life sucks. (tawemi)

Le week arrive comme une bénédiction. C’est chaque vendredi la même chose, et même si la présence de Joan sur la base m’aide à passer un peu le temps, ce n’est pas non plus comme si j’aimais ce métier. Alors évidemment, lorsque vient le temps de dormir, de sortir, de manger les bons plats de Phoebe, je suis aux anges. Enfin les plats de Phoebe je risque d’attendre encore un moment. Depuis qu’elle a repris le boulot elle a moins de temps et e ne peux pas la blâmer, il faut qu’elle s’occupe et qu’elle arrête de m’attendre. Je veille seulement à ce qu’elle ne travaille pas trop comme elle en avait l’habitude avant de faire son burn out. Lorsque je rentre ce soir, personne à la maison, seulement un mot pour me dire qu’elle va bosser tard mais qu’elle viendra m’embrasser en rentrant si je suis là. Un léger soupir et je regarde l’heure sur mon téléphone. Le temps d’aller boire une verte au Fox avant que Phoebe rentre.

J’enfourche ma moto, casque sur la tête, je fonce droit vers Wellington. J’ai besoin de souffler, de boire, de draguer. Je n’ai jamais passé autant de temps sans une fille dans mon lit, avec l’armée je suis privée pendant la semaine et franchement c’est frustrant, du coup je me venge le week end. J’arrive au Fox sur les coups de 22h, un bref regard panoramique pour voir qui est de service de soir. Je rejoins le bar et commande une bière pour commencer. Janis n’est pas là, dommage. J’aurai sûrement l’occasion de la voir demain. Bière en main, je discute un peu avec le barman que je connais bien lorsque je vois passer Noemi en coup de vent. Je l’appelle mais rien. Fronçant les sourcils, je confie ma bière à mon ami et cours rejoindre la blondinette qui semble ne pas m’avoir vue. Je vérifie qu’elle n’ait pas de boissons dans les mains et je glisse mes mains à sa taille puis sur son ventre pour stopper sa course. « Salut la plus belle ! » large sourire aux lèvres, je la fais se retourner et découvre son visage, ses yeux fatigués et son teint pâle. « Oula ça va pas toi. » Je passe une main sur sa joue tendrement en voyant que ses yeux se mettent à briller. « Noemi chérie qu’est-ce qu’il se passe ? » En une fraction de seconde je repense à ce qu'elle m’avait confié il y a quelques mois, son histoire avec une femme plus âgée, et mourante. Cette fille a le don de se fourrer dans des histoires pas possibles, on est pareilles sur ce point. « Me dis pas que... » que la femme qu’elle aimait est partie. Je comprends dans son regard que c’est ça et je sens mon coeur s’alourdir. « Putain. » Je viens la prendre dans mes bras mais je sens qu’elle me repousse comme si elle ne voulait pas lâcher. « Tu finis ton service à quelle heure ? » je ne compte pas la laisser dans cet état sans rien faire.

Je m’attendais bien à ce que ce jour arrive. Nous y étions préparées, et l’état d’Eleanor les dernières semaines me montrait que ce moment arriverait bien plus vite que prévu. D’abord la perte de sa vue, puis l’utilisation de son bras droit, puis ses larmes chaque soir contre mon corps qui me faisait frissonner de douleur. Je savais qu’elle m’échapperait, me glisserait entre les doigts, qu’elle s’évanouirait dans un précipice que je ne connaissais pas jusque là. Et puis il y a eu ce jour, programmé comme elle l’avait voulu, où je l’ai accompagné vers un autre voyage. Son dernier soupir, je m’en souviens comme si c’était hier. Il était doux, léger, et si mon coeur souffrait, je savais que le sien reposerait désormais en paix. Libérée de ses souffrances et de ses faiblesses par un dernier baiser que je lui ai offert, avant de m’enfuir à mon tour vers un nouveau voyage. Les jours qui ont suivi ont été atroce. Il a d’abord fallu dire au revoir à Maïly, qui s’est envolée pour l’Angleterre avec le reste de la famille, me déchirant à nouveau un peu plus mon âme, désormais translucide. Ces dernières semaines, j’ai l’impression d’errer dans les rues de Wellington, refusant de retourner à Island Bay qui me rappelle tant ma bien aimée. J’ai pourtant un appartement qui m’attend là bas, je le sais, Eleanor me l’a fait visiter quelques jours avant son départ. Et pourtant, je suis incapable d’y mettre les pieds alors je dors au foxglove quand ce n’est pas chez des inconnues avec qui j’ai partagé ma nuit. Je fume bien plus que de raison, je bois, et mon état ivre est celui de la moitié des matinées de la semaine. L’amour détruit, l’amour rend fou, on m’avait prévenu et pourtant, c’est bien les conséquences de cet amour destructeur bien que passionnel qui s’est envolé trop vite, que je subis désormais.

