Pulling against the stream + Sara

Je marche tranquillement dans les rues d'Island bay en sifflotant et évitant une ou deux mamies sur mon chemin pour rentrer à mon appartement. La musique dans mes oreilles me coupe du monde extérieur, et ça fait du bien. Surtout après une longue journée au boulot passée sur l'ordinateur. J'ai une grosse commande en cours pour une célèbre plateforme de jeux vidéos, et faut dire qu'ils sont pas mal exigeant et pressant. Ce qui veut dire que mon patron lui l'est encore plus. Il est tellement passé voir l'avancer du projet aujourd'hui que j'aurais pu le soupçonner d'avoir un crush sur moi. Mouerf, la cinquantaine et un ventre bedonnant c'est pas vraiment ce que je préfère. J'aime bien les longues jambes élancées et une paire de seins, ouai les seins c'est clairement une partie importante, voire essentielle.

Je monte les marches deux par deux pour arriver à mon étage, car bien sûr l'ascenseur est encore en panne, c'est pas drôle sinon. Je tapote mes poches qui étrangement sont vides, je fronce les sourcils et cherche dans mon sac cette fois ci. Rien, nada. Puis je soupire en comprenant que mes clefs sont soit perdues, soit dans l'appartement, à quelques mètres de moi et pourtant inaccessibles. Je passe ma main dans mes cheveux en soufflant encore une fois avant de récupérer mon téléphone pour envoyer un message à Sara. Sara qui va encore bien se foutre de ma gueule et me traiter de poisson rouge. Ce n'est pas la première fois que je la fais venir pour ce genre d'incident, un jour elle risque bien de me dire de me débrouiller, et on retrouvera mon corps inanimé sur le paillasson de ma porte, mort d'hypothermie, après trois jours sans aucune de mes nouvelles.

Lehyan a écrit:

C'est possible que tu viennes à l'appart avec mes clefs ? Je crois que je me suis enfermé dehors. Mais c'est pas ma faute !

Bon c'est faux, c'est peut-être de ma faute. Mais pas entièrement, ce matin je ne me suis pas réveillé et déjà que mon patron est tendu comme un string si j'osais arriver en retard il m'aurait décapité avec. Alors j'ai à peine eu le temps de m'habiller que je suis sortie précipitamment en claquant la porte... Encore.

Je grimace et m'adosse contre la porte de mon appartement avant de reprendre mon téléphone pour jouer à un nouveau jeu. Un remake de pac man, mais en moins bien, et avec des licornes. Déjà que j'étais pas convaincu de la miniature du jeu, le contenu me fait carrément flipper. Je joue encore un peu en rouspétant contre Sara « Elle va les chercher en Alaska les clefs ou quoi ? » Mauvaise foi bonsoir. Je pose ma tête contre le mur avant de continuer mes murmures, un peu dans le style de Brick de the middle. « Mais pourquoi je suis un boulet pareil » Je grogne lorsque ma tête tape dans le mur, et je ne me rends même pas compte que quelqu'un se tient derrière moi, trop occupé à râler contre le mur qui m'a tapé.

Mon dernier patient n’est pas des plus agréables, en plus de ce que je décèle comme étant visiblement un dédoublement de personnalité, le jeune homme semble être agressif. Je ne suis pas rassurée mais je dois tenir le coup, gardant un œil sur la pendule derrière lui, et mon téléphone près de moi en cas de saute d’humeur imprévue. La voilà qui s’agite et je tente de le raisonner d’une voix douce et d’un sourire tendre comme j’en ai l’habitude. Heureusement, il se calme et s’excuse, et nous terminons la séance non sans encombres. Je le raccompagne jusqu’à la porte en lui souhaitant une bonne soirée et m’enferme dans mon bureau pour souffler quelques minutes. Cette journée a éprouvante et j’ai une migraine carabinée en plus de tout ça. La soirée va être très vite vue, un bon verre de vin et au lit. Je retire ma blouse, rassemble mes affaires et récupère mon sac à main avant de me diriger vers ma voiture. Me massant les tempes, j’essaie de faire passer ce mal de tête abominable mais rien n’y fait. Je rêve d’un bon bain chaud et d’un massage, mais je vais rentrer et me confronter à mon appartement désespérément vide. Je prends le chemin d’Island Bay, et plus précisément de chez moi, quand je reçois un sms. Je ne le lis qu’au prochain feu rouge, il s’agit de Lehyan, mon meilleur ami, qui me dit avoir oublié ses clés. Je soupire d’exaspération et secoue la tête d’un ai désespéré. Quel boulet.

