Ding Dong #87 (Nahe x Leanne)

Depuis un bon mois, ma vie avait changé littéralement et en positif cette fois. D’abord je n’étais plus célibataire et cela faisait du bien d’aimer et d’être aimée. Mais ce qui me comblait de bonheur ces derniers temps, ce n’était plus seulement mon travail ou ma super amitié indestructible avec Nahe, c’était plutôt cette nouvelle chance qu’on s’était donné avec Allan. J’en avais longtemps rêvé et voilà que le Destin me permettait enfin d’être heureuse avec mon premier amour. Seulement un bonheur n’arrive jamais seul et la chose qui me terrifiait, c’était le fait que j’avais retrouvé ma fille. Bien entendu j’étais autant heureuse que d’avoir retrouvé son père, sauf que l’homme que j’aimais n’était pas encore au courant pour sa paternité et je marchais un peu sur des œufs lorsque j’étais avec lui. Il devait le sentir d’ailleurs, vu qu’il me connaissait bien. Du coup, entre ma nouvelle relation avec Allan et ma fille qui était de retour dans ma vie, j’avais un peu délaissé Nahe à mon plus grand regret. Je pouvais le voir lorsqu’on travaillait que l’ambiance entre nous, que mon émotivité semblait l’inquiéter. Alors évidemment j’aurais dû lui dire dès que j’avais retrouvé Lily mais je ne réalisais toujours pas ce qui m’arrivait. J’avais toujours voulu élever ma fille avec son père et le fait de l’avoir abandonné, ne pas avoir pu la voir marcher me rendait assez nostalgique et très émotive. Nahe avait dû le ressentir la dernière fois après cette intervention où j’étais restée à l’hôpital, ce qui ne m’arrivait jamais en temps normal. Seulement ce jour-là je sentais que je devais prendre des nouvelles de la mère et du bébé, mon instinct maternel avait parlé pour moi. Et pourtant il ne m’avait harcelé de messages, ni même demander ce qui me tracassait. Pourtant je savais qu’il allait finir par débarquer à la maison pour tenter de me faire cracher le morceau. Il était déjà au courant pour le retour d’Allan dans ma vie et je pouvais sentir comme une pointe de méfiance de la part de mon meilleur ami. Il devait avoir peur que ce dernier ne me fasse souffrir comme tous les autres avec qui j’étais sorti. Nahe avait beau n’être que mon meilleur ami, il était réellement plus à mes yeux. Certes il n’y avait jamais rien eu d’ambigu entre nous, juste une réelle et profonde amitié qui perdurait depuis dix longues années maintenant. A tel point que je faisais partie de sa famille à présent pour mon plus grand bonheur, me considérant orpheline depuis bien longtemps. Ma famille avait explosé avant même qu’elle ait eu le temps d’exister, même s’il fut une époque où j’étais très proche de ma mère. Sauf que ce temps était depuis très longtemps révolu et que ma mère avait tiré un trait sur sa fille unique depuis le jour où j’étais tombée enceinte trop jeune, bien qu'elle soit morte à présent. Parfois il m’arrivait de me demander pourquoi je l’avais tant écouté à l’époque, pourquoi n’ai-je pas suivi mon envie d’être mère tout simplement ? Certes on aurait sans doute galéré avec Allan mais au moins on aurait été heureux et je n’aurais peut-être pas eu la chance de connaitre Nahe alors dans le fond je ne regrettais pas les choix que j’avais pu faire, je vivais avec et les acceptais un peu mieux ces derniers temps.

