais elle l’aimait bien en même temps. Elle détestait ressentir le froid qui lui glaçait les os, détestait ses lèvres gercées, les routes remplies de verglas, mais en même temps elle adorait mettre ses gros pulls. Les pulls qu’on ne pouvait mettre qu’en hiver, ce genre de truc bien épais qui donnait l’impression d’être dans sa couette. Il y avait aussi moyen de se servir du froid pour excuser le port du jogging ou d’un vêtement horrible. On pardonnait plus facilement les fautes de goût lorsqu’il faisait froid, moins en période de forte chaleur.

Puis il y avait aussi les chocolats chauds, les crêpes, la neige, l’ambiance de Noël, les feux de chemines, les téléfilms débiles, les congés de Noël et enfin le nouvel an où Maya finissait bourré en général. En vérité, le nouvel an n’était pas une fête agréable pour elle, elle ne voyait pas cette fête comme un changement d’année, mais juste une année de plus sans son frère adoré. Elle sortit de ses pensées en finissant sa cigarette l’écrasant dans un cendrier avant de quitter la fenêtre de sa chambre fermant pour retrouver la chaleur du salon laissant sa chambre reprendre une température normale. Elle décida de sortir s’aérer un peu et partit de l’appartement après une dernière caresse à son chat.

Sans même s’en rendre compte, ses pas la guidèrent sur la plage, un lieu qu’elle fréquentait surtout pour courir, elle n’allait jamais bronzer pendant des heures. Elle détestait rester immobile pendant des heures et n’était pas le genre de femme passant des heures sur une plage avec des lunettes débiles au bout du nez. Elle aimait lorsque la plage était vide, elle pouvait être au calme et s’amusait parfois à faire du yoga pour se détendre. Elle retira ses chaussures laissant la mer mouiller le bout de ses pieds. Ayant un petit creux, elle décida de s’arrêter près d’une baraque à frites et faillit foncer dans une jeune femme qu’elle ne connaissait trop bien.

Maya se passa la main dans les cheveux complètement gênés avant de prendre la parole se demandant si elle pouvait s’enterrer vivante dans le sable. Oui, le groupe de chialeurs. Enfin on appelle cela un groupe de parole, ce n’est pas contre toi, juste que je n’avais aucune envie de m’inscrire. Tu fais quoi ici ? Moment gênant en vue, vraiment gênant et elle se passait la main dans les cheveux en signe de stress.

B-Ever

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Ce n'était pas vraiment ce à quoi elle s'était attendue en venant se détendre sur la plage. Cela faisait six ans qu'elle était "la fille qui a perdu son fiancé dans un accident de voiture" et elle détestait être rappelée à sa condition comme ça d'un coup sans crier gare. En croisant une autre fille qui participait à son groupe de parole, elle était de nouveau projetée dans sa souffrance. C'était l'idée de ses frères, de l'inscrire dans ce truc ridicule où les gens assis en cercle relataient la souffrance causée par la deuil et autres joyeusetés. Si elle était tout à fait sincère, Toni dirait à quel point ces séances lui faisaient du bien. Passée la peur d'être jugée, elle avait fini par se livrer totalement lors de ces séances. Toni était d'un naturel bavard, elle extériorisait ses émotions sans problème. Elle parlait dès fois tellement que la psy était obligée de la recentrer. De plus, Toni avait une excellente mémoire des visages et cette nana absolument magnifique qui s'asseyait quasi systématiquement en face d'elle pendant les réunions était resté gravé dans son esprit. Déjà parce qu'on croisait rarement des filles aussi belles en vrai mais aussi parce qu'elle était quasiment mutique. Elle parlait peu mais lorsqu'elle parlait tout prenait son sens.

