What is love ? [Jackson & Marty]

J’ai souvent l’impression d’être mon pire ennemi au niveau relationnel. Aujourd’hui ne fait pas exception. Une part de moi à probablement sabotée mes chances. Même si c’est inconscient, ça ne change rien au fait que c’est une constante contre laquelle je devrais lutter au lieu de me morfondre sur moi-même après coup comme je suis en train de le faire. Ce qui m’aide c’est d’avoir un regard extérieur. Jackson n’est peut-être pas le genre d’ami qu’on pourrait m’associer car il est tout de même très différent de moi. Nous n’avons pas non plus des goûts similaires. Pourtant, notre amitié réside justement dans notre complémentarité. Il est capable de m’offrir des perspectives à lesquelles je ne pourrais même pas songer moi-même et ce même si je m’y attardais durant des heures. Il m’aide bien plus qu’on pourrait l’imaginer. Ne serais-ce qu’en me poussant toujours plus vers l’avant afin que j’accrois ma confiance en moi. À part Aubrey, il est le seul à parvenir à me faire changer en ce sens. C’est sur que je viens de prendre un coup dur et que ça semble la fin du monde comme toujours. Sauf qu’il ne me laisse pas dans cette morosité, il cherche à immédiatement me relever et à apprendre de ce qui vient d’arriver. Comment aurais-je pu faire les choses autrement afin d’avoir une conclusion différente ? C’est vrai, je n’ai même pas cherché à lutter pour garder Rebecca plus longtemps au bar. Si ça se trouve, elle s’attendait à ce que je le fasse. Elle voulait que je la retienne pour lui prouver que j’étais vraiment attiré par elle. Visiblement, je l’ai déçu et elle est partie sans regret. Voilà pourquoi j’ai besoin de la vision de Jackson. Parce que la mienne est trop limitée, trop habituée à la rationalité et la rigidité de l’univers médical. Jax pense d’ailleurs que je l’ai rencontré dans les mauvaises circonstances. C’est vrai, puisqu’elle était attendue quelque part. Elle ne m’a pas « rejeté » clairement à ce moment là. Elle me semblait même partir par obligation et pas par envie. Mon ami à donc raison, ce n’est pas que je lui déplaisais. Pourquoi je ne le remarque que maintenant ? Bon sang ! Je l’observe alors qu’il a de la sympathie pour moi. C’est un bon gars, tout comme moi. La seule différence c’est que pour une raison que j’ignore les femmes que j’ai fréquenté n’étaient pas très emballées par cette gentillesse. À croire qu’il aurait fallu que je les insulte pour stimuler leur désir. Je n’arrive même pas à physiquement crier, donc. Écouter Jackson m’aide à retrouver une partie de mon moral. Il ne trouve pas ma conception totalement romantique de l’amour au premier coup d’œil stupide. En fait, il a raison. Ce que je recherche c’est le « truc » qui va rendre cette femme spéciale à mes yeux. Que ça arrive à la première conversation avec elle ou à la millième, il me faut ce « truc » sinon je n’accroche pas. Cela rejoint mon côté marginal, celui qu’on me reproche parfois. J’évolue dans un monde de conformité, avec des médecins qui portent tous le même uniforme sérieux, etc. Pourtant je détonne de la masse malgré moi. Je ne suis pas l’idée qu’on se fait d’un médecin. Et je recherche au fond exactement la même chose chez l’autre sexe. « C’est totalement ça. Et trouver ce genre de femmes, effectivement ce n’est pas vraiment dans les bars ou au coin de la rue que je vais pouvoir les rencontrer. J’en ai juste un peu marre d’attendre que la bonne se présente. Ça fait tellement longtemps que je la cherche. Je pensais l’avoir à mes côtés à mes trente ans, tu vois ? Pas encore être en train de l’attendre. » Une fois de plus, c’est de l’impatience. Mais comment faire autrement dans les circonstances ? Je décide donc de simplement passer une soirée entre amis plutôt que de me prendre la tête plus longtemps. Jackson accepte et cela me rassure. Je n’aurais pas aimé de « remonter à cheval » ce soir. J’ai envie de prendre ça relaxe. Je ne vois toutefois pas de mal à garder comme sujet de conversation les femmes. Je lui souris alors qu’il cherche à savoir si parmi mes collègues il y a de jolies femmes. « Évidemment qu’il y en a. La plupart sont en couple ou mariées. Les célibataires sont en général des stagiaires avec dix ans de moins que moi ce qui n’est pas vraiment l’idéal, à mon avis. Des femmes gentilles ce n’est pas ce qui manque en néonat. C’est même un critère pour y être. Ça et la patience à toute épreuve. Sauf que bon, je n’ai pas vraiment le temps de les draguer. Nous sommes tous très occupé. » C’est une excuse un peu facile mais que je ne peux pas nier. Nous ne parlons jamais d’autre chose que du bien-être de nos patients. Et comme les médecins ne prennent pas leur pause avec les infirmières, il n’y a jamais de possibilités ou presque de les croiser autrement que professionnellement. Je doute de pouvoir trouver le grand amour de ce côté.