Je me trouvais donc en train de cuisiner, mon chien à mes pieds attendant qu’un bout tombe par terre quand je vins entendre sonner. Je n’attendais personne et peu de monde débarquait à l’improviste à la maison en général. Seulement une personne n’hésitait pas car il savait les jours où je ne bossais pas, pratique quand on bosse ensemble. Bien sûr j’avais deviné que c’était Nahe et je n’étais guère surprise car je me doutais qu’il allait finir par venir me demander ce qui m’arrivait en ce moment. Alors je décidais d’aller lui ouvrir, j’étais en tenue du dimanche mais cela m’était égal et vint le saluer. « Coucou toi, je suis contente de te voir. Vas-y, entre et fais comme chez toi », lui disais je, retournant rapidement en cuisine afin de terminer mes petites préparations. Ce n’était que des petites entrées légèrement épicées que j’avais voulu tester, cela allait être l’occasion pour moi d’avoir un cobaye sous la main alors je repris. « Tu veux goûter mes amuses bouches au fait ? », lui fis je, me doutant qu’il allait très vite enchainer sur la raison de sa venue. Je n’allais pas y couper avec Nahe et le connaissant, il allait vouloir tout savoir ou presque car ma vie sexuelle ne le regardait pas.  

Prétendre que tout allait bien auprès de Nahe serait lui mentir car il me connaissait mieux que quiconque, mieux que moi-même pratiquement. J’avais la chance de l’avoir comme meilleur ami depuis dix ans déjà et je ne comptais pas le perdre de sitôt. Parce qu’après tout, ce n’était pas parce que je venais de me remettre avec Allan que j’allais en délaisser mon meilleur ami. Nahe représente tellement la seule famille qu’il me reste en Nouvelle Zélande que jamais je ne voudrais stopper notre si belle amitié. Certes, à présent, Allan et Lily font partie de ma famille mais ils sont au même titre que Nahe et sa famille. Au boulot, je tentais de masquer mon émotivité très présente depuis que je venais de retrouver ma fille mais ce que je m’efforçais de cacher, Nahe le devinait sans même un mot de ma part. Je sais que j’aurais dû lui en parler en premier mais j’ignorais comment il allait le prendre. Après tout, j’étais comme sur un petit nuage d’avoir retrouvé l’homme que j’ai toujours aimé et ma fille, que je voulais être certaine que ce soit réel avant d’en parler à quiconque. Et puis je savais que Nahe avait dû remarquer ma complicité retrouvée avec Allan et qu’il devait sans doute être méfiant à son égard, de peur que je souffre. Nahe, c’était le meilleur ami et le frère que j’avais toujours rêvé d’avoir et qui ne m’avait jamais lâché depuis ces dix dernières années. Pourtant lorsque je vins entendre la porte sonner alors que je faisais à manger dans la cuisine, quelque chose me disait que c’était lui et non Allan derrière la porte. Et pour cause puisqu’il n’y avait que Nahe pour débarquer à l’improviste, surtout en fin de journée. J’avais beau vivre un rêve éveillé en compagnie d’Allan, je n’en oubliais pas mon meilleur ami alors je décidais d’aller lui ouvrir en tentant d’éviter le fameux sujet qui pourtant allait très vite être au centre de la conversation. Pourquoi étais-je si émotive ces derniers temps ? Je connaissais tellement Nahe que je savais sans même qu’il me le dise qu’elle était le sujet de sa visite. Je pouvais comprendre son inquiétude mais au final j’allais bien, j’avais juste l’impression de vivre un rêve éveillé et qu’on pouvait m’enlever ce bonheur naissant aussi vite qu’il était apparu et ça je ne m’en remettrais pas si Allan et Lily venait à disparaitre de nouveau de ma vie alors je vins lui répondre. « Hmm, je crois que j’ai ma petite idée Nahe, ce serait pas à cause de mon changement de comportement de ces dernières semaines au boulot ? », lui demandais je, sachant pertinemment que c’était la cause de son inquiétude alors je repris. « Oh et je sais que tu me traques pas, tu joues juste ton rôle de meilleur ami à la perfection », lui disais-je en venant lui déposer un baiser sur sa joue en guise de remerciement et reprenant. « Alors tu veux que je te parle de mon bonheur naissant avec Allan ou ce que ça fait d’être mère d’une jeune femme de 19 ans ? », lui demandais je, lui laissant le choix. Après tout, il y avait deux sujets auxquels on allait aborder aujourd’hui que je décidais qu’il serait mieux d’en parler sur le canapé avec mes amuses bouches faites maison. Je me dirigea donc vers le canapé, espérant qu’il me rejoigne et attendant sa réponse.