Toni devinait à son langage corporelle qu'elle n'était pas particulièrement ravie de croiser quelqu'un du groupe de parole autrement que pendant les séances de groupe de parole... Well.... C'était pareil pour elle. Toni n'était pas particulièrement à l'aise par cette rencontre mais son naturel bonne vivante et son sourire indéfectible prit le relais. "On avait tous pas trop envie de venir au début je suppose, mais chacun y trouve plus ou moins son compte non ?" Elle avait amené des cookies faits maison la fois d'avant et tout le monde en avait pris sauf cette fille qui s'appelait d'ailleurs Maya si ses souvenirs étaient bons. Un peu bizarre non ? "Je voulais me détendre un peu au bord de la plage, et j'ai eu envie d'un hot dog veggie. Tu veux te prendre un truc et venir le manger au bord de l'océan avec moi ? Ca pourrait être cool." Toujours créer du contact, Toni était journaliste, elle avait l'habitude de mettre les gens à l'aise et elle allait user de ses charmes avec Maya, même si elle non plus n'était pas ravie par la perspective de croiser quelqu'un qui savait des choses aussi personnelles sur elle.

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Allison &Maya

Maya ne voyait pas en quoi elle pouvait trouver son compte dans un groupe de parole composé de pleureur. Elle ne jugeait pas vraiment les gens qui assistaient à ce genre de séance et peut-être que ces groupes de paroles servaient vraiment à des gens, mais ce n’était pas son style à elle. Elle n’aimait pas montrer ses émotions à autrui, elle gardait un masque souriant et joyeux en permanence. Personne ne savait que Maya était triste à en crever et rare était les personnes capables de percer sa carapace. Elle savait que la jeune femme ne pouvait pas se douter de l’état d’esprit de Maya, elle ne racontait rien de particulier lors de ses réunions n’en voyant absolument pas l’intérêt. Elle avait grandi dans une famille où le secret était présent en permanence, elle avait l’habitude de maintenir les apparences en permanence et sans même s’en rende compte, elle reproduisait le schéma concernant la mort de son frère.

Elle hocha la tête lorsqu’elle lui proposa de prendre un truc et prit un hot-dog végétarien avant de commande une boisson. Tu viens souvent sur cette plage où tu préfères éviter la foule ? Maya écouta la réponse de la jeune femme avant de tendre la monnaie au vendeur récupérant son repas en échange. Elle suivit la jeune femme avant de s’asseoir sur le sable.

Tu fais des cookies non ? La dernière réunion tu en avais apporté, il était super bon, même si je me suis contrôlé vu que je suis une grosse gourmande. J’adore le chocolat et je pense que je vais surtout à ses réunions pour m’engraisser. Maya sourit avant de regarder l’océan devant elle croquant un morceau de son hot-dog végétarien, elle mangea sa bouchée en respirant l’air frais et décréta que la vie n’était pas si horrible.

Elle n’était toujours pas à l’aise avec le fait de croiser un membre du groupe en dehors du groupe. Après tout, ils formaient comme un club secret, un club de désespérer ce qui la fit doucement sourire. Tu imagines que nous formons une espèce de secte de dépressif ? Tu devrais demander ta carte de membre, on aura peut-être des réductions. Elle sourit avant de plisser les yeux ayant le soleil pile devant elle. Elle poussa un soupir et se retourna vers la jeune femme. Je te fixe, mais c’est juste que je n’aie pas de lunette de soleil et que je ne compte pas devenir aveugle. D’ailleurs j’espère que le tutoiement ne te dérange pas ?

B-Ever

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C'était une rencontre totalement inattendue, en général ce qu'il se passait au groupe de paroles restait au groupe de parole. Voir quelqu'un de là-bas dans un contexte plus que normal était assez bizarre. Toni s'était énormément confiée pendant ces sessions, elle avait raconté avec beaucoup de détails le moment où elle avait appris la mort de Teddy, lorsqu'elle s'était rendue sur les lieux de l'accident et qu'elle avait hurlé, qu'elle s'était évanouie. Et que tout après était devenu noir. Toni avait raconté tout ça et Maya était là. C'était étrange de la voir dans un tout autre contexte. Alors pour éviter le malaise, Toni lui proposa le plus naturellement du monde de l'accompagner manger un hot-dog en bord de mer. Maya accepta et Toni fut plutôt surprise, mais elle lui adressa son plus beau sourire. Elle lui demanda alors si elle venait souvent sur cette plage et Toni acquiesça. "Mon fiancé et moi on a acheté une maison au bord de la plage quelques mois avant sa mort. D'ailleurs on la voit un peu d'ici." dit-elle en donnant un coup de menton vers l'ouest. "Et on venait tout le temps ici, donc j'ai gardé l'habitude. Sauf que maintenant je viens toute seule. J'arrive à me détendre ici, ça me ressource." L'océan demeurait son refuge, quoiqu'il arrivait. Reprendre le surf et la plongée lui avait fait énormément de bien quand Teddy était parti. Et encore aujourd'hui, elle avait le besoin d'aller à la plage au moins une fois par semaine. Peu importe la météo.

