cemetery of dreams [tozraël #8]

4 jours. 4 putains de jours qu'il n'y avait plus eu le moindre sms, le moindre appel, la moindre manifestation de l'autre. 4 jours depuis cette discussion qui avait tourné au vinaigre comme ils savaient si bien le fait, que Tom avait encore tout foutu en l'air. Il avait ses excuses, notamment la fatigue entre le boulot et Azraël. Il n'avait plus de vie, faisait ce qu'il pouvait pour être présent pour son petit-ami. Mais il avait réussi à péter un plomb, à ne plus supporter le fatalisme dans lequel le brun vivait depuis l'accident. Il avait voulu jouer sur le plan de l'ultimatum mais, à croire que leur couple n'avait pas assez de valeur, Azra avait préféré descendre sur cette pente bien trop abrupte, bien trop dangereuse. Et Tom s'y était magnifiquement cassé la gueule. Ils avaient cherché à se faire mal, c'était évident. Mais le problème, c'est que le vétérinaire n'avait pas la force pour s'occuper d'eux. Pas maintenant. Pas après ça.
S'il refoulait à nouveau le sol de l'hôpital, c'était grâce au médecin d'Azra, un brave type attentif mais réaliste. Il y avait le secret médical oui, mais il y avait aussi la survie du patient. Les mots étaient crus, durs. Azraël se laissait tout simplement dépérir, n'attendant rien de personne du fond de son lit d'hôpital. Il avait cette attitude d'autodestruction qui avait assez alerté le corps médical pour qu'on aille jusqu'à appeler son petit-ami. Pour la première fois de sa vie, Tom ne voulait pas le voir. Il ne voulait pas croiser son regard, ne souhaitait pas assumer leur histoire commune ou alors l'handicap. Il voulait juste fuir loin, rester dans sa solitude et son quotidien encore quelques jours.

Sauf qu'on ne lui laissait pas le choix. À première vue, le brun était endormi, tête tournée sur le côté. Ce qui signifiait de l'attente, encore, des minutes voire des heures passées à se remémorer les pires détails de ce qu'ils appelaient leur amour. Il s'installa sur ce fauteuil où il avait passé tellement de temps, où il avait tenu la main de son petit-ami quand il en avait besoin. Cette fois, il ne veut pas. Il reste appuyé contre le dossier, observe les traits amaigris, l'air de cadavre. Ça fait peur à voir. C'est encore plus terrifiant qu'il réalise à quel point il le connaît bien. Les paupières font l'erreur de papillonner une demi-seconde. Assez pour être perceptible. « Tu dors pas. Et personne te laissera mourir dans cet hôpital alors tu m'expliques pourquoi on m'appelle comme si je devais me rendre d'urgence sur ton lit de mort ? »

C'était l'élément déclencheur. Assez pour que la limite soit atteinte. Assez pour que la famine se coupe, pour qu'on ajoute de l'eau dans sa perfusion histoire qu'il soit un minimum hydrater vu qu'il n'est plus en état de le réclamer. Il se laisse aller, n'a plus de larmes en stock pour craquer, n'a plus la force nécessaire pour se battre jusqu'au bout. Alors, le dernier échange avec Tom était un simple appel à l'aide, parce qu'il sentait qu'il commençait à perdre pied, que la solitude était en train de bouffer toute sa conscience, mais même un simple appel à l'aide n'a pas pu être entendu, et la conversation n'a pas été celle qu'il a tant espéré. Il aurait préféré entendre une réussite, que Tom allait prendre les choses en main, qu'il allait le chercher, le ramener à la maison. Au final, ça a été le contraire. La pire chose qu'il pouvait avoir. La pire chose qui lui est tombée sur la gueule, alors qu'il a cherché à le provoquer, il a cherché sa propre merde, et la solitude a réussi, elle a gagné cette connasse.

Les médecins étaient alarmés depuis un certain moment, sûrement même dès la première nuit qu'il a passé dans cet hôpital. Peut-être que le fait qu'il connaît le personnel a joué, qu'ils se sont rendus compte que ce n'était pas le Azra qu'ils connaissaient face à eux. Le pire, c'est que la raison est arrivée, et que les symptômes eux aussi, n'ont pas mis longtemps avant de mettre le doute. Azra n'avouera jamais que tout a commencé par le viol, qu'il a senti cette cassure dans sa propre âme et qu'elle se faiblissait de jour en jour. Le fait qu'il perde ses jambes n'a pas non plus aidé a simplement tout anéanti, ne laissant plus aucune once d'espoir. Azra n'avouera jamais qu'il est tombé en dépression au moment où il était dans cet avion pour rentrer sur Island Bay. Tom a juste simplement raison, parce que c'est pas Tom qui fuit à chaque fois, c'est pas Tom le faible dans l'histoire. C'est Azra, ça l'a toujours été.

