souvenirs du passé (alma)

❝ souvenirs du passé. ❞
alma & billie

Tous les matins, j’ai ma petite routine et si jamais il m’arrive de ne pas la suivre, alors ma journée se passe plutôt mal. Dans ces cas, on dirait que je me suis levée du mauvais pied et il est mieux de ne pas m’énerver. En quoi cela consiste ? En sortant de chez moi, je glisse les écouteurs dans mes oreilles et je prends la direction du café le plus proche de chez moi. J’y prends un cappuccino, que je déguste sur place, avant de partir pour le gymnase et pour mon premier entraînement de la journée. Néanmoins, aujourd’hui, les choses ne se passent pas comme prévues. Alors que je m’apprête à sortir du café, je tombe face à face avec une blonde. Jusque là, rien de bizarre. Seulement cette femme ressemble beaucoup à une ancienne connaissance, beaucoup trop même. « Alma ? » Il n’y a qu’ainsi que je pourrais en avoir le coeur net. Quoique. En vérité, il n’y a pas besoin de mots pour me confirmer que j’ai raison, mon regard ancré dans le sien suffit. Je reconnaîtrais ce regard azur parmi mille. « Je pensais avoir rêvé l’autre jour, mais finalement c’était bien toi ? » Il y a quelques jours, à peine une semaine, j’ai cru la voir au détour d’une rue, alors qu’il semblerait que ce n’était finalement pas que mon imagination. « Ça fait longtemps que tu es en ville ? » La sensation que j’ai de la revoir est bizarre, je ne saurais pas mettre de mot là-dessus, mais dans le fond, c’est plutôt agréable. Nous avons vécu de belles choses quand nous étions jeunes et même si le temps et la distance nous ont séparées, je ne regrette aucunement ce qu’il s’est passé entre nous. Alors je ne peux pas être triste de la voir ici, surtout en ce moment. À l’époque, la jeune femme me connaissait mieux que quiconque, alors qui sait, c’est peut-être celle qui va pouvoir me venir en aide. Enfin ça, ce n’est pas pour tout de suite. Je n’ai pas envie de l’effrayer pour le moment, je veux juste m’assurer qu’elle va bien et que tout est comme elle l’espérait. Qu’elle a réussi à réaliser ses rêves et qu’elle est heureuse. « Est-ce que tu as du temps devant toi ? On pourrait peut-être boire un café ensemble et rattraper le temps perdu ? » Les fois où j’ai pu imaginer ce moment, ce n’était pas à Island Bay. Ici, nous sommes à des centaines de kilomètres du lieu où nous nous sommes rencontrées. C’est tellement étrange de la voir ici, dans ma ville, celle que j’habite depuis plusieurs années. Alors oui, elle a certainement plein de choses à me raconter et si finalement ça ne se fait pas là, parce qu’elle a autre chose à faire, nous allons devoir planifier un rendez-vous pour nous revoir très vite. Je ne la laisserais pas m’échapper, pas deux fois, même si aujourd’hui, les choses entre nous sont bien différentes. Nous avons grandi, nous avons mûri et nous sommes très certainement différentes de l’époque où nous étions ensemble.