Elles finirent par s'asseoir sur le sable et Maya parla de la fois où Toni avait amené des cookies. "J'adore cuisiner, enfin j'suis très forte pour les gâteaux et tout ce qui est sucré mais j'ai beaucoup de mal avec le salé. Heureusement, j'suis végétarienne donc je mange pas mal cru. Même si faut pas croire, on mange super bien chez les végétariens !" Toni se battait férocement avec ses colocs pour leur faire comprendre que non les végétariens ne mangeaient pas que de la salade et des radis mais c'était un autre débat pas franchement intéressant. Toni voulait profiter d'être seule avec Maya pour apprendre un peu mieux à la connaître. Elle mentionna alors la nourriture gratuite qu'il y avait souvent au réunion. Toni était rassurée de savoir que Maya avait apprécié ses cookies. "Oui et j'apprécie qu'ils aient toujours du chocolat chaud plutôt que du traditionnel café absolument dégueulasse." Finalement échanger des banalités avaient dissipé le malaise et Toni se sentait un peu mieux. Peut-être qu'après tout elle s'était trompé sur son compte. Peut-être que Maya n'appréciait juste pas toujours de devoir parler de l'être cher qu'elle avait perdu. Toni éclata de rire lorsque Maya fit remarquer qu'ils formaient plus ou moins une secte. "Je suis d'accord avec toi, les premières séances étaient difficiles c'est mes frères qui m'y ont traîné. Mais au final, je pense que ça me fait du bien de temps en temps." Elle marqua une pause et laissa son regard voguer vers l'horizon. "Quand Teddy est mort j'avais l'impression que personne ne comprenait, que personne ne comprendrait jamais. Je me suis sentie très très seule dans ma douleur et les gens étaient là à parler du cycle de la vie, qu'avec le temps ça ira enfin bref tu connais les conneries habituelles... Et finalement découvrir le groupe de parole c'était me rendre compte que j'étais pas toute seule. Mais bref, t'as pas peut-être pas envie de parler de ça." dit-elle en riant nerveusement. C'était peut-être un peu trop dramatique. Elle croqua dans son hot dog et eut un peu de mal à déglutir, la gorge légèrement étranglée par l'émotion. Elle éclata de rire quand Maya s'excusa de la fixer à cause du soleil. "Oh non t'inquiète aucun problème, tu veux qu'on se mette autrement pour pas avoir le soleil en pleine face ? Ça sera plus agréable pour toi pour manger !"

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Allison &Maya

Maya ne comprenait pas vraiment comment son interlocutrice pouvait apprécier de revenir sur le lieu où son fiancé et elle avait passé tellement de bons moments. Maya avait dû changer de ville tellement la douleur était forte et pour sa plus grande joie, cette ville ne lui rappelait aucun souvenir avec son frère. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas se souvenir de son frère, mais les souvenirs lui apportaient encore trop de douleur et pleurer comme une conne en plein milieu de la route n’aidait généralement pas à faire bonne impression. Toutefois la blonde ne jugeait pas les habitudes ou la façon de gérer la mort de Toni, après tout chacun gérait ses émotions comme il le voulait et si venir sur la plage lui faisait du bien, tant mieux, mais Maya ne pouvait pas comprendre.

