I'll never be the same if we ever meet again (Cameal#13)

Jacob me cherche, et ni une ni deux j’attrape la main de Neal pour qu’il me suive et je nous planque dans un buisson. Puéril, mais je ris comme une enfant, les yeux pétillants. Je m’amuse beaucoup plus ici qu’à l’intérieur. Et retrouver en quelques sortes mon complice me fait beaucoup de bien, même si je sais que c’est dangereux. Jacob passe pas loin et je me presse davantage contre Neal, sentant sa main dans le creux de mes reins, me faisant frissonner encore. Mon souffle se fait plus court et lorsque j’entends les pas s’éloigner, je plonge mon regard dans celui de mon ancien bodyguard, et je tressaille. C’est alors dans un souffle que je lui demande de m’embrasser, j’en ai envie, j’en ai besoin. « Cameron… » Je frissonne encore à entendre mon prénom sortir d’entre ses lèvres, dans un souffle qui me ramène à tant de souvenirs. « Je… peux pas… » Mon regard jongle entre ses yeux, je ne veux pas encaisser un nouveau refus, je ne veux pas qu’il rompe cette magie qu’on était en train de recréer. Et je crois qu’il arrive à lire en moi, puisqu’il s’approche pour accéder à ma demande. Je soupire déjà au premier contact, simplement parce que la sensation est divine, que j’ai l’impression de n’avoir jamais embrassé quelqu’un avec des lèvres aussi… parfaites. Parfaites pour moi. Ma main initialement posée sur son torse remonte jusqu’à sa nuque, je sais à quel point il adore ça, et à quel point j’adore sentir que je lui fais de l’effet. Le bout de mes doigts se glissent à la naissance de son cuir chevelu et notre échange devient plus langoureux, plus passionné. Mon coeur implose et l’envie de lui se fait plus pressante. Je n’ai jamais réussi à comprendre à quel point il arrivait toujours à me rendre folle à chaque instant. A bout de souffle, nous finissons par rompre ce baiser et je plonge dans son regard, ma main glissant dans son cou, mon pouce frôlant l’arrête de sa mâchoire et sa barbe naissante. « Tu devrais quand même rentrer… t’es un peu la star de la soirée. » Je peine à reprendre un souffle convenable et avale difficilement ma salive. « Tu as raison… » Je me pince les lèvres essayant de faire fi de mon coeur qui ne semble pas vouloir se calmer, et cette boule de chaleur dans mon bas ventre. Mes mains glissent le long de ses bras pour venir se saisir furtivement de ses mains, m’éloignant sans le quitter des yeux, et je finis par lâcher ses mains et me retourner pour rejoindre la salle. Mes pensées sont polluées, je ne remarque même pas que je suis légèrement décoiffée, c’est en croisant Camille que je reprends mes esprits. « Ah Cameron, je crois que ton garde du corps te cherche… » Elle tend la main pour retirer une petite branche dans ma chevelure. « Tu as croisé Neal ? » Je déglutis et et hausse les épaules. « Non, pourquoi, tu l’as perdu ? » J’esquisse un petit sourire et Jacob me rejoint en me faisait les gros yeux. Il ne dira rien, et moi non plus. Je suis là, tout va bien. Neal arrive, je l’entends, je le sens. Je m’éclipse pour ne pas rester près de lui, parce que ce serait trop difficile, mais toute le reste de la soirée nous nous cherchons du regard, échangeons des petits sourire complices. La soirée touche à sa fin, du moins pour Camille qui semble vouloir rentrer puisque je vois Neal m’adresser un léger signe de main. J’hésite à aller lui parler, mais ce n’est pas le moment. Je ne tarde pas à faire comprendre à Jacob que je veux rentrer et nous prenons le chemin de mon appartement. Le chauffeur me dépose et attend en bas avec Jacob le temps que je lui envoie un sms pour lui dire que je suis chez moi. Je lui envoie une fois dans le couloir, mais ne rentre pas chez moi. Je frappe à la porte de mon voisin, espérant qu’il soit seul. Dans un coin de ma tête, j’ai peur de l’imaginer en compagnie d’une fille, de Camille tiens. Il ouvre, plus de veste, plus de cravate, sa chemise déboutonnée au niveau du col. Mon coeur s’emballe. « Tu… tu es tout seul ? On peut discuter 2 minutes ? »