J’écoute Jackson avec attention. Le boulot joue beaucoup dans nos deux cas. Le mien est dans une spécialité médicale unique à l’hôpital, faisant en sorte que je suis à 90 % de garde, si ce n’est pas lui. Le reste du temps se sont des pédiatres qui s’occupent de me remplacer, même si ce n’est pas la même chose. Du coup, je peux être appelé régulièrement à me rendre à l’hôpital pour des urgences ou des consultations prioritaires. Ma présence à aussi permis à l’hôpital de Wellington d’avoir des subventions afin d’agrandir son département de néonatalogie, faisant en sorte que nous avons plus d’équipements et de ressources pour gérer les cas de prématurités extrêmes, par exemple. C’est une bonne nouvelle pour les familles qui ne doivent plus être transférées dans un centre plus spécialisé que nous. Mais du coup, à cause de ces équipements, il y a de plus de plus de cas lourds, donc de surveillance et d’interventions de ma part. Malgré tout, ce n’est rien à côté de Jax qui disparait carrément de la vie de sa compagne durant des mois. Il a raison, il a un boulot qui ne lui permet pas vraiment d’avoir ce genre de relations, même si ce n’est pas impossible. Je n’ai donc aucune raison de me plaindre en comparaison. Le fait qu’il l’accepte tellement bien finit par me faire sourire. Je ne peux que me montrer curieux, ayant sentie aujourd’hui qu’il était plus « sage » disons alors que nous étions à ce bar. « Et présentement, est-ce que tu as quelqu’un dans ta vie ? Si oui, elle le prend comment pour ton boulot ? » Je lui demande avec un grand intérêt pour la réponse. Si ça se trouve, il l’a trouvé la femme parfaite pour lui. Il ne l’a juste pas encore réalisé. Sa proposition de fréquenter une infirmière est tentante puisqu’il est vrai qu’il y en a plusieurs jolies à l’hôpital, sauf que j’ai une certaine éthique de travail. De plus, je n’ai pas vraiment d’occasion de les rencontrer en dehors du boulot. Ça serait mal placé qu’un médecin se pointe dans la salle de pause des infirmières. Plus personnes ne parleraient, c’est pour dire. Non, ce n’est pas une option envisageable pour moi. Sauf que Jackson insiste tout de même. Il pense que je pourrais être plus entreprenant malgré la situation professionnelle dans lequel je me trouve. Je doute d’y parvenir sans me couvrir de ridicule. Surtout que je suis le titulaire du département, donc que je ne suis jamais vraiment seul au moment de manipuler un nouveau-né pour l’examiner ou le soigner. Seul à seule peut-être que je pourrais inviter une infirmière, mais en d’autres circonstances, je doute fortement d’en être capable. Mon visage le témoigne d’ailleurs d’une grimace. « Les infirmières sont très soudées entre elles, tu sais. Donc si une se fait draguer maladroitement, elle va le répéter aux autres. De plus, elles me connaissent tous. Elles savent que je ne suis pas ce genre là donc si je les invite elles ne vont pas comprendre que c’est pour un rendez-vous. Je suis certain que quelques unes doivent croire que je suis homosexuel. La majorité des pédiatres masculins le sont. » Encore un truc contre moi, mais bon, je ne peux pas vraiment faire quelque chose contre ce fait qui s’avère vrai. Je souris en retenant un rire alors que Jackson croit qu’il y a des médecins qui abusent de leur statut. « Oui c’est sur qu’il y en a. Surtout les plus jeunes. Dans mon département ce n’est pas vraiment la même dynamique qu’ailleurs dans l’hôpital. On est comme dans notre petit monde à nous. Donc s’il y a des choses qui se passent, je ne suis pas au courant. » Ou bien, je ne vois rien. Ce qui est probablement le cas. Je le regarde d’un coup en perdant mon sourire. « Tu crois que je devrais faire comme eux et me rapprocher de mes étudiantes ? » Car oui, rares sont les hommes qui s’intéressent à la néonat. Je n’aime vraiment pas l’idée. Je ne sais même pas pourquoi je demande.