revenir à tes sources, à tes racines, te faisait le plus grand des biens. pas qu'à londres tu ne te sentais pas bien, au contraire... tu y avais rencontré des gens merveilleux et tu avais pu t'épanouir professionnellement parlant, mais tu avais aussi besoin de nouveaux défis, de nouveaux challenges. et revoir ta jeune soeur, dans le lot, ça ne se refusait pas. qui plus est, revenir en nouvelle-zélande était l'occasion rêvé pour fonder une famille avec jordan. vous commenciez à en parler et l'idée faisait son bout de chemin dans ta tête. bref, depuis fin septembre que tu étais arrivée et tu avais pris du temps pour redécouvrir ce petit coin de pays que tu aimais tant autrefois. à commencer par ce petit café d'island bay où tu adorais aller tôt le matin ou en fin d'après-midi après un journée de boulot bien remplie. aujourd'hui c'était un peu différent comme tu avais congé. tu pouvais prendre un peu plus de temps et savourer ton latté moka sur place. tu entras donc dans le petit café avec ton habituel sourire. or, les choses ne se passèrent pas exactement comme à l'habitude. au lieu d'arriver et de directement aller au comptoir pour commander, tu tombas nez à nez avec ce qui semblait être une ancienne amie. ou peut-être plus ? tu voyais tellement de monde depuis que tu bossais dans des hôpitaux... « Alma ? » tu fronces les sourcils pour essayer de te souvenir et... comme si un éclair te traversait tout le corps, ça t'est revenue. c'était billie. billie wade. ta billie. « Je pensais avoir rêvé l’autre jour, mais finalement c’était bien toi ? » tu hausses les épaules en souriant bêtement, encore sous le choc d'une telle rencontre. « Ça fait longtemps que tu es en ville ? » tu soupires, trouvant que son approche était plutôt basic. elle te bombardait de questions, ne prenant même pas la peine de poser la plus importante, la plus essentielle selon toi: comment tu vas ? « ça fait plaisir de te revoir, alma. comment vas-tu ? » lanças-tu, faussement offusquée de son comportement. elle allait forcément trouver que tu avais changé, juste de la façon dont tu lui répondais. c'était surtout pour cacher ton étonnement de la revoir après tout ce temps. « Est-ce que tu as du temps devant toi ? On pourrait peut-être boire un café ensemble et rattraper le temps perdu ? » tu souris, hoche la tête. « je suis libre comme l'air, mais je doutes qu'on puisse rattraper le temps perdu en un seul café, billie. » petit clin d'oeil suivi d'un sourire. « va t'asseoir, je vais me commander quelque chose et je te rejoints, d'accord ? » dis-tu avant de poser ta main sur son bras, tout sourire aux lèvres. tu te diriges vers le comptoir pour commander tandis qu'elle va prendre place à une table libre. en moins de cinq minutes, tu te retrouves de nouveau face à elle.

❝ souvenirs du passé. ❞
alma & billie

Revoir mon ancienne petite-amie me rend bien plus bizarre que prévu. Je perds complètement mes moyens face à elle. Je me sens maladroite et elle ne tarde pas à me faire comprendre qu'elle a également ce sentiment. « Ça fait plaisir de te revoir, Alma. Comment vas-tu ? » Je grimace légèrement. « Oui.. désolé. » Lui demander directement ce qu'elle fait ici n'était pas une bonne idée. J'ai été bien trop directe, mais que pouvais-je faire d'autre ? C'est la première question qui m'a traversé l'esprit. « Je suis libre comme l'air, mais je doute qu'on puisse rattraper le temps perdu en un seul café, Billie. » Un sourire remplace rapidement ma moue. Elle ne tient pas rigueur de mon approche catastrophique, c'est déjà un bon point. « Va t'asseoir, je vais me commander quelque chose et je te rejoints, d'accord ? » Je hoche la tête et sans un mot de plus, je prends mes distances pour aller m'installer à une table libre. Rapidement, je regrette d'avoir bu la totalité de ma boisson aussi vite. Je vais avoir l'air bête quand elle sera de retour, je n'aurais rien d'autre à regarder qu'elle et je ne voudrais pas la mettre mal à l'aise. Quand elle revient, elle prend place face à moi. Mon regard se plante dans le sien et un sourire plus large que le précédent s'étire sur mon visage. « C'est étrange de te croiser ici. » Finis-je par dire après de longues secondes de silence. « Mais ne pense pas que c’est désagréable. » J’essaye de me rattraper, plus vite que tout à l’heure, car je n’ai pas envie qu’elle pense que c’est uniquement bizarre pour moi. « C’est juste que ça fait de nombreuses années maintenant et je ne pensais pas recroiser ton chemin dans un simple café. » Pour elle, j’avais toujours voulu de l’extraordinaire et ce serait mentir de dire que je ne veux pas la même chose encore aujourd’hui. « Tu es de passage à Island Bay ? Ou c’est pour plus longtemps ? » Avoir l’occasion de la croiser encore me réjouit, mais pour le moment, je garde cela pour moi. Après tout, elle ne m’a pas encore confirmé qu’elle vivait ici, ça serait quand même dommage de s’emballer trop tôt. Je sais bien qu’il ne faut pas que je l’agresse avec toutes mes questions, mais il y en a tellement qui me traverse l’esprit. J’ai besoin, ou plutôt envie, de savoir si elle va bien, si elle fait ce qu’elle veut, si elle est heureuse, si elle a quelqu’un, si elle a une famille. Tous ces points qui font sa vie. Même si je dois l’avouer, certaines de ses réponses à ses questions pourraient me faire un drôle d’effet. Le fait qu’elle est quelqu’un par exemple. Non pas que je serais jalouse, quoique, mais disons que la dernière fois où je l’ai vu, j’étais celle qui logeait dans ses bras.