J’arrive enfin chez moi et prends une seconde pour lui répondre que j’arrive. Il attendra un peu, ça lui apprendra à jouer les tête de linottes. Je déposes mes affaires dans le salon, m’enfile une demi canette de Perrier et récupère les clés de Lehyan dans le tiroir de la commode de l’entrée avant de repartir, non sans mal vu mon mal de tête. Je me gare devant chez mon meilleur ami et monte à son étage, le trouvant en train de se cogner la tête contre le mur, et grommelant comme un enfant. « Tu sais que t’as des pieds, et y’a un bus direct jusque chez moi, je t’apprends rien. Tu aurais pu venir les chercher ! » lui dis-je en lui tendant le trousseau de clés. Lorsqu’il se relève, cherchant à attraper lesdites clés, je fais un geste vers moi pour l’en empêcher. « Je te les donne seulement si tu me fais un massage en échange. J’ai eu une journée affreuse... » Je lui adresse un petit sourire narquois, espérant qu’il accepte.

Je me retourne sans perdre de temps en entendant la voix de ma sauveuse Sara et je me relève en lui adressant mon plus beau sourire pour m'excuser « Tu sais que t’as des pieds, et y’a un bus direct jusque chez moi, je t’apprends rien. Tu aurais pu venir les chercher ! » Je hausse les épaules et passe une main dans mes cheveux. C'est vrai, ça m'a traversé l'esprit, mais j'avais clairement la flemme de ressortir de prendre le bus, surtout à cette heure ci avec le monde qu'il y a. « Oups » Je me relève avec la ferme intention de récupérer mes précieuses clés pour enfin m'allonger dans mon canapé avec une bière et décompresser. Mais Sara en décide autrement puisqu'elle m'empêche de les attraper, je hausse un sourcil en l'entendant évoquer sa condition « Je te les donne seulement si tu me fais un massage en échange. J’ai eu une journée affreuse... » Je la jauche du regard et penche la tête sur le côté. C'est vrai que sa journée n'a pas l'air d'avoir été de tout repos. Elle a la tête d'un zombie avec des cernes qui mangent tout son joli visage. « Je te propose plutôt un verre de vin ? » Je lui souris « Ou toute la bouteille, c'est comme tu veux » J'attrape mes clés en la laissant râler et déverrouille enfin ma porte. Je dépose mes affaires par terre et file en direction de la cuisine sans l'attendre. De toute façon elle connaît aussi bien mon appartement que moi, elle ne risque pas de se perdre.

Dans le frigo j'attrape une bière, puis je vais chercher un verre et une bouteille de vin pour Sara. A force j'ai pris l'habitude d'en garder toujours une au frais au cas où elle passerait. Je retourne au salon et dépose tout devant nous en lui souriant doucement « Patients horribles ? »

J'ai toujours été admiratif de son travail, psychiatre c'est pas quelque chose de facile tous les jours. Savoir gérer les patients, leurs crises, et tout ça sans se faire taper c'est pas évident. Pourtant lorsque Sara parle de son métier on voit qu'elle arrive à passer au dessus de tout ça pour les aider au mieux à vaincre leurs démons, et ça, c'est cool. Cette fille pourrait être mon héros en plus de ma sauveuse mais il ne faut pas lui dire, elle risquerait de prendre la grosse tête.