Ce soir, comme chaque soirs depuis la mort de ma bien aimée je travaille au foxglove, et non pas dans la plus belle des humeurs. Je ronchonne, et je sais bien que l’équipe le remarque. Ils ne m’en demandent pas trop, et la patronne semble être moins sur mon dos que d’habitude. Je ne suis pas d’excellente humeur, et quand je sens que je suis sur le point d’exploser en apercevant au loin une femme rousse semblable à celle que j’ai perdu, je m’éloigne rapidement du bar. C’est sans compter sur des mains qui se glissent à ma taille, puis à mon ventre, et je m’arrête nette en sursautant. « Salut la plus belle ! » Je me retourne un peu, et j’arbore un léger sourire forcé en reconnaissant Tawny. Elle est toujours aussi belle cette saloperie, et si d’habitude je n’hésite pas à lui faire des avances, je reste silencieuse. « Oula ça va pas toi. » Je me mord la lèvre et c’est avec mes yeux brillants qu’elle comprend que ça ne va pas, effectivement. Je sais que je n’ai pas besoin de me cacher avec elle. « Noemi chérie qu’est-ce qu’il se passe ? » Je soupire un peu et baisse la tête, ce n’est pas facile pour moi d’en parler, d’ailleurs je n’en ai encore jamais parlé pour le moment. La plupart des personnes au courant de ma relation l’ont appris grâce aux journaux, où le décès d’Eleanor a fait la une à cause de sa réputation judiciaire. Bande de profiteurs. « Me dis pas que... » Je lui fais difficilement comprendre que c’est bien ça. « Putain. » Elle essaye de me prendre dans ses bras, et j’y reste à peine un quart de seconde avant de reculer. « C’est rien, c’est la vie. » Je soupire un peu et hausse les épaules. C’est la vie, mais en l’occurence, c’est plutôt la mort. « Tu finis ton service à quelle heure ? » Je fronce les sourcils, je peine à comprendre là où elle veut en venir. « Quand j’ai envie. J’habite ici de toute façon alors je fais un peu ce que je veux pour le moment. Surtout que je bosse pas normalement ce soir. » Je souris un peu. « Pourquoi ? Ah, et on t’a bien servi ? » Je soupire. « Je suis moins derrière les nouveaux et ils n’ont pas encore l’habitude de servir convenablement les jolies dames et les privilégiées comme toi. » Je lui lance un léger clin d’oeil, ça m’aide à relativiser et à oublier que ma vie est un véritable foutoir.

Le sourire forcé que m’offre Noemi, je ne lui connaissais pas. Cette fille, c’est un rayon de soleil, que dis-je c’est le soleil à lui tout seul. Elle entre dans une pièce et l’illumine immédiatement de son sourire, son aura, de ses yeux pétillants et emplis de magie. Mais ce soir, le soleil est éteint, et mon coeur n’était pas prêt. Il n’est pas difficile de comprendre que ça ne va pas bien, et je ne tarde pas à savoir ce qu’il se trame. La femme qu’elle aimait. Cette vieille rouquine malade. Franchement, elle a tiré le gros lot. Le jour où elle m’a raconté ça, je me suis quand même dit que l’amour, c’est vraiment bizarre. Noemi est jeune, elle a largement de quoi mettre n’importe qui à ses pieds, mais s’enticher d’une histoire aussi compliquée, j’ai encore pas réussi à comprendre. Mais je ne juge pas, je me rends juste compte qu’elle est présentement dans un état lamentable. Son visage terni, les cernes sous ses yeux éteints, même ses cheveux ont perdu de leur brillance, et je suis sûre qu’elle a perdu du poids, je l’ai senti en passant mes mains à sa taille. Je tente de la prendre dans mes bras mais elle n’y reste pas, comme si elle refusait toute forme d’aide. « C’est rien, c’est la vie. » Ok alors soit elle est encore dans le déni, soit elle a pas envie d’en parler, même avec moi. Mon coeur se serre à nouveau, et je tente quand même de savoir l’heure où elle termine son service. « Quand j’ai envie. J’habite ici de toute façon alors je fais un peu ce que je veux pour le moment. Surtout que je bosse pas normalement ce soir. » Fronçant les sourcils, j’assimile ce qu’elle est en train de me raconter. « Tu… » elle ne me laisse pas le temps de poser la question qu’elle redoute visiblement. « Pourquoi ? Ah, et on t’a bien servi ? » Je n’arrive pas à la suivre. « Je.. oui mais… » « Je suis moins derrière les nouveaux et ils n’ont pas encore l’habitude de servir convenablement les jolies dames et les privilégiées comme toi. » Elle essaie de noyer le poisson en m’adressant un clin d’oeil mais je n’y crois pas une seconde. « Noemi.. » Je me saisis de sa main et garde mon regard bien ancré dans le sien. « Ça sert à rien de te tuer au travail, t’es en train de te détruire là, c’est ridicule. Faut que tu sortes, que tu voies du monde, reste pas bloquée là ! » Quand Loïs est partie, j’étais au fond du gouffre, j’ai fait n’importe quoi, et je comprends un peu dans quelle situation elle peut se trouver. Mais merde, c’est quand même pire ce qu’elle vit elle. Loïs est partie, de son plein gré. Alors que la femme que Noemi aimait est morte. Je ne connais pas les circonstances mais même si elle s’en doutait, ça doit être horrible à vivre. Je serre un peu plus la main de la blonde dans la mienne. « Tu travailles pas ce soir normalement. Viens boire un verre avec moi. S’il te plait. Et on parlera pas de choses tristes. J’ai plein de trucs à te raconter. » Un sourire se pose sur mes lèvres essayant de lui donner un peu de lumière, quelque chose à quoi se raccrocher pour ne pas sombre d’avantage.

