Ici tout l'monde déraille T'es cent fois trop, cent fois trop bonne. (Sierlin #3)

Le regard au dessus du ciel, observant les étoiles qui brillent, y'a le coeur qui bat fort, un simple bouquet d'fleurs dans la main. on va pas s'mentir, Colin est vraiment en train de ressentir des choses fortes envers Sierra. Le truc, c'est leur relation. Il y a les caresses, il y a leurs lèvres qui se cherchent, et quand les choses s'apprêtent à déraper, il panique. Colin a peur d'une seule et unique chose, c'est l'abandon. C'est con, parce qu'il s'agit de Sierra et que si elle voulait vraiment l'abandonner elle l'aurait fait depuis déjà bien longtemps. Alors ce soir, après de nombreuses recherches de boulots qui se sont simplement terminés en de nombreux refus, et une bonne heure à rester derrière le volant d'une voiture pour observer le moindre mouvement dans une maison qui n'est plus la sienne.

Alors, encore un soir long, un soir où il s'est mis à penser à Sierra et ou justement il s'est dit qu'il était temps de mettre les choses à plat. Il a toujours repoussé quand les choses étaient sur le point de s'envenimer, par peur, parce que ça semblait officiel et qu'il n'avait pas envie de gâcher le moment, sûrement. Mais ce soir, il y a ce besoin de s'exprimer après avoir fait le pour et le contre, après avoir arrêter de ressentir cette trouille qui pénètre le fond de son âme ; il y a un Colin, avec un bouquet de roses dans la main.

La porte du loft s'ouvre, il est tard, bientôt une nouvelle date d'un calendrier à cocher. Il y a son ventre qui se contracte, de la plus mauvaise des manières, celle qu'il ressent quand les choses se compliquent. « Sie ? » Il retire ses chaussures, lumière éteinte, porte close, sûrement qu'elle dort, qu'il se dit. Alors Colin s'approche, ouvre la porte et ouvre la bouche, posant son regard sur un lit qui est bien trop agité.

Il reste con, clairement, il se sent pris pour un con par dessus tout. Le bouquet qui touche le sol, aucun mot ne sort sur le coup. Il sait qu'elles l'ont vu. « Va te faire foutre putain. » Qu'il lui balance en claquant la porte, qu'il lui balance avant de claquer sa porte, s'enfermant à clé, déjà prêt à foutre des affaires dans un sac vide.

Tu savais que ce serait difficile de tenir cette promesse. Celle faite il y a plusieurs semaines concernant l'alcool avec modération. A croire que tu as oublié ton pote au loft ce soir. Parce que tu t'es peut-être un peu trop lâchée. Parce que tu as rencontré cette inconnue qui t'a pas déplu. Et puis, une nuit, ce n'est pas grand chose. Ça n'engage à rien. C'est juste pour quelques heures. Elle déguerpira aussi vite qu'elle est arrivée de toute façon. Non, parce que celui qui hante ton esprit est absent. Parce que tu restes persuadée que quelque chose cloche. Qu'il ne veut pas de toi, en fait. Il y a eu ces baisers échangés. Ces caresses qui font du bien. Mais rien de plus. Colin t'a toujours repoussée. Sauf que tu n'oses pas lui en parler. Tu n'oses pas gâcher ce qu'il y a entre vous. Et toi, tu n'en sais rien. Tu ne sais même pas ce que vous êtes. Amis, colocataires, amants, amour. Tu es totalement paumée, Sie. Et ça n'a jamais été très facile pour toi de te dévoiler. De crever les abcès. Alors, forcément, tu préfères encore tout faire foirer.
Comme d'habitude. C'est ce que tu sais faire de mieux.

Et cette vision, elle restera à jamais dans ton esprit. Colin qui pousse la porte de ta chambre. Le bouquet de roses qui s'échoue sur le sol. Et son regard. Cette colère que tu lis. Cette haine qui le dévore. Dégage bordel ! Tu la rejettes, la nana. Tu la rejettes alors qu'elle n'a rien demandé. Elle comprend pas, mais tu t'en fiches. Parce que la porte de sa chambre à claquer. Parce que tu as juste tout fait foirer. Remet tes vêtements et casse-toi d'ici. Le ton de ta voix ne laisse pas place aux négociations. Et elle a plutôt intérêt à ne pas chercher à te répondre. De toute façon, tu prends pas vraiment le temps d'entendre une quelconque réponse. Tu enfiles rapidement un t-shirt -tu prends le temps d'envoyer un sms à Hélios- et tu te diriges vers la porte de sa chambre.