Qu'est-ce qui a alarmé le médecin au point qu'il prenne l'initiative de ramener le blond à l'hôpital ? Sûrement la chute de poids assez impressionnante du gosse. Sûrement le fait qu'il se montre violent quand on essaye de s'approcher de lui. Sûrement le mutisme qu'il montre depuis plusieurs jours. Il y avait tous les éléments offerts sur un plateau d'argent, et le courage a été pris, la sonnette d'alarme a été déclenché et la dépression a bouffé toute l'innocence du gosse. Ce n'est plus que l'ombre de lui-même, ce n'est plus qu'un mort vivant, tout simplement. Alors, c'est plus facile de fermer les yeux, d'attendre que la mort arrive, de snober tout le monde parce que déjà que son état s'est empiré depuis le verdict, la rupture avec Tom a été bien trop horrible pour qu'il essaye de se battre. Il avait prévenu, perdre l'amour de sa vie, ce n'était pas une option. Mais ouais, il l'a perdu. Alors dormir, essayer, c'est plus simple. Le problème, c'est que quand on connaît trop une personne, on sait qu'elle est présente dans la pièce sans même avoir besoin de la regarder. Azra a senti Tom à la minute où il a posé sa main sur la porte. Et il n'a pas bougé, jusqu'à ce que ses propres yeux se trahissent.

Alors, il souffle un bon coup, ouvre les yeux, observe un point sur le plafond qu'il connaît par coeur à force de l'observer. « Pourquoi tu es là ? » La voix faible, sans émotion, c'est sûrement ça le pire. « Pourquoi tu as quand même perdu ton temps à te déplacer ? » La gorge qui lui fait mal, la peur de poser son regard sur lui est trop grande, il a beaucoup trop perdu dans cette histoire. Il a envie de lui hurler qu'il l'aime, mais il sait qu'il n'a plus le droit. « Tu as raison, j't'emmène avec moi dans un trou noir. Un de nous deux a le droit d'être heureux. Et tu as le droit de l'être. J'pourrais pas t'apporter c'que tu veux. J'pourrais jamais te faire de gosses, puis si tes parents te renient à cause de moi, tu l'supporteras pas, et j'ai pas envie. » Peut-être qu'il délire, il sait pas. La seule chose qu'il a encore conscience, c'est que sa propre voix lui fait peur ; sa propre personne l'inquiète bien plus qu'il ne le faut. Mais, ça suffit pas, pour qu'il bouge. « C'est pas le viol qui a tout gâché. C'est moi. Tout a toujours été que moi. » Et il est désolé.

Ça le tue de voir Azraël dans cet état. Parce qu'il ne peut pas s'empêcher de se sentir responsable, à un millier d'endroits différents dans le triste livre qui raconte leur couple. Il a l'impression d'avoir ruiné leur bonheur encore et encore, tout ça pour en arriver à cette chambre d'hôpital, avec son amour handicapé, émacié,sans la moindre lueur de vie dans le regard. Le plus dur, c'est certainement de voir que c'est à son tour de ne plus avoir le courage. Il ne sait pas quoi faire, se doute qu'il ne pourra pas supporter encore ces disputes et cette volonté de tout abandonner. Il ne peut pas le concevoir, alors c'est bien difficile de l'accepter. Malgré tout, lui demander ce qu'il fout là ? Ça semble putain d'évident. « Parce qu'on m'a appelé pour me dire que tu te laissais dépérir, et que je peux pas l'accepter. » Il a tout simplement pas le droit de faire ça aux personnes qui tiennent à lui. Tom ne dira pas que lui, personnellement, s'y refuse. Il préférera penser aux autres, préférera même voir l'intérêt du brun. La mort n'est d'aucun intérêt s'il peut s'en sortir. Et c'est pas juste d'avoir des paroles aussi acérés, d'aller chercher toutes les faiblesses de Tom pour les exploiter. Ce serait quelqu'un d'autre, ce serait probablement suffisant. Le vétérinaire a toutes les raisons du monde de partir, de tirer un trait sur eux. Ouais, il détruit sa vie sociale et ses habitudes au profit d'un gamin pas désireux de faire le moindre effort. Ouais, être en couple avec un homme handicapé n'était pas ce dont il rêvait et effectivement, il pourra se brosser pour avoir ses enfants à lui, à moins de payer une mère porteuse. Et oui, il y a eu le viol. « C'est pas ce que je voulais. Un homme dans ma vie, des conneries qui ruinent notre bonheur, des disputes où on essaye de se faire mal. Ce serait n'importe qui d'autre que toi, je laisserais tomber. Mais c'est de toi dont je suis amoureux, c'est pour ça que j'irai nulle part, que je serai là si tu as besoin de toi. Et j'veux bien essayer de comprendre que c'est pas facile, que... tu puisses te demander à quoi bon. » Il avait parlé au médecin. La dépression, il avait pigé de quoi il en retournait. « J'ai besoin de vivre, Azraël. Et tu pourrais faire ça avec moi mais tu t'y refuses. Alors je sais pas quoi faire. Mais dans tous les cas, c'est hors de question que tu te laisses mourir dans ce putain de lit d'hôpital. » Hors de question.