Je ne suis pas de la plus belle des humeurs ce soir, d’ailleurs, depuis la mort d’Eleanor, mes sourires se font bien trop rare. J’essaye d’être le plus agréable possible avec les personnes qui m’entourent que ce soit mes amis, pour le peu que j’en ai, mes collègues et surtout mes clients. Je suis dans la lune, et quand je croise une cliente semblable à la femme que j’ai perdu, je me réveille d’un coup et m’échappe. Malheureusement pour moi, une des anciennes barmaid me rattrape par les hanches, et je me force à lui sourire. J’ai le teint pale, les yeux ridés, et mon regard charmeur n’est plus alors elle ne tarde pas à comprendre ce qui ne va pas et à en deviner la cause. J’essaye de relativiser, et je me contente de dire que c’est la vie. Elle me demande si je suis libre ce soir, et je me sens obligée de lui avouer que j’habite ici et que je fais ce que je veux. « Tu… » Je sais ce qu’elle va me demander, et je reprend aussitôt la parole afin de lui demander pour quelle raison elle veut savoir la fin de mon service, en lui demandant si les nouveaux l’ont bien servi. Je l’empêche de parler, c’est une façon pour moi d’éviter les questions trop dérangeantes auxquelles je ne me sentirais pas vraiment de répondre. « Je.. oui mais… »  Je secoue la tête et la coupe une nouvelle fois en essayant de la charmer, mais je sais que je ne suis pas naturelle du tout, je me sens complètement conne, voilà. Et je vois bien qu’elle a remarqué que je me forçais, faut pas être dupe. « Noemi.. » Elle attrape ma main, et je la laisse faire, et nos regards s’embrassent. Je m’accroche au sien afin d’éviter de flancher, trop de proximité me donne la nausée, la dernière à avoir pris ma main comme ça est Eleanor. Merde. Putain. « Ça sert à rien de te tuer au travail, t’es en train de te détruire là, c’est ridicule. Faut que tu sortes, que tu voies du monde, reste pas bloquée là ! » Mes yeux s’inondent de larmes, et je me contente d’hocher la tête en restant ancrée dans son regard pour éviter de me rendre encore plus minable que je le suis déjà. Je sais qu’elle a raison, mais je ne sais pas quoi faire d’autre de ma vie. Je n’ai envie de voir personne. Personne ne peut comprendre ce que je ressens, même si je sais que Tawny a vécu une situation similaire il y a quelques mois. Sauf qu’à ma différence, elle a pu quitter son travail, et elle a des personnes autours d’elle. Moi, à part mon propre ego je n’ai pour ainsi dire personne. Ma famille est loin. Reagan est trop jeune pour comprendre. Et Eleanor, n’est plus là. Elle est la seule qui m’a réellement comprise, et maintenant qu’elle n’est plus, je me sens comme étrangère dans ce monde de marionnette. « Tu travailles pas ce soir normalement. Viens boire un verre avec moi. S’il te plait. Et on parlera pas de choses tristes. J’ai plein de trucs à te raconter. » Je me mord la lèvre et finalement, j’attire un peu la jeune femme contre moi pour la serrer fort afin de ravaler mes émotions, et lui indiquer que je suis d’accord. « Viens. Je t’invite. » Je souris, et je tire sa main en direction de la salle de repos des managers, j’ai besoin d’être seule, les néons m’aveuglent à ce stade de la soirée et ça ne va pas nous faire de mal. Nous arrivons à la salle, que je suis plus ou moins la seule à fréquenter et on le ressent. Il y a une ambiance là dedans. Les bouteilles de bières ornent le sol, et la bouteille de vodka est encore sur le semblant de canapé qui me sert comme lit. Heureusement que la patronne est pas rentrée ici, je vous le dit. Je laisse Tawny rentrer, et je referme la porte derrière elle. « Va y installe toi, il me reste de la vodka mais je dois avoir un autre truc si il faut ou j’irais piquer un truc au bar. » Je souris légèrement, je me force, et je m’installe sur le canapé à ses côtés en attrapant la bouteille que j’ouvre, et je lui tend. « Fais pas genre tu veux un verre. » Je souris, sincèrement cette fois-ci avant de reprendre la parole. « T’avais des choses à me raconter ? » Je plonge à nouveau mon regard dans le sien.

Elle me fend le coeur, je vois bien qu’elle ne veut pas en parler, on n’est pas si proches que ça au final. Elle est mon amie, elle était ma manager, mais notre lien n’a rien à voir avec celui que je partage avec Phoebe. Pour autant, je m’inquiète pour elle, je n’aime pas que les gens que j’aime aillent mal, c’est naturel, légitime. Alors je tente le tout pour le tout, impossible de la laisser se morfondre d’avantage. Je ne sais pas quand son amour est partie, je ne sais pas depuis combien de temps elle erre de cette façon, mais il faut que ça cesse. Personne n’est là pour elle, c’est quand même fou. Je lui propose qu’on boive un verre toutes les deux, je pense qu’elle en a besoin, se vider un peu la tête, quitte à plus penser à rien, l’alcool peut aider à ce genre de truc. Même si sombrer dans l’alcool n’est pas non plus la solution. Clairement. Je la sens hésitante à ma proposition et après un court instant, elle fond sur moi et je la récupère pour la serrer dans mes bras. « Viens. Je t’invite. » Un sourire. Petit. Pas forcément sincère mais il a le mérite d’exister. Je la laisse prendre ma main et elle m’embarque dans les couloirs du Fox que je connais très bien. Elle nous enferme finalement dans la salle des équipiers, personne s’en est vraiment servi de celle là, en général on fout nos affaires au vestiaire, et les pauses on les fait en salles ou dans la cour des employés. Du coup, cette salle servait pas à grand chose, mais je vois que Noemi en a fait son chez elle. Ce qui me chagrine le plus, c’est que c’est le bordel, et que y’a des bouteilles vides un peu partout. Je masque mon désespoir face à ce spectacle et fais mine de rien. « Va y installe toi, il me reste de la vodka mais je dois avoir un autre truc si il faut ou j’irais piquer un truc au bar. » Je m’installe donc sur le canapé et la laisse me rejoindre, attrapant la bouteille pour en dévisser le bouchon. « Fais pas genre tu veux un verre. » Je ris un peu et attrape la bouteille. « Ça ira ! » Je pose mes lèvres sur le goulot et bois une petite gorgée du liquide transparent qui vient déjà me réchauffer la gorge. Je garde la bouteille pour le moment, si je peux éviter qu’elle ne boive trop… « T’avais des choses à me raconter ? » Je m’installe un peu mieux dans le canapé. « Je commence par quoi ? Mon séjour en Irak où j’ai couché avec une médecin, le chat que j’ai trouvé sur la base et que je garde en alternance avec la fille de mon colonel, ou la flic qui m’a raccompagnée chez moi parce que je roulais trop vite et avec qui j’ai passé la nuit ? » Je lui offre un petit sourire mutin, voyant son regard s’illuminer. Ouais, avec ça, j’ai de quoi lui changer un peu les idées je crois.

