Bibiche has a problem ! ft. Chris

C’est comme dans la scène d’un film. L’impact se fait au ralentit juste à côté de moi. J’ai juste l’image alors que je vois la terre voler autour de moi. D’autres bombes tombent de façon régulière dans un champ plus large. Et tout le monde courent ! Ils courent en me hurlant dessus lorsqu’ils passent près de moi. Mais je reste planté là, droit comme un i et je ne bouge pas. Les chars ennemi avances vers moi, à tellement point que bientôt, en tendant la main, je pourrais toucher le métal. Mais, le point d’impact ne vient pas et en une fraction de seconde me voilà assis sur une chaise dans un bar bondé de monde. Un verre à la main. Je regarde autour de moi ne comprenant pas trop ce qu’il m’arrive. J’ai toujours ma tenue de soldat. La scène est toujours sourde. Jusqu’à ce qu’elle entre dans la pièce. Le bourdonnement des conversations et de la musique arrive enfin. Le volume qui se monte plus elle approche de moi. Je laisse jouer les glaçons dans mon verre.  Lorsqu’elle est la près de moi, je le bois d’un trait glaçons compris. Je garde ces derniers dans ma bouche les faisant craquer doucement sous mes dents. Main féminine, parfaitement manucuré qui vient glisser sur mon épaule. La fraicheur de ses doigts qui faisaient frissonner mon épiderme lorsque ses empreintes entrent en contact avec mon cou. C’est agréable. Voilà bien longtemps qu’une femme ne m’a pas touché de la sorte. Je ferme les yeux tout en faisant rouler mes cervicale autour de sa main qui glisse jusqu’à ma joue qui viens ce lover dans sa paume. Je lève la main pour venir recouvrir la sienne et l’embrasser du bout des lèvres. Lorsque j’ouvre enfin les yeux, elle a disparu laissant place à un homme cagoulé. Mes poignets sont attachés l’un à l’autre dans mon dos. J’ai beau tirer, mise à part lacérer ma chair à vif, rien ne bouge. Je ne le vois pas venir ce coup en plein dans ma mâchoire, si violent qu’une douleur dans mon crâne vient naitre et me fait plisser les yeux. Par réflexe j’ouvre la bouche dans une contraction des mandibules et des maxillaires en même temps pour m’assurer que ce n’est pas cassé. A peine ais-je refermé la bouche que le second coup vient pas la droite cette fois. Il y a un peu moins de puissance dans cette main-là. Comme moi bizarrement. Je relève la tête pour regarder mon agresseur cagoulé. J’articule alors des mots que je lui crache, des éclats de salives qui volent avec la rage et la puissance de ma détermination.  Je lui hurle d’être un homme et de me montrer sa gueule pour que je puisse le retrouver et le tuer un jour. Le son qui est coupé à nouveau depuis plusieurs secondes alors que je devine qu’il rit grâce aux secousses de ses épaules. Il tire alors dû le haut de sa cagoule et c’est glaçant ! Je vois ma propre gueule balafrée. Le choc est tel que lorsque le dernier coup arrive, il m’assomme net et c’est le trou noir…

Je me redresse d’un seul coup, le corps couvert d’une pellicule de sueur et la respiration aussi rapide qu’après un marathon. Bess est surprise et se met alors à aboyer dans le vide. Je tends lamentablement une main vers elle pour la poser sur sa tête et ainsi la calmer. J’ouvre la bouche pour lui parler, mais les mots ne viennent pas. Mon cœur qui sort presque de ma poitrine tellement il bat vite. C’est bien la première fois que je fais se rêve, ou cauchemarde… A moins que cela ne soit qu’un savant mélange des deux ! Je rabats le drap pour le défaire de l’étreinte de mon lit et une fois les pieds aux sols, je viens poser mes coudes sur mes genoux, visage dans les paumes dans l’espoir de retrouver un peu de calme. Au bout de longues minutes, je fini par me lever, si le choc passe, la rage elle, nait. La rage de ne plus avoir une vie normale. De ne plus passer une seule nuit sans avoir à sortir de mon lit bien avant que le soleil ne se lève. J’attrape les premiers vêtements qui me tombent sous la main et mon téléphone avec mes écouteurs. D’un sifflement j’appelle Bess pour qu’elle vienne avec moi. Je glisse les écouteurs dans mes oreilles alors que mes pieds commencent de petites foulées, l’animal qui part devant, bien que jamais très loin. Elle fait sa vie pendant que je fais la mienne. Jusqu’à ce moment. Où je m’arrête de courir et que la rage n’a fait qu’augmenter plutôt que diminuer. Mon poing qui finit dans le tronc d’un arbre. Les phalanges qui craquent sous l’impact. Je reprends ma main aussitôt en la secouant, douleur qui se lit sur mon visage avec mes lèvres qui forment un O avant que finalement elle ne se referme. Je m’arrache nerveusement les écouteurs des oreilles et je balance le téléphone pour passer ma colère contre lui. Note pour plus tard : acheter un punchingball plutôt que de passer mes nerfs sur mon téléphone. Ça coutera surement moins chère …