C'est terriblement difficile, de ne plus avoir la force de se battre. Le pire, c'est qu'il sait qu'il est en train de laisser partir Tom. Et peut-être que la seule chose qui lui montre qu'il est un minimum conscient, c'est parce qu'il entend cette voix qui lui hurle de ne pas perdre la seule personne qu'il désire vraiment. Mais comment faire, quand les limites ont déjà été franchi ? Il peut pas Azra, il a dit des choses qu'il regrette, mais il a peur que quoi qu'il dise, ça ne va pas aider. Et Tom, Tom qui reste là malgré les horreurs qu'il lui a balancé il y a quelques jours. Il ne pense pas ce qu'il lui a dit, il sait qu'il n'est plus avec Stella parce qu'il a été manipuler par Tom, il n'est plus avec Stella parce qu'il ne l'aime plus, parce que leur relation a commencé a tangué et qu'il était simplement temps qu'il prenne son courage pour s'en aller, pour s'offrir quelque chose de sincère. Le truc, c'est que ce quelque chose de sincère se casse la gueule sans cesse, et qu'il est beaucoup trop faible, maintenant. Il s'rend compte, Azra, qu'il s'est beaucoup trop braqué mais que Tom est la faille de l'histoire, qu'il lui en faudra pas beaucoup avant que Tom arrive à casser le mur en béton de protection qu'il a construit pour se protéger. « J'voulais juste que tu me prennes dans les bras. » La voix qui commence à se briser, l'assurance qui n'est plus présente. L'homme mort reprend un peu de ses couleurs, les yeux secs finissent par être humides. La boule dans la gorge qui commence à être désagréable. Voilà c'qu'il voulait Azra. Il a jamais demandé beaucoup depuis qu'il est sur le lit, il a juste réclamé les bras de son amant parce qu'il était mort de trouille. Il a juste réclamé de la force que lui-même n'était pas capable de construire. Il a juste demander un câlin, putain c'est pas grand chose. Et Tom lui a toujours refusé ; pour son bien, il en est conscient, mais faut croire que ça lui a bien trop fait mal comme refus. « J'voulais juste que tu me serres, que tu serres mon corps parce que j'avais juste besoin que tu me montres que malgré tout, je sentais encore des choses. Mais tu voulais pas et... » Ouais, il n'y a que Tom qui est capable de briser le mur de protection, parce qu'il essaye de se redresser Azra, pour chialer dans ses mains. Et c'est bien trop difficile d'essayer de se mettre droit quand on ne sent plus le bas de son corps.

Peut-être qu'en réalité, Tom a juste peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être capable d'être l'homme dont Azraël aura besoin. Il craint de mal faire à un moment donné, de perdre patience, de faillir à ses promesses. Ce n'était pas de plein cœur qu'il est resté silencieux ces derniers jours. Ça lui a pourri ses journées comme ses nuits, ça lui a torturé l'esprit. Ce serait mentir de dire qu'à aucun moment, il n'a pensé à renoncer. S'il était égoïste, il aurait pu le faire. Après tout, ce n'était pas le brun qui le poursuivrait. Tom serait toujours libre de sortir, voir du monde, trouver quelqu'un d'autre. Il pourrait partir quand ça lui chanterait sans avoir la sensation d'être retenu par un boulet. Mais s'il faisait ça, il n'oserait plus jamais se regarder dans un miroir et au fond, il ne serait pas heureux. Il voulait juste que tout redevienne comme avant, comme au début de leur voyage en Italie quand ils se regardaient béatement en se demandant s'ils n'en faisaient pas un peu trop. Avant de finir par s'embrasser, parce qu'ils se sentaient libres là-bas.
Mais de toute évidence, il a merdé sur toute la ligne. Parce que Azra est dans un état lamentable au fond de ce lit, parce qu'ils en sont encore à ramasser les pièces de leurs cœurs brisés, parce que le brun éclate en sanglots en lui expliquant là où il a fait faux. « J'essayais de t'épargner de la douleur. » Il a envie de le secouer, de lui rappeler qu'il est tout fracassé, qu'il marche sur la lame du rasoir. Une connerie, et c'en est fini de la mobilité. « Putain, je... » Il se relève, fait quelques pas, se frotte le visage. Il est mis au dos du mur, à l'instant présent. « Ok. ok... » Il y échappera pas. C'est pas qu'il en a pas envie, juste qu'il sait que c'est une mauvaise idée pour le jeune. Et même s'il fait son maximum pour être doux en venant pousser doucement le corps blessé sur les draps pour faire de la place, juste à vue d'oeil, Tom peut voir tous les endroits où la douleur pourrait se raviver. Tant pis pour lui. Par-dessus les draps, le blond s'assoit, passe un bras autour des épaules de son petit-ami. Ils retrouvent cette proximité, et Tom n'aurait qu'à pivoter un peu pour venir quérir un baiser. Pourtant, il ne le fait pas. Il n'y parvient pas. Il prend volontiers les torts, mais il n'estime pas mériter tous les mots qui ont été lâchés par le jeune. « Je sais que je suis pas parfait, que j'ai merdé à plusieurs reprises. Mais... je garantis pas que je pourrais supporter encore beaucoup de disputes, de paroles comme j'en ai lues. » Il ne veut pas être si dur avec son ton, mais c'est malgré lui. Il a été trop blessé.