Si à premier abord je n’étais pas forcément ravie de voir Tawny venir me déranger dans ma fuite et dans mon mal-être, finalement, je décide d’être moins distante avec elle et sombre même dans ses bras. La chaleur de ses bras me permettent d’oublier l’espace de quelques minutes la douleur de mon coeur, et quand je me décale, je l’invite à me suivre afin de nous isoler pour boire un verre comme elle l’a proposé. J’imagine que ça me fera du bien, ce soir, de ne pas être seule pour boire. A parler comme ça, j’ai presque l’air d’une alcoolique et pourtant il n’en est rien je vous l’assure. Je guide la militaire à travers le bar où elle travaillait autrefois, jusqu’à arriver à la salle de repos des managers, plus souvent appelé l’antre de Noemi ces derniers temps. Personne ne s’y aventure, comme si une épidémie rongeait cette salle. Quand j’ouvre, je ne fais pas attention à la réaction de Tawny. Des bières s’embrassent sur le sol, c’est le bordel. Je lui indique de s’installer, et attrape la bouteille de vodka que je lui tend en souriant timidement, et je la taquine même un peu. « Ça ira ! » Je souris légèrement, et regarde la jeune femme boire une gorgée de la bouteille, et elle la garde avec elle. Elle me prend certainement pour une alcoolique, mais ce n’est pas grave, j’aurais bien l’occasion de lui piquer à un moment ou à un autre. Je m’adresse à nouveau à elle en lui demandant ce qu’elle avait à me raconter, et je la regarde s’enfoncer davantage dans le canapé. Ah ouais, elle va me raconter genre une histoire ? « Je commence par quoi ? Mon séjour en Irak où j’ai couché avec une médecin, le chat que j’ai trouvé sur la base et que je garde en alternance avec la fille de mon colonel, ou la flic qui m’a raccompagnée chez moi parce que je roulais trop vite et avec qui j’ai passé la nuit ? » Tout s’accumule, et j’écarquille les yeux de plus en plus, je ne dirais pas que je suis surprise car Tawny est comme moi en un sens, mais quand même elle fait fort. « Wow. » Ok, là, elle m’épate. Ça fait des années que j’essaye de la mettre dans mon lit et j’ai jamais réussi, et une flic y arrive, une médecin aussi. C’est quoi mon problème ? A l’écouter, j’en oublie presque Eleanor et ce n’est pas plus mal. « Eh bah j’ai envie de te dire, t’as le droit à un trophée là ! » Je ris, sincèrement cette fois-ci. Je me mord un peu la lèvre et réfléchis un peu à ce que je vais lui dire de plus, avant de reprendre la parole. « Et c’était bien ? Bon ? Douée les meufs ? » Je fronce un peu un sourcil. « Par contre attend attend… » Je ferme légèrement les yeux histoire de réfléchir. La fille de son colonel… mais elle n’a rien précisé de plus, je dois comprendre qu’elle a couché avec elle aussi ? Si c’est le cas, elle est quand même sacrément douée. Enfin j’en doutais pas. Ici au fox, tout le monde connait Tawny, elle a couché avec pas mal de filles que je croise, on doit même certainement en avoir en commun. C’est étrange quand on y pense. J’ouvre à nouveau les yeux au bout de quelques minutes. « T’as couché avec la fille de ton colonel ? Va y donne moi des détails croustillants ! » Je ris un peu, tapote son épaule et place mes jambes en tailleur. Je l’écoute, ça me change les idées, et c’est pas plus mal.

Histoire de lui changer les idée, je me lance dans une description de ce qu’est ma vie ces derniers temps, et moi même je prends conscience que wow, je chôme pas. Je pensais qu’avec l’armée ça me calmerait, mais putain faut croire que les week end je joue pas aux cartes. En même temps, j’ai cherché rien de tout ça, c’est pas des filles que j’ai été draguer en boîte histoire de passer la nuit avec elles. Noemi écarquille les yeux et je ris, quoi faire d’autre en même temps. « Wow. » Je hoche fièrement la tête en souriant. « Eh bah j’ai envie de te dire, t’as le droit à un trophée là ! » Mon rire se mêle au sien et je lève mon bras plié pour montrer mon muscle. « Franchement ouais, là j’crois que j’ai droit à une récompense ! ». Ça m’amuse, parce que vivre de genre de trucs c’est quand même kiffant, ça me permet de vivre ma vie à fond, et c’est exactement ce que j’avais besoin depuis le départ de Loïs. « Et c’était bien ? Bon ? Douée les meufs ? » Je lui offre un petit sourire salace, mais je n’ai pas le temps de répondre que déjà elle semble réfléchir, et me coupe dans ma réponse. « Par contre attend attend… » Je plisse un peu les yeux avant qu’elle ne daigne me dire le fond de sa pensée. « T’as couché avec la fille de ton colonel ? Va y donne moi des détails croustillants ! » Ça me fait du bien de la voir comme ça, je la connais, elle a beau se renfermer dans une carapace, je sais quand ses sourire et ses rires sont sincères, et là ils le sont. Je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. « Naaannn elle nan. C’est pas du tout mon genre, c’est une gosse, enfin elle a 22 ans mais elle fait gamine tu vois, mais elle est adorable, on s’entend vraiment bien. » Je dois surtout éviter de penser à tout ce qui me tracasse concernant Joan depuis quelques temps. Ça, je le garde pour moi. « Je l’ai embrassée, une fois, mais c’est tout, je voulais un peu la secouer mais j’crois qu’elle aime vraiment les mecs. Ou alors elle aime personne, j’en sais rien ! » Je ris à nouveau, c’est vrai qu’en même temps, venant de moi, c’est plutôt étonnant. Quand une fillle est susceptible de me plaire, homo ou pas, je me donne à fond pour avoir ce que je veux, et j’y arrive dans pas mal de cas, avec fierté d’ailleurs. Mais Joan, je cherche pas à comprendre. « Par contre la fliquette là… » Je me mords la lèvre inférieure et secoue ma main l’air de sous entendre que c’est un bon coup. « Je roulais trop vite, ils m’ont arrêtée, et comme j’avais bu, bim, éthylotest positif, elle a proposé de me ramener chez moi vu qu’elle avait son permis, c’est elle qui a conduit ma bécane. La suite on la connait. » Je souris, franchement fière de mon coup. « Alors, c’est moi ou c’est pas moi ? »

