Quand on voit ce qu'on voit, p'is qu'on entend ce qu'on entend... on a raison de penser ce qu'on pense ! ∆ Jo

Johanna Pallanca

Quand on voit ce qu'on voit, p'is qu'on entend ce qu'on entend... on a raison de penser ce qu'on pense !

les informations en vrac

Je suis la seule métisse de la famille, en effet, mes parents ont eu recours a un don d'ovocyte pour me concevoir. Il paraît que ma mère biologique avait de très bonnes références ; cette façon de voir les choses m'a toujours fait rire d'ailleurs. ∆ Je dessinais beaucoup ; du plus loin que je me souvienne, petite, j'ai toujours eu un crayon à la main. Seulement, avec le temps, j'ai fini par arrêter petit à petit. ∆ À la maison, mes parents mettaient un point d'honneur à ce qu'on soit des gens bien comme il faut et ça me convenait avant, j'étais comme dans un poisson dans l'eau. Les convenances, les bonnes manières, je maîtrisais. ∆ Je n'ai jamais manqué de rien, j'ai d'ailleurs bénéficié d'une très bonne éducation allant jusqu'à me rendre dans une grande école de commerce, ce que j'ai appris en consultant mon CV, ironique non ? ∆ Ma vie semblait très millimétré par le passé : j'avais un agenda qui retraçait toute ma vie, que ce soit mes rendez-vous d'affaires, mes réunions de familles ou même mes tête à tête avec mon fiancé. Parce que oui, j'étais fiancé mais ça c'est une autre histoire. ∆ J'allais avoir une promotion avant mon accident, on allait me nommer associé minoritaire, c'était apparemment quelque chose que je voulais plus que tout ; aujourd'hui, c'est le cadet de mes soucis. ∆ Venons en à mon fiancé, Alexandre. Apparemment nous nous sommes rencontrés lors d'une réception organisé par sa famille. Nous nous sommes revus et très classiquement, nous avions fini par nous fiancer. Il paraît que j'étais très attachée à lui, ma meilleure-amie d'enfance, Claire, disait même que je qualifiais comme étant "l'home de ma vie" et dire qu'aujourd'hui je ne ressens rien en le voyant. ∆ Vous l'avez compris tout se passait bien pour moi, j'avais une excellente situation je semblais heureuse. Un vrai conte de fée si je puis dire. Sauf que les contes de fée ça n'existe pas. La preuve en est, un jour, un accident de voiture a fait basculer ma vie. ∆ Je n'ai pas repris connaissance tout de suite et ma convalescence fut longue, douloureuse. Une commotion cérébrale, des côtés et un tibia cassé, ce chauffard m'a vraiment rendu la vie dure. Mais ce n'est pas le pire, non. Le pire, c'est qu'à mon réveil, je ne me souvenais plus des huit dernières années de ma vie. Pouf, envolé comme ça. On m'a dit que mes souvenirs reviendraient sûrement très vite mais ce ne fut pas le cas. Vous l'avez compris je souffre d'amnésie rétrograde, c'est à dire que je me souviens de tout excepté de ces huit dernières années. Je connais mon nom, je me rappelle parfaitement de la fête que Claire avait organisé pour mon seizième anniversaire, des virées shopping hebdomadaires avec ma mère, de l'obtention de mon diplôme