Rencontre bouleversante. -Leanne & Lily-

J’ignorais comment ma relation avec ma fille allait tourner ni même comment allait bien pouvoir réagir son père en apprenant la vérité sur notre rupture d’il y a dix-neuf ans ? Mais pour l’heure, je décidais de me concentrer sur ma fille et uniquement elle. Plus rien ne comptait que nous deux parce que j’avais laissé un bébé dix-neuf ans plus tôt et aujourd’hui je retrouvais une jolie jeune femme, étudiante en médecine. Il fallait croire qu’elle avait hérité de cette passion pour la médecine qu’on pouvait avoir avec Allan. Après tout, avec un père pompier et une mère ambulancière, elle avait tout maintenant pour devenir un bon médecin. Toutefois, je me doutais que son choix de la médecine n’était pas lié à moi ou à son père biologique puisqu’elle ne me connaissait pas avant de débarquer en Nouvelle Zélande. Du moins elle ne connaissait que mon prénom écrit sur ce bout de papier mais on avait tout à apprendre l’une de l’autre. Je savais que je ne remplacerais sans doute jamais la femme qui l’avait élevée et qui avait pris soin de mon bébé pendant tout ce temps, qui l’avait aimé comme si c’était sa propre fille. Je savais aussi que j’allais vouloir connaitre ses parents adoptifs mais pour l’heure il ne comptait qu’elle et moi. Plus rien ne comptait autour de nous que nos confidences l’une à l’autre. Et pour cause je venais de lui expliquer les raisons de son abandon et qu’elle avait été malgré tout plus ou moins désirée, même si elle était arrivée par accident à l’époque. Après tout, avec Allan, je me voyais faire ma vie avant de tomber enceinte alors à mes yeux Lily était née d’un amour vrai et pur parce qu’Allan avait été celui avec qui j’avais tout découvert de l’amour. Ma fille vint compatir à ma peine en venant me dire que cela avait dû l’être douloureux et qu’on allait rattraper tout le temps perdu mais qu’elle avait été élevée par une bonne famille. J’en étais heureuse alors je vins lui répondre. « Oui cela a été très dur mais j’ai de bons amis qui ne m’ont jamais lâchés alors même si je me considère sans famille à présent, je ne suis pas seule pour autant », la rassurais je sur le fait que sa mère était une femme forte avant de reprendre. « Je suis heureuse de savoir que tes parents adoptifs t’ont bien éduqués, je ne te poserais pas de questions sur eux pour le moment, ne t’en fais pas », lui disais-je, sachant pertinemment qu’avec le temps j’allais vouloir les rencontrer mais que pour le moment seule comptait ma relation grandissante avec ma fille. Puis je venais de lui faire savoir que sa grand-mère n’avait jamais vraiment porté d’attention sur moi, du moins depuis qu’elle était ambassadrice de la Nouvelle Zélande à Londres alors je vins lui répondre. « Oh tu sais, elle n’a pas toujours été comme ça, elle a été une mère très présente pour moi quand on vivait encore ici. Mais depuis Londres, elle avait changé et encore plus depuis qu’elle m’a ordonné de t’abandonner et de quitter ton père que j’aimais vraiment », lui confiais je, histoire qu’elle n’ait pas une mauvaise image de sa grand-mère malgré tout avant de reprendre. « Si tu veux, un jour je te montrerais les vieilles photos de ta mère plus jeune, enfin si ça te dit », lui proposais je, tout en continuant. « Tu sais, je te répète beaucoup que j’aime ton père car il est mon premier amour et même si tu étais un accident car j’étais jeune, tu as été conçu dans l’amour, le vrai, tu peux me croire », lui confiais je à nouveau.