Je ne suis pas d’humeur aujourd’hui, enfin, si, je suis toujours d’assez bonne humeur en général, souriante et pleine de vile, les yeux pétillants de malice. Mais il y a des jours où j’ai besoin de souffler, de respirer un peu, de penser à autre chose qu’à mon boulot, prendre un bain, regarder une comédie romantique, et dormir douze heures d’affilée. Mais c’est sans compter mon meilleur ami qui décide de me couper mes plans de détente, puisque cet idiot est coincé hors de chez lui. Il m’aura tout fait, je vous jure ! Je le rejoins donc chez lui, légèrement irritée, et je ne tarde pas à lui faire comprendre, sans méchanceté aucune, mais une petite pique ne peut pas lui faire de mal de toute manière. « Oups » me répond-il simplement, me faisant lever les yeux au ciel. Mais avant de lui donner ses clés, je lui demande en échange un massage, espérant qu’il m’accorde cette faveur. Mais pas sûr. « Je te propose plutôt un verre de vin ? » Rah, il m’énerve à me connaître aussi bien. Je ne refuse jamais un bon verre de vin quand je suis fatiguée ou après une longue journée de boulot. « Ou toute la bouteille, c'est comme tu veux » Je soupire un peu et secoue la tête à la négative. « Non on va éviter de se bourrer la gueule si je veux rentrer chez moi entière. » Il ouvre la porte et je le suis à l’intérieur. Il est vrai que j’aurai pu simplement reprendre ma voiture et rentrer chez moi, mais au lieu de ça je choisis de passer un peu de temps avec mon meilleur ami, espérant qu’il ait les mots pour me changer les idées. En général c’est le cas.

Je me laisse tomber dans le canapé en soupirant après avoir retiré ma veste, et je retire aussi mes talons hauts qui commencent à me faire un mal de chien. Lehyan revient avec une bière et ma bouteille de vin blanc, celle qu’il garde toujours dans son frigo juste pour moi. « Sois bénis. » Je joins les mains à la parole en faisant un geste de prière avant de rire un peu, et je récupère le verre qu’il vient de me servir. « Patients horribles ? » Je soupire largement après ma première gorgée de vin. « Ouais, je les ai enchaînés aujourd’hui, c’est pas ma meilleure journée, clairement. Mais bon, c’est terminé au moins… » Je laisse tomber ma tête contre le dossier du canapé et ferme les yeux un instant avant de tourner la tête vers lui et lui adresser un petit sourire. « Et toi ? Ça a été ? Malgré ta tête que tu oublies un peu partout ? » Je ris légèrement et bois une nouvelle gorgée de mon verre de vin. Finalement, être là est une bonne chose, ça me fait du bien de le voir, de ne pas être seule chez moi. Voir du monde, parler, penser à autre chose, c’est ce qu’il me fallait, et il tombe à point nommée, comme toujours.

Je rigole légèrement en l'entendant dire qu'elle préférerait éviter de ivre morte. Comme si elle était raisonnable, si mes souvenirs sont bons Sara n'a jamais hésité à prendre un -ou plusieurs- verres. Je serais même incapable de me souvenir de toutes nos soirées qui ont fini dans le flou à cause de l'alcool. « Genre t'es obligé de rentrer chez toi... » Je lui souris malicieusement avant de tourner la clef dans la serrure et d'ouvrir enfin la porte de mon appartement en la laissant sur ces paroles.

De retour dans le salon avec nos boissons je me pose à côté d'elle et lui tend son verre fraichement rempli. Je décapsule ma bouteille me laisse tomber en soupirant contre le dossier, bien content d'être enfin chez moi. Je lui demande comment ça c'est passé aujourd'hui avec ses patients, et vu la tête qu'elle fait je n'ai aucun doute sur le fait que ça a été difficile « Ouais, je les ai enchaînés aujourd’hui, c’est pas ma meilleure journée, clairement. Mais bon, c’est terminé au moins… ». Je grimace, peu rassuré à l'idée de la savoir entre quatre murs toute la journée avec des personnes un peu trop sensible. J'ai toujours peur qu'un ait l'idée de l'agresser. Même si je sais qu'elle est apte à se défendre, avec sa frêle silhouette on pourrait croire le contraire, un simple mouvement suffirait de la casser en deux. Je dépose gentiment ma main sur sa cuisse que je serre quelques instants en signe de soutien et sans aucune autre idée derrière la tête. « Et toi ? Ça a été ? Malgré ta tête que tu oublies un peu partout ? ». Je grogne légèrement en l'entendant rigoler, elle va encore m'en parler pendant des lustres. « C'était pas de ma faute je te l'ai dis ! » Je fais la moue « C'est l'autre là ! Si j'arrive en retard je me fais exploser » Lehyan, 32 ans, vocabulaire d'un gosse de 15 ans. « J'me suis pas réveillé et le boss est un peu trop tendu en ce moment. Je m'occupe de la plateforme du nouveau jeu indépendant de Ubisoft » Un grand sourire illumine mon visage, car même si c'est beaucoup de travail et d'investissement, j'adore mon boulot et je ne changerais rien. A part mon patron peut-être, dans le genre vieux relou il excelle. Et donc bien sur notre activité préféré avec mes collègues c'est de le faire monter en pression. 3 points s'il crie, 10 points si son crâne tout chauve devient rouge !