Cameron s’éloigne, la sensation de ses mains dans les miennes perdure alors que je la suis du regard. Elle croise la route de Camille et Jacob fini par la rejoindre, je reste dans le bosquet un instant afin de ne pas rendre le timing de notre réapparition trop étrange. Lorsque la jeune femme et son garde du corps son assez loin je m’avance dans la direction de Camille « Je te cherchais. » je lui souris et hoche la tête « Je prenais un peu l’air. » nous retournons dans la salle, j’ai la sensation d’agir comme un automate tant mon esprit est ailleurs. Pourquoi je l’ai embrassé ? Pourquoi je m’inflige ça ? Je sais que ces quelques minutes de plaisir finiront comme le reste, probablement gâché par des mots amers. Mais c’est plus fort que moi, plusieurs fois je croise le regard de Cameron, lui adresse de discrets sourires répondant à la lueur complice dans ses yeux. Ce jeu est dangereux j’en ai parfaitement conscience, cependant il n’est plus à prouver que je sais être le plus parfait des idiots lorsqu’il s’agit d’elle. J’ai l’impression qu’il se passe une éternité avant que Camille me fasse savoir qu’elle souhaite rentrer. Quelques salutations, repousse notre départ mais nous arrivons tant bien que mal jusqu’à la sortie. J’adresse un léger signe de la main à Cameron en guise d’au revoir et quitte les lieux. Ma nouvelle protégée est tout en sobriété et en retenue, c’est presque étrange pour moi d’être traité avec autant de respect de sa part en comparaison au caractère explosif de Miss McKenzie. C’est reposant parfois, mais presque un peu fade par moment. Après l’avoir raccompagné je rentre enfin chez moi, songeant qu’il serait peut-être temps que j’exprime mon envie de déménager.
La soirée est finie mais je ne peux m’empêcher d’en ressasser quelques moments, me maudissant intérieurement d’être aussi faible. Je quitte mes chaussures, pose ma veste sur le dossier d’une chais, défais ma cravate puis déboutonne les premiers boutons de ma chemise. Je respire à nouveau. Mon portable vibre dans ma poche, un sms d’un type que j’ai rencontré au club de combat qui m’informe que demain soir il y’a une sorte de tournoi qui est organisé. Je m’apprête à lui demander plus d’informations mais on frappe à ma porte. Etrange. Je vais ouvrir et tombe nez à nez avec Cameron, c’est une surprise sans l’être finalement. Elle veut parler. J’ignore de quoi, mais j’imagine qu’à moins de la laisser entrer je ne le saurais jamais. Je hoche positivement la tête et m’écarte pour l’inviter à entrer « Ouais. » réponse simple à ses deux questions. Je referme la porte derrière elle « Tu veux boire quelque chose ? » proposé-je par politesse. Je lui indique de s’asseoir sur le canapé et fais de même, prenant soin de ne pas être trop près d’elle. Je suis déjà allé trop loin en l’embrassant tout à l’heure, inutile de tenter le diable. « Donc, de quoi tu voulais parler ? » je ne peux masquer ma curiosité, sa démarche m’intrigue… j’espère juste que ce n’est pas un piège.

J’arrive pas à penser à autre chose, pourquoi il a encore fallu que je me foute dans une situation pareille, que je l’attire à moi, que je fasse en sorte qu’il m’embrasse, et que je perde pieds. Encore. Et encore. Un cercle vicieux qui ne semble pas vouloir trouver de fin. Est-ce que j’ai envie que ça s’arrête ? Le pire c’est que je crois que non, c’est plus fort que moi. J’ai essayé de l’éloigner de moi mais à part quitter le pays, je vois pas bien ce que je pourrai faire de mieux. Lorsqu’il quitte la soirée, j’ai un sentiment de manque qui s’immisce en moi. Je ne devrais pas ressentir ça, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs, lui aussi m’a bien rendue folle, pour au final quoi ? Qu’on en souffre plus qu’autre chose ? Non, c’est mieux ainsi, je m’en persuade.