tu regardas la jeune femme s'éloigner pour aller vous trouver une place autour d'une table et ton coeur se serra. et si tu avais été too much, repensant à la façon dont tu lui avais répondu, reprochant son manque flagrant de politesse à ton égard ? tu n'as pas la langue dans ta poche et tu es du genre à presque toujours dire tout haut ce que tu devrais garder pour toi. et si tu avais atténué, terni le souvenir qu'elle se faisait de toi ? tu chassas ces pensées d'un battement de cils. tu n'avais qu'à faire plus attention à tes dires lorsque tu serais à nouveau en sa compagnie. tu commandas un latte fait avec du lait d'amande -c'était le seul bistro qui offrait un choix de consommation vegan, tu en étais bien heureuse- et un fois servie, tu te dirigea vers la table qu'elle vous avait réservé. tu posa ta tasse en carton d'une main, mettant ton sac à main sur le siège à côté de celui que tu allais prendre. tu souris à la jeune femme en t'installant face à elle. « C'est étrange de te croiser ici. [...] Mais ne pense pas que c’est désagréable. » tu souris de nouveau, tu remarquais qu'elle faisait plus attention à ses propos, de peur de se reprendre une gifle à la figure comme quelques minutes plus tôt. « c'est vrai que ça fait vraiment bizarre... on aurait cherché à organiser des retrouvailles qu'on aurait pas pu et là, à tout hasard ça arrive... la vie fait bien les choses, faut croire. » dis-tu en souriant. ce sourire refusait de s'effacer de tes traits. c'était peut-être l'effet qu'elle te faisait ou... le souvenir de l'effet qu'elle t'avait fait par le passé... « C’est juste que ça fait de nombreuses années maintenant et je ne pensais pas recroiser ton chemin dans un simple café. » tu hausses les épaules. le hasard. le pur hasard. « Tu es de passage à Island Bay ? Ou c’est pour plus longtemps ? » tu secoues la tête tout en prenant une gorgée de ton latte qui avait commencé à refroidir. tu le reposas sur la table et vint t'essuyer la commissure des lèvres avec ton pouce et ton index de ta main droite. « je viens d'emménager. fin septembre, pour être exacte. j'ai eu un poste de travailleuse sociale à l'hôpital d'island bay... je vivais à londres depuis mes vingt et un ans... et revenir en nouvelle-zélande faisait bien mon bonheur. ma soeur me manquait... » tu n'osas pas lui parler de jordan. pas tout de suite en tout cas... ça viendrait, en temps et lieu. « et toi ? toujours dans le monde du sport ? » c'est ce qui l'avait mener aux états-unis, lorsque vous étiez à peine de jeunes adultes... c'était sa passion, sa vie à l'époque. tu espérais que ce soit toujours le cas, sinon tu aurais du rattrapage à faire...