Nuit courte. Une de plus et malheureusement ce n’est pas à cause d’une femme. Ça aurait surement été plus agréable que de m’éclater la main contre un arbre. Ce n’est pas l’idée la plus brillante que j’ai pu avoir. Je me fais encore la réflexion en voyant la gueule de ma main lorsque j’attrape ma tasse de café. Elle est violette par endroit. Au moins ça fait un joli dégradé de couleurs… Je sors sur le pont et de là je regarde ma moto garée à terre. Une semaine qu’elle est en rade et j’ai eu beau chercher. Je n’ai pas été foutu de trouver ce qu’elle pouvait avoir. Un prénom se dessine dans mon crâne alors que je bois une nouvelle gorgée de mon café. Instinctivement je cherche mon téléphone dans la poche de mon jean, puis une autre avant de jurer lorsque je me rappelle ce que j’en ai fait. Rip à lui… Je rentre à l’intérieur et pose ma tasse sur la première surface venue, attrapant ma veste en ressortant. Ça va qu’il ne bosse pas loin. Je descends du bateau par la petite passerelle qui le relit à la terre ferme et j’entame ma marche jusqu’au boulot de Chris un peu plus loin.  Je suis étonné de ne pas y voir Bobby en arrivant et c’est les mains dans les poches que je m’avance dans le lieu que je connais plutôt bien. Cherchant l’ami du regard. Un sourire vient détendre les traits de mon visage lorsque mes pupilles rencontrent le dos du blond. « Bien l’bonjour l’ami. » Dis-je en m’approchant, une tape dans le dos qui le secoue un peu.

L’éclat d’un rire retenu dans ma gorge est bien là, à sa remarque. Quand on est comme moi. A plus vraiment dormir, il n’y a plus réellement de notion de matin ou pas. En débarquant là, je n’ai même pas fait attention à l’heure que pouvait afficher le cadrant de ma montre. Si ça se trouve, j’aurais pu trouver porte close. Seulement ce n’était pas le cas. Tant mieux pour moi dans un sens. Est-ce que c’était tant mieux pour Chris, ça en était moins sûr ! Encore que… il aurait pu tomber sur pire. Pas tellement plus, certes ! Mais pire quand même. Le temps qu’il travaille, je fais quelques pas pour admirer la bête sur laquelle il bosse présentement. « J’ai ma bécane qui démarre plus. » Dis-je en fronçant les sourcils alors que je suis un peu penché sur la gauche à regarder la coque impeccable du bateau. Il n’a pas dû servir souvent celui-là. Il alors le gars à qui il appartient et un putain de maniaque du ménage jusqu’en dessous de son truc. « J’ai bien essayé d’regarder c’qu’elle a. Mais il semblerait que ça dépasse mes compétences. » On a beau apprendre pas mal de choses seuls et réussir si on est un temps soit peut intelligent et logique. Mais il arrive toujours un moment où il faut savoir passer la main. Et c’est exactement ce que je fais à cet instant. Je passe la main à un vrai mécano. Même si je sais qu’il toujours plus souvent les bateaux que les deux roues. Un mécano reste un mécano non ? Et puis il a une bécane lui aussi et ça m’étonnerais qu’il y ait pas touché ne serait-ce qu’un peu. « Pis comme j’connais un gars du coin qui touche pas mal, j’me suis dit qu’j’allais aller l’voir. » Après avoir inspecté le bateau de l’extérieur je reviens vers le blond qui travaille toujours. Je n’ai pas besoin qu’il me regarde quand je lui parle. Je ne suis pas l’une de ses gonzesses qui a besoin d’être séduite et de me plonger dans le bleu de ses yeux. « Histoire qu’il y jette un œil quand il aurait du temps. » Je me place derrière lui, un peu sur le côté pour regarder d’un œil curieux ce qu’il est en train de foutre. Mes mains qui se plongent naturellement dans les poches de mon jean. Mes doigts qui viennent jouer avec le briquet qui y traine. L’autre étant totalement bloqué par mon paquet de cigarettes.

Je lève une nouvelle fois le nez sur le bateau. « Il a quoi celui-ci doc ? » Demandais-je. Je n’étais pas un pro de la mécanique, mais c’était le genre de truc qui avait le don de me botter. Et ce n’était pas parce que j’avais quarante-quatre ans que je n’étais plus en capacité d’apprendre. Ça ne voulait pas dire que j’allais tout comprendre. Il avait surement un jargon bien spécifique. Mais ça ne coutait rien de demander, en plus d’assouvir ma curiosité. Je regarde l’atelier maintenant. Un nouveau rire qui secoue mes épaules à ma pensée. « Bobby c’est pas dévouer pour mettre un sapin dans votre bordel là ? » Je fronce un peu les sourcils tournant le regard sur Chris. « Parait que des sapins, pour la saison c’est plus accueillant ! Pis des vrais hein.. parait que l’odeur de sapin ça attire les clients et surtout les femelles. » Je joue un peu des sourcils, un sourire pendant sur les lèvres fixant toujours le grand blond. « J’suis sûr que le propriétaire de c’bordel là.. Je fais un signe de tête en direction du bateau .. il foutrait des sapins partout juste pour avoir de la minette. » Expression de vieux, certes, mais je n’ai jamais menti sur mon âge. « Ils poussent le délire tellement loin qu’apparemment y a une boisson ou un sirop fait avec des sapins… » Je ne sais plus où j’ai bien pu lire ça, mais j’ai trouvé ça tellement ridicule que j’ai imprimé le truc dans mon crâne. « ‘fin bref ils poussent le délire loin… t’a l’temps pour que j’t’offre une clope ? » Demandais-je, passant du coq à l’âne sans aucun soucis.