Je souris encore plus grand en découvrant que Jackson fréquente une femme depuis quelques rendez-vous déjà. Mais pourquoi est-ce qu’il ne m’en a pas parlé avant ? Peut-être parce que c’est très récent ou encore parce qu’il doute toujours qu’elle soit faite pour lui. Peu importe la raison, je ne peux qu’être heureux pour lui. Je l’écoute me dire qu’ils parlent ensemble et du coup qu’ils apprennent à se connaître et c’est suffisant pour me rendre tout léger. Oui, je suis un grand romantique, il faut croire. Quand je vois l’amour opéré chez quelqu’un d’autre, je me retrouve happé moi-même par ces effets bienfaisants. Je manque m’étouffer avec une gorgée de bière alors qu’il m’apprend que cela fait moins d’un mois qu’ils se sont rencontrés. Non mais, je suis surpris d’un coup. « Jax, pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? C’est une super nouvelle, mon vieux. Je suis tellement heureux pour toi. Il faut que tu me parles un peu d’elle, attend. Moi je croyais que tu étais encore célibataire tout ce temps et tu viens de me dire que tu l’aimes bien depuis un moment déjà. » Je sais qu’il n’a pas dit « aime bien » mais ça m’est égal. Je vois bien qu’il n’est pas indifférent à cette femme et ça ne peut vouloir dire qu’une chose à mon esprit, c’est qu’il a des sentiments naissants envers elle. Je pourrais le jurer juste à voir ses yeux pétiller quand il m’en parle. Je laisse Jackson insister sur le sujet des infirmières du coup. J’écoute ses encouragements. Il est vrai que si je propose un verre c’est assez évocateur de mes intentions. Tout de même, j’éprouve un certain malaise à leur faire ça. Certaines de ces femmes, je les connais depuis des années. Alors d’un coup leur demander pour sortir, ça fait un peu gars désespéré justement. Je ne souhaite pas décevoir mon ami donc je finis par hocher la tête. « D’accord, je vais essayer de draguer une collègue si l’occasion se présente. Je ne te promets rien parce que quelques fois les journées sont infernales et je ne peux vraiment pas penser à autre chose qu’au boulot. Sauf que je vais demeurer ouvert à la suggestion. » Et puisque je tiens toujours mes promesses, il peut être assuré que je vais faire de mon mieux et ne pas me défiler à moins justement qu’aucune occasion ne m’a permis de faire ce qui a été demandé. Viens ensuite le sujet de l’abus de certains médecins, en particulier avec leurs étudiantes. Je ne connais pas vraiment ça dans mon département. Mais comme je ne suis pas certain d’où Jackson veut en venir avec ça, je lui demande stupidement s’il souhaite que je fasse pareille. Je désapprouve vraiment l’idée toutefois. Il me rassure en me disant que ce n’est pas ce qu’il sous-entendait et je soupire de soulagement. J’ai eu peur durant un instant. Jax est alors curieux de savoir s’il existe des genres de petites soirées organisées par l’hôpital. Je réfléchis à la question. « Et bien, à part le party de Noël où l’hôpital en entier est invité, non pas vraiment. Après, chaque département est libre de se faire des soirées. De notre côté, je sais que les infirmières en font parfois quand une collègue tombe enceinte ou se marie ou… bref, tu as compris que ce n’est pas vraiment un bon endroit pour moi. » Je continue à réfléchir avec lui. « Sinon, je fais partie du comité des usagers, représentant mon département et mes collègues médecins même à l’occasion. Je sais que le comité fait des soirées à l’occasion. Il m’invite toujours par politesse mais je n’y vais jamais. Je pourrais peut-être changer cette habitude. » Ce n’est pas bête quand on y pense.