Nous décidons avec Tawny de boire un verre, et je l’invite à me rejoindre dans la salle de repos des managers, c’est plus intime et sans doute plus confortable que nous deux. Je lui propose une bouteille, et la jeune femme n’attend pas plus longtemps pour m’annoncer ses exploits sexuels, et je suis bluffée. Une flic, une militaire, une jeune adulte et presque une garde alternée d’un chat en mode couple. Elle mérite clairement un trophée et d’ailleurs, je lui en fait part ce qu’il la fait rire. « Franchement ouais, là j’crois que j’ai droit à une récompense ! » Je joue de mes sourcils pour la charmer un peu, parce que même si je suis plutôt détruite, je reste fidèle à moi-même et mon combat de mettre un jour cette femme dans mon lit ne s’arrêtera jamais. Deux ans, quasiment trois ans que je me bat, je vais y arriver un jour ! Je ne loupe pas l’occasion de lui demander si les filles étaient douées, parce que quand même, sinon c’est trop dommage. Autant je ne doute pas du talent de Tawny qui justifie sa réputation, autant pour le reste… Je ne lui laisse pas le temps de répondre et enchéris à nouveau en lui demandant de me donner des détails sur la fille de son colonel, avec qui elle semble sous-entendre avoir couché, même si j’ai un doute. Je ris de plus belle, ça me fait clairement du bien. « Naaannn elle nan. C’est pas du tout mon genre, c’est une gosse, enfin elle a 22 ans mais elle fait gamine tu vois, mais elle est adorable, on s’entend vraiment bien. » Je fronce légèrement les sourcils, et hoche la tête. Ouais, les gamines, c’est pas le fun, t’as l’impression de coucher avec un gosse et c’est dégoutant. Bon, 22 ans, ça va encore. « Je l’ai embrassée, une fois, mais c’est tout, je voulais un peu la secouer mais j’crois qu’elle aime vraiment les mecs. Ou alors elle aime personne, j’en sais rien ! » Mon rire se mêle au sien, même si je sais bien qu’elle ne va pas s’arrêter là avec cette femme. Je ne suis pas idiote, je connais très bien Tawny puisque nous pensons un peu de la même façon, on se ressemble pas mal autant dans les ambitions que dans la manière de vivre. Enfin, elle, c’est plus stable que moi quand même. « Ouais fais pas genre, je te connais par coeur ma belle ! » Je ris. « T’es capable de prouver à la pire des hétéro que les femmes c’est bon alors ! » Et moi j’ai été capable de le prouver à une moitié religieuse homophobe… bah putain, ça je peux en être fière aussi. Enfin c’était différent, pas de trophée pour moi, juste un souvenir bien trop douloureux. « Par contre la fliquette là… » Je la regarde secouer sa main en riant, ah ouais, à ce point quand même. « Je roulais trop vite, ils m’ont arrêtée, et comme j’avais bu, bim, éthylotest positif, elle a proposé de me ramener chez moi vu qu’elle avait son permis, c’est elle qui a conduit ma bécane. La suite on la connait. »  Je ris de plus belle, elle est vraiment insupportable. Intenable, je vous jure ! « Alors, c’est moi ou c’est pas moi ? » J’hoche la tête et attrape la bouteille qu’elle ne semble pas vouloir me donner pour en boire quelques gorgées avant de la poser sur la table à côté de nous. « C’est toi. Je te jure, t’es quand même vraiment un dingue. Tu sais que la dernière fois t'as une meuf qui est venue me demander tes jours de boulot ? Elle avait l'air carrément intéressé. Lucy je crois, mais clairement, elle a l'air affreuse. Je l'ai testé pour toi ! » Je ris un peu, et essaye d'être un peu sérieuse. « Par contre j’te préviens tu pars pas avec ta moto en sortant, sauf si tu veux rechoper la flic mais t’es pas obligée de chercher si loin tu sais ! » Pour, pour le fait d'être sérieuse, on oubliera. Le sous-entendu est gros, alors je me racle la gorge. J’ai besoin de lui montrer que je ne suis pas si pathétique que ça aussi, ma vie sexuelle est sans doute plus remplie que la sienne en ce moment. « Moi je sais même plus avec le nombre de meufs avec qui j’ai couché. Bah putain, autant certaines étaient douées, autant c’est carrément difficile de trouver quelqu’un qui s’investie vraiment là. » Je soupire un peu, c’est vrai, les meufs avec qui je couche le font surtout pour ma personne et non pour moi-même, pour mon plaisir. Alors c’est chiant. « Alors du coup si t’as quelqu’un à me refiler ça serait cool de ta part ! Ta flic par exemple. » Je lui lance un léger clin d’oeil.