Peut-être que c'est un gosse, Azraël. Gosse qui réclame, gosse qui ressent trop de choses mais qui n'arrive pas à expliquer correctement l’exactitude de ses sentiments. « Mais je m'en fiche, de la douleur... » La voix qui s'atténue, le gosse qui baisse les armes. C'est le seul, Tom, qui est capable de le rendre comme ça, de brise la couche de protection qu'il met du temps à construire. L'problème, c'est que c'est beaucoup plus grave que ça. Alors, il affronte ses responsabilités, pose son regard sur Tom, l'voit qui hésite, l'voit contre le mur. Il n'a pas menti, Azra. La seule chose qu'il voulait, depuis le début, c'est sentir la présence de Tom contre lui. Pas simplement une main qui en serre une autre. Pas simplement des mots qui se répètent, des il faut que tu prennes sur toi, il faut que tu remarches. Et il comprend, Azraël. Il comprend qu'il va faire, ce qu'Azraël a sans cesse réclamé. Sentir les bras de Tom contre son corps, c'est quelque chose de trop gros à expliquer. Le sentiment est bien trop profond. Il en a besoin. Parce qu'il sait que cette fois ce n'est pas Tom qui est la cause de leurs problèmes. Cette fois, c'est bien Azra qui a merdé, il le sait, il en a conscience.

Et il répond pas, pas de suite en tout cas. Il ne ressent pas la douleur, et pourtant, tout son corps est directement en train de se réveiller. Comme si le fait qu'il bouge ne serais-ce qu'un peu provoque une douleur qui n'attendait plus qu'à se réveiller, comme un volcan, prêt à entrer en éruption. « C'est pas toi qui a merdé. » Pas cette fois. Et peut-être que ça a toujours été sa faute, au final, à Azra. Peut-être que les merdes, il les a provoqué, et que le fait que Tom se sente responsable a bien trop rassuré Azra qui s'est laissé emporter dans cette misère. Ouais, c'était sûrement plus simple de fuir, de laisser la responsabilité à Tom de tout ramasser. « J'me sentais seul, j'me sens seul. J'me sens pas bien, et ça empire de jour en jour. » Azra se perd dans ses mots, il a peur de ne pas être clair. « Et j'sais pas, ce soir... Putain, j'sais pas, ça a empiré. J'en pouvais plus, et j'voulais qu'toi, mais t'as pas compris les sous-entendus parce que j'osais pas te demander clairement d'venir. » Il a l'impression d'être dans les vapes, il a peur que Tom s'en aille. Parce qu'il a le droit. Il peut partir, il peut claquer la porte, Azra ne lui en voudra pas. « Et j'me sens pas bien, j'veux pas te perdre, et j'pensais pas tout c'que j't'ai dit ce soir, tu l'mérites pas Tom. » Et putain, il veut marcher, il veut pouvoir bouger, il veut pouvoir se blottir dans ses bras comme bon lui semble. Les larmes coulent, et il a arrêté d’essayer de les sécher. « Je veux pas te perdre. » Qu'il murmure à nouveau, et cette phrase, au final, il fini par la répéter à plusieurs reprises. Hors de question.

C'est horrible à dire, mais il n'arrive pas à se détendre, à ressentir juste du soulagement de pouvoir enfin être proches. Tom comprend Azra et son envie de rentrer, subitement. Parce qu'il sait qu'ils ne sont pas seuls, que les médecins, infirmiers et même psy doivent être dehors à questionner la situation du brun. Parce que personnellement, il n'est pas contre son homme de son plein gré. Il a cédé à la pression. Mais c'est à peine s'il ose déposer son bras contre les épaules du jeune, s'il ose se coller à lui. Son regard fixe le mur en face et le cœur n'y est pas. Il y a les mots des messages qui lui tournent dans la tête, sa responsabilité dans cette histoire qui l'étouffe. Et par-dessus tout, il a peur pour leur futur. Parce qu'il n'a aucune idée de comment l'appréhender. Il a toujours été un type positif, mais Azraël se laisse couler et il ne sait pas comment le rattraper. Il y a finalement la peur que cette situation soit définitive, que le fauteuil fasse parti de leur quotidien et qu'il ne reste plus rien de la joie de vivre du gamin. « T'aurais dû me dire tout ça. Je serais venu si j'avais su que c'était une réelle nécessité. On est ensemble, tu devrais pas avoir honte ou peur de me dire quoique ce soit. » Il est plus las qu'il ne le voudrait. Sa main libre vient chercher celle du brun, enserrent ses doigts aux siens. Il soupire profondément, embrasse la tempe d'Azra comme si cela pouvait suffire à faire taire le déluge de larmes. « Je te l'ai déjà dit, tu me perdras pas. » Quand bien même ce serait un mensonge de dire qu'il aurait préféré ne jamais tomber amoureux pour ne pas se retrouver dans un tel enfer quotidien. « Et je suis désolé d'être resté silencieux mais... je sais pas quoi faire pour t'aider. Je me sens impuissant et même si j'ai envie de tout faire pour te soutenir, je n'arrive pas à concevoir que tu ne veuilles pas te battre. Je sais que je devrais te laisser un peu de temps, que je ferais mieux de me concentrer sur ce qu'on pourrait faire ensemble. Comme réfléchir à comment on va se débrouiller pour emménager ensemble. D'ici deux semaines, tes fractures iront mieux et il ne devrait plus y avoir de trop gros risques pour te déplacer alors... » Les lèvres glissent sur sa joue, douces. Peut-être qu'ici, ils trouveraient un terrain d'entente.