Il est vrai qu’il n’a pas à me parler de toutes les femmes qu’il croise. Je reconnais que j’ai volontairement embellie les choses pour qu’il finisse par m’en apprendre plus. Au final, il ne me donne pas de nom, pas de description particulière, juste qu’elle a ce fameux « truc ». C’est assez pour me faire sourire avec presque un air triomphal. Je pourrais être jaloux de lui. Lui en vouloir pour avoir réussis là où moi je semble incapable d’y parvenir. Sauf que ce n’est pas mon genre du tout. Je n’ai même pas ces réflexes d’envies que certaines personnes ont en voyant un truc qui leur plait. C’est peut-être là mon problème, je ne désire pas assez ce que le commun des mortels souhaite. Mais j’ai l’impression que dans le cas de Jackson, sa demoiselle est spéciale. « Je suis juste content pour toi, Jax. » Je lui dis en ne cachant pas ma joie de le voir amoureux. Oui, je sais, j’insiste encore dans cette voie là. Mais c’est plus fort que moi. Je sens qu’il a trouvé la bonne femme. Il m’en donne l’impression. Inutile de se faire des scénarios contraires. C’est vraiment une bonne nouvelle, je pense. Mon ami le mérite. J’aurais aimé ne pas l’embêter plus longtemps avec ça, mais mon cœur à un besoin ardant de romantisme d’un coup. « Vous vous êtes rencontrés comment ? » Je lui demande doucement, l’observant comme s’il s’apprêtait à me raconter une légende et que j’allais en être émerveillé. J’espère qu’il va consentir à me donner plus de détails. Peut-être pas. Draguer mes collègues de travail semble être un meilleur sujet à aborder. Je le suis sans discuter. Je finis par acquiescer d’ailleurs pour tenter de le faire. Mais visiblement, j’ai mal compris ce qu’il me demandait. Il faut inviter les femmes à boire un verre d’abord, pas les harceler au travail. En effet, c’est plus logique de procéder ainsi. Moins gênant aussi, je pense. Car si la femme est présente avec moi pour boire ce verre, c’est parce qu’elle a envie d’être là. Je rectifie le tout donc dès qu’il m’expose mon erreur. « Oui, pardon. En effet, je vais l’inviter d’abord. Tu as raison. » Je baisse les yeux. Je le sens moyen ce plan, sauf que je vais tout de même faire un effort puisqu’une promesse est une promesse. Et on ne sait jamais, l’une de mes collègues de travail est peut-être celle dont je recherche depuis tout ce temps et qui se trouvait sous mon nez sans que je le remarque. Je ne peux pas dire que je sois le gars qui repère le plus facilement les femmes célibataires ou même celles de mon goût. Je mets beaucoup trop d’application dans mon travail pour faire ça. Je fais ensuite une grimace alors qu’il insiste sur le fait que je pourrais m’imposer aux petites soirées qu’organisent les infirmières. « Je pense vraiment pas que c’est une bonne idée. Elles vont me faire sortir à coup de pied si je m’immisce dans leur soirée. Je les connais depuis le temps et il ne vaut mieux pas trop s’imposer. » Je demeure implicite volontairement. Travailler avec des femmes n’a pas que des avantages. Leurs paroles sont parfois blessantes. Elles ne m’ont jamais réservés un tel sort puisque je ne les embête pas. Mais je sais qu’elles sortent parfois les griffes et que je préfère ne pas me retrouver à proximité dans ces cas là. Il me demande ensuite ce que je n’aime pas des réunions du comité des usagers. Je soupire. « Déjà, c’est assez ennuyant d’après ce que j’ai entendu. C’est surtout des trucs mondains même. Je ne me sens pas vraiment à l’aise dans ce genre d’évènement. Ça me fait penser aux fêtes occasionnelles organisées par le collègue des médecins. C’est un peu trop prétentieux pour moi. » Je vide mon verre. Je le regarde d’un coup. Jackson aussi a finit sa bière, tiens. Dès que le barman passe à proximité, j’hésite à l’interpeler avant d’avoir à nouveau l’image de Rebecca en tête. « Deux autres bières, s’il vous plaît. » Je me décide à clamer. On ramasse nos anciens verres et ce ne sera pas long avant de recevoir nos nouveaux. Je me tourne vers Jackson. Normalement, je demande souvent de partir à l’avance, mais pas ce soir. « J’ai envie qu’on reste encore un peu plus longtemps. » Je lui affirme en ayant déjà le moral presque entièrement retrouvé.