Elle préférait garder toutes ses émotions en elle gardant un masque jovial en permanence avant d’exploser en sanglots en arrivant dans la chambre de son appartement. Le fait d’avoir un colocataire compliquait un peu les choses, elle ne pouvait plus craquer immédiatement et faire autant de bruit, mais elle arrivait à maintenir l’illusion que tout allait parfaitement bien. Elle savait que ses parents gardaient un masque en permanence ne montrant aucun signe de faiblesse en public, mais elle n’était pas persuadée d’être aussi forte qu’eux pour garder son masque.

Je suis contente de savoir que tu manges végétarien étant végétarienne moi-même. Et je vois ce que tu veux dire vu que j’ai souvent les mêmes critiques après je dois t’avouer que je ne suis pas vraiment douée en cuisine, disons que je me débrouille pour survivre sans tuer un animal, mais je n’irais pas faire un gâteau et le montrer en public. Je n’apporte rien fait maison préférant les œuvres du boulanger près de chez moi, je paye peut-être plus chère, mais je suis au moins certaine que tout le monde ressortira vivant et en bonne santé.

Maya sourit imaginant tout le groupe de soutien en train de vomir tripe et boyaux, elle devait bien avouer que cette idée l’amusait surtout que certaines séances étaient affreusement longues. Cependant, elle ne voulait pas finir en prison et elle abandonna vite l’idée préférant écouter les propos de la jeune femme à côté d’elle. Les propos qu’elle entendit ensuite n’étaient pas des propos qu’elle souhaitait entendre, sans être sans cœur, elles n’étaient pas en plein groupe de parole et la blonde ne voyait pas trop pourquoi son interlocutrice se mettait à lui raconter sa vie. La gêne de Maya du être perceptible vu que Toni s’arrêta de parler pour manger, Maya ne voulant pas revivre la scène une seconde fois, elle préféra mettre les choses au clair en essayant d’arrondir les angles.

En effet, je ne souhaite pas connaître ce genre de détail, sans vouloir être désagréable ou autres, nous ne sommes pas dans un groupe de parole et je n’aime pas parler de ces choses déprimantes à l’extérieur. Le club de dépressif me permet déjà d’évacuer ma tristesse et je ne tiens pas à en parler ici.

Si cela ne te dérange pas, j’aimerais que les propos en lien avec le groupe de parole restent au sein du groupe de pleureuse, pardon de parole. Je n’aime pas parler de ça, on ne sait jamais, je pourrais fondre en larmes comme une merde et je devrais me jeter dans l’océan pour que personne n’assiste à cette vision. J’espère que je ne te vexe pas et je m’excuse si c’est le cas, mais je préfère être honnête avec toi. Elle sourit à la fin de sa phrase montrant à Toni qu’elle ne lui en voulait pas, elle ne tenait juste pas à mélanger deux mondes bien différents.

Je vais me mettre en face de toi, même si l’océan me calme, je vais m’en passer pour le moment. Tu viens juste pour regarder la mer ou tu fais du surf ?

B-Ever

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Toni ne savait pas trop quel comportement adopter avec Maya. Ce n'était pas comme si c'était une nana de son cours de yoga ou quelqu'un qu'elle croisait régulièrement au coffee shop du coin. Non, leurs circonstances de rencontre étaient bien particulières et il était difficile de l'ignorer. Le côté sociable de Toni lui ordonnait de faire copain/copine et de s'intéresser à elle mais d'un autre côté elle se demandait elle-même si c'était possible de pouvoir mélanger le monde réel avec celui du groupe de soutien de manière aussi brusque. La réponse semblait être non du côté de Maya qui après avoir confirmé qu'elle était elle aussi végétarienne se mit à lui expliquer qu'elle ne tenait pas à ce qu'elle aborde son deuil en dehors du groupe de soutien. Toni n'apprécia pas que Maya parle du groupe de pleureuse, mais décida de la jouer politiquement correct vu les circonstances. C'était inutile de faire une esclandre, Maya n'était pas la seule personne du groupe à considérer le concept avec un peu de mépris et Toni se demandait franchement pourquoi Maya tenait à venir à chaque fois si elle avait une aussi basse opinion de ce qu'on y faisait. Mais Toni ne voulait pas rentrer dans le conflit, alors elle haussa les épaules, un sourire sans éclat se dessinant son visage pour lui montrer que c'était okay alors que ça ne l'était pas vraiment. "Pas de soucis t'en fais pas je comprends, après tout c'est sans doute à ça que le groupe de parole sert. Parler des choses qui nous font mal à un seul et unique endroit et faire croire au monde entier que tout va bien le reste du temps." Y avait un peu de sarcasme dans sa voix, on ne pouvait le nier mais Toni était quand même un peu piquée par les propos de Maya. Elle venait de s'ouvrir à elle en lui racontant ce qu'elle venait de lui dire et voir que Maya rejetait tout en bloc ne plaçait pas leur début de relation sous les meilleures augures.