Le responsable, dans tout ça, c'est Azra. Il est en train de tout gâcher. Il suffit qu'une seule phrase pour que les choses basculent. Il suffit de rien pour que tout s'arrange. Il sait qu'il aurait dû lui dire les choses clairement, mais il n'a pas eu le courage. La conversation est de plus en plus rare, Tom a presque fuit ses derniers jours. Azraël accepte ça, accepte de laisser la liberté au blond de prendre un nouveau départ. Il veut pas qu'Tom soit malheureux, ne désire en aucun cas qu'il finisse par lui aussi, s'enfoncer dans le gouffre. « J'ai pas eu le courage. » Parce qu'il est lâche, Azra. Putain, il l'a toujours été. Faut arrêter de mettre la faute sur les autres, faut qu'il affronte ses responsabilités. Azraël est un adulte, et il doit agir comme tel. « Tu ne mérites pas d'être attacher à moi. » Il pleure, il est terriblement épuisé, moralement et physiquement. La chose qui rassure Azraël, c'est la présence de Tom. Malgré les horreurs, il est là. Il en a de la chance, le brun. Tom lui parle d'avenir, alors peut-être qu'il ne veut pas encore lui pardonner, mais il accepte de tourner la page pour qu'ils puissent un minimum avancer. « Je t'aime Tom, de tout mon coeur. » Il ne lui dit pas souvent, c'est sûrement la première fois qu'il ose dire des mots comme ça depuis qu'ils se sont échangés leurs sentiments. Ça ne date pas d'hier. « Alors ok. » Qu'il murmure après un long silence. Après s'être battu contre sa conscience. La seule chose qu'il désire, c'est rendre heureux Tom. « Ok pour qu'on essaye la rééducation. » Et peut-être que le pire, c'est que ce n'est pas ce qu'il veut. Mais il peut bien lui donner de l'espoir, à son petit ami, pas vrai ? Et s'il y arrive, c'est qu'on lui offre la possibilité d'une seconde chance. « Mais si je fais aucun progrès après deux mois de rééducation, alors j'arrêterais. » C'est la seule condition. Parce qu'il l'aime et qu'il est prêt à se sacrifier pour lui.

Il passe tellement de temps à dysfonctionner leur couple que parfois, Tom ne peut pas s'empêcher de le remettre en question. De se demander s'ils sont vraiment faits pour l'autre. Il veut sincèrement penser que oui, et en même temps, ils ont passé autant de temps à se faire mal qu'à s'aimer. Ils ont fait les deux extrêmes, se sont fait mal au cœur à chaque fois. C'est épuisant ces silences après les coups d'éclats, les excuses qui osent naïvement penser qu'elles marquent un renouveau alors qu'en vérité... Ils repartent juste pour un nouveau tour. « C'était pas une question de courage. » qu'il murmure piteusement. Comment est-ce que cela peut demander du courage de demander de l'aide, à lui ? Alors qu'ils se promettraient n'importe quoi et qu'en vérité, chaque excuse avait toujours été bonne pour avoir l'autre à proximité ? Dans cette histoire, il n'y a plus de question de mérite. Tom soupire, caresse juste le bras du brun. Il raconte des conneries, ouais. « Raconte pas des trucs aussi stupides. » Aux dernières nouvelles, c'était surtout le jeune qui s'en était mordu les doigts d'avoir Tom dans sa vie. Mais peut-être qu'au fond, ça ne l'étonne pas. D'eux deux, c'est Azra le romantique, l'émotif aux sentiments trop forts, trop incontrôlables. Trop réels pour ne pas pouvoir s'empêcher de lui dire, de le prendre au dépourvu avec de telles déclarations. « Je t'aime aussi. » ça lui était tombé sur le coin de la gueule, sans qu'il ne le voit venir. Dans tous les cas, il ne pouvait plus rien y faire. Qu'il le veuille ou non, il était foutu, condamné à rester aux côtés de son petit-ami en attendant la prochaine tempête. Il se doutait même déjà de ce que ce serait.

La tête basculée en arrière sur l'oreiller, le corps calé contre celui d'Azra, il préfère fermer les yeux Tom, oublier un peu le monde réel et prétendre que tout va bien. Un moment de répit qui ne dure qu'une faible poignée de secondes avant que le jeune le rappelle. Pour céder, enfin accepter ce que le blond supplie depuis son réveil. La promesse d'essayer. « Merci Azra. » Il en est stupidement ému, a les sinus qui piquent. Il n'aurait pas pu lui faire de plus beau cadeau, à ce moment présent. Deux mois de rééducation, ce sera assez pour des premiers résultats. Assez pour faire renaître l'espoir et l'envie d'avancer. Assez pour qu'ils se laissent penser que finalement, il est pas si foutu que ça, leur avenir ensemble. « Merci... » Il se redresse dans le lit, se tortille pour éviter le moindre mouvement à son homme. Tout ça pour venir l'embrasser, probablement un peu vaillamment vu l'état du gamin. Mais ça fait un bien fou, quand bien même il ne pourrait pas l'expliquer. Ça donne la sensation de revivre, d'au moins avoir quelque chose à se raccrocher. Il donnerait n'importe quoi pour que le jeune ne soit pas aussi cassé et que son état leur permette de s'étreindre comme il le faudrait mais la patience devrait être des deux côtés. Quand enfin il sépare leurs lèvres, il ne s'éloigne pas tout de suite. « C'est quand même mieux d'être vivant, rien que pour ça. Non ? » Il lui sourit, doucement, puis enfouit son visage contre le cou de son amour. Vivement qu'ils puissent rentrer.