J’observe Jackson, toujours avec cette sorte d’émerveillement dans le regard alors qu’il me raconte sa rencontre avec la femme qu’il fréquente actuellement. Je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi banal, je dois dire. C’est peut-être la preuve que je cherche beaucoup trop loin de mon côté. Et cela me prouve aussi que Jax n’a pas forcé la rencontre comme je tente de le faire dans mes sorties dans les bars avec mon voisin. Je dois peut-être en tirer une leçon. Celle que je me casse trop la tête au final et que je suis même carrément dans la mauvaise voie. Je ne saurais dire. Je sais seulement que ce qu’il vient de me dire me fait énormément réfléchir, au point d’en devenir silencieux quelques instants. C’est la preuve que parfois ça clique avec une femme et parfois non. S’ils n’avaient eu rien d’intéressant à se dire, ils ne se seraient pas revu. Ils doivent définitivement avec des points communs ainsi qu’une bonne entente sinon je doute qu’ils se verraient encore. En bout de ligne, connaître l’histoire de leur rencontre m’apaise car je sais que c’est accessible, du coup. N’importe qui aurait pu être à la place de Jackson dans ce supermarché et avoir une chance avec cette femme s’il avait le bon caractère pour elle. Peut-être même moi si j’avais un peu plus de confiance en moi. Mais ça, ça se travaille. Il est donc inutile de désespérer suite à mon échec avec Rebecca. Il y aura d’autres chances de me reprendre, d’autres rencontres comme celle de Jax mais qui me sont destinées. Il y a en aura forcément, j’en suis certain. Mais bon, pour le moment nous n’en sommes plus là dans la conversation. Je tente plutôt de lui prouver à l’aide d’un regard un peu plus assuré que je compte vraiment inviter une collègue à boire un verre afin de pouvoir avoir une expérience de drague avec elle. Dans le pire, ça ne sera qu’une sortie entre amis. Puisque comme je connais assez bien chacune des infirmières de mon département, c’est un peu comme si nous étions tous des amis à la base en plus de collègues. Dans mon esprit du moins, ce qui est probablement une mauvaise perception des choses, maintenant que j’y pense. Qu’importe. Jackson cherche à définir si je suis invité ou non à ces fameuses fêtes privées des infirmières. J’hausse les épaules. « Honnêtement, je pense qu’elles ne veulent aucun homme un point c’est tout. Pas d’exception. Elles ne s’invitent qu’entre elles et c’est probablement parce que c’est un moment entre filles. Elles se donnent rendez-vous dans un resto par exemple et elles y vont ensemble. Inutile que je m’incruste, vraiment. » C’est un non catégorique que je lui fais, je ne vais pas me risquer là-bas. J’écoute Jackson alors qu’il est d’accord que les réunions du comité des usagers sont vraiment à éviter. Ça ne me ressemble pas, de toute façon. Nous en venons à être à cours de bière et après réflexion, je décide que j’en veux une autre. Aucune idée pourquoi, mais j’ai envie qu’on transforme cette soirée en une sortie purement entre gars, vraiment entre amis. Je me fiche de draguer, j’ai juste besoin de décompresser. Et Jackson ne proteste pas. Nous recevons donc notre autre bière et cela me fait sourire. Mon ami s’intéresse à Aubrey et c’est au moins un sujet que je maîtrise. « Elle va bien. Elle a enfin retrouvé son demi-frère américain, Liam Drake. Je ne sais pas si elle t’avait parlé de lui quand vous étiez ensemble. Bref, ça c’est super bien déroulé et elle est aux anges. Sinon aux dernières nouvelles elle fréquente un gars du nom de Steve. Ou Steven. Je ne me rappelle plus de son prénom. Je ne l’ai même pas encore rencontré. Je pense que ça n’a pas marché entre elle et lui puisqu’elle ne m’en parle plus. Sinon, elle a hâte de terminer sa maîtrise. Il ne lui reste plus que quelques mois. » Je réfléchis s’il y a autre chose de pertinent à lui dire et je ne vois pas vite comme ça. « Mais sinon, la prochaine fois, on se fait un truc à trois. On peut te recevoir pour souper, tu sais. Lucifer t’adore en plus. Je suis sur que tu lui manques. » Je ris avant de prendre une gorgée de bière. Lucifer, il aime toujours trop les gens. Moi et ce chien ont est pareils.