Toni se débarrassa de sa veste en jean alors que le soleil commençait à la réchauffer suffisamment pour ne plus supporter le contact de sa veste sur sa peau. C'est là que Maya lui demanda pourquoi elle venait ici, si c'était juste pour se détendre ou faire du surf. "Les deux, j'aime faire les deux. Et toi ? T'as de bon rapport avec l'océan ?" Du coup elle ne savait pas trop de quoi lui parler, Toni était forte pour le small tall en général mais là c'était compliqué, Maya l'avait mis mal à l'aise en la remballant lorsqu'elle avait parlé de Teddy et elle ne savait plus trop quoi dire. A vrai dire elle ne savait même pas si elle avait envie de finir cet hot-dog qu'elle déposa dans sa barquette à côté de son sac. Elle était guérie de ses troubles alimentaires mais la contrariété lui nouait encore l'estomac de manière violente de temps à autre. Le corps avait bonne mémoire. Il n'oubliait pas certaines choses malgré qu'on l'ait souhaité. "Du coup si tu viens pas d'ici, tu viens d'où ?"

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Allison &Maya

Maya haussa les épaules à sa réflexion ne voyant pas d’autres utilités à un groupe de parole, pour elle le groupe de parole était un lieu où tu pouvais te décharger de toutes tes émotions négatives afin d’être mieux lorsque tu devais évoluer dans la vie courante. Un espèce de sas de décompression qui pouvait grandement aider certaines personnes. Ce n’était pas son cas, mais elle comprenait le concept. Souhaitant toutefois mettre les choses aux clairs avec la blonde ne voulait pas que la jeune femme se fasse une mauvaise opinion, surtout après sa phrase teintée d’ironie.

Déjà c’est ce que l’on fasse plus ou moins inconsciemment, tu ne passes pas ton temps à pleurer en public, tu fais genre que tout va bien et si et seulement si l’on te demande alors tu mets des mots sur ta souffrance. Enfin je fonctionne comme cela pour ma part, le groupe de parole est comme un bon cours de boxe tu vois ? Tu y vas pour te défouler, pour penser à autres choses, mais quand tu sors du groupe, c’est fini.

Comme avec un entrainement de boxe où tu ne gardes pas tes gants à la fin de séance pour conduire ou un autre truc dans le genre. Tu ranges tes gants au vestiaire pour la prochaine fois et quelqu’un d’extérieur qui te verrait conduire ta voiture ne pourrait deviner que tu sors d’un cours de boxe. Si la personne te demande, tu réponds honnêtement, mais si elle ne te demande pas, tu ne vas pas lui expliquer toute ta vie. Je ne suis peut-être pas super claire, mais c’est mon point de vue. Maya mordit ensuite dans son hotdog savourant le bon goût de l’aliment, prenant le temps de mâcher correctement avant de répondre à la réflexion de la jeune femme considérant presque le thème du groupe de parole clos.