Il faut croire qu'il a enfin pris la bonne décision. Le problème c'est qu'Azraël a fait ça parce qu'il a craqué, parce qu'il n'a pas la force de se battre. Il est déjà allé trop loin avec le blond. Il ne va pas bien, le môme. Il lui a dit des choses qu'il ne pense pas, et il sait que la seule chose qu'il peut faire pour lui prouver son amour, est de craquer. Alors tant pis si lui pense qu'il en est pas capable. Il a négocié, il lui laisse deux mois pour essayer qu'une toute petite étincelle éclaircisse tout ça. S'il arrive à faire des progrès, ouais, il continuera. Mais dans le cas contraire, Azraël devra rester en fauteuil roulant, et c'est tout. Il n'était pas préparé à ce que Tom l'embrasse, par contre. Il sent son corps qui se met à trembler, alors que ses doigts se perdent le long de ses cheveux, caressant ses mèches blondes, profitant de la saveur de ses lippes. Bon sang. Depuis bien trop longtemps ils ne se sont pas embrassés. Et c'est là qu'il se rend compte qu'ils ont tous les deux changés, qu'ils sont tous les deux devenus des véritables hommes. Azraël a cru qu'il avait déjà tant offert en amour avant qu'il ne le rencontre. Et quand ils se sont rencontrés, il n'a jamais pensé à entendre un simple je t'aime. C'est sincèrement fort. « J'aimerais tant que tu puisses me faire l'amour, Tom. » Il sort d'un coup. Et putain, ça veut forcément dire beaucoup, pas vrai ? Ils ne se sont pas touchés depuis Milan. Hormis s'embrasser, c'est sûrement la seule intimité qu'ils ont osé. Et ouais, il ressent tellement d'amour pour lui qu'il veut sentir les doigts de Tom autour de son membre. Il veut chasser Milan, il veut remplacer les mauvais souvenirs pour en remplacer par des biens plus beaux. « Je suis vivant, quand je suis dans tes bras. » Il serre ses doigts, l'embrasse à nouveau. « C'est toi, mon âme soeur. » Aussi niais que vrai, il a autant besoin de Tom qu'une plante a besoin d'eau.

C'est tout ce dont il avait besoin, finalement. Juste une preuve de la part d'Azra, de quoi lui prouver qu'il se raccroche à leur couple, est prêt à se battre au moins pour les sauver. Peut-être que Tom est égoïste et manque de compréhension envers le blessé. Il s'en doute. Mais il n'aurait pas pu être le seul à faire des sacrifices, à bouleverser volontairement sa vie pour satisfaire son homme. L'handicap était une fatalité, oui. Il était juste hors de question de l'adopter tant qu'il y aurait d'autres options. En deux mois, ils pourraient refaire leur monde, se sortir de l'impasse et envisager leur futur ensemble. Dans deux mois, ils seront certainement installés ensemble, auront repris leurs habitudes de couple sans avoir la peur de la douleur. Tom n'a jamais été vraiment doué pour exprimer ses sentiments, mais le bonheur qui agite son cœur et l'esprit qui perd pied juste par cette proximité et ces baisers, ça veut déjà dire beaucoup. De là à avoir envie de refranchir les barrières posées ? Le blond cesse son baiser, recule légèrement son visage pour dévisager le gamin. Il a pas les mots, non. Mais ça signifie énormément. Ce serait définitivement lui pardonner ses actes. Tom s'imagine pendant un instant accéder à cette demande, imagine ce que ce serait s'ils n'étaient pas empêchés par l'état du brun. Ça le rend nerveux, plus que de raison. Il en aurait pas demandé autant. Juste pouvoir s'étreindre durant des heures, c'était déjà beaucoup. « On se rattrapera. » C'est une promesse autant qu'une envie, étouffée par les lèvres d'Azra qui reviennent contre les siennes. Une nouvelle fois, le blond se laisse aller à ces élans de tendresse. « Je compte aller nul part. Je suppose que t'as plus aucune excuse pour te laisser couler. » Il était assez ignorant avec la notion d'âme-soeur. Il pouvait juste affirmer que Azra était le seul pour qui il se sentait prêt à renverser sa vie entière. Sa main a glissé, s'est posée maintenant sur sa cuisse. Ça attire son regard, finit même par l'inspirer un peu. « J'ai peut-être une idée de compromis. » qu'il glisse avec un nouveau sourire mutin, alors qu'il s'extirpe très précautionneusement du lit. Il attrape la chaise posée à côté de la table, va jusqu'à la porte pour la caler sous la poignée. Et quand il revient vers le lit, c'est en sachant qu'ils n'auront pas de visite susceptible de les prendre sur le fait.
Il se rapproche de son homme, cette fois-ci sans grimper sur le lit. Mais il a bien ses lèvres qui viennent se perdre dans le cou du jeune alors que ses doigts se glissent dans le dos, tirent sur les lanières pour défaire l'affreuse chemise de nuit. C'est pas nécessaire, mais il préfère. Ça lui pince le cœur de voir les côtes violacées, les hématomes qui virent au jaune par endroit. Il ne s'y attarde pas pour autant, monte sur le lit. Ça relève de l'acrobatie de venir se mettre au-dessus de lui sans l'écraser, sans risquer de lui faire mal. À quatre pattes et en dépit de leurs corps qui se frôlent, ça lui permet quand même de pouvoir l'embrasser une nouvelle fois, puis de glisser ses lèvres ailleurs. Sa mâchoire, son cou. Son torse où il évite soigneusement les blessures. Jusqu'à cette espèce de slip d'hôpital qu'il n'a aucun mal à faire glisser. « J'peux bien t'offrir ce plaisir là. » qu'il souffle avec un sourire, tandis que sa main vient saisir le membre pour commencer à le caresser. Ça prend quelques dizaines de secondes avant que les réflexes se réveillent, que Azra durcisse entre ses doigts. C'est un soulagement, oui. Au point que Tom finit par trouver ça excitant, vient accompagner ses doigts de sa bouche, le regard toujours rivé dans celui du jeune. Des putains de montagnes russes, leur relation.