« Genre t'es obligé de rentrer chez toi… » dit-il en me souriant malicieusement. Je me contente de lever les yeux au ciel d’un air faussement désespéré. Il est vrai que je n’ai pas l’obligation de rentrer chez moi, après tout, l’appartement de mon meilleur ami est comme une résidence secondaire pour moi, j’y passe beaucoup de temps, et parfois même les nuits. Sachant que lorsque c’est le cas, je refuse de dormir dans le canapé, Lehyan de même, et on sait comment ça finit. Ce soir, je suis épuisée, et - en tout cas pour le moment - je n’ai aucune envie de passer la nuit à faire des folies avec Lehyan, je suis beaucoup trop fatiguée. Je sais bien que le problème avec lui, c’est qu’il est persuasif, et que son petit regard me fait flancher beaucoup trop rapidement. Quoi qu’il arrive, nous n’en sommes pas là, et je soupire en buvant la première longue gorgée de mon verre de vin. Après avoir répondu à ses questions, je lui en retourne quelques unes. « C'était pas de ma faute je te l'ai dis ! » Je hoche la tête en faisant une petit moue très peu persuadée parce qu’il avance. « Hum. » Tu parles oui. « C'est l'autre là ! Si j'arrive en retard je me fais exploser. » J’arque un sourcil. Je sais qu’il bosse dans le monde enfantin des jeux vidéos, mais il n’est pas obligé non plus de parler comme les gamins ou les adolescents geek qui testent les jeu que Lehyan crée. « J'me suis pas réveillé et le boss est un peu trop tendu en ce moment. Je m'occupe de la plateforme du nouveau jeu indépendant de Ubisoft. » Le sourire qui illumine son visage fait plaisir à voir. Je connais la firme que de nom, mais je sais qu’ils sont les créateurs de grands jeux vidéos qui ont marché à travers le monde. « Wow ! Génial ! Félicitations ! » Je lui souris à mon tour. Décidément, être en sa présence me fait un bien fou, je devrais y penser plus souvent. « Et alors parle-moi de ce jeu, ça consiste en quoi, et tu fais quoi exactement ? » Je tends mes jambes pour poser sur lui mes pieds endoloris par les talons que j’ai porté toute la journée. Comme chez moi. En même temps, ne suis-je pas chez moi un peu ? Je l’écoute me parler, frissonne légèrement lorsqu’il pose sa main sur ma cheville, et je pose ma tête sur le dossier du canapé, les yeux rivés sur lui, m’abreuvant de ses paroles mais surtout de son enthousiasme. Il est vraiment trop mignon.