En parlant de son père, on en était venue rapidement à parler de nos métiers respectifs et de ses études. Elle était en médecine pour devenir chirurgienne orthopédique, cela se voyait qu’elle voulait vraiment faire ce métier et je me demandais où lui était venu cette idée. Peut-être que ses parents adoptifs étaient médecins après tout ? Alors je vins lui répondre. « C’est une bonne ambition que de viser un métier précis. Mais d’où t’es venu cette envie d’être chirurgienne ? Tes parents adoptifs font ce métier aussi ? », lui demandais je par simple curiosité, tout en lui adressant un sourire et venant attraper ses mains lorsqu’elle se confiait sur sa peur que sa rencontre avec Allan ne se passe pas bien alors je repris. « Il n’y a pas de raisons qu’il ne t’aime pas, tu es sa fille, son sang. Il risque surtout de m’en vouloir de lui avoir caché la véritable raison de notre rupture à l’époque alors crois moi que je suis autant stressée que toi », lui confiais je car il était vrai que rien que de penser à l’idée qu’Allan pourrait me hair pour le reste de nos jours me paralysait car je me voyais finir ma vie avec lui et notre fille. Et peut-être plus tard envisager un deuxième enfant, où on pourrait profiter de la grossesse tous les trois ? Mais il était nécessaire pour tout le monde de passer par cette étape-là, Allan méritait des explications de ma part et ils méritaient tous les deux de lier une vraie relation père fille et j’allais tout faire pour les y aider. D’ailleurs, il était certain qu’il allait l’aimer car elle avait le même regard que lui, elle n’avait peut-être pas nos yeux bleus mais quand je la regardais, j’avais l’impression de voir l’homme que j’aimais alors je repris. « Oui c’est vrai, tiens attends je vais te montrer une photo de lui », lui disais-je, tout en venant sortir une photo récente que j’avais prise d’Allan après nos retrouvailles et qui se trouvait sur mon téléphone avant de reprendre. « C’est ton père, Lily. Vous avez la même manière de plisser les yeux, c’est ça qui m’a fait penser que tu avais son regard », lui confiais je, essayant de lui parler un peu de son papa, même si le stress de le rencontrer allait être encore présent en elle jusqu’au jour J. J’avais juste envie qu’elle puisse mieux le visualiser avant de le rencontrer en vrai. Elle venait de me demander mon numéro pour qu’on reste en contact alors je vins lui attraper un bout de papier de mon sac ainsi qu’un stylo afin de venir lui écrire cela. « Oui bien sûr, tiens. Si jamais tu te sens seule chez toi sur South Bay, n’hésite pas à venir à la caserne, elle est sur West Bay, je vis également dans ce quartier », lui disais-je, me doutant qu’elle allait avoir peur de se rendre à la caserne, peur de croiser son père biologique mais je me dis que s’il la croise sans que je sois là, peut-être qu’il me détestera moins. Sauf qu’au fond de moi je savais que je devais être là lors de leur rencontre car il allait vouloir des explications et c’était légitime en soi. Malgré tout, il était hors de question que ma fille ne rentre seule chez elle alors je vins reprendre. « Tu sais quoi, je vais nous appeler un taxi et te ramener chez toi, je serais plus sereine quand je t’aurais vu rentrer saine et sauve. Tu serais d’accord ? », lui proposant à moitié car ma décision était prise, il n’était pas question que ma fille rentre seule, j’allais la protéger comme une mère ferait avec son enfant à partir d’aujourd’hui. J’avais envie de reprendre ma place à ses côtés, sans occulter ses années avec sa mère adoptive évidemment mais cette place de mère me revenait autant qu’elle revenait à cette femme qui avait pris soin de mon bébé. J’espérais qu’elle accepte, même si je ne lui laissais pas le choix à tel point que je vins appeler la compagnie de taxi.