mais après ça, plus rien. Pas de souvenirs de la faculté, pas d'Alexandre, rien. Le trou noir. Huit années de ma vie qui se sont envolés sans crier gare. Le pire dans ce genre d'amnésie ? C'est que les souvenirs peuvent ressurgir quelques jours après l'accident ou bien quelques années après. C'est à dire que je pourrais rester des décennies sans savoir, c'est aberrant. ∆ J'ai bien essayé de me souvenir, à m'en rendre folle même. Je voulais me rappeler de ces moments passés avec Alexandre, de ma vie à l'université, de mon travail... J'ai suivi une thérapie, vu un nombre incalculable de médecine mais rien n'y faisait. Alors on m'a conseillé de reprendre ma vie comme elle était mais tout sonnait faux. Je n'arrivais à dormir dans le même lit que cet homme, à bosser dans cette entreprise que chérissais pourtant tant. ∆ Je pleurais le soir, toute seule dans la salle de bain, incapable de me sentir mieux. Alors je tentais une fois encore de me souvenir, fouillant dans des documents et autres photos. C'est alors que je suis tombée sur mon vieux carnet à dessin et sans que je ne sache pourquoi, je me suis mis à esquisser un petit éléphant. Ça m'a apaisé, pendant un instant, je me sentais heureuse et c'est là que j'ai compris. Je ne voulais pas me souvenir, je voulais simplement me sentir bien. ∆ J'ai cherché le bonheur dans toutes les activités qui m'en procuraient par le passé mais encore une fois, quelque chose clochait. C'est là que je l'ai rencontré, ce Néo-Zélandais un brin fou qui m'a fait découvrir tellement de choses, choses que jamais je n'aurais faite auparavant. Je me suis mise à sortir dans les bars, à danser sur les tables, je faisais tout ce qui me pouvait me passer par la tête. Et j'adorais ça. Bien vite, sa semaine de vacances se termina et il partit mais je n'arrêtais pas. Non j'ai continué à vivre de nouvelles expériences et plus je me détachais de mon ancienne, plus je me sentais bien. ∆ Johanna est alors devenue Jo et pour marqué ce changement, je me suis faite faire une teinture, blonde. Qui l'aurait cru ? Pas ma mère en tout cas, j'ai cru qu'elle allait nous faire une crise cardiaque. C'était symbolique, un moyen de montrer que le nouveau moi est dans la place. Et mon dieu, je ne me refuse rien ! S'il me prend l'envie d'aller me baigner à trois heures du mat', je le fais sans hésiter. J'ai changé, j'ai réellement changé et cela va de mon apparence (style vestimentaire et tuti quanti) à mon caractère plus sauvage que part le passé. ∆ Il peut m'arriver aujourd'hui de partir dans mes délires ou de m'organiser des petits plans un peu ridicule pour accomplir telle et telle chose comme une sorte d'épopée, je ne sais pas trop pourquoi, je suppose que ça me fait marrer. Et c'est tout ce que je veux maintenant : m'amuser. ∆ C'est ce pourquoi la petite blonde que je suis débarque avec son petit accent en Nouvelle-Zélande, pour profiter. Je laisse une bonne fois pour toute mon ancienne vie derrière moi au profit de la nouvelle.