« Ouais fais pas genre, je te connais par coeur ma belle ! T’es capable de prouver à la pire des hétéro que les femmes c’est bon alors ! » J’arque un sourcil, c’est vrai qu’elle a pas tord en même temps. Je lui tends la main pour qu’elle puisse frapper dedans. « Bienvenue au club ! » Je ris un peu, ne voulant pas forcément qu’elle pense à la femme qu’elle a aimée et perdue, mais putain, elle a fait fort avec elle quand même faut bien être honnête. Moi j’ai réussi à m’en faire quelques une des hétéros, mais pas une quinqua super croyante mariée avec des gosses quoi. Là Noemi me surpasse haut la main, faut bien avouer. Pour ne pas qu’elle pense trop à ce qu’elle ne doit pas penser, j’enchéris pour lui parler de la flic, parce que putain, c’était ouf cette soirée quand même. Je lui raconte le déroulement de la soirée, mais ne lui donne pas de détails sur la fin, même si je pourrai parce que bon voilà, c’est Noemi, on est pareilles toutes les deux on se comprend. « C’est toi. Je te jure, t’es quand même vraiment une dingue. Tu sais que la dernière fois t'as une meuf qui est venue me demander tes jours de boulot ? Elle avait l'air carrément intéressé. Lucy je crois, mais clairement, elle a l'air affreuse. Je l'ai testé pour toi ! » Je fronce les sourcils, Lucy ça me dit rien. « Mais… vraiment ? Tu l’as testée pour moi ? » Je ris de plus belle. « T’es incroyable ! » J’adore. A nous deux je pense qu’on s’est fait la moitié des filles de la région, franchement. « Par contre j’te préviens tu pars pas avec ta moto en sortant, sauf si tu veux rechoper la flic mais t’es pas obligée de chercher si loin tu sais ! » Je penche la tête sur le côté, je ne suis pas folle, j’ai bien compris son sous-entendu. En même temps, ça fait un moment qu’on se tourne autour toutes les deux, mais faut dire que y’a eu Loïs, et après Loïs elle avait Eleanor, et c’était juste mauvais timing quoi. Enfin, on a la vie pour se sauter dessus cela dit. Je souris donc à son sous-entendu mais ne réponds rien. « Moi je sais même plus avec le nombre de meufs avec qui j’ai couché. Bah putain, autant certaines étaient douées, autant c’est carrément difficile de trouver quelqu’un qui s’investie vraiment là. » Je la regarde soupirer et je ris. « Bah ouais c'est comme tout, on peut pas gagner à tous les coups hein ! » Mais on est d’accord que certaines, on aurait mieux fait de même pas essayer de les choper parce que franchement, c'est pas des cadeaux. « Alors du coup si t’as quelqu’un à me refiler ça serait cool de ta part ! Ta flic par exemple. » Je la pousse un peu. « Eh ! On va pas faire du traffic non plus ! » Je ris et j’aime que son rire se mêle au mien. « T’as réussi à te faire Janis ou pas ? » Je sais que Noemi est au courant que Janis et moi, on est des sex friend régulières, si je viens là tous les week end quand la blonde y travaille, c’est pas pour enfiler des perles. Mais je sais aussi que Janis a tendance à aller papillonner un peu partout, comme je le fais et comme Noemi le fait. Alors ça ne m’étonnerait qu’à moitié que Noemi ait fini par la mettre elle aussi dans son lit.

« Bienvenue au club ! » Je ris légèrement même si penser à la femme que j’aimais ne me fait pas rire, et me plombe un peu le moral. Heureusement, Tawny n’en parle pas plus longtemps et m’expliquer dans quelle situation elle en est venue à coucher avec sa flic, et je ne peux m’empêcher de rire. Il n’y a vraiment qu’elle pour faire ça, et d’ailleurs, je lui avoue que ça ne m’étonne pas. Je ne peux m’empêcher de lui parler de Lucy, une fille qui semble vraiment intéressée par les fesses de Tawny, et j’avoue même que j’ai couché avec elle pour la tester. « Mais… vraiment ? Tu l’as testée pour moi ? » J’hoche la tête en riant. « T’es incroyable ! » Je continue de rire. « Je sais, je sais. Mais j’aurai pas dû, franchement. » Je rougis un peu, et ne manque pas l’occasion de lui dire qu’elle n’a pas besoin de chercher loin si elle veut choper quelqu’un ce soir, une personne plus qu’intéressée se trouve en face d’elle. Je sais qu’elle en a conscience, j’essaie de coucher avec elle depuis des lustres et j’ai jamais réussi. La vie nous a toujours mis les bâtons dans les roues, alors bon, tant pis. Elle se contente d’un sourire en guise de réponse, et je souris à mon tour. Je reprend la parole afin de lui expliquer mon ressenti, j’ai couché avec je ne sais pas combien de gonzesses et pourtant, rares ont été celles qui m’ont réellement offert du plaisir. Contre toute attente, Eleanor a été l’une d’elles, même si c’était différent. Ce que nous vivions n’était pas que du sexe, que du plaisir, mais une aventure de chaque instant. Chaque moment se transformait en une multitude d’émotion, et la vie nous a ôté ce plaisir. Je soupire un peu en y pensant. « Bah ouais c'est comme tout, on peut pas gagner à tous les coups hein ! » Je souris en hochant la tête, et lui propose presque un trafic. Si elle veut me filer des noms de meufs douées, comme sa flic, je suis preneuse ! « Eh ! On va pas faire du traffic non plus ! » Nous rions ensembles. « T’as réussi à te faire Janis ou pas ? » Je joue de mes sourcils afin de laisser durer le suspens. Elle est loin la règle comme quoi il était interdit de coucher avec une meuf du boulot, et Janis m’a convaincu de l’abandonner complètement. « Ouais. » Je ris un peu en voyant la tête de Tawny, elle va pas être jalouse là, si ? Puis à ce que je sache, elle s’en plaint pas alors elle peut partager un peu ! Faut dire que la blonde est quand même carrément… magnifique, douée, enfin tout ce que vous voulez mais ça m’excite pas mal. Alors de temps en temps, la semaine principalement puisque c’est Tawny qui récupère le week-end, hop. Je prépare le terrain, c’est un peu ça… « Quoiiiii ?! Me regarde pas comme ça, j’allais pas m’en empêcher ! » Je ris un peu. « Elle est franchement pas mal. Tu sais que tu lui manque la semaine j’ai l’impression, elle est en chaleur le vendredi quand elle sait que tu vas peut-être venir. D’ailleurs le week-end dernier elle était dépitée totale que tu sois pas venue ! » Je sais pas pourquoi d’ailleurs, mais peu importe. En tout cas, Janis est en repos ce week-end. Problème de famille… ou alors elle veut se venger de Tawny. J’en sais rien, elle est chelou des fois cette gosse. « Faudrait qu’on lui propose un truc toutes les trois un jour. » Je ris, et pourtant, je suis sérieuse. J’ai déjà eu des plans à trois, bon, faut bien choisir le bétail mais à chaque fois ça s’est bien passé. Enfin peu importe. « Mais bref, on en parle pas maintenant ! » Je secoue un peu la main.