Une fois rentrée à la maison je me sens prise d’une hésitation. J’entends encore la voix de Jaqueline qui me dit que je n’ai pas le choix que de trouver une solution pour que Neal signe le contrat. Sinon adieu mon contrat d’égérie, adieu ma carrière. Un léger soupir plus tard et me voilà le doigt sur la sonnette de l’appartement voisin au mien. Mon coeur s’affole, mais ce n’est rien comparé à l’instant où il ouvre la porte, chemise légèrement ouverte. Bordel mais il pourrait pas mettre un pyjama avec des nounours et une capuche avec des oreilles de chien, j’en sais rien, faire un effort pour que j’arrête de le trouver sexy… Il me laisse entrer et je ne me fais pas prier, mes talons claquant de quelques pas dans l’entrée de son appartement. « Tu veux boire quelque chose ? » Je déglutis avec un peu de difficulté et secoue la tête. « Non, ça va merci. » Il me fait signe de m’asseoir dans le canapé, ce que je fais sans tarder, nerveuse. « Donc, de quoi tu voulais parler ? » Je me pince légèrement les lèvres et tourne la tête vers lui pour lui adresser un petit sourire, lui aussi nerveux. J’hésite encore entre lui dire la vérité concernant l’ultimatum de Jaqueline, ou trouver une manière détournée de lui faire signer ce foutu contrat. « Je voulais qu’on reparle des photos pour Calvin Klein. » Je joins mes mains, doigts entrelacés pour sans doute camoufler mon trouble. « Je me dis que maintenant qu’elles ont été faites, ce serait con qu’ils les utilisent pas. En plus maintenant que toi et moi on… » On quoi ? On quoi Cameron ? On est plus ensemble ? Mais y’a jamais eu de ‘ensemble’, jamais eu de couple, rien de tout ça. Du vent. Seulement du vent. « Vu qu’on bosse plus ensemble, les paparazzi vont arrêter de croire qu’on est ensemble, tout ça… » Je m’embourbe dans mon explication, je suis ridicule. Je soupire un peu et me racle la gorge pour l’éclaircir. « Je pense que tu devrais signer le contrat pour la diffusion. Ça te fera gagner beaucoup d’argent, peut-être qu’avec ça tu pourras même j’en sais rien, arrêter de bosser, faire ce qui te fait envie… » Quoi  ? Je suis en train de sous-entendre que j’aime pas qu’il bosse pour quelqu’un d’autre ? Non non, je sous-entends rien, c’est seulement dans ma tête. « Je les ai vues… les photos. Elles sont très bien, tu t’es vraiment bien débrouillé, malgré les circonstances… » Je ris un peu nerveusement et lui adresse cette fois un sourire un peu plus complice. « C’était pas de la tarte pourtant… »

Je suis surpris de trouver Cameron devant la porte de mon appartement. J’aurais cru que cette petite faiblesse entre nous un peu plus tôt l’aurait conduite à vouloir de nouveau m’éviter à tout prix. Le genre de réflexion que l’on se fait après coup, une promesse à soi-même de ne pas retomber dans le panneau… tu parles ça a l’air efficace nous concernant ! Je ne suis pas mieux, la laissant entrer et acceptant de discuter alors que je ne sais même pas de quoi elle veut parler. C’est peut-être ma pire connerie de la soirée, qui sait ? Je lui propose poliment à boire et l’invite à s’installer sur le canapé, elle décline la boisson, s’assoit et je ne tourne pas autour du pot demandant directement de quoi elle souhaite que nous discutions. Les photos. Je les avais presque oubliée celles-ci. Le contrat doit d’ailleurs trainer quelque part en attente d’être signé. Je hoche la tête « Ouais… les photos. » j’esquisse un sourire mais retiens le rire nerveux qui était censé l’accompagner. Ça s’en était une belle de connerie. Cameron exprime alors sa pensée quant à ce shooting, ces photos existent, ce qui est fait est fait alors autant leur donner la possibilité de les utiliser. Je comprends son point de vue, c’est son métier mais moi suis-je prêt à voir ma gueule sur des publicités pour Calvin Klein ? Je ne sais pas. Pas que je lise beaucoup de magasine ou me préoccupe beaucoup des affiches de réclames qui nous entourent au quotidien mais c’est dans le principe d’être publiquement affiché. Je fronce légèrement le sourcils en entendant la suite de son argumentation. Nous n’avons jamais été vraiment ensemble, nous avons eu une aventure, quelques choses de ponctuelles aussi bref qu’intense à chaque fois que nous nous retrouvions. Elle va finir par cracher le morceau ou pas ? Parce que je ne suis pas stupide, ce petit speech a vocation de me convaincre de signer.