les indiscrétions sur le joueur

Code:

<pris>Katerina Graham ›</pris> johanna pallanca

l'histoire de ma vie

You've lost a part of yourself

Les bips machinaux du moniteur éveille peu à peu mon esprit embrumé. Une douleur sourde m'empêche d'ouvrir les yeux, à la fois partout et nulle part, elle m'informe que quelque chose cloche. Je veux me lever, je veux sortir du lit mais je n'en ai pas la force, comme si j'étais hors de mon corps. Et bien vite épuisée sans savoir pourquoi, je sombre de nouveau dans l'inconscient.

Cette fois-ci, lorsque je me réveille de nouveau ce n'est pas le son du moniteur que je remarque comme la dernière mais bien une voix familière. Je jugerais la connaître mais pendant quelques temps elle m'est inaccessible. Quand enfin je réalise de qu'il s'agit, je m'empresse de prendre la parole. "Maman." Je ne me reconnais presque pas parler, ma voix est éraillée, faible alors que je l'interpelle. Je jugerais l'avoir entendue pousser un petit cri mais rien n'est moins sûre, mon esprit n'est encore que confusion. Et il restera tout aussi embrumé alors qu'une batterie de médecins et infirmiers en tout genre se presse à mon chevet.

"Je vais vous demander de suivre la lumière s'il-vous plaît." Et tel un bon petit soldat, je m'exécute. "Bien, très bien. Vous savez où vous vous trouvez ?" Je me racle la gorge soudain gênée, je n'ai jamais eu vraiment peur des hôpitaux mais je ne m'y suis jamais sentie réellement à mon aise non plus. "À l'hôpital." Il hoche la tête, visiblement satisfait. "Vous savez pourquoi ?" Il voit sans mal que sa question me déroute, voilà pourquoi il lève les mains d'un regard compatissant. "Ne vous inquiétez pas, c'est tout à fait normal d'être un peu désorientée après un accident. Vous venez de subir un important traumatisme, vous avez besoin de temps pour vous adapter." Un accident, c'est donc ce qu'il m'est arrivé ? "Votre nom ?" Voilà au moins une question à laquelle je sais répondre, cette pensée me fait sourire mais me tire aussi bien vite une grimace. Vraisemblablement je dois avoir une contusion à la lèvre et m'en rendre compte ne fait qu'augmenter ma confusion. Qu'est-ce qui m'est arrivé non de dieu ? "Mademoiselle ?" La voix posé mais autoritaire du médecin me ramène à la réalité. "Oh pardon. Johanna. Je m'appelle Johanna Pallanca." Il hoche la tête avant de reprendre. "Sauriez-vous dire quel jour nous sommes ?" Confuse, je fouille dans le tréfonds de ma mémoire sans pouvoir pour autant lui donner la réponse qu'il attend. "Encore une fois c'est normal, il se peut que les derniers évènements demeurent confus. Quelle année ?" Il insiste, m'offrant au passage, un regard encourageant. Je souris parce que cette question-ci est facile, évidente même et que ça fait du bien.  "2009." Elle est peut-être évidente mais en tout cas, ma réponse, elle, ne semble pas le satisfaire. "2009 ? Vraiment ? Prenez un temps pour réfléchir." Son ton est un peu rustre et cela m'agace, je sais quand même en quelle année on est ! "Quoi ? On a passé le premier janvier ? C'est ça ?" Imperturbable, il m'assène d'une autre question. "Quel âge avez-vous ?" Mais il se fiche de moi ou quoi ? Combien de questions bâateux comptent-ils encore me poser ? "Excusez-moi mais..." Il me coupe net. "Répondez s'il-vous plaît." Je soupire, un certain mal aise commence à m'habiter et l'homme qui se trouve en face de moi n'y est pas pour rien. Néanmoins je me force à lui dire ce qu'il veut, espérant en finir au plus vite comme ça. "Dix-huit ans, j'ai dix-huit depuis le 8 mai dernier." Et encore une fois cette réponse ne semble pas lui convenir.

On m'a toujours dit qu'il n'y avait rien de plus impoli que d'écouter aux portes mais en ce moment précis je m'en fiche bien pas mal. J'ai visiblement eu un accident assez grave, mon corps me lancent de tous les côtés, je peine à aligner deux pensées rationnelles et personne ne veut me dire ce qui se passe bordel ! Et comme on est jamais mieux servi que par soit-même, je me suis décidée à agir. "Mais je ne comprends pas..." La voix de ma mère fait écho dans le long couloir de l'hôpital. "Votre fille souffre d'amnésie rétrograde, ça arrive parfois après un traumatisme important à la tête. Elle se souvient parfaitement de qui elle est, de qui vous êtes, elle rappelle comment compter et arrive parfaitement à assimiler de nouvelles informations. Par contre, elle ne se souvient absolument pas des huit dernières années. À ses yeux, elle vient encore tout juste d'obtenir son diplôme." Et encore une fois, elle pousse ce petit cris qui la caractérise tant alors que mon sang se glace. "Oh mon dieu. Oh mon dieu... Ça va s'arranger docteur, dites-moi que ça va s'arranger." Il parle de ce même ton mécanique qu'il utilisait plus tôt pour me questionner quand il lui répond. "Elle devrait recouvrer la mémoire, ce ne sera pas nécessairement en sa totalité mais elle finira certainement par se souvenir très prochainement. Le tout est de savoir quand." Ma mère blêmit à vu d'oeil. "Comment ça quand ?" Je peux sentir l'anxiété dans sa voix malgré tous les efforts qu'elle fournit pour rester calme. "Les souvenirs peuvent ressurgir quelques heures après le réveil, quelques jours après le plus souvent mais aussi quelques mois ou années après." La voilà qui tomberait presque par terre maintenant. "Mais c'est... Mais c'est horrible ! Son fiancé va arriver comment allons-nous faire ?" Je devrais tiquer à ce mot mais je suis tellement sous le choc comme ça me laisse totalement de marbre. "Il ne faut pas penser au pire madame, il y a de grandes chances pour que ses souvenirs lui reviennent rapidement. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, je peux vous le promettre, on fera tout pour qu'elle aille au mieux." Ma mère ne semble pas tout rassurée. Quand à moi ? Et bien, je reste là, pantelante derrière la porte de ma chambre d'hôpital, incapable de d'appréhender les informations que je viens d'apprendre. Je ne me bouge plus d'un pouce, je me contente de regarder le vide comme en état de choc.