Enfin la jeune femme pouvait toujours y répondre, mais la blonde ne voyait pas quoi ajouter ayant décrit son point de vue. Pour ma part, je viens souvent ici pour surfer, j’ai un rapport assez fusionnel avec l’eau, mais généralement je surfe tôt le matin ou tard le soir évitant ainsi un grand nombre de personnes. Ce n’est pas que je n’aime pas les gens, mais j’ai besoin d’avoir une pause parfois. Je suis en permanence entourée de gens, mes amis, mes clients ou autres et être seule l’espace d’un instant me permet de respirer un bon coup. Maya espérait que son point de vue allait être compris par son interlocutrice, elle savait que certaines personnes ne pouvaient pas comprendre ce besoin, surtout celles ne connaissant pas la Maya sociable, en permanence entourée de personnes. Ils ne comprenaient pas comment elle pouvait vouloir être tranquille alors qu’elle était si expansive en dehors.

Toutefois, elle devait avouer que le jugement de la jeune femme l’importait peu au final, elle ne la connaissait pas suffisamment pour que son jugement ne la blesse et elle allait survivre si la jeune femme ne voulait plus la voir. Elle sourit à sa question avant de répondre en partie. Je viens de Suède, enfin j’ai vécu en Suède jusqu’à mes cinq ans, tu as déjà visité ce pays ?

B-Ever

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@toni baxter N'ayant aucune nouvelle de ta part depuis un certain temps, je peux considérer le rp comme abandonné ( et l'archiver) ? chasing the sun (maya) 3359602538

Sauf si tu es en absence ou autre ?

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Le bruit des vagues était réconfortant pour la jolie Toni qui se retrouvait bien malgré elle projeter dans ses souvenirs du groupe de parole après avoir rencontré par hasard Maya. Celle-ci semblait avoir un avis bien divergeant du sien quant à l'utilité et l'utilisation du groupe de parole mais Toni le respectait, car elle savait que la gestion de la douleur de la perte d'un proche variait d'une personne à l'autre. Elle n'allait quand même pas s'embrouiller avec la jeune femme juste parce qu'elle n'était pas tout à fait d'accord avec elle. Néanmoins lorsque Maya prit comme un exemple celui qui sortait de son cours de boxe, Toni haussa légèrement les épaules en reprenant une bouchée de son hot-dog, le regard perdu vers l'horizon "Si, si c'est très clair." répondit Toni avant de reprendre, une fois la bouche vide. "Je suppose que tu as raison en ce sens, perso j'ai l'impression que c'est marqué sur mon visage mais bon. On vit avec, n'est-ce pas..." Toni avait toujours l'impression que tout le monde savait qu'elle avait perdu l'homme de sa vie dans ce foutu accident de voiture et que cela se lisait sur son visage. C'était faux, évidemment. Dieu merci avec les années passant cette sensation désagréable commençait à s'atténuer légèrement...

La conversation dévia par la suite sur le surf. Au moins un point commun beaucoup plus joyeux que le fait d'avoir perdu toutes les deux quelqu'un d'important dans leur vie. Toni avait été initiée très tôt au surf comme tous les gens natifs de Wellington. Elle adorait ça, elle n'était pas forcément très douée mais elle y retrouvait naturellement le côté apaisant et grisant à la fois de jouer avec l'eau au fil des vagues. Maya elle cherchait la tranquilité au point qu'elle s'arrangeait pour que les plages soient très peu fréquentés quand elle y allait. Toni hôcha la tête, elle comprenait tout à fait. "J'étais comme toi avant puis un jour je suis tombée dans les récifs, je me suis ouvert le pieds et la jambe il n'y avait personne pour me venir en aide j'ai eu de la chance de voir mon frère débarquer car il devait venir me chercher à l'heure du déjeuner. Depuis je ne surf plus sur les plages désertes... Mais c'est vrai que c'est aussi agréable quand y'a moins de monde c'est beaucoup plus agréable, ça t'évite de te prendre quelqu'un de plein fouet, ça c'est tellement énervant." dit-elle en riant pour détendre l'atmosphère.