❝ souvenirs du passé. ❞
alma & billie

Alma est mon rayon de soleil aujourd’hui et c’est bien ce qu’il me manquait. Le début de journée n’a pas été désagréable, mais en ce moment, j’ai bien besoin de courage pour arriver aux fins de journées et c’est bien ce que va m’apporter la jeune femme. Elle, mais aussi l’idée de la revoir un autre jour, dans un contexte qui sera différent d’un simple café. « C’est vrai que ça fait vraiment bizarre... On aurait cherché à organiser des retrouvailles qu'on aurait pas pu et là, à tout hasard ça arrive... La vie fait bien les choses, faut croire. » Alma me retire les mots de la bouche. C’est toujours agréable de revoir un visage connu après plusieurs années, de voir à quel point les gens ont évolué, mais là, de la voir elle, c’est d’autant plus délectable. Sans attendre plus, je lui demande ce qu’elle fait ici. Si elle est simplement de passage ou si sa présence ici signifie qu’elle vit à Island Bay ou alors à Wellington. « Je viens d'emménager. Fin septembre, pour être exacte. J'ai eu un poste de travailleuse sociale à l'hôpital d'Island Bay... Je vivais à Londres depuis mes vingt-et-un ans... et revenir en Nouvelle-Zélande faisait bien mon bonheur. Ma soeur me manquait... » La famille, c’est quelque chose que je comprends bien. J’ai toujours été proche de ma mère, de ma sœur, de mon frère et de mon père quand j’en ai eu l’occasion, c’est d’ailleurs auprès d’eux que j’ai fini par revenir il y a quelques années maintenant. « Et toi ? Toujours dans le monde du sport ? » Je hoche la tête, un sourire illuminant mon sourire. Déjà, à l’époque où nous vivions notre amour, le basket-ball était quelque chose d’important pour moi et cela n’a pas changé aujourd’hui. « Oui, toujours. Mais à Island Bay maintenant. Je joue dans l’équipe de la ville. » Quelque chose de moins prestigieux, c’est certain, mais je reste auprès de mes proches et certains étés, j’ai l’occasion de jouer pour l’équipe nationale, alors ça compense. « Je suis restée deux ans aux États-Unis, puis j’ai dû revenir. » Devoir est peut-être un peu fort, mais disons que j’en ressentais le besoin. J’avais enchaîné une fausse-couche et une blessure, je ne me voyais clairement pas rester loin de ma famille. Mais bon, pour tout cela, Alma n’est pas obligée de le savoir à nos retrouvailles. En y réfléchissant bien, depuis la jeune femme, je n’ai jamais eu l’occasion de retrouver quelqu’un, pas pour une histoire d’amour qui fait rêver. C’est peut-être à cause de moi, à cause du basket. C’est bien ce qui nous avait séparé à l’époque, même si on s’était mise d’accord sur le fait que c’était mieux ainsi. « Il faut croire que l’on ressent toujours le besoin de revenir sur nos Terres. » Ce n’est pas Auckland, mais ça reste la Nouvelle-Zélande et c’est bien cela qui compte.

depuis que tu avais quitté auckland, lorsque tu avais vingt-et-un an, on peut dire que tu avais changé du tout au tout. certes, tu gardais quand même tes racines, les bases de qui tu es, mais tu avais tellement appris, tellement grandi. tu t'étais découverte en tant que femme, en tant que personne. tu adorais celle que tu étais devenue et tu en étais fière, même si lorsque tu le dis à voix haute ça semble prétentieux et narcissique... tu as des valeurs et tu les respectent, que ça fasse plaisir aux autres ou non. quitté la nouvelle-zélande avait été un choix égoïste, tu avais pensé à toi, à ta carrière... mais ta jeune soeur et ta mère comprenaient, acceptaient. maintenant, tu avais vécu ce que tu avais à vivre sur ce continent, te revoilà donc aux sources. revoir billie te faisait incroyablement plaisir, même si sur l'effet de la surprise, tu avais pu sembler froide et distante. la jeune brune te demanda si tu étais simplement de passage, ce à quoi tu répondis le plus franchement possible (tout en omettant certains détails, comme ta vie amoureuse). tu finis néanmoins par lui demander si elle, elle était toujours dans le domaine du sport, du basket pour être plus précise. « Oui, toujours. Mais à Island Bay maintenant. Je joue dans l’équipe de la ville. » tu hoches la tête. ça devait lui faire bizarre de partir des états-unis, la wnba machin, pour venir jouer dans une équipe moins... prestigieuse ? tu n'y connaissais rien en basket, mais tu te doutais qu'elle passait d'une classe a à une classe b. peut-être était-ce son choix ? tu n'eus pas le temps de lui demander qu'elle répondit à ta question. « Je suis restée deux ans aux États-Unis, puis j’ai dû revenir. » tu souris. « avoir su que tu reviendrais si vite... mais rien arrive pour rien, hein. » dis-tu à voix haute alors que c'était plus une réflexion pour toi-même. « Il faut croire que l’on ressent toujours le besoin de revenir sur nos Terres. » tu souris de plus belle en empoignant ta tasse qui avait refroidit, la levant dans les airs pour porter un toast. « à nos retrouvailles ! » dis-tu avant de cogner ton gobelet en carton au sien, puis en prenant une gorgée. tu avalas rapidement. « comment tu vas ? » lui demandas-tu le plus sincèrement du monde, intéressée à entendre sa réponse. tu l'observais droit dans les yeux, battant des cils quelques fois pour atténuer l'intensité de ton regard braqué sur elle. revoir billie aujourd'hui, c'était peut-être un signe du destin, non ? en tout cas, tu n'étais plus prête à la laisser sortir de ta vie, désormais.