Je hoche la tête sans tarder. C’est sur que si je me retrouve à leur soirée comme ça, les infirmières vont vouloir me déchiqueter en morceaux. J’ai beau être leur gentil médecin pour nouveau-nés, elles ne vont pas m’épargner si je m’incruste comme ça. Je ne me risquerais jamais à leur soirée, ça c’est une certitude. Je ris même un peu à cause des nombreuses images qui me viennent en tête et où je me retrouve à courir pour ma vie. Ce n’est pas drôle à la base, mais c’est juste tellement improbable que ça me cause le fou rire. Que voulez-vous. Le sujet finit par tomber sur Aubrey. Je ne sais pas pourquoi Jackson la mentionne, peut-être comme son arme secrète pour capter mon attention, mais ça marche. Je me mets à lui raconter les dernières nouvelles la concernant. Il sait donc pour Liam, ce qui est normal. Aubrey parle de lui à absolument tout le monde. En fait, elle devait faire ça dans l’espoir que les gens qu’elle rencontre puissent la conduire à lui, j’imagine. Aujourd’hui qu’elle l’a retrouvé, ce n’est plus dans ses priorités de s’époumoner au sujet de son demi-frère. Du moins, pas pour déterminer où il se trouveé. Jax la devine bien parce qu’il s’imagine qu’elle devait avoir le sourire. Je n’étais pas présent à leurs retrouvailles, mais à son retour à l’appartement elle ne faisait pas que sourire, elle était rayonnante de bonheur. Je pouffe ensuite de rire au haussement d’épaules de Jackson. Oui, c’est assez évident que ma meilleure amie est passée à autre chose. Je me demande bien qui sera le prochain élu de son cœur. À présent qu’elle a un grand-frère, je ne sais pas si ça va l’assagir un peu. L’homme en face de moi pense qu’il serait bien de fêter l’obtention de la maîtrise d’Aubrey. Je souris. « Oui, c’est dans mes plans d’organiser un truc. Je ne sais pas encore quoi, mais si tu m’aides c’est sur que ça va être bien. » Au moins, Jax est d’accord pour mon invitation à venir manger un truc à l’appartement prochainement. C’est sur qu’il faudra s’organiser et que j’en parle à Aubrey pour savoir quand elle est disponible de son côté. Mais je suis sur qu’on peut se trouver un moment bien très prochainement. Ça va être agréable, j’en suis certain. Je suis bouche bée face à sa réplique suivante. Lucifer, malheureux ? Je pouffe de rire à nouveau. Ce chien est trop gâté au contraire, le voilà le problème. Surtout avec Jackson qui sait comment gagner le cœur du golden retriever par son estomac. Je secoue la tête négativement alors qu’il critique le nom de mon chien. Alors là. « Attends, mais il est super approprié comme nom. Lucifer c’est très beau, tu sauras. » Je fais semblant de bouder, ne tenant que deux secondes ainsi avant de me mettre à rire. Je me saisis de ma bière et je viens à la place faire un toast à l’amitié avec Jackson. Je bois une gorgée de ma bouteille, le sourire toujours aux lèvres. Nous discutons de la sorte encore une demi-heure avant de terminer notre bière et de retourner à la voiture. Je remercie Jax pour l’excellente soirée que j’ai passé, lui assurant que la prochaine fois qu’il va venir, je vais relâcher mon Diable contre lui pour qu’il reçoive comme torture de très nombreuses léchouilles au visage. Lucifer est un excellent nom pour un chien !

FIN