Mentir à Nahe n’aurait strictement rien servi puisqu’il me connaissait pratiquement mieux que je pouvais me connaitre moi-même par moment. Et comme on travaillait ensemble au quotidien, il avait forcément dû remarquer mon changement de comportement de ces derniers temps. Bien sûr il était normal que je souris plus niaisement qu’avant et là l’amour y était pour quelque chose. J’étais un peu comme un petit nuage avec Allan, personne ne pouvait ne venir détruire notre amour. Ma mère avait quitté ce monde alors elle ne pouvait plus jamais m’empêcher de vivre la vie que j’aurais dû vivre il y a des années. Mais en soit, si je n’avais pas eu la vie que j’avais aujourd’hui, je n’aurais pas eu la chance de rencontrer Nahele ou encore Gus. En somme, je ne peux pas blâmer ma mère de m’avoir empêchée d’être heureuse avec Allan car j’avais eu tout de même une belle vie malgré l’absence des deux personnes dont je ne cessais de penser à chaque instant. C’était simple, dès que je voyais un bébé, j’imaginais que c’était la petite fille que j’avais mise au monde. Ou si je voyais un couple amoureux, je nous imaginais moi et Allan ensemble. Bien sûr quand j’étais en couple avec Gus je ne le faisais pas mais depuis ces dix dernières années, cela pouvait m’arriver assez souvent. Du coup, voir Nahe à la maison ne m’étonnait guère. Et puis en dix ans d’amitié, il avait souvent pris l’habitude de débarquer à l’improviste quand ça n’allait pas. Aujourd’hui, c’était différent puisqu’il était là pour savoir ce qui me tracassait et je l’avais facilement deviné. A croire que Nahe avait comme un second sens lorsqu’il s’agissait de moi alors je vins lui répondre. « Tu crois qu’on serait pas jumeaux tous les deux ?», lui demandais je,  me doutant de sa réponse car clairement il était noir et moi blanche, on ne pouvait pas être jumeaux, même si j’aurais adoré avoir un frère jumeau comme lui. Toutefois, malgré que je connaissais la raison de sa venue aujourd’hui, je voulais profiter de mon meilleur ami avant tout et puis j’étais en train de cuisiner. D’ordinaire, il se serait servi mais là il semblait ne pas en avoir pour le moment. Du coup, tout en me dirigeant vers le canapé et le salon, je vins lui demander de quel sujet il voulait qu’on évoque ensemble. Bien sûr il ne pouvait s’empêcher de venir me rappeler à quel point il avait du mal lorsque je parlais d’Allan. Je me doutais que Nahe n’appréciait guère mon nouveau bonheur ou qu’il devait avoir peur qu’Allan me fit souffrir mais je comptais tout faire pour rassurer mon meilleur ami et faire en sorte que ces deux-là arrivent à s’entendre au moins pour me faire plaisir. Je le vis attraper un amuse-bouche, ce qui me fit sourire pour quelqu’un qui n’en voulait pas quelques minutes auparavant. Puis il vint me proposer de commencer par ma maternité tardive alors je vins lui répondre. « Nahe, tu risques de me tuer mais en fait l’arrivée de Lily dans ma vie est lié de près à Allan. Je veux dire, parce que j’ai retrouvé Lily, j’ai peur de perdre Allan à cause de cette vérité que je vais devoir lui avouer …  », fis je une pause pour respirer un moment avant de reprendre. « Tu crois qu’il va me quitter quand je lui en parlerais ? Sinon pour le moment avec Lily, on prend notre temps, on va à notre rythme », lui disais je, ravie de parler de ma fille mais paniquée à la simple idée de perdre son père pour toujours. Je décidais d’attendre la réponse de mon meilleur ami avant de surenchérir.