❝ souvenirs du passé. ❞
alma & billie

« Avoir su que tu reviendrais si vite... Mais rien arrive pour rien, hein. » À ses mots, mon regard se plante dans le sien. Ce n'est pourtant pas grand-chose, mais cela veut dire beaucoup pour moi. Mon cœur s'emballe, bien plus qu'il ne le devrait et j'essaye alors de me convaincre de me calmer. Le passé est le passé, c'est bien ce qu'elle essaye de me dire non ? Alors inutile de m'imaginer des choses avec elle dans le futur. « À nos retrouvailles ! » « À nous ! » Dis-je pour aller dans le sens dans la jeune femme. Je bois ensuite une gorgée de ma boisson avant de reposer le gobelet sur la table, un sourire toujours présent sur les lèvres : revoir Alma me fait tellement de bien, j'ai l'impression de rayonner face à elle. « Comment tu vas ? » Je la regarde longuement, sans savoir ce que je peux répondre à sa question. À une période de ma vie, Alma était la personne qui me connaissait le mieux, celle à qui je pouvais tout dire, mais aujourd'hui les choses ont bien changé, nous avons bien changé et j'ignore encore si je peux me livrer à elle comme je le faisais. Alors je me contente de hocher la tête, tout en portant mon gobelet à mes lèvres pour boire une gorgée de ma boisson. « Je vais bien. » Je choisis la facilité, c'est certain. Mais lui dire la vérité l'aurait probablement fait fuir. Ce que j'aurais parfaitement compris. Je ne suis plus la femme qu'elle a connue, surtout en ce moment et je ne voudrais pas que cela influence l'opinion qu'elle peut avoir de moi. « C'est un peu la course de temps en temps, mais c'est un peu pareil pour tout le monde. » Dis-je, un simple sourire sur les lèvres. La course est bien plus présente dans ma tête que dans mon emploi du temps, mais ce n'est qu'un détail. Qui serais-je si je lui balançais dès nos retrouvailles que ça ne va pas vraiment car j'ai appris que mon copain me trompait, que j'ai avorté quand j'ai su que j'étais enceinte, que je me suis vengée en couchant avec un autre homme et que finalement, bien alcoolisée, j'ai passé une nuit avec le fils du copain de ma mère ? Je passerais pour une fille facile, certainement, ainsi que pour quelqu'un qui laisse sa vie lui échapper en ce moment. « Et toi ? Tout va bien pour toi ? » Parler de moi, surtout en ce moment, ce n'est pas quelque chose que j'aime, alors lui donner la parole est la meilleure chose que je trouve à faire. « Tu es ici avec quelqu'un ? » C'était inévitable, ça devait sortir. C'est peut-être arrivé un peu trop tôt dans la conversation, mais tant pis, ma curiosité a été trop forte.