Installé confortablement dans le canapé et avec Sara comme compagnie c'est en général les meilleures soirées qui puissent exister. Nos deux boulots nous prennent pas mal de temps, que ça soit la semaine ou le week-end il y a souvent des aléas qui nous empêchent de nous retrouver et de partager des moments comme celui là. C'est chiant, mais on commence à avoir l'habitude. De toute façon c'est prouvé que les soirées les plus réussies sont celles faites à l'improviste. J'explique rapidement à Sara mon problème de ce matin et en voyant sa tête je comprends que je la laisse dubitative. Je m'emballe peut-être un peu trop, mais de ça aussi elle a l'habitude. Puis lorsque je l'informe que c'est moi qui suis en charge de la nouvelle plateforme de Ubisoft son visage se fend d'un grand sourire, et je ne peux m'empêcher d'être encore plus surexcité de partager ça avec elle. Je sais que Sara c'est ma fan number one, malgré toutes les folles idées qui traversent mon esprit, elle est toujours là derrière moi, avec un grand gant en mousse où c'est écrit "#1", et même que parfois elle est nue, avec comme seul accessoire ce fameux gant, mais j'préfère éviter de lui dire sinon elle va me traiter de pervers. « Et alors parle-moi de ce jeu, ça consiste en quoi, et tu fais quoi exactement ? » Tout content, je commence à lui expliquer grâce à quelle idée j'ai gagné le droit de réaliser la prochaine version du jeu. Et toutes les idées que je veux construire autour de l'histoire. Machinalement je commence à caresser sa cheville lorsqu'elle s'allonge sur le canapé en déposant ses jambes sur mes genoux. J'exerce des petites pressions sur sa cheville, tout en continuant de lui raconter ce que je compte faire, les nouveaux logiciels sur lesquels je vais pouvoir faire joujou pour développer le graphisme du jeu. « Tu te rends compte qu'il y a encore quelques années le boss me laissait seulement faire des logos, du graphisme de base et là, je viens de lui faire remporter un contrat qui vaut plus d'argent que son entreprise ? » Des étoiles plein les yeux je lui souris doucement en prenant conscience de tout ce que j'ai traversé pour en arriver là. Ma main remonte doucement sur sa jambe sans que je m'en rende vraiment compte, complètement perdu dans mes pensées, une fois lancé sur le sujet c'est un peu dur de redescendre. « D'ailleurs, promis tu auras droit à voir en avant première la version finale » Je lui fais un petit clin d'oeil en rigolant, je sais très bien que les jeux vidéo c'est pas sa première préoccupation mais avoir son avis compte, même si elle ne connaît pas grand chose dans le domaine.

Je vois l’enthousiasme dans la voix du jeune homme, je trouve ça vraiment adorable. Il a ce côté enfantin qui me ferait hérisser les poils si c’était mon mec, mais c’est mon meilleur ami, et chez lui, je trouve ça mignon. C’est sans doute pour cette raison que notre couple n’a pas fonctionné d’ailleurs, mais en tant que meilleur ami, il est juste en or, et j’ai énormément de chance de l’avoir dans ma vie. Large sourire aux lèvres, je lui demande de me parler de ce nouveau projet qui semble lui donner du baume au coeur. Et alors qu’il commence à m’expliquer, il caresse ma cheville, mon mollet, et moi je frissonne, mine de rien. Il a toujours eu une douceur inouïe dans chacun de ses gestes envers moi, et j’adore ça, bien plus encore que je ne voudrais l’avouer. « Tu te rends compte qu'il y a encore quelques années le boss me laissait seulement faire des logos, du graphisme de base et là, je viens de lui faire remporter un contrat qui vaut plus d'argent que son entreprise ? » Je vois ses yeux scintiller de fierté. Il est adorable. Je hoche vivement la tête en souriant. « C’est génial, je savais que tu en étais capable ! » Je vois qu’il est happé par ses pensées, et ça me fait sourire davantage. « D'ailleurs, promis tu auras droit à voir en avant première la version finale. » « J’espère bien ! » que je lui réponds du tac au tac avant de rire un peu, et terminer mon verre presque d’une traite. « J’y connais rien, je suis nulle même au premier monde de mario, mais je te donnerai mon avis, même s’il vaudra sûrement pas grand chose mais, il sera là ! » Je dépose mon verre sur la table basse en me penchant un peu, et me redresse, pliant mes jambes sous mes fesses pour m’approcher de lui. Je glisse une main sur sa joue, jusque dans son cou, et dépose tendrement un baiser sur sa joue, sans doute un peu trop près de ses lèvres d’ailleurs. « Dis moi mon chéri. Tu voudrais pas nous cuisiner ton merveilleux risotto aux champignons ? » Je ris et il se joint à moi, on sait très bien lui comme moi qu’il n’est pas le meilleur cuistot de la ville. « On se commande un truc ? Je meurs de faim ! » Je me lève et vais chercher mon téléphone pour ouvrir l’appli de livraison et nous cherchons ensemble quelque chose qui nous plaira à tous les deux. « Faut bien fêter ça ! » Commande partie, je me sers à nouveau un verre de vin. « Et a part le boulot… tout va bien ? T’as toujours rencontré personne ? » Ça fait un peu la fille qui se renseigne mais en vrai, je m’intéresse juste à la vie de mon meilleur ami, n’allez pas voir ici un quelconque intéressement autre qu’amical. Oui. Vraiment.