Il se sent prêt, Azraël. S'il lui était possible, il basculerait sur son corps, il laisserait ses doigts découvrir cette peau qu'il aime tant. Ils n'ont pas besoin de subir encore des choses, ils sont sur le point de s'effondrer définitivement. Il y a déjà trop d'erreurs qui ont été produite, il y a déjà des mots qui sont bien trop difficiles à accepter. Il s'en mord les doigts, Azra, de tout ce qu'il lui a dit par message. Tout simplement parce qu'il se sent responsable. Il s'en veut de ne pas vouloir essayer, de ne pas faire des efforts, mais il vient de s'engager dans quelque chose qu'il ne désire pas et c'est bien trop tard pour qu'il fasse marche arrière. On peut pas lui enlever le bonheur qu'il a dans son coeur de toute manière, fasse au visage de Tom qui s'illumine. Et encore une fois, il parle trop. Mais c'est pas sa faute, il a besoin de lui dire ce qu'il pense, et peut-être qu'au fond, il y a cette voix qui lui hurle qu'il a terminé, que Tom va partir. Peut-être que c'est simplement les médicaments qui agissent, parce qu'il sait que c'est loin d'être la vérité. « Je ne ferais plus rien qui peut m'emmener à ce qu'on arrête. » Parce qu'il y a encore quelques heures, il se laissait crever en pensant qu'il était célibataire. C'était ça, les derniers mots qu'ils se sont partagés. C'est fini. Il n'a pas réussi à pleurer, mais il se souvient de la douleur qu'il a ressenti, de cette sensation de vide extrême. Alors il frôle à nouveau les lèvres du blond, et ça fait tellement longtemps qu'ils n'ont pas partagé un véritable baiser que ça lui éveille tous ses sens. Et faut qu'il arrête de voir le mal, Azra. Ouais, il y a eu Milan. Ouais, il y a eu l'accident. Mais derrière ça, il y a eu bien plus de choses positives. Il y a Tom ; de toute manière.

Il le voit qui se lève, qui coince la porte. Il n'est pas con, Azra. Il a directement compris, et il a senti son coeur se mettre à battre fort, très fort, contre sa cage thoracique. Quand il revient, quand il embrasse son cou... Bon sang. Le brun ferme les yeux, laisse la douceur l'emporter. Ils n'ont pas fait l'amour depuis si longtemps, ils n'ont pas dépassé la barrière du cou, d'ailleurs. Il sent les doigts qui retirent sa chemise, et il se sent d'un seul coup incroyablement honteux. Parce qu'il est abîmé, que ce n'est pas beau à voir. Son corps a changé, ses os sont visibles. Azraël a changé, bien trop en peu de temps. Il a peur, aussi. Peur que ça ne fonctionne plus. Alors, il garde les yeux clos, évite cette pensée de son esprit. Les baisers s'accentuent, son rythme cardiaque ne se calme pas. C'est beaucoup trop agréable. Il aimerait lui répéter qu'il l'aime, mais il en est plus capable. Il y a les doigts, il ne sait pas trop comment il arrive à les sentir. Peut-être parce qu'il est bien concentré ? Il sent que ça fonctionne, il ne met pas longtemps d'ailleurs avant de lâcher un long soupir de bien-être. « Putain. » Il lâche, sans prévenir, n'étant pas préparé à sentir sa bouche à la place des doigts. Alors, oui, c'est totalement dingue d'se dire qu'ils en sont là, alors qu'ils viennent sûrement de vivre une dispute des plus difficiles de leur relation, mais ils sont fort à deux. Juste Tom et lui.

Il a le cœur fébrile, les sens affolés. En fait, il a un peu de mal à se sentir à l'aise avec ce qu'il va faire. Comme s'il était subitement devenu timide... Mais ils savaient l'un comme l'autre que cela prenait une importance absolue capitale dans leur relation, cette volonté de glisser à nouveau vers le plaisir charnel. Ils ne pourraient pas faire l'amour, ne pourraient pas s'étreindre comme ils le souhaiteraient avant longtemps. Parce que Azra était devenu plus fragile que de la porcelaine, au point qu'il fallait le protéger de tout, et principalement de lui-même. Et quand bien même ils n'auraient pas été dans ce lit d'hôpital, cela signifiait beaucoup. Ils n'en parleraient pas mais y pensaient tous les deux. La dernière fois qu'il avait été question de sexe entre eux, c'était cette maudite soirée à Milan. Un viol bref mais existant provoqué par la jalousie, par l'alcool. Un regret cuisant qui rend Tom hésitant sur ses gestes. Il guette les réactions de son homme, imagine le pire. Est-ce-qu'il ne va pas angoisser à se retrouver coincé avec lui, seul, vulnérable ? Est-ce qu'il arrivera seulement à prendre du plaisir malgré sa paralysie ? Il est pas tranquille Tom, appréhende chaque baiser, chaque caresse, prêt à tout arrêter au besoin. Ce serait mentir que de dire qu'il n'en a pas envie. Il avait juste passé tellement d'heures à essayer de se faire à l'idée qu'il n'aurait plus jamais droit à ce privilège, que tout lui semble irréaliste.