si par l'effet de surprise tu avais paru plutôt froide et austère envers la jeune brunette, il n'en demeure pas moins que désormais tu te montre plus tendre, plus douce envers elle. tu n'avais pas besoin de chercher bien loin dans ton esprit pour que tous vos bons moments et tous ces souvenirs heureux mettant en vedette deux filles amoureuses te reviennent en tête. aujourd'hui, tu es une femme sûre de toi lorsqu'on vient qu'à parler d'amour et de relation de couple. jadis, tu étais nouvelle à cela et tu jonglais avec les sentiments, les émotions contradictoires, les doutes... billie a été la vraie première. ton vrai premier amour, avec un grand a. même si ta relation amoureuse avec jordan n'est en rien identique à celle que tu as vécut avec billie, tu ne saurais dire laquelle tu préfères... c'était il y a si longtemps, maintenant. et vous êtes toutes les deux à des années lumières de là. les choses ont changés... vous avez changés. après avoir trinqué à vos retrouvailles -et à vous, tu t'empressas de demander à mademoiselle wade comment elle allait. c'était une question posée avec le plus grand intérêt. pas celle qu'on pose simplement par politesse ou pire encore, par curiosité mal placée. « Je vais bien. » la semi-psychologue en toi savait bien que c'était une réponse préfaite, facile, mais tu laissas courir. tu te mettais facilement à sa place: toi non plus tu n'oserais pas lui déballer tout ton vécut au premier café. et tu savais très bien qu'elle finirait inévitablement par te retourner la question... « C'est un peu la course de temps en temps, mais c'est un peu pareil pour tout le monde. » tu hoches la tête en souriant. « Et toi ? Tout va bien pour toi ? [...] Tu es ici avec quelqu'un ? » tu gagnes du temps en buvant une gorgée de ta boisson refroidie, cherchant à savoir si tu devais éviter le sujet encore un peu ou y aller avec la carte de la franchise. la dernière option te sembla être la mieux... après tout, c'était billie... à une époque tu pouvais te confier à elle. allons voir si ça pouvait être encore le cas. « tout va bien. c'est une adaptation. partir de londres pour revenir ici, ça a été plus compliqué que de partir la première fois... mais on a passé à travers les démarches, maintenant on est bien installés... » dis-tu en souriant. tu avais parlé au 'on', ce qui incluait nécessairement jordan... tu baissas le regard une demie-seconde avant de le relever. « je suis en... couple. avec quelqu'un que j'ai rencontré à londres. il a décidé de venir vivre ici avec moi... ça fait maintenant deux ans. » tu te gardas une petite gêne au sujet de votre situation. étant un couple 'ouvert', ce n'est pas tout le monde qui comprend et qui respecte cette pratique... chaque chose en son temps.

❝ souvenirs du passé. ❞
alma & billie

« Tout va bien. C'est une adaptation. Partir de Londres pour revenir ici, ça a été plus compliqué que de partir la première fois... mais on a passé à travers les démarches, maintenant on est bien installés... » Les déplacements, je connais et c’est bien pour cette raison que je porte une grande attention à ses paroles. Néanmoins, je bloque au moment où elle utilise un mot, ce "on". Elle n’est donc pas seule et cette pseudo révélation marque un temps d’arrêt aux battements de mon coeur. « Je suis en... couple. Avec quelqu'un que j'ai rencontré à Londres. Il a décidé de venir vivre ici avec moi... ça fait maintenant deux ans. » Tout est maintenant confirmé. C’est bizarre, vraiment bizarre, car la dernière fois où nous nous sommes vues, j’étais la personne qui partageait sa vie. C’était moi et je dois accepter que ce n’est plus le cas. Je savais bien que je devrais le faire un jour, mais voir la réalité en face est bien plus difficile que prévu. « Je suis heureuse pour toi. » Un sourire honnête illumine mon visage. « Il n’y a rien d’étonnant là-dedans. Tu es quelqu’un de génial, alors ce serait un gâchis que tu restes seule. » Même si au fond de moi, j’aurais préféré qu’elle soit célibataire. J’ignore la raison de cette envie, peut-être parce que je regrette notre séparation. Nous étions jeunes, c’est vrai, mais nous nous aimions et je n’aurais peut-être pas dû mettre le basket-ball sur le premier plan de ma vie. « J’ai quelqu’un moi aussi. » Finis-je par dire, un petit sourire sur les lèvres. « C’est plus récent et certainement moins sérieux que toi, nous ne partageons même pas d’appartement. » Et ce n’est certainement pas plus mal ainsi, sinon ça ferait bien longtemps que je lui aurais balancé tout sur ce que j’ai vu, sur lui et la fille du bar. « Mais je suis jeune encore et je ne pense pas qu’il soit obligatoire que je vive déjà avec la personne qui partagera le reste de ma vie. » Je n’ai pas envie de lui faire comprendre que ce n’est pas tout rose entre nous, je préfère qu’elle pense que tout va bien pour moi. Mais en même temps, je ressens ce besoin de lui préciser que cette personne n’est pas faite pour moi, comme si cela pouvait l’intéresser. « Bref.. parlons d’autre chose. » Je souris une nouvelle fois, puis bois une gorgée de ma boisson. Mais avant de pouvoir enchaîner sur autre chose, mon téléphone vibre sur la table. Le numéro de l’une de mes coéquipières apparaît, me signalant qu’il faudrait que l’on se voit. « Mince. Je suis désolée, je vais devoir te laisser. Mais.. » Je range mon téléphone dans une poche de ma veste avant de poursuivre. « Il ne faut pas qu’on s’en tienne à cette simple rencontre. Il faut qu’on se revoit plus tard. »