Raconter tous les petits détails de la conception d'un jeu c'est en général un truc ennuyant pour ceux qui ne connaissent rien à ça. Et pourtant les raconter à Sara c'est complètement autre chose, je peux voir qu'elle prend vraiment du plaisir à m'écouter, et ça fait vraiment du bien de pouvoir se sentir comme ça avec une personne, surtout si cette personne c'est elle. Elle n’a pas choisi son métier au hasard. « J’y connais rien, je suis nulle même au premier monde de mario, mais je te donnerai mon avis, même s’il vaudra sûrement pas grand chose mais, il sera là ! » Je rigole un peu, mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que son avis, c'est celui qui compte le plus. Sara bouge légèrement pour venir se pencher sur moi, elle embrasse délicatement ma peau et je sais très bien que ce n'est pas anodin, ma main vient se poser sur le haut de la cuisse, la laissant jouer à son petit jeu sans rien dire, en me contentant de sourire. « Dis moi mon chéri. Tu voudrais pas nous cuisiner ton merveilleux risotto aux champignons ? » Son doux rire provoque le mien, je serais incapable de faire des oeufs même si ma vie en dépendait. « On se commande un truc ? Je meurs de faim ! » Je lève les yeux en l'air « Comme si t'avais besoin de mon accord » Je me penche sur elle pendant qu'elle fait défiler les noms des restaurants et fast-food sur son téléphone. Je la laisse décider de ce que nous allons manger puis je pars me changer, optant pour un simple jogging gris et un t-shirt. En revenant je vois Sara me regarder, comme si elle hésitait à me dire quelque chose, puis elle se lance. « Et a part le boulot… tout va bien ? T’as toujours rencontré personne ? » Un sourire taquin vient se placer sur mes lèvres, et comme pour la faire languir je bois une longue gorgée de ma bière en la fixant droit dans les yeux. Il est vrai que ces derniers temps mon lit est rarement vide, Nell alias la cousine de Sara, qui est arrivée récemment en ville, me rend visite régulièrement. Au début c'était seulement amical, elle ne connait pas grand monde ici et c'est vrai que j'aimais bien passer du temps avec elle, jusqu'au soir où tout a dérapé. « Mhhh j'sais pas » Je hausse les épaules, me demandant si je devrais lui dire ou pas. « Il y a bien une fille, tu vois » Mes phrases traînent en longueur, je sais qu'elle déteste ça alors je continue « Mais tu vois, Docteur Freud, parfois la vie décide de réunir deux personnes, mais seulement pour un temps » Je me concentre sur le liquide qui tourne dans ma bouteille de verre pour ne pas affronter son regard car je sais que ce que je fais, c'est mal « L'alchimie, le désir, tout est là, mais parfois ça suffit pas pour construire quelque chose de sérieux et durable » Je hausse les épaules avant de prendre une nouvelle gorgée « Alors... » Je me tourne vers elle et souris légèrement « Quel est ton diagnostic ? »