Azraël réagit. Son membre qui durcit, ce n'est pas juste un réflexe physique détaché de sensations. Il prend du plaisir. Et c'est un incroyable sentiment qui vient titiller Tom, celui de vouloir absolument faire perdre pied au brun, comme pour lui rappeler ce qui pouvait valoir la peine d'être vécu dans sa vie. Dans leur couple. C'est purement charnel, certes, et le blond finit par tendre sa main libre pour attraper les doigts du jeune, avoir ce contact qui de voudrait romantique. Et puisqu'ils n'auront que ça aujourd'hui, il s'applique dans sa tâche, fait glisser ses lèvres sur le membre, laisse ses doigts caresser cette zone érogène. Il alterne le rythme, fait grimper l'excitation pour ensuite la laisser en suspend. Et il ne sait pas combien de temps ce jeu dure jusqu'à ce qu'il s'en lasse ou bien aie pitié et décide d'emmener son homme jusqu'à la jouissance. Râle de plaisir, preuves effacées, sourire de satisfaction. "Et voilà." qu'il murmure avec un sourire malicieux en remontant doucement le sous-vêtement. "Je te préfère nu que dans cette horrible blouse mais je voudrais pas tenter les infirmières alors..." C'est un peu à regret qu'il rhabille le brun, déguise la situation pour faire comme si de rien n'était. Puis, précautionneusement, il vient reprendre sa place à ses côtés, balade ses lèvres sur la tempe du jeune. "Tu sais quand même que si tu devais être vraiment paraplégique, tu n'aurais rien senti de ce que je viens de faire ?" En théorie, c'était une bonne nouvelle. Il n'était pas sûr de l'information sur un être humain, mais il préférait feinter une fausse assurance et jouer sur l'effet placebo plutôt que de continuer à avancer dans le doute." T'as juste besoin d'un peu de motivation il faut croire. Compte sur moi pour va..." Et il se redresse encore un peu, se tord le dos pour retourner cueillir ses lèvres, l'embrasser tendrement. Ils pourraient s'en sortir. Tous les deux.

C'est terriblement bizarre. Azraël a les jambes paralysé, il ne peut pas bouger les orteils, ne peut même pas soulever son bassin. Pourtant, il sent la bouche de Tom autour de son membre, il sent qu'il réagi face à ça, qu'il est soudainement... excité. Il se retient, pour être un minimum discret. Ce qu'ils font, c'est risqué. Et c'est bizarre. Parce qu'ils se sont disputés, qu'Azraël était, il y a quelques heures, dans un état complet d'envie de suicide. Mais Tom, c'est son tout. Il arrive à le compléter, à le rendre bien. Tom, c'est devenu son mur de protection, son tout. Alors, ouais, en plus de ça, le fait qu'Azraël réclame une soudaine envie, qu'ils aillent plus loin, ça prouve beaucoup de choses. Parce que depuis Milan, Azraël n'était pas prêt à ce qu'ils aillent plus loin que ça. Alors ouais, aujourd'hui, c'est quelque chose de grand qui arrive.

L'orgasme. Putain. Il se demande depuis quand il ne s'est pas senti autant apaisé. Peut-être qu'il lui fallait un déclic. Son ventre monte et descend rapidement, son coeur s'emballe et il essaye de le calmer pour ne pas que ça finisse par alerter les médecins, avant que la machine elle-même se mette à émettre des bruits sonores qui brisent les tympans. Tom revient à ses côtés, n'étant plus nu, désormais. Il y a la blouse aussi, qui revient, qui cache de nouveau les blessures. Il pouffe de rire, aussi. Mais lui, il n'est pas convaincu. Il serait mieux dans ses véritables vêtements, un boxer qui lui appartient, ouais. Mais pas nu. Pas alors qu'il y a différentes couleurs qui cachent sa peau. Il ferme les yeux, Azra. Quelques secondes, savourant le baiser sur sa tempe. Il cherche sa main, lie ses doigts aux siens. Il a vraiment hâte de pouvoir partir de l'hôpital, de reprendre une vraie vie. « Mon pénis n'est pas un os, c'est mon nerf qui agit dessus. Enfin, j'me comprends, tu vois ? C'est pas parce que j'ai réussi à bander qu'un jour, je pourrais marcher. » Il se sent obliger de dire. « Je t'ai dit que j'allais essayer, et c'est une promesse. » Il dépose sa main dans les cheveux de son amant, dépose un baiser sur ses lèvres, le laissant se prolonger, ne souhaitant pas qu'il s'arrête. « Je t'aime, de tout mon coeur. » Parce que c'est comme ça, que ça doit se finir.