Toni ne fut pas surprise d'apprendre que Maya ne venait pas d'ici, ça s'entendait à son accent et sa façon de se comporter. On reconnaissait les étrangers de Wellington, ce n'était pas péjoratif c'était juste factuel et Toni adorait rencontrer de nouvelles personnes, venant de nouveaux continents. Toni elle-même avait énormément voyager, ses parents étant de grands reporters qui avaient parcourus le monde. "Je crois que j'y suis allée quand j'étais petite, mes parents sont journalistes et m'ont trimballé un peu partout au gré de leur reportage... Je me suis souviens du froid et d'une balade en bateau mais c'est flou... Pourquoi t'es venu de si loin ?" l'interrogea t-elle. Soudainement, Maya était devenue beaucoup plus intéressante aux yeux de Toni qui était friande d'en savoir plus sur cette jolie blonde qu'elle trouvait un peu mystérieuse, bien qu'elle l'ait déjà vu se confier pendant le groupe.

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Allison &Maya

Maya mangeait tranquillement son hot-dog appréciant le goût dans sa bouche, l’odeur. En devenant végétarienne, elle avait eu peur de devoir se passer de certaines choses, pour elle les hot-dog, hamburger allait être de l’histoire ancienne vu qu’elle ne mangeait plus de viande, ni de poisson, mais elle avait été ravie de découvrir qu’il y avait des solutions alternatives. Elle pouvait manger comme avant, elle se faisait plaisir sans faire souffrir les animaux et cela restait le plus cadeau que la vie lui ait fait.

Maya entendit la phrase de la jeune femme, mais elle ne savait pas quoi répondre. Elle ne voulait pas passer pour une folle en lui disant que ses parents lui avaient appris à dissimuler ses émotions sous un masque depuis sa naissance et que son visage ne reflétait aucune souffrance. Les personnes ne connaissant pas son histoire ne pouvaient pas deviner et elle veillait à ce que personne ne devine. Le culte de l’apparence depuis toujours, une habitude qu’elle avait prise en observant sa mère, sa famille en général. Bon elle devait avouer qu’il lui arrivait parfois de sortir sans être maquillé et en jogging, mais elle faisait au moins l’effort de se coiffer et de ne pas ressembler à une folle sortie de l’asile.

Elle essayait de toujours être présentable, surtout avec son métier en contact direct avec la clientèle, les clients ne venaient pas pour voir Maya en pyjama, des nœuds dans les cheveux et une haleine pourrie. Ils venaient pour un tatouage et un service de qualité, Maya se devait de leur offrir cela. Elle resta assise face à la mer profitant des sensations du vent sur sa peau, des odeurs dans ses narines et du goût dans sa bouche.

Je n’avais jamais songé à un accident, c’est vrai que je ne suis pas trop prudente maintenant que j’y pense. Je vais suivre ton conseil et éviter d’y aller lorsqu’il n’y a vraiment personne. Je vais aussi me renseigner pour voir s’il n’y a pas des dispositifs qui me permettaient d’appeler à l’aide lorsque je fais du surf seul. Ta blessure était vraiment importante ? Tu as eu besoin de point de suture ? Je n’ose pas imaginer ce que j’aurais fait dans pareille circonstance. Maya haussa les épaules ne rajoutant rien de plus, pour sa part, elle ne pouvait pas compter sur sa famille pour la sauver, elle crèverait sûrement seule sur cette plage comme une conne. Elle n’avait aucun membre de sa famille ici en dehors d’une cuisine et elle n’était pas certaine que cette dernière prendrait de ses nouvelles. Enfin cela ne servait à rien de penser à quelque chose d’aussi déprimant. Elle prit un morceau de son hot-dog le finissant une fois pour toute avant de s’essuyer les mains.

Et tu n’es pas journaliste ? Tes parents t’ont transmis leurs passions du voyage ou ce n’est absolument pas ton truc ? Pour te répondre, j’ai quitté la Suède lorsque j’avais dans les cinq ans environ, mais nous y retournons régulièrement. Ensuite j’ai habité dans plusieurs pays en fonction des besoins de mes parents puis j’ai fini par atterrir ici. C’était un peu le hasard ou le destin et je ne regrette absolument pas. J’aime la ville, l’ambiance générale puis je me sens bien dans mon boulot. Tu as fini comment ici ? Grâce à tes parents ou comme moi tu es venue ici par hasard ?

B-Ever

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