« Je sais, je sais. Mais j’aurai pas dû, franchement. » dit-elle en grimaçant presque, ce qui me fait plus rire qu’autre chose. Quelle idée aussi de tester une fille pour moi ! En même temps, c’est vrai que quand on a pas testé, on peut pas évoluer. Combien de filles m’ont fait croire être super douées et au final… Nous rions toutes les deux, ça me fait du bien de la voir rire et sourire, elle en avait besoin je crois. Et s’il faut en passer pas toute une discussion sur nos conquêtes diverses et variées, moi ça me va. Après tout, je suis aussi une amie, et une amie ça sert à remonter le moral. Je garde dans un coin de ma tête l’idée qu’elle me fasse - encore - du rentre dedans. Certains personnes après une déception amoureuse se referment sur elles-mêmes, Noemi est plutôt du genre à chercher à se changer les idées dans les bras de femmes toutes plus différentes les unes des autres. Mine de rien, je lui demande si elle a couché avec Janis. J’avoue espérer que la réponse soit non, mais connaissant les deux blondes, j’en doute. « Ouais. » La réponse est sans appel. Je lève un peu les yeux au ciel, sentant quand même une pointe de jalousie. Parce que Janis a une importance particulière pour moi, c’est un peu comme me rattacher à Loïs à travers elle, sans que je n’en prenne réellement conscience d’ailleurs. « Quoiiiii ?! Me regarde pas comme ça, j’allais pas m’en empêcher ! » Je finis par rire, même si le chemin doit se faire dans ma tête. « Elle est franchement pas mal. Tu sais que tu lui manque la semaine j’ai l’impression, elle est en chaleur le vendredi quand elle sait que tu vas peut-être venir. D’ailleurs le week-end dernier elle était dépitée totale que tu sois pas venue ! » Je ris à nouveau et secoue la tête. « C’est dev’nu un peu comme un rituel, le vendredi soir quand je rentre je vais la voir… » Dit comme ça, ça ressemble un peu à une relation suivie, comme une relation libre. Mais en fait non, enfin je la vois plutôt comme une sex friend, mais quand je vois comme je réagis en apprenant que Noemi a couché avec elle. En même temps quoi ? Je sais bien qu’elle va pas m’attendre, je lui ai rien promis et je sais pertinemment qu’elle butine de fleur en fleur. « Faudrait qu’on lui propose un truc toutes les trois un jour. » J’étais en train de boire au goulot de la bouteille et je manque de m’étouffer. L’alcool me remonte dans le nez et me brûle littéralement. « Tu pourrais attendre que j’ai fini de boire pour dire des trucs pareils ! » Je tousse comme une dingue, et finis par me calmer. « Mais bref, on en parle pas maintenant ! » Je ris, parce que c’est une situation des plus étonnantes. « En même temps tu m’diras, j’ai jamais pris RDV pour un plan à trois ! » Un nouveau rire s’échappe d’entre mes lèvres et Noemi se joint à moi. Je vois vraiment qu’elle a besoin d’occuper son esprit, et elle a choisi le sexe pour se faire. C’est un moyen comme un autre, j’espère seulement qu’elle ne fait pas n’importe quoi avec n’importe qui. Autant j’ai beaucoup de partenaires sexuelles, autant je fais toujours vachement gaffe, parce que si on a moins de risques d’attraper des saloperies que les hétéros, il nous arrive quand même de coucher avec des filles qui aiment aussi les mecs, et c’est là que ça coince. Bref. « Alors et toi ? Une rencontre croustillante à me raconter, à part Lucy ? »