J’ai faim, et puisque Lehyan ne cuisine pas, je vais devoir commander. Il se penche sur moi pour m’aider avec la commande et une fois choisi, j’envoie et il ne nous reste plus qu’à attendre. Pendant que je finalisais la commande, monsieur s’est éclipsé pour se changer, et je le regarde revenir dans une tenue plus relax, je l’envie presque, moi et ma robe serrée. L’air de rien, je me lance et lui demande des nouvelles de sa vie, de sa vie amoureuse. Quoi ? Je prends des nouvelles ! « Mhhh j'sais pas » Voilà qu’il joue à celui qui me fait languir. Je déteste quand il fait ça et il le sait très bien. J’arque un sourcil, dubitative. « Il y a bien une fille, tu vois » Les yeux plissés, je le laisse venir à moi, attendant la suite, pendue à ses lèvres. « Mais tu vois, Docteur Freud, parfois la vie décide de réunir deux personnes, mais seulement pour un temps » Je déteste encore plus quand il fait des pauvres allusions ou sous-entendus de cet acabit. Je grogne de l’intérieur mais ne laisse rien paraître, ou du moins, j’essaie. Il boit une gorgée de bière, puis deux, mais rien ne sort à nouveau. Il va lâcher le morceau oui ? « L'alchimie, le désir, tout est là, mais parfois ça suffit pas pour construire quelque chose de sérieux et durable » On dirait qu’il parle de nous, et ça me déstabilise. C’est complètement idiot, ça ne devrait pas me donner chaud comme ça, c’est sûrement de quelqu’un d’autre dont il parle. C’est ça. Une autre fille. Pas moi. « Alors… Quel est ton diagnostic ? » me demande-t-il en souriant. Je me racle un peu la gorge et me remets bien droite sur le canapé, pieds ancrés au sol, et viens récupérer mon verre de vin, que je finis puisqu’il ne restait que deux petites gorgées. « Si je savais donner un diagnostic sur les relations amoureuses, j’aurai été psy de couple ! » Je laisse un petit rire franchir mes lèvres. « Mais… encore faut-il le vouloir, le sérieux et durable, Mr Wilson… » Je repose mon verre au lieu de jouer avec et pose mon regard dans le sien, un rictus au coin des lèvres. « Tu es prêt ? A t’engager avec une femme ? Peut-être que c’est la bonne, mais que simplement tu ne te laisses pas le temps d’entrevoir la suite de l’histoire, l’avenir avec elle… » Déformation professionnelle, j’imagine. « Il y a quelque chose qui t’empêche de construire quelque chose avec cette fille ? » Je rêve de savoir qui c’est, comment elle s’appelle, ce qu’elle a de différent - et de mieux que moi - mais je n’ose pas poser la question. Pas encore. Je me ressers un verre de vin, c’est déjà le troisième et je commence à être légèrement plus taquine, c’est le dernier.

Sara m'écoute attentivement, elle est pratiquement pendue à mes lèvres et j'en profite pour faire durer le suspense. Les mots sortent naturellement d'entre mes lèvres et lorsque mes yeux croisent les siens je ne sais plus de qui je parle, si c'est de Nell ou d'une autre. Alors je décide finalement de ne rien dire à propos de ma pseudo relation avec sa cousine, et je termine en lui demandant ce qu'elle, elle en pense. J'aime avoir son avis sur à peu près tous les aspects de ma vie. Sara c'est mon pilier, c'est niait de dire ça, mais c'est la vérité. Je la regarde finir un énième verre de vin et je ne peux m'empêcher de sourire, ça me rappelle nos soirées, celles où elle finit pompette car elle s'est arrêté au verre de trop. « Si je savais donner un diagnostic sur les relations amoureuses, j’aurai été psy de couple ! » J'accompagne son rire et hausse les épaules négligemment « Je tente le tout pour le tout » Elle dépose son verre devant elle, sage décision. « Mais… encore faut-il le vouloir, le sérieux et durable, Mr Wilson… » Je fronce les sourcils et pince mes lèvres, le problème il est là. Elle met le doigt dessus et je sais pas pourquoi, ça me gêne. Tu es prêt ? A t’engager avec une femme ? Peut-être que c’est la bonne, mais que simplement tu ne te laisses pas le temps d’entrevoir la suite de l’histoire, l’avenir avec elle… [/color]» Je l'écoute attentivement et cette fois ci c'est moi qui suis pendu à ses lèvres, ses mots rentrent plutôt bien dans ma tête, même trop bien. « Il y a quelque chose qui t’empêche de construire quelque chose avec cette fille ? » Ma jambe tressaute, trahissant ma nervosité. « Et si justement en prenant le temps de tenter quelque chose avec cette fille, je ne passais pas à côté de quelqu'un d'autre ? » Je mime des guillemets entre mes doigts « L'élue de mon coeur ? » Ma jambe continue toujours ses tremblements et je sais que Sara meurt d'envie de savoir de qui je parle, mais j'crois que même moi je ne sais pas. C'est cool avec Nell, on s'amuse bien, mais comment savoir si je veux plus qu'une nuit avec elle. « C'est pas quelque chose qui m'empêche, j'crois pas, car j’ai pas de mal à être avec elle, c’est plutôt que j'en ai pas vraiment envie lorsqu’elle n’est pas dans les parages » Je hausse les épaules et l'observe se remplir un nouveau verre de vin. « J'arrive pas à mettre le doigt dessus, sur ce que je ressens » J'ai l'impression de me livrer un peu trop, vu la faible quantité d'alcool ingurgité je ne pourrais même pas remettre la faute sur ça la prochaine fois qu'elle me parlera de mes confessions.