Ma fille me fit savoir que les amis étaient parfois la seule famille qui savait nous rester fidèles. C’était bien vrai car en dix ans d’amitié avec Nahe, il ne m’avait jamais laissé tomber, tout comme moi je l’avais soutenu dans chacun des moments qu’il avait dû traversé. D’ailleurs, je faisais presque partie intégrante de la famille Wayne avec le temps. Je soupçonnais même sa mère de penser qu’on ferait un beau couple alors qu’à nos yeux avec Nahe, il n’y avait qu’une profonde amitié entre nous, rien de plus. Je savais que j’allais devoir certainement rassurer Allan sur le sujet mais je ne pouvais qu’acquiescer les dires de ma fille. Elle n’avait que 19 ans et pourtant elle semblait si mature pour son âge, elle m’impressionnait alors je vins lui répondre. « C’est vrai ce que tu dis là. Mais toi tu t’es fait des amis depuis ton arrivée ? », m’inquiétant de la sociabilité de ma fille, même si je me disais qu’elle n’avait pas dû de mal à se faire de nouveaux amis. Il était vrai qu’en quittant Londres, elle avait laissé derrière elle ses amis d’enfance et cette famille qui avait tant pris soin d’elle. Elle semblait rassurée que je ne veuille pas lui poser de questions sur ses parents adoptifs et pourtant j’allais le faire involontairement en venant lui demander si son choix d’orientation était lié aux métiers qu’ils pouvaient exercer. Elle ne semblait pas m’en vouloir et avait même remarqué à quel point je tenais à son père. Il était vrai qu’Allan était réellement mon âme sœur, on avait été un peu des amants maudits il y a vingt ans mais aujourd’hui plus rien ne nous empêchait d’être heureux, sauf ce secret alors je vins lui répondre à nouveau. « C’est normal que je respecte ta volonté de ne pas me parler d’eux », lui fis je, sentant mon cœur se serrer lorsqu’elle vint prononcer le mot maman en évoquant sa mère adoptive. Est-ce qu’un jour elle m’appellera aussi de cette manière ? Seul le temps allait panser les blessures et me le dire alors je repris. « Oui ton père a toujours été un peu mon âme sœur, tu trouveras le tien un jour aussi », lui disais-je, ne me doutant pas qu’elle devait avoir foule de prétendants et reprenant. « Oh je vois, j’espère que ton poignet est guéri depuis le temps », lui fis je avec un sourire amusé mais gardant un peu d’inquiétude car je ne voulais pas que ma fille se blesse.
Puis le fameux sujet de la rencontre avec son père vint arriver. Et même si j’avais une immense peur enfouie en moi à l’idée qu’Allan me fuit quand il apprendra que je lui ai caché ma grossesse lorsqu’on était encore que des lycéens innocents et naifs, je décidais de ne pas inquiéter ma fille … notre fille. Elle semblait tellement stressée à l’idée de le rencontrer que je ne pouvais pas lui transmettre ma propre peur de perdre l’homme que j’aimais. Malgré tout, elle semblait relativiser et plutôt sereine car si elle ne m’en voulait pas, pourquoi Allan m’en voudrait après tout ? S’il m’aimait vraiment, il saura trouver la force nécessaire en lui pour me pardonner et qu’on forme enfin cette famille qu’on avait toujours rêvé de former alors je vins lui répondre. « C’est vrai », lui disais-je tout simplement et tout en venant lui montrer une photo de moi et d’Allan que je ne quittais plus depuis qu’il était revenu dans ma vie. Elle semblait partante pour venir à la caserne dès que l’envie lui prendra, je vins esquisser un sourire. Je décidais alors de regarder ma montre, l’heure tournait et je devais rentrer comme ma fille allait devoir rentrer aussi. Toutefois, je décidais d’appeler un taxi sans vraiment lui laisser la possibilité de dire non et une fois devant chez elle, elle vint me remercier avant de rentrer chez elle, retrouver son chez soi. Elle semblait pressée de la prochaine fois que l’on se verrait, cela voulait dire qu’elle avait vraiment envie de faire partie de ma vie comme je le voulais aussi alors je vins la saluer. « A très bientôt et ne stresse pas trop pour la rencontre avec ton père, je suis quasiment certaine qu’il t’adorera », lui fis je avant de la regarder rentrer à l’intérieur de la petite maison. J’étais rassurée de la savoir bien rentrer car après tout, elle ne connaissait pas bien la ville et tout pouvait arriver de nos jours, elle aurait pu tomber sur des gens peu fréquentables et je ne voulais pas ça pour ma fille. Je me découvrais un instinct maternel que je ne soupçonnais pas depuis aujourd’hui et cela me faisait bizarre.