A watchful Guardian - Allan

Cette nuit aura été une galère pas possible. Parfois, je me dis que je devrais tirer un trait sur cette vie de débauche. Je ne sais plus depuis quand je trouve cette situation normale, ni depuis quand l’idée de retrouver ma vie d’avant me tente. C’est peut-être depuis que j’ai rencontré cet homme. Je ne sais pas ce qui l’a mis sur ma route, mais j’ai beau ne pas croire à ces conneries de destin, je dois me rendre à l’évidence : cette soirée est tombée à pic. Ce soir, rien de tout ça, juste la routine triste et morne. Un client comme j’en ai eu des tonnes. Un de plus et surtout un de ceux qui se pensent meilleur que tout autre. A mes yeux, rien de pire que ce cas de figure. « Ecoute Mary, tu sais que j’ai pas l’habitude de me plaindre, mais franchement ce genre de tuyau à l’avenir… Tu te les gardes ! » « Tu deviens trop compliquée ma belle… J’te jure, si tu continues comme ça, plus personne voudra de toi. Il n’est pas si horrible que tu le prétends. » Je soupire d’agacement, je sais qu’elle a raison… Qu’à réagir de la sorte, je vais finir par me retrouver sur la touche. C’est peut-être ce que je cherche au fond, m’éloigner définitivement de ce monde. « Prétentieux au possible… Et narcissique aussi. » Mon amie se met à rire, avant de ranger son portable au fond de son sac. « Ils le sont tous ma belle. » Je ne prends pas la peine de lui répondre, elle et moi on n’a pas vraiment la même façon de penser. On a beau faire le même métier, disons que je n’ai pas vraiment la même approche de la chose et c’est bien ça qui nous différencie.

Notre discussion, on décide de la terminer au starbuck du coin autour d’un café. C’est le meilleur moyen de passer à autre chose vu qu’on ne serait jamais sur la même longueur d’onde. Malgré les apparences, j’apprécie de passer du temps auprès d’elle, Mary ne connait pas grand-chose de ma vie, comme les trois quarts des gens qui gravitent autour de moi, mais ça ne la dérange pas plus que ça et moi ça m’arrange ! La matinée s’éternise un peu et puis nos routes se séparent. Mine de rien, passer du temps ave elle m’a fait du bien. Mary a beau être brute de décoffrage, elle n’en reste pas moins attentionnée et j’aime trainer avec elle. Bien décidée à passer la journée dans mon canapé à ne rien faire, j’embarque mon café avec moi et commence à marcher vers le parc. Ce n’est qu’après avoir marché pendant une bonne vingtaine de minutes que les premiers signes font leur apparition. D’abord le coup de chaud que je mets sur mes pas rapides, pas de quoi paniquer. Puis ce sont mes mains qui commencent à me démanger, la gorge. En m’arrêtant une minute, je remarque les plaques sur mes avant-bras et je devine sans peine que les mêmes marques ornent ma poitrine et peut-être même mon visage. Ces symptômes, je les reconnaitrais entre mille et je réalise en regardant le nom sur mon gobelet que j’ai embarqué celui de Mary… Poudre de noisettes comme elle prend à chaque fois, je ne vois que ça pour expliquer cette réaction et dans ma tête c’est un compte à rebours qui se met en place car je connais la suite du programme. Difficultés respiratoires, chute de tension et je termine aux urgences dans le pire des cas. Fort heureusement pour moi, c’est rare que les choses dégénèrent à ce point. J’essaie de garder mon calme autant que je peux, farfouille dans mon sac à la recherche d’un des stylos d’adrénaline que je me trimbale en permanence, mais dans la précipitation je n’arrive pas à mettre la main dessus. La panique finit par me gagner ne faisant au final qu’accentuer ma difficulté à retrouver mon souffle déjà trop court. La tête me tourne, assez pour que je me sente vaciller et cherche à me rattraper au premier banc qui passe. « S’il vous plait j’ai… » Je sais qu’ils sont là, quelque part dans ce sac car ils ne me quittent jamais. J’ai juste besoin d’un coup de main et le plus tôt serait le mieux.