Ça me fait du bien de discuter avec Tawny, ça change et surtout, ça me permet d’oublier un peu Eleanor le temps d’un verre et ce n’est pas plus mal. Avec elle, nous nous ressemblons pas mal alors forcément, le sujet de la sexualité arrive sur le tapis rapidement. Elle me raconte ses exploits, et je suis clairement surprise. Coucher avec une flic, c’est quand même pas commun, elle m’exaspère toujours. Je lui demande même si c’était bien, et la réponse est sans appel : sa policière semble avoir de sacrés talents. Je lui explique alors que de nos jours, il est difficile de trouver quelqu’un qui est réellement douée dans le domaine, c’est vrai, je suis sans arrêt déçue. J’ose lui demander de me filer des contacts, et nous rions ensembles avant qu’elle me demande si j’ai couché avec Janis, une des serveuses. Je laisse durer le suspens et finalement, je lâche le morceau. Tawny me regarde assez bizarrement, alors je reprend la parole en essayant de me justifier, et je décide de changer un peu de sujet pour ne pas m’éterniser sur moi et lui avoue qu’elle lui manque la semaine. La blonde était carrément mal en point le week-end dernier d’ailleurs, quand la brune n’est pas venue ici pour je ne sais quelle raison. « C’est dev’nu un peu comme un rituel, le vendredi soir quand je rentre je vais la voir… » J’hausse un sourcil, ouais, c’est étrange dit comme ça mais je ne relève pas, et propose à mon amie d’essayer quelque chose à trois un jour. Je n’ai pas remarqué qu’elle est en train de boire, et quand elle s’étouffe, je ne peux m’empêcher de rire un peu. « Tu pourrais attendre que j’ai fini de boire pour dire des trucs pareils ! » Je ris un peu, et la regarde quand même pour vérifier qu’elle aille bien avant d’essayer de changer de sujet. « En même temps tu m’diras, j’ai jamais pris RDV pour un plan à trois ! » J’écarquille les yeux, je ne m’attendais pas à une réponse pareille, j’étais persuadée qu’elle était la première à faire ça mais visiblement non. C’est carrément énorme, et je vais devoir y remédier, je suis sûre qu’elle adorerait, je vous jure ! « Jure ? Je vais y remédier mais franchement tu m’étonnes là, tu baisses dans mon estime Capitaine ! » Je ris et lui tapote un peu l’épaule. Je ne tarde pas à attraper la bouteille afin de boire à nouveau quelques gorgées, ça fait du bien clairement. « Alors et toi ? Une rencontre croustillante à me raconter, à part Lucy ? » Je me cale davantage dans le canapé et réfléchis un instant. Des rencontres, il y en a eu, une tonne même d’ailleurs. Mais aucune qui m’a marqué et clairement, ça craint. « Nan mais j’sais pas en fait. Y’en a carrément trop… Si, j’ai couché avec une meuf la dernière fois ça m’a fait rire. » Je ris rien qu’en y pensant. « A la fin, elle m’a avoué qu’en fait, elle a eu mon numéro dans le tel de sa meuf. Ouais, j’ai couché avec les deux. Franchement j’espère que j’ai pas tout foutu en l’air, elle aurait pu me le dire avant quand même ! J’aurais pas été aussi appliqué. » Je ris, je suis con mon dieu.

Je sais même pas pourquoi j’ai posé la question pour Janis, ça semblait logique quand on y pense. Janis est un électron libre, elle aime voguer à droite à gauche, et Noemi est un peu semblable, tout comme moi d’ailleurs, mais je ne sais pas pourquoi j’ai un petit pic de jalousie. Sauf que je fais en sorte de ne pas trop le montrer, parce que ça ne me ressemble pas. Mais Janis et moi partageons quelque chose d’un peu plus particulier que toutes ces filles que je rencontre et avec qui je couche sans en attendre d’avantage. Je ne dis pas que j’attends d’avantage de Janis, mais c’est plus compliqué que ça. Noemi me propose un plan à trois et je suis surprise, pas de sa proposition en elle-même, mais de la manière de le faire, et ça me fait rire. Elle semple surprise et je ne comprends pas immédiatement pourquoi. « Jure ? Je vais y remédier mais franchement tu m’étonnes là, tu baisses dans mon estime Capitaine ! » J’ouvre grand les yeux. « Attends mais nan ! Bien sûr que j’ai déjà couché avec plusieurs filles en même temps, c’est juste de prendre un RDV comme ça, ça me fait rire ! » La blonde récupère la bouteille d’alcool et en boit quelques gorgées avant de me la rendre. A moi de lui demander si elle a des trucs croustillants à me raconter. « Nan mais j’sais pas en fait. Y’en a carrément trop… Si, j’ai couché avec une meuf la dernière fois ça m’a fait rire. » Attentive et curieuse, j’arque un sourcil et la laisse continuer. « A la fin, elle m’a avoué qu’en fait, elle a eu mon numéro dans le tel de sa meuf. Ouais, j’ai couché avec les deux. Franchement j’espère que j’ai pas tout foutu en l’air, elle aurait pu me le dire avant quand même ! J’aurais pas été aussi appliqué. » « Mais ! » Je ris en imaginant l’histoire, on me l’avait jamais faite celle là. « Ah bah ça c’est original au moins ! Pourquoi elles t’ont pas invitée, surtout que t’as l’air d’être adepte des trucs à trois si j’ai bien compris ! » Je joue de mes sourcils pour la taquiner et nous continuons de rire toutes les deux. Je préfère ça, parce que la voir être à deux doigts de la dépression, franchement c’est pas agréable. « En même temps, je les comprends. Une fille comme toi, c’est toujours mieux de la savoir célibataire plutôt qu’en couple ! » Je hausse les épaules en souriant. « La première fois que j’t’ai vue, j’ai direct eu envie de te sauter dessus ! J’te jure ! » Je ne ments pas, mais à cet époque y’avait Kaylian, sa jalousie maladive, et franchement, fallait mieux pour ma peau que je ne cours pas après Noemi. Mais aujourd’hui, les choses sont vraiment différentes. « Des fois franchement, je regrette de pas avoir tenu un cahier avec toutes les filles avec qui j’ai couché, pour pouvoir voir qui on a en commun, ça pourrait être drôle. Au final, c’est un peu comme si on avait déjà couché ensemble si on y réfléchir ! » Je continue de rire de mes conneries.