Bingo ! Cameron me suggère de signer, pour l’argent et les perspectives d’avenir que cela me donnera. Je hoche la tête « Vu comme ça c’est tentant. » au détail près que je suis bien incapable de savoir de quoi j’ai envie. Arrive alors quelques compliments. On ne serait pas en été j’aurais eu peur qu’il neige demain. Je ne peux retenir un sourire quand elle rit de la situation, c’était même une sacrée galère elle peut le dire. « Tu n’as rien d’une tarte. » dis-je avec humour, mais au delà de ça il y a une vraie constatation. Cameron est une jeune femme entière, avec un foutu caractère et elle est bien plus complexe que ce que cette façade qu’elle affiche veut bien faire croire. C’est pour ça qu’elle m’attire autant, je crois. « Tu ne sais pas faire dans la facilité. Regarde même ce soir tu n’as pas pu t’empêcher de tester ce pauvre Jacob. » je hausse les épaules « Mais ne change pas. Tu ne serais plus vraiment Cameron sinon et… » je me lève « Ça serait dommage. » lâché-je avant de me mettre à la recherche du contrat « Je vais signer. Ils pourront se servir des photos. J’ai pas envie de me sentir responsable si ça devait te causer du tort et mettre des obstacles à ta carrière. ». Je disparais quelques instants dans ma chambre et reviens avec le dit contrat, il fait plusieurs pages « J’ai lu que les deux premières, j’espère qu’il n’y a pas de pièges ? » demandé-je à la jeune femme qui a plus l’habitude que moi de ce genre de chose.

Je choisis mes mots, choses dont je n’ai pas l’habitude. Mais ce soir, je crois que c’est de circonstance. Si je veux arriver à ce qu’il signe ce putain de contrait, je ferai mieux d’arrêter de jouer les divas. Alors je fais du mieux que je peux, je pense à Jaqueline qui m’a prise entre quatre yeux pour me foutre ce putain d’ultimatum. Je déteste ça, je déteste cette partie du métier, et me sentir manipulatrice dans ce sens là me mettrait presque mal à l’aise. Avec n’importe qui d’autre ça aurait été un jeu d’enfant. Avec n’importe qui d’autre, sauf lui. « Ouais… les photos. » Je tente de rester posée, lui dire calmement ce que j’en pense, je vais même jusqu’à le complimenter, faut quand même que je fasse gaffe de pas y aller trop fort au risque qu’il me voit venir avec mes gros sabots. « Tu ne sais pas faire dans la facilité. Regarde même ce soir tu n’as pas pu t’empêcher de tester ce pauvre Jacob. Mais ne change pas. Tu ne serais plus vraiment Cameron sinon et… ça serait dommage. » Je le regarde avec les yeux ronds, surpris de ses mots, de sa manière de s’adresser à moi. Depuis quand il me fait des compliments au juste ? Il se lève et se met à chercher je ne sais quoi, pendant que moi je reste là comme un rond de flan. Une main dans mes cheveux et je tente de garder contenance, de refouler ce qui est en train de se passer en moi. Stop, terminé, arrête de t’emballer toi espèce de palpitant à la con ! « Je vais signer. Ils pourront se servir des photos. J’ai pas envie de me sentir responsable si ça devait te causer du tort et mettre des obstacles à ta carrière. » Je vais pour ouvrir la bouche mais il s’éclipse dans la chambre et je suis obligée de me raviser. Mon regard cherche quelque chose à quoi s’accrocher, et je finis par jouer nerveusement avec mes doigts. « J’ai lu que les deux premières, j’espère qu’il n’y a pas de pièges ? » Je hausse les épaules avec un petit sourire en le voyant revenir. « Je pense pas, j’espère pas en tout cas. Enfin, de toute manière ils pourraient rien faire de pire que publier les photos partout, ce contrat est là pour ça après tout… » Il se rassied près de moi et signe le papier sous mes yeux après avoir paraphé toutes les pages une à une. « Merci. » Je lui souris, légèrement. « Je crois que Jaqueline m’en aurait voulu à vie si tu n’avais pas voulu signer ce contrat, c’est clair que ça me serait retombé dessus. » Je ris légèrement et ne tente pas le diable à le regarder trop longuement. « Bon, je vais te laisser, et je vais… aller dormir. » Voilà, fais ça. « La soirée a été éprouvante. » Mine de rien. Je regarde à nouveau le jeune homme, mes yeux emplis d’une étincelle qu’il connaît bien. Mais je n’ai pas envie de tout foirer, pas encore. J’esquisse un sourire et m’approche de lui pour déposer un baiser sur sa joue. « Bonne nuit Neal. » Je me lève alors, il me raccompagne jusqu’à la porte et je me bats avec mon for intérieur, avec mon coeur, avec ma tête, je ne sais plus qui je dois écouter, et au final, comme rarement, c’est la raison qui l’emporte. Je me retourne pour lui adresser un dernier sourire, et disparait derrière la porte de mon appartement.