Colin, ouvre-moi ... Ta main sur la poignet, il a verrouillé la porte. Tu essayes quand même, mais en vain. Tes poings viennent frapper contre. Comme si ça allait suffire à ce qu'il t'ouvre. Tu peux toujours espérer, après tout. Ouvre ou je défonce la porte ! Enfin, tu peux toujours essayer de le faire. Défoncer la porte, peut-être pas. Mais réussir à l'ouvrir avec une pince, ça tu peux. Alors, forcément, tu ne te gênes pas. Bordel, à quoi tu joues ? Ton coeur s'éparpille quand tu vois le sac et Colin qui se presse pour y mettre ses affaires. Si bien que tu viens tirer dessus, confisquant l'objet que tu gardes précieusement sur sa poitrine. Tu veux pas de moi et j'peux pas voir quelqu'un d'autre ?! Tu veux quoi ? Que je devienne nonne ? Ou, j'sais pas. Depuis que je t'ai dis que j'ressentais quelque chose pour toi tu agis comme un con ! Il est où ton problème, putain ? Ton regard glisse sur le sac. Et tu comptes faire quoi avec ça ?
T'abandonner, évidemment.
Te laisser parce que t'es qu'une conne.

Il s'attendait à tout, sauf à ça. La claque est immense, elle lui démange la joue tellement fort que claquer la porte ne suffit pas pour qu'il se calme un minimum. Il l'entend gueuler derrière sa porte, mais colin en a strictement rien à foutre. Le sac sur le lit, il est déjà en train de foutre le peu d'affaire qu'il a sous la main pour les foutre dedans. Il entend la porte qui s'ouvre, son sac qui lui est retiré des mains, et il se retient pour ne pas s'énerver. Son poing le démange, et sans se contrôler, il cogne contre le mur. Fort, tellement fort qu'il sent ses phalanges qui craquent. Il hurle pas, ne s'énerve pas, alors que bordel il sait qu'il ne s'est pas loupé. « JE VEUX PAS DE TOI ? » Il hurle, il est rouge de colère, il s'met à tourner en rond juste pour trouver son paquet dans toute la merde qu'il y a sur le lit. L'adrénaline est trop présente pour que la douleur fasse face. « Mon problème c'est que putain je t'aime Sierra ! » Le ton qui ne se calme pas, il hurle, tremble, trouve enfin son paquet alors qu'il se dépêche de l'allumer. « Alors j'veux pas de toi parce que je refuse qu'on couche ensemble ? Parce que t'es trop conne pour te rendre compte de l'importance que tu as à mes yeux et que j'ai pas envie de précipiter les choses ? »

Il lui arrache le sac des mains, la clope qui se consume en deux minutes, le sac qu'il ferme sans hésitation après avoir mis le strict nécessaire. « J'suis vraiment trop con de m'attacher aux mauvaises personnes. » Parce que la fille dont il est tombé amoureux l'a foutu derrière les barreaux, et celle qui le connaît plus que n'importe qui est en train de l'enfoncer dans l'enfer. « Putain mais va te faire foutre Sierra ! » Il est tellement rouge de colère qu'il meurt de chaud, tellement en colère qu'il a envie de lui donner un coup dans la gueule tellement il y a des voix dans sa tête qui se bousculent. Mais c'est pas c'qu'il fait, il se contente juste de pousser Sierra pour sortir de sa chambre.

Tu ne supportes pas l'idée. Tu ne peux pas accepter qu'il t'abandonne. Et c'est ce que tu comprends lorsque tu vois le sac. Il s'en va ; comme tout le monde. Comme ta mère, comme ton père. Et ce sentiment d'abandon, tu ne le supportes plus. Tu ne le comprends pas, surtout. Pourquoi tant de colère alors que tu as l'impression de lui être totalement indifférente ? Son poing qui frappe le mur. Ton corps qui se crispe au bruit de ses phalanges qui craquent. Et ses mots. Ses mots qui te laissent sans réponse. T'aimer. Importante. Tu le regardes sans même réussir à bouger. Tu es immobile, et tu es terrifiée. Terrifiée à l'idée qu'il s'en aille. Terrifiée à l'idée de le perdre. Alors pourquoi tu ne me l'as pas dis ? Pourquoi tu m'as laissé penser que j'étais ... Tu ne sais même pas ce que vous étiez. Parce que c'était trop bizarre. Parce qu'à vos rires se sont mêlés des baisers et des caresses. Parce qu'à vos longues nuits à parler de tout et de rien se sont mêlés des chastes câlins. Tu t'es maintes fois endormie dans ses bras. Parfois sur le canapé. Parfois dans son lit, et d'autres dans le tien. C'est devenu bizarre. Et tu t'y es perdue lorsque tes mains ont voulu le découvrir et qu'il s'est refusé à toi. Et le voilà qu'il te balance tout ça. Le voilà qu'il te hait, lui aussi. Que je n'étais rien ... Parce que malgré votre dernière conversation. Celle qui remonte à quelques semaines. Celle qui a mis les points sur les i quant à ce que tu ressens pour lui. Et bien, tu as eu l'impression que vous vous éloigniez. Cette sensation d'être proches mais tellement distants à la fois.

Sauf que tu n'as pas peur de lui. Non. Tu as peut-être peur qu'il s'en aille ; mais pas de Colin. Il ne te fera pas de mal, tu en es persuadée. Alors quand il quitte la chambre, tu le suis dans le couloir. C'est difficile, mais tu arrives à le rattraper. Il n'a besoin que de deux pas quand toi tu en fais dix. Mais ce n'est pas grave, tu y parviens quand même. Alors, tu t'accroches à ce que tu peux ; son sac. La lanière que tu tiens dans ta main pour stopper sa fuite. Ne t'en va pas. Tu le supplies. Clairement, ouais. Tu t'abaisses à ça parce que tu ne supporterais pas son départ. Fais ce que tu veux. Ignore-moi, déteste-moi, frappe-moi ou ... J'sais pas. Mais ne m'abandonne pas. C'est carrément fou ce que tu dis là. Mais tu le penses. Tout, sauf ça. Tout sauf cet abandon. Tout le monde, mais pas lui. Tu t'es bien trop attachée à lui pour supporter ça. J'suis qu'une conne, ouais. J'suis qu'une salope, peut-être. Mais je ne sais pas comment faire, moi. Je ne sais pas comment aimer convenablement. J'suis terrifiée, Colin. Tu tires un peu plus sur la lanière pour qu'il se tourne un peu plus vers toi. Tes phalanges deviennent blanche tant tu serres le sac. Ne me quitte pas. Et tu n'y peux rien, tu exploses en sanglots.

« Parce que t'es rien désormais ! » il hurle à s'en exploser les cordes vocales. un homme quand on le blesse, ça a des répercussions. il avait ses raisons colin, il a beau couché avec d'autres filles - ça reste un fait, il ne lui a jamais menti à Sierra, c'était une vérité le fait que depuis qu'ils se sont embrassés, il a arrêté d'aller voir ailleurs. L'truc c'est qu'elle est différente des autres, et il pensait qu'il l'était aussi. attendre n'est pas un crime, mais faut croire que ça a été mal interpréter. Il est déçu de tout ça, déçu de tout c'qu'il se passe parce que putain, quand il croit que les choses rentrent enfin dans l'ordre, ça part encore en cacahuète. Là c'est juste l'moment de trop, alors qu'il vient de passer trois heures à attendre devant son ancienne maison familiale en espérant que les choses vont enfin s'arranger.
mais faut croire qu'il a pas le droit au bonheur.

Prêt à partir pour de bon, Sierra est derrière lui à le retenir. C'est déstabilisant, il veut s'casser mais elle le lui interdit. « Pourquoi tu gâches tout ? » Qu'il fini par dire ; par demander avec du désespoir dans sa voix. « T'es toujours terrifié Sie. Depuis l'accident d'Azraël, depuis qu'les révélations ont été faite, mais la différence c'est que toi t'as toujours eu l'opportunité d'vivre ta vie et de vivre tes propres choix putain ! Alors que moi j'ai perdu dix ans d'ma vie à cause de Charlotte ! » Il a les boules,
et peut-être qu'au final ça lui fait peur d's'engager, de vivre un truc à deux alors qu'il ne connaissait pas le mot liberté avant ça.
« Depuis que j'suis sortie j'ai l'impression de devoir tout contrôler et c'est pas c'que j'veux ! » les mots sont dits, à voir la suite.

Les mots font mal. Beaucoup trop mal. Et tu ne t'attendais pas à une telle violence. Non, pas du tout. Tu ne t'attendais pas à ça, toi. Même si tu as tout fais foirer. Même si tu es loin d'être parfaite. Plus rien. Ça t'arrache un frisson. Parce qu'il a l'air sérieux. Parce que tu n'as pas l'impression qu'il te répond sur le coup de la colère. Non, tu comprends bien que c'est trop tard. Alors, forcément, tu lâches la lanière du sac à dos. Désarmée, totalement perdue. Alors, si je ne suis rien ... Tu murmures en reculant doucement. Tu ne peux pas le retenir. Tu ne peux pas l'empêcher de partir, en réalité. Tu n'as pas ce droit, Sierra. Parce que tu l'aimes assez pour savoir qu'il a besoin de sa liberté, Colin. Tu y tiens beaucoup trop, à ça. Je suis désolée si j'gâche ta vie depuis que tu es sortie de prison. Tu murmures à nouveau. Ouais, parce que ce n'est pas ton but, à toi. C'est loin d'être ce que tu veux. Je ne voulais pas ça. Je voulais que tu sois heureux. Qu'il te croit ou non, ça reste la vérité. Alors, ouais, tu gâches tout. Ça fait des mois que tu es la spécialiste dans ce domaine. Tu aurais pu tout contrôler, mais ce n'est pas le cas. Ça ne l'est pas parce que tu n'en as plus la force. Parce que c'est trop difficile d'être cette femme là.

Alors, si tu veux vraiment partir, vas-y. Tu souffles en désignant la porte. Ta voix, elle est douce. Douce parce que tu te retiens d'exploser. Et c'est ce que tu t'apprêtes à faire quand il aura franchi le seuil de l'entrée du loft. Un simple quiproquo. Deux personnes qui ne se comprennent pas. Et alors qu'une belle histoire aurait pu débuter, tout se brise avant même d'avoir commencé. J'me dégonflerai pas, Colin. Tu peux t'en aller, mais je ne te laisserai pas tomber. Je resterai là et je me battrais pour toi s'il le faut. Tu as besoin de lui dire, toi. Tu as besoin qu'il sache que tu feras tout pour réparer tes erreurs. Parce que ça compte. J'me battrais pour nous. Et j'ferai en sorte de ne plus être ton fardeau. Tu conclues finalement.

L'heure aux mots difficiles, l'heure à la vérité. Peut-être que c'est trop méchant, trop direct, il n'en sait rien. Elle lâche enfin son sac à dos qu'il récupère sans hésitation, l'enfilant dans son dos. Elle recule, et peut-être qu'elle a compris certaines choses. Il s'est sûrement mal exprimé, mais il n'a pas envie d'essayer de se reprendre. Il y a trop d'choses en lui qu'il veut pas faire sortir, alors pour l'moment, il va simplement assumer ses mots, regretter les actes après. « Sauf qu'j'suis tombé amoureux de toi, et que c'est trop tôt pour que j'me prive de certaines choses. » Comme se priver de la luxure, de tous les pêchés qui existent sur terre.

Il réfléchi Colin, réfléchi parce qu'il ne sait pas où il peut partir, mais en même temps, il n'a pas la force de rester ici. il pourra dormir dans ce studio qu'il a loué pour son projet futur. ou sa voiture. il sait pas, il sait plus, mais tant pis. « Alors au r'voir Sierra. » Qu'il dit sans se retourner, en ouvrant la porte pour pouvoir la claquer par la suite. Cherchant ses clopes pour s'en fumer une en s'en foutant du fait qu'il soit encore dans les couloirs de l'immeuble. Claquant la porte de la voiture, éteignant son téléphone, roulant sans hésitation loin d'cette immeuble, loin d'tout ça.

et tant pis des problèmes,
tant pis s'il est dans la merde,
mais